Aller au contenu

Maria Tuci

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Maria Tuci
Image illustrative de l’article Maria Tuci
Maria Tuci, postulante, en 1945 ou 1946
Martyre, bienheureuse
Naissance
Ndërfushaz près de Rrëshen, Mirdita, Albanie
Décès   (22 ans)
Shkodër, Albanie
Nationalité albanaise
Ordre religieux Laïque, ancienne postulante des Stigmatines
Béatification 5 novembre 2016 Shkodër, Albanie
par le card. Angelo Amato, pour le pape François
Fête 24 octobre

Maria Tuci est une bienheureuse laïque albanaise, née près de Mirdita le , morte le à Shkodër. Emprisonnée pour sa foi chrétienne, elle meurt à la suite de tortures. Elle est déclarée martyre par l'Église catholique, et béatifiée le avec les martyrs d'Albanie, dont elle est la seule femme. Elle est fêtée le 24 octobre.

Maria Tuci (ou Marije Tuçi) est née le dans le village de Ndërfushaz près de Rrëshen dans le district de Mirdita en Albanie. Elle est la fille de Nikoll Mark Tuci et de Dila Fusha. Elle effectue ses études au collège de l'Institut des pauvres filles des saints stigmates de saint François d'Assise, familièrement appelées les Stigmatines[1].

Vocation, enseignement

[modifier | modifier le code]

Au sein de cet institut, elle apprend les matières académiques, mais aussi et surtout les façons d'agir en chrétienne parmi la population. Elle se sent ainsi appelée à la vie religieuse apostolique, et demande son admission à l'Institut comme postulante[1].

Elle est affectée en 1946 comme enseignante, avec Davida Markagjoni, choisies toutes les deux pour la ténacité de leur foi, dans la contrée de Gozan et Sang, à la demande de Mgr Frano Gjini, évêque et abbé de Saint-Alexandre d'Oroshit. Dans un État qui devient officiellement athée, elles témoignent de Dieu et enseignent secrètement le catéchisme. Maria Tuci prend sur ses propres ressources pour payer aux enfants leurs fournitures scolaires. Elle participe aussi à la distribution de tracts contre les simulacres d'élections. Pour participer à la messe, elle marche régulièrement pendant six à sept kilomètres[1].

Arrestation et emprisonnement

[modifier | modifier le code]

La persécution contre les catholiques contraint les religieuses stigmatines à quitter le pays ou se disperser, et Maria Tuci retourne dans sa famille. Le , le secrétaire du Parti communiste du district de Mirdita est tué. En représailles, le suivant, trois cents personnes du quartier majoritairement catholique sont arrêtées ; Maria Tuci fait partie du groupe arrêté, elle en est la seule femme[1].

Condamnée à trois ans de détention conditionnelle, Maria Tuci est enfermée avec trois autres prisonniers, qui en témoigneront, dans une pièce froide sans lumière ni aération, avec l'eau de pluie à hauteur des matelas[1].

Torture, décès

[modifier | modifier le code]

La jeune femme est torturée. Elle est humiliée et agressée sexuellement[2]. Un des membres de la police secrète, Hilmi Seiti, appréciant sa beauté, veut la forcer à des relations sexuelles, ce qu'elle refuse avec force ; les mauvais traitements s'accentuent alors[1].

Devant sa beauté et son refus[3], son tortionnaire Hilmi Seiti lui déclare que même les membres de sa famille ne la reconnaîtront pas. Elle est enfermée toute nue dans un sac avec un chat furieux, que les gardes frappent avec un bâton[1],[4],[2]. De telles griffures et morsures de chat, non soignées immédiatement, peuvent entraîner la mort[2].

Elle est hospitalisée. Le , un an après son arrestation, certaines religieuses peuvent la voir[1]. Elle est complètement défigurée[3], difficilement reconnaissable. Elle dit : « C'est ce que m'a dit Hilmi Seiti : “Je te mettrai dans un tel état que même les membres de ta famille ne pourront pas te reconnaître”. Je remercie Dieu de mourir libre ! » Elle meurt deux mois plus tard, le [1], à l'hôpital civil de Shkodër[5].

Ses restes ne peuvent être identifiés qu'après la chute du régime, par quelques sœurs restées fidèles à leur vocation malgré leur dispersion. Son corps est d'abord enterré au cimetière catholique de Shkodër, puis transféré dans l'église des Sœurs Stigmatines, dans la même ville[1].

Béatification

[modifier | modifier le code]
photo de chapelle avec fonts baptismaux au centre, autel à gauche, et une série de photos sur le mur de droite.
Dans la cathédrale de l'archidiocèse de Shkodër-Pult, une chapelle est dédiée aux martyrs d'Albanie avec leurs photos ; celle de Maria Tuci est la 4e en bas en partant de la droite.

Après avoir été reconnue martyre le [6], Maria Tuci est proclamée bienheureuse le lors de la cérémonie de béatification présidée à Shkodër par le cardinal Angelo Amato, au sein du groupe des trente-huit martyrs d'Albanie, dont elle est une des trois laïcs, et la seule femme[5],[3].

Sa fête est fixée au 24 octobre, qui est le jour de sa mort[1].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a b c d e f g h i j et k (it) Emilia Flocchini, « Beata Maria Tuci », sur santiebeati.it, (consulté le )
  2. a b et c (en) Ines A. Murzaku, « Albanian martyr a classic example of ‘genius of women’ », sur cruxnow.com, (consulté le )
  3. a b et c (it) Mimmo Muolo, « Beatificazione. Martiri albanesi, sangue che «rinnova» la storia », sur avvenire.it, Avvenire, (consulté le ).
  4. (sq) « Kurajozja Maria Tuci, e vetmja martire grua drejt lumturimit », sur shqiptarja.com, (consulté le )
  5. a et b (en) « 38 martyrs killed by the Communist regime beatified in Albania », sur radiovaticana.va, Radio Vatican, (consulté le ).
  6. « Albanie : 38 martyrs catholiques vont être béatifiés », sur la-croix.com, La Croix - Urbi et Orbi, (consulté le )

Bibliographie et sources

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]