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Ordre des francs-jardiniers

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L' ordre des francs-jardiniers (Order of the Free Gardeners), aujourd'hui presque disparu, est une fraternité fondée en Écosse au milieu du XVIIe siècle et qui s'est par la suite étendue en Angleterre et en Irlande. Comme de nombreuses autres sociétés amicales (Friendly societies) de l'époque, son objet principal fut à la fin du XVIIe siècle et durant tout le XVIIIe siècle le partage de connaissances - voire de secrets - liés au métier, ainsi que l'entraide mutuelle. Au XIXe siècle, ses activités d'assurance mutuelle devinrent prépondérantes. À la fin du XXe siècle, elle s'est presque entièrement éteinte.

Bien que les francs-jardiniers soient toujours restés indépendants de la franc-maçonnerie, l'histoire et l'organisation des deux ordres présentent de nombreuses similitudes qui éclairent les recherches historiques sur la naissance du second[1].

Armoiries de l'Ordre des franc-jardiniers

Histoire

Le plus ancien témoignage de l'ordre est un registre de procès verbaux de la loge de Haddington ouvert le 16 août 1676 qui commence par un recueil de quinze règles dénommé « Interjunctions for ye Fraternity of Gardiners of East Lothian » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique[2].

L'Écosse était à cette époque soumise à des troubles civils et à des famines intermitentes. Les propriétaires terriens aisés s'intéressaient à l'architecture de la Renaissance et au travail des jardins dessinés de leurs vastes domaines. Les premiers membres de la loge d'Haddington n'étaient cependant pas des jardiniers de métier mais plutôt des petits propriétaires terriens et des fermiers qui pratiquaient le jardinage comme un loisir. N'exerçant pas une profession citadine, ils ne pouvaient pas obtenir le statut de corporation et calquèrent leur organisation sur celle des Maçons, qui disposaient d'une forme d'organisation supplémentaire et indépendante de leur corporation: la loge[3].

Cette organisation mise en place à Haddington peut être vue comme une forme primitive de syndicat, organisant la coopération entre ses membres, leur formation pratique, leur développement moral et le secours destiné aux pauvres, aux veuves et aux orphelins de l'association. Les loges de jardiniers seront également les premières à organiser des expositions florales, dès 1772[3].

Vers 1715, une loge similaire à celle d'Haddington est fondée à Dunfermline et y est soutenue dès ses débuts par deux membres de l'aristocratie locale, le Comte de Moray et le Marquis de Tweeddale. Dès son origine, elle admet parmi ses membres de nombreux non-jardiniers. Elle crée une société de bienfaisance au profit des veuves, des orphelins et des pauvres de la loge, parraine une course hippique et organise une foire horticole annuelle avant de se transformer peu à peu en société d'assurance mutuelle. Elle atteint un effectif de 212 inscrits dès 1721.[3].

Les deux loges d'Haddington et Dunfermline firent le choix d'étendre largement leur secteur géographique de recrutement sans autoriser la création de nouvelles loges. Ce n'est qu'en 1796 que trois nouvelles loges furent créées: à Arbroath, Bothwell et Cumbnathan[4].

Au cours du XVIIIe siècle, une vingtaine d'autres loges furent créées, toujours en Écosse et, le 6 novembre 1849, une réunion fut organisée entre elles en vue de la création d'une Grande Loge. Les créations se poursuivirent alors à un rythme accéléré et cette Grande Loge rassembla à Édimbourg, en 1859, des représentants de plus d'une centaine de loges, dont trois établies aux USA[3].

À l'apogée du mouvement, on compta jusqu'à plus de 10000 francs-jardiniers pour les seuls Lothians rassemblés dans plus de 50 loges[5].

Le succès aidant, des sociétés horticoles "concurrentes" apparurent au cours du XIXe siècle. A la différence de l'ordre des francs-jardiniers, elles n'avaient pas de rôle de bienfaisance et de secours mutuel, ni de rituels, et elles acceptaient quiconque, homme ou femme, payait leur cotisation.

Au XXe siècle, les deux guerres mondiales appellèrent sous les drapeaux la plupart des membres. La crise économique de 1929 affaiblit les capacités de bienfaisance[3]. Les lois de protection sociale diminuèrnt l'attrait des activités de secours mutuel associatif, avant que la « loi sur l'assurance nationale » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique de 1946 ne leur retire toute utilité[4]. Avant même la Seconde Guerre mondiale, le nombre de décès dépassa le nombre d'admissions. En 1939, les minutes de la loge d'Haddington s'interrompirent jusqu'à la date de 1952, où ses huit derniers membres tentèrent vainement de la relancer[3]. Malgré le recrutement de nouveaux membres, la fraternité d'Haddington prononça sa dissolution le 22 février 1953[6]. La loge de Dunfermline perdura quant à elle jusqu'au milieu des années 1980[7].

Ces disparitions s'inscrivaient dans un mouvement sociologique beaucoup plus vaste puisqu'en 1950 il existait encore quelques 30000 sociétés amicales de secours mutuel (Friendly societies) dans tout le Royaume-Uni, alors qu'en 2000, on n'en comptait plus que 150[8].

En 2000, les recherches de R. Cooper ne recensent plus qu'une seule loge (à Bristol) pour la Grande Bretagne, mais mentionnent la survivance de l'Ordre des Francs-Jardiniers aux Antilles (Caribbean British Order of Free Gardners) et en Australie[3].

En 2002, une société de sauvegarde a été créée en Écosse aux fins de recherches et de conservation des traditions de cet Ordre et quelques loges ont été ranimées à cette occasion[9].

Rituel

On ne trouve aucune trace de rituels ou de connaissances réservées aux initiés dans les documents de la fraternité datant de la fin du XVIIe siècle, toutefois, l'intérêt rapidement marqué de membres de l'aristocratie laisse supposer que cette association ne s'occupait pas exclusivement d'assurance mutuelle[10].

La plus ancienne mention connue de l'existence d'un secret initiatique dans cet ordre remonte au 28 janvier 1726, date à laquelle la fraternité étudie une plainte interne accusant un de ses membres d'avoir diffamé certains de ses officiers en disant qu'ils n'étaient pas capables de donner correctement ses mots et signes. En 1772, d'autres documents établissent que la fraternité des francs-jardiniers disposaient de « Mots » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique et de « Secrets » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique. En 1848, on trouve mention d'un enseignement, sous forme de « Signes, Secrets et Attouchements » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique. Les historiens disposent de rituels complets d'Apprenti, de Compagnon et de Maître datant de 1930. Les minutes des loges montrent que le rituel de l'ordre s'est progressivement développé, depuis une cérémonie assez basique de transmission du « Mot » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique à ses tous débuts, jusqu'à un système de trois grades similaire à celui de la franc-maçonnerie à la fin du XIXe siècle[10].

Une conférence de 1873 indique que le franc-jardinage utilise la culture du sol comme le symbole de la culture de l'esprit dans l'intelligence et la vertu et fait référence au Jardin d'Eden[10].

  • Le rituel d'admission des apprentis francs-jardiniers présente de très nombreuses similitudes avec celui des apprentis francs-maçons. Adam serait ainsi symboliquement le premier franc-jardinier. Il y est fait usage du compas, de l'équerre, auxquels s'ajoutent le couteau, présenté comme « le plus simple outil de jardinage » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique, permettant de « tailler les vices [...]et bouturer les vertus » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique. A l'issue de cette cérémonie, l'apprenti reçoit le tablier de son grade[10].
  • Le second degré fait référence à Noé, le « second jardinier » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique et fait accomplir symboliquement au Compagnon un voyage qui le ramène vers le Jardin d'Éden puis vers celui de Gethsémani[10].
  • Le troisième degré fait référence à Salomon, le « troisième jardinier » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique et au symbole de l'olivier[10].

Les tabliers sont de deux types:

  • Des tabliers longs, arrivant à la cheville, brodés de nombreux symboles relatifs aux légendes de l'ordre[11].
  • Des tabliers plus courts, avec bavette semi-circulaire, ressemblant fortement aux tabliers des francs-maçons d'Écosse[12]. Celui du président est brodé des lettres P, G, H, E initiales des quatre fleuves du jardin d'Éden[13], et A, N, S, initiales de Adam, Noé et Salomon[11], auxquelles s'ajoute la lettre O[14].

D'une manière générale, le symbolisme utilisé par les francs-jardiniers semble avoir été fortement influencé au cours du XIXe siècle par celui de la franc-maçonnerie[15].

Sur de nombreux objets de l'ordre datant du tout début du XXe siècle, on trouve un emblême composé d'une équerre, d'un compas, et d'un couteau à greffer. Comme il n'y a pas de trace de cet emblême dans les documents antérieurs, il est vraisemblable qu'il ait lui aussi été inspiré tardivement de celui de la franc-maçonnerie[4].

Les premiers membres

Il y a peu d'informations sur la profession des membres avant la fin du XVIIIe siècle. À cette période, on trouve dans la loge d'Haddington, outre les jardiniers, des commerçants, des tailleurs et des écrivains publics. Tous les membres de la loge sont originaires du comté. En revanche, la loge de Dumfermline, ancienne capitale de l'Écosse, s'enorgueillit de compter parmi ses membres « de nombreuses personnes illustres d'Édimbourg, autant que de l'East Lothian [parmi lesquelles] le Marquis de Tweedale, le Comte de Haddington, Lord William Hay, etc. » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique[4].

Le premier registre de la loge de Dunfermline a été établi en 1716, avec les signatures de 214 membres. À cette époque, l'effectif se compose d'une majorité de jardiniers de métier mais également de nombreux artisans ainsi que de deux membres de l'aristocratie locale. Rapidement, l'effectif augmente, le niveau social moyen s'élève, au point que les jardiniers de métiers ne forment plus la majorité des nouveaux membres, mais le recrutement reste local. En 1721, 101 nouveaux membres de toutes conditions sociales sont admis dans la loge, depuis les jardiniers et boulangers jusqu'au Duc d'Athole. Les années suivantes voient un assez grand nombre d'aristocrates se faire initier à la franc-jardinerie dans la loge de Dunfermline, même lorsqu'ils demeurent à proximité de celle d'Haddington qui reste principalement opérative. La plupart de ces personnes possèdent des jardins renommés. À partir de 1736, date de la création de la Grande Loge (maçonnique) d'Écosse, cette dynamique cesse et il n'y a plus d'initiations d'aristocrates dans la loge de Dunfermline[4].

Sur le plan religieux, tous les membres de cette époque sont protestants et appartiennent à l'Église d'Écosse. Politiquement en revanche, ils sont de toutes tendances[4].

Comparaisons avec la franc-maçonnerie

Dans les années 1720, il existe en Écosse une profusion de sociétés, fraternités et clubs. La franc-maçonnerie et l'ordre des francs-jardiniers ne sont que ceux qui se sont le plus étendus et ont perduré le plus longtemps[4].

Ces deux ordres présentent d'importantes similitudes en ce qui concerne leur organisation et leur développement. Tous deux sont nés en Écosse au milieu du XVIIe siècle dans des groupes de professionnels opératifs qui très vite acceptèrent parmi eux des membres d'autres professions. Dans les deux cas, les membres du métier d'origine sont devenus minoritaires dès le début du XVIIIe siècle. Dans les deux ordres également, certaines loges[16] s'ouvrent très rapidement aux membres « acceptés » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique et en particulier à la noblesse locale, alors que d'autres[17] sont beaucoup plus réticentes. [4].

Presque tous les membres connus qui ont appartenu aux deux ordres furent francs-jardiniers avant de devenir francs-maçons. Le plus grand groupe de francs-jardiniers devenus par la suite francs-maçons intégra la loge maçonnique "Kilwinning Scots Arms", fondée en 1729. Il s'agissait de neuf membres de la loge de francs-jardiniers de Dunfermline. Aucun d'entre eux n'était jardinier de métier, il s'agissait d'aristocrates et de militaires[4].

La franc-maçonnerie se répandit assez rapidement en Angleterre, puis, après la création de la Grande Loge de Londres en 1717, à travers le monde entier. En revanche, l'ordre des francs-jardiniers resta principalement écossais. Dans les deux cas, les loges écossaises semblent avoir eu des difficultés à se regrouper dans des structures plus vastes nommées « Grandes Loges » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique. Pour ce qui concerne la franc-maçonnerie d'Écosse, ce processus ne commencera à Édimbourg qu'en 1736 et il ne s'achèvera qu'en 1891. En ce qui concerne l'ordre des francs-jardiniers, la première Grande Loge ne fut formée qu'en 1849, et 15 loges restèrent indépendantes jusqu'à la disparition de l'ordre. Dans les deux cas, ce sont en particulier les loges fondées avant leur Grande Loge qui seront les plus réticentes à renoncer à leur indépendance[4].

Miscellanées

  • Les francs-jardiniers sont mentionnés en incidente dans « Le seigneur des anneaux » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique de Tolkien:
    « The one small garden of a free gardener was all his need and due, not a garden swollen to a realm; his own hands to use, not the hands of others to command » Samwise Gamgee, The Lord of the Rings, Part III, p. 206.
    (L'unique petit jardin d'un franc-jardinier était tout ce dont il avait besoin. Ce n'était pas un jardin qui se prendrait pour un domaine. C'était un jardin pour l'usage de ses propres mains, pas pour commander celles des autres.)

Notes et références de l'article

  1. Robert L.D. Cooper, Les francs-jardiniers, Ivoire Clair, , p. 2-8
  2. « Injonctions à la fraternité des jardiniers de l'East-Lothian » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique
  3. a b c d e f et g R. Cooper, op.cit., pp. 11-24
  4. a b c d e f g h i et j R. Cooper, op.cit., pp. 87-93 Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Cooper2000_ch4 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  5. Free Gardeners of the Lothians and Fife (en) sur historyshelf.org (consulté 8 avril 2007)
  6. The Fraternity of Gardeners of East Lothian sur HistroyShelf.org (en) (vérifié le 8 avril 2007)
  7. The Society of Gardeners in and about Dunfermline sur HistroyShelf.org (en) (vérifié le 8 avril 2007)
  8. Article Friendly societies sur HistoryShelf.org (en) (vérifié le 8 avril 2007)
  9. Adelphi Bluebell Lodge. (consulté 13/03/2007).
  10. a b c d e et f R. Cooper, op. cit. , pp. 27-40
  11. a et b Regalia et Ritual and symbols (en) (vérifié le 19 mars 2007)
  12. R. Cooper, op. cit., p. 45
  13. Pison, Gihon, Hiddekel et Euphrate
  14. Probablement pour "Olive"
  15. Article Free Gardeners and Freemasons sur historyshelf.org. (en) (Consulté 18 mars 2007)
  16. Comme celle de Dunfermline pour les francs-jardiniers et celle de Kilwinning pour les francs-maçons
  17. Comme celle d'Haddington pour les francs-jardiniers et celle d'Édimbourg pour les francs-maçons.

Voir aussi

Ressources bibliographiques

Ouvrages utilisés pour la rédaction de cet article

Autres ressources bibliographiques

  • W. Gow, A Historical Sketch from the Records of the Ancient Society of Gardeners, Dunfermline,

Articles connexes

Liens et documents externes