Powelliphanta

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Powelliphanta est un genre de grands escargots terrestres de la famille des Rhytididae (en) que l'on ne trouve qu'en Nouvelle-Zélande. Ils sont carnivores : ils mangent des invertébrés, principalement des vers de terre indigènes. Souvent limités à de très petites zones de forêt humide, ils sont victimes de mammifères prédateurs introduits et de nombreuses espèces du genre sont menacées ou en voie de disparition.

Taxonomie[modifier | modifier le code]

Powelliphanta a été initialement décrit par A.C. O'Connor en 1945 comme un sous-genre des escargots kauri, Paryphanta (en). Ils ont été nommés « en reconnaissance du grand service rendu à l'étude de la famille par M. A. W. B. Powell (en) » , et en raison de leur ressemblance avec les espèces du genre Paryphanta[1].

En 1977, Climo a élevé Powelliphanta au rang de genre, ne laissant que deux espèces dans Paryphanta[2]. Il existe au moins 21 espèces et 51 sous-espèces dans le genre[3]. La relation entre les espèces est complexe et il a été suggéré que le groupe Powelliphanta gilliesi-traversi-hochstetteri-rossiana-lignaria-superba forme une espèce en anneau[4].

Distribution[modifier | modifier le code]

Les espèces du genre Powelliphanta sont endémiques de Nouvelle-Zélande. Dans l'île du Nord, on les trouve du lac Waikaremoana à la côte de Kapiti (en), et dans l'île du Sud, des Marlborough Sounds au Fiordland et au Southland[5]. Ils sont les plus variés dans les montagnes au nord-ouest de Nelson et du nord de Westland. Certaines espèces ont une distribution extrêmement restreinte, comme Powelliphanta gilliesi brunnea, que l'on ne trouve que dans un vestige de forêt côtière d'un hectare[6].

Habitat[modifier | modifier le code]

Ces escargots vivent principalement dans la forêt indigène humide. Certains vivent dans la forêt de plaine, comme P. traversi traversi, qui est menacé au niveau national et possède sa propre réserve de 10 ha de forêt de kahikatea et de marais de raupo près de Levin. D'autres espèces vivent dans la forêt des hautes terres, ou même sous les graminées à touffes au-dessus de la limite des arbres. Plusieurs espèces n'habitent que les forêts sur des sols calcaires ; ils ont besoin de calcium pour construire leurs coquilles et leurs œufs, et l'obtiennent en mangeant des invertébrés (y compris d'autres escargots) qui ont absorbé le calcium de l'environnement calcaire[6]. Powelliphanta nécessite un environnement humide car, contrairement aux autres escargots terrestres, ils ne peuvent pas fermer leur coquille avec une membrane muqueuse protectrice (épiphragme).

Description[modifier | modifier le code]

Powelliphanta traversi traversi au lac Papaitonga, sur l'île du Nord.

La coquille de la plus grande espèce, Powelliphanta superba prouseorum, peut atteindre 9 cm de diamètre et l'animal peser jusqu'à 90 g[7]. Les coquilles caractéristiques du genre ont des motifs délicats et se déclinent dans toute une gamme de nuances, du brun ou du rouge au jaune ou au noir.

La structure de ces coquilles est très délicate, avec une couche de carbonate de calcium très fine, recouverte d'une couche chitineuse externe plus épaisse (le périostracum). Ces escargots ont besoin d'un environnement humide, sinon la couche externe sèche, se contracte et se fend ; cela se produit parfois dans les musées, si leurs coquilles ont été stockées au sec.

Mode de vie[modifier | modifier le code]

Les Powelliphanta sont carnivores, se nourrissant principalement de vers de terre ou de limaces. Ils sont nocturnes et vivent pendant la journée enfouis sous la litière de feuilles et les branches. Powelliphanta utilise une radula rudimentaire pour dévorer sa proie : une ceinture de dents en forme de langue, qui racle des morceaux de chair dans l'œsophage. Loin d'être avalées entières, les proies sont soumises à un raclage prolongé.

Vidéo externe
Vidéo d'un Powelliphanta mangeant un lombric (durée 1 min 15).

Les Powelliphanta peuvent vivre 20 ans ou plus et se reproduisent tardivement : ils n'atteignent leur maturité sexuelle que vers 5 ou 6 ans[6]. Ce sont des hermaphrodites, disposant à la fois d'organes sexuels mâles et femelles. Ils pondent chaque année 5 à 10 gros œufs (de la taille d'un haricot), qui ont une fine coquille de carbonate de calcium rose, comme un petit œuf d'oiseau[8]. Ces œufs mettent 2 à 6 mois pour éclore chez les espèces de plaine, 12 à 14 mois pour les espèces de haute altitude[9].

Fossiles[modifier | modifier le code]

Originaires du supercontinent Gondwana il y a plus de 235 millions d'années, ces escargots ont été isolés en Nouvelle-Zélande depuis sa séparation de l'Australie il y a environ 80 millions d'années, et ont évolué en de nombreuses espèces distinctes[6].

Statut de conservation[modifier | modifier le code]

Coquilles de Powelliphanta traversi consommés par des phalangers.

La plupart de ces escargots sont gravement menacés ou même en danger d'extinction. Leur principal prédateur naturel est un oiseau endémique, le weka[9], mais ils n'ont pas de défenses contre les mammifères prédateurs introduits comme les phalangers-renards (Trichosurus vulpecula), les porcs, les hérissons[10] et les rats. Il a été démontré que les phalangers mangent jusqu'à 60 escargots par nuit[réf. nécessaire]. La modification de l'habitat et le piétinement par les animaux introduits comme les chèvres, les cerfs et les bovins représentent aussi une menace[5].

Le contrôle des mammifères prédateurs est désormais essentiel à la survie de Powelliphanta, et de nombreux plans de rétablissement sont entrepris par le Ministère de la conservation. Après la dispersion aérienne de fluoroacétate de sodium (1080), le nombre de P. "Anatoki Range" a triplé sur les sites du parc national de Kahurangi, avec un grand nombre de juvéniles. Avant d'appliquer le 1080, on y trouvait 54 escargots sur une grille de 500 mètres carrés. Un an après la dispersion du 1080, on a trouvé 147 escargots sur la même parcelle[réf. souhaitée]. Entre 1994 et 2010, une série de trois dispersions aériennes de 1080 sur les 3 430 ha du parc forestier de Ruahine a abouti à des augmentations significatives du nombre de Powelliphanta marchanti[11].

Les sous-espèces Powelliphanta gilliesi brunnea et Powelliphanta traversi otakia sont les plus menacées. La Liste rouge de l'UICN indique pour Powelliphanta marchantii un risque plus faible, quasi menacé.

Il est illégal depuis 1982 de ramasser des coquilles de Powelliphanta ; la collecte d'animaux vivants pour leurs coquilles a peut-être rendu certaines espèces plus rares, mais d'autres doivent aussi consommer des coquilles abandonnées pour récupérer le calcium qui les constitue[5].

Espèces[modifier | modifier le code]

Le genre Powelliphanta comprend les espèces suivantes :

Espèces non-décrites

Dans la culture[modifier | modifier le code]

Un Powelliphanta dessiné par Dave Gunson est apparu sur un timbre-poste néo-zélandais de 40 cents émis en [12].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) O'Connor A. C. (1945). "Notes on the Eggs of New Zealand Paryphantidae, With Description of a New Subgenus." Transactions of the Royal Society of New Zealand 5: 54–57.
  2. (en) Climo, « A new higher level classification of the New Zealand Rhytididae (Mollusca: Pulmonata) », Journal of the Royal Society of New Zealand, vol. 7, no 1,‎ , p. 59–65 (DOI 10.1080/03036758.1977.10419336)
  3. (en) « Powelliphanta snail », Department of Conservation Te Papa Atawhai, New Zealand Department of Conservation (consulté le )
  4. (en) F.M. Climo, « The Powelliphanta gilliesi-traversi-hochstetteri-rossiana-lignaria-superba ring species (Mollusca: Pulmonata) », New Zealand Journal of Zoology, vol. 5, no 2,‎ , p. 289–294 (DOI 10.1080/03014223.1978.10428318)
  5. a b et c « New Zealand Land Snails », RD&I Wellington, Department of Conservation, (consulté le )
  6. a b c et d Gerard Hutching, The Natural World of New Zealand, Auckland, Reader's Digest, , 315 p. (ISBN 978-0-86449-261-6)
  7. (en) Judd, « Slow, slimy and surprising! », New Zealand Geographic, no 7,‎ july–september 1990, p. 84–110 (lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Ryan, « Snails and slugs – Flax snails, giant snails and veined slugs », Te Ara – the Encyclopedia of New Zealand, (consulté le )
  9. a et b (en) Geoff Collett, « It's so hard being a snail », Nelson Mail, (consulté le )
  10. (en) « Hedgehogs pose prickly problem for native fauna », Landcare Research media release, (consulté le )
  11. (en) « Giant snails the winners », Department of Conservation Te Papa Atawhai, New Zealand Department of Conservation, (consulté le )
  12. « Creepy Crawlies », New Zealand Post Stamps (consulté le )

Bibliographie complémentaire[modifier | modifier le code]

  • (en) Walker, K. J. (2003) "Recovery plans for Powelliphanta land snails 2003–2013". Threatened Species Recovery Plan 49. Wellington, New Zealand Department of Conservation. 208 pp. + 64 pl. (Pages 1–12, 13–140, 141–196, 197–208.)
  • (en) Meads, M. J., Walker, K. J., & Elliot, G. P. (1984) "Status, conservation, and management of the land snails of the genus Powelliphanta (Mollusca: Pulmonata)". New Zealand Journal of Zoology 11: 277–306.
  • (en) Judd, Warren (1990). "Slow, slimy and surprising!" New Zealand Geographic (007, July–September): 84–110.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :