Pariser Kanonen
Pariser Kanonen (canons de Paris) est le nom donné à une ou plusieurs pièces d'artillerie à longue portée utilisées par les Allemands durant la Première Guerre mondiale pour bombarder Paris.
Contrairement à une croyance populaire tenace, ce type de canon est différent de celui que l'on surnomma "Grosse Bertha".
Caractéristiques
- Appellations : Ferngeschütz (canon à longue portée), Pariser Kanonen (canons de Paris), Kaiser-Wilhelm-Geschütz (arme de l'empereur Guillaume)
- Longueur du tube : 34 à 36 m. Le tube était une juxtaposition de 3 tubes de calibres différents.(Afin d'éviter la pliure, voire la rupture d'un tel fût, un solide haubanage partant d'un mât central renforce et soutient le canon sur toute sa volée.
- Calibre : 210 mm et 240 mm (l'usure du tube augmentait le calibre. Le tube était usé après 65 coups)
- Portée maximale : 108 km (130 km selon certaines sources)
- Poids du canon : 750 tonnes (avec la plate-forme de tir)
- Vitesse initiale du projectile : 1 600 m/s.
- Masse de l'obus : 103 kg
- Masse de poudre nécessaire : 145 kg
- Vitesse initiale du projectile à charge maximale : 1600 m/s
- Temps de vol du projectile : 176 s
L'obus tiré atteint l'altitude maximale de 42 km à l'apogée de sa trajectoire. Ce fut longtemps le record d'altitude atteint par un objet lancé par l'homme (jusqu'à l'invention de la fusée V2 lors de la Seconde Guerre mondiale).
Histoire
Au matin du , un obus venu de nulle part explose en plein cœur de Paris, place de la République. Il est suivi d'une vingtaine d'autres dans la même journée. Les rumeurs les plus folles courent sur l'arme nouvelle dont semble disposer l'armée allemande. On pense à un avion volant à haute altitude. Très vite, il s'avère que le coupable n'est autre qu'une batterie de deux pièces à longue portée, implantée sous les couverts du nord-est de la forêt de Saint-Gobain à 2 km au nord de Crépy en Laonnois dans l'Aisne au lieudit bois de l'Épine.
Lorsqu'ils en sont informés, les Parisiens la surnomment "Bertha". Il s'agit en fait du "Kaiser-Wilhelm-Geschütz" (arme de Guillaume) ou "Pariser Kanone" (canon de Paris), capable de tirer des obus d'un calibre de 210 à 235 mm (en fonction de l'usure du tube) à plus de 125 km de distance. Avec un poids de 750 tonnes, ces canons ne peuvent être déplacés que par voie ferrée, et tirent depuis des plateformes métalliques démontables.
Les tirs sur Paris se poursuivent jusqu'en août 1918, à partir de différentes positions :
- Crépy en Forêt de Saint-Gobain dans l'Aisne de mars à mai.
- Beaumont-en-Beine du 27 mai au 11 juin.
- Bruyères-sur-Fère les 16 et 17 juillet.
- Lors de l'offensive du 18 juillet 1918, les Allemands évacuent leur pièce afin qu'elle ne tombe pas aux mains des Alliés.
- Beaumont-en-Beine, à nouveau, jusqu'au 9 août 1918 d'où elles tirent encore 64 obus.
En tout, sur 367 tirs, 351 obus sont tombés sur Paris, causant la mort de 256 personnes (dont 91 dans la seule église Saint-Gervais le 29 mars 1918) et en blessant 620 autres.
Non loin de Crépy en Laonnois, on peut voir encore aujourd'hui, près de Coucy-le-Château dans le bois du Montoir, une énorme cuvette de béton sur laquelle les Allemands avaient installé un canon de 420 mm, la véritable Grosse Bertha. À quelques kilomètres de là, ils avaient fait construire un canon de bois et une fausse voie ferrée qui servait de leurre afin de tromper d'éventuels repérages par l'aviation ennemie.