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La permaculture humaine est une approche systémique et globale qui transpose les bases de la permaculture classique sur le terrain de l’humain. Elle s’inspire également du fonctionnement de la nature (biomimétisme ou écomimétisme) ainsi que de celui de certaines sociétés dites primitives.

Comme la permaculture classique, la permaculture humaine vise à construire des écosystèmes pérennes et résilients en s’appuyant sur un plan (ou design). Son objet étant l’humain, c’est aux individus et à leurs interrelations qu’elle s’intéresse. D’une part, elle propose à chacun de (re)découvrir ses talents prédominants (nommés « niches » dans le jargon de la permaculture) pour les intégrer dans un design de vie. D’autre part, elle invite les individus à interagir en intelligence collective et en intelligence émotionnelle au sein d’équipes constituées autour de projets communs dans lesquels chacun pourra exprimer sa niche personnelle en élaborant un design de projet ou de groupe vers un objectif commun bien défini. La permaculture humaine applique les trois éthiques de la permaculture originelle: prendre soin de la Terre, prendre soin de l’humain et être équitable. Ce faisant, elle accompagne les individus et les groupes humains dans leur démarche de transition.

Origine du concept[modifier | modifier le code]

En 1993, Bernard Alonso crée une ferme biologique à Rougemont, au Québec.[1][2] Il y organise des formations dans le domaine de la permaculture[1] et y accueille chaque année environ 10 000 enfants dans le cadre d’activités pédagogiques[3].

Se rendant compte que le facteur humain joue un grand rôle dans le résultat des projets et que les personnes impliquées ne sont pas nécessairement capables de fonctionner en équipe malgré les affinités qui les lient, Bernard Alonso décide de s’intéresser à l’humain et d’investiguer sur la possibilité d’appliquer l’approche de la permaculture aux relations humaines.[2][3] Il observe ses élèves et remarque que les mêmes modes de fonctionnement se retrouvent dans différents groupes d’année en année. Il s’attache alors à définir leurs caractéristiques et identifie neuf niches.[4] Inspiré par sa rencontre avec des Amérindiens pratiquant la cérémonie dite «des deux pas» et par la notion de niche écologique, il acquiert la conviction que ces niches sont innées.[2][4]

Permaculture sociale et permaculture humaine[modifier | modifier le code]

La permaculture sociale et la permaculture humaine partent toutes deux du principe que l’humain est avant tout un mammifère social qui s’est éloigné dans son comportement intrinsèque d’un fonctionnement synergétique en groupe et qu’il en résulte une dysfonction. Ces disciplines se distinguent cependant par leur champ d’application: alors que la permaculture sociale s’intéresse à la société, qu’elle propose de rebâtir en s’inspirant de la nature[5], la permaculture humaine s’occupe des individus et de leurs interactions au sein d’équipes. Elle suggère que chaque humain «a un rôle spécifique à jouer dans le grand puzzle de l’humanité»[6] et invite les individus à découvrir le leur pour donner un sens à leur vie: «la nouvelle humanité se construira d’autant mieux si chacun.e a trouvé sa ‹niche›, son rôle, et fonctionne en harmonie et en complémentarité avec les autres»[7], à l’instar de tous les écosystèmes terrestres.

Influences[modifier | modifier le code]

La permaculture[modifier | modifier le code]

La permaculture humaine s’appuie sur les principes de la permaculture telle qu’elle a été définie par ses fondateurs, Bill Mollison et David Holmgren, et les transpose sur le terrain de l’humain.[8]

La permaculture vise à créer des écosystèmes productifs, résilients et pérennes.[9] Pour ce faire, elle se fonde sur un design, que Bill Mollison définit comme étant «la mise en relation judicieuse d’éléments entre eux. Ce n’est pas l’eau, l’arbre ou la poule qui comptent, c’est la relation entre eux, que le permaculteur crée ou met à contribution.»[10] De la même manière, la permaculture humaine cherche à construire des écosystèmes humains eux aussi productifs («toutes les compétences sont mises au service d’un projet»[1]), résilients et pérennes. Les designs conçus selon cette approche ont pour but d’organiser des interrelations bénéfiques entre le plus grand nombre de personnes. Comme dans la permaculture, où chaque élément du design occupe plusieurs fonctions et chaque fonction est assurée par plusieurs éléments, chacune des personnes faisant partie du design y joue plusieurs rôles – en ayant l’espace nécessaire pour exprimer son plein potentiel, soit sa niche prédominante, la plupart du temps – et chaque rôle est assumé par plusieurs personnes – ce qui est gage de résilience.[11]

La permaculture humaine reprend également le concept de zones développé par la permaculture: aux six zones identifiées par Bill Mollison et David Holmgren, qui s’étendent de la zone 0 – la maison – à la zone 5 – l’espace sauvage –, la permaculture humaine en ajoute une septième, la zone 00, qui prend en considération la singularité des individus. Cette zone «représente la réalité la plus intime de chacun».[12]

La notion de niche écologique[modifier | modifier le code]

La niche écologique est le rôle que joue une espèce dans son écosystème. «Par exemple, la niche de la coccinelle est de contrôler la quantité de pucerons dans un milieu en les mangeant. […] Aucune coccinelle n’a d’autre mission.»[7] La permaculture humaine suggère que l’être humain, comme toutes les autres formes de vie, a également une fonction particulière[13], et aussi que chaque individu a un rôle spécifique intimement lié à sa niche prédominante à jouer au sein de l’écosystème humain.[6][2][14]

Les Peuples premiers[modifier | modifier le code]

Bernard Alonso explique que, dans certaines tribus amérindiennes, les enfants découvrent leur niche lors d’une cérémonie dite «des deux pas»[2]: lorsqu’un enfant atteint l’âge de deux ans[4], il «est amené devant tous les outils utilisés par les membres de la communauté. On le laisse aller vers celui qui l’attire le plus, naturellement.»[2] Bernard Alonso rapporte que, ensuite, l’enfant est dirigé vers les personnes du clan qui sont les experts dans le domaine qui l’a intéressé. Ceux-ci observent les talents et confirment si l’enfant est bien dans son domaine; là commence son apprentissage.[2][4]

La permaculture humaine au service des individus et des groupes en transition[modifier | modifier le code]

La permaculture humaine fournit des clés aux individus et aux groupes désireux de s’inscrire dans le mouvement de la transition[15], qui peut être défini comme suit:

«Le mouvement de transition est un mouvement international qui vise à inspirer, à catalyser et à soutenir les réponses des communautés face au pic pétrolier et au changement climatique. C'est un mouvement qui a une vision positive, centrée sur l'élaboration et la mise en œuvre de solutions, qui développe différents outils pour construire de la résilience et de la joie dans le monde. De l'éveil des consciences et de la création de groupes locaux d'alimentation, à l'édition de monnaies locales et au développement de «plans B» pour leur communauté, les mouvements de transition cherchent à prendre la fin de «l'âge du pétrole» comme une immense opportunité: l'opportunité de repenser profondément la plupart de ce que nous considérons comme acquis.»[16]

Bernard Alonso et Cécile Guiochon soulignent cependant qu’il est difficile de modifier ses comportements et ses pratiques sans se transformer intérieurement: «avant de changer le monde, il convient de se changer soi-même!»[6] C’est ce processus que la permaculture humaine accompagne.

Dans le monde industriel, les individus sont conditionnés pour s’adapter au système et jouer des rôles qui ne leur conviennent pas forcément.[2][17] Cela conduit à une perte de sens: nombreux sont ceux qui, alors qu’ils ont fait tout ce qu’on attendait d’eux (études, premier emploi, gravissement des échelons), ne se sentent pas en phase avec ce qu’ils font.[4][13]

La permaculture humaine invite ces personnes à retrouver leur niche et leurs sous-niches en pratiquant des exercices d’auto-observation et en se souvenant des talents prédominants qu’elles avaient avant l’adolescence.[4] Elle les aide ensuite à élaborer un design de vie sur la base de ces découvertes et à intégrer la recherche de l’intérêt général à leurs objectifs personnels pour retrouver une utilité génératrice de sens. Pour ce faire, elle leur suggère de constituer une équipe autour d’un projet aligné sur les buts des participants en respectant quelques principes essentiels: le groupe doit élaborer, en intelligence collective, un design de projet qui permette à chacun de ses membres d’exprimer pleinement son profil de niche; chaque participant doit donc avoir identifié sa niche et ses sous-niches au préalable. Inversement, il n’est pas question de demander à un membre de l’équipe de jouer un rôle qui ne lui correspondrait pas pour répondre aux besoins du groupe: cela reviendrait à calquer le fonctionnement de la société industrielle.[18]

Enfin, la permaculture humaine insiste sur l’importance de la communication et de la confiance[19] ainsi que sur la nécessité de renouer avec son intuition et sa créativité[20] pour mener à bien ce processus de transformation et les projets collectifs qui en découlent.

Implications[modifier | modifier le code]

Pour l’éducation[modifier | modifier le code]

Le monde industriel a créé un système éducatif qui sert ses intérêts: l’éducation doit «rendre les gens efficaces en termes de production et de consommation. Les écoles et les universités enseignent des méthodes de travail, des techniques, des contenus pédagogiques adaptés à cet objectif. Les diplômes valorisent les élèves qui entrent dans le moule, laissant les autres de côté.»[21] Les conseillers en orientation orientent les élèves en fonction des besoins de la société, et pas nécessairement vers ce qu’ils sont.[4] La permaculture humaine prend le contrepied de ce modèle source d’exclusion, de dévalorisation de certains métiers au profit d’autres et de perte de sens: elle invite à généraliser les «systèmes éducatifs conçus pour aider les enfants à prendre conscience de leurs dispositions naturelles et à découvrir leur niche dès leur plus jeune âge.»[13]

Pour le monde du travail[modifier | modifier le code]

Dans le monde du travail né du système industriel, les groupes humains sont pyramidaux. Les travailleurs sont là pour servir les intérêts de l’entreprise au mépris de ce qu’ils sont, ce qui génère une perte de sens et un mal-être. La permaculture humaine propose de remplacer ces structures hiérarchiques par des formes de collaboration plus horizontales fondées sur la complémentarité des niches et des expériences où tous poursuivraient un même objectif qu’ils auraient défini ensemble.[1]

  1. a b c et d Véronique Bury, « Bernard Alonso: "La permaculture, un art pour fonctionner ensemble" », sur kaizen-magazine.com, (consulté le )
  2. a b c d e f g et h Marie-Eve Martel, « La permaculture appliquée à l’humain », sur www.lavoixdelest.ca, (consulté le )
  3. a et b « Permaculture humaine – conférence atelier de Bernard Alonso », (consulté le )
  4. a b c d e f et g « Tendances Première. La permaculture humaine avec Stéphanie Grosjean », sur www.rtbf.be/auvio, (consulté le )
  5. « La permaculture humaine avec Bernard Alonso et Audren De Kerhor », (consulté le )
  6. a b et c Bernard Alonso, Cécile Guiochon, Permaculture humaine. Des clés pour vivre la transition, Montréal, Ecosociété, (ISBN 9782897192877), p. 28
  7. a et b Bernard Alonso, Cécile Guiochon, Permaculture humaine. Des clés pour vivre la transition, p. 42
  8. Bernard Alonso, Cécile Guiochon, Permaculture humaine. Des clés pour vivre la transition, p. 22
  9. « Permaculture »
  10. Bill Mollison, Introduction à la permaculture, Passerelle Eco, (ISBN 9782953344844), p. 17
  11. Bernard Alonso, Cécile Guiochon, Permaculture humaine. Des clés pour vivre la transition, p. 64
  12. Bernard Alonso, Cécile Guiochon, Permaculture humaine. Des clés pour vivre la transition, p. 30
  13. a b et c Bernard Alonso, Cécile Guiochon, Permaculture humaine. Des clés pour vivre la transition, p. 43
  14. « C’est pas du vent. 1. C’est quoi la permaculture? », sur www.rfi.fr, (consulté le )
  15. Bernard Alonso, Cécile Guichon, Permaculture humaine. Des clés pour vivre la transition, p. 15
  16. (en) Shaun Chamberlin, The Transition Timeline: For a Local, Resilient Future, Green Books, (ISBN 9781900322560), p. 1
    cité dans «Ville en transition», https://fr.wikipedia.org/wiki/Ville_en_transition
  17. Bernard Alonso, Cécile Guiochon, Permaculture humaine. Des clés pour vivre la transition, p. 66
  18. Bernard Alonso, Cécile Guiochon, Permaculture humaine. Des clés pour vivre la transition, p. 43-44 et 70
  19. Bernard Alonso, Cécile Guiochon, Permaculture humaine. Des clés pour vivre la transition, p. 51
  20. Bernard Alonso, Cécile Guiochon, Permaculture humaine. Des clés pour vivre la transition, p. 46
  21. Bernard Alonso, Cécile Guiochon, Permaculture humaine. Des clés pour vivre la transition, p. 23