Mausolée d'Émèse
Le mausolée d'Émèse est un des noms donnés à un monument qui se trouvait encore au XVIIIe siècle « à 400 pas de la ville [de Homs, en Syrie], en tirant du côté de l'ouest[2] ». Ses restes furent détruits à la dynamite vers 1911, pour faire place à un dépôt de pétrole[3]. Il était, d'après Pierre Belon (en orthographe modernisée), « inscrit des lettres grecques d'une épitaphe de Caius Cæsar[4] » — ce qui pourrait avoir fait de lui un cénotaphe de Caius Julius Caesar Vipsanianus[5] — mais l'affirmation de Pierre Belon est certainement erronée selon certains auteurs (voir infra)[5].
Histoire
[modifier | modifier le code]Dans l'inscription dont Pierre Belon avait fait mention, Pietro Della Valle trouva « un ΓΑΙΩ ΙΟΥΛΙΩ, mais non pas Caesar »[5]. Selon Richard Pococke, qui fit le premier dessin sommaire du mausolée[5], l'inscription « commence dans [le côté] qui eſt à l'orient par le mot ΓΑΙΟϹ[6] ». William Henry Waddington a reproduit une inscription grecque « qu'on affirme avoir appartenu au monument »[7] et une copie de celle-ci par le docteur Skender Effendi (reproduites ci-après avec les caractères Ε, Ξ et Ω) :
- ΓΑΙΟϹΙΟΥΛΙΟϹ
- ΦΑΒΙΑϹΑΜϹΙΓΕ
- ΡΑΜΟϹΟΚΑΙϹΕΙΛ
- ΑϹΓΑΙΟΥΙΟΥΛΙΟΥ
- ΑΛΕΞΙΩΝΟϹΥΙΟϹ
- ΖΩΝΕΠΟΙΗϹΕΝ
- ΑΥΤΩΚΑΙΤΟΙϹΙΛ
- ΟΙϹΕΤΟΥϹϞΤ[8]
- Γάϊος Ἰούλιος, Φαβίᾳ, Σαμσιγέραμος ὁ καὶ Σεί[λ]ας, Γαΐου Ἰουλίου Ἀλεξίωνος υἱός, ζῶν ἐποίησεν [ἑ]αυτῷ καὶ τοῖς ἰ[δί]οις, ἔτους ϟτʹ[9]
Carlos Chad a donné la traduction suivante de l'inscription reconstituée par William Henry Waddington : « Caius Julius Sampsigéram, de la tribu Fabia, dit Seilas, fils de Caius Julius Alexion, a construit de son vivant ce tombeau, pour lui-même et les siens, l'an 390 [des Séleucides] », c'est-à-dire en « 78-79 de notre ère »[10].
Selon Fergus Millar, le constructeur du mausolée pourrait être apparenté à la dynastie des Sampsigéramides[11] ; selon Carlos Chad, Caius Julius Alexion pourrait avoir été « le chaînon manquant » entre le dernier roi d'Émèse, Sohème, de cette dynastie, et le constructeur du mausolée[10], « dont la citoyenneté romaine, attestée par ses tria nomina, milite fortement en faveur de son appartenance à la famille royale », d'après Maurice Sartre[12]. « Or aucune allusion n'est faite à cette parenté royale, ce qui s'explique au mieux si la dynastie a été privée de son royaume peu auparavant », et celui-ci annexé, très probablement entre 72 et la date de la construction du mausolée, à la province de Syrie[12].
Architecture
[modifier | modifier le code]Le mausolée fut conçu — « fait rarissime en Orient » — en opus reticulatum « suivant une technique de construction purement romaine utilisant le béton », ce qui « nécessita certainement l'intervention d'ouvriers d'origine italienne ou ayant reçu une formation spécifique »[5].
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Dessin de Léon de Laborde lithographié et publié en 1837.
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Gravure publiée en 1865 (direxit Lemaitre), vraisemblablement inspirée du dessin de Louis-François Cassas.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]Références
[modifier | modifier le code]- Richard Pococke, A Description of the East, p. 141.
- Voyage pittoresque de la Syrie, de la Phœnicie, de la Palæstine, et de la Basse Ægypte, p. 1.
- Henri Seyrig, p. 204.
- Pierre Belon, p. 346.
- Lévon Nordiguian (dir.), p. 127.
- Richard Pococke, Voyages, p. 421.
- M. Jullien, p. 186.
- W. H. Waddington, no 2567 (texte).
- W. H. Waddington, no 2567 (explication).
- Carlos Chad, p. 92.
- Fergus Millar, p. 84.
- Maurice Sartre.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Carlos Chad, Les Dynastes d'Émèse, Beyrouth, Dar el-Machreq, (lire en ligne).
- (en) Fergus Millar, The Roman Near East, Harvard University Press, (lire en ligne).
- Henri Seyrig, « Antiquités syriennes », Syria, (lire en ligne).
- Lévon Nordiguian (dir.), Ch. Libois, J.-P. Sodini, P.-L. Gatier, G. Charpentier et J.-S. Caillou, Le voyage archéologique en Syrie et au Liban de Michel Jullien et Paul Soulerin en 1888, Presses de l'Université Saint-Joseph, (lire en ligne).
- Maurice Sartre, D'Alexandre à Zénobie : Histoire du Levant antique, Fayard, (lire en ligne).
- M. Jullien, Sinaï et Syrie, Lille, (lire en ligne).
- Pierre Belon, Les observations de plusieurs singularitez et choses mémorables (lire en ligne).
- (en) Richard Pococke, A Description of the East, (lire en ligne).
- Richard Pococke (trad. de l'anglais), Voyages, (lire en ligne).
- Voyage pittoresque de la Syrie, de la Phœnicie, de la Palæstine, et de la Basse Ægypte (lire en ligne).
- W. H. Waddington, Inscriptions grecques et latines de la Syrie, (lire en ligne).