Porte-du-Scex

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Le Site de la Porte-du-Scex, 2003

La Porte-du-Scex est un lieu-dit situé au nord-est du village de Vouvry dans le canton du Valais en Suisse, sur la route principale 21 St-Maurice - St-Gingolph. C'est un lieu de passage resserré entre le pied d'une crête des Préalpes et le Rhône. Le château de la Porte du Scex, qui ressemble aujourd'hui davantage à une maison forte, garde le passage.

Toponymie[modifier | modifier le code]

L'orthographe de ce lieu-dit a varié au cours des siècles : Saix, Scé, Sex pour arriver à l’actuel Scex (du latin saxum, un aplomb de roc calcaire maintenant un peu retaillé pour laisser passer la route).

Histoire[modifier | modifier le code]

Avant 1500[modifier | modifier le code]

Jusqu’en 1358, les archives de Vouvry ne parlent pas du lieu-dit Porte-du-Scex. Mais quelques trouvailles témoignent pourtant d’une histoire plus ancienne. Une hache de pierre polie a été trouvée dans une fente du rocher dominant la route actuelle. Hippolyte Pignat, président de la commune de 1855 à 1876 et auteur de notes historiques, nous parle de monnaies romaines (disparues depuis) découvertes dans une sorte de petit fortin construit près du passage.

En 1358, les Seigneurs Tavelli de la Tour sont autorisés par le Comte Amédée VI de Savoie d’établir des potences sur une de leurs seigneuries. L’endroit choisi est la Porte-du-Saix. Plus tard, ces gibets seront plantés en Proz, dans une île du Rhône.

De 1500 à 1700[modifier | modifier le code]

En 1536, la Berne protestante a conquis les possessions des Ducs de Savoie. Les communes en aval de Saint-Maurice demandent la protection du Haut-Valais. Vouvry prête serment de fidélité le , tout comme les autres communes de l’actuel district de Monthey. À cette époque, un péage existait à la Porte-du-Saix. Peut-être un premier bâtiment existait-il, les archives n’en disent rien. Par contre, un grand fossé creusé en 1591 en aval du château actuel coûte 400 florins, payés par les communes du dizain de Monthey.

En 1597, la construction d’un château commence et ce sont encore les communes du dizain qui vont le payer. Quant à Vouvry et Vionnaz, il leur faut assurer le paiement de la solde des gardes chargés de la surveillance du passage, peut-être du haut de la petite tour dont on distingue les ruines sur les photos anciennes. L’époque est troublée, des armées étrangères traversent souvent le pays. Dans un acte notarial de 1639, on fait mention du rempart de la Porte-du-Scex.

En 1658, on commence à creuser le canal Stockalper et en 1661, la commune de Vouvry vend à Gaspard Jodoc Stockalper, seul importateur de sel pour le Valais, une parcelle de terrain sise à Sous-Vanel, contre 51 ducats et un char de vin à boire aux prochaines fêtes de Pâques.

De 1672 à 1678, on reconstruit un nouveau château, celui que nous connaissons par les plus anciennes photos. Le châtelain de Bouveret est autorisé à venir résider dans la nouvelle bâtisse mais il n’y viendra jamais. À cette époque, le passage est fort animé et le bac très fréquenté. Les archives rapportent les tarifs de péage usités mais aussi les nombreux litiges, incidents et faits de contrebandes.

De 1700 à 1900[modifier | modifier le code]

En 1743, on construit un signal sur le rocher aux frais des dizains, Vouvry devant fournir le bois de chauffage pour les gardes. Les changements politiques français touchent le Valais. Dès 1798, le Valais fait partie de la République helvétique, mais les temps sont troublés, le pays dévasté. Napoléon décide l’annexion du Valais à la France en 1810 en tant que département du Simplon. À cette époque, le château est dégradé et presque abandonné, il y reste un soldat et un concierge.

En 1815, le Valais devient un canton suisse mais le pays vit des années de misère. Des familles entières partent vers les Amériques. On consolide à plusieurs reprises le château et ses remparts, minés par les inondations et l’eau des marécages. Vers 1820, une douane et un cabaret animent les lieux. Malgré les divers épisodes de guerre civile entre le Haut et le Bas-Valais, en 1838 on remplace le bac par un solide pont couvert en bois de mélèze. Rodolphe Töppfer et ses élèves y passent en 1841. Il nous laisse une description et un croquis des lieux. Malgré ses luttes politiques, le Valais s'ouvre au monde et s'engage dans la construction du chemin de fer. On crée des digues pour maintenir le Rhône dans son lit et protéger la voie. On prolonge le canal pour assainir les marais. La ligne du Tonkin est inaugurée en 1859.

Le site de la Porte-du-Scex en 1900.

Dès le XXe siècle[modifier | modifier le code]

Malgré les travaux entrepris dans tout le Valais, le Rhône déborde régulièrement et, en 1902, le fleuve noie la plaine. La façade nord-est du château s’écroule et le pont est ruiné. On hésite puis on répare ce qui reste du bâtiment. Quant au pont de bois, il est remplacé en 1904 par le pont de fer que nous connaissons. La Porte du Scex devient la résidence de la gendarmerie cantonale jusqu’en 1967. En 1937, le mur crénelé doit être abattu pour faciliter la circulation automobile en pleine expansion. En 1940, le château reprend du service. On construit un barrage anti-char encore visible en partie au nord du château et un fortin à l’intérieur du rocher.

En partie vide, le château se dégrade lentement durant les années d’après-guerre. Grâce à la volonté des vouvryens et de leur président Bernard Dupont, la restauration du monument est entreprise et son rôle culturel défini par une convention signée en 1976.

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Sources[modifier | modifier le code]

  • Château de la Porte-du-Scex
  • Plaquette éditée lors de la restauration. Commune de Vouvry, 1976
  • Recueil de notes et documents historiques sur Vouvry[précision nécessaire]
  • Hippolyte Pignat, président de la commune de Vouvry de 1855 à 1876[précision nécessaire]
  • Michel Salamin, Le Valais de 1798 à 1840, Sierre, Éditions du Manoir,

Article connexe[modifier | modifier le code]