Río Grande de Buba

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Río Grande de Buba
Le Río Grande de Buba vu en 2006 depuis le satellite Landsat 7
Le Río Grande de Buba vu en 2006 depuis le satellite Landsat 7
Géographie humaine
Pays côtiers Drapeau de la Guinée-Bissau Guinée-Bissau
Subdivisions
territoriales
Quinara
Géographie physique
Type Estuaire
Coordonnées 11° 36′ nord, 15° 18′ ouest
Géolocalisation sur la carte : Guinée-Bissau
(Voir situation sur carte : Guinée-Bissau)
Río Grande de Buba

Le Río Grande de Buba ou rivière Buba est un estuaire situé en Guinée-Bissau, dans la région de Quinara. Extrêmement ramifié, il présente des caractéristiques hydrologiques particulières, notamment en termes de marée, les plus importantes d'Afrique occidentale. Abritant un écosystème riche, il est partiellement protégé.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Géographie[modifier | modifier le code]

Formation[modifier | modifier le code]

L'importance de l'estuaire de Buba, alors qu'aucun cours d'eau notable ne s'y jette, s'explique par son histoire. Le Río Grande est en effet l'ancien exutoire du Rio Corubal, avant que celui-ci ne soit capté par le Rio Geba[1].

Les vasières doivent leur formation à l'agitation provoquée par la houle du nord qui crée des flèches littorales sableuses dont la progression se fait depuis le nord vers le sud ; ces flèches tendent à fermer les embouchures. Les vasières, retenues par ces cordons sableux, sont localisées en amont, le long des fleuves et affluents, dans la partie la plus régulièrement inondée, soit la slikke. Les sédiments formant ces vasières sont des sables fins, des débris de matière organique, des dépôts argileux plus ou moins calcaires[2].

En amont des vasières se forment les tannes, sur l'espace du schorre, dont la couverture par la marée est exceptionnelle. Ces espaces ne présentent généralement pas de couvert végétal, du fait d'une salinité très importante, sauf dans la partie la plus haute. Ces tannes sont d'anciennes vasières dont la submersion se raréfie. La couverture herbacée marque la limite des marées d'équinoxe[3].

Hydrologie[modifier | modifier le code]

Les marées sont très importantes dans le Río Grande de Buba, même en comparaison des marées déjà plus marquées en Guinée-Bissau que dans le reste de l'Afrique occidentale. Un marnage de 6,42 mètres est observée en tête d'estuaire à Buba[4].

Climat[modifier | modifier le code]

Le climat de la région de l'estuaire est influencé par le Courant des Canaries — froid — ainsi que par celui — chaud — de Guinée (en). La résultante est un climat très humide dont les précipitations annuelles dépassent 2 000 voire 2 500 millimètres[5],[6].

Démographie[modifier | modifier le code]

La région entourant l'estuaire est une de celles connaissant la plus forte croissance démographique en Guinée-Bissau. Ainsi, en 1979, la densité humaine n'est que de 9,6 habitants par kilomètre carré, mais dix ans plus tard cette densité a augmenté de 137 %[7].

Écologie[modifier | modifier le code]

Substrat[modifier | modifier le code]

Globalement, sur la période 1973-2018, les vasières sont en forte augmentation dans tout l'estuaire. C'est la seule zone du littoral bisso-casamancien qui soit aussi uniformément en croissance[8].

Flore[modifier | modifier le code]

Les rives de la rivière Buba sont couvertes de mangrove, principalement de palétuviers, qui couvraient au milieu des années 1980 presque un cinquième des terres émergées ou semi-immergées[9],[10]. La mangrove se développe sur toute la zone de marnage et en marque la limite[11].

Le Río Grande de Buba marque la limite nord-ouest des forêts denses sèches[12]. Dans l'arrière-pays du Río Grande de Buba, la forêt claire — composée d'une strate arborée moyenne à haute et d'une strate arbustive — alterne avec la forêt dense — dans laquelle la formation végétale arborée est continue — ; la végétation herbacée est peu présente dans la région[13].

À titre d'exemple, la région de Quinara présentait en l'an 2000 une couverture arborée à 61 %, soit 1 800 kilomètres carrés sur 2 960 ; en revanche, seuls 74 kilomètres carrés, soit 4,1 % de cette forêt, était à cette date constitué de forêt primaire[14].

Faune[modifier | modifier le code]

L'estuaire est régulièrement fréquenté par des populations de dauphins à bosse de l'Atlantique et de grands dauphins[15].

Protection[modifier | modifier le code]

En 1989, le Centre canadien d’études et de coopération internationale B. Limoges et M-J. Robillard font au gouvernement bissau-guinéen une proposition d'aménagement d'un parc national qui s'étendrait des rives du Rio Corubal au nord jusqu'à celles du Río Grande de Buba au sud. D'autres propositions similaires émergent, avec une volonté de prolonger vers l'ouest cet éventuel parc. Le Projet de développement intégré de la région de Quinara, porté par les autorités gouvernementales, est plutôt favorable à la création d'une réserve[7]. Le Parc naturel de Lagoas Cufada (en) est créé le , ce qui en fait la première zone de protection naturelle créée dans le pays, couvrant 39 098 hectares[16],[17].

Entre 2000 et 2020, le couvert forestier de la région de Quinara perd 139 kilomètres carrés de surface, dont 29,6 durant la décennie 2010-2020, ce qui marque un ralentissement de la déforestation ; la perte en forêt primaire humide s'élève sur les deux décennies à 385 hectares[18].

Pêche[modifier | modifier le code]

La pêche est pratiquée particulièrement en saison des pluies et surtout en partie basse, en direction de l'archipel des Bijagos[19],[20].

Navigation[modifier | modifier le code]

En octobre 2018, le gouvernement de Guinée-Bissau demande à la Banque africaine de développement un financement afin d'aménager la port de Buba en port minéralier en eau profonde, notamment en vue d'exporter de la bauxite, ce qui constituerait le plus grand projet de génie civil jamais réalisé en Guinée-Bissau[21],[22].

En effet, il s'agit de creuser le chenal pour lui donner une profondeur constante de 18 mètres et accueillir simultanément trois navires de 70 000 tonnes, contre un seul navire de 10 000 tonnnes avant les travaux[23].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gwenaëlle Pennober 2003, C. La zone interne, p. 146.
  2. Tine & alii 2022, 1.5. Description des unités d'occupation des sols typiques du milieu — 1.5.1. Les vasières, p. 77 & 78.
  3. Tine & alii 2022, 1.5. Description des unités d'occupation des sols typiques du milieu — 1.5.2. Les Tannes, p. 78.
  4. Bettencourt & Jonard 2007, 2.4. État des ressources en eau, p. 17 & 18.
  5. Bettencourt & Jonard 2007, 2. État de l'environnement — 2.1. Contexte bio-physique et socio-économique — 2.1.1. Caractéristiques biophysiques — Climat, p. 11.
  6. Bordalo & Savva-Bordalo 2007, 2. Material and methods — 2.1. The environment., p. 2979 & 2980.
  7. a et b Fiche descriptive sur les zones humides RAMSAR, Bissau, Ministère du Développement rural et de l'Agriculture, , 7 p. (lire en ligne).
  8. Tine & alii 2022, 2.1.3. Un accroissement des superficies des vasières, p. 83.
  9. (en) « Guinea-Bissau: Hunger in a land of plenty », Reliefweb,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. Tran Viêt Chi et Doan Van Dau, « Annexe 2 : Occupation des sols et végétation », dans Tran Viêt Chi & Doan Van Dau, Rapport de ttravail en Guinée-Bissau : du 21 octobre 1986 au 16 janvier 1987, Rome, FAO, (lire en ligne).
  11. Tine & alii 2022, 1.5. Description des unités d'occupation des sols typiques du milieu — 1.5.3. La mangrove, p. 79.
  12. Bettencourt & Jonard 2007, 2.6. État des forêts, p. 23 & 24.
  13. Tine & alii 2022, 1.5. Description des unités d'occupation des sols typiques du milieu — 1.5.4. La végétation continentale, p. 79.
  14. (en) « Région de Quinara — Couvert terrestre », Global Forest Watch, (consulté le ).
  15. (en) Ruth Leeney, Caroline R. Weir, Pierre Campredon, Aissa Regalla et Jeff Foster, « Occurrence of Atlantic humpback (Sousa teuszii) and bottlenose (Tursiops truncatus) dolphins in the coastal waters of Guinea-Bissau, with an updated cetacean species checklist », Journal of the Marine Biological Association of the UK, Brepols, vol. 96, no 4,‎ (ISSN 0025-3154, DOI 10.1017/S0025315415000661, lire en ligne, consulté le ).
  16. Bettencourt & Jonard 2007, 2.8. Zones de conservation, p. 30.
  17. (en) « Lagoa de Cufada », Convention de Ramsar, (consulté le ).
  18. (en) « Région de Quinara — Évolution des forêts », Global Forest Watch, (consulté le ).
  19. Bettencourt & Jonard 2007, 2.7.1. Pêche, p. 27.
  20. Mancali & alii 2021, 3.3. Gouvernance/Régimes de Gestion, p. 16.
  21. Oumar Ouattara, Étude de faisabilité du projet de construction du port en eau profonde minéralier et commercial de Buba et de sa mise en concession, Abidjan, Banque africaine de développement, , 28 p. (lire en ligne).
  22. « Port en eau profonde à Buba », TPF (consulté le ).
  23. (pt) « Guiné-Bissau BAD vai financiar porto de águas profundas em Buba », RFI,‎ (lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Gwenaëlle Pennober 2003] Gwenaëlle Pennober, « Dynamique littorale d’un delta estuarien : les Bijagos (Guinée-Bissau) », Cahiers Nantais, no 59,‎ , p. 139-148 (ISSN 0767-8436, lire en ligne)
  • [Bettencourt & Jonard 2007] José de Bettencourt et François Jonard, Élaboration du profil environnemental de pays : Guinée Bissau, Bruxelles, Union européenne, coll. « Contrat Cadre Europe », , 122 p. (lire en ligne)
  • [Bordalo & Savva-Bordalo 2007] (en) Adriano Bordalo et Joana Savva-Bordalo, « The water question under extreme poverty. The example of Bolama, Guinea-Bissau (West Africa) », Water Research, vol. 41,‎ , p. 2978-2986 (ISSN 0043-1354, lire en ligne)
  • [Mancali & alii 2021] N. Mancali, J. Adotey, E. O. Chuku, L. Josephs, K. Kent et B. Crawford, Participatory Assessment of Shellfisheries in the Estuarine and Mangrove Ecosystems of GuineaBissau : Centre for Coastal Management, Cape Coast, Université de Cape Coast, , 28 p. (lire en ligne)
  • [Tine & alii 2022] Dome Tine, Mbagnick Faye, Gayane Faye et Guilgane Faye, « Analyse par imagerie satellitaire de la dynamique de l’occupation du sol dans les rivières du Sud : De la basse Casamance (Sénégal) au Rio Gêba (Guinée-Bissau) », Espaces Africains, vol. 2022, no 2,‎ , p. 2957-9279 (ISSN 0043-1354, lire en ligne)