Le Trésor et les Deux Hommes

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Le Trésor et les deux Hommes
Image illustrative de l’article Le Trésor et les Deux Hommes
Gravure de Jacques-Philippe Le Bas d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759

Auteur Jean de La Fontaine
Pays Drapeau de la France France
Genre Fable
Éditeur Claude Barbin
Lieu de parution Paris
Date de parution 1678
Chronologie

Le Trésor et les deux Hommes est la seizième fable du livre IX de Jean de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1678. L'inspiration de cette fable provient du recueil Narrationum Sylva écrit par le franc-comtois Gilbert Cousin en 1567[1].

Texte de la fable[modifier | modifier le code]

Un homme n’ayant plus ni crédit, ni ressource,
Et logeant le diable en sa bourse,
C’est-à-dire, n’y logeant rien,
S’imagina qu’il ferait bien
De se pendre, et finir lui-même sa misère ;
Puisqu’aussi bien sans lui la faim le viendrait faire,
Genre de mort qui ne duit[N 1] pas
À gens peu curieux de goûter le trépas.
Dans cette intention une vielle masure
Fut la scène où devait se passer l’aventure.
Il y porte une corde ; et veut avec un clou
Au haut d’un certain mur attacher le licou.
La muraille, vieille et peu forte,
S’ébranle aux premiers coups, tombe avec un trésor.
Notre désespéré le ramasse, et l’emporte ;
Laisse là le licou[N 2] ; s’en retourne avec l’or ;
Sans compter : ronde ou non, la somme plût au sire.
Tandis que le galant à grands pas se retire,
L’homme au trésor arrive, et trouve son argent
Absent.
Quoi, dit-il, sans mourir je perdrai cette somme ?
Je ne me pendrai pas ? Et vraiment si ferai,
Ou de corde je manquerai.
Le lacs[N 3] était tout prêt, il n’y manquait qu’un homme,
Celui-ci se l’attache, et se pend bien et beau[N 4].
Ce qui le consola peut-être,
Fut qu’un autre eût pour lui fait les frais du cordeau,
Aussi bien que l’argent le licou trouva maître.
L’avare rarement finit ses jours sans pleurs :
Il a le moins de part au trésor qu’il enserre,
Thésaurisant pour les voleurs,
Pour ses parents, ou pour la terre.
Mais que dire du troc que la Fortune fit ?
Ce sont là de ses traits ; elle s’en divertit.
Plus le tour est bizarre, et plus elle est contente.
Cette Déesse inconstante
Se mit alors en l’esprit
De voir un homme se pendre ;
Et celui qui se pendit
S’y devait le moins attendre.

— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, Le Trésor et les Deux Hommes, texte établi par Jean-Pierre Collinet, Fables, contes et nouvelles, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p. 376

Notes[modifier | modifier le code]

  1. qui ne convient pas
  2. corde pour pendre quelqu'un
  3. nœud coulant
  4. bel et bien

Références[modifier | modifier le code]

  1. « fable Jean de La Fontaine : Le trésor et les deux hommes », sur www.la-fontaine-ch-thierry.net (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]

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