La Samienne

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Maison dite du Ménandre à Mytilène (début IIIe ou IVe siècle). Sur la mosaïque on lit CAMIAC ME Γ (la troisième partie de Samia) et les noms des personnages ΜΑΓΕΙΡΟC (le cuisinier), ΔΗΜΕΑC, ΧΡΥCΙΣ (Chrysis la Samienne).

La Samienne (grec Σαμία, Samia) est une comédie antique écrite par le poète Ménandre dans sa jeunesse, que les philologues du XXe siècle ont restaurée à partir de deux codices de papyrus trouvés en Égypte. Ainsi plus de sept cents vers, mutilés ou entiers, sont lisibles aujourd'hui sur peut-être neuf cents. Le titre est confirmé par une mosaïque trouvée à Mytilène et illustrant onze pièces choisies de Ménandre.

Transmission du texte[modifier | modifier le code]

En 1907, le papyrus du Caire [1], un codex du Ve siècle retrouvé à Aphroditopolis et contenant les restes mutilés de cinq comédies de Ménandre est publié [2] . Ces pièces ont été choisies vers le deuxième siècle pour un usage scolaire. Le livre avait été dépecé pour emballer des objets dans une jarre. Néanmoins le reste d'un quaternion a préservé 324 vers de la Samienne. Cinquante ans plus tard, un autre bloc de papyrus du IIIe siècle incorporé à la collection Bodmer[3] restitue la fin de la comédie [4], les trois derniers actes. On peut y ajouter deux fragments mis au jour par ailleurs [5] qui complètent certaines lignes.

Les personnages[modifier | modifier le code]

  • Moschion, le fils adopté par Déméas, qui a fait un enfant à Plangon la fille de Niceratos, un voisin.
  • Chrysis, une courtisane de l'île de Samos, concubine de Déméas
  • Parmenon, serviteur de Déméas
  • Déméas, célibataire, père adoptif de Moschion, ami et voisin de Nicératus
  • Niceratos, père de Plangon, voisin et ami de Déméas
  • Un cuisinier.
  • Personnages muets: Plangon avec son enfant, divers serviteurs.

L'intrigue[modifier | modifier le code]

Nicératos et Déméas, bien que l'un soit pauvre et l'autre riche, sont des voisins et des amis qui souhaitent unir leurs enfants par un mariage. Les jeunes veulent aussi la même chose. Par conséquent, personne ne s'opposant au projet, il est difficile d'imaginer des obstacles. Et pourtant, une série d'événements inattendus et d'idées fausses résultant d'un mensonge ont failli faire capoter l'affaitre. Car Moschion, le fils adoptif de Déméas, lors des fêtes d'Adonis et de leur veillée, s'est comporté avec Plangon, la fille de Nicératos, d'une manière dont il a honte et dont il résulta qu'elle était tombée enceinte. Le jeune homme, accablé de honte, bien qu'il ait promis le mariage sur-le-champ, n'osa pas confesser publiquement sa faute, de sorte qu'en l'absence des pères de famille, qui avaient entrepris le long voyage de Byzance, toute la maison conspira et décida de dire qu'il était l'enfant de Chrysis. Car Déméas, à son départ, avait laissé enceinte son amie Chrysis, tout en lui interdisant d'élever l'enfant puisque c'était un bâtard. Mais quand, contre toute attente, à son retour, il trouva l'enfant dans la maison, il fut d'abord fâché, mais pardonna rapidement. Cependant alors qu'un cuisinier avait déjà été embauché et que tous préparaient le festin de mariage, Demeas entendit par hasard la vieille nourrice appeler le bébé 'fils de Moschion'. Aussitôt, se souvenant de l'histoire d'Hippolyte et Phèdre, il rejette tout le blâme sur Chrysis car son fils avait toujours été sage et respectueux envers lui [6] et de plus souhaitait manifestement se marier avec Plangon. Alors il décide de chasser sa petite amie de la maison afin de préserver sa dignité, sans lui donner d'autre raison qu' "à cause du bébé". Elle s'enfuit en larmes chez le voisin Nicératus qui l'accueille avec compassion. Bientôt Moschion, persuadé par Niceratus, tente d'apaiser son père mais ses prières sont mal interprétées. Le comique naît du quiproquo entre personnages qui n'interprètent pas les mêmes mots de la même manière, du fait de ce qu'ils savent secrètement ou croient savoir. Lorsqu'il comprend enfin ce que son père a en tête, Moschion lui révèle la vérité. A peine Demeas est-il apaisé que Nicératos apprend la maternité de sa fille. Il est si furieux qu'il veut brûler l'enfant séance tenante, que Chrysis dans sa fuite ramène chez Déméas. En mentionnant l'histoire de Jupiter et de Danaé, Déméas réconforte peu à peu Nicératos et le conduit à admettre que de nombreux hommes autour d'eux, sans qu'il y paraisse, sont nés des dieux. Mais Moschion, vexé de ce que son père avait cru de lui, décide alors de s'offrir une petite vengeance:ː équipé d'un manteau et d'une épée, il fait semblant de vouloir partir pour une guerre de mercenaires en Asie jusqu'à ce que, cédant aux supplications de son père, il change d'avis (acte 5). Ainsi, comme c'était la coutume dans la nouvelle comédie, la pièce se terminera par un mariage.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. P. Cair. 43227.
  2. Service des antiquités de l'Egypte, Fragments d'un manuscrit de Ménandre découverts et publiés par M. Gustave Lefebvre,..., Le Caire, 1907. Cf. Ph.-E. Legrand, "Les nouveaux fragments de Ménandre", Revue des Études Anciennes, 1907ː 312-334
  3. P. Bodmer XXV.
  4. La Samienne (Ménandre) ; publié par Rodolphe Kasser ; avec la collaboration de Colin Austin, Genève, Bibliotheca Bodmeriana, 1969.
  5. Pap. Oxy. 2831 et 2943.
  6. Aux vers 272-4 il est qualifié de κόσμιος et d'εὐσεβέστατος.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Éditions[modifier | modifier le code]

Érudition[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]