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Utilisateur:Fradimenel/brouillon

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Introduction[modifier | modifier le code]

L’orthographe est un sujet qui a préoccupé nombre d’historiens, chercheurs et grammairiens dans ses différentes dimensions. Cependant, deux tendances se dégagent : celles qui accordent une grande importance à son aspect historique et technique et celles qui ancrent l’orthographe dans son cadre social. A la lumière des traités du XVIe siècle, consacrés à l’orthographe et à son éventuelle réforme, nous allons voir les différents points de vus qui ont fait de l’écriture d’abord un système archaïque et ensuite un code substitutif de la parole, en admettant que les lettres ne représentent pas uniquement les sons mais aussi les idées. Et comme la question d’une réforme est toujours plus ou moins d’actualité, nous envisagerons enfin les impacts de la technologie de nos jours sur l’orthographe française.

Aperçu historique[modifier | modifier le code]

Les premières manifestations d'une forme d'écriture datant de plusieurs dizaines de milliers d'années avant notre ère, les spécialistes parlent d'une pré-écriture en cette période préhistorique. En se plongeant dans l’histoire de l’écriture, on trouve des fentes espacées sur des os ou des pierres ; des motifs gravés sur les murs des cavernes… En fait, ces manifestations correspondent à des codes et des messages sensés, bien qu’ils nous paraissent abstraits et incompréhensibles. On a appelé cette écriture synthétique[1]. Dans un second temps, l’homme en est arrivé à une conception dite analytique[2]. Le groupement de ces derniers nous permet de former des phrases. Par exemple, les hiéroglyphes représentent une combinaison de pictogrammes et de signes phonétiques. L’écriture phonologique correspond à la troisième phase et marque l’avènement, pour les hommes, de la langue parlée. Dès ce moment, nous pouvons nous engager dans une étude plus fine du langage oral.

La notion d’orthographe dans les dictionnaires[modifier | modifier le code]

L’orthographe a vu le jour au moment où l’on a pris conscience de l’imperfection de l’alphabet. Mot d’origine grecque, il signifie littéralement « qui écrit bien » ; il est composé de deux mots qui indiquent art (graphie) et droit (ortho). Bien que l’art d’écrire en langue française confère « orthographie », nous disons pourtant « orthographe » mais ne cessons pas l’usage du mot « orthographier » plutôt que son autre, plus logique s’il en est, d’« orthographer ». Cette faute paraît appartenir au XVIe siècle. Dans les dictionnaires du XVIème et du XVIIe siècle de Robert Estienne, la notion d’orthographe est mêlée dans l’ensemble plus vaste que constitue la grammaire. Grammaire et orthographe étaient considérées comme deux champs distingués. On remarque après l’apparition du dictionnaire de Richelieu en 1680, que l’orthographe figure sous l’article Grammaire. César-Pierre Richelet,sous l’article Ortographe (avec suppression de h étymologique) définit l’orthographe comme « l’art d’écrire les mots correctement, (…) une bonne orthographe, savoir l’orthographe » Antoine Furetière,[3] en 1690, définit l’orthographe comme un terme de grammaire : « c’est la science qui descrit correctement les mots avec toutes les lettres convenables et nécessaires. » Le Dictionnaire de l’Académie de 1694, sous l’article Orthographe, mentionne que c’est « l’art et la manière d’escrire les mots correctement. Enseigner l’orthographe (…) bonne orthographe, mauvaise orthographe ». La deuxième édition du Dictionnaire de l’Académie en 1718 mentionne pour la première fois la dualité: ancienne orthographe et nouvelle orthographe. Selon Claude Favre de Vaugelas, la fin de l'orthographe est de peindre la parole par des signes, qui, selon leur destination une fois fixée et convenue, deviennent l'image des sons particuliers qui entrent dans la composition des mots.

Usage phonétique ou usage typographique[modifier | modifier le code]

Alors que l'orthographe de l'ancien français est centrée sur la phonétique dans la mesure où chaque graphème du code écrit a un phonème, le XIVe siècle siècle marque une rupture. On remarque l’abandon des lettres qui ne correspondent à aucune phonie et qui, écrites, restent muettes et non prononcées à l’oral. On les appelle des lettres étymologiques. La présence de ces lettres muettes signale donc une émancipation de la langue écrite par rapport à la langue orale. Le code graphique ne fonctionne plus comme un substitutif du code oral.

L’orthographe : code graphique ou norme sociale ?[modifier | modifier le code]

L’orthographe est présentée entre théorie linguistique et norme sociale. Bien qu’elle soit un objet théorique, l’orthographe demeure un objet social confronté à des normes standards. Elle est à la fois un corpus des normes mais elle est plus qu’un objet scolaire, elle est l’enjeu des rapports socioculturels affectifs et politiques également. La norme orthographique est utile pour assurer une communication plus vaste. A condition, bien sûr, de ne pas l’enfermer dans un carcan figé et rigide. L’orthographe est plus qu’une matière scolaire. C’est « une référence constante dans tous les détournements auxquels on assiste dans la presse, la ville, la publicité, partout où l’écrit s’étale aux yeux de tous. (…) C’est [également] le moyen de se démarquer, de se donner une identité ».

D’une orthographe savante à une orthographe modernisée[modifier | modifier le code]

Les praticiens d’une orthographe archaïque[modifier | modifier le code]

L’imprimerie eut une grande influence sur l’orthographe française au XVIème siècle. Robert Estienne dans son Dictionnaire françois latin (1539) se déclare attaché à l’orthographe traditionnelle. D’une part, il garde les consonnes prononcées ou non qui indiquent un lien avec le latin. D’autre part, c’est lui qui introduisit l’accent aigu qu’il mettait sur le e final dans certains mots comme gravite en 1530. Il s’oppose alors aux réformateurs partisans de ce qu’on appelle l’orthographe simplifiée. R. Estienne s’élève également contre le système de Louis Meigret (1550) qui voulait rapprocher la graphie de la prononciation. Il s’oppose au médecin Jacobus Sylvius car ce dernier, afin de rapprocher le système graphique du latin et de le légitimer, tente d’éclaircir la prononciation au moyen d’accents (grave, aigu). Robert Estienne maintient les consonnes muettes, emploie les consonnes doubles étymologiques et diacritiques et recommande la formation du pluriel par l’addition d’un s à la consonne finale du singulier ; à l’exception des finales du singulier en t et d qui disparaissent devant le s du pluriel. Il explique dans son Traité de l’Orthographe françoise (1557,16) : « Ceux qui se terminent en consonante au singulier, on leur adiouste une s pour en faire le plurier : comme, Grec, Grecs : lac, lacs : long, longs : champ, champs. Il fault excepter ceulx qui finent en t ou d (…). Dent, Dens : Soudard, Soudars » Au XVIIe siècle, l’Etat était intéressé par la question de l’orthographe uniquement pour entamer l’unification politique et linguistique. Ce qui explique la création de l’Académie par Richelieu en 1635. La fin du XVIIème siècle est marquée par la parution du Dictionnaire de l’Académie Françoise et du Dictionnaire de Pierre Richelet en 1680 en orthographe modernisée.

Les praticiens d’une orthographe modernisée[modifier | modifier le code]

Le système graphique de Pierre Richelet se caractérise par la suppression des lettres muettes de l’orthographe ancienne et l’introduction d’un système d’accentuation, par la suppression des consonnes doubles et une tendance à la simplification des lettres grecques et latines Parmi les partisans d’une orthographe simplifiée, on cite également Pierre de Ronsard. Il a supprimé toutes les consonnes superflues, il a même supprimé le z et le x finals. Les imprimeurs des Pays-Bas comme Christophe Plantin ont repris le système orthographique de Ronsard. Ils ôtaient les lettres superflues et mettaient l’accent circonflexe à la place de s non prononcée. Contrairement au principe d’une orthographe étymologique défendue par une majorité des académiciens, Claude Buffier, s’est montré partisan d’une orthographe modernisée phonogrammique ; pour lui, l’écrit doit représenter le son: « Quoique l’écriture puisse représenter immédiatement la pensée, elle est néanmoins établie plus essentiellement pour ne la représenter que d’après la parole et pour être immédiatement l’image de la parole ».

Les délires de l’orthographe[modifier | modifier le code]

Bien que les sms et les mails soient une suite logique d’un succès technologique, il ne faut pas négliger les impacts sérieux de cette évolution sur l’orthographe. Entre ceux qui voient qu’il faut économiser le temps et détourner le dos à toutes les subtilités langagières et ceux qui défendent et exigent une écriture saine suivant les normes de la grammaire française.

Les impacts de la technologie sur l’écriture[modifier | modifier le code]

Bien évidemment, il faut encourager les inventions technologiques mais il faut savoir également que l’orthographe française a une certaine sacralité. Nous avons l’impression que l’orthographe est devenue quasi-personnelle. Chacun l’utilise à sa guise et d’une manière si particulière qu’elle ne ressemble plus à l’orthographe normalisée. Selon les défenseurs de la norme, cette dérive technologique n’est point acceptable car elle nuira, à terme, à la bonne compréhension entre les êtres humains. Nous passons d’une orthographe simplifiée à une orthographe réduite et incompréhensible. Nina Catach dénonce également cette idée et prend le modernisme pour un recul : « Les plus belles couleurs de modernisme dont se parent nos manuels et nos logiciels d’orthographe cachent mal une affligeante indigence, et la fameuse rénovation, dont on ne parle que pour mieux la noyer, ne sort guère du cercle de quelques maitres courageux mais impuissants. Plus on avance, plus on recule ».

Conclusion[modifier | modifier le code]

Naturellement, il y a un rapport très étroit entre l’homme et sa langue, qui se résume dans l’état social et dans l’évolution de l’homme aussi. L’orthographe est passée d’un état primitif à un état évolutif. Nous avons vu ensemble qu’elle était toujours un sujet crucial. Elle a vécu des pressions et des résistances. Ecriture numérique, messages électroniques, mots et phrases quasi phonétiques, ce sont les fruits d’un modernisme qui a envahit l’orthographe française. L’état de notre orthographe souffre des anomalies sociales qui nous font penser aux anomalies de XVII siècle. Ce qui nous mène à confirmer ce que Nina Catach affirmait : il ne s’agit plus un modernisme mais d'un recul.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Elle consiste en des signes ou groupes de signes représentant tout un énoncé verbal. C’est une écriture idéographique telle qu’en ont connu les habitants de la Sibérie orientale et de l’Alaska, les Inuits ou bien encore les Indiens d’Amérique. Ce système n’est pas économique car il nécessite autant de signes que d’énoncés verbaux possibles.
  2. elle vise à décomposer un énoncé en constituants que nous pouvons appeler mots. Chaque signe écrit sert à noter un mot, une idée. Ce sont des écritures dites idéographiques.
  3. Antoine Furetière, romancier et lexicographe français.