Radios communautaires au Québec

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Une radio communautaire québécoise est une société à but non lucratif qui offre un service de radiodiffusion local à la population d'un territoire donné du Québec[1], qu'il soit métropolitain, périphérique ou en région éloignée[2]. Le mandat des radios communautaires québécoises est de contribuer à la vie de la population locale, que ce soit sur le plan culturel, social ou économique.

En raison de la situation culturelle particulière du Québec au sein du Canada et face aux États-Unis, la radio communautaire québécoise comporte plusieurs particularités provinciales[3].

Studio de radio communautaire québécoise, 2018.

Rôles particuliers[modifier | modifier le code]

Accès à l'information locale[modifier | modifier le code]

En dehors des centres urbains, le signal des radios régionales n'est pas toujours capté, ce qui crée des inégalités dans l'accès à l'information[4]. Les radios communautaires ont donc le mandat de pallier le manque d'information locale, dans le but de favoriser la vie citoyenne et démocratique.

Participation de la communauté[modifier | modifier le code]

La participation citoyenne est une composante importante des radios communautaires québécoises depuis leurs débuts, bien que le secteur se soit beaucoup professionnalisé au fil des ans[5]. En 2018, plus de 2000 bénévoles ont participé aux activités de production des radios communautaires québécoises[6].

Historique[modifier | modifier le code]

Inspirée du modèle américain des radios alternatives[7], la radio communautaire québécoise est apparue au cours des années 1970, alors que le nationalisme québécois était à son zénith[8]. La toute première radio, CKRL-FM, 89,1 a lancé sa programmation à Québec à partir du campus de l'Université Laval, le 15 février 1973[9]. La plupart des autres radios communautaires québécoises ont débuté leurs activités au cours des années 1980 et 90[10]. Rapidement, elles se sont positionnées face aux radios publiques et aux radios privées, leur reprochant d'ignorer une partie de la population[11] et, dans le cas des radios privées, de présenter de l'information biaisée par des intérêts commerciaux[12].

Cadres politique et législatif[modifier | modifier le code]

Pour être reconnue en tant que radio communautaire au Québec, comme dans le reste du Canada, un radiodiffuseur doit obtenir une licence du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Pour obtenir et conserver cette licence, les radios communautaires doivent remplir une série d'exigences, conformément à la Politique réglementaire de radiodiffusion CRTC 2010-499.

Financement[modifier | modifier le code]

Le bingo, l'une des sources d'autofinancement

Financement gouvernemental[modifier | modifier le code]

Canada[modifier | modifier le code]

Les radios communautaires québécoises reçoivent du financement du Fonds canadien de la radio communautaire (FCRC), dans le cadre de différents programmes ou pour la réalisation de projets spécifiques[13].

Québec[modifier | modifier le code]

Le gouvernement provincial du Québec contribue au financement des radios communautaires par l'intermédiaire de son programme Aide au fonctionnement pour les médias communautaires. Cet aide est assujetti à des critères et d'admissibilité et des restrictions, qui s'ajoute à l'obligation de détenir une licence du CRTC ou d'être en voie de l'obtenir. Le programme provincial exclue, entre autres, les radios étudiante et les coopératives[14].

Selon une directive du Ministère adoptée en 1996, les médias communautaires devraient bénéficier de 4% des investissements québécois en publicité gouvernementale[10]. Toutefois, les médias communautaires québécois, dont l'Association des radiodiffuseurs communautaires (ARCQ), ont affirmé que ces investissements sont en baisse constante depuis 2010 et qu'en 2016, ils ne dépassaient pas 2,5% du budget publicitaire provincial[15].

Pour la période 2017-2019, le Ministère a également donné un appui financier aux médias communautaires, dont les radios, afin de les aider à développer de nouveaux projets en lien avec le virage numérique[16].

Autofinancement[modifier | modifier le code]

La question de l'autofinancement des radios communautaires québécoises est devenue pressante à partir du début des années 1980, alors que le Ministère de la Culture et des Communications manifestait sa volonté de diminuer largement les subventions allouées aux médias communautaires[2]. En 2018, les radios communautaires membres de l'ARCQ s'autofinancent à 80 %[6]. par le biais des revenus publicitaires, du bingo diffusé à la radio et d'autres activités de financement[17].

Programmation[modifier | modifier le code]

Les contenus de la programmation orale s'articulent autour de l'information locale, de la promotion des services de proximité et des activités de la communauté[6]. Pour répondre aux exigences canadiennes et québécoises, le contenu musical présente une forte proportion de créations québécoises et canadiennes. La radio communautaire offre également une tribune aux artistes de la relève[6].

Association des radiodiffuseurs communautaires du Québec (ARCQ)[modifier | modifier le code]

Fondée en 1979[10], l'ARCQ est le pendant québécois de l'Alliance des radios communautaires du Canada (ARC du Canada). L'association permet à 41 radios communautaires québécoises[6] de collaborer dans l'atteinte de leurs objectifs. Par exemple, en 2017, dans le cadre du virage numérique des radios communautaires[18], les radios membres ont joint leurs ressources afin de financer le développement d'une application mobile permettant l'écoute numérique des radios communautaires québécoises[19].

Elle a également pour mission d'offrir du support-conseil à ses membres, de représenter leurs intérêts auprès des instances gouvernementales, ainsi que d'établir des partenariats avec d'autres organismes canadiens et internationaux.

Chaque année, l'ARCQ organise le congrès Les Jours de la radio. En , un partenariat avec l'Alliance des radios communautaires du Canada (ARCC) a rassemblé à Québec les représentants de 60 radios canadiennes et québécoises[20].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Gouvernement du Canada, Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), « Politique relative à la radio de campus et à la radio communautaire - politique de 2010 du CRTC relative aux stations la radio de campus et à la radio communautaire », sur crtc.gc.ca (consulté le ), Art. 15
  2. a et b Frédéric Lesemann, Jean-Marie Gourvil et Pierre Hamel, « Les radios communautaires au Québec : de la radio de quartier à la radio « national-communautaire » », International Review of Community Development, no 6,‎ , p. 49 (ISSN 0707-9699 et 2369-6400, DOI 10.7202/1034960ar, lire en ligne, consulté le )
  3. Michel Sénécal, « Médias communautaires au Québec : état de marginalité ou marginalité d’État », International Review of Community Development, no 6,‎ , p. 30-31 (ISSN 0707-9699 et 2369-6400, DOI 10.7202/1034958ar, lire en ligne, consulté le )
  4. « L’état de la situation médiatique au Québec – L’avis du public | Conseil de presse du Québec », sur conseildepresse.qc.ca, (consulté le ), p. 11
  5. Kozolanka, KirstenMazepa, PatriciaSkinner, David, Alternative media in Canada, Vancouver, UBC Press, , 338 p. (ISBN 978-0-7748-2164-3), « Public participation and community radio in Québec », p. 145
  6. a b c d et e Association des radiodiffuseurs communautaires du Québec, « Portrait sectoriel », ARCQ,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Pagé, Pierre, Histoire de la radio au Québec : information, éducation, culture, Montréal, Fidès, , 488 p. (ISBN 978-2-7621-2770-6, lire en ligne), p. 305-306
  8. Gonzalez Castillo, Eduardo, « Community radio, politics, and immigration in Quebec: the case of Radio Centre-ville », International Journal of Communication, no 8,‎ , p. 580
  9. Pagé, Pierre, Histoire de la radio au Québec : information, éducation, culture, Montréal, Fidès, , 488 p. (ISBN 978-2-7621-2770-6, lire en ligne), « Un média essentiel à la culture populaire : la radio communautaire », p. 306
  10. a b et c Association des radiodiffuseurs du Québec, « Qui sommes-nous ? », ARCQ,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. Lucie Gagnon, « 6. Les radios communautaires québécoises », dans Diversité et indépendance des médias, Presses de l’Université de Montréal, coll. « Paramètres », (lire en ligne), p. 131–160
  12. Pagé, Pierre, Histoire de la radio au Québec, Montréal, Fidès, , « Un média essentiel à la culture populaire : la radio communautaire », p. 307
  13. Fonds canadien de la radio communautaire, « Nos bénéficiaires », sur www.crfc-fcrc.ca (consulté le )
  14. Ministère de la Culture et des Communications (Québec), « Aide au fonctionnement pour les médias communautaires », sur www.mcc.gouv.qc.ca (consulté le )
  15. Philippe Orfali, « Québec fait fi de ses propres directives », sur Le Devoir, (consulté le )
  16. Ministère de la Culture et des Communications (Québec), « 2017-12-04 Soutien aux médias communautaires : Plan culturel numérique », sur culturenumerique.mcc.gouv.qc.ca (consulté le )
  17. Zone Société - ICI.Radio-Canada.ca, « Le financement est un défi constant pour les radios communautaires », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  18. Ministère de la Culture et des Communications (Québec), « 26 – Créer une mesure d’aide financière pour permettre aux radios communautaires de prendre le virage numérique : Plan culturel numérique », sur culturenumerique.mcc.gouv.qc.ca (consulté le )
  19. Association des radiodiffuseurs communautaires du Québec, « Notre application », ARCQ,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. Association des radiodiffuseurs communautaires du Québec, « Les Jours de la Radio 2018 », ARCQ,‎ (lire en ligne, consulté le )