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Le terme oryctérope brésilien (ou Brazilian aardvark) est une appellation erronée du Coati. Il est apparu pour la première fois en juillet 2008 sur la page anglophone Wikipédia du coati[1] lorsqu’un internaute y a écrit que cet animal était aussi connu sous le nom de « Brazilian aardvark ». Avec le temps, cette appellation erronée a été réutilisée dans des articles du The Daily Telegraph[2] et du Daily Mail[3] ainsi que dans des livres publiés par l'Université de Chicago[4] et l'Université de Cambridge[5].

Origine du terme[modifier | modifier le code]

En juillet 2008, un étudiant new-yorkais de 17 ans a décidé de modifier la page Wikipédia anglophone du coati[1] en y ajoutant que cet animal était aussi connu sous le nom d’oryctérope brésilien. Il revenait d’un voyage au Brésil où il avait aperçu plusieurs coatis et il les avait mépris pour des oryctéropes du Cap. En blague, il avait décidé de justifier son erreur en rajoutant sur Wikipédia le surnom qu’il avait lui-même inventé pour le coati[6]. Bien qu’il n’y eût aucune source pour justifier cette modification, elle n’a tout de même pas été retirée avant plus de 5 ans[7].

Répercussions[modifier | modifier le code]

Le surnom oryctérope brésilien est resté sans source sur la page Wikipédia du coati jusqu’en août 2014[8]. Entre temps, il est apparu dans un article du Telegraph où il était écrit que « Les animaux plus méconnus résidant au Royaume-Uni incluent le coati, aussi connu sous le nom d’oryctérope brésilien,… »[2]. Cet article est paru en 2010 et il a par la suite été utilisé comme source pour justifier la présence du terme oryctérope brésilien sur la page Wikipédia[8].

Toujours en 2010, le quotidien britannique Metro (Associated Metro Limited) publie un article où il est écrit que le coati est une sorte d’oryctérope brésilien[9].

Le 21 juin 2010, un zoologiste publie dans le Zoo News Digest un article portant sur l’oryctérope brésilien. Il y expose ses doutes concernant la véracité du lien qui existe entre le coati et le soi-disant oryctérope brésilien. Il prédit que les lecteurs se feront avoir par ces balivernes et incite les auteurs à vérifier leurs sources et à ne pas se fier uniquement à Wikipédia[10]

En 2012, un article du Scientific American stipule que l’oryctérope brésilien est aussi connu localement sous le nom de coati[11].

En 2013, un article est paru dans le Daily Mail portant sur la disparition d’un coati à queue annelée et les noms coati et oryctérope brésilien sont interchangés plusieurs fois. Les deux termes apparaissent d’ailleurs dans le titre : « Chasse à l’oryctérope fugueur : Lady McAlpine demande au public de l’aider à retrouver son coati à queue annelée perdu »[3].   

Toujours en 2013, le livre The Book of Barely Imagined Beings: A 21st Century Bestiary est publié par l’Université de Chicago. Ce livre comporte des descriptions détaillées des animaux les plus surprenants qui vivent parmi nous. Dans le livre, il est noté en marge que « Le coati, aussi connu sous les noms de … ou d’oryctérope brésilien, est une sorte de raton laveur »[4].

En 2014, l’Université de Cambridge publie le livre The Legacy of Dutch Brazil qui est un argumentaire sur l’importance historique du Brésil néerlandais. Il y est écrit que le coati est aussi connu sous le nom d'oryctérope brésilien[5].

En mai 2014, un article du The New Yorker met en lumière cette supercherie. L’auteur de l’article relate l’échange qu’il a eu avec l’étudiant qui avait initialement mis la mention « connu sous le nom d’oryctérope brésilien » sur la page Wikipédia du coati. On y apprend les circonstances de cette situation et la vérité concernant l’origine du surnom d’oryctérope brésilien. L’article crée aussi des liens avec d’autres situations similaires dont Wikipédia était la source, par exemple la rumeur selon laquelle Sacha Baron Cohen aurait travaillé chez Goldman Sachs ou encore la confusion par rapport au jour d’anniversaire réel du fondateur de Wikipédia, Jimmy Wales[6].

L’article du The New Yorker a donné une nouvelle publicité au terme « Brazilian aardvark » tout en apprenant à ceux qui avaient utilisé ce terme qu’ils avaient été trompés en plus de relancer le débat sur l’utilisation de Wikipédia comme source première[12]. Le terme oryctérope brésilien a finalement été retiré de la page Wikipédia du coati dans une modification apportée le 20 mai 2014[7].

Le surnom d’oryctérope brésilien associé au coati est maintenant couramment utilisé sur internet. On peut le retrouver dans différentes banques de données d’image[13][14][15], dans des descriptions de vidéo sur Youtube[16] ainsi que dans des descriptions de vente de différents objets représentant des coatis, passant des peintures[17] aux toutous[18] aux aimants[19].

L'utilisation circulaire de l'information[modifier | modifier le code]

Le cas de l’oryctérope brésilien est un exemple probant du phénomène d’utilisation circulaire de l’information. Ce phénomène peut survenir de deux façons. Dans le premier cas, un individu ou une organisation publie une information erronée et sans source qui est réutilisée et republiée par un autre individu ou une autre organisation. Par la suite, le premier publicateur identifie la publication du second publicateur comme étant la source de l’information de sa publication initiale[20]. Dans le second cas, une information erronée est publiée par plusieurs personnes ou organisations différentes. Par la suite, un autre auteur, considérant que cette information doit être vraie puisqu'elle est vérifiable par plusieurs sources différentes, la publie à son tour[21].

Dans tous les cas, l’utilisation circulaire de l’information rend extrêmement difficile la recherche de la source originale pour un lecteur externe. Cette situation a pour conséquence qu’une information fausse peut se propager et être considérée comme étant vraie par la majorité[6]. Ce phénomène est particulièrement exploité dans le domaine des renseignements. Lorsqu’une même information provient de plusieurs sources différentes, elle est considérée comme étant véridique et elle peut être exploitée[22]. Cette situation est à la base de certaines décisions de guerre, incluant notamment la guerre américaine en Iraq au début des années 2000[23].

Dans le cas de l’oryctérope brésilien, l’information, qui était initialement mensongère, peut maintenant être considérée comme étant véridique puisque l’utilisation aujourd’hui répandue du terme oryctérope brésilien pour désigner le coati peut justifier que celui-ci est connu sous le nom d’oryctérope brésilien[6].

Coati vs Oryctérope[modifier | modifier le code]

Le coati et l’oryctérope sont tous deux des mammifères quadrupèdes de taille moyenne incluent dans l’infra-classe des euthériens[24][25]. Ces deux animaux ont un long museau mobile[26][27].

Coati[modifier | modifier le code]

Coati mexicain

Le Coati provient de l’ordre des Carnivora et du sous-ordre des Caniformia. Il appartient à la famille des Procyonidae et est donc un cousin du raton laveur[25]. Les traits physiques caractéristiques du coati sont son long museau, son corps élancé ainsi que son épaisse queue ornée d’anneaux circulaires plus foncés[28] semblable à celle du raton laveur. La peau du coati est couverte d’une épaisse fourrure[29]. Cet animal est omnivore et il se nourrit principalement de fruits, de noix ainsi que de reptiles et il peut utiliser son long museau pour extirper des insectes et des racines[28]. La majorité des coatis vivent dans le sud de l’Amérique du Nord et dans le nord-est de l’Amérique du Sud. On les retrouve principalement dans les forêts où ils passent une bonne partie de leur temps perchés dans les arbres[29]. Les femelles coatis ainsi que les petits se promènent en groupe alors que les mâles sont principalement solitaires[26].

Oryctérope[modifier | modifier le code]

Un oryctérope et son petit

L’Oryctérope du Cap est la seule espèce actuellement connue de la famille des oryctéropodidés et de l’ordre des Tubulidentata[24]. Les traits physiques caractéristiques de l’oryctérope sont ses longues oreilles, son museau allongé ainsi que sa langue extensible pouvant atteindre jusqu’à 30,5 centimètres de longueur. Le bout de son nez ressemble à celui du cochon[30] et son nom en anglais « aardvark » provient de l’Afrikaans et signifie « cochon de terre »[31]. L’oryctérope possède une épaisse peau parsemée de poils qui le protège de la chaleur du soleil ainsi que des morsures des insectes[27]. Son long museau ainsi que sa langue extensible lui permettent de se nourrir de fourmis et de termites à la manière d’un fourmilier, duquel il n’est pas parent[30]. L’oryctérope est un animal solitaire[30] et nocturne habitant principalement l’Afrique subsaharienne. Il vit dans un terrier qu’il se creuse lui-même à l’aide de ses puissantes pattes munies de griffes[31].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) « Coati », Wikipedia,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a et b (en) « Scorpions, Brazilian aardvarks and wallabies all found living wild in UK, study finds », Telegraph.co.uk,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. a et b (en) « Hunt for the runaway aardvark: Lady McAlpine calls on public to help find her lost coati », Mail Online,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a et b (en) Caspar Henderson, The Book of Barely Imagined Beings: A 21st Century Bestiary, University of Chicago Press, (ISBN 9780226044705, lire en ligne)
  5. a et b (en) Michiel van Groesen, The Legacy of Dutch Brazil, Cambridge University Press, (ISBN 9781107061170, lire en ligne)
  6. a b c et d « How a Raccoon Became an Aardvark », sur The New Yorker, (consulté le )
  7. a et b (en) « Coati », Wikipedia,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. a et b (en) « Coati », Wikipedia,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. (en) metrowebukmetro, « Scorpions, wallabies and aadvarks 'invading Britain' », sur Metro, (consulté le )
  10. « The Brazilian Aardvark », sur zoonewsdigest.blogspot.ca (consulté le )
  11. (en) John R. Platt, « Brazil Plans to Clone Its Endangered Species », Scientific American Blog Network,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. « On Brazilian Aardvarks, Wikipedia, and Digital Populism - Stanford University Press Blog », sur stanfordpress.typepad.com (consulté le )
  13. (en) « Brazilian Aardvark Stock Photos, Royalty-Free Images & Vectors - Shutterstock », sur www.shutterstock.com (consulté le )
  14. « brazilian aardvark - Recherche Google », sur www.google.ca (consulté le )
  15. « Brazilian Aardvark Stock Photos & Brazilian Aardvark Stock Images - Alamy », sur www.alamy.com (consulté le )
  16. PlanetVagabondTV, « Brazilian Coatis Taking Care Of An Itch », (consulté le )
  17. Black Coati Brazilian Aardvark 1767 scarce original antique engraved print (lire en ligne)
  18. « Coatimundi, (Brazilian AArdvark) Baby, 12" Long - Duchess Outlet », sur www.duchessoutlet.com (consulté le )
  19. « Brazilian Aardvark Magnets | Brazilian Aardvark Refrigerator Magnets - CafePress », sur CafePress.com (consulté le )
  20. (en) « Intelligence 101: Circular Reporting », sur intelmsl.com, (consulté le )
  21. « How false news can spread - Noah Tavlin », sur TED-Ed (consulté le )
  22. (en) « The Cocktail Napkin Plan for Regime Change in Iran », sur motherjones.com, (consulté le )
  23. (en-US) Bob Drogin And Tom Hamburger, « Niger Uranium Rumors Wouldn't Die », Los Angeles Times,‎ (ISSN 0458-3035, lire en ligne, consulté le )
  24. a et b « ITIS Standard Report Page: Orycteropus afer », sur www.itis.gov (consulté le )
  25. a et b « ITIS Standard Report Page: Nasua narica », sur www.itis.gov (consulté le )
  26. a et b (en) « Coati , Costa Rica - information, where to see it, and photos », sur www.anywhere.com (consulté le )
  27. a et b (en) « Aardvark », sur a-z-animals.com (consulté le )
  28. a et b (en) « coatimundi facts, information, pictures | Encyclopedia.com articles about coatimundi », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
  29. a et b (en) « Coati », sur a-z-animals.com (consulté le )
  30. a b et c (en) « Facts About Aardvarks », Live Science,‎ (lire en ligne, consulté le )
  31. a et b (en) « Aardvark », sur nationalgeographic.com (consulté le )