Voir la source de Léon Trotski

{{Typographie|date=février 2024}}
{{Redirect|Trotski}}
{{Infobox Personnalité politique
 | charte                 = 
 | nom                    = Léon Trotski<br />Лев Троцкий
 | image                  = Лев Давидович Троцкий.jpg
 | légende                = Trotski en [[1920]].
 | fonction1              = Membre du [[Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique|Politburo]]
 | à partir du fonction1  = {{date|10|octobre|1917}}
 | jusqu'au fonction1     = {{date|23|octobre|1926}} <br> <small> ({{Durée|10|octobre|1917|23|octobre|1926}}) </small>
 | fonction2              = [[Ministère de la Défense (Union soviétique)#Commissaires du peuple aux affaires militaires et navales (1917-1934)|Commissaire du peuple pour les Affaires militaires et navales]] de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]]
 | à partir du fonction2  = {{date|6|juillet|1923}}
 | jusqu'au fonction2     = {{date|15|janvier|1925}} <br> <small> ({{Durée|6|juillet|1923|15|janvier|1925}}) </small>
 | premier ministre 2     = [[Vladimir Ilitch Lénine]]<br>[[Alexeï Rykov]]
 | prédécesseur 2         = Nikolaï Podvoïski
 | successeur 2           = [[Mikhaïl Frounze]]
 | fonction3              = [[Conseil des commissaires du peuple (URSS)|Commissaire du peuple]] pour l'Armée et les Affaires navales de la [[République socialiste fédérative soviétique de Russie|RSS Russie]]
 | à partir du fonction3  = Mars 1918
 | jusqu'au fonction3     = Juin 1923
 | prédécesseur 3         = Nikolaï Podvoïski
 | fonction4              = [[Ministère des Affaires étrangères (Union soviétique)|Commissaire du peuple aux Affaires étrangères]] de la [[République socialiste fédérative soviétique de Russie|RSS Russie]]
 | à partir du fonction4  = {{date|8|novembre|1917}}
 | jusqu'au fonction4     = {{date|13|mars|1918}} <br> <small> ({{Durée|8|novembre|1917|13|mars|1918}}) </small>
 | premier ministre 4     = [[Vladimir Ilitch Lénine]]
 | prédécesseur 4         = [[Mikhaïl Terechtchenko]]
 | successeur 4           = [[Gueorgui Tchitcherine]]
 | fonction5              = Président du [[soviet de Petrograd]]
 | à partir du fonction5  = {{date|8|octobre|1917}}
 | jusqu'au fonction5     = {{date|8|novembre|1917}} <br> <small> ({{Durée|8|octobre|1917|8|novembre|1917}}) </small>
 | nom de naissance       = Lev Davidovitch Bronstein<br>Лев Давидович Бронштейн
 | date de naissance      = {{date|26|octobre|1879|julien=oui}}
 | lieu de naissance      = [[Ianovka]], [[Gouvernement de Kherson]] ([[Empire russe]])
 | date de décès          = {{date de décès|21|août|1940|7|novembre|1879|âge=oui}}
 | lieu de décès          = [[Coyoacán]], [[Mexico]] ([[Mexique]])
 | nature du décès        = [[Assassinat|Assassiné]]
 | sépulture              = 
 | nationalité            = [[Empire russe|Russe]] <small>(de [[1879]] à [[1917]])</small><br>[[République socialiste fédérative soviétique de Russie|Russe]] <small>(de [[1917]] à [[1922]])</small><br> [[Union des républiques socialistes soviétiques|Soviétique]] <small>(de [[1922]] à [[1932]])</small><br>[[apatride]] <small>(de [[1932]] à [[1940]])</small>
 | parti                  = [[Parti ouvrier social-démocrate de Russie]]<br>[[Parti communiste de l'Union soviétique]]<br>[[Opposition de gauche]]<br>[[Quatrième Internationale]]
 | père                   = David Leontievitch Bronstein
 | mère                   = Annette Lvovna Bronstein
 | fratrie                = 
 | conjoint               = [[Alexandra Sokolovskaïa|Aleksandra Sokolovskaïa]], <br>puis [[Natalia Sedova]]
 | enfants                = [[Lev Sedov]]<br />[[Sergueï Sedov]]<br />[[Zinaida Volkova]]
 | entourage              = 
 | université             = 
 | profession             = 
 | religion               = Aucune ([[athéisme|athée]])
 | résidence              = 
 | signature              = Leon Trotsky Signature.svg
 | emblème                = 
 | liste                  = 
}}

'''Léon Trotski''' (ou '''Trotsky''', voire '''Trotzky''' ou '''Trotzki'''<ref group=N>Aucun consensus n'existe, parmi les auteurs en général et parmi les spécialistes, sur l'orthographe française à employer. La graphie ''Trotski'', qui est conforme à la transcription du russe la plus couramment utilisée, est employée par [[Hélène Carrère d'Encausse]] (on en trouve des exemples dans ses ouvrages ''Lénine'', ''Staline l'ordre par la terreur''), [[François Furet]] (''Le Passé d'une illusion''), [[Martin Malia]] (''La Tragédie soviétique''), [[Boris Souvarine]] (''Staline, aperçu historique du communisme''), [[Stéphane Courtois]] (''Le livre noir du communisme''), dans l'ouvrage collectif ''Le siècle des communismes'' et dans des dictionnaires comme l'[http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Trotski/147542 encyclopédie Larousse]. L'orthographe ''Trotsky'', employée par l'intéressé lui-même dans ses textes rédigés en français, est, quant à elle, utilisée par [[Nicolas Werth]] (''Histoire de l'Union soviétique''), [[Gilles Martinet]] (''Les Cinq communismes''), [[Pierre Naville]] (''Trotsky vivant''), [[Archie Brown]] (''The Rise and fall of communism'') ou [[François Fejtő|François Fejtö]] (''Histoire des démocraties populaires''). Elle figure par ailleurs sur les éditions françaises de ses ouvrages, comme ''Ma vie'' ou ''L'Internationale communiste après Lénine'' et est en outre employée par ses biographes [[Pierre Broué]], [[Isaac Deutscher]], [[Robert Service]], [[Victor Serge]] et [[Jean-Jacques Marie]]. [[Archie Brown]] signale, en langue anglaise, les variantes ''Trotskiy'' ou ''Trotskii'', cette dernière étant utilisée par des textes de la [[Bibliothèque du Congrès]]. Brown précise avoir choisi d'utiliser la forme ''Trotsky'' car celle-ci est la plus répandue en anglais (Archie Brown, ''The Rise and Fall of Communism'', Vintage Books, 2009, {{p.}}11).</ref> ; en {{Lang-ru|Лев Троцкий}}), de son vrai nom '''Lev Davidovitch Bronstein''' (en {{Lang-ru|Лев Давидович Бронштейн}}), né le {{date de naissance|26|octobre|1879|julien=oui}} à [[Ianovka]] (alors dans l'[[Empire russe]], aujourd'hui en [[Ukraine]]) et mort assassiné le {{date de décès|21|août|1940}} à [[Mexico]] ([[Mexique]]), est un [[révolutionnaire]] [[communiste]] et [[Personnalité politique|homme politique]] [[Russie|russe]], puis [[Union des républiques socialistes soviétiques|soviétique]].

Militant [[Social-démocratie|social-démocrate]] puis [[marxisme|marxiste]] plusieurs fois déporté en [[Sibérie]] ou exilé de Russie, militant du [[Parti ouvrier social-démocrate de Russie]] (POSDR) à partir de 1903, d'abord [[menchevik]], c'est comme tel qu'il est président du [[soviet]] de [[Saint-Pétersbourg|Petrograd]] lors de la [[révolution russe de 1905]] -, il devient [[bolchevik]], à partir de l'été 1917, après son retour en [[Russie]], et il est un des principaux acteurs, avec [[Vladimir Ilitch Lénine|Vladimir Lénine]], de la [[révolution d'Octobre]] qui permet aux [[bolcheviks]] d'arriver au pouvoir.

Membre du gouvernement bolchevik, il n'est pas favorable à une paix immédiate avec les puissances de la [[quadruplice]], mais en {{date-|mars 1918}} il accepte le point de vue de Lénine et la [[Traité de Brest-Litovsk (Empires centraux-Russie)|paix de Brest-Litovsk]] qui est une [[capitulation]] de fait. Durant la [[guerre civile russe]] qui s'ensuit, il organise et dirige l'[[Armée rouge]] et se montre partisan de mesures de [[Terreur rouge russe|Terreur]] : son action contribue à la victoire des bolcheviks et à la survie du régime soviétique. Il est dès lors, et durant plusieurs années, l'un des plus importants dirigeants de l'[[Internationale communiste|Internationale communiste (Troisième Internationale)]] et de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] naissante.

Après la mort de Lénine en janvier 1924, il s'oppose rapidement à [[Joseph Staline]] et à ce qu'il désigne comme la ''bureaucratisation'' du parti et du régime et en prenant la tête de l'[[Opposition de gauche]] ; Staline le fait finalement chasser du gouvernement dans le cours de 1924 puis en 1927 du [[Parti communiste de l'Union soviétique|Parti communiste]], avant de l'exiler en [[Asie centrale]] en 1928 puis de le bannir de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] en 1929. Trotski entreprend alors d'organiser ses partisans, qui se réunissent finalement en 1938 au sein de la [[Quatrième Internationale]]. En 1940, installé au [[Mexique]], il est assassiné sur ordre de Staline par un agent du [[NKVD]].

À la fois orateur, théoricien, historien, mémorialiste et homme d'action, Trotski demeure l'inspirateur dont se réclament toujours les divers groupes [[trotskisme|trotskistes]] à travers le monde.

== Biographie ==
[[Fichier:Leon Trotsky parents house in Kherson city, Ukraine02.jpg|thumb|La maison des parents de Trotski à Kherson.]]

=== Famille et enfance ===
==== Famille ====
Trotski est issu d'une famille [[Juifs|juive]] des environs de [[Kherson]], dans le sud de l'[[Ukraine]]. Il est le cinquième enfant de David Leontievitch Bronstein ({{Lang-ru|Давид Леонтьевич Бронштейн}}) (1843-1922) et d’Anne ou Annette Lvovna Bronstein née Jivotovskaïa ({{lang-ru|Анна}} ou {{langue|ru|Анетта Львовна Бронштейн}} née {{langue|ru|Животовская}}). Ce sont des propriétaires terriens d’un [[khoutor]] près du village [[Ianovka]] ({{lang-ru|Яновка}}) (district d’Élisavetgrad du [[gouvernement de Kherson]], actuellement village [[Bereslavka]], [[raion|raïon]] de [[Bobrynets|Bobrinets]], [[oblast]] de [[Oblast de Kirovohrad|Kirovograd]] en [[Ukraine]]), dans le sud de l’Empire russe. Les parents de Trotski sont originaires du [[gouvernement de Poltava]]. Son père a bénéficié des réformes de [[Catherine II|{{nobr|Catherine II}}]] et de ses successeurs qui ont donné aux [[Histoire des Juifs en Russie|Juifs]] de Russie des terres à cultiver et qui leur permettent d'employer des chrétiens. Il a ainsi acquis une assez grande étendue de terres et a un personnel nombreux : garçons de ferme et domestiques. David Leontievitch est un homme doué pour l'exploitation des champs, mais est illettré. C'est une raison de plus pour que son fils fasse des études qui vont lui permettre de faire sa comptabilité, domaine dans lequel il va exceller<ref>Robert Service, ''Trotski'', 2012.</ref>.

==== Enfance ====
[[Fichier:Leo Trotzki 1888.jpg|vignette|Lev Bronstein à l'âge de 8 ans, en 1888.]]
Trotski, prénommé Léïba ({{lang-ru|Лейба}}, {{lang-he|לב}}), variante de ''Léon'', parle dans l’enfance l’[[ukrainien]] et le [[russe]]<ref>Léon Trotsky, ''[[Ma vie]]'', 1929, [http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv04.htm {{nobr|Bereslavka 2}}].</ref>. Il est envoyé à l’école Saint-Paul d'[[Odessa]], tenue par des protestants allemands, où il se distingue par ses brillants résultats. Pendant ses études à Odessa (1889-1895), Trotski loge chez son cousin maternel Moïse Filippovitch Spenzer, propriétaire de l’imprimerie scientifique « Matézis » ({{lang-ru|Матезис}}) et sa femme Fanni Solomonovna, qui sont les parents de la poétesse [[Véra Inber]].

En 1896, Trotski évolue dans un cercle de propagande révolutionnaire de [[Mykolaïv|Nikolaïev]]. Il ne tarde pas à abandonner ses études, renonçant à devenir mathématicien, sous l’influence d’un groupe populiste<ref>Léon Trotsky, ''[[Ma vie]]'', 1929, [http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv08.htm {{nobr|Bereslavka 6}}].</ref>.

=== L'engagement politique ===
[[Fichier:Lev Trotsky 1897-1.1.jpg|vignette|Trotski en 1897. ]]
Un temps tenté par les [[Populisme (politique)|idées populistes]], qui voient dans la paysannerie russe et ses fréquentes [[jacqueries]] le ferment de la révolution future, il adhère aux positions politiques [[social-démocratie|sociales-démocrates]] en 1896. Sous le pseudonyme de ''Lvov'', le jeune Bronstein participe à la création d'une organisation révolutionnaire, en particulier par la rédaction d'articles reproduits au moyen d'un [[Duplication (papier)|hectographe]] et distribués à la sortie des usines.

En 1897, Bronstein prend part à la création d'un « syndicat ouvrier du sud de la Russie » dont il a connaissance par une de ses dirigeantes, [[Alexandra Sokolovskaïa|Alexandra Lvovna Sokolovskaïa]]. Elle lui fait connaître la [[Marxisme|théorie marxiste]] à travers les écrits d'[[Antonio Labriola]]. En [[1898]], la police russe procède à l'arrestation de tous les membres de ce syndicat. Trotski est transféré de prison en prison, d'abord à [[Mykolaïv|Nikolaïev]] puis à [[Kherson]], et à [[Odessa]] où il commence à étudier les nombreux textes religieux mais aussi sur la [[franc-maçonnerie]] à sa disposition dans la bibliothèque de la prison.

Trotski se marie avec Alexandra Sokolovskaïa en 1900 dans la prison de [[Moscou]], pour éviter d'en être séparé. Ils sont déportés en [[Sibérie]] à [[Oust-Kout]]. Ils y ont deux filles. Pendant cette déportation, Trotski établit le contact avec des agents de l'[[Iskra|« Étincelle (Iskra) »]]. Sur recommandation de {{Lien|langue=ru|trad=Кржижановский, Глеб Максимилианович|fr=Gleb Krjijanovski}}, qui lui donne son pseudonyme de « Plume » ({{lang-ru|Перо}}), il intègre leur groupe. Ne supportant plus la déportation, il réussit à s'évader en [[1902]], en laissant sa femme et ses filles derrière lui. Le passeport falsifié qu'il porte est au nom de « Trotski », d'après le nom d'un gardien de la prison d'Odessa, nom qui lui permet de dissimuler ses origines juives<ref>Max Eastman, ''Leon Trotsky: The Portrait of a Youth'', chapitre 8.</ref> et qu'il gardera comme pseudonyme, le port d'un pseudonyme étant habituel chez les révolutionnaires russes.

=== Premier exil ===
[[Fichier:Leo_Trotzki_1900_in_Sibirien.jpg|vignette|Trotski en Sibérie, en 1900.]]
Après son évasion en 1902 de Sibérie, Lev Bronstein qui voyage sous la fausse identité de ''Léon Trotski'', va à [[Vienne (Autriche)|Vienne]] se mettre sous la protection de [[Victor Adler]]. Celui-ci lui fait bon accueil, le convie à dîner chez [[Sigmund Freud]] qui habite un appartement à la même adresse sur la Bergstrasse, et l'envoie avec suffisamment d'argent pour vivre un an se réfugier à [[Londres]] chez Monsieur et Madame Richter, nom sous lequel [[Vladimir Ilitch Lénine|Lénine]] et sa femme vivaient clandestinement à Londres.

Lénine avait dix ans de plus que lui. Il avait fait parler de lui en 1900 et publié l'année précédente le traité politique ''[[Que faire ? (Lénine)|Que faire ?]]''. Il le fait entrer par cooptation dans le comité de rédaction du journal ''[[Iskra]]'' (''L'Étincelle'') ; en introduisant Trotski comme septième membre, il compte aplanir le conflit qui y règne entre les « anciens » ([[Gueorgui Plekhanov|Plékhanov]], [[Pavel Axelrod|Akselrod]], [[Véra Zassoulitch|Zassoulitch]]) et les « jeunes » (Lénine, [[Julius Martov|Martov]] et [[Alexandre Potressov|Potressov]]).

L'été 1903, au deuxième congrès du [[Parti ouvrier social-démocrate russe|POSDR]] à Londres qui voit la scission entre [[bolcheviks]] et [[mencheviks]], Trotski soutient d'abord ardemment Lénine. Cependant, la proposition par Lénine d'un nouveau comité de rédaction (Plékhanov, Lénine, Martov ; seraient exclus Akselrod et Zasoulitch) pousse Trotski à se rallier aux mencheviks<ref>Le prophète armé, I. Deutscher ({{lang-ru|Вооруженный пророк, И. Дойчер}}), 2006, {{p.|90}}</ref>.

En 1903, il rencontre à Paris [[Natalia Sedova]] ({{lang-ru|Наталья Седова}}<ref>{{ru}} Vladimir Volkov, [http://www.wsws.org/ru/2003/jun2003/sedo-j10.shtml « Женщина в русской революции — Письма Натальи Седовой к Льву Троцкому »] [« Jenchtchina v rousskoï revolioutsi – Pisma Natali Sedovoï k Lvou Trotskomou »], ''World Socialist Web Site'', 10 juin 2003.</ref>), qui est une étudiante issue d'une famille très aisée. Il vit avec elle mais ne peut pas l'épouser car il n'a pas divorcé d'Aleksandra Sokolovskaïa.

À [[Munich]], il rencontre en 1904 [[Alexandre Parvus]], un militant marxiste lui aussi juif originaire d'Ukraine, où il a milité pour le [[Union générale des travailleurs juifs|Bund]]. Parvus, qui est trafiquant d'armes dans les Balkans et possède les nationalités allemande, autrichienne et turque, va parachever sa formation politique en lui faisant part de sa théorie : la théorie de la guerre révolutionnaire<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Léon Trotsky {{!}} 1 |nom=janvier 1999 |titre=Trois conceptions de la révolution russe |url=https://marxiste.qc.ca/article/trois-conceptions-de-la-rvolution-russe |site=La Riposte Socialiste |consulté le=2023-05-16}}</ref>. Elle stipule que les conflits armés entre les nations pouvaient être exploités par les mouvements révolutionnaires pour renverser les gouvernements en place et instaurer un État socialiste. Selon lui, la guerre créait des conditions favorables à l'émergence de mouvements révolutionnaires en raison de l'affaiblissement de l'État et de l'exacerbation des tensions sociales et politiques.

En septembre 1904, quand les positions des deux groupes du POSDR divergent fortement, Trotski rompt avec les mencheviks et se rapproche de [[Alexandre Parvus|Parvus]], séduit par son ambition de réunifier le parti et par son autre théorie, celle de la « [[révolution permanente]]» : analysant la situation dans les pays « arriérés » comme la Russie, il pronostique aussi l'impossibilité d'une révolution « bourgeoise » apportant un [[Démocratie|régime démocratique]] liquidant le [[féodalisme]]. Pour lui, la faiblesse de la bourgeoisie russe ne lui permettra pas d'effectuer ces tâches et d'instaurer le [[capitalisme]], et c'est la classe ouvrière qui devra prendre en main la destinée du pays pour passer directement du féodalisme au socialisme, sans passer par le capitalisme. Dans le même temps, Trotski garde ses distances vis-à-vis de Lénine, lui reprochant ses méthodes autoritaires et son attitude, qu'il qualifie de {{citation|[[Jacobinisme|jacobin]]e}}<ref>Trotsky, ''Nos tâches politiques'', 1904.</ref>.

Il conserve cette position intermédiaire mais isolée au sein du parti durant treize années, cherchant à fusionner les deux courants du POSDR. Ce n'est qu'après la [[révolution de Février 1917]] qu'il adhère, en août, au [[parti bolchevik]] et affirme que sa position conciliatrice d'alors était erronée.

En janvier 1905, Trotski rentre illégalement en Russie avec Alexandre Parvus.

=== Président du soviet de Saint-Pétersbourg en 1905 ===
En 1905, lors de la [[Révolution russe de 1905|première révolution russe]], il devient, à l'âge de 26 ans, vice-président puis président du [[soviet]] de [[Saint-Pétersbourg]], soviet composé en majorité de [[menchevik]]s. Au cours de la répression de la [[révolution de 1905]], en 1907, il est arrêté avec Alexandre Parvus et condamné avec quinze autres personnes à la déportation à perpétuité en Sibérie et déchu de ses droits civiques. Cependant, Trotski parvient à s'évader durant le voyage vers Obdorsk (actuellement [[Salekhard|Salékhard]]); il entame alors son deuxième exil.

=== Début d'un deuxième exil ===
Fondateur du journal ''[[Pravda]]'' en 1912 à [[Vienne (Autriche)|Vienne]], où il fait par ailleurs connaissance avec [[Adolf Joffé]], il se pose en défenseur de l'unité de l'ensemble des sociaux-démocrates, toutes tendances confondues, y compris les plus radicales. Cela lui vaut de vives tensions avec Lénine toujours très tranchant dans ses jugements sur ceux qui ne sont pas d'accord avec lui. Il organise, en août de la même année, une conférence pour l'unification du POSDR, en réponse à la {{Lien|langue=ru|trad=VI (Пражская) Всероссийская конференция РСДРП|fr=conférence de Prague}} ; mais les bolcheviks refusent d'y participer. Trotski quitte le « bloc d'août » peu de temps après.

=== La Première Guerre mondiale ===
[[Fichier:Trotskynina1915.jpg|left|thumb|Trotski et sa fille Nina, en 1915.]]

Au début de la [[Première Guerre mondiale]], alors que la grande majorité des partis sociaux-démocrates de l'[[Internationale ouvrière|Internationale ouvrière (Deuxième Internationale)]] succombent au nationalisme et soutiennent leurs gouvernements respectifs dans la guerre (vote des crédits de guerre, et parfois participation gouvernementale), Trotski fait partie des socialistes qui continuent à dénoncer le caractère [[impérialisme|impérialiste]] de la guerre, avec entre autres [[Vladimir Ilitch Lénine|Lénine]], le parti bolchevik et les mencheviks internationalistes, la tendance de [[Karl Liebknecht]] et [[Rosa Luxemburg]] dans le [[SPD]] en Allemagne ([[Ligue spartakiste]]), [[Pierre Monatte]] et [[Alfred Rosmer]] issus de la [[Confédération générale du travail|CGT]] ainsi que des minoritaires de la [[Section française de l'Internationale ouvrière|SFIO]] en France, le [[Parti socialiste de Serbie]], le [[Parti communiste des Pays-Bas|Sociaal-Democratische Partij]] des Pays-Bas, et la minorité du [[Parti social-démocrate d'Autriche]] autour de [[Max Adler (sociologue)|Max Adler]].

Exilé en France, il travaille un temps pour le quotidien ''[[Nache Slovo]]'' (« Notre Parole »), dont il est un collaborateur à Paris, tout en étant en relation avec l'[[organisation interrayons|organisation interraïons]] (ou interdisctricts) de [[Saint-Pétersbourg]]. En mars 1915, il publie l'article « Le septième régiment d'infanterie dans l'épopée belge » dans lequel il prend parti pour la Belgique victime de l'agression allemande d'{{date-|août 1914}} à travers les vicissitudes d'un étudiant en droit engagé volontaire qu'il décrit à travers les malheurs de la population envahie et les duretés des combats<ref>Trotsky, Isaac Deutscher, tome 1, {{p.|405-406}}, Oxford University Press 1954, Union générale d'éditions, coll. 10|18, Paris 1979.</ref>{{,}}<ref>Ian D. Thatcher, « Trotsky and ''Kievskaya Mysl’'' », ''Irish Slavonic Studies'', {{n°|14}}, 1993, {{p.|89}}, 96.</ref>{{Source insuffisante}}.

Le {{Date-|5|septembre|1915}}, à l'initiative du socialiste suisse Grimm, se tient à [[Conférence de Zimmerwald|Zimmerwald]] une conférence socialiste internationale contre la guerre, à laquelle participe Trotski et dont il est chargé de rédiger le manifeste terminal. Avec celle de [[Union sacrée (mouvement)#Conférence de Kienthal (1916)|Kienthal]] qui se tient en 1916, Trotski contribue au rassemblement de ceux qu'on appelle alors les internationalistes ou Zimmerwaldiens et qui formeront pour la plupart en 1919 la Troisième Internationale, dite aussi [[Internationale communiste]]. Cependant, le leader socialiste belge [[Émile Vandervelde]], président du P.O.B. [[parti socialiste belge|(parti ouvrier belge)]], déclare son hostilité à toute entente tant que des soldats allemands camperont dans des maisons d'ouvriers belges. Lénine reproche à Trotski sa position intermédiaire aux côtés des groupes d'opposants à la guerre alors que lui-même prône la transformation de la guerre étrangère en guerre contre son propre gouvernement.

Alors qu'il demeure {{Numéro|27}} [[rue Oudry]] à Paris<ref>Dans les archives secrètes de la police page 267</ref>, il est arrêté en septembre 1916, puis expulsé de [[France]] et conduit à [[Irun]], en [[Espagne]]. Là, il est arrêté par la police espagnole et embarqué de force avec sa famille pour les [[États-Unis]]. Installé à [[New York]] à partir de {{date-|janvier 1917}}, il contribue au journal ''[[Novy Mir]]'' (« Nouveau Monde »).

=== La Révolution russe de 1917 ===
[[Fichier:Leo Trotzki 1917.jpg|thumb|upright|Léon Trotski arrivant en train à [[Petrograd]] en mai 1917.]]
[[Fichier:Lenin, Trotsky and Voroshilov with Delegates of the 10th Congress of the Russian Communist Party (Bolsheviks).jpg|thumb|Trotski avec [[Vladimir Ilitch Lénine|Lénine]] et des soldats à [[Petrograd]] en 1921.]]

Après la [[révolution de Février 1917]], Trotski décide de retourner en Russie en {{date-|mai 1917}}. D'après Jennings C. Wise, ce serait grâce à l'aide du président américain [[Woodrow Wilson]]<ref>{{en}} [http://www.modernhistoryproject.org/mhp/ArticleDisplay.php?Article=Bolshevik02 « Woodrow Wilson and a Passport for Trotsky »]</ref>, qu'il obtient un passeport américain<ref>Jennings C. Wise, ''Woodrow Wilson: Disciple of Revolution'', Paisley Press, New York, 1938.</ref> avec un visa pour la Russie.

Le 3 avril 1917, jour où Lénine a débarqué en [[Russie]], il est à bord d'un bateau suédois parti de New-York pour Stockholm, et [[Saint-Pétersbourg]] qui fait escale au [[Canada]] dans le port d'[[Halifax (Nouvelle-Écosse)|Halifax]] où la police fouille ses bagages et trouve {{nombre|10000 dollars}} (l'équivalent actuel de {{nombre|500000 dollars}}) qui lui ont été donnés par le banquier [[Jacob Schiff]], par ailleurs financier des Japonais dans leur guerre contre la Russie, dont il refuse de donner la provenance. Soupçonné d'être un révolutionnaire qui veut renverser un gouvernement allié au gouvernement anglais dans la guerre contre l'Allemagne, il est alors arrêté et interné quelque temps au Canada dans un centre de rétention.

Relâché puis finalement arrivé en Russie, il manifeste son accord avec la ligne des « [[thèses d'avril]] » de Lénine, qu'il pouvait considérer comme un signal de ralliement à ses propres idées de « [[révolution permanente]] » pour instaurer une république universelle et un gouvernement mondial. Il a alors abandonné l'espoir de parvenir à une union générale de tous les courants, mais continue cependant à travailler sur la fusion de l'organisation Interraïons et des bolcheviks. Il va rejoindre ces derniers avec ses amis : ses conflits passés avec Lénine vont continuer à le desservir face à d'autres bolcheviks, par exemple Staline.

Après les [[Journées de juillet 1917|journées insurrectionnelles des {{date-|3 juillet- 1917-}} et {{date-|4 juillet 1917}}]], il est arrêté et brièvement emprisonné par le [[Gouvernement provisoire (Russie)|gouvernement provisoire]]. Lors du congrès du parti en {{date-|août 1917-}}, malgré sa détention, il est élu au [[Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique|Comité central]], organe suprême du parti. Libéré à la suite du [[Affaire Kornilov|putsch avorté]] du [[Lavr Gueorguievitch Kornilov|général Kornilov]], il devient président du [[soviet de Petrograd]] en {{date-|septembre 1917-}}. Lors de la réunion du Comité central du parti bolchevik le {{date-|10 octobre 1917}} il est l'un des dix qui votent pour l'insurrection préconisée par Lénine alors qu'il n'y a que deux opposants [[Grigori Zinoviev|Zinoviev]] et [[Lev Kamenev|Kamenev]]. Puis il devient le chef du [[Comité militaire révolutionnaire]] en octobre, devenant l'un des principaux dirigeants bolcheviks de la [[révolution d'Octobre]], qui à Petrograd se fait sans victime. Il est l'un des membres du nouveau gouvernement qui est entièrement composé de communistes. Il est « commissaire du peuple » (ce qui veut dire « ministre ») et va organiser l'[[Armée rouge]], fondée le {{date-|23|février|1918}}, en instaurant la [[conscription]] qui va progressivement porter les effectifs communistes à cinq millions d'hommes, au-dessus des effectifs des Blancs. Il considère comme légitime qu'une partie des officiers soient d'anciens officiers de l'armée tsariste : on les appelle des « [[Voenspetsy|
spécialistes militaires]] ». Ceci entraîne des oppositions de la gauche du parti.

Pendant l'hiver de 1917-1918, en tant que commissaire du peuple aux Affaires étrangères, Trotski est à la tête de la délégation communiste qui négocie la paix avec l'Allemagne et l'Autriche. Alors que Lénine veut une paix, même très mauvaise, rapidement et que [[Nikolaï Boukharine|Boukharine]] et les communistes de gauche veulent une guerre révolutionnaire, Trotski préconise une ligne qui est « ni la guerre ni la paix ». Mais après un long conflit avec Lénine il se rallie à son point de vue, ce qui conduit au Traité, très désavantageux pour la Russie soviétique de [[Traité de Brest-Litovsk|Brest-Litovsk]]. Il ne se rend toutefois pas sur place pour le signer. Au même moment les Américains commencent à soutenir militairement les Français et les Anglais, mais les Allemands et les Autrichiens n'ont plus d'hostilité à l'est.[[Fichier:Trotzky )i.e. Trotsky) addressing "The Red Guard" LCCN2014713454.jpg|vignette|226x226px|Trotsky s'adressant à l'[[armée rouge]].]]
[[Fichier:Trotsky-Annenkov 1921 Red Army.jpg|vignette|Trotski en commandant de l'armée rouge par Annenkov, 1921]]
Persuadé de la chute imminente des régimes capitalistes, il annonce aux employés du ministère son intention de rendre publics les traités secrets passés par le régime tsariste<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=[[Gabriel Gorodetsky]]|titre=Diplomatie soviétique, de l'idéologie au réalisme|périodique=Le Monde diplomatique|date=2017-10-01|lire en ligne=https://www.monde-diplomatique.fr/2017/10/GORODETSKY/57974|consulté le=2018-04-21|pages=}}</ref>.
La nuit du 11 au {{date-|12|avril|1918}}, en période de [[Guerre civile russe]], une action dirigée contre les anarchistes russes (qualifiés d'« anarcho-bandits ») par le pouvoir bolchevique dont Trotski s'occupe personnellement lui fera dire : « Enfin, le pouvoir soviétique débarrasse, avec un balai de fer, la Russie de l'[[anarchisme]] ! »<ref>[[Voline]], [http://kropot.free.fr/Voline-revinco.III.htm#7.2 ''La révolution inconnue'', livre 2, ''De l'anarchiste ukrainien''].</ref>.

Au printemps 1918 il joue un rôle décisif dans les opérations militaires contre les opposants armés au bolchevisme et notamment il reprend au début juillet la ville de [[Kazan]] sur la [[Volga]]. Sa popularité parmi les communistes est très grande.

Il est commissaire à la guerre de 1918 à 1925, durant la [[Guerre civile russe|guerre civile]]. Il impulse les opérations militaires et intervient sur tous les fronts à bord de [[Train de Trotsky|son train blindé]]. Il est aussi membre du [[Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique|Politburo]] du Parti, qui comprend un très petit nombre de membres, de 1919 à 1927.

Le {{date|4 juin 1919}}, l'ordre {{numéro|1824}} du Conseil révolutionnaire militaire de la République, signé de la main de Trotski (ainsi que de Vatzétis, Aratoff et Kochkareff), déclenche ouvertement les hostilités à l'égard des insurgés [[Armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne|makhnovistes]]. Leurs congrès y sont interdits et leurs participants menacés d'arrestation pour faits de haute trahison. Cet ordre fait suite à un télégramme de [[Pavel Dybenko|Dybenko]] qualifiant le {{IIIe}} congrès de la région libre de [[Goulaï Polié]] de « contre-révolutionnaire » et s'inscrit dans une vaste campagne de propagande bolchevique consistant à discréditer les combattants de la [[Makhnovtchina]]. Trotski lui-même, dans le numéro 51 de son journal ''En route'', écrit un violent article contre la Makhnovtchina<ref group=N>Cet article a été écrit par Trotski tandis qu'il était en route pour le front Sud où Denikine avait lancé son offensive (mai-août 1919). De nombreux écrits de Trotski au cours de cette période portent la mention ''En route''. Ils furent avec d'innombrables autres documents, ordres aux diverses armées, etc., écrits dans son train blindé. ''En route'' était aussi le titre du journal publié par le train.</ref>, dans lequel il accuse le mouvement de n'être qu'une révolte camouflée de riches fermiers ([[koulaks]]). Ces attaques sont le prélude d'une lourde offensive de l'[[armée rouge]] contre les insurgés ukrainiens<ref>Pierre Archinoff, ''L'histoire du mouvement makhnoviste'', 1923 et Voline, ''La Révolution Inconnue'', 1947</ref>. Les troupes de Trotski finiront par anéantir les makhnovistes, affaiblis par les assauts répétés des [[armée russe (du général Wrangel)|Armées blanches de Wrangel]], dans le courant de l'année [[1921]] et fusilleront un grand nombre de paysans de la région pour avoir soutenu l'insurrection.

En 1920 (notamment lors du {{IXe}} [[Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique|congrès du parti]]), afin de pallier la situation économique catastrophique de la Russie soviétique, Trotski propose la militarisation provisoire du travail : selon lui, cette mesure était rendue nécessaire par le contexte de la guerre civile et de la révolution mondiale. Il posait déjà cette alternative en 1917 : « Ou bien la Révolution russe soulèvera le tourbillon de la lutte en Occident, ou bien les capitalistes de tous les pays étoufferont notre révolution<ref>Cité par [[Boris Souvarine]] dans ''L'observateur des deux mondes et autres textes'', La Différence, 1982, {{p.}}154.</ref>.» Dans cette vision, toute [[grève]] est considérée comme une désertion, et toute revendication est considérée comme une insubordination. Lénine s'oppose à la transformation de l'économie en système militaire, même s'il approuve la discipline et la hiérarchie. Les armées du travail que voulait Trotski ne seront pas développées.

En {{date-|mars 1921}}, il ordonne l'assaut de la citadelle insurgée de [[Révolte de Kronstadt|Kronstadt]], lors du {{Xe}} Congrès du Parti et avec l'accord de tous les dirigeants du parti.

=== Violence politique et théorisation de l'usage de la Terreur ===
[[Fichier:WhiteArmyPropagandaPosterOfTrotsky.jpg|thumb|Affiche de propagande antibolchevique des [[Armées blanches]] : Trotski en diable rouge.]]

L'usage de la [[Terreur rouge (Russie)|Terreur]] comme système de gouvernement, après la [[Révolution russe]], est légitimé par Trotski, la violence étant nécessaire pour {{citation|terrifier l'adversaire}}<ref name="universalis">Gérard Chaliand, Pierre Dabezies, Sylvia Preuss-Laussinotte, Jean Servier, « [[Terrorisme]] », ''[[Encyclopædia Universalis]]'' ([http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/terrorisme/ lire en ligne]), consulté le 9 février 2013.</ref>. Il ne se distingue pas sur ce point des autres dirigeants. Mais Trotski est un des bolcheviks allant le plus loin dans la théorisation et la justification de la violence politique et de la [[Grandes Purges|Terreur]]<ref>{{en}} Alexander Dallin, George W. Breslauer, ''Political Terror in Communist Systems'', Stanford University Press, 1970, 172 p., p. 11</ref>. Il expose notamment ses vues dans son livre ''Terrorisme et communisme''<ref>« [http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c.htm Lire en ligne] » sur ''marxists.org''</ref>.

Durant la [[guerre civile russe]], Trotski était parmi les dirigeants [[Bolcheviks|bolcheviques]] les plus prompts à utiliser la [[violence politique]] et la {{page h'|terreur}}, comme à les justifier au nom de la lutte pour la victoire de la révolution<ref>{{en}} Robert Vincent Daniel, ''A Documentary History of Communism in Russia: From Lenin to Gorbachev'', {{p.|95-96}} ([https://books.google.fr/books?id=gTIZ2dvDKF0C&pg=PA95&dq=trotski+terror&hl=fr&sa=X&ei=bYkXUZ6xBYjK0QWroICICw&ved=0CDEQ6AEwAA#v=onepage&q=trotski%20terror&f=false lire en ligne])</ref>. Son contemporain [[Boris Souvarine]] estimait, plus tard, ainsi que {{citation|Trotski était persuadé que toute difficulté, toute résistance pouvaient être surmontées par ce seul mot : « fusiller ! »}}<ref>[[Boris Souvarine]], ''Sur Lénine, Trotski et Staline'', Paris, Allia, 1990, {{p.|55}}.</ref>.

Trotski est, avec Lénine, à l'origine d'un appareil de répression inédit en Russie tsariste, le camp de concentration<ref name="secondu" />. Le {{date|8|août|1918}}, afin de protéger les paysans pauvres formés en comités depuis {{date-|juin 1918}}, il ordonne la création des deux premiers camps en Russie, à [[Mourom]] et à [[Arzamas]], destinés aux « agitateurs louches, officiers contre-révolutionnaires, saboteurs, parasites, spéculateurs »<ref name="secondu"/>. Il n'est toutefois pas le seul dirigeant bolchevique à avoir cette conception de la violence politique, [[Vladimir Ilitch Lénine|Lénine]] enjoignant dès le lendemain d'« enferme[r] les [[koulak]]s, les [[pope]]s, les gardes blancs et autres éléments douteux dans un camp de concentration »<ref name="secondu"/>. Il fait ainsi partie des dirigeants communistes qui ont engendré ce qui allait devenir le [[Goulag]], qui sera utilisé dans des proportions bien plus massives par [[Joseph Staline|Staline]] durant [[URSS sous Staline|son règne]], bien qu'il ne l'ait pas créé<ref name="secondu"/>.

Michael Heller et Aleksandr Nekrich, auteurs de ''L'utopie au pouvoir. Histoire de l'URSS de 1917 à nos jours'' considèrent ainsi que les divergences entre Trotski, Staline et Lénine sont sur le fond infimes ; les querelles de personnes les ayant opposés ne pouvant cacher la profonde unité de leurs conceptions politiques, et partant, de l'histoire soviétique sous ces différents dirigeants<ref>Moreau Defarges Philippe. Michael Heller et Aleksandr Nekrich. ''L'utopie au pouvoir. Histoire de l'URSS de 1917 à nos jours'', Politique étrangère, 1982, vol. 47, {{n°|2}}, {{p.|499-502}} ([http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342x_1982_num_47_2_3146_t1_0499_0000_2 lire en ligne])</ref>.

=== Déclin de Lénine et luttes pour le pouvoir ===
==== Le jugement de Lénine dans son « Testament » ====
Dans ses derniers textes écrits, appelés son [[Testament de Lénine|Testament]], en {{date-|décembre 1922}} et {{date-|janvier 1923}}, Lénine juge que l'opposition de caractère entre Trotski et Staline est une menace pour le parti et le régime. Il estime : « Le camarade Staline en devenant secrétaire général (du Comité central du parti) a concentré un pouvoir immense entre ses mains et je ne suis pas sûr qu’il sache toujours en user avec suffisamment de prudence. D’autre part, le camarade Trotski, ainsi que l’a démontré sa lutte contre le Comité central dans la question du commissariat des Voies et Communications, se distingue non seulement par ses capacités exceptionnelles — personnellement il est incontestablement l’homme le plus capable du Comité central actuel — mais aussi par une trop grande confiance en soi et par une disposition à être trop enclin à ne considérer que le côté purement administratif des choses »<ref>{{Lien web|titre=Lénine : Testament politique (12.22-01.23)|url=https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1923/12/vil19231225.htm|site=marxists.org|date=1980|consulté le=2017-07-30}}</ref>. Si Lénine juge que Staline est trop « grossier », il n'organise pas une alliance avec Trotski pour le contrer, même si certaines interprétations, comme celle de [[Moshe Lewin]], vont dans ce sens. Mais [[Dominique Colas]] va dans le sens contraire<ref>{{Ouvrage|auteur1=Dominique Colas|titre=Lénine|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=2017|pages totales=524|passage=472|isbn=}}</ref>. En tout cas, Trotski ne s'engage pas dans une lutte ouverte contre Staline, ce qui peut paraître comme un manque de lucidité politique.

==== Maladresses dans les rivalités de fin de règne ====
Alors que Lénine commence à être frappé d'incapacité par la maladie, [[Joseph Staline|Staline]] cherche à prendre le pouvoir en se positionnant comme un homme du centre, un modéré{{référence souhaitée}}. À sa gauche, trois hommes : Trotski, qui contrôle l'armée, [[Grigori Zinoviev|Zinoviev]], qui dirige le Parti de Léningrad, et [[Lev Kamenev|Kamenev]], qui gère le Parti de Moscou. À sa droite, [[Nikolaï Boukharine|Boukharine]], celui qui fait figure de principal théoricien. Staline va semer la division entre eux et les détruire tour à tour. Dans cette configuration, Trotski va commettre de nombreuses maladresses qui accroissent le nombre de ses adversaires.

Déjà en 1920, {{citation|Bertrand Russell avait noté le contraste entre la vanité de Trotski et la retenue de Lénine}}<ref name="pj" />. Trotski méprisait ouvertement ses collègues<ref>Dans ''La Révolution permanente'' (Chapitre 6 - À propos du saut par-dessus les étapes historiques), Trotski qualifie Staline, entre autres choses, de {{citation|pauvre d'esprit}}.</ref>, qui le lui rendaient bien<ref name="montefiore-cour-perrin-1">{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Simon|nom1=Sebag Montefiore|traducteur=Florence La Bruyère et Antonina Roubichou-Stretz|titre=Staline|sous-titre=La cour du tsar rouge|volume=I. 1929-1941|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Perrin]]|année=2010|pages totales=723|isbn=978-2-262-03434-4}}{{Début citation}}Attaqué par Trotski, [Molotov] révéla le complexe d’infériorité dont il souffrait, comme Staline et Vorochilov : {{citation|Nous ne pouvons pas tous être des génies, camarade Trotski}}, répondit-il.{{Fin citation}}</ref>, et détestait les intrigues politiques et les corvées avilissantes qu'elles impliquaient. Bien que leader de l'armée, il ne tenta jamais de se servir d'elle et fut loyal au Parti sans chercher à se ménager un clan en son sein{{refnec}}. {{refnec|Trotski — qui dira par la suite qu'il n'en avait pas été informé — n'assiste pas aux funérailles officielles de Lénine}}, erreur capitale car Staline en fit une restauration d'un rituel dans la vie russe, dont l'absence était ressentie depuis la destruction du trône et de l'autel<ref>Trotsky, ''Ma vie'', traduit du russe en 1973 par Gallimard.</ref>{{refins}}.

Trotski professe un [[antimaçonnisme]] politique dirigé particulièrement contre celle [[franc-maçonnerie en France|française]]<ref>Léon Trotsky, [http://www.trotsky-oeuvre.org/22/11/221125.html ''Communisme et franc-maçonnerie''], 1922</ref>. En {{date|décembre 1922}}, dans un long discours au {{IVe|congrès}} du [[Internationale communiste|Komintern]], il dénonce l'idéologie de la franc-maçonnerie française, coupable de réunir les ennemis de classe et de vouloir substituer la tolérance à la [[lutte armée]]<ref>Article « Russie, {{s-|XIX}} » in ''Encyclopédie de la franc-maçonnerie'', [[Le Livre de poche]], {{p.}}775</ref>{{,}}<ref>[http://www.trotsky-oeuvre.org/22/12/221202.html La Franc-maçonnerie, la Ligue des droits de l'Homme et la presse bourgeoise]</ref>{{refins}}.

==== Affrontements à propos de la lutte contre la bureaucratie ====
[[Fichier:Л.Д. Троцкий с женой и сыном Львом в ссылке.jpg|thumb|Trotski lors de son assignation à résidence à [[Alma-Ata]], en 1928. Il y chasse.]]

En 1923, [[Vladimir Ilitch Lénine|Lénine]] et Trotski, constatant la [[bureaucratisation]] du régime issu de la révolution, entrent en conflit avec la [[Troïka (politique)|troïka]] [[Grigori Zinoviev|Zinoviev]]-[[Lev Kamenev|Kamenev]]-[[Joseph Staline|Staline]]<ref>Léon Trotski, ''[[Ma vie]]'', 1929, [http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv42.htm {{nobr|chapitre 40 : Le complot des épigones}}].</ref>. Dans son livre ''Cours nouveau'', il analyse l'évolution du parti bolchevik et propose des mesures pour limiter la tendance à la bureaucratisation qui se fait jour, en assurant une plus grande démocratie au sein du parti. Selon Trotski, la bureaucratisation du régime est due à la situation particulière de la Russie : la révolution y a vaincu, mais dans un pays arriéré, isolé après l'échec des révolutions, épuisé par la guerre, manquant de tout, une couche bureaucratique s'est constituée sur la base de la ruine du pays.

La mort de Lénine en 1924 {{incise|qui laisse Trotski {{citation|orphelin}} selon ses propres termes{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=125}}}} permet à la bureaucratie de s'imposer malgré la formation de l'[[opposition de gauche]], dans laquelle Trotski s'allie avec des militants bolcheviks comme [[Timofeï Sapronov]], l'économiste [[Evgueni Preobrajenski]], [[Nikolaï Ossinski]], [[Victor Serge]], [[Christian Rakovski]], etc.

==== Mise en accusation du courant trotskiste ====
Le terme « trotskiste » est lancé de manière injurieuse par [[Grigori Zinoviev]] et repris par [[Joseph Staline|Staline]] qui pointe la différence entre la « révolution permanente » soutenue par Trotski et son idée propre de « révolution d'un seul pays<ref>{{Source insuffisante}}Paul Johnson, op cit {{p.|283}}.</ref> ». Durant l'été 1923, alors que [[Vladimir Ilitch Lénine|Lénine]] est dans le coma, Staline lance son offensive et fait arrêter par la [[Guépéou]] un certain nombre de membres du Parti pour « indiscipline ».

En {{date-|mai 1924}}, Staline attaque Trotski lors du {{XIIIe}} congrès du Parti en le qualifiant de {{citation|léniniste fractionniste}}<ref name="pj">{{Source insuffisante}}Paul Johnson, op cit {{p.|284}}</ref>.

Fin 1924, Staline, allié avec [[Lev Kamenev]] et Zinoviev, érige le trotskisme en « hérésie », réussit avec l'appui du parti à reprendre le contrôle de l'armée et accrédite progressivement l'idée que le rôle de Trotski dans la révolution a été bien moindre que celui qu'il revendique. Son visage commence à être effacé sur les photographies trop révélatrices. C'est un premier exemple stalinien de réécriture de l'histoire<ref>Staline, ''Œuvres'', (PCF)</ref>{{refins}}.

Trotski se rapproche alors tactiquement, à partir de 1926, de Zinoviev et de Kamenev dans l'[[opposition unifiée]] et dirige avec eux un courant qui s'oppose à Staline. Mais il est trop tard, car ce dernier a déjà mis la main sur les principaux rouages de l'appareil du Parti. Au {{XVe}} congrès du Parti, Zinoviev est à son tour mis en cause, aux côtés de Trotski, et [[Nikolaï Boukharine|Boukharine]] est à son tour condamné par le Comité central le {{date-|10|juillet|1928}}.

Finalement, son opposition lui vaut d'être exclu du parti le {{date-|12|novembre|1927}} et d'être déporté à [[Almaty|Alma-Ata]] (en 1928, Mikhail Bodrov, sous un faux nom, lui sert de coursier clandestin pour maintenir le lien avec le bureau de l'opposition de Moscou). Staline finit par le faire expulser d'Union soviétique en 1929, pendant que la répression s'abat sur ses partisans, condamnés à la clandestinité ou à l'exil.

[[Voline]], militant libertaire et théoricien anarchiste condamné à mort par Trotski avant d'être finalement banni, souligne que Lénine et Trotski n'auraient, selon lui, que préfiguré le stalinisme<ref>{{citation|Staline « n'est pas tombé de la lune ». Staline et le « stalinisme » ne sont que les conséquences logiques d'une évolution préalable et préparatoire, elle-même résultat d'un terrible résultat, d'une déviation néfaste de la Révolution. Ce furent Lénine et Trotsky - c'est-à-dire leur système — qui préparèrent le terrain et engendrèrent Staline. Avis à tous ceux qui, ayant soutenu Lénine, Trotsky et consorts, fulminent aujourd'hui contre Staline : ils moissonnent ce qu'ils ont semé}}. In ''La Révolution inconnue'', Livre deuxième : Le Bolchévisme et l'Anarchie, Troisième Partie : ''La répression'', Chapitre X. - La « justice » bolchéviste, {{p.|321-322}}, éditions Pierre Belfond, 1969.</ref>.

L'historien [[Robert Service]] pense que l'opposition entre Trotski et [[Joseph Staline|Staline]] n'était pas aussi radicale que le prétendent les trotskistes. Leurs divergences concernant l'industrialisation de la Russie ou la conduite à adopter face aux milieux agricoles étaient une affaire d'opportunité plutôt que de principes, Trotski n'ayant jamais rechigné à employer des manières autoritaires en ces domaines<ref>[https://www.marianne.net/Trotski-deboulonne_a210268.html « Trotski déboulonné »], ''Marianne'', 18 septembre 2011.</ref>.

Staline souhaite le « [[socialisme dans un seul pays]] », afin de rester en « bons termes avec l'Ouest », contrairement à Trotski qui souhaite faire perdurer la révolution et l'exporter{{refnec}}.

=== Expulsé d’URSS ===
En février 1929, Trotski est conduit à [[Constantinople]] où il remet aux autorités turques une lettre déclarant qu’il est venu contre son gré. Après quelque temps passé dans l’ambassade soviétique, il effectue plusieurs déménagements et finit par être placé en résidence surveillée sur l’île de [[Büyükada]] de l’archipel des [[Adalar |îles des Princes]] (''Prinkipo'') au large de [[Constantinople]]. Durant cet exil, il écrit de nombreux ouvrages et continue à militer pour le [[communisme]] et la révolution internationale. Il publie un bulletin mensuel d’opposition en langue russe dès {{date-|juillet 1929}}. En avril 1930, il organise une conférence qui débouche sur la mise en place d’un secrétariat international provisoire de l’[[opposition de gauche]].

Après quatre années passées en Turquie, il séjourne en France de juillet 1933 {{incise|sous le [[Gouvernement Édouard Daladier (1)|gouvernement Daladier]]}} à juin 1935, d'abord à [[Saint-Palais-sur-Mer]], près de [[Royan]]<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Fragments d’histoire : Trotski a séjourné à Saint-Palais-sur-Mer |url=https://www.sudouest.fr/charente-maritime/saint-palais-sur-mer/fragments-d-histoire-trotski-a-sejourne-a-saint-palais-sur-mer-2527298.php |site=SudOuest.fr |date=2019-07-30 |consulté le=2024-10-29}}</ref>, où il séjournera deux mois, puis à [[Barbizon]] près de Paris, et enfin à [[Domène]] près de [[Grenoble]] (de {{date-|juillet 1934}} à {{date-|juin 1935}}).

Expulsé à nouveau, il trouve refuge en [[Norvège]]. Son fils [[Sergueï Sedov]], resté en URSS, est tué au cours des [[Grandes Purges]] staliniennes des années 1930, de même que son gendre Platon Ivanovitch Volkov et sa femme Alexandra Sokolovskaïa. La fille de Trotski, [[Zinaida Volkova]], est autorisée en 1931 à le rejoindre, en emmenant son fils, mais en laissant sa fille derrière elle en URSS. Le petit-fils de Trotski ne reverra sa sœur que plusieurs décennies plus tard, peu de temps avant le décès de cette dernière<ref name="marx.org">{{en}} [http://www.marx.org/history/etol/document/family/volkov.htm « Trotsky’s Grandson in Moscow – A Conversation with Esteban Volkov »], sur le site ''marx.org''.</ref>.

=== La création de la Quatrième Internationale ===
[[Fichier:Leo Trotzki 1940.jpg|thumb|Trotski en compagnie de camarades américains à [[Mexico]], peu avant son assassinat, 1940.]]
Toute sa vie, Léon Trotski continue à défendre les acquis de la [[révolution russe]] et l'« [[État ouvrier]] » qui en est issu, tout en dénonçant ce qu'il appelle une {{citation|monstrueuse dégénérescence bureaucratique}}{{référence souhaitée}}. Selon lui, la bureaucratie russe est une couche sociale parasitaire qui étouffe le pays en prélevant une part des richesses et dont [[Joseph Staline]] est le représentant politique et le défenseur.
[[Fichier:Trotsky & Khalo.jpg|vignette|248x248px|Trotski grisonnant et [[Frida Kahlo|Frida Khalo]] (troisième à partir de la gauche)]]
Devant la montée du [[fascisme]] en [[Italie]], puis du [[nazisme]] en [[Allemagne]], Trotski préconise la constitution de fronts uniques de la part de toutes les organisations ouvrières, malgré leurs divergences. Il n'est pas écouté et la politique de Staline {{incise|le rejet de tout compromis avec les partis non communistes, même les sociaux-démocrates, qualifiés de « social-fascistes »<ref>{{Lien web|titre = Le KPD (1918–1933) face à la montée du national-socialisme|url = http://www.contretemps.eu/interventions/kpd-1918%25E2%2580%25931933-face-mont%25C3%25A9e-national-socialisme|site =contretemps.eu|consulté le = 2016-02-11}}</ref>}} aboutit à l'écrasement de la puissante mouvance communiste allemande. Après [[1934]], Staline finit par imposer la création de {{page h'|Front populaire|Fronts populaires}}.

Avec la [[Guerre d'Espagne|révolution espagnole]], les partisans de l'opposition sont massacrés par milliers. Les [[procès de Moscou]] se tiennent en août 1936 et aboutissent à l'exécution des principaux accusés ; il en fut l'un des rares absents. Accompagné par le policier norvégien [[Jonas Lie (1899-1945)|Jonas Lie]], il quitte la Norvège le {{date-|19 décembre 1936}} pour se réfugier au [[Mexique]] grâce à l'appui du président mexicain [[Lázaro Cárdenas del Río|Lazaro Cardenas]] qui lui offre l'[[asile politique]], où il débarque le {{date-|9 janvier 1937}}. Le {{date-|11 janvier}}, il s'installe avec son épouse [[Natalia Sedova]] chez le couple de peintres [[Diego Rivera]] et [[Frida Kahlo]] dans leur « Maison bleue ». Il a une liaison passionnée avec Frida Kahlo, âgée de 29 ans, qui lui dédie un tableau, ''Autoportrait dédié à Léon Trotski''. Il se brouille avec Rivera en mars 1939 et s'installe dans une maison proche, ''calle Viena''.

Les travaux de Trotski quant à l'organisation de l'opposition de gauche débouchent sur la création de la [[Quatrième Internationale]] le {{Date-|3|septembre|1938}} avec 25 délégués représentant 11 pays. À son activité militante peut être associée celle de son fils [[Lev Sedov]], mort dans des circonstances troubles en {{date-|février 1938}}. L'ancien secrétaire de Trotski, [[Rudolf Klement]], est également retrouvé mort en juillet de la même année.

=== Assassinat ===
[[Fichier:Trotsky grave.jpg|thumb|upright=0.6|Stèle funéraire à Mexico.]]

Trotski est mortellement blessé le {{date-|20 août 1940}} à [[Mexico]] à {{heure|17|30}}, dans le quartier de [[Coyoacán]], d'un coup de [[piolet]] à l'arrière du crâne par un agent de [[Joseph Staline|Staline]] (Jacques Mornard ou Franck Jacson<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean-Pax Méfret|titre=12 Assassinats qui ont changé l'Histoire|éditeur=[[Groupe Flammarion|Éditions Flammarion]]|année=2013|pages totales=403|isbn=978-2-7564-0969-6|isbn2=2-7564-0969-3|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=dZLFAQAAQBAJ}}</ref>, de son vrai nom [[Ramón Mercader]]) recruté par [[Leonid (Nahum) Eitingon|Nahum Eitingon]]<ref>Pavel & Anatoli [[Pavel Soudoplatov|Soudoplatov]], ''Missions spéciales : mémoires du maître-espion soviétique Pavel Soudoplatov'', Paris, Éditions du Seuil, 1994.</ref>{{,}}<ref>Mikhail Reshetnikov : ''Deux Eitingon'', in "Topique", Pensée, politique et engagement, N0 124, Ed.: L'Esprit du Temps, {{ISBN|2847952462}}</ref>. Jaime Ramón Mercader del Rio avait réussi à s’introduire dans l’entourage de Trotski en séduisant Sylvia Ageloff, une membre impliquée du SWP ([[Parti socialiste des travailleurs (États-Unis)|Socialist Worker Party]])<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Robert|nom1=Service|titre=Trotski|éditeur=[[Éditions Perrin]]|année=2015|pages totales=411|isbn=978-2-262-06466-2|doi=10.3917/perri.servi.2015.01. url : https://www.cairn.info/trotski--9782262064662.htm|lire en ligne=http://www.cairn.info/Trotski--9782262064662.htm|consulté le=2023-05-16}}</ref>, un parti américain trotskiste. Il avait exploité la naïveté et l’amour de cette jeune femme pour la tromper et entrer dans la maison de Trotski sans éveiller de soupçons. Sylvia Ageloff avoua plus tard qu’elle n’avait aucune idée des plans de son ex-amant. Le jour-J, il invoque la relecture d’un manuscrit destiné à être publié dans un journal communiste pour le rencontrer. Le piolet, dont il a raccourci le manche, est dissimulé dans une gabardine qu'il porte malgré la chaleur<ref name="20200720-FranceBleu">{{lien web|langue=fr|auteur=Lionel Cariou|titre=À la recherche du piolet de Trotsky|url=https://www.francebleu.fr/infos/culture-loisirs/clone-de-henry-russell-une-histoire-a-coucher-dehors-1594930411|site=France Bleu|date=20 juillet 2020}}.</ref>. Avant de succomber le lendemain à ses blessures, Trotski confie : {{citation|Dites à nos amis : je suis sûr de la victoire de la {{IVe}} Internationale}}<ref>Michel Lequenne, « Trotski et trotskisme », ''[[Encyclopædia Universalis]]''</ref>. Il rajoute : « Je ne survivrai pas à cette attaque. Staline a finalement accompli la tâche qu'il avait tentée sans succès auparavant »<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Death of Leo Trotsky: The Age 150th |url=https://web.archive.org/web/20070902183410/http://150.theage.com.au/view_bestofarticle.asp?straction=update&inttype=1&intid=1188 |site=web.archive.org |date=2007-09-02 |consulté le=2023-05-18}}</ref>.

Le meurtrier est arrêté par [[Joseph Hansen (militant communiste)|Joseph Hansen]] et [[Charles Cornell]], deux militants américains qui servaient à Trotski de gardes du corps et de secrétaires. Cornell est présent au moment du meurtre, mais ne réussit pas à l'empêcher. Ramón Mercader sera par la suite remis à la police mexicaine et condamné à vingt ans de réclusion, peine maximale alors en vigueur au Mexique. Il sera décoré de l'[[ordre de Lénine]] en Union soviétique. Trois cent mille personnes assistent à l'enterrement de Trotski, y compris des dirigeants politiques de l'État mexicain.

[[Fichier:Spy - The Secret World of Espionage (11707249485).jpg|thumb|left|Le piolet, arme du crime, présenté lors de l'exposition « Spy: The Secret World of Espionage » au [[Franklin Institute]] de [[Philadelphie]].]]

Le piolet disparaît alors de la circulation et sera retrouvé en 2005 par l'historien H. Keith Melton, spécialiste des services secrets, à la suite de l'annonce d’Alicia Salas de sa possession et de son intention de le mettre aux enchères. L'arme aurait été offerte en guise de cadeau de départ à la retraite à son père, ancien officier de police attaché au commissariat de Mexico, et il l'aurait ensuite conservé pendant 30 ans avant de vouloir s'en défaire. Melton l'acquiert après vérifications avec un ancien membre du laboratoire du [[Federal Bureau of Investigation|FBI]]. Il est aujourd'hui exposé au {{Lien|langue=en|fr=International Spy Museum|texte=Musée des espions}} de [[Washington (district de Columbia)|Washington]]. Selon la rumeur il s'agissait d'un piolet [[Simond (entreprise)|Simond]]. C'est en fait un piolet forgé en Autriche en 1928 que Ramón Mercader aurait dérobé à l’un de ses amis mexicains alpinistes<ref name="20200720-FranceBleu"/>.

=== Postérité ===
À la suite de la mort de Trotski, il y a eu un renforcement de la dictature stalinienne, causé par le déclin de l’influence trotskiste. Les purges politiques menées durant la [[Dictature stalinienne|dictature de Staline]] qui ont suivi la mort de Trotski étaient justifiées par une envie d’éliminer toute concurrence. Ces purges ont entraîné l'arrestation, l'emprisonnement, l'exil ou l'exécution de milliers de personnes, dont beaucoup étaient des anciens partisans de Lénine et Trotski<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Miron|nom1=Rezun|titre=Luc Duhamel, Les Soviétiques et les voies de la révolution en Europe occidentale (de Lénine à Brejnev), Montréal et Paris, Les Presses de l’Université de Montréal et les éditions Anthropos, 1981, 286 p.|périodique=Politique|numéro=6|date=1984|issn=0711-608X|issn2=1918-6584|doi=10.7202/040471ar|lire en ligne=http://id.erudit.org/iderudit/040471ar|consulté le=2023-05-16|pages=191}}</ref>. 

=== Absence de réhabilitation en URSS ===
Contrairement à d'autres victimes de Staline, Léon Trotski n'a jamais été réhabilité par les autorités soviétiques, bien que ses livres aient cessé d'être censurés au moment de la [[Glasnost]], à la fin des années 1980<ref name="marx.org"/>. En 1987, [[Mikhaïl Gorbatchev]] continuait d'attaquer le rôle historique de Trotski<ref>[http://www.wsws.org/articles/2007/may2007/lec1-m09.shtml « ''A review of two Trotski biographies by Geoffrey Swain and Ian Thatcher'' »], World Socialist Website, 9 mai 2007.</ref>.

=== La mouvance trotskiste aujourd'hui ===
{{Article détaillé|Trotskisme}}

De nombreux mouvements membres de la [[Quatrième Internationale]] se réclament toujours de la pensée de Léon Trotski et expliquent en France la fracture entre [[extrême gauche]] et parti communiste<ref>[http://www.france5.fr/et-vous/France-5-et-vous/Demandez-le-programme/LE-MAG/LE-MAG-N-20-2009/articles/p-2500-L-Extreme-Gauche-en-France-Le-poids-de-l-heritage.htm Documentaire ''L'Extrême Gauche en France : le poids de l'héritage''], [[France 5]], 11 mai 2009.</ref>.

Certains partis politiques Français entretiennent également des liens avec les doctrines de Trotski :
* [[Lutte ouvrière]] (LO), affirme être trotskiste pour « rester fidèles aux idéaux communistes »<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Lutte Ouvrière |titre=Pourquoi sommes-nous trotskystes? |url=https://www.lutte-ouvriere.org/qui-sommes-nous/trotskysme}}</ref> ;
* le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), bien que qualifié de trotskiste par le journal le Figaro en 2007<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Le Figaro magazine, Eric Zemmour |titre=Besancenot, ou la victoire du trotskisme sans Trotski |url=https://www.lefigaro.fr/politique/2007/04/09/01002-20070409ARTFIG90314-besancenot_ou_la_victoire_du_trotskisme_sans_trotski.php}}</ref>, ne s'en revendique pas comme énoncé dans un autre interview au Figaro d'[[Olivier Besancenot]], un de ces fondateurs<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=République Française - vie publique |titre=Interview de M. Olivier Besancenot, porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire, au "Figaro" le 27 juin 2008, sur les objectifs du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), et sur le débat interne du Parti socialiste. |url=https://www.vie-publique.fr/discours/171417-interview-de-m-olivier-besancenot-porte-parole-de-la-ligue-communiste}}</ref>. En réalité une deuxième ligne éditoriale nommée NPA-C se dit révolutionnaire et trotskiste, opposée au NPA-B dont se réclament [[Olivier Besancenot]], [[Christine Poupin]] ou encore [[Philippe Poutou]].
* Le NPA-Révolutionnaires (NPAR, issu du NPA, ex NPA-C) dont les portes-parole sont la conductrice de bus Selma Labib et le postier et syndicaliste Gael Quirante, se réclame du trotskisme et du communisme révolutionnaire. 
* [[Révolution permanente (parti politique)|Révolution Permanente]], dont le porte-parole le plus connu est le [[cheminot]] [[Syndicalisme|syndicaliste]] [[Anasse Kazib]] et qui constitue la section française de la [[Fraction trotskyste – Quatrième Internationale]].

=== La vision critique de Boris Souvarine ===
[[Boris Souvarine]] avait pris dans les années 1920 la défense de Trotski contre Staline. Plusieurs décennies plus tard, il se montrait cependant très critique à l'égard de Trotski et considérait que 
{{citation bloc|Trotski a contribué à forger avec Lénine le mythe néfaste de la « dictature du prolétariat » et le dogme funeste de l'infaillibilité du Parti, au mépris des idées réelles de Marx invoquées à tort et à travers. Tous deux, ivres de leurs certitudes doctrinales, juchés au sommet de la pyramide bureaucratico-soviétique, ont méconnu ce qui s'élaborait aux niveaux inférieurs, faisant preuve d'une inconscience qui a livré à Staline tous les leviers de commande.|B. Souvarine, « Staline : pourquoi et comment ? », ''Est et Ouest'', {{1er}} novembre 1977<ref>Reproduit dans le recueil ''Chroniques du mensonge communiste'', Commentaire/Plon, 1998, {{p.|134}}.</ref>.}}

{{citation bloc|Trotski était persuadé que toute difficulté, toute résistance pouvaient être surmontées par ce seul mot : « fusiller ! ».|B. Souvarine, ''Sur Lénine, Trotski et Staline'', Paris, Allia, 1990, {{p.|55}}.}}

=== La biographie d'Isaac Deutscher ===
{{Article détaillé|Trotsky (Isaac Deutscher)}}

L'historien marxiste [[Isaac Deutscher]], bien qu'ayant rompu avec Trotski en 1938, entame en 1954 une biographie monumentale de ce dernier en trois volumes {{Incise|''Le Prophète armé'', ''Le Prophète désarmé'', ''Le Prophète hors-la-loi''}}, fondée sur les archives personnelles du révolutionnaire russe à l'[[université Harvard]] ; elle est achevée en 1963. À propos de Trotski, Deutscher reconnaît avoir un point de vue mêlé de « sympathie » et de « compréhension », même s'il le souhaite « aussi loin de celui du procureur que de celui de l'avocat »<ref>Isaac Deutscher, ''Trotsky I. Le prophète armé'', coll. 10/18, 1962, {{p.|11}}.</ref>. Sa longue biographie de Trotski prend parfois des accents lyriques : la vie du ''prophète'' est présentée tout à la fois comme héroïque et tragique. Deutscher s'est emparé dans son œuvre de la vision trotskiste d'une « contre-révolution » menée par Staline en Union soviétique. Il considère que l'autobiographie de Trotski intitulée ''[[Ma vie]]'' {{Citation|est aussi scrupuleusement véridique que peut l'être un ouvrage de ce genre}}. Il nuance cependant : {{Citation|elle n'en est pas moins une apologie, rédigée dans le feu de la bataille perdue que son auteur menait contre Staline}}<ref>''Ibid.'', {{p.|10}}.</ref>.

=== La biographie de Robert Service ===
{{Article détaillé|Trotski (Robert Service)}}

L'historien anglais [[Robert Service]], professeur à Oxford, a publié une biographie de Trotski en 2009. Critiqué pour ses erreurs factuelles, Service s'efforce de prendre ses distances avec les restes d'une « mythologie Trotski ». En opposition avec une opinion relativement répandue qui voit en Trotski une alternative possible à la [[Grandes Purges|terreur stalinienne]], il avance que {{Citation|Staline, Trotski et Lénine avaient bien plus de points communs que de différences}}, précisant que, au cas où Trotski l'aurait emporté, {{Citation|le risque de voir l'Europe plongée dans un bain de sang aurait été bien plus grand}}. Dans sa présentation personnelle de Trotski, Robert Service explique les échecs successifs de Trotski face à Staline par une personnalité [[Narcissisme|narcissique]], qui préfère la ferveur des discours et n'est pas suffisamment attachée à l'exercice du pouvoir<ref>[https://www.marianne.net/Trotski-deboulonne_a210268.html Trotski déboulonné], Philippe Cohen, ''Marianne'', 18 septembre 2011.</ref>.

Dans un article publié dans ''The American Historical Review''<ref>{{article|langue=en|prénom1=Bertrand|nom1=Patenaude|titre=Robert Service. Trotsky: A Biography. David North. In Defense of Leon Trotsky|périodique=The American Historical Review|lien périodique=The American Historical Review|volume=116|numéro=3|mois=juin|année=2011|doi=10.1086/ahr.116.3.902|url texte=https://www.jstor.org/stable/23308381|pages=900-902 | issn = 0002-8762 }}</ref>, Bertrand M. Patenaude, chercheur américain à l'[[université Stanford]] et collègue de Service, dénonce un livre malveillant, dont le nombre d'erreurs factuelles est « stupéfiant ». Plusieurs autres historiens sont du même avis<ref>[http://www.wsws.org/fr/articles/2011/dec2011/lett-d15.shtml Lettre d'historiens sur la biographie de Trotsky par Robert Service adressée à l'éditeur allemand Suhrkamp]</ref>.

=== Musée ===
À Mexico, le ''Museo Casa de León Trotski'' est aménagé dans la demeure où il a été assassiné, Calle Viena 45, à [[Coyoacán]] ; ses meubles et objets personnels sont exposés, tels que le révolutionnaire russe les a laissés à sa mort. Dans les jardins de la maison se trouve la stèle funéraire que l'architecte [[Juan O'Gorman]] a conçue en son honneur. Dans un bâtiment annexe se trouve une salle d'exposition permanente, dans laquelle le visiteur peut découvrir la vie de Trotski au Mexique<ref>{{Lien web |langue=es |titre=Museo Casa de León Trotsky |url=https://sic.gob.mx/ficha.php?table=museo&table_id=966 |site=Secretaría de Cultura/Sistema de Información Cultural |consulté le=2021-07-05}}</ref>.

== Œuvres ==
[[Fichier:Leon Trotsky - Okhranka mugshot.gif|thumb|[[Photographie d'identité judiciaire|Photographie d’identité judiciaire]] prise par la [[Okhrana|police secrète tsariste]] (circa 1900).]]
{{article détaillé|Œuvres et bibliographie de/sur Léon Trotski}}
* ''[[Bilan et perspectives]]'' (1905). D'après l'édition russe de 1919 : « Le caractère de la révolution russe, telle fut la question fondamentale par rapport à laquelle, selon la réponse qu'elles y apportaient, se regroupèrent les diverses tendances idéologiques et les organisations politiques du mouvement révolutionnaire russe. »
* ''L'Internationale communiste après Lénine (ou le grand organisateur des défaites)'' (1928) – Trotski explique comment et pourquoi le développement de la bureaucratie en URSS a provoqué l'échec du prolétariat dans toutes les parties du monde à partir de 1923, et en même temps pourquoi elle s'est nourrie de ces échecs.
* ''[[La révolution permanente|La Révolution permanente]]'' (1928-1931).
* ''[[Histoire de la révolution russe]]'' (1930) – « L'histoire de la révolution est, avant tout, le récit d'une irruption violente des masses dans le domaine où se règlent leurs propres destinées ».
* ''[[Ma vie]]'' (1930) - Autobiographie.
* ''L'Internationale communiste après Lénine'' (1930).
* ''La Révolution permanente'' (1931).
* ''Histoire de la Révolution russe'' (1932-1933).
* ''[[La Jeunesse de Lénine]]'' (1936) – biographie.
* ''[[La Révolution trahie]]'' (1936) – critique de la nature du pouvoir en URSS.
* ''[[Programme de transition]]'' (1938).
* ''[[Leur morale et la nôtre]]'' (1938).
* '' Staline'' (1946).
* ''Journal d'exil'' (1959).

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{références|groupe=N}}

=== Références ===
{{Références
|références=<ref name="secondu">[[Nicolas Werth]], « [[Goulag]] », ''[[Encyclopædia Universalis]]'' ([http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/goulag/ lire en ligne]), consulté le 10 février 2013.</ref>
}}

== Bibliographie ==
{{article détaillé|Œuvres et bibliographie de/sur Léon Trotski}}
* [[Ernest Mandel]], ''La Pensée politique de Léon Trotsky'', La Découverte, 2003.
* [[Victor Serge]], ''Vie et mort de Léon Trotsky'', 1951 (écrit en collaboration avec [[Natalia Sedova]], la veuve de Trotski).
* [[Jean van Heijenoort]], ''De Prinkipo à Coyoacán, sept ans auprès de Léon Trotsky'', Paris, Les Lettres nouvelles/Maurice Nadeau, 1978, 231 p. {{ISBN|2-8623-1003-4}}.
* [[Alain Dugrand]], ''Trotsky. Mexico 1937-1940'', Paris, Payot, 1988.
* [[Pierre Broué]], ''Trotsky'', Paris, Fayard, 1988, {{nobr|1105 p.}} {{ISBN|2-213-02212-7}}.
* [[Pierre Broué]], ''L'assassinat de Trotsky'', Bruxelles, Complexe, 1980, {{ISBN|2-87027-056-9}}.
* [[Livio Maitan]], ''Destino di Trotsky'', Milano, 1985.
* [[Isaac Deutscher]], ''Trotsky, t. 1, Le prophète armé, 1879-1921'', Paris, Omnibus, 1996 ({{1re}} éd. : 1954) {{ISBN|2-0000-2288-X}}.
* Isaac Deutscher, ''Trotsky, t. 2, Le prophète désarmé, 1921-1929'', Paris, Omnibus, 1996 ({{1re}} éd. : 1959) {{ISBN|2-0000-2289-8}}.
* Isaac Deutscher, ''Trotsky, t. 3, Le prophète hors-la-loi, 1929-1940'', Paris, 10-18, 1998 ({{1re}} éd. : 1963) {{ISBN|2-2640-0288-3}}.
* Jacquy Chemouni, ''Trotsky et la psychanalyse'', Paris, In Press, 2004, {{ISBN|978-2-8483-5041-7}}.
* [[Jean-Jacques Marie]], ''Trotsky : Révolutionnaire sans frontières'', Paris, Payot, 2006, {{nobr|621 p.}} {{ISBN|2-2289-0038-9}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Simon|nom1=Sebag Montefiore|traducteur=Florence La Bruyère et Antonina Roubichou-Stretz|titre=Staline|sous-titre=La cour du tsar rouge|volume=I. 1929-1941|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Perrin]]|année=2010|pages totales=723|isbn=978-2-262-03434-4|id=Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|plume=oui}}
* [[Robert Service]], ''[[Trotski (Robert Service)|Trotsky : a biography]]'', Belknap press, 2009.
* [[Léo Figuères]], ''De Trotsky aux trotskysmes, éléments pour un débat'', Paris, Le Temps des Cerises, 2012 {{ISBN|978-2-84109-931-3}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Nicolas |nom1=Werth |lien auteur1=Nicolas Werth |titre=Essai sur l'histoire de l'Union soviétique 1914 - 1991 |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]] |collection=Tempus |année=2019 |année première édition=2019 |pages totales=476 |isbn=9782262078799}}
* [[Michel Renouard]], ''Trotsky'', Paris, Gallimard, 2017, coll. Folio biographies, 305 p.

=== Films ===
* ''{{Lien|trad=Trotsky (TV series)|lang=en}}'', 2017, série, Leon Trotsky est interviewé à Mexico par le journaliste canadien Frank Jackson. Pendant huit jours, ils ont eu huit séances d’interview.
* ''[[The Trotsky]]'' (''Le Trotski'' au Québec), 2010, film canadien, raconte l'histoire d'un collégien juif croyant être la réincarnation de Léon Trotski.
* ''[[Frida (film)|Frida]]'' de [[Julie Taymor]], 2002, film biographique sur [[Frida Kahlo]], où est relatée son aventure avec Léon Trotski.
* ''[[Trotsky (film)|Trotsky]]'', documentaire en deux parties, (''Révolutions'' et ''Exils'') de [[Patrick Le Gall]] et [[Alain Dugrand]], sur le conseil historique de [[Pierre Broué]], 1986.
* ''[[Zina (film)|Zina]]'' (1986), joué par [[Philip Madoc]].
* ''[[Reds (film)|Reds]]'' (1981), joué par [[Stuart Richman]].
* ''[[Le Crépuscule des aigles (téléfilm)|Le Crépuscule des aigles]]'', joué par [[Michael Kitchen]].
* ''[[L'Assassinat de Trotsky]]'' de [[Joseph Losey]], 1972.
* ''[[Nicolas et Alexandra]]'' (1971), joué par [[Brian Cox (acteur)|Brian Cox]].
* ''[[Le Docteur Jivago (film)|Le Docteur Jivago]]'' (1965), ou le personnage Pavel Pavlovitch Antipov est inspiré de Trotsky. Le rôle est joué par [[Tom Courtenay]].
* ''[[L'Ennemi public nº 1 (film, 1934)|L'Ennemi public {{numéro}}1]]'' (1934), joué par [[Leo Lance]].
* ''Ramon Mercader, sur les pas de celui qui a tué Trotsky'' de Marie France Brière, 2022

=== Romans ===
* [[Barbara Kingsolver]], ''Un autre monde'', Paris, Rivages, 2010 {{ISBN|2-7436-2123-0}}, 672 p. {{commentaire biblio|[[Prix Orange pour la fiction]] en 2010. Le roman évoque les amours de [[Frida Kahlo]] et de Léon Trotski, ainsi que son assassinat en 1940.}}
* [[Leonardo Padura Fuentes]], ''L'Homme qui aimait les chiens'' (''El hombre que amaba a los perros''), Paris, Métaillié, 2011 {{ISBN|978-2-8642-4755-5}}.
* [[Jorge Semprún]], ''[[La Deuxième Mort de Ramón Mercader]]'', Paris, Gallimard, 1969 {{ISBN|2-0702-7367-9}}.
* [[Leonardo Padura]], ''L'homme qui aimait les chiens'', Métailié, 2011.
* [[Gérard de Cortanze]], ''Les Amants de Coyoacàn'', Paris, Albin Michel, 2015.

=== Théatre ===
* ''[[Trotsky, etc...]]'', [[René Kalisky]], Paris, Gallimard, 1969.

=== Musique ===
* ''[[Les Tzars]]'', une chanson du groupe français [[Indochine (groupe)|Indochine]] fait mention de l'assassinat de Trotski.
* ''[[No More Heroes (chanson)|No more heroes]]'', une chanson du groupe britannique [[The Stranglers]] fait référence à Trotski.

== Annexes ==
{{Autres projets
| commons          = Category:Leon Trotsky
| wikisource       = Auteur:Léon Trotsky
| wikisource titre = Léon Trotsky
| wikiquote        = Léon Trotsky
}}

=== Articles connexes ===
{{colonnes|nombre=2|
* [[Histoire du communisme]]
* [[Vladimir Ilitch Lénine|Lénine]]
* [[Trotskisme en France]]
* [[Karl Marx]]
* [[Friedrich Engels]]
* [[Rosa Luxemburg]]
* [[Isaac Deutscher]]
* [[Anton Pannekoek]]
* [[Adolf Joffé]]
* [[Christian Rakovski]]
* [[Pavel Soudoplatov]]
* [[Charles Adolphe Faux-Pas Bidet]]
}}


=== Liens externes ===
* {{Find a Grave}}
* [http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/index.htm « L'Archive Léon Trotsky » (œuvres disponibles en ligne)] dans les Archives marxistes internationales.
* [http://www.trotsky-oeuvre.org/ Trotsky-oeuvre.org]
* [https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1923/12/vil19231225.htm Le Testament de Lénine]
* {{en}} [http://www.trotskyana.net/ ''The Lubitz TrotskianaNet'']
* [https://clio-texte.clionautes.org/trotsky-et-le-fascisme.html clio-texte.clionautes.org/trotsky-et-le-fascisme.html] (Texte de Trotski sur le fascisme) - Cliotexte
* [http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&mc=Trotski,%20Léon&num_notice=2&total_notices=3 ''Apostrophes'' du 25 avril 1975 sur Trotski] - [[Institut national de l'audiovisuel|INA]] {{vidéo}}
* [http://bataillesocialiste.wordpress.com/documents-historiques/1948-12-la-contradiction-de-trotsky-lefort/ « La contradiction de Trotsky »], par [[Claude Lefort]] (1948)
* [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1963_num_4_3_1551 Le dossier de Trotski à la Préfecture de Police de Paris]
* Beuvain Christian et Lanuque Jean-Guillaume, [http://revuesshs.u-bourgogne.fr/dissidences/document.php?id=1908 Coda : Deutscher, Broué, Service - Essor et déclin du travail biographique sur Trotsky], Revue électronique dissidences [en ligne], Numéro 3 - Printemps 2012, {{date-|11 avril 2012}}
* [http://delibere.fr/trotsky-mexique-photos-inedites/ Photos inédites de Léon Trotski prises en août 1939 au Mexique], et publiées par la revue en ligne ''délibéré'' le {{date-|23 février 2016}}.

==== Bases de données et dictionnaires ====
{{Liens}}

{{Palette|Marx et Engels|Communisme|Ministres des Affaires étrangères de Russie et d'URSS|Traité de Brest-Litovsk}}
{{Portail|politique|marxisme|URSS|communisme|Saint-Pétersbourg}}

{{DEFAULTSORT:Trotski, Leon}}
[[Catégorie:Léon Trotski|*]]
[[Catégorie:Naissance en octobre 1879]]
[[Catégorie:Naissance dans le gouvernement de Kherson]]
[[Catégorie:Personnalité politique soviétique]]
[[Catégorie:Gouverneur de Saint-Pétersbourg]]
[[Catégorie:Ministre soviétique des Affaires étrangères]]
[[Catégorie:Ministre soviétique de la Défense]]
[[Catégorie:Membre du premier Conseil des commissaires du peuple]]
[[Catégorie:Membre du Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique]]
[[Catégorie:Participant à la conférence de Zimmerwald]]
[[Catégorie:Participant au 1er congrès du Komintern]]
[[Catégorie:Participant au 2e congrès du Komintern]]
[[Catégorie:Historien de l'Empire russe au XIXe siècle]]
[[Catégorie:Historien de l'Empire russe au XXe siècle]]
[[Catégorie:Historien ukrainien du XXe siècle]]
[[Catégorie:Historien soviétique]]
[[Catégorie:Personnalité critiquant les religions]]
[[Catégorie:Contributeur de l'Encyclopædia Britannica]]
[[Catégorie:Essayiste ou théoricien marxiste]]
[[Catégorie:Anti-maçonnerie]]
[[Catégorie:Personne déportée dans l'Empire russe]]
[[Catégorie:Personnalité de la révolution russe]]
[[Catégorie:Personnalité de la guerre civile russe]]
[[Catégorie:Vieux bolchevik]]
[[Catégorie:Personnalité politique soviétique assassinée]]
[[Catégorie:Personnalité morte en exil]]
[[Catégorie:Député de l'Assemblée constituante russe de 1918]]
[[Catégorie:Personnalité de la guerre soviéto-polonaise]]
[[Catégorie:Réfugié en Turquie]]
[[Catégorie:Réfugié en France]]
[[Catégorie:Réfugié en Norvège]]
[[Catégorie:Réfugié au Mexique]]
[[Catégorie:Décès en août 1940]]
[[Catégorie:Décès à Mexico]]
[[Catégorie:Décès à 60 ans]]
[[Catégorie:Mort assassiné au Mexique]]
[[Catégorie:Personnalité inhumée au Mexique]]