Aller au contenu

Jizi

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Jizi selon une représentation traditionnelle. Temple bouddhiste de Ping Sien Si, (Perak), Malaisie, édifié fin du XXe siècle

Jizi ou Qizi (箕子), aussi connu sous le nom de Gija ou de Kija (en coréen : 기자) en coréen, est un lettré chinois semi-légendaire, décrit comme étant de la famille de Di Xin, demi roi de la dynastie dynastie Shang. Selon le Livre des Han il aurait introduit plusieurs technologies en Corée dans le domaine de l'agriculture, favorisant ainsi son développement lors de la Période Gojoseon.

Le Joseon de Kija

[modifier | modifier le code]

Kija aurait été l'oncle de Di Xin, le dernier roi de la dynastie chinoise des Shang. Sous son successeur, le roi Wu de la dynastie Zhou, il part pour Joseon avec 5 000 hommes et prend la tête de ce royaume. Il apporte avec lui la riziculture, les vers à soie et d'autres facettes de la civilisation chinoise, notamment les huit prohibitions[1]. Il fonde un royaume qui dure jusqu'en 193 av. J.-C.. Cette histoire est essentiellement connue à travers le « Livre des Han » (111 av. J.-C). Il existe une liste des rois qui se sont succédé entre -1126 et -193 mais son authenticité n'est pas reconnue et seuls les deux derniers sont attestés par des sources contemporaines, notamment le Wei lüe. Ce sont les rois Pu et Chun.

Dans l'historiographie traditionnelle coréenne, les plus anciennes mentions de Kija se trouvent dans le Samguk sagi (1145) puis dans le Samguk Yusa (1281) et le Chewang Ungi (1287). Les descriptions les plus complètes sont cependant apportées par le Kijaji de Yun Tusu et le Kija Silgi de Yi I, tous deux publiés en 1580. Symbole de l'influence chinoise sur la civilisation coréenne, son culte se développe à cette époque parallèlement au développement du néoconfucianisme et un mausolée est construit en son honneur à Pyongyang sur le lieu présumé de sa tombe[2]. À partir du XXe siècle, les historiens se montrent nettement plus critiques à son sujet et la venue de Kija en Corée est maintenant considérée comme une légende[3],[4].

Le mythe de l'arrivée de Kija dans cette région serait une invention de la dynastie Han pour justifier son intervention armée sur le même territoire[5].

Vénération

[modifier | modifier le code]

Selon le Ancien Livre des Tang, les habitants de Goguryeo, qui avaient déjà conquis les anciennes commanderies chinoises, vénéraient Jizi (Kija) comme l'une des divinités majeures. Les Coréens, en particulier les confucéens, considéraient Kija comme un sage chinois qui avait apporté la civilisation chinoise en Corée. Pendant la dynastie Goryeo, le roi Sukjong (粛宗, né en 1054 et mort en 1105) a identifié un monticule près de P'yŏngyang comme étant le tombeau de Jizi (Kija). Il construisit un mausolée pour le consacrer en 1102 de notre ère. La royauté reconstruisit le mausolée en 1324 et le répara à nouveau en 1355. Pendant la dynastie néo-confucéenne Joseon, le culte d'État du Jizi (Kija) s'est intensifié. Le nom « Joseon 朝鮮 », donné par le dynastie Ming, dérive du duché de Jizi (Kija). Sous le règne du roi Taejong (太宗, né en 1367 et mort en 1422), les rites rituels du Jizi (Kija) pratiqués à P'yŏngyang furent affinés. En 1429, le roi Sejong (世宗, né en 1397 et mort en 1450) sépara Dangun du mausolée de Jizi[6].

Le mythe de Kija par la Corée du Nord

[modifier | modifier le code]

Après la libération de la Corée des japonais, le régime communiste du nord a annoncé que le récit du roi Kija était une invention des japonais, ils ont ensuite ouvert sa tombe, et l'ont proclamée vide puis ont procédé à sa destruction[7].


Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Chai-Shin Yu, « The New History of Korean Civilization » [1], iUniverse, 2012, 352 pages.
  2. Shim, Jae-hoon (2002), "A New Understanding of Kija Chosŏn as a Historical Anachronism", Journal of Asian Studies 62 (2): p. 271–305.
  3. Hyung Il Pai, « Constructing "Korean" Origins - A Critical Review of Archaeology, Historiography & Racial Myth in Korean State-Formation Theories » [2], Harvard Univ Asia Center, 2000 - 543 pages.
  4. Xu Stella, « Reconstructing Ancient History-- Historiographical Review of the Ancient History of Korea, 1950s-2000s » [3], ASIANetwork Exchange: A Journal for Asian Studies in the Liberal Arts, 2012, vol. 19, no 2, p. 14-22.
  5. Shim, Jae-Hoon (2002). "A new understanding of Kija Chosŏn as a historical anachronism". Harvard Journal of Asiatic Studies. 62 (2): 271–305.
  6. « Gija », sur New World Encyclopedia
  7. Philippe Pons, Corée du Nord, un État-guérilla en mutation, Paris, Gallimard, coll. « La Suite des temps », , 720 p. (ISBN 978-2-07-014249-1), page 259