Voir la source de Islam

{{Nom protégé}}
{{Semi-protection étendue}}
{{Voir homonymes|Islam (homonymie)}}
{{Confusion|texte=Ne pas confondre l'islam avec l'[[islamisme]], ni son sens religieux avec la [[civilisation islamique]] ou Islam.}}
{{Infobox Religion v2
 | titre                  = Islam
 | image                  = The Kaaba during Hajj.jpg
 | légende                = La [[Kaaba]], dans la [[Mosquée al-Harâm]], à [[La Mecque]] en [[Arabie saoudite]], le plus sacré des [[lieux saints de l'islam]].
 | dénomination originale = ''al-islām'' ({{lang-ar|'''الْإِسْلَامُ'''}}, « la soumission »)
 | dénomination française = Islam
 | nature                 = Pour les musulmans : religion révélée
 | lien autres religions  = Parenté doctrinale avec le [[judaïsme]] et le [[christianisme]]
 | branche religieuse   = [[Sunnisme]] (89 %), [[Chiisme]] (10 %) et [[Ibadisme]] (1%)
 | nom pratiquant         = [[Musulman]]
 | type                   = [[Monothéisme]]
 | croyance surnaturelle  = [[Divinité]], [[Saint-Esprit|Esprit]], [[Créationnisme|Création]], [[Djinn]], [[Ange]], [[Âme]], [[Diable]], [[Paradis]], [[Enfer]], [[Révélation]], [[Destin]], [[Miracle]], [[Rédemption]], [[Jugement dernier]]
 | divinité               = [[Dieu]] (''[[Allah]]'' en arabe)
 | prophète               = [[Adam]] (ar. Adam), [[Noé]] ([[Nuh|Nouh]]), [[Abraham]] ([[Ibrahim]]), [[Loth]] (Lout), [[Ismaël]] (Ismaïl), [[Isaac]] (Ishaq), [[Jacob]] (Yaqoub), [[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]] (Youssouf), [[Moïse]] ([[Moussa (islam)|Moussa]]), [[Job (Bible)|Job]] (Ayoub), [[David (roi d'Israël)|David]] ([[David dans l'Islam|Daoud]]), [[Salomon (roi d'Israël)|Salomon]] (Sulayman), [[Élie]] (Ilyas), [[Jésus]] ([[Issa]]), [[Mahomet]] (Muhammad)
 | personnage important   = [[Mahomet]], [[Ali ibn Abi Talib|Ali]] (chiisme)
 | lieu important         = [[La Mecque]], [[Médine]], [[Jérusalem]], [[Nadjaf]] (chiisme), [[Kerbala]] (chiisme)
 | ouvrage                = Le [[Coran]], divers recueils de [[Hadîth|hadiths]]
 | date apparition        = {{s|VII}}
 | lieu apparition        = [[Hedjaz]]
 | aire pratique actuelle = Monde entier
 | nombre de pratiquants  = 1,8 milliard
 | date disparition       = 
 | rite                   = Profession de foi, ablution, prière, aumône légale, jeûne du ramadan, pèlerinage à La Mecque
 | clergé                 = Pas de [[clergé]] sauf dans le [[Chiisme]]
}}

L’'''islam''' (en {{lang-ar|الْإِسْلَامُ}}, {{Langue|ar-Latn|''al-islām''}}, « la soumission ») est une [[religion abrahamique]] qui s'appuye sur le [[dogme]] du [[monothéisme]] absolu ({{langue|ar|تَوْحِيدُ}}, ''[[tawhid]]'') et qui prend sa source dans le [[Coran]], tenu, par les adhérents de l'islam, pour la parole de [[Dieu]] ({{langue|ar|الله}}, ''[[Allah]]'') [[révélation|révélée]] au {{s|VII}} en [[Arabie]] à [[Mahomet]] ({{langue|ar|مُحَمَّدُ}}, ''Muhammad''), qui est considéré par ces mêmes adhérents comme étant le dernier [[Prophètes de l'islam|prophète de Dieu]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Les Essentiels de la BnF]] |titre=Le Coran - Troisième des grands monothéismes, l’islam s’est édifié tout entier sur le Coran, Parole de Dieu transmise, selon les croyants, directement au prophète Muhammad. |url=https://essentiels.bnf.fr/fr/societe/spiritualites/c9241816-9f5b-43fc-a253-ec6aea668db4-islam/article/56d680a2-86d8-4499-adae-f1275892b3e1-coran |site=BnF Essentiels |consulté le=2024-02-04}}</ref>.

Un adepte de l'islam est appelé un [[musulman]] ; il a des devoirs [[culte|cultuels]], souvent appelés les « [[piliers de l'islam]] ». Les musulmans croient que Dieu est unique et indivisible et que l'islam est une [[religion révélée]]. Elle se présente comme un retour sur les pas d'[[Abraham]] (appelé, en [[arabe]], [[Ibrahim]]), en une soumission exclusive à la volonté de Dieu.

En [[2015]], le nombre de musulmans dans le monde est estimé à {{unité|1,8|milliard}}, soit {{unité|24|%}} de la population mondiale, ce qui fait de l'islam la deuxième religion du monde après le [[christianisme]] et devant l'[[hindouisme]]. L’islam se répartit en différents courants, dont les principaux sont le [[sunnisme]], qui représente {{unité|90|%}} des musulmans, le [[chiisme]] et le [[kharidjisme]].

L'islam est, chronologiquement parlant, le troisième grand courant monothéiste de la famille des [[Religion abrahamique|religions abrahamiques]], après le [[judaïsme]] et le [[christianisme]], avec lesquels il possède des éléments communs. Tout en estimant que les livres sacrés de ces religions seraient, dans leurs interprétations actuelles, le résultat d'une falsification partielle, le Coran reconnaît leur origine divine : les [[Feuillets d'Abraham]], la ''[[Tawrat]]'' (le Livre de [[Moïse]] identifié à la [[Torah]]), le ''[[Zabur]]'' de [[David (roi d'Israël)|David]] et [[Salomon (roi d'Israël)|Salomon]] (identifié au [[Livre des Psaumes]]) et l{{'}}[[Injil]] (l'Évangile de [[Jésus de Nazareth|Jésus]]).

L'islam accorde une grande importance à la [[Sunna]] de Mahomet, dont la tradition musulmane a rapporté des paroles, faits et gestes. Ces récits, appelés [[hadîth]]s, auxquels se réfèrent la majorité des musulmans pour l'établissement de règles juridiques ([[Jurisprudence islamique|fiqh]]), permettent de codifier la foi et la pratique musulmane. Les différentes branches de l'islam ne s'accordent pas sur les compilations de hadiths à retenir. Le Coran et les hadiths dits « recevables » sont deux des quatre sources de la loi islamique (la [[charia]]), les deux autres étant le consensus (''[[ijmâ']]'') et l'analogie (''[[qiyâs]]'').

== Étymologie ==
Le mot « islam » est la [[transcription phonétique|transcription]] de l’[[arabe]] {{langue|rtl|ar|الْإِسْلَامُ}}, ''al-islām'' {{Prononciation|Ar-al islam.ogg|écouter}}, mot qui comporte principalement les idées de « soumission [à Dieu] » et de « paix, sécurité [en Dieu] »<ref>{{Ouvrage|auteur1=Maurice Gloton|titre=Une approche du Coran par la grammaire et le lexique|lieu=Beyrouth, Liban|éditeur=Albouraq|année=2002|pages totales=872|passage=458|isbn=979-102250158-3}}.</ref>{{,}}<ref name="zahra">{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=ar|auteur1=Mohammad Abou Zahra|traducteur=Michel Galloux|titre=L'imam Aboû Hanifa|sous-titre=sa vie et son époque, ses opinions et son fiqh|lieu=Paris|éditeur=Al Qalam|année=2010|pages totales=503|passage=209|isbn=978-2-909469-58-4}}.</ref>. Il s'agit d'un nom d'action (en arabe {{langue|rtl|ar|اسم فعل}} ''ism fi'l''), qui désigne l'acte de se soumettre volontairement, dérivé d'un [[radical (linguistique)|radical]] sémitique, ''s.l.m'', à l'origine d'une classe de mots signifiant la concorde, la complétude, l'intégrité ou la [[paix]]<ref>{{Chapitre|langue=en|titre chapitre=šlm|page=2067|tome=Appendix B: Semitic Roots|titre ouvrage=The American Heritage Dictionary of the English Language|numéro d'édition=4|lieu= Boston, New York|éditeur=Houghton Mifflin|année=2000|isbn=0-618-08230-1}}.</ref>. Le nom d'agent (en arabe {{langue|rtl|ar|اسْمٌ فَاعِلٌ}} ''ism fā'il'') dérivé de cette racine est {{langue|rtl|ar|مُسْلِمٌ}} ''muslim'' {{citation|celui qui est aminci}} en vieil arabe<ref group="Note">Hadith : le prophète a dit : {{Citation|Le croyant mange à satisfaire la faim d'un seul intestin. Le mécréant mange pour en remplir sept.}}, rapporté par [[Mouhammad al-Boukhârî|Boukhari]].</ref>, mais {{citation|celui qui se soumet}} en arabe moderne, à l'origine du mot français « musulman »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Daniel Reig|titre=Dictionnaire Arabe-Français, Français-Arabe|sous-titre=As-Sabil|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Larousse|Librairie Larousse]]|année=1983|pages totales=6089|passage=§ 2642, IV|isbn=2-03-451208-1}}.</ref>. Dans la première communauté, le croyant portait le nom de ''[[mu'min]]un'' et non celui de ''muslimun''<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Fred M. Donner|titre=Muhammad and the believers|sous-titre=At the Origins of Islam|éditeur=[[Harvard University Press]]|année=2012|pages totales=301|passage=57|isbn=0674064143|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=YM8RBAAAQBAJ&printsec=frontcover}}.</ref>.Ce n’est que plus tardivement que cette religion prendra le nom d’islam<ref group="Note">Le Coran est le reflet d'une telle distinction. Ainsi, par exemple, la [[sourate]] 49 oppose chez les [[bédouins]], deux états : celui de croyants (''[[mu'min]]'') et celui de soumis (''muslim''). Dans ce contexte, le ''muslim'' est quelqu’un qui s’est converti superficiellement, sans avoir la foi.</ref>{{,}}<ref name=":06">{{Chapitre|auteur=Paul Neuenkirchen|titre chapitre=Sourate 49|titre ouvrage=Le Coran des Historiens|tome=2b|année=2019|page=1525 et suivantes|éditeur=[[Éditions du Cerf]]|isbn= 9782204135511}}.</ref>.

On trouve, particulièrement dans les anciens [[roman de chevalerie|romans de chevalerie]], les termes « [[mahométisme]] » (anciennement « mahométanisme »<ref name=":4" />) et « mahométan », qui sont tombés en désuétude depuis plus d'un siècle<ref name="TLF">{{Lien web|titre=Mahométan|url=https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/mahométan/48640|site=Larousse.fr|consulté le=9 février 2021}}.</ref>. Ces termes dérivent tous deux du nom francisé « [[Mahomet]] ». La religion musulmane a, par la suite, été désignée en français par le mot « islamisme » (comme « judaïsme », « christianisme », « [[bouddhisme]] », « [[animisme]] », etc.). Ce terme est de création française et son usage est attesté en français depuis le {{s-|XVIII}}, [[Voltaire]] l'utilisant à la place de « [[mahométisme]] » pour signifier « religion des musulmans ». Au {{s-|XX}}, le mot « islamisme », remplacé par celui d'« islam » dans cette ancienne acception, a changé de sens et s'est spécialisé pour désigner l'utilisation [[politique]] de l'islam<ref name="Bruno Étienne">{{Article|auteur=[[Bruno Étienne]]|titre=L’islamisme comme idéologie et comme force politique|périodique=Cités|numéro=14|éditeur=P.U.F.|année=2003|présentation en ligne=https://www.jstor.org/stable/40620896?seq=1|consulté le=9 février 2021}}.</ref>, l'[[islamisme]] devenant alors une doctrine politique qui vise à l'expansion de l'islam<ref>Le magazine ''L'Histoire'' {{numéro}}spécial, {{numéro|278}}.</ref>. Les termes « islam » et « musulman » ne sont employés couramment en français que depuis le {{s-|XX}}<ref name=":4">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Dominique Frémy|auteur2=Michèle Frémy|titre=Quid|éditeur=[[Éditions Robert Laffont|Robert Laffont]]|année=2002|pages totales=2 126|passage=555-556|isbn=978-2-221-09465-5}}.</ref>.

Le mot « islam » avec une [[bas-de-casse|minuscule]] désigne la religion dont le [[prophète]] est [[Mahomet]]. Le terme d' « Islam » avec une [[majuscule]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean Girodet|titre=Dictionnaire des pièges et difficultés de la langue française|éditeur=[[Éditions Bordas|Bordas]]|année=2012|passage=506|isbn=2035898226}}.</ref> désigne la [[civilisation islamique]] dans son ensemble<ref>{{CNRTL|islam}}.</ref>, {{Citation|un ensemble de traits matériels, culturels et sociaux durables et identifiables}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Pascal Buresi|titre=Géo-histoire de l'islam|éditeur=[[Belin éditeur|Belin]]|année=2005|passage=4|isbn=}}.</ref>. Il désigne, au-delà de la religion proprement dite avec sa foi et son culte, une puissance politique et un mouvement de civilisation général<ref group="Note">Cette définition ressort de toutes les études générales d'histoire ou d'histoire de l'art sur l'islam, par exemple : {{Chapitre|titre chapitre=L'Islam|auteur1=G. Ryckman|directeur=Gaston Wiet, directeur du musée arabe du Caire|page=333|volume=3|titre ouvrage=Histoire générale des religions|auteurs ouvrage=Maxime Gorce et Raoul Mortier|numéro d'édition=2|lieu=Paris|éditeur=Quillet|année=1948}}. L'auteur précise dans l'introduction que le génie de Mahomet est d'avoir fait de l'islam un patriotisme dont le fondement est religieux. Le Larousse du {{s-|XX}} donne à l'Islam le sens second d'ensemble des pays de religion islamique. Littré aussi, mais c'est au mot Islamisme, avec le « même sens que celui de ''Chrétienté'' pour les pays chrétiens. »</ref>.

Le mot « [[Musulmans (nationalité)|Musulman]] » (avec une majuscule) désignait au sein de l'[[Yougoslavie|ex-Yougoslavie]] une des communautés nationales (nationalité distincte depuis 1974) et la désigne encore dans certains des États qui en sont issus<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Alexis Troude|titre=Géopolitique de la Serbie|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Ellipses|Ellipses]]|année=2006|pages totales=285|passage=97|isbn=2729827498}}.</ref>. Au temps du [[Troisième Reich]], dans les [[camps de concentration]], le mot « musulman » ou « [[muselmann]] » est utilisé pour désigner {{Citation|les faibles, les inadaptés, ceux qui étaient voués à la sélection}}<ref name=":15">{{Ouvrage|langue=it|langue originale=it|auteur1=Primo Levi|traducteur=Julliard|titre=Si c'est un homme|lieu=Paris|éditeur=[[Pocket]]|année=2004|mois=septembre|pages totales=314|passage=135-138|isbn=978-2-266-02250-7}}.</ref>{{,}}<ref name=":16">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Victor|nom1=Kuperminc|titre=Les Juifs|éditeur=[[Éditions du Cavalier bleu]]|date=2001-01-01|pages totales=127|passage=66|isbn=978-2-84670-023-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=E4PGAwHM5ecC|consulté le=2016-05-02}}.</ref>{{,}}<ref name=":17">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Dan|nom1=Kaminski|titre=Victoire du nazisme|sous-titre=Mauvaises nouvelles|éditeur=BoD - Books on Demand France|date=2012-01-01|pages totales=228|passage=178|isbn=978-2-8106-1207-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=1frCoduwpsAC|consulté le=2016-05-02}}.</ref>.

== Histoire ==
[[Fichier:Grande Mosquée de Kairouan, gros plan sur le mihrab.jpg|vignette|Mihrab de la [[Grande Mosquée de Kairouan]], celle-ci étant le plus ancien lieu de culte de l'Occident musulman. La niche est un joyau de l'art islamique du {{s-|IX}}.]]
{{Article détaillé|Histoire de l'islam|Origines de l'islam|Genèse de l'islam|Expansion de l'islam}}
Pour l'historienne [[Jacqueline Chabbi]], l'islam des origines souffre encore d'un déficit d'historicité. La [[exégèse historico-critique|lecture historico-critique]] qui s'est appliquée pour {{Citation|le judaïsme et le christianisme n'a guère touché l'islam jusqu'à présent<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Jacqueline Chabbi]]|titre=Les Trois Piliers de l'islam. Lecture anthropologique du Coran|éditeur=[[éditions du Seuil]]|année=2016|passage=introduction|isbn=}}.</ref>}}. L’étude de cette période reste complexe, pour des raisons méthodologique et l’état des sources. « Ce passé primordial arabo-musulman se donne, en effet, à lire comme un récit composé ''a posteriori'' et visant à légitimer un pouvoir musulman confronté à ses propres divisions et à la splendeur des empires passés ». Cette histoire est une construction du {{S2-|IX|X}}<ref name=":38">A. Borrut, "De l'Arabie à l'empire", ''Le Coran des historiens'', t.1, 2019, {{p.|249}} et suiv.</ref>.

Les chercheurs en histoire islamique ont étudié l'évolution de la [[qibla]] au fil du temps pour le berceau de l'islam. [[Patricia Crone]], [[Michael Cook (historien)|Michael Cook]] et de nombreux autres chercheurs, basés sur des textes et des recherches archéologiques, pensaient que le « Masjid al-Haram » (la mosquée abritant la [[Kaaba]]) était située dans le nord-ouest de la péninsule arabique (pas à La Mecque comme exprimé dans les œuvres basées sur la culture narrative)<ref> https://bora.uib.no/bora-xmlui/bitstream/handle/1956/12367/144806851.pdf?sequence=4&isAllowed=y</ref>{{,}}<ref>Meccan Trade And The Rise Of Islam, (Princeton, U.S.A: Princeton University Press, 1987</ref>{{,}}<ref>{{lien web |langue=en |titre=ScholarlyCommons |url=https://repository.upenn.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=5006&context=edissertations |site=upenn.edu |consulté le=10-10-2023}}.</ref>. [[Dan Gibson (auteur)|Dan Gibson]] a déclaré que les premières orientations de la mosquée islamique et du cimetière ont montré [[Pétra]]{{pas clair}}, Muhammad a reçu ses premières révélations ici{{où}}  et l'Islam a été établi ici{{où}} <ref>Dan Gibson: Qur'ānic geography: a survey and evaluation of the geographical references in the qurãn with suggested solutions for various problems and issues. Independent Scholars Press, Surrey (BC) 2011, {{ISBN|978-0-9733642-8-6}}</ref>.

[[Fichier:ArabianpeninsulaAL.PNG|vignette|gauche|270px|Au moment de sa mort en [[632]], [[Mahomet]] avait réussi à réunir toute la péninsule arabique.]]

L'islam est apparu en [[Arabie]] au {{s|VII}} sous l'impulsion de [[Mahomet]] (570 - 632). Un siècle après sa mort, l'empire islamique s'étendait de l'[[océan Atlantique]] à l'ouest jusqu'à l'[[Asie centrale]] à l'est. L'islam naît dans un contexte de « violence endémique ». De nombreuses batailles caractérisent cette période. Dès le premier calife, [[Abou Bakr As-Siddiq|Abou Bakr]], une guerre est menée par des Arabes qui défendaient leurs croyances ancestrales<ref group="Note">Les auteurs parlent parfois des "guerres d'apostasie", terme "apologétique et anachronique", l'islam n'étant pas encore une religion constituée.</ref>. La mort du troisième calife entraîne une guerre civile parmi les musulmans<ref>[[Mohammad Ali Amir-Moezzi]], "Le Shi'isme et le Coran", ''Le Coran des historiens'', t.1, 2019, {{p.|924}} et suiv.</ref>.

Cette période d'expansion territoriale et de construction politique du califat voit se mettre en place la religion islamique, ses dogmes, ses normes et ses rites<ref name=":38" />. L’universitaire britannique [[William Montgomery Watt]] écrit : {{Citation|On estime en général que le dogme ne s’est développé qu’à partir du califat d'Ali}}<ref>[[William Montgomery Watt]], ''ʿAḳīda'', in: Encyclopédie de l’Islam</ref>, quatrième calife dans la seconde moitié du {{S-|VII}}. Pour l'historienne [[Sabrina Mervin]], {{citation|l'adoption de l'[[acharisme]] ({{S2-|X|XI}}) acheva la construction de l'orthodoxie sunnite}}<ref>Sabrina Mervin, ''Histoire de l'islam : Fondements et doctrines'', chapitre 5 ; l'élaboration de la théologie.</ref>. De même, l'apparition du nom de Mahomet à la fin du {{s|VII}} est considérée par [[Frédéric Imbert]] comme une évolution dans l'expression de la foi{{pas clair}}<ref>Frédéric Imbert, « L’Islam des pierres : l’expression de la foi dans les graffiti arabes des premiers siècles, Écriture de l’histoire et processus de canonisation dans les premiers siècles de l'islam » in ''Revue des études du monde musulman et de la Méditerranée'', 129'', juillet 2011.''</ref>. Cette période est aussi celle de la rédaction du Coran, qui, pour [[François Déroche]], n'est pas stabilisé avant le {{s-|VIII}}<ref>F. Déroche, ''La transmission écrite du Coran dans les débuts de l’islam, ''Leyde, 2009, {{p.|168}}.</ref>{{,}}<ref group="Note">À propos de l'histoire de la rédaction du Coran et des débats scientifiques sur le sujet, lire [[Coran]] et [[Recherches sur la datation du Coran]]</ref>. Le [[califat abbasside]] voit se mettre en place une fixation de la religion musulmane. Durant celui-ci (approximativement du {{sp-|IX|au|XI}} de l'ère commune), la [[sîra]] et les [[Hadîth|hadiths]] sont mis par écrit<ref name="Donner p125">{{Harvsp|Donner|2000|p=125}}.</ref>{{,}}<ref>{{en}} [[William Montgomery Watt]], ''{{Lien|trad=Muhammad at Mecca}}'', 1953, Oxford University Press, p. xi.</ref> et des chaînes de transmission orale reconstruites<ref name=":03" />. Pour Jacqueline Chabbi : {{citation|La tradition prophétique s’invente à ce moment-là, à travers ce qu’on appelle les hadiths, c’est-à-dire les paroles et les actes prêtés au prophète sur lesquels on veut calquer sa conduite. Mais c’est une figure complètement reconstruite}}<ref>{{Lien web|titre=Mahomet, le prophète posthume|url=http://www.liberation.fr/societe/2013/02/15/mahomet-le-prophete-posthume_882151|site=Libération.fr|consulté le=2016-05-07}}.</ref>.

Après l'éclatement politique du premier califat, il y eut des dynasties rivales réclamant le [[califat]], ou la conduite du monde musulman, et beaucoup d’empires islamiques furent gouvernés par un [[calife]] incapable d'unifier le monde islamique. En dépit de ce morcellement de l'islam en tant que communauté politique, les empires des califes [[abbassides]], l’[[Empire moghol]] et les [[Seldjoukides]] étaient parmi les plus grands et les plus puissants au monde.{{Référence nécessaire|date=11 août 2018}} Plus tard, aux {{s2-|XVIII|XIX}}, plusieurs régions islamiques tombèrent sous les puissances impériales européennes. L'islam ottoman est influencé par la pensée occidentale et connaît plusieurs réformes<ref>{{Lien web|langue=fr|nom1=Zarcone|prénom1=Thierry|titre=Un empire face à l'Occident|url=https://www.scienceshumaines.com/un-empire-face-a-l-occident_fr_3584.html|site=Sciences Humaines|consulté le=2018-08-11}}.</ref> tandis que naît le [[wahhabisme]], prônant un retour aux sources<ref>[[Dominique Chevallier]], article ''Wahabisme'', in ''Encyclopaedia Universalis'', édition 2011</ref>.

Bien qu'affectée par diverses [[idéologies]] telles que le [[communisme]] pendant une bonne partie du {{s|XX}}, l'identité islamique et la prépondérance de l'islam sur des questions politiques augmentèrent au cours de la fin du {{s-|XX}} et le début du {{s|XXI}}. La croissance rapide, les intérêts occidentaux dans des régions islamiques, les conflits internationaux et la [[globalisation]] influencèrent l'importance de l'islam dans le moulage du monde du {{s-|XXI}}{{Référence nécessaire|date=11 août 2018}}.

== Démographie et géographie ==
{{Article détaillé|Nombre de musulmans par pays|Conversion à l'islam|Apostasie dans l'islam}}

En 2015, le nombre de [[musulmans]] dans le monde est estimé à 1,8 milliard, soit 24 % de la population mondiale<ref name=":30">{{Lien web|nom1=Street|prénom1=1615 L.|nom2=NW|titre=The Changing Global Religious Landscape|url=http://www.pewforum.org/2017/04/05/the-changing-global-religious-landscape/|site=Pew Research Center's Religion & Public Life Project|date=2017-04-05|consulté le=2017-06-10}}.</ref>. La diffusion de l'islam, hors du [[monde arabe]], s'explique par la préférence communautaire, les [[Migration humaine|migrations]]<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=CESARI|nom1=Jocelyne|titre=L'islam en Europe. L'incorporation d'une religion|périodique=Cahiers d’études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien|numéro=33|date=2002-01-01|issn=0764-9878|lire en ligne=https://journals.openedition.org/cemoti/720|consulté le=2018-08-12}}.</ref> et le prosélytisme<ref>Merad Ali, « La diffusion de l'Islam dans le monde », dans ''L’Islam contemporain.'' Paris cedex 14, Presses Universitaires de France, {{coll.|[[Que sais-je ?]]}}, 2007, {{p.|105-122}}.</ref>. L'islam est aujourd'hui la religion ayant la plus forte croissance démographique<ref>{{en}} [http://www.foreignpolicy.com/articles/2007/05/13/the_list_the_worlds_fastest_growing_religions The List: The World's Fastest-Growing Religions].</ref>. D'après le [[Pew Research Center]], si les tendances démographiques actuelles se poursuivent, l'islam pourrait dépasser le christianisme et devenir la première religion au monde d'ici 2070<ref>{{Lien web|nom1=Street|prénom1=1615 L.|nom2=NW|titre=The Future of World Religions: Population Growth Projections, 2010-2050|url=http://www.pewforum.org/2015/04/02/religious-projections-2010-2050/|site=Pew Research Center's Religion & Public Life Project|date=2015-04-02|consulté le=2017-06-10}}.</ref>. Cette croissance rapide s'explique essentiellement par un [[taux de fécondité]] plus élevé permettant un rajeunissement de la population<ref name=":29">{{Article|langue=en-US|titre=Muslims and Islam: Key findings in the U.S. and around the world|périodique=Pew Research Center|date=2017-05-26|lire en ligne=http://www.pewresearch.org/fact-tank/2017/05/26/muslims-and-islam-key-findings-in-the-u-s-and-around-the-world/|consulté le=2017-06-10}}.</ref>.

L'islam est la seule religion dont le nom figure dans la désignation officielle de plusieurs États, sous la forme de « [[République islamique]] ». Il s'agit alors officiellement de la [[religion d'État]]<ref>{{Lien web|titre=Many Countries Favor Specific Religions, Officially or Unofficially|url=https://www.pewforum.org/2017/10/03/many-countries-favor-specific-religions-officially-or-unofficially/|site=pewforum.org|date=3 octobre 2017}}</ref>. Toutefois, ces républiques ne sont pas les seuls pays musulmans ayant décrété l'islam religion d’État. Plusieurs pays allient le droit des anciens pays colonisateurs au droit islamique.{{Référence souhaitée}}

Il peut se produire une confusion entre [[Arabes]] et musulmans, principalement à cause de deux facteurs : l'origine arabe de l'islam et la place centrale qu'occupe la langue arabe dans cette religion. Il y a environ {{nombre|422|millions}} d'Arabes<ref>{{Lien web|langue=en|titre=World Arabic Language Day {{!}} United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization|url=http://www.unesco.org/new/en/unesco/events/prizes-and-celebrations/celebrations/international-days/world-arabic-language-day/|site=unesco.org|consulté le=2017-06-10}}.</ref>, dont la grande majorité est musulmane<ref group="Note">Il y a environ {{nombre|20|millions}} de chrétiens parmi les Arabes.</ref>. En réalité, seulement 20 % des musulmans vivent dans le monde arabe<ref name=":29" />. Un cinquième de ceux-ci est situé en [[Afrique subsaharienne]], et la plus grande population musulmane du monde est en [[islam en Indonésie|Indonésie]], suivie par le [[Pakistan]]<ref>{{lien web |titre=En 2050, le premier pays musulman sera... l'Inde |url=https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1035270/premier-pays-musulman-inde-2050 |site=ici.radio-canada.ca|date=26-05-2017 |consulté le=22-09-2020}}.</ref>. D'importantes communautés existent au [[Nigeria]], au [[Bangladesh]], en [[Afghanistan]], en [[Inde]], en [[Iran]], en [[Chine]], en [[Europe]], dans l'ex-[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]], et en [[Amérique du Sud]]. Il y a {{nombre|3.3|millions}} de musulmans aux [[États-Unis]] (1 % de la population)<ref name=":30" /> et {{nombre|2.1|millions}} de musulmans « déclarés » en [[islam en France|France]] (3,2 % de la population)<ref>{{article|auteur=Frédéric Joignot|titre=En France, des jeunes de plus en plus fidèles à l'islam|périodique=[[Le Monde]].fr|date=1 novembre 2012|url=https://www.lemonde.fr/culture/article/2012/11/01/des-jeunes-fideles-a-l-islam_1784520_3246.html}}.</ref> selon l'[[Institut national d'études démographiques|INED]] et l'[[Institut national de la statistique et des études économiques|INSEE]], principalement issus de l'[[immigration]], auxquels il faut ajouter les conversions, dont le nombre est très difficile à déterminer d'autant qu'il y a des conversions en sens inverse et des [[Apostasie|apostats]]. Toutefois, selon l'[[Ipsos]], la perception du nombre de musulmans est globalement surévaluée dans {{nombre|40|pays}} analysés<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Étienne|nom1=Jacob|titre=La population musulmane largement surestimée en France|périodique=Le Figaro|date=2016-12-14|issn=0182-5852|lire en ligne=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/12/14/01016-20161214ARTFIG00214-la-population-musulmane-largement-surestimee-en-france.php|consulté le=2017-06-03}}.</ref>.

Au début du {{s-|XXI}}, l'athéisme est, selon certains sociologues, en progression dans des pays traditionnellement musulmans<ref>[https://www.la-croix.com/Religion/Islam/Latheisme-progresse-monde-musulman-2017-08-04-1200867683 « L’athéisme progresse dans le monde musulman »], ''La Croix''.</ref>. Ce phénomène s'observe principalement au Maghreb, en Égypte et au Soudan<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Sondage. L’athéisme progresse parmi la jeunesse arabe|url=https://www.courrierinternational.com/article/sondage-latheisme-progresse-parmi-la-jeunesse-arabe|site=Courrier international|date=2019-06-26|consulté le=2020-05-02}}</ref>.

<gallery caption="Géographie de l'islam">
Fichier:Map of state religions.svg|Pays ayant une [[religion d'État]]. Vert: islam. Bleu: christianisme. Jaune: bouddhisme.
Fichier:Muslim Percent Population.svg|Carte de la distribution mondiale des [[musulmans]], exprimée en pourcentage dans chaque pays. Données du Pew Research.
</gallery>

== Les devoirs du musulman ==
Tout musulman doit normalement respecter des obligations de [[culte]] pouvant prendre le nom de « [[piliers de l'islam]] » (''arkān al-Islām'')<ref>{{en}} [http://www.oxfordislamicstudies.com/article/opr/t125/e1859 « Pillars of Islam »], ''The Oxford Dictionary of Islam'', Éd. John L. Esposito, Oxford Islamic Studies Online, 6 août 2016.</ref>. La mise en place des commandements d'origine coranique s'étend sur les premiers siècles de l'islam. Quant aux autres : la forme de la [[Chahada|profession de foi]] (''Chahada'') évolue après la mort de Mahomet<ref>Edouard-Marie Gallez'', Le messie et son prophète'', Aux origines de l'islam, Éditions de Paris, vol. 1, {{p.|488}}.</ref>, et certains aspects de la [[Salat (islam)|prière rituelle]] (''salat'') sont encore discutés au {{s-|IX}}<ref>G.Monnot, « Ṣalāt », ''Encyclopédie de l’Islam'', Brill Online, 2016.</ref>. Épars dans le Coran, ces deux éléments ne forment pas, comme par la suite, une exposition systématique des conditions de la foi. Se référant à un hadith prophétique (« L'islam est bâti sur cinq [choses] »<ref group="Note">Ni le Coran, ni le propos attribué à Mahomet ne contiennent le mot « piliers ».</ref>), les écoles juridiques sunnites ont peu à peu, durant les trois premiers siècles de l'islam, formulé l'adhésion à l'islam sous la forme de cinq piliers<ref name=":39">P. B., ''Piliers de l'islam'', ''Dictionnaire du Coran'', 2007, Paris, {{p.|674}} et suiv.</ref>.

L'origine de ces différents piliers interroge les chercheurs. Ainsi, pour [[Mohammad Ali Amir-Moezzi]], {{Citation|on n’a d’ailleurs pas encore mesuré le poids de l’influence [[Manichéisme (religion)|manichéenne]] en islam. J’ai l’habitude de rappeler que quatre des cinq piliers de l’islam semblent avoir des antécédents chez les manichéens : la profession de foi, les cinq prières quotidiennes, un mois de jeûne par an, l’aumône, tout cela fait partie des fondements du manichéisme et se retrouve en islam. Le chiisme sert de catalyseur et de porte d’entrée à de multiples influences qui vont ensuite imprégner l’islam parfois dans son intégralité<ref>{{Lien brisé|langue=fr|titre=Le Coran silencieux et le Coran parlant|url=http://www.lemondedesreligions.fr/savoir/le-coran-silencieux-et-le-coran-parlant-30-11-2011-2045_110.php|site=www.lemondedesreligions.fr|consulté le=2018-04-12}}</ref>.}} Selon Joseph Chelhod, d'autres influences, chrétiennes, juives, polythéistes, ont pu être repérées dans ses obligations ou dans leurs formes<ref>Joseph Chelhod, ''Revue de l'histoire des religions'', {{vol.|156}}, 1959, {{p.|161–188}}.</ref>.

=== Tronc commun : cinq « piliers de l'islam » ===
[[Fichier:Tunesien-qairawan-raqqada.jpg|vignette|Chahada gravée sur une colonne dans la [[Grande Mosquée de Kairouan]], Tunisie.]]
{{Article détaillé|Piliers de l'islam}}
Ces cinq « piliers » (''arkān'') constituent la {{Citation|[base] de la pratique religieuse de tous les musulmans, [qu'ils soient] sunnites (90 % des musulmans<ref name=":22" />) [ou] chiites}}<ref>Serge Lafitte, ''Chiites et sunnites'', Plon, 2007, {{p.|41}}.</ref>.

# ''[[Chahada]]'' (« déclaration de foi ») : elle représente une partie du [[credo (religion)|credo]] islamique et consiste en une phrase très brève : {{Prononciation|Shahadah.ogg|écouter}} ({{Lang|ar|أَشْهَدُ أَنَّ لَا إَلَهَ إِلَّا الله وَ أَشْهَدُ أَنَّ مُحَمَّداً رَسُولُ الله}}) {{citation|Je témoigne qu’il n’y a de véritable divinité qu'Allah et que Mouhamed est Son messager.}}, soit la foi en un Dieu unique (''[[tawhid]]''), [[Allah]], et la reconnaissance de [[Mahomet]] comme étant son prophète ;
# [[Salat (islam)|''Salat'']], la prière [[canonique]] (cinq fois par jour) ;
#* {{Langue|ar|الصُّبْحُ}} (''Al-Sobh'')
#* {{Langue|ar|الظُّهْرُ}} (''Al-Dohr'')
#* {{Langue|ar|الْعَصْرُ}} (''Al-Asr'')
#* {{Langue|ar|الْمَغْرِبُ}} (''Al-Maghreb'')
#* {{Langue|ar|الْعِشَاءُ}} (''Al-Ichâa)''
# ''[[Saoum]]'', le respect du [[jeûne]] lors du mois de [[ramadan]] ;
# ''[[Zakat]]'', l'aumône légale envers les nécessiteux si on est imposable : elle consiste en un prélèvement obligatoire de 2,5 % dès un seuil d'imposition de {{nb|20 [[dinar]]s}} (évalués à {{unité|84|grammes}} d'[[or]] de {{nb|18 carats}})<ref name=":4" /> ;
# ''[[Hajj]]'', le pèlerinage : il consiste à se rendre à [[La Mecque]] au moins une fois dans sa vie, si on en a les moyens matériels et physiques.

=== Dans le kharidjisme : un sixième pilier ===
En plus des cinq « piliers » ci-dessus, les [[Kharidjisme|kharidjites]] (littéralement, les « sortants » ou « dissidents ») ont considéré, dès les débuts de l'islam<ref name=":39" />, un « sixième » [[Piliers de l'islam|pilier]]<ref name=":8">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Quentin Ludwig|prénom2=l|titre=L'islam|éditeur=[[Eyrolles]]|collection=Pratique|année=2011|mois=juillet|jour=7|pages totales=223|passage=121|isbn=978-2-212-54767-2|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=eQ93QMIVylAC&pg=PT158&q=djihad+in+islam+quentin+ludwig}}0</ref> :

6. [[Jihad|''Djihad'']] : « abnégation », « effort », « résistance », « lutte » ou « combat », parfois traduit par « guerre sainte ».

=== Dans le chiisme : jusqu'à dix « auxiliaires de la foi » ===
En plus des six « piliers » ci-dessus, le [[chiisme duodécimain]] (représentant 80 % des chiites<ref name=":23">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Dona J. Stewart|titre=The Middle East Today : Political, Geographical and Cultural Perspectives|éditeur=éd. Routledge|année=2012|passage=55|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=JYE2eOEmwmkC&pg=PA55&dq=false}}.</ref>) en rajoute encore quatre<ref name=":11">{{Lien web|titre=Les cinq piliers de la foi|url=https://www.letemps.ch/monde/2014/07/27/cinq-piliers-foi|consulté le=2016-08-01}}.</ref>, soit dix au total, qu'il nomme « [[Auxiliaires de la foi]] » :

7. [[Khoms (impôt)|''Khoms'']] (« cinquième du butin ») : il a été étendu par la suite à tout revenu qui ne correspond pas à un travail ou à un héritage (dons, offrandes, récompenses, primes, etc.) afin de rémunérer les savants considérés comme les héritiers des prophètes ;

8. ''[[Al Wala' Wal Bara']]'' (« la loyauté et le désaveu ») : elle régit les rapports de la [[Oumma]] avec le monde extérieur : elle implique de reconnaître l'autorité des douze imams de la maison du prophète Mahomet (''[[Ahl al-bayt]]'') et de se désavouer de leurs ennemis ;

9. [[Ordonnance du bien et interdiction du mal|''Amr-Bil-Ma'rūf Wa Nahi-Anil-Munkar'']] (« ordonnance du bien et interdiction du mal ») : elle régit les rapports internes de la [[Oumma]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Moojan Momen|titre=An Introduction to Shi'i Islam|sous-titre=The History and Doctrines of Twelvers Shi'ism|éditeur=[[Yale University Press]]|année=1987|pages totales=424|passage=178-180|isbn=978-0-300-03531-5}}.</ref> ;

10. ''[[Taqiya]]'' ({{Citation|arcane du secret}}<ref name=":28">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Serge|nom1=Lafitte|titre=Chiites et sunnites|éditeur=EDI8|date=2016-01-07|pages totales=78|isbn=978-2-7509-1267-3|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=XopRCwAAQBAJ&pg=PT54&dq=taqiya+chiisme+duod%C3%A9cimain|consulté le=2017-06-07}}.</ref>) : elle consiste initialement à dissimuler sa foi pour échapper aux [[persécutions religieuses]] : par la suite, elle sera dévoyée pour cautionner des entreprises de [[subversion]] dans le cadre de l'activisme [[politique]] : en tout état de cause, elle est volontairement passée sous silence<ref name=":28" />.

Les [[Ismaélisme|ismaéliens]] (courant minoritaire) rajoutent aux six « piliers » (''arkān'') : (7°) la ''[[Wilayah (islam)|Wilayah]]'' (« amour et dévotion pour Allah, les prophètes et l'imam ») ; (8°) la ''[[Tahara (islam)|Tahara]]'' ({{Citation|pureté rituelle}})<ref>{{Lien web|titre=Bohras|url=http://archive.mumineen.org/publications/oup/bohras.html|site=archive.mumineen.org|consulté le=2016-08-01}}.</ref> ; et (9°) la ''[[Taqiya]]''<ref name=":28" />. Par contre, les [[druzes]] (branche de l'ismaélisme) les rejettent en bloc<ref name=":11" />.

== Les croyances de la foi musulmane ==
{{Article détaillé|Foi musulmane|'Aqîda}}

La définition de la [[foi musulmane]] ({{Citation étrangère|langue=ar|إِيمَانٌ}}, « ''îmân'' ») découle des textes du Coran ou des hadiths<ref>B. LEWIS, V.L. MENAGE, Ch.PELLAT et J.SCHACHT, ''L'encyclopédie de l'islam'', Paris, E.J. BRILL, 1990, {{nb p.|1303}} {{ISBN|9004042571}}, Page 1200/ 1201</ref>. Sans être exhaustifs, ces derniers définissent la [[croyance]] (ou la [[foi]]) par : {{Citation|La foi (''imân'') est que tu croies ({{1er}}) en Dieu, ({{2e}}) en Ses anges, ({{3e}}) en Ses livres, ({{4e}}) en Ses messagers, ({{5e}}) en la réalité du jour dernier, et ({{6e}}) que tu croies en la réalité de la destinée, qu'elle soit relative au bien ou au mal}}<ref group="Note">Tradition (hadith) rapportée par Mouslim dans son livre ''As-sahih''.</ref>{{,}}<ref name=":6" />.

Dans la jurisprudence religieuse, l'adhérent à l'islam est nommé ''mouslim'' (musulman, circoncis de la chair) et l'adhérent à l'[[foi|''imane'']] est nommé ''mou'min'' (croyant, circoncis du cœur), sans pour autant faire de dissociation entre les deux car ces deux termes sont considérés par l'islam comme indissociables et complémentaires<ref name=":6">Amir-Moezzi, ''Dictionnaire du Coran'', Paris, 2007, chapitre "Foi et infidélité", {{p.|347}} et suiv.</ref>.

Dans l'islam, la croyance et la pratique, le fond et la forme, sont intimement liés. En effet, les versets coraniques décrivent souvent le croyant ''mou'min'' comme étant « celui qui croit et pratique de bonnes œuvres ». Dans la pratique, cela n'exclut pas la présence de croyants ne pratiquant pas (considérés comme « pécheurs »), ou des pratiquants ne croyant pas (considérés comme « hypocrites » par l'islam)<ref name=":6" />. Pour l'islam, les actes sont le reflet de la foi et ils ne valent que selon leurs intentions. Autrement dit, les rites sont inutiles s'ils ne sont pas accomplis avec sincérité<ref name="religions">{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=de|auteur1=Gerhard J. Bellinger|titre=Encyclopédie des religions|lieu=Paris|éditeur=Le livre de poche|année=2000|pages totales=804|isbn=978-2-253-13111-3|isbn2=2-253-13111-3}}.</ref>{{Référence incomplète}}.

=== Allah ===
{{Article détaillé|Allah}}
[[Fichier:Dcp7323-Edirne-Eski Camii Allah-ds.svg|vignette|Allah écrit en [[arabe]].]]

''[[Allah]]'' (avec l'article agglutiné) est le terme sans pluriel, ni genre, utilisé par les musulmans et par les arabophones chrétiens et juifs en référence à Dieu, alors que ''{{'}}ilāh'' ({{Lang-ar|إِلَهٌ}}) est le terme générique utilisé pour une divinité, une déesse ou un dieu<ref name=":2">{{Lien web|titre=PBS - Islam: Empire of Faith - Faith - God|url=https://www.pbs.org/empires/islam/faithgod.html|site=www.pbs.org|consulté le=2016-01-02}}.</ref>. L’islam croit en un dieu unique, créateur de toute chose, maître du jour du Jugement Dernier<ref name=":113">L. Gardet, « Allah » dans ''Encyclopédie de l’islam'', tome 1, {{p.|406}} et suiv</ref>, qui juge souverainement les êtres suivant des critères impénétrables et indiscutables<ref>Dans l'article « Islam » de la [[Grande Encyclopédie Larousse]], l'historien [[Maxime Rodinson]] souligne que « L'essentiel du message est dans la définition de Dieu. Être suprême unique, un en lui-même; Allāh a créé toute chose. Souverain tout-puissant,  être vivant et doté de volonté, omniscient et omniprésent, infiniment parfait, il juge souverainement les êtres, les punit et les récompense suivant des critères impénétrables et indiscutables. Terrible, il est néanmoins infiniment juste et aussi miséricordieux. Son essence n'a rien de commun avec les imperfections et les limitations des créatures. »</ref>. Le [[Coran]] ayant été rédigé en langue arabe, c'est donc naturellement le terme ''Allah'' qui est utilisé pour désigner ce dieu unique, créateur, omniprésent et omniscient<ref name=":07">Ballanfat P., « Allah » dans ''Dictionnaire du Coran'', 2007, Paris, {{p.|40-43}}.</ref>, terme qu'on retrouve notamment dans la profession de foi (''[[Chahada]]'') : « J'atteste qu'Il n'y a pas de divinité si ce n'est Dieu (''Allah'') et que Mohammed est Son messager » (''Ashhadu an lâ ilâha illa-llâh wa ashhadu ana Mouhammadan Rasûlu-l-llâh'')<ref>Clarck M., Chebel M., ''L'islam pour les nuls'', First, 2008, {{p.|159}}.</ref>.

Certains passages coraniques rappellent que le nom ''Allah'' désignait pour les Mecquois avant la période islamique le Dieu créateur<ref group="Note">[[Coran|''Le Coran'']], « Le Tonnerre », XIII, 16, (ar) الرعد , « L’Araignée », XXIX, 61-63, « Lokman », XXXI, 25, « Troupes », XXXIX, 38</ref>{{,}}<ref name=":113" />{{,}}<ref>Sourdel D., « Les Arabes avant l'Islam », ''Histoire des Arabes.'' Presses Universitaires de France, 2007, {{p.|7-18}}.</ref>. Le terme ''Ilah'' apparaît, précédé de l’article, dans la [[Littérature préislamique|poésie préislamique]] comme un nom divin impersonnel et signifie le dieu évoqué dans le contexte (déjà mentionné, par exemple…){{pas clair}}. Cette littérature montre aussi que le nom ''Allâh'' est la contraction de ''al-'ilâh''<ref>D.B. MacDonald, « Ilah » dans ''Encyclopedie de l’islam'', Tome 3, 1986, {{p.|1093-1094}}.</ref>. Le terme ''Allah'' est attesté dans des poèmes des tribus arabes chrétiennes d'Arabie comme les [[Ghassanides]] et les Tanukhides<ref>A. Amin et A. Harun, ''Sharh Diwan Al-Hamasa'', Le Caire, 1951, Vol. 1, {{p.|478-480}}.</ref>{{,}}<ref>Al-Marzubani, ''Mu'jam Ash-Shu'araa'', {{p.|302}}.</ref>{{,}}<ref>Irfan Shahîd, ''Byzantium and the Arabs in the Fourth Century'', Dumbarton Oaks Trustees for Harvard University-Washington DC, {{p.|452}}.</ref>. Une inscription du {{s-|VI}} trouvée à Umm al-Jimal atteste de l’usage de ce nom<ref name=":07" />{{,}}<ref>{{Article |prénom1=James A. |nom1=Bellamy |titre=Two Pre-Islamic Arabic Inscriptions Revised: Jabal Ramm and Umm Al-Jimāl |périodique=Journal of the American Oriental Society |volume=108 |numéro=3 |date=1988 |doi=10.2307/603860 |lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/603860 |consulté le=2018-11-04 |pages=369–378 }}</ref>. Dans une inscription chrétienne datant de 512, les références à Allah sont en arabe et en araméen, soit « Allah » et « Alaha » ; l'inscription commence par la déclaration : {{citation|Par le secours d'Allah}}<ref>Grohmann A., ''Arabische Paläographie II: Das Schriftwesen und die Lapidarschrift'', Vienne'', 1''971,Hermann Böhlaus Nochfolger, {{p.|6-8}}.</ref>{{,}}<ref>Gruendler B., ''The Development of the Arabic Scripts: From the Nabatean Era to the First Islamic Century according to Dated Texts'', Atlanta, 1993, Scholars Press.</ref>. Le nom Allah était donc utilisé par les chrétiens arabophones avant l’islam<ref name=":34">Koscielniak, « Quelques remarques sur la littérature pré-islamique arabe chrétienne », ''Rocznik orientalistyczny'', LVII, 2004, {{p.|60-76}}.</ref>.

Allah est présent dans le Coran mais ce texte n’a pas pour but d’exposer ses attributs. Le Coran est regardé par les musulmans comme la parole de Dieu, qui demeure inaccessible, bien que ses « perfections transcendantes » soient évoquées<ref name=":113" />. Dans le Coran, certains versets donnent une image anthropomorphique d’Allah : il a une face, des mains, des yeux... Ces descriptions ont fait l’objet de débats exégétiques et théologiques<ref name=":113" />. S’appuyant sur les hadiths d’une part et sur le [[tafsir]] de l’autre, la théologie (''[[Kalâm|‘ilm al-kalam]]''), principalement d’origine mutazilite, s’est penchée sur la question du divin, de son unicité et de sa justice. La question du rapport entre l’essence divine et ses attributs est particulièrement sensible, certains traditionalistes refusant toute recherche rationnelle<ref name=":113" />.

=== Anges ===
{{Article détaillé|Malaikas (anges)}}
[[Fichier:Israfel blowing nafir.jpg|vignette|Représentation d'un ange, probablement Israfel. 750-1258, époque Abbaside.]]
Le Coran affirme l'[[Foi musulmane#Les six axiomes de la Foi|existence des anges]] ({{Lang-ar|مَلَكٌ}}, ''malak''), à laquelle tout musulman doit croire<ref>{{Lien web|langue = Français|titre = Les bases de la croyance islamique|url = http://www.nouralislam.com/guide/les-6-piliers-de-la-foi|site = Nour Al Islam|date = }}.</ref>{{,}}<ref name="2008_Clark_et_Chebel">{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|auteur1=Malcolm Clark|auteur2=Malek Chebel|traducteur=Maylis Gillier|titre=L'Islam pour les nuls|titre original=Islam for dummies|lieu=75005 Paris|éditeur=[[Éditis|Editions First (Marie-Anne Jost)]]|nature ouvrage=Éducation|année=2008|pages totales=485|format livre=Broché|isbn=978-2-7540-0531-9}}.</ref>. Ils sont les ambassadeurs de Dieu (comme ses homologues en hébreu, ''malakh'', et en grec, ''[[angélos]]''), dont ils exécutent ou transmettent les ordres.

==== Statuts des anges ====
Si le Coran présente les anges comme soumis à Allah, qu'il {{Citation|est catégorique quant à leur obéissance, […] il est en contradiction avec leur nature créée et leur relation à cet égard avec les Djinn et Shayatin (satans).}}<ref name=":117">''The Encyclopedia of Islam'', art. "Mala'ika", {{p.|217}}.</ref>. La parfaite obéissance des anges est une lecture traditionnelle des récits autour de la Création<ref>''Encyclopedia of Quran'', "angel", {{p.|85}} et suiv.</ref>. Certains érudits comme Tabari et Ashari ont accepté les anges déchus et ne croyaient pas à l'impeccabilité des anges. Ils soutiennent que seuls les messagers parmi les anges sont infaillibles<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Valerie Hoffman|titre=The Essentials of Ibadi Islam|éditeur=Syracuse University Press|année=2016|pages totales=362|passage=189|isbn=978-0-8156-5084-3|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=JNxvMRJM3EAC&printsec=frontcover}}</ref>.

Le Coran parle de la chute d'[[Iblis]] dans plusieurs sourates<ref name=":35">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=François|nom1=Déroche|titre=Le Coran|éditeur=Presses universitaires de France|collection=Que sais-je ?|numéro dans collection=1245|année=2017|passage=pt 36|isbn=978-2-13-079267-3|présentation en ligne={{Google Livres|5vngDQAAQBAJ}}|consulté le=2018-12-16}}</ref>. Une autre sourate est une « difficulté dans la doctrine de l’impeccabilité des anges »{{pas clair}}<ref name=":117" />. Elle fait allusion à [[Harout et Marout]], anges déchus pour avoir succombé aux plaisirs de la chair. Selon le récit, ceux-ci ont été enfermés dans une fosse et auraient enseigné aux hommes la magie<ref name=":09">Gobillot G., "Ange, angelologie", dans ''Dictionnaire du Coran'', 2007.</ref>.

Les musulmans croient que les anges sont faits de lumière. Ce verset coranique les décrit ainsi : "Louange à Allah, Créateur des cieux et de la terre, qui a fait des Anges des messagers dotés de deux, trois, ou quatre ailes. Il ajoute à la création ce qu'Il veut, car Allah est Omnipotent" (Coran, sourate 35, verset 1)<ref name="2008_Clark_et_Chebel" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=John Esposito|titre=What Everyone Needs to Know about Islam|sous-titre=Second Edition|éditeur=Oxford University Press.|année=2002|pages totales=268|isbn=978-0-19-979413-3|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=2wSVQI3Ya2EC&printsec=frontcover}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=W. Madelung|titre=Encyclopaedia of Islam Online|éditeur=|année=|pages totales=« Malā'ika »|isbn=|issn=1573-3912|lire en ligne=http://referenceworks.brillonline.com/entries/encyclopedie-de-l-islam/mala-ika-COM_0642?s.num=241&s.rows=50&s.start=220 (extrait)}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Gisela Webb.|titre=Encyclopaedia of the Qur'an Online|éditeur=|année=|passage=« Angel »|isbn=}}.</ref>.

Parmi les anges, [[Gabriel (archange)|Gabriel]] (Jibrîl), [[Michel (archange)|Michel]] (Mîkâ'îl) et [[Raphaël (archange)|Raphaël]] (Isrâfîl)<ref name="israfil">{{lien web|langue=en|titre=Israfil|url=http://www.britannica.com/EBchecked/topic/296909/Israfil|série=Encyclopaedia|éditeur=Britannica|consulté le=20 novembre 2012}}.</ref> jouent des rôles d'une importance considérable. À leur tête, l'archange Gabriel est chargé de la révélation (coranique entre autres<ref>L'ange Gabriel est même considéré comme un archange [https://books.google.fr/books?id=cO0n20lEzUUC&pg=PA45&dq=ifalse#v=onepage&q&f=false Antoine Moussali, ''La croix et le croissant : le christianisme face à l'Islam'', Éditions de Paris, 1997, {{p.|45}}].</ref>), en laquelle il y a « vie pour les âmes et les cœurs ». L'archange Michel est chargé de la pluie, en laquelle il y a « vie pour la terre, les plantes et les animaux ». L'archange Raphaël est chargé de souffler dans la trompe, en laquelle il y a « vie des êtres après leur mort »<ref>{{Ouvrage|langue=ar|auteur1=Abou Hanifa|traducteur=Moussaoui Mahboub|titre=Les fondements de la foi sunnite|éditeur=Sabil|année=2006|pages totales=174|passage=35-36|isbn=2-914246-33-1}}.</ref>.

==== Existence des djinns ====
{{Article détaillé|Djinn}}

La plupart des musulmans croient en l'existence des [[djinn]]s. Génies pré-islamiques, les djinns sont, pour l'islam, des créatures créées pour adorer Allah<ref name=":26">Amir-Moezzi, ''Dictionnaire du Coran'', 2007, Paris, article "génies", {{p.|358}} et suiv.</ref>. Ils sont invisibles mais capables de prendre une forme humaine ou animale. La sourate [[Al-Jinn|al-jinn]] leur est particulièrement consacrée<ref name=":26" />. Les djinns peuvent être démoniaques ou angéliques<ref name=":26" />. Ils partagent de nombreuses caractéristiques avec les humains tout en ayant leur propre « nature originelle » (''[[fitra]]''). Ils s'apparentent à la société humaine et peuvent également appartenir à différentes religions<ref>Abu l-Lait as-Samarqandi's Comentary on Abu Hanifa al-Fiqh al-absat Introduction, Text and Commentary by Hans Daiber Islamic concept of Belief in the 4th/10th Century Institute for the Study of Languages and Cultures of Asia and Africa p. 243</ref>.

La nature des djinns interroge les chercheurs. Pour Reynolds, djinns et démons appartiennent au même genre et sont des anges déchus, les djinns pouvant cependant croire en Dieu. Crone considère que les djinns sont d’une espèce différente des anges. Enfin, Dye, considère que les djinns ont été assimilés par le Coran aux démons, sans s’intéresser à leur nature réelle, et que le Coran cherche à diaboliser les djinns et les présente comme des créatures à la fois dangereuses et amorales, ce qui les rapproche des démons vus par le christianisme; la présentation coranique des djinns s’insère, toujours selon Dye, dans le courant chrétien de diaboliser les êtres intermédiaires entre Dieu et les hommes<ref name=":214">G. Dye, G.S. Reynolds, "Sourate 72", ''Le Coran des Historiens'', 2019, {{p.|1853}} et suiv.</ref>. Pour d'autres, ce sont simplement des éléments païens, intégrés dans une religion monothéiste et rendus comparables à l'homme<ref>Christopher R. Fee, Jeffrey B. Webb American Myths, Legends, and Tall Tales: An Encyclopedia of American Folklore [3 volumes]: An Encyclopedia of American Folklore (3 Volumes) ABC-CLIO 2016 {{ISBN|978-1-610-69568-8}} p. 527</ref>.

==== Satan ====
{{Article détaillé|Iblis|Dive (mythologie)}}
Il y a débat au sein de l'islam au sujet d'[[Iblis]] (Satan, le diable) : appartient-il au monde des [[djinn]]s (abeings ardents et aériens{{pas clair}})<ref>McAuliffe, Jane Dammen. 2003. Encyclopaedia of the Qurʾān 3. DC: Georgetown University. p. 45.</ref>, ou est-il un ange déchu (être de lumière, parfois considéré comme igné), le Coran étant contradictoire sur ce point<ref name=":26" /> ? Les [[Salafisme|salafistes]] (tenants du dernier avis) fondent leur position sur la lecture de la sourate [[Al-Baqara]], alors que les [[Soufisme|soufis]] (tenants du premier avis) fondent la leur sur celle de la sourate [[Al-Kahf]] notamment<ref group="Note">Par exemple, sourate 2 : La vache (''Al-Baqara'') : {{Citation|Et lorsque Nous demandâmes aux Anges de se prosterner devant Adam, ils se prosternèrent à l'exception d'Iblis qui refusa, s'enfla d'orgueil et fut parmi les infidèles.}}.</ref>{{,}}<ref group="Note">Par exemple, sourate 18 : La caverne (Al-Kahf) : {{Citation|Et lorsque Nous dîmes aux Anges : « Prosternez-vous devant Adam », ils se prosternèrent, excepté Iblis [Satan] qui était du nombre des djinns et qui se révolta contre le commandement de son Seigneur. Allez-vous cependant le prendre, ainsi que sa descendance, pour alliés en dehors de Moi, alors qu'ils vous sont ennemis? Quel mauvais échange pour les injustes !}}.</ref>{{,}}<ref group="Note">Hadith : le prophète a dit : {{Citation|Les Anges sont créés à partir de la lumière et les djinns le sont à partir d'une flamme et Adam l'a été à partir de l'argile.}} Rapporté par Mouslim.</ref>{{Référence nécessaire|date=11 août 2018}}. Si Iblis est présenté par le texte coranique tantôt comme un ange déchu<ref name="djinn">Comme ange, Coran 7:11, 15:30, 17:61, 38:73f ; comme djinn, Coran 18:50 ; cf. {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Mehdi|nom1=Azaiez|prénom2=Gabriel Said|nom2=Reynolds|prénom3=Tommaso|nom3=Tesei|prénom4=Hamza M.|nom4=Zafer|titre=The Qur'an Seminar Commentary : Le Qur'an Seminar|sous-titre=A Collaborative Study of 50 Qur'anic Passages / Commentaire collaboratif de 50 passages coraniques|éditeur=[[Walter de Gruyter]]|année=2016|pages totales=507|passage=388|isbn=978-3-11-044590-9|lire en ligne={{Google Livres|2BSyDQAAQBAJ}}|consulté le=2018-12-16}}</ref>, tantôt comme un djinn<ref>pour une approche de cette problématique voir ''La préexistence des Anges des Djinns et des Démons'' in {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Geneviève Gobillot|titre=Le Livre de la profondeur des choses|éditeur=Presses universitaires du Septentrion|année=1996|pages totales=306|passage=92-99|isbn=978-2-85939-496-7|présentation en ligne={{Google Livres|b4DZMkP1Zq8C}}}}</ref>, la majorité des commentateurs du Coran (le ''jumhûr''), le considère comme un ange déchu devenu djinn<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Sarwat Anis|nom1=Al-Assiouty|titre=Et ainsi naquirent les dieux…|sous-titre=faiseurs de pluie, chaman-guérisseurs ; prêtres-devins --|éditeur=Letouzey & Ané|année=1991|pages totales=260|passage=212|isbn=978-2-7063-0185-8|lire en ligne={{Google Livres|Ht8nAAAAYAAJ}}|consulté le=2018-12-16}}</ref>. L'islam reconnaît l'existence de divers satans (''[[sheitan]]'') subordonnés. Ils causent du tort et incitent les humains à pécher<ref>R. M. Savory, ''Introduction to Islamic Civilization'', Cambridge University Press, 1976 {{ISBN|978-0521099486}} p. 42</ref>.

=== Écritures ===
L'islam reconnait plusieurs textes comme étant des textes révélés. Les plus connus sont le [[Coran]] (''qour’ân'') révélé à [[Mahomet]], la [[Torah]] (''tawrât'') révélée à Moïse, [[livre des Psaumes|les Psaumes]] (''zaboûr'') révélés à David, les [[Évangile]]s (''injîl'') révélés à Jésus<ref name=":19">{{Lien web|nom1=Monjou|prénom1=Marc|titre=L'Évangile et le Coran|url=http://injil.free.fr/|site=injil.free.fr|consulté le=2016-05-30}}.</ref>{{,}}<ref>http://www.apbif.org/croyance-des-musulmans/croyance-en-les-livres/les-livres-reveles.html.</ref>. Il y a aussi des références aux feuillets d'Abraham et de Moïse dans le Coran<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Le Livre révélé à Moïse : « kitâb », différent des « suhuf » de ce prophète ?|url = http://www.maison-islam.com/articles/?p=458|site = Maison-islam.com|date = }}.</ref>.Le Coran porte néanmoins une accusation contre les [[juifs]] et les [[chrétien]]s d'avoir falsifié leurs Écritures. Elle s'inscrit dans le prolongement du refus de ceux-ci de reconnaître Mahomet comme prophète et dans l'accusation portée contre ceux-ci d'être de mauvaise foi<ref name="Urvoy 2017">Urvoy M.-T., « Falsification », dans ''Dictionnaire du Coran, ''2007, Paris, {{p.|333-335}}</ref>. Cette accusation a une mise en place longue et la forme maximaliste d'[[Ibn Hazm]], de réfutation systématique, est celle aujourd'hui largement répandue dans le monde musulman<ref name="Urvoy 2017" />. Jacques Jomier considère ces critiques comme « insoutenables scientifiquement »<ref>Comeau, Geneviève, et Michel Younès. « Bulletin de théologie des religions », ''Recherches de Science Religieuse'', vol. tome 106, no. 4, 2018, {{p.|647-675}}. https://www.cairn.info/revue-recherches-de-science-religieuse-2018-4-page-647.htm</ref>{{,}}<ref>Borrmans Maurice, ''Quatre acteurs du dialogue islamo- chrétien. Arnaldez, Caspar, Jomier, Moubarac'', Vrin, Paris, 2016, 154 p.</ref>.

Selon les musulmans, le [[Coran]] est le dernier des livres révélés, car Mahomet est pour eux le dernier prophète et, de toutes ces écritures révélées, seul le texte du Coran serait demeuré intact. Le texte des autres livres révélés aurait été falsifiés sur Terre, mais préservés dans les cieux.{{Référence nécessaire|date=11 août 2018}}

==== Révélation du Coran ====
{{Article détaillé|Coran}}
[[Fichier:Surat al-Fatiha inscribed upon the shoulder blade of a camel.jpg|vignette|Calligraphie de la sourate [[Al-Fatiha]], sur une omoplate de chameau, {{s-|XIX}}.|alt=]]Le {{arabe|Coran|الْقُرْآنُ|al-Qor’ân|signifiant « la récitation »}} est le principal [[texte sacré]] de l'islam. Il contient 114 [[sourate]]s, commençant par la sourate [[Al-Fatiha|fatiha-al-kitab]], {{Lang-ar|فَاتِحَةُ ٱلْکِتَابِ}} (sourate-al-Hamd, {{Lang-ar|سُورَةُ ٱلْحَمْدِ}}) et se terminant par la sourate [[Al-Nas]], {{Lang-ar|سُورَةُ ٱلنَّاسِ}}. Pour les [[Musulman|sunnites]], il reprend ''verbatim'' la parole du Dieu unique<ref name=":32">''Encyclopaedia of Islam'', Brill, 1986, article ''al-Kur'an''.</ref>. Ce livre est le plus ancien document littéraire, complet<ref group="Note">{{Citation|Auparavant, il existait quelques textes rimés, chansons et poésies en arabe, et ceci explique que le Koran soit rythmé}}. D'après Guy Franco, « L'Islam aujourd'hui », dans [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97869384 Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse], vol. 157, 1995, {{p.|198}}.</ref> en arabe connu jusqu'à ce jour<ref>{{Chapitre|prénom1=Jacques|nom1=Langhade|titre chapitre=Chapitre I. La langue du coran et du Ḥadīṯ|titre ouvrage=Du Coran à la philosophie : La langue arabe et la formation du vocabulaire philosophique de Farabi|éditeur=Presses de l’Ifpo|collection=Études arabes, médiévales et modernes|date=2014-03-10|isbn=9782351595008|lire en ligne=http://books.openedition.org/ifpo/5268|consulté le=2018-07-23|passage=17–82}}, paragraphe 6.</ref>{{,}}<ref>{{Chapitre|auteur=[[François Déroche]]|titre chapitre=La calligraphie dans le monde musulman|titre ouvrage=Contemporary Philosophy: A New Survey|éditeur=Springer Science & Business Media|année=2007|passage=142}}.</ref>. La tradition musulmane le présente comme un ouvrage en arabe « clair » ou « pur »<ref>{{Chapitre|prénom1=Jacques|nom1=Langhade|titre chapitre=Chapitre I. La langue du coran et du Ḥadīṯ|titre ouvrage=Du Coran à la philosophie : La langue arabe et la formation du vocabulaire philosophique de Farabi|éditeur=Presses de l’Ifpo|collection=Études arabes, médiévales et modernes|date=2014-03-10|isbn=9782351595008|lire en ligne=http://books.openedition.org/ifpo/5268|consulté le=2018-07-19|passage=17–82}}.</ref>, avec le caractère spécifique d'[[Dogme de l'inimitabilité du Coran|inimitabilité]] dans la beauté et dans les idées<ref name="Cuypers & Gobillot" />.

Pour les musulmans, le Coran regroupe les paroles d'[[Allah]], [[Aya (islam)|révélations]] (''āyāt'') faites au dernier [[prophète]] et messager de Dieu [[Mahomet]] ({{langue|ar|مُحَمَّدُ}}, ''Muhammad'', « le loué ») à partir de 610–612 jusqu'à sa mort en 632<ref>{{Ouvrage|prénom1=Alain|nom1=Ducellier|prénom2=Françoise|nom2=Micheau|titre=Les Pays d'Islam {{sp-|VII|-|XV}}|éditeur=[[Hachette Livre|Hachette]]|année=2007|passage=16-17|isbn=}}.</ref> par l'[[Gabriel (archange)|archange Gabriel]] ({{langue|ar|جِبْرِيلٌ}}, ''Jibrîl'').

Selon les traditions, Mahomet étant [[Analphabétisme|analphabète]] jusqu'à l'âge avancé de {{unité|40|ans}}<ref group="Note">Littéralement, le Coran affirme que Mahomet ne savait ni lire, ni écrire : {{Citation|Et avant cela, tu ne récitais aucun livre et tu n'en n'écrivais aucun de ta main droite. Sinon, ceux qui nient la vérité auraient eu des doutes.}} (Coran, 29 ; 48).</ref>, il n'est pas celui qui a mis par écrit le Coran. Durant la vie de Mahomet, la transmission des textes se faisait principalement de manière orale et se fondait sur cette « récitation » qu'évoque précisément le terme ''qur'ān'', même après l'établissement à Médine. Le terme « collecte » ''(jama'a)'' a été rendu ambigu par les lexicographes musulmans pour y rajouter l'idée de mémorisation. Cette évolution permet de résoudre des contradictions internes aux traditions et d'occulter les luttes entourant la mise à l'écrit du Coran<ref>M. A. Amir-Moezzi, ''Le Coran silencieux et le Coran parlant'', {{p.|76}}.</ref>. Certains versets ou groupes de versets ont été occasionnellement écrits sur des omoplates de chameaux ou des morceaux de cuir, par des croyants. Il s'agit de témoignages fragmentaires et rudimentaires de la notation<ref name="A">Régis Blachère, Claude Gilliot, « Coran (al-Quran) », ''Encyclopædia Universalis''</ref>{{,}}<ref>Annemarie Schimmel, Barbar Rivolta, {{langue|en|texte=« Islamic Calligraphy », ''The Metropolitan Museum of Art Bulletin'', New Series 50 (1): 3, 1992}}.</ref>.

Toujours selon ces traditions, peu après la mort de Mahomet (en 632), un premier recueil du Coran fut compilé sous l'autorité du premier calife et beau-père de Mahomet, [[Abou Bakr As-Siddiq]]<ref name="ref-1">Muhammad Hamidullah, ''Le Prophète de l'Islam'', éd. El-Najah, 1998, {{p.|641}}.</ref>, qui, à la demande d'[[Omar ibn al-Khattâb]], lorsqu'un grand nombre de compagnons ayant mémorisé le Coran par cœur furent tués à la [[bataille d'Al-Yamama]], met le scribe du prophète [[Zayd ibn Thâbit]] à la tête d'une commission ayant pour mission de réunir tous les passages récités de son vivant afin de les sauvegarder dans un écrit déposé entre les mains de sa fille [[Aïcha]], veuve de Mahomet.Le troisième calife, [[Othmân ibn Affân]] (644-656), à la suite de divergences de récitations survenues entre Irakiens et Syriens, aurait demandé à Hafsa de lui prêter le manuscrit en sa possession afin de fixer un texte unique et officiel à partir de cette édition et d'expédier des copies reliées dans les différentes provinces musulmanes<ref name=":4" />{{,}}<ref>{{Lien|trad=Richard Bell (Arabist)|texte=Richard Bell}}, [[William Montgomery Watt]], ''Introduction to the Qurʼān'', {{p.|51}}.</ref>. Afin d'éliminer tout risque d'erreur et de parer à toute éventuelle contestation, la commission n'accepta que les écrits qui avaient été rédigés en présence de Mahomet et exigea deux témoins fiables à l'appui, qui avaient réellement entendu Mahomet réciter les versets en question<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Sohaib|nom1=Sultan|titre=Le Coran poche Pour les Nuls|éditeur=EDI8|date=2012-07-26|pages totales=360|isbn=978-2-7540-4326-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=9SVT34npotQC|consulté le=2015-12-26}}.</ref>. Malgré ces efforts pour prévenir tout [[schisme]] à l'intérieur de l'islam, les [[Kharidjisme|kharidjites]], par [[puritanisme]], ont rejeté notamment comme apocryphe la sourate [[Yusuf (sourate)|''Yusuf'']], en ce qu'elle évoquerait en des termes scabreux la femme du [[Potiphar]] d'Égypte s'entichant du beau [[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]] (Youssef dans le récit coranique) et ce, en dépit du récit biblique convergent quant à cette affaire<ref name=":4" />.

Aujourd'hui, de nouvelles approches réétudient les traditions musulmanes. Ainsi, toutes les traditions de compilation sous Abu Bakr et celle d'Othman remontent à Ibn Shihāb al-Zuhrī, mais pour François Déroche, {{Citation|il n’est pas totalement certain que le récit d’al-Zuhrī ne soit pas le résultat sinon d’une falsification totale, du moins d’une réécriture de l’histoire}}<ref name="Déroche" />. Les sources anciennes montrent, en réalité, une multiplicité de traditions<ref name="Déroche" />. L'examen de fragments, pourtant censés être postérieurs à Othman, montre que l'écriture manque encore de précision. L'absence de diacritique sur toutes les lettres laisse {{citation|la porte ouverte aux divergences}}<ref name="Déroche" />. {{Citation|La nature de l’intervention du calife ‘Uthmān serait donc différente de celle que la tradition lui attribue.}}. Pour Amir-Moezzi, la plupart des traditions liées à la collecte du Coran naissent à l'époque omeyyade, quelques dizaines d'années après les faits {{citation|quelques dizaines d'années qui comptent pour plusieurs siècles tant entre les deux époques, les énormes conséquences des guerres civiles et des grandes et fulgurantes conquêtes ont bouleversé l'histoire et la mentalité des premiers musulmans}}<ref>M. A. Amir-Moezzi, ''Le Coran silencieux et le Coran parlant'', {{p.|74}}.</ref>. Pour Anne-Sylvie Boisliveau, {{Citation|[Viviane Comerro] revient une dernière fois, et magistralement, prouver qu’il y a eu « théologisation progressive de l’histoire du texte canonisé » : les informations transmises en Islam à propos de la manière dont le Coran a été rassemblé et fixé ont été rendues conformes au dogme définissant le Coran}}<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Anne-Sylvie|nom1=Boisliveau|titre=Comerro Viviane, Les traditions sur la constitution du muṣḥaf de ʿUthmān, Beyrouth, Orient-Institut Beirut / Würzburg, Erlon Verlag, coll. Beiruter Texte und Studien (herausgegeben vom Orient-Institut Beirut), Band 134, 2012, 219 p.|périodique=Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée|numéro=134|date=2013-12-17|issn=0997-1327|lire en ligne=https://remmm.revues.org/7954|consulté le=2017-05-26}}.</ref>.

Concernant ces questions de la rédaction du Coran, les chercheurs proposent différentes alternatives allant d’une durée de mise à l'écrit courte à partir de l'œuvre d'un seul auteur jusqu’à un travail rédactionnel collectif et tardif. Deux principaux modèles se dégagent : celui d’une « collecte » précoce du texte coranique sous le calife [[Othmân ibn Affân]], à côté de celui d’une « rédaction » collective et progressive tout au long du {{s-|VII}} ayant abouti à une forme quasi-définitive sous le califat d'[[Abd Al-Malik (calife omeyyade)|Abd Al-Malik]]<ref>Guillaume Dye, ''Pourquoi et comment se fait un texte canonique ? Quelques réflexions sur l’histoire du Coran'', {{p.|65-66}}.</ref>. Pour François Déroche (du {{1er}} modèle), {{Citation|l’histoire de la vulgate coranique est donc à reconsidérer sur une plus longue durée. Si les bases en ont été jetées assez tôt, avant l’intervention du calife ʿUthmān, le ''rasm'' [litt. « tracé »] n’était pas encore stabilisé à l’époque où a été copié le Parisino-petropolitanus et ne le sera sans doute pas avant le IIe /VIIIe siècle}}<ref>F. Déroche, ''La transmission écrite du Coran dans les débuts de l’islam'', Leyde, 2009, {{p.|168}}.</ref>. En effet, ce manuscrit contient encore des variantes au niveau du ''rasm'' « qui ne sont ni conformes à celles que reconnaît la tradition, ni réductibles à des particularités orthographiques »<ref>François Déroche, ''La transmission écrite du Coran dans les débuts de l'islam. Le codex Parisino-petropolitanus''. Brill, Leiden, 2009.{{ISBN|978-90-04-17272-2}}. {{p.|161}} et suiv.</ref>. Dye conclut que {{Citation|si certains écrits coraniques datent de l’époque du Prophète, il ne convient pas pour autant de se limiter au Ḥiǧāz du premier tiers du VIIe siècle pour comprendre l’histoire du Coran. Il y a eu une activité compositionnelle et rédactionnelle après la mort de Muḥammad. Les rédacteurs du Coran sont des auteurs (et non de simples compilateurs) qui ont pu réorganiser, réinterpréter et réécrire des textes préexistants, voire ajouter des nouvelles péricopes […]}}<ref name=":05">{{Article|langue=fr|prénom1=Viviane|nom1=Liati|titre=Comment lire le Coran ?|périodique=Le français aujourd'hui|numéro=155|date=2010-01-01|issn=0184-7732|lire en ligne=http://www.cairn.info/revue-le-francais-aujourd-hui-2006-4-p-37.htm|consulté le=2017-06-12|pages=37–45}}.</ref>.

Le Coran est composé de cent-quatorze chapitres nommés ''[[sourate]]s'', de longueurs variables. Chaque chapitre est connu sous un ou plusieurs titres. Ces titres proviennent soit des premiers mots du chapitre, soit d'un épisode considéré comme prégnant. Ils n'appartiennent pas à la révélation et ne figurent pas dans les premiers manuscrits coraniques connus, mais furent rajoutés par des scribes pour distinguer les chapitres du Coran<ref name=":13">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Sami Awad Aldeeb Abu-Sahlieh|titre=Le Coran|sous-titre=texte arabe et traduction française par ordre chronologique selon l'Azhar avec renvoi aux variantes, aux abrogations et aux écrits juifs et chrétiens|lieu=Vevey (Suisse)|éditeur=L'Aire|année=2008|mois=avril|jour=1|pages totales=578|isbn=978-2-88108-849-0|lire en ligne=http://sami-aldeeb.com/medias/2015/11/arabic-coran-preface-et-introduction.pdf}}.</ref>.

S'il n'y a aujourd'hui qu'un seul [[Coran]], il existe sept lectures canoniques nommées ''[[Lectures du Coran|Qirâ’at]]''. En effet, après que le Coran a été fixé par écrit, on en a précisé ultérieurement la vocalisation et établi les règles de la psalmodie. Seules deux variantes de lectures du [[Coran]] (''Qirâ’at)'' sont véritablement connues de la plupart des musulmans et ont fait l'objet d’une réelle diffusion dans le monde arabe : la lecture occidentale (en [[Afrique]]) ou lecture de [[Médine]] est connue sous le nom de « lecture de Warch » ; et la lecture orientale (en [[Asie]]) ou lecture de [[Koufa]] est connue, quant à elle, sous le nom de « lecture de Hafs », chaque nom étant tiré du nom du spécialiste de cette science. La différence entre les lectures tient avant tout à la psalmodie, la manière de lire, de prononcer. C’est d’ailleurs pour cela que l’on parle de « lecture ». Mais il existe aussi et surtout des différences dans le découpage des [[sourate]]s en versets, autrement dit dans la « dimension » des versets, ce qui explique également les différentes modalités de psalmodie<ref>{{Lien web|titre=Un seul Qoran Plusieurs lectures|url=http://www.cirs-tm.org/Nouvellesdecouvertes/Science%20pour%20l'Heure/SPLH%20html/SPLH-part1/SPLH%204a.htm|date=}}.</ref>.

La plupart des musulmans ont un grand respect pour le Coran et font les ablutions, c'est-à-dire se lavent comme pour faire les prières, avant de le toucher et de le lire<ref>{{Ouvrage|langue=ar|auteur1=Sayyid Sâbiq|titre=Fiqh As-Sunna|sous-titre=L'intelligence de la norme prophétique|tome=1|éditeur=Ennour|année=2006|pages totales=744|passage=61|isbn=2-7524-0004-7}}.</ref>{{,}}<ref group="Note">Sourate 56 : L'évènement (Al-Waqi'a) : {{Citation|que seuls les purifiés touchent}}.</ref>.

==== Dogme de l'arabité ====
{{Article détaillé|Arabe|Arabes}}
Le dogme de l'arabité proclame que le Coran a été révélé à Mahomet dans sa langue : {{Citation|en une langue arabe très claire.}} (Coran, sourate 26, verset 195). Le deuxième terme {{citation|n'a aucun sens linguistiquement et historiquement}} car {{citation|il n'y a aucune raison de penser que l'environnement dans lequel naît le Coran n'était pas, d'une façon ou d'une autre, multilingue (l'ensemble du Proche-Orient l'était) — autrement dit, il convient de reconnaître la présence de nombreuses traces de bilinguisme/multilinguisme dans la langue même du Coran}}<ref>D'après {{en}} Mehdi Azaiez, Gabriel Said Reynolds, Tommaso Tesei, Hamza M. Zafer, ''The Qur'an Seminar Commentary'', Walter de Gruyter GmbH & Co KG, 2016, {{p.}} 16.</ref>. S'appuyant sur une recherche de Luxenberg, Gilliot traduit ce terme par « élucidé »/ « rendu clair ». Pour l'auteur, ce terme est lié au Coran qui {{Citation|explique/interprète/commente des passages d’un lectionnaire en langue étrangère}}<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Claude|nom1=Gilliot|titre=Le Coran, production littéraire de l’Antiquité tardive ou Mahomet interprète dans le “lectionnaire arabe” de La Mecque*|périodique=Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée|numéro=129|date=2011-07-16|issn=0997-1327|issn2=2105-2271|doi=10.4000/remmm.7054|lire en ligne=https://journals.openedition.org/remmm/7054|consulté le=2018-07-19|pages=31–56}}.</ref>.

De nombreux emprunts à d'autres langues sont présents dans le Coran. Certains de ces mots étaient déjà considérés comme obscurs au {{s-|VII}}<ref>M. A. Amir-Moezzi, ''Le Coran silencieux et le Coran parlant'', {{p.|72}}.</ref>. Elle englobe toutes les langues des pays limitrophes de l’Arabie, celles qui appartiennent à la famille [[Langue semitique|sémitique]] : l’[[akkadien]], l’[[araméen]], l’[[hébreu]], le [[syriaque]], l’[[Guèze|éthiopien]], le nabatéen, le [[Langues sudarabiques anciennes|sudarabique]], et les langues non sémitiques des Empires grec, romain et perse<ref name="Catherine">Catherine Pennacchio, ''Les emprunts lexicaux dans le Coran'', ''Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem'', {{p.|31}}, 22, 2011, mis en ligne le 01 avril 2012, Consulté le 26 mai 2017. URL : http://bcrfj.revues.org/6620</ref>. Pour [[Alphonse Mingana]], 70 % des termes d’origine étrangère dans le Coran proviendraient du syriaque<ref>Alphonse Mingana, ''Syriac Influence on the Style of the Kur’ān'', BJRL 2, 1927, 80.</ref>.

Selon le récit religieux musulman, la langue arabe aurait été révélée à [[Adam]] en 29 lettres de l'[[alphabet]]. Et Mahomet de préciser que : {{Citation|''Lâ'' est une seule lettre}} (c'est-à-dire la négation et non pas la ''[[Écriture de la hamza|hamza]]'' qui marque seulement un coup de glotte)<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Youssef Seddik|titre=Nous n'avons jamais lu le Coran|sous-titre=essai|lieu=La Tour-d'Aigues|éditeur=L'aube|année=2013|pages totales=331|passage=188|isbn=978-2-8159-0756-9}}.</ref>.

[[Fichier:Touba3.jpg|vignette|180px|Une [[école coranique]] à [[Touba (Sénégal)|Touba]] ([[Sénégal]]).]]

Bien que la traduction du Coran pose problème et soit rejetée par certains courants conservateurs « littéralistes », le Coran fut tout de même traduit très tôt, du moins partiellement. Ainsi, selon une tradition musulmane, la première sourate, la ''[[Fatiha]]'' est traduite du vivant de Mahomet par [[Salman le Perse]] afin d'être récitée lors de la prière par les [[empire perse|Perses]]<ref group="Note">[[An-Nawawi]], ''Al-Majmu`'', (Cairo, Matbacat at-'Tadamun n.d.), 380.</ref>{{,}}<ref name=":210">M. A. Amir-Moezzi, ''Dictionnaire du Coran'', Paris, 2007, article « exégèse contemporaine »</ref>, tandis que Ja`far ibn Abî Talib, frère d'[[Ali ibn Abi Talib|`Alî]], a traduit quelques versets parlant de [[Jésus de Nazareth|Jésus]] et de [[Marie de Nazareth|Marie]] en langue [[guèze]] (éthiopien classique), lorsqu'il était ambassadeur au nom de Mahomet auprès du souverain chrétien d'[[Éthiopie]], le [[Négus]]<ref>{{Article|auteur1=Gaafar Sadek|auteur2=Salah Basalamah|titre=Les débats autour de la traduction du Coran : entre jurisprudence et traductologie|périodique=Théologiques|volume=15|numéro=2|année=2007|pages=92}}.</ref>. Néanmoins, {{Citation|certaines voix se sont rapidement élevées contre tout effort de traduction coranique}}<ref name=":112">Amir-Moezzi, ''Dictionnaire du Coran'', 2007, article « sept lectures », {{p.|812}}.</ref>. Parmi d'autres, une traduction complète en [[persan]] est, tout de même, établie en 956<ref name=":112" />.

Toutefois, après la mort de Mahomet, les courants les plus conservateurs de l'islam ont exprimé un refus catégorique de traduire le Coran considérant que la traduction n'est plus la parole de Dieu<ref name=":3">{{Article|langue=fr|auteur1=Gaafar Sadek|auteur2=Salah Basalamah|titre=Les débats autour de la traduction du Coran : entre jurisprudence et traductologie|périodique=Théologiques|volume=15|numéro=2|année=2007|lire en ligne=http://www.erudit.org/revue/theologi/2007/v15/n2/017774ar.html?vue=resume|pages=89-113}}.</ref>. Le dogme du caractère inimitable du Coran, transcription écrite de la parole divine, et du caractère sacré de la lettre a longtemps servi à s'opposer aux traductions<ref name="Cuypers Rhétorique" />. La traduction de ce texte ancien peut être problématique par l'absence de {{Citation|certitude [sur] le sens qu'avaient bien des termes utilisés par le Coran, dans le milieu où il est apparu.}} ou par la polysémie de certains termes. {{Citation|Une des traductions modernes les plus scrupuleuses, celle de l'Allemand Rudi Paret, est parsemée de parenthèses et de points d'interrogation}}<ref name="Cuypers Rhétorique" />. Ainsi, Cuypers cite le premier verset de la sourate 96 : {{citation|Lis (ou « proclame ») au Nom de ton Seigneur !}}, que la tradition associe à la lecture et à la proclamation du Coran. Des recherches contemporaines permettent de le retraduire en {{citation|Appelle/Invoque le Nom de ton Seigneur}}, reconnaissant dans ce passage un appel à la prière et non un envoi en mission<ref name="Cuypers Rhétorique" />.

==== Dogme de l'inimitabilité ====
{{Article détaillé|Dogme de l'inimitabilité du Coran}}

En réponse à ses contradicteurs, les musulmans proclament que le Coran est un [[miracle]] et qu'aucune parole humaine ne saurait le surpasser en beauté. Son inimitabilité sert le double objectif de prouver l'authenticité de l'origine divine du Coran et la prophétie de Mahomet à qui il a été révélé comme messager pour le genre humain<ref name="inimitability" />. Depuis le {{s-|III}} de l'hégire ce concept est devenu un dogme<ref name="Cuypers & Gobillot" />. Le terme ''iʿjâz'' utilisé pour définir l'inimitabilité de celui-ci n'est attesté qu'à partir du {{s-|IX}} et aucun traité ne lui est consacré avant le {{s-|X}}<ref name=":022">MT Urvoy, « inimitabilité du Coran », ''Dictionnaire du Coran'' (Amir-Moezzi (ed.)), {{p.|419-420}}.</ref>. Pour Liati, {{Citation|on constate que le dogme de l’inimitabilité formelle du coran est tardif et qu'il ne s'est imposé que contre des résistances très vives}}<ref name="2008_Clark_et_Chebel" />.

Les bases du dogme sont présentes dans le texte coranique où plusieurs versets évoquent l'incapacité des hommes à frustrer la volonté d'Allah<ref name="inimitability" />. Plusieurs versets sont des défis à produire "quelque chose comme ce Coran"<ref group="Note">{{Citation|Dis : « Même si les hommes et les djinns s'unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne sauraient produire rien de semblable, même s'ils se soutenaient les uns les autres}}. (Coran, sourate 17, verset 88)</ref>. "L'idée, bien entendu, est que ce défi réduirait les adversaires au silence puisque la révélation ne peut venir que de Dieu"<ref>M.B. Mortensen, "Sourate 17", ''Le Coran des historiens'', 2019, Paris, {{p.|683}}.</ref>. Gilliot voit dans cette défense de l'inimitabilité du Coran un raisonnement circulaire{{Note|texte={{citation|La conclusion du raisonnement est déjà contenue dans les prémisses, ou mieux les prémisses sont puisées dans la conclusion. En effet, on peut déconstruire le raisonnement, et il apparaît alors que l'on passe « de la conviction à la raison ». La conviction initiale est que le Coran révélé en arabe est la forme exemplaire de l'expression claire ; cette certitude devient les prémisses du raisonnement…}}|groupe=Note}}{{,}}<ref name=":252">Claude Gilliot, ''Langue et Coran selon Tabari : I. la précellence du Coran'', ''Studia islamica'', No. 68 (1988), {{p.|79-106}}.</ref>. D. et M.T Urvoy cite une telle critique datant du {{s-|IX}} : "l’argument du défi, qui doit justifier le caractère divin du Coran, ''présuppose'' en fait l’acceptation de la validité de celui-ci et de son auto-qualification"<ref name=":53">{{Article |langue=fr |prénom1=Youssouf T. |nom1=Sangaré |titre=Urvoy, Dominique & Marie-Thérèse, Enquête sur le miracle coranique |périodique=MIDÉO. Mélanges de l'Institut dominicain d'études orientales |numéro=34 |date=2019-05-30 |issn=0575-1330 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/mideo/4683 |consulté le=2020-05-10 |pages=399–403 }}</ref>.

Selon l'apologétique musulmane, ce défi serait resté sans réponse<ref group="Note">Ainsi, pour le penseur algérien Malek Bennabi, dans un ouvrage "se voulant juste [être] une tentative de prouver la source surnaturelle et divine du Coran", «l'histoire n'a pas mentionné que ce défi [de l'inimitabilité] ait jamais été relevé ». Il cite à ce propos la réaction attribuée au chef mecquois et ennemi de la nouvelle religion Al Walida Ibn Al mughira : <q>Ce que j'en pense ? […] pardieu je pense que rien ne lui ressemble. Il est quelque chose de trop élevé pour être atteint</q>. : https://iqbal.hypotheses.org/2454</ref>{{,}}<ref name=":53" />. Selon la tradition islamique, un certain [[Musaylima al-kadhdhâb]] a tenté, en vain, de relever ce défi, déclarant à ses compatriotes du [[Nejd]] venus le trouver pour contrer la prophétie de Mahomet : {{Citation|À moi aussi, l'ange Gabriel m'a apporté une sourate pareille}}<ref>{{Ouvrage|langue=ar|auteur1=Mohamed el Nefzaoui el Ifriqy|traducteur=Baron R***|préface=Mohamed Lasly|titre=Le jardin parfumé|sous-titre=Manuel d'érotologie arabe du Cheikh Nefzaoui|éditeur=[[Éditions Philippe Picquier]]|année=2002|pages totales=353|passage=97|isbn=978-2-8097-0349-8}}.</ref>. Par ailleurs, un certain nombre de poètes<ref group="Note">dont [[Bashâr Ibn Burd]] († 784), [[Abū al-ʿAtāhiyya]] († 828), [[Al-Mutanabbi]] († 965) et [[Abu-l-Ala al-Maari]] († 1058)</ref>, ont écrit des textes dépassant, selon eux, le Coran en éloquence<ref>{{en}} Naved Kermani, ''The Blackwell companion to the Qur'an'', Blackwell, 2006.</ref>{{,}}<ref group="Note">De même, le poète persan Ibn al-Muqaffaʿ († 757) écrivit des textes en prose rimée pour répondre à ce défi et « montrer la banalité du langage coranique » : Youssouf T. Sangaré, ''MIDÉO. Mélanges de l'Institut dominicain d'études orientales'', {{n°|34}}, 30 mai 2019, {{p.|399–403}}</ref>. Si les traditions évoquent plusieurs cas de personnes ayant tenté de relever le défi, les « révélations » conservées sont {{Citation|en leur quasi-totalité […] inventées par les musulmans eux-mêmes}} pour critiquer ou ridiculiser les auteurs attribués<ref>{{Ouvrage|prénom1=Melhem|nom1=Chokr|titre=Zandaqa et Zindīqs en islam au second siècle de l’Hégire|éditeur=Presses de l’Ifpo|collection=Études arabes, médiévales et modernes|date=2014-03-10|pages totales=350|passage=153–170|isbn=978-2-35159-497-1|lire en ligne=http://books.openedition.org/ifpo/5366|consulté le=2018-06-09}}.</ref>.

Pour Gilliot, {{Citation|Le recours à la soi-disant « inimitabilité » linguistique ou thématique du Coran ne vaut que pour qui adhère à ce [[theologumen]]. Aux yeux du linguiste ou du traducteur, d’inimitabilité, point n’est !}}<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Claude|nom1=Gilliot|titre=Bulletin d'islamologie et d'études arabes|périodique=Revue des sciences philosophiques et théologiques|volume=Tome 87|numéro=1|date=2003|issn=0035-2209|doi=10.3917/rspt.871.0151|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-des-sciences-philosophiques-et-theologiques-2003-1-page-151.htm?1=1&DocId=387048&hits=3397+3392+|consulté le=2018-06-07|pages=151–203}}.</ref>. Pour Maxime Rodinson, cette perfection serait culturellement ressentie par les musulmans, comme pour tout {{Citation|texte dont on a été bercé depuis l'enfance}}. {{Citation|La beauté du style coranique a été contestée par ceux qui, pour une raison ou une autre, échappaient à l'envoûtement collectif}}<ref name=":1112">[[Maxime Rodinson]], ''Mahomet'', Essais Seuil, 1994, {{p.|119}}.</ref>. Pour D. et M.T. Urvoy<ref group="Note">Résumé par Youssouf T. Sangaré, l'auteur de la review</ref>, {{citation|il n’y a de miracle coranique que pour celui qui y croit (déjà). Il s’agirait là, selon les auteurs, d’un cercle : Dieu dit que Sa parole est un miracle, le Coran est parole de Dieu, alors le Coran est un miracle (…). Ainsi, « l’argument du défi (''al-taḥaddī'') ne prouve rien à un non musulman s’il n’est pas déjà engagé dans la conversion à l’islam » (…)}}<ref name=":53" />.

[[Theodor Nöldeke]] a écrit un article sur ce qui lui paraissait être des défauts stylistiques (rimes, styles, composition…) dans le Coran {{citation|dont sont exempts les poèmes et les récits de l'ancienne Arabie}} ainsi que des irrégularités grammaticales<ref>[[Theodor Nöldeke]], ''Remarques critiques sur le style et la syntaxe du Coran'', extrait de ''Beitrage zur semitischen Sprachwissenschaft'', trad. par G.H. Bousquet, Paris, 1953.</ref>. Mais pour [[Jacques Berque]], beaucoup de ce que Theodor Nöldeke impute à des vices rhétoriques n'est en fait qu'une spécificité stylistique propre au discours coranique et non pas un défaut stylistique. Pour ce qui est des irrégularités grammaticales ou ce que l'on pourrait prendre comme telles, il en admet quelques-unes comme « incontestables » mais préfère plutôt les nommer « spécificités grammaticales »<ref>[[Jacques Berque]], ''Le Coran : Essai de Traduction'', Albin Michel, 1995, {{p.|739-741}}.</ref>. [[Michel Cuypers]] récuse ainsi l'affirmation de Nöldeke selon laquelle le fait de passer d'un sujet à un autre avant de revenir au premier sujet est une faiblesse. Il reconnait une structure non linéaire que l'on appelle la « rhétorique sémitique »<ref>Michel Cuypers, ''La composition du Coran'', Éditions J. Gabalda et Cie, 2011, en ligne sur Académia.edu, {{p.|23-24}} :[https://www.academia.edu/12139234/La_composition_du_Coran_-_%D9%86%D8%B8%D9%85_%D8%A7%D9%84%D9%82%D8%B1%D8%A2%D9%86]</ref>{{,}}<ref>Michel Cuypers, ''Structures rhétoriques des sourates 92 à 98'' en pdf dans le site de l'Institut français d’archéologie orientale (IFAO) http://www.ifao.egnet.net/anisl/034/06/</ref>.

=== Les prophètes ===
{{Article détaillé|Prophètes de l'islam}}

Les musulmans considèrent que les prophètes sont une part importante de leur foi. Pour l'islam, le prophète est à la fois quelqu'un qui proclame un message divin (sens de « prophète », ''nabi'', en arabe et en hébreu) et quelqu'un qui présente une législation (''charia'')<ref name=":21">Amir-Moezzi, ''Dictionnaire du Coran'', 2007, Paris, article ''prophètes, prophètologie'', {{p.|703}} et suiv.</ref>. À la différence du prophète biblique, Mahomet ne prédit pas l'avenir<ref group="Note">La seule formule coranique qui pourrait être perçue comme une prédiction événementielle (30, 2-3) peut être lue de deux façons contradictoires.</ref>, à l'exception d'un éventuel futur triomphe de l'islam. Selon Amir-Moezzi, la prophétologie musulmane est proche, par certains aspects comme le concept de « sceau des prophètes », du manichéisme ; pour le [[mutazilisme]], elle est une grâce d'Allah pour ses créatures<ref name=":21" />. La prophétie coranique est avant tout la transmission d'une révélation<ref name=":212">Marie-Thérèse Urvoy, « Prophétes, prophétologie » dans ''Dictionnaire du Coran'', Paris, Laffont, coll. « Bouquins », 2007, {{p.|703-706}}.</ref>.

[[Fichier:Mahomet, David et Salomon-Mîr Haydar, Mirâdj nâmeh-1436.jpg|vignette|Mahomet, David et Salomon, Afghanistan, Hérât, 1436.]]

Pour l'islam contemporain majoritaire, tous les prophètes d'Allah ont fait valoir un bon comportement et une conduite exemplaire<ref>[http://www.islamfrance.com/islamprophets.html L'Islam et les prophètes ? (islamfrance.com)].</ref>. Ils seraient nécessairement immunisés contre la mécréance, les grands péchés et les petits péchés. Cette croyance tardive<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Nadjet|nom1=Zouggar|titre=L’impeccabilité du Prophète Muḥammad dans le credo sunnite|périodique=Bulletin d’études orientales|numéro=60|date=2012-05-01|issn=0253-1623|issn2=2077-4079|doi=10.4000/beo.296|lire en ligne=https://journals.openedition.org/beo/296#tocto1n4|consulté le=2018-08-12|pages=73–89}}.</ref> ne provient pas du Coran et sa mention est rare dans la Sunna. Au contraire, le Coran rapporte des péchés et des fautes de plusieurs prophètes, dont Mahomet<ref>Pisani, Emmanuel. « Les lectures nouvelles du Coran et leurs implications théologiques. À propos de quelques livres récents », ''Revue d'éthique et de théologie morale'', vol. 253, no. 1, 2009, {{p.|29-50}}.</ref>, mais aussi Adam, Moïse et David<ref name=":36">Pisani E., "Les lectures nouvelles du Coran et leurs implications théologiques - À propos de quelques livres récents", ''Revue d'éthique et de théologie morale'' 2009/1 ({{n°|253}}), {{p.|29}} à 50</ref>. Le Coran ne défend donc pas le dogme de l'impeccabilité des Prophètes. La Sunna, elle-même, n'en contient que quelques traces<ref name=":36" />. Cette doctrine est énoncée, pour la première fois clairement, par [[Ahmad Ibn Hanbal|Ibn Hanbal]] (855)<ref name=":282">Urvoy M.-T., ''Impeccabilité'', dans ''Dictionnaire du Coran'', 2007, Paris, {{p.|416-417}}.</ref>. Ce dogme entraînera des conflits d’interprétation lorsque la vieille exégèse (y compris dans les écrits attribués à Mahomet) heurtait ce principe d’impeccabilité<ref>{{Article |langue=fr |prénom1=Mohammed Hocine |nom1=Benkheira |titre=Histoire et anthropologie du droit musulman |périodique=Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences religieuses. Résumé des conférences et travaux |numéro=119 |date=2012-10-01 |issn=0183-7478 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/asr/1057 |consulté le=2019-11-06 |pages=101–102 }}</ref>. Cette notion aurait été importée dans l'islam par le biais de l'islam chiite, à partir de l'influence des croyances orientales et a connu dans la pensée sunnite des évolutions et une mise en place longue<ref>{{Article |langue=fr |prénom1=Nadjet |nom1=Zouggar |titre=L’impeccabilité du Prophète Muḥammad dans le credo sunnite. D’al-Ašʿarī (m. 324/935) à Ibn Taymiyya (m. 728/1328) |périodique=Bulletin d’études orientales |numéro=Tome LX |date=2012-05-01 |issn=0253-1623 |doi=10.4000/beo.296 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/beo/296 |consulté le=2019-06-15 |pages=73–89 }}</ref>.

==== Une succession de prophètes ====
Du point de vue musulman, tous les prophètes ont appelé à l'islam. Abraham est donc musulman au même titre qu'Adam, Noé, Moïse et Jésus. Paradoxalement, c'est Abraham qui partage la foi de Mahomet et non l'inverse puisque la vérité, selon le Coran, est connue dès le premier jour et dès le premier homme, Adam<ref name=":18">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Alain|nom1=Besançon|titre=Trois tentations dans l'Église|éditeur=[[Calmann-Lévy]]|date=1996-09-11|pages totales=228|isbn=978-2-7021-5115-0|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=LpedlGObJPcC|consulté le=2016-08-03}}.</ref>. Le Coran propose une histoire construite sur le principe qu'[[Adam]] aurait possédé l'intégralité du message divin mais que celui-ci se serait altéré au fur et à mesure des générations. Ces altérations ont été accompagnées de restaurations par les prophètes, appelant un retour au monothéisme originel. Ce schéma est devenu systématique chez les hérésiographes<ref name=":212" />.

Les textes expliquent qu'Adam a inauguré la fonction prophétique, tandis que c’est par Mahomet, le dernier prophète, qu’elle a été clôturée. Quelques prophètes cités par le Coran : [[Noé (patriarche)|Noé]] (Noûh), [[Abraham]] (Ibrâhîm), [[Loth]] (Loût), [[Ismaël]] (Ismâ'îl), [[Isaac]] (Ishâq), [[Jacob]] / [[Israël (Bible)|Israël]] (Ya'qoûb / Isra'îl), [[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]] (Yoûçouf), [[Job (Bible)|Job]] (Ayyoûb), [[Shelah (fils de Juda)|Shelah]] (Sâlih), [[Eber]] (Âbir / Hoûd), [[Aaron (Bible)|Aaron]] (Hâroûn), [[Moïse]] (Moûçâ), [[Jonas]] (Yoûnous), [[Jessé]] (Yâsa), [[David (roi d'Israël)|David]] (Dâwoûd), [[Salomon (roi d'Israël)|Salomon]] (Soulaymân), [[Zacharie (père de Jean le Baptiste)|Zacharie]] (Zakariyyâ), [[Jean le Baptiste|Jean-Baptiste]] (Yahyâ), [[Jésus de Nazareth|Jésus]] (Issa)<ref>{{fr}} [http://www.portail-religion.com/FR/dossier/islam/personnalites/prophetes/index.php Les prophètes musulmans (portail-religion.fr)].</ref>. À l'inverse de la réserve biblique quant à l'usage de ce terme, le mot « prophète » a tendance à être attribué par l'islam, selon Amir-Moezzi, à toute personne {{citation|ayant joué un rôle dans l'histoire sacrée}}<ref name=":21" />. Ainsi, des auteurs attribuent un rôle prophétique à [[Alexandre le Grand]] ([[Dhû-l-Qarnayn]])<ref>Daniel de Smet, « Dhu l-Quarnayn » in Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir.), ''Dictionnaire du Coran'', Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007, {{p.|218-221}}.</ref>.

==== Prophétie de Mahomet ====
{{Article détaillé|Mahomet}}

Il est possible de faire une histoire des représentations de Mahomet, mais pas une biographie historique au sens moderne du terme. L’ensemble des données non islamiques sur la vie de Mahomet ne dépassent pas une page<ref>[[Mohammad Ali Amir-Moezzi]], ''Le Coran silencieux et le Coran parlant. Sources scripturaires de l’islam entre histoire et ferveur'', Éditions CNRS - colloque http://iesr.hypotheses.org/328.</ref>.

Le chef religieux, politique et militaire arabe [[Mahomet]] ({{langue|rtl|ar|محمد}} en arabe), dont le nom est parfois aussi transcrit par Mohammed, Muhammad, etc. en français<ref>Cf. [[Mahomet#Ses noms]] pour plus de précisions.</ref> est le fondateur de l'islam et de l'[[oumma]], la {{Citation|matrie}}<ref name=":6" group="Note" /> en quelque sorte (sans aucune idée de communautarisme, mais au contraire d'universalisme). Il est considéré comme le dernier prophète du monothéisme par les musulmans et il n'est reconnu comme prophète que par cette congrégation. Ils ne le considèrent pas comme le fondateur d'une nouvelle religion, mais pensent qu'il est le dernier d'une lignée de prophètes de Dieu et considèrent que sa mission est de restaurer la foi monothéiste originale d'[[Adam]], [[Abraham]] et d'autres prophètes, foi qui avait été corrompue par l'homme au cours du temps<ref name="EoI">Article « Muhammad », ''[[Encyclopædia of Islam]]''.</ref>{{,}}<ref name="Peters">{{en}} ''{{langue|en|texte='Islam: A Guide for Jews and Christians}}'', F. E. Peters, Princeton University Press {{ISBN|978-0-691-11553-5}}, {{p.|9}}.</ref>.

Selon le Coran, pendant les 23 dernières années de sa vie, Mahomet dicte des versets, qu'il reçoit d'Allah par l'intermédiaire de l'ange [[Gabriel (archange)|Gabriel]] (''Jibril''), à des fidèles de plus en plus nombreux convaincus par ce nouveau message. Le contenu de ces révélations sera compilé après la mort de Mahomet en un ouvrage, le [[Coran]], livre saint des musulmans<ref group="Note">Le terme Coran a été inventé et utilisé pour la première fois dans le Coran lui-même. Cf. l'article « Coran » dans l’''Encyclopaedia of Islam''.</ref>. Néanmoins, {{Citation|L'archéologie expose que le thème de la prophétie de Mahomet est apparu relativement tard}}<ref name=":21" />.

===== Sunna et hadiths =====
{{Article détaillé|Sunna|Hadîth}}
[[Fichier:Hadith Books.jpg|alt=|gauche|vignette|Livres présentant des collections de hadiths.]]
Le Coran établit l'importance de la [[sunna]] (« voie », « chemin » ou « tradition ») de Mahomet qui est racontée par des transmissions de ses paroles, faits et gestes, approbations (y compris silencieuses)<ref name=":20">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Didier Hamoneau|titre=La torah, l'évangile, le coran|sous-titre=étude critique|éditeur=Créadif et Andalouss|année=2006|pages totales=223|passage=42|isbn=2-909667-08-1}}.</ref>{{,}}<ref name=":21" group="Note">Par exemple, sourate 33 : Les coalisés (Al-Azhab) : {{Citation|En effet, vous avez dans le Messager d'Allah un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et invoque Allah fréquemment.}}.</ref>, récits appelés ''[[hadîth]]s.'' Les hadiths sont considérés comme des exemples à suivre par la majorité des musulmans. Les écoles de jurisprudence ''[[madhhab]]s'' considèrent les recueils de hadiths comme des instruments importants permettant de déterminer la [[sunna]], la « tradition » musulmane. Le hadith était à l'origine une tradition orale qui rapportait les actions et coutumes de [[Mahomet]]. Cependant, à partir de la première [[fitna]], au {{s-|VII}}, ceux qui ont reçu les hadiths ont commencé à questionner les sources des paroles<ref>{{en}} Herbert Berg, [http://people.uncw.edu/bergh/par246/L21RHadithCriticism.htm « Sanguine Scholars: Hadith Criticism »], ''The Development of Exegesis in Early Islam'', Richmond: Curzon Press, 2000.</ref>. Pour les musulmans, leur crédibilité est généralement proportionnelle au crédit des témoins qui les ont rapportés. Cette chaîne de témoins est appelée ''[[isnad]]''. Ces recueils sont, encore aujourd'hui, pris comme références dans les sujets en rapport avec le [[fiqh]] ou l'[[histoire de l'islam]]. Les hadiths dit « authentiques » sont admis par l'ensemble des musulmans sunnites{{Référence nécessaire|date=11 août 2018}}. Comme leur nom l'indique, les sunnites considèrent les hadiths constituant la [[sunna]] comme des suppléments et des clarifications essentielles au [[Coran]]. Dans la jurisprudence islamique, le Coran contient le germe de nombreuses règles de comportement attendues d'un musulman.{{Référence nécessaire|date=11 août 2018}}. Ils sont considérés comme une source d'inspiration religieuse par les sunnites et les chiites, alors que les [[Coranisme|coranistes]] considèrent que le seul Coran est suffisant. Les [[chiisme|chiites]] ont toutefois des réserves à l'égard des recueils [[Sunnisme|sunnites]] car ils valident plutôt leur point de vue. Ils ont leurs propres ouvrages qui, pour Amir-Moezzi, concordent davantage avec la recherche historico-critique<ref name=":132">M. A. Amir-Moezzi, ''Le Coran silencieux et le Coran parlant'', {{p.|19-27}} et suiv.</ref>.

Plusieurs chercheurs ont démontré que certains hadiths sont composés d'éléments plus récents que Mahomet et qui lui ont été attribués postérieurement<ref name=":03">J. Schacht, ''A revaluation of Islamic Traditions'', dans ''JRAS'', 1949, 143 sqq.</ref> et qu'ils ont été forgés par le pouvoir califal<ref>M. A. Amir-Moezzi : Le Coran silencieux et le Coran parlant, {{p.|211}}.</ref>. Schacht considère que, de manière générale, plus une chaîne de transmission paraît « parfaite », plus le hadith est tardif. En particulier, les transmissions familiales sont des « indications positives que la tradition en question n'est pas authentique »<ref name=":03" />.

=== Résurrection et jugement dernier ===
{{Article détaillé|Eschatologie islamique}}
[[Fichier:Last-judgment-anon-late-19C-iran-museum-detail-crop.jpg|vignette|Prophètes lors du Jugement Dernier, {{s-|XIX}}, Iran.]]
Selon l'islam, un certain nombre d’événements surviennent après la mort dont les plus importants sont{{Référence nécessaire|date=11 août 2018}} :

* Le jour du jugement : Il surviendra après la fin du monde dont seul Dieu connaît l'échéance<ref>Malek Chebel, {{opcit}}, {{p.|361}}.</ref>. La durée sera de {{unité|50000|ans}}<ref group="Note">Coran [70:4] Les Anges ainsi que l'Esprit montent vers Lui en un jour dont la durée est de cinquante mille ans.</ref>. La terre sera une autre terre ainsi que les cieux<ref group="Note">Par exemple, Sourate 14 (Ibrahim) : {{Citation|au jour où la terre sera remplacée par une autre, de même que les cieux et où (les hommes) comparaîtront devant Allah, l'Unique, Le Dominateur Suprême.}}.</ref>. Allah jugera les gens sans intermédiaire, un par un.
* Les étapes seront :
** La [[Résurrection|résurrection physique]] : elle marque le début du jour du jugement. Les gens seront ressuscités par Allah, nus et [[circoncision|incirconcis]]<ref group="Note">Hadith : le prophète a dit {{Citation|Les gens seront ressuscités le jour de la Résurrection pieds nus et incirconcis}} rapporté par al-Boukhari et Mouslim.</ref>, afin d'être jugés,
** Le rassemblement : tous les gens seront rassemblés en un lieu pour se faire juger,
** L'exposition des actes : chacun verra exposés ses actes, bons ou mauvais,
** La rétribution : en fonction de leurs actes, les gens seront récompensés ou châtiés,
** La balance : les actes seront comparés, bons contre mauvais,
** Le pont (''al-sirat'') : il relie la nouvelle Terre aux abords du paradis et il sera dressé au-dessus de l'enfer dans lequel, selon l'interprétation majoritaire, les « infidèles » chuteront (ceux qui n'acceptent pas le Coran)<ref name="enfer">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Muhammad Saed Abdul-Rahman|titre=The Meaning and Explanation of the Glorious Qur'an|volume=1|éditeur=MSA Publication Limited|année=2007|pages totales=668|passage=237|isbn=978-1-86179-470-3|isbn2=1-86179-470-3|présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=VrR-CcESLrsC&pg=PA237&dq=%22%28but+those+of+the+sects+%28Jews%2C+Christians+and+all+the+other+non-muslim+nations%29+that+reject+it+%28the+Qur%27an+%29%2C+the+Fire+will+be+their+promised+meeting+place.%29%2811%3A17%29%22}}.</ref>,
** Le bassin (''al-kawthar'') : chaque communauté aura son bassin dont boiront les musulmans pieux avant d'entrer au paradis,
** L'intercession : avec la permission d'Allah, ses prophètes, ainsi que d'autres pieuses personnes ou le Coran, intercéderont pour les auteurs de grands péchés<ref>{{Ouvrage|langue=ar|auteur1=Abou Hanifa|traducteur=Moussaoui Mahboub|titre=Les fondements de la foi sunnite|éditeur=Sabil|année=2006|pages totales=174|passage=144|isbn=2-914246-33-1}}.</ref>, qui méritent un châtiment (''[[Tawassoul]]''),
** L'enfer (''jahannama'') : c'est un endroit dans lequel, selon l'interprétation majoritaire, seront châtiés les « infidèles »<ref name="enfer" />. L'interprétation des versets coraniques relatifs à la « durée » du séjour infernal est l'objet de développements théologiques,
** Le paradis (''al-janna'') : c'est une demeure de félicité éternelle réservée aux personnes [[tawhid|unifiant]] Dieu, ainsi qu'aux personnes sincères,
** La vision de Dieu : les croyants verront Allah, sans notion de distance et sans qu'il y ait un doute sur cette vision.

La majorité des musulmans croient à la question, au supplice et à la félicité de la tombe. Ceci n'est pas mentionné dans le [[Coran]] mais dans la [[Sunna]]. Selon cette dernière, après la mort, toute personne sera questionnée dans sa tombe par deux anges du nom de Mounkar et Nakir : {{Citation|Qui est ton Seigneur ? Qui est ton prophète ? Quelle est ta religion ?}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Nafissa Tall|titre=La question de l'épreuve en islam|sous-titre=essai d'anthropologie|lieu=Paris|éditeur=éd. L'Harmattan|année=2012|passage=38|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=2-oSvZJLzWMC&pg=PA38}}.</ref>. Les musulmans pieux répondront correctement à ces questions et auront la félicité dans leur tombe, tandis que les non-musulmans et certains musulmans désobéissants n'y répondront pas correctement et seront châtiés{{Référence nécessaire|date=11 août 2018}}.

==== Retour de Isâ et des Yajûj et Majûj ====
{{Article détaillé|ʿĪsā|Mort d'ʿĪsā|Gog et Magog}}
Selon les commentateurs musulmans, le Coran dit que [[ʿĪsā]] ([[Jésus de Nazareth]]) est un prophète comme [[Adam]]<ref group="Note">Sourate 3 (La famille d'Amram), verset 59 : {{Citation|Pour Allah, Jésus est comme Adam qu'Il créa de poussière, puis Il lui dit « Sois » : et il fut.}}.</ref> ; qu'il n'a pas été tué ni [[Crucifiement|crucifié]] mais qu'il a {{Citation|été élevé vers Dieu}}<ref>Sourate IV, versets 157, 158.</ref> ; et qu'un {{Citation|autre individu qui lui ressemblait lui fut substitué}} ; certains interprètes disent que cet autre individu était [[Judas Iscariote|Judas]]<ref>{{Ouvrage|langue=ar|langue originale=ar|traducteur=René R. Khawam|titre=Le Livre des Ruses|sous-titre=La stratégie politique des arabes|lieu=Paris|éditeur=Libretto|année=2010|pages totales=505|passage=84-85|isbn=978-2-7529-0508-6}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Ahmed Deedat|titre=Crucifixion ou cruci-fiction ?|lieu=Beyrouth|éditeur=Baker|année=|isbn=}}.</ref>. Plusieurs auteurs (Marx, Reynolds, Charfi, Amir-Moezzi…) estiment que le passage du Coran sur lequel se fonde l'affirmation des commentateurs musulmans est ambigu et prête à discussion<ref name="Marx Monde Bible2">Michael Marx, « Quel discours coranique sur Jésus », ''[[Le Monde de la Bible]]'', {{N°|195}}, décembre 2010, {{p.|33-35}}.</ref>{{,}}<ref name=":222">G.S. Reynolds, « The Muslim Jesus: Dead or alive? », ''Bulletin of SOAS'', 72, 2, 2009, [[Cambridge University Press]], {{p.|237–258}}.</ref>{{,}}<ref>''Jésus et l'islam'', série documentaire de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur (France, 2015, 7 × 52 min), coproduction : ARTE France, Archipel 33, passage 17:31.</ref>. Pour {{nobr|J. Chabbi}}, l'interprétation de la non-mort de Jésus ne se trouve pas dans le Coran mais dans la tradition<ref>''Jésus et l'islam'', série documentaire de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur (France, 2015, 7 × 52 min), coproduction : ARTE France, Archipel 33, passage 28:10.</ref>.

{{référence nécessaire|Dans la croyance musulmane, [[Jésus de Nazareth|Jésus]] reviendra à la [[fin des temps]] pour {{Citation|tuer}} l'[[Antéchrist]]}}. La seule mention coranique d'un retour d'ʿĪsā se trouve dans la sourate XLIII qui fait l'objet de plusieurs lectures<ref name=":110">G.C. Anawati, « ʿĪsā », ''Encyclopédie de l’Islam''.</ref>. Pour Pons et Hilali, Jésus juge le monde à la fin des temps. Cette tradition est particulièrement présente dans le corpus des hadiths<ref>''Jésus et l'islam'', série documentaire de [[Gérard Mordillat]] et [[Jérôme Prieur]] (France, 2015, 7 × 52 min), coproduction : ARTE France, Archipel 33, passage 10 (Pons), 10:34 (Hilali).</ref>. Pour Reynolds, selon une tradition du début de l'islam, Jésus remettra alors l'islam en place et luttera contre les chrétiens et les juifs<ref>''Jésus et l'islam'', série documentaire de [[Gérard Mordillat]] et [[Jérôme Prieur]] (France, 2015, 7 × 52 min), coproduction : ARTE France, Archipel 33, passage 13:07.</ref>. Pour ces traditions, {{Citation|il tuera les porcs, brisera la croix, détruira les synagogues et les églises, et tuera les Chrétiens sauf ceux qui croiront en lui}}<ref name=":110" />. Son retour sur terre, en tant que Massih (Messie) musulman, est le signe de la fin du monde et du Jugement dernier tandis que beaucoup de [[hadith]]s le présentent comme le principal compagnon du [[Mahdi]], Sauveur de la fin des temps<ref group="Note">Sur le Mahdi, les traditions sunnites et chiites divergent, les chiites n'attendant que son retour - [[imam caché]] tandis que pour les sunnites, il ne naîtra que près de la fin des temps ».</ref>.

=== Prédestination du bien et du mal ===
{{Article détaillé|Qadar}}

Dans la compréhension musulmane, la prédestination du bien et du mal se rapproche du sentiment antique du [[Fatalisme|''fatum'']]<ref name=":18" />. Elle consiste à croire que tout ce qui se produit dans ce monde {{Incise|qu’il s’agisse des actes volontaires ou involontaires d'un individu}} est prédestiné par Dieu. Ce qui arrive était déjà écrit. Les événements surviennent inéluctablement. La volonté de Dieu se réalise toujours selon sa sagesse éternelle. Ainsi, toute chose {{Incise|bonne ou mauvaise}} est connue de Dieu par avance, et se réalisera en temps voulu{{Référence nécessaire|date=11 août 2018}}. Pour l'islam, {{Citation|la prédestination est entièrement incluse dans la notion de « destin » (al-qadr), qui est le décret établi (ajl mûsamma) par Dieu (II, 210 ; VI, 2), décret qui ne peut être ni avancé ni retardé}}<ref>Chebel, Malek, « Les 100 mots du Coran », ''Les 100 mots du Coran.'' Presses Universitaires de France, 2017, article "prédestination"</ref>.

Mantran oppose la vision de Mahomet à la Mecque qui défend le libre-arbitre mais qui évolue lors de son enseignement à Médine vers une prédestination. Dès le début de l'islam, en Syrie, des musulmans se sont opposés à cette vision qui leur semble contraire au principe de jugement divin. Ils prennent le nom de qadarites. La prédestination fut défendue par le pouvoir omeyyade qui légitimait ainsi ses actions<ref name=":33">Mantran, Robert. « Les problèmes religieux », ''L'expansion musulmane. {{sp-|VII|-|XI}}.'' Presses Universitaires de France, 2001, {{p.|225-235}}.</ref>. Le second courant s'opposant à la prédestination est le [[Mutazilisme|mo'tazilimes]], à partir de la fin du califat omeyyade. Ce courant a{{Citation|estimé que l'homme possède un libre arbitre illimité de ses actes, qu'il est le créateur de ses actes, sinon Dieu serait injuste de l'en rendre responsable}}<ref name=":33" />. Ce mouvement disparaît au {{s-|IX}}<ref>de Prémare, Alfred-Louis. « Le Coran ou la fabrication de l'incréé », ''Médium'', vol. 3, no. 2, 2005, {{p.}} 3-30.</ref>.

Du reste, il est à noter que cette question du destin est à ce point controversée au sein de la [[Oumma]] et en dehors, qu'elle a conduit l'imam [[Abû Hanîfa]] (mort en 150[[Calendrier hégirien|H]]/767[[calendrier grégorien|G]]) à mettre en garde contre l'écueil de la mécréance en voulant aborder ce mystère : {{Citation|Ne savez-vous pas que celui qui examine le libre-arbitre est comme celui qui examine les rayons du soleil, plus il l'observe de près, plus il devient perplexe}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=ar|auteur1=Mohammad Abou Zahra|titre=L'imam Abou Hanifa|sous-titre=Sa vie et son époque, ses opinions et son fiqh|lieu=Paris|éditeur=Al Qalam|année=2010|pages totales=503|passage=cit. p. 219|isbn=978-2-909469-58-4}}.</ref>. Pour Mantran, ce principe de la prédestination {{Citation|entraîne la négation de la liberté de l'homme}}, même si cela ne nie pas, pour les théologiens sa responsabilité<ref>Mantran, Robert. « De l'Arabie anté-islamique à la mort de Mohammed », ''L'expansion musulmane. {{sp-|VII|-|XI}}.'' Presses Universitaires de France, 2001, {{p.|62-95}}.</ref>.

== Les grands courants théologiques de l'islam ==
{{Article détaillé|Courants de l'islam}}

Les musulmans se partagent en trois branches principales : le [[sunnisme]] rassemble environ 90 % des musulmans<ref name=":22">{{Lien web|langue=fr|titre=Sunnisme|url=http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/sunnisme/94575|site=larousse.fr|consulté le=2017-05-28}}.</ref>, le [[chiisme]] environ 10 %, l'[[ibadisme]] (division du [[kharidjisme]]) moins de 1 %<ref>Ivan Brovelli, ''Laïcité : réflexions autour d'un mal français : Les limites d'une société sans Dieu'', éd. Éditions de France, Toulouse, 2006, {{p.|145}}.</ref>.

[[Fichier:ArboIslam.svg|vignette|220px|gauche|Principaux courants de l'islam.]]
[[Fichier:Islam by country.png|vignette|220px|gauche|Carte des pays où les musulmans représentent plus de 10 % de la population. En vert, les pays à majorité [[sunnite]], en violet, ceux à majorité [[Chiisme|chiite]], et en noir, ceux à majorité [[Ibadisme|ibadite]].]]
L'islam naît dans un contexte de violences importantes et de répressions, cycle qui durera jusqu'au {{s-|III}}. Le conflit "matriciel" est celui de la succession de Mahomet, principalement entre les partisans d'Abu Bakr et ceux d'Ali. Pour les sunnites, Mahomet n'aurait désigné personne pour lui succéder, tandis que pour les chiites, Ali aurait été explicitement désigné<ref>M. A. Amir-Moezzi, "Le chiisme et le Coran", ''Le Coran des historiens'', 2019, {{p.|919}} et suiv.</ref>. Cette question de la succession apparaît comme une "ligne de fracture majeure de la umma originelle"<ref>A; Borrut, "De l'Arabie à l'Empire", ''Le Coran des historiens'', 2019, Paris, {{p.|247}} et suiv.</ref>. La première division est celle du kharijisme<ref>D. Sourdel, « Les mouvements sectaires », ''L’islam.'' Paris, {{coll.|[[Que sais-je ?]]}}, 2009, {{p.|75-83}}.</ref>

=== Le sunnisme ===
{{Article détaillé|Sunnisme}}
Le [[sunnisme]] (de ''[[sunna]]'', « voie », « chemin » ou « tradition ») est le courant de loin le plus répandu. 90 % des musulmans sont sunnites<ref name=":22" />. Il est apparenté à une vision orthodoxe de l'islam<ref name="LoC">{{Lien web|langue=en|titre=Sunni and Shia Islam|url=http://lcweb2.loc.gov/cgi-bin/query/r?frd/cstdy:@field(DOCID+af0060)|éditeur=[[Library of Congress Country Studies]]|consulté le=17 décembre 2010}}.</ref>. Ces croyants se nomment eux-mêmes « gens de la tradition et de l’assemblée »<ref name=":54">R. Alili, « Chapitre IV. Qui commande et guide les croyants ? ''Les principales divisions de l’islam'' », ''Qu'est-ce que l'islam ?'', 2004, {{p.|127-200}}.</ref>. Le sunnisme est un courant qui s'installe lentement, au cours des deux premiers siècles de l'islam<ref name=":54" />. Le sunnisme se renforce à partir du califat abbasside même s'il connait des oppositions<ref name=":54" />.

==== Les quatre écoles de jurisprudence sunnites ====
{{Article détaillé|Madhhab}}
Les musulmans sunnites appartiennent très majoritairement à l'une des quatre grandes écoles de [[Jurisprudence islamique|jurisprudence]] (''[[madhhab]]''). Celles-ci s'acceptent mutuellement et ne diffèrent pas en termes de croyances (''[['aqîda]]'') — elles sont soit [[acharisme|acharites]], soit [[Maturidisme|maturidites]]. Elles se différencient toutefois par la méthodologie juridique utilisée pour régler les questions de jurisprudence.

Les ''madahib'' s'accordent sur quatre sources de droit : le [[Coran]] (parole ''verbatim'' de [[Allah|Dieu]]), la [[Sunna]], (enseignements oraux et actes du [[Mahomet|prophète de l'islam]] ou [[Hadîth|''ahadith'']]), le consensus juridique (''[[ijmâ']]'') et l'analogie juridique (''[[qiyâs]]'').

Ces écoles sont, dans l'ordre de leur apparition : le [[hanafisme]] (d'[[Abû Hanîfa]], 700-767), le [[malikisme]] (de [[Mâlik ibn Anas]], 712-796), le [[chaféisme]] (d'[[Al-Chafi'i]], 768-820), le [[hanbalisme]] (d'[[Ibn Hanbal]], 781-856). Ces écoles s'acceptent les unes les autres, organisant ainsi un relatif pluralisme en matière de solutions juridiques ([[fatwa]]).

==== Wahhabisme et salafisme ====
{{Article détaillé | Salafisme| Wahhabisme}}
Entre la fin du {{XVIIIe}} et le début du {{s-|XIX}}, l'islam a vu l'apparition de nombreux réformateurs. L'un d'entre eux est [[Mohammed ben Abdelwahhab]], fondateur du wahhabisme. Le wahhabisme, courant né dans le Najd, a pour but de "restaurer" l'islam selon une pureté originelle, à travers la vie des salafs. Le terme ''« Salafiyya »'' est appliqué à ces courant piétistes inspirés par cet idéal d'un retour au source<ref name = ":60">Ali Merad, "Le réveil islamique", ''L’Islam contemporain'' (2007), {{p.|18-19}}. {{Pas clair|Dans L’Islam contemporain '''(2007)''', p. 18-29||date=}}</ref>. Le salafisme est un courant prenant ses racines dans le {{s-|XVIII}} et né véritablement au {{s-|XIX}}, hors de l'Arabie saoudite. D'abord marqué par un modernisme, " la doctrine salafiste a mué vers un fondamentalisme puritain, se confondant avec le wahhabisme saoudien". Celle-ci est ouverte aux quatre écoles du sunnisme<ref name=":61">Anne-Clémentine Larroque, "Origines et fondements des doctrines islamistes", ''Géopolitique des islamismes'', 2016, {{p.|7-36}}.</ref>.

[[Fichier:Mosquée Elmay 08.JPG|vignette|Mosquée [[Wahhabisme |wahhabite]] sur l'île de [[Djerba]] en [[Tunisie]].]]

Pourtant marqué par la modernité, le wahhabisme s'est propagé dans le monde entier<ref name=":60" />. Cette doctrine a été la doctrine officielle de l'état saoudien depuis le début du {{s-|XX}}. L'Arabie saoudite, dans une récente inflexion, tente de se démarquer de celui-ci en invoquant un réformisme salafiste<ref>Ali Merad, "La crise de l'entre-deux-guerres", ''L’Islam contemporain'' (2007), {{p.|70-83}}</ref>. Le « [[wahhabisme]] » dérive de l'école juridique sunnite hanbalite<ref name=":61" />, et en particulier de la {{citation|pensée néo-hanbalite d’Ibn Taymiya}}<ref>Rochdy Alili, "Les grandes traditions théologiques et philosophiques", ''Qu'est-ce que l'islam ?'', 2004, {{p.|241-296}}.</ref>. "Mais à la différence du hanbalisme, ce mouvement n’est pas seulement doctrinal ; il a une dimension politique et pratique". Plusieurs courants, issus du wahhabisme ont formulé des critiques contre celui-ci<ref name=":61" />.

Une des estimations les plus détaillées de la population religieuse dans le [[golfe Persique]] est celle de [[Mehrdad Izady]] qui estime, {{Citation|en utilisant des critères culturels et non confessionnels}}, à moins de {{nombre |cinq|millions}} le nombre de salafistes ou wahhabites dans la (seule) région du [[golfe Persique]] (contre {{nombre|28.5|millions}} de [[Sunnisme|sunnites]] et {{nombre |89|millions}} de [[Chiisme|chiites]])<ref name ="demo4">{{lien web|langue=en|nom=Izady|prénom=Mehrdad|titre=Demography of Religion in the Gulf |url=http://gulf2000.columbia.edu/images/maps/GulfReligionGeneral_lg.png|série=[[Mehrdad Izady]]|année=2014}}.</ref>{{,}}<ref group = "Note">D'autres sources donnent beaucoup moins de chiites mais n'estiment pas le nombre de wahhabites (15% des KSA sont des chiites) source : Anees al-Qudaihi, [http://news.bbc.co.uk/2/hi/7959531.stm « Saudi Arabia's Shia press for rights », BBC, 24 March 2009 ; et Lionel Beehner, [http://www.cfr.org/publication/10903/shiite_muslims_in_the_middle_east.html « Council on Foreign Relations »], June 16, 2006 ; Vali Nasr, ''Shia Revival'', 2006, {{p.|236}}.</ref> ; dont environ {{nombre|4|millions}} en [[Arabie saoudite]] (surtout dans la région centrale du [[Nejd]]) et le reste provenant majoritairement du [[Qatar]] et de l'[[Charjah (émirat)|émirat de Charjah]]<ref name="demo4" />. 46,87 % des [[Qatar]]is<ref name="demo4" /> ; 44,8 % des [[Émirats arabes unis|Émiratis]]<ref name="demo4" /> ; 5,7 % des [[Bahreïn]]is ; et 2,17 % des [[Koweït]]iens sont wahhabites<ref name="demo4" />. Ils représentent environ 0,5 % de la population musulmane dans le monde<ref>Sury Pullat, ''Destined Encounters'', 2014, p. 203.</ref>.

En 2016, un congrès a eu lieu à Grozny en Tchétchénie, rassemblant 200 personnalités sunnites de nombreux pays<ref group="Note">Par exemple, les oulémas d'Arabie Saoudite n'ont pas été invités.</ref>. Organisé par le gouvernement tchétchène et inauguré par le grand imam de l'[[Mosquée Al-Azhar|Azhar]], [[Ahmed el-Tayeb|Ahmed al-Tayeb]], il s'est réuni pour définir le sunnisme<ref group="Note">Deux documents ont été publiés lors de ce congrès, l'un en russe, l'autre en arabe. Ce dernier ne liste pas les groupes dénoncés : https://ipra.hypotheses.org/388#sdfootnote2sym</ref>{{,}}<ref name=":55">{{Lien web|langue=fr|titre=La conférence de Grozny : un sunnisme sans wahhabisme ? {{!}} Sciences Po L'Enjeu mondial|url=http://la-conference-de-grozny-un-sunnisme-sans-wahhabisme.html/|site=la-conference-de-grozny-un-sunnisme-sans-wahhabisme.html|date=2017-11-07|consulté le=2020-05-13}}</ref>. À l'issue de leurs travaux, ces dignitaires sunnites sont convenus que les gens du sunnisme sont les [[acharisme|acharites]] et les [[Maturidisme|maturidites]], au niveau du [[Credo (religion)|credo]], les [[Hanafisme|hanafites]], les [[Malikisme|malikites]], les [[Shafi'isme|chaféites]], et les [[Hanbalisme|hanbalites]], au niveau du [[droit]] et les [[Soufisme|soufis]] de l'imam [[Junayd|Junaid al-Baghdadi]], au niveau de la [[gnose]], des manières et de la purification [spirituelle]<ref name=":24">{{Lien web|titre=Schisme en islam : le wahhabisme exclu du sunnisme|url=https://metamag.fr/2016/10/19/shisme-en-islam-le-wahhabisme-exclu-du-sunnisme/|site=Metamag|consulté le=2017-05-28}}.</ref>{{,}}<ref group="Note">[http://www.firstpost.com/world/islamic-conference-in-chechnya-why-sunnis-are-disassociating-themselves-from-salafists-2998018.html {{Citation|Islamic conference in Chechnya: Why Sunnis are disassociating themselves from Salafists}}] Sep, 09 2016 : {{Citation|He stated: “Ahluls Sunna wal Jama’ah are the Ash’arites or Muturidis (adherents of Abu Mansur al-Maturidi's systematic theology which is also identical to Imam Abu Hasan al-Ash'ari’s school of logical thought). In matters of belief, they are followers of any of the four schools of thought (Hanafi, Shaf’ai, Maliki or Hanbali) and are also the followers of pure Sufism in doctrines, manners and [spiritual] purification.}}.</ref>. Ce congrès exclut le wahhabisme. Néanmoins, la marginalité de certaines figures présentes et le rôle de la Russie semble que ce congrès avait davantage pour rôle "d’asseoir l’influence de Vladimir Poutine en Asie Centrale et au Moyen-Orient", au détriment de l'Arabie Saoudite<ref name=":55" />. Il est controversé dans le monde arabe<ref>{{Article |langue=fr |titre=Contre Riyad, un conclave antiwahhabite |périodique=Le Monde.fr |date=2016-09-17 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/09/17/contre-riyad-un-conclave-antiwahhabite_4999246_3218.html |consulté le=2020-05-13 }}</ref>.

=== Le chiisme ===
[[Fichier:Kerbela Hussein Moschee.jpg|vignette|250px|[[Mosquée de l'imam Husayn]] à Kerbala, en [[Irak]]. On distingue aussi deux longs minarets de la [[mosquée Al Abbas]] sur la photo.|alt=|gauche]]
{{Article détaillé|Chiisme}}
La séparation du chiisme avec les autres courantes de l'islam date aussi des premiers temps de l'islam et de la question de la succession de Mahomet. Les chiites considèrent que le califat doit être réservé à Ali et à ses descendants, héritier désigné, selon eux, par Mahomet avant sa mort<ref name=":58">Rochdy Alili, "Qui commande et guide les croyants ? - Les principales divisions de l’islam", ''Qu'est-ce que l'islam'' ?, 2004, {{p.|127-200}}.</ref>.

Le [[chiisme]] est divisé en différentes branches, dont les principales sont le [[chiisme duodécimain]] (branche la plus importante), le [[zaïdisme]] et l'[[ismaélisme]]<ref>Jean-Christophe Attias et Esther Benbassa, ''Des cultures et des dieux : repères pour une transmission du fait religieux'', éd. Fayard, Paris, 2007, {{p.|248}} {{ISBN|9782213624730}}.</ref>. La lignée d'Ali est composée de douze imams. Les chiites duodécimains ou "imamites" sont ceux qui ont accepté ces douze imams. Les autres courants se sont formés à la suite d'un imam, non légitimé par le précédent (Zaydite au {{5e}}, Ismaélien au {{7e}}, Nousayri au {{11e}})<ref name=":58" />.

Pour certains auteurs musulmans des premiers siècles de l'islam, principalement alides, le Coran a été falsifié par le pouvoir des premiers califes<ref>Michel Cuypers et Geneviève Gobillot ; ''Idées reçues, le Coran'', Éditions Le Cavalier Bleu, Paris, août 2007, {{p.|23}}.</ref>. La croyance chiite dans un Coran complet <ref group="Note">Qui contiendrait donc des références claires à Ali ainsi que des noms d'adversaires de Mahomet</ref> sauvegardé par Ali et rapporté à la fin des temps est majoritaire jusqu'au {{s-|X}}, date à laquelle les chiites ont « été contraints » d'adopter la version officielle sunnite pour des raisons aussi bien doctrinales, politiques (prise du pouvoir par des chiites)<ref name="Amir-Moezzi 3">M. A. Amir-Moezzi, ''Le Coran silencieux et le Coran parlant'', {{p.|19-20}}, {{p.|86}} et suiv.</ref> qu'historiques (« établissement définitif des dogmes et de l'orthodoxie islamiques » qui ne peuvent plus être remis en cause)<ref name="Le Monde">[http://www.lemondedesreligions.fr/savoir/le-coran-silencieux-et-le-coran-parlant-30-11-2011-2045_110.php Article en ligne dans le monde des religions] [http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http%3A%2F%2Fwww.lemondedesreligions.fr%2Fsavoir%2Fle-coran-silencieux-et-le-coran-parlant-30-11-2011-2045_110.php archive]</ref>. La disparition des noms et donc du contexte des écrits coraniques rend celui-ci muet, silencieux et, pour le chiisme, seul l'imam peut le rendre parlant<ref name="AMir Moezzi 4">[[Mohammad Ali Amir-Moezzi]], ''Le Coran silencieux et le Coran parlant'', {{p.|85}}, {{p.|103}}</ref>. Cette doctrine mène vers une approche plus secrète de la lecture coranique dans le chiisme<ref>[[Mohammad Ali Amir-Moezzi]], ''Le Coran silencieux et le Coran parlant'', {{p.|103-104}}.</ref>.

==== Chiisme duodécimain ====
{{Article détaillé|Chiisme duodécimain}}
Les duodécimains sont {{Citation|ceux qui croient en la venue de douze imams}}. Ils représentent 80 % des chiites<ref name=":23" /> et sont majoritaires depuis le {{s-|XVI}}. Les duodécimains sont nombreux en [[Iran]], en [[Irak]], au [[Liban]]<ref name=":58" />.

Le douzième imam, Mohammed al-Kaym « al-Mahdi », un enfant, aurait été occulté. Imam caché, les chiites duodécimains croient qu'il reviendra à la fin des temps. L'imam caché a un rôle central dans ce courant. Il sera, pour ce chiisme celui qui révélera le sens caché de toutes les révélations prophétiques<ref name=":58" />.

Les chiites croient que chaque grand prophète a été suivi par une succession de douze imams chargés de manifester le sens de la révélation. Ainsi, les douze imams auraient été chargé d'expliquer le sens caché de la loi littérale transmise par Mahomet. Ainsi, {{citation|la Révélation ne s’arrête pas à la Récitation du Verbe descendu sur Mohammed, elle continue à travers les imams chargés de manifester les innombrables significations de ce Verbe}}<ref name=":58" />. Les duodécimains n'ont pas attribué un rôle politique aux imams. {{citation|La seule chose clairement établie est que la souveraineté revient à l’« imam caché » et que tous les gouvernements séculiers sont illégitimes}}<ref name=":58" />.

Les pratiques et rituels du chiisme sont proches de ceux du sunnisme. Une grande importance est donnée par la sensibilité populaire à la souffrance des imams assassinés. Le chiisme se caractérise par des lieux saints, principalement des mausolées consacrés au grandes figures de ce courant<ref name=":58" />.

==== Chiisme quintimain (ou [[zaïdisme]]) ====
{{Article détaillé|Zaïdisme}}
Les quintimains sont « ceux qui croient en la venue de cinq imams ». Le zaïdisme ({{Lang-ar|الزَّيْدِيَّةُ}}, ''az-Zaydiyya'') est la plus ancienne branche de l'islam chiite qui s'est séparé du tronc devenu officiel des douze imams au début du {{s-|VIII}}. Elle est nommée d'après [[Zayd ibn Ali]], le petit-fils d'[[Al-Hussein ibn Ali]]<ref name=":58" />.

Les adeptes de l'école juridique sont appelés zaydites et représentent environ 35-40 % des musulmans au [[Yémen]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Stephen W. Day|titre=Regionalism and Rebellion in Yemen|sous-titre=A Troubled National Union|lieu=New York (N.Y.)|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2012|pages totales=368|passage=31|isbn=978-1-107-02215-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=7dqsHiTOr_YC&printsec=frontcover}}.</ref>. En dehors de la question éminemment politique du califat, ils suivent un rite presque identique au rite [[Hanafisme|hanafite]] pour la jurisprudence islamique et sont en général [[Mutazilisme|mutazilites]] pour la théologie<ref>{{Ouvrage|prénom1=Hervé|nom1=Bleuchot|titre=Droit musulman : Tome 1 : Histoire. Tome 2 : Fondements, culte, droit public et mixte|éditeur=Presses universitaires d’Aix-Marseille|collection=Droit et religions|date=2015-04-15|pages totales=418|passage=531–584|isbn=978-2-8218-5332-4|lire en ligne=http://books.openedition.org/puam/1043|consulté le=2017-06-17}}.</ref>.

==== Chiisme septimain (ou [[ismaélien]]) ====
{{Article détaillé|Ismaélisme}}
Les septimains sont « ceux qui croient en la venue sept imams ». Ce courant porte le nom d'ismaélisme (arabe : ''al-Ismā'īliyya'', {{Langue|ar|الْإِسْمَاعِيلِيَّة}} ; persan : اسماعیلیان ; sindhi : اسماعيلي ; kurde : ''Ismaili'' ; ''Esmā'iliyān''). Les ismaélites tirent leur nom de leur acceptation d'[[Ismaïl ben Jafar]] comme le successeur spirituel désigné à l'imam [[Ja'far al-Sâdiq]], ce en quoi ils diffèrent des duodécimains, qui acceptent [[Musa al-Kazim]], frère cadet de Ismaïl, comme le vrai Imam. En effet, Ismaïl est mort avant [[Ja'far al-Sâdiq]]. Pour les ismaéliens, cela ne lui retire pas le droit à l'imamat, celui-ci étant un "imam caché". Ce courant s'est organisé au milieu du {{s-|IX}}<ref name=":58" />.

Pour ce courant, "un imam ou un grand personnage de l’histoire islamique [est] une émanation, une incarnation, une transfiguration de Dieu". Ce courant rejette l'attachement traditionnel à la lettre du Coran pour mettre en avant le sens caché et implicite transmis par les imams<ref name=":58" />.

De l'ismaélisme dérivent d'autres courants comme les druzes, les nizarides ou les moustalides<ref name=":58" />.

=== Le kharidjisme ===
[[Fichier:Ghardaia 01.jpg|vignette|[[Ghardaïa]], la vieille ville [[ibadisme|ibadite]] en [[Algérie]].]]
{{Article détaillé|Kharidjisme|Ibadisme}}
Quelques mois après la bataille de Siffîn en 657, un arbitrage eut lieu entre Ali et Mu’âwiya à propos de la mort d'Uthman. Ali, reconnu coupable, dut faire face à une révolte de personnes refusant cet arbitrage humain. Ils reçurent, ''a posteriori'', le nom de kharidjites ("révoltés")<ref>D. Sourdel, "Chapitre III - L'Empire Arabe ({{sp-|VII| - |VIII}})", ''Histoire des Arabes'' (2007), {{p.|31-48}}.</ref> et se retirèrent dans la région d'al-Koufa. À partir de la mort du calife Yazîd (683), ce courant se divise en plusieurs branches, dont la principale est celle des ibadites. Après s’être soulevés contre les omeyyades, ils s'installèrent au Maghreb<ref name=":56">D. Sourdel, "Chapitre IV - Les mouvements sectaires", ''L’islam'' (2009), {{p.|75-83}}.</ref>.

Selon D. Sourdel, {{citation|[j]amais codifiée, la doctrine des kharijites a cependant peu varié. Tandis qu'en politique ils désirent un califat électif, confié au plus digne, ils sont en théologie et en morale, rigoristes et littéralistes : condamnation du luxe, rejet d'une sourate regardée comme frivole (celle de Joseph), interprétation littérale du Coran (parole incréée de Dieu), nécessité d'une conscience pure avant la Prière, des œuvres avec la foi}}<ref name=":56" />.

Le [[kharidjisme]] est multiple dans ses formes ([[sufrites]], [[Ibadisme|ibadites]]…). De nos jours la seule tendance kharidjite qui ne s'est pas éteinte est l'[[ibadisme]]<ref name=":57">Rochdy Alili, "Chapitre IV. Qui commande et guide les croyants ?- Les principales divisions de l’islam", ''Qu'est-ce que l'islam ?'' (2004), {{p.|127-200}}.</ref>. Il se retrouve dans le sultanat d'[[Oman]] et dans quelques régions très localisées du Maghreb, au nord du Sahara algérien ou en [[Tunisie]] (île de [[Djerba]])<ref name=":57" />.

=== Le soufisme ===
[[Fichier:IslamicGalleryBritishMuseum3.jpg|vignette|260px|Les soufis croient que le Coran a deux niveaux de signification ; le ''[[Zahirisme|zahir]]'', sens externe ou apparent ; et le ''[[batin]]'', sens interne ou caché.]]

{{Article détaillé|Soufisme|Haqiqa}}
[[Fichier:Marabout.jpg|vignette|gauche|Un marabout et son [[chapelet]].]]
Au-delà des différents courants, les musulmans ont élaboré des approches différentes du divin. Le soufisme est la voie mystique de l'islam, fondée sur "recherche de l’union la plus étroite avec le Divin, le plus souvent via l’ascèse, la prière et la méditation"<ref name=":27">Rochdy Alilii, "chapitre V. La voie mystique -Soufisme et confréries, " ''Qu'est-ce que l'islam ?'', 2004, {{p.|201-240}}.</ref>. Les soufis s'appuient sur des tendances coraniques de piété, "étrangères à la plupart des juristes"<ref name=":59">D. Sourdel, "Soufisme et philosophie", ''L’islam'', 2009, {{p.|84-97}}</ref>

Le terme « soufi » apparaît pour la première fois dans la seconde moitié du {{s-|VIII}} de l'hégire pour désigner des ascètes, des sages, des mystiques musulmans qui prient, jeûnent, portent des vêtements blancs rugueux (l'arabe ''sûf'', signifie « bure », « laine »), car les premiers ascètes musulmans furent ainsi désignés à cause des vêtements de [[laine]] qu'il portaient ; ils peuvent porter le ''muruga'', manteau fait de morceaux rapiécés symbolisant le ''fagr'', c'est-à-dire l'illusion du monde<ref>Encyclopédie Hachette {{ISBN|978-2-245-02693-9}}.</ref>. Le mot « soufisme » serait tiré de ''souf'' ({{langue|rtl|ar|ﺻُﻮفُ}} [ṣūf], « laine » qui donne {{langue|rtl|ar|صُوفِيّ}} [ṣūfīy], « laineux ») . Le soufi portait en effet un vêtement de laine blanche<ref name=":27" />. La modestie et la pauvreté sont évoquées dans d'autres noms donnés à certains d'entre eux : [[derviche]] ([[persan]] : {{langue|rtl|fa|درويش}} [derwiš], « mendiant ») ou [faqīr] (en arabe : {{langue|rtl|ar|فَقِيرٌ}}, « pauvre »){{Référence nécessaire|date=11 août 2018}}. Les soufis se font connaître, quant à eux, comme ''Ahl al-soufa'' ({{langue|rtl|ar|أَهلُ ٱلصُّفَّةِ}} [''ahl aṣ-ṣuffa''], « les gens du banc » en référence à ceux qui vivaient dans la [[Masjid al-Nabawi|Mosquée du Prophète]] à [[Médine (Arabie saoudite)|Yathrib]] ([[Médine (Arabie saoudite)|Médine]]), et qui furent mentionnés dans le [[Coran]] comme {{Citation|la compagnie de ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir désirant Sa face}}<ref group="Note">{{Réf Coran|18|28}}.</ref>{{Référence nécessaire|date=11 août 2018}}

Le [[soufisme]] (en {{Lang-ar|تَصَوُّفُ}} [''taṣawwuf''], {{Citation|initiation}}<ref name="ReferenceA">{{Ouvrage|auteur1=René Guenon|titre=Aperçus sur l'ésotérisme islamique et le taoïsme|volume=182|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|collection=Les essais|année=1973|pages totales=157|passage=18|isbn=}}.</ref>) est un mouvement spirituel basé sur la recherche de Dieu et la communion avec les autres. Pour atteindre le divin, le soufisme défend qu'il existe la voie large de la charia et la voie étroite de l'union à Dieu. Le soufi adopte donc des pratiques spécifiques supplémentaires, comme l'examen de conscience, l'ascèse… Deux pratiques caractérisent le soufisme, le ''Dikr'' (répétition ininterrompue du nom divin ; pratique codifiée au {{s-|XII}}) et le ''sama'', " sorte de concert spirituel musical ou dansé". Le soufisme met en avant l'importance du maître, guide spirituel porteur d'une bénédiction (baraka)<ref name=":27" />.

Les soufis considèrent généralement que suivre la loi (''[[charia]]'') ou la jurisprudence islamique (''[[fiqh]]'') n'est que le premier pas sur le chemin de la soumission parfaite. Ils se concentrent sur des aspects internes ou plus spirituels de l'islam, comme la perfectibilité de la foi ou la soumission de l'[[ego]] (''nafs''). Les soufis cherchent à atteindre le [[Fana (islam)|''fana'']] (extinction du « moi » devant Dieu l'Unique) selon trois degrés ou étapes :
* l'''islam'' (proprement dit) ; la soumission à la [[charia]] ;
* l'''imane'' (qui est un don de Dieu) ; la foi par la [[tariqa]] ;
* l'''ihsane'' (qui est le but de la voie) ; l'excellence morale ou vertu dans la [[haqiqa]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Didier Hamoneau|titre=La Torah, l'Évangile, le Coran|sous-titre=étude critique|éditeur=Créadif et Andalouss|année=2006|pages totales=223|passage=41|isbn=2-909667-08-1}}.</ref>.

Des groupes d'ascètes apparaissent en Irak dès le {{s-|VIII}}<ref name=":59" />. Par ces positions la mystique heurtait l'enseignement traditionnel ; aussi ses adeptes furent-ils très tôt inquiétés comme coupables de ''zandaqa'' (à l'origine manichéisme, puis hérésie, impiété)<ref name=":59" />. Un des traits de cet islam est l'importance des confréries, formes qui s'organisent à partir du {{s-|XII}}<ref name=":27" />.

La plupart des ordres soufis (''[[tariqa]]s)'' se rapprochent, soit du sunnisme, soit du chiisme. On les rencontre dans tout le monde islamique, du [[Sénégal]] jusqu'à l'[[Indonésie]].{{Référence nécessaire|date=11 août 2018}}

=== Le coranisme ===
{{Article détaillé|Coranisme}}
Le [[coranisme]] est un mouvement islamique dont les adeptes voient le [[Coran]] comme seule source de foi et rejettent les [[hadiths]] comme source légale et théologique aux côtés du Coran. Cette interprétation particulière de la foi fait que certaines de leurs compréhensions coraniques diffèrent considérablement des doctrines orthodoxes.

Au sein de la [[Mutazilisme|Muʿtazila]], une école de théologie musulmane qui a prospéré entre le neuvième et le onzième siècle, il y avait diverses positions critiques concernant les hadiths. L'un de leurs représentants, [[Ibrahim an-Nazzam|an-Nazzām]], avait une attitude très sceptique envers les hadiths. Il a examiné les traditions contradictoires concernant leurs différents contenus pour défendre sa position<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Usman Ghani|titre=The concept of sunna in Mu‘tazilite thought. In : Adis Duderija : The Sunna and its status in Islamic law : The search for a sound Hadith|éditeur=|année=2015|pages totales=256|passage=65 sq.|isbn=978-1-349-57831-3}}</ref>.

En 1906, [[Muhammad Tawfīq Sidqī]] a publié un article critique dans le journal ''al-Manār'' par [[Muhammad Rashid Rida|Rashīd Ridā]] avec le titre « L'Islam n'est que le Coran seul » (al-Islām huwa al-Qurnān wa -da-hū). Il y critiquait la [[Sunna]] et estimait que les musulmans concernant les différents contenus afin de défendre sa position devaient s'appuyer uniquement sur le Coran, puisque les actions du Prophète n'étaient destinées qu'à servir de modèle pour les premières générations de musulmans. L'article, qui était le résultat de discussions avec Rashīd Ridā au cours desquelles Sidqī a présenté ses idées sur la limitation temporelle de la Sunna, a rencontré une forte opposition de la part des savants musulmans de l'époque, et plusieurs d'entre eux l'ont réfuté<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=G. H. A. Juynboll|titre=The authenticity of the tradition literature|sous-titre=Discussions in modern Egypt|éditeur=|année=1969|passage=23–30}}</ref>.

Le coranisme a également pris une dimension politique au {{s-|XX}} lorsque [[Mouammar Kadhafi|Mouammar al-Kadhafi]] a déclaré que le Coran était la [[constitution de la Libye]]<ref>{{Ouvrage|langue=de|auteur1=Eva Hager|titre=Volksmacht und Islam : eine terminologie- und ideologieanalytische Untersuchung zum Politik- und Religionsverständnis bei Muʿammar al-Qaḏḏāfī|éditeur=|année=1985|pages totales=304|passage=85|isbn=3-922968-47-3}}</ref>. À travers des érudits égyptiens tels que [[Rashad Khalifa]], le découvreur du [[code du Coran]] (Code 19), un code mathématique hypothétique du Coran, et Ahmad Subhy Mansour, érudit et militant islamique, qui a émigré aux [[États-Unis]], les idées coraniques se sont également propagées à de nombreux autres pays de<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Abdurrahmaan Saaleh|titre=Sectarian Islam in America : The Case of United Submitters International-The Foundation|éditeur=|année=2016|passage=235–259|isbn=|issn=0578-8072}}</ref>.

=== Autres courants et diversité de l'islam ===
{{Article détaillé|Mutazilisme}}

Un quatrième courant, qui s'est éteint au Moyen Âge, le [[mutazilisme]], est une école théologique rationaliste, en conflit avec le [[sunnisme]] naissant ; il est apparu à la fin du [[califat]] [[omeyyade]], au milieu du {{s|VIII}}, et a été éradiqué au {{s|XI}} par le [[sunnisme]], en particulier par les [[acharisme|acharites]] (disciples d'[[Al-Ach'ari]] 873-935, lui-même un ex-[[Mutazilisme|mutazilite]]) qui sont parvenus à venir à bout de son [[rationalisme]] jugé abusif, car il voulait tout submerger<ref name=":10">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Corentin Pabiot|titre=Le sunnisme|sous-titre=Des origines à la constitution des écoles|lieu=Paris|éditeur=Ennour|année=2014|pages totales=254|passage=158-160|isbn=978-2-7524-0067-3|isbn2=2-7524-0067-5}}.</ref>. Cette école, dont des textes ont été redécouverts au {{s|XIX}}, connaît une petite résurgence depuis cette date chez certains intellectuels, notamment en raison de ses conséquences politiques et de ses liens avec la démocratie<ref>{{Article |auteur=M. Benhenda |titre=Religion et Raison Publique aux États-Unis et dans le Monde Musulman |périodique=UCLA Journal of Islamic and Near Eastern Law |année=2007 |url=http://ssrn.com/abstract=1644903 }}.</ref>. Cependant, le [[mutazilisme]] a perdu tout crédit populaire à la suite de l'inquisition musulmane du calife [[Al-Ma’mūn]] pour imposer sa doctrine et ne récolta plus en retour que haines et persécutions<ref name=":10" />.

Au-delà de l'appartenance à l'un des grands courants de l'islam, on ne peut éluder les pratiques (cultes de "saints", pratique d'intercession…) parfois dites "populaires" de l'islam<ref>L. Babès, "L’islam pluriel au Maghreb". ''Revue internationale d’action communautaire'', 1991, 26, {{p.|119–128}}. https://doi.org/10.7202/1033898ar</ref>. Elles sont souvent imprégnées de doctrines [[Soufisme|soufies]] et, en particulier, d’[[Ibn Arabi|Ibn ‘Arabî]] ({{XIIIe}} siècle)<ref>M.L. Gélard, "L’islam en France : pratiques et vécus du quotidien", ''Ethnologie française'' 2017/4 ({{Numéro avec majuscule|168}}), {{p.|599-606}}.</ref>. L’existence de particularités populaires est attestée dans toutes les sociétés du monde musulman. Cet islam « vit sa religion avec son cœur, son imagination » et intègre des éléments locaux et [[Folklore|folkloriques]]. {{citation|Les coutumes d'avant l'islamisation subsistent en Iran, en Afghanistan, en Indonésie aussi bien qu'en Afrique noire ou dans les multiples groupes berbères d'Afrique du Nord}}<ref>A.M. Delcambre, ''L’Islam'', 2004, {{p.|71-90}}.</ref>. Cette dichotomie interroge l’[[islamologie]]<ref>{{citation|L’islamologie est encore tributaire de ce paradigme. Les études sur les doctrines de l’islam et celles sur les pratiques des musulmans sont séparées par des cloisons disciplinaires. L’on se représente tantôt une étrangeté mutuelle totale des deux sphères, tantôt une influence unilatérale des ‘ulamâ’ sur la masse}} : https://iismm.hypotheses.org/28061 Trois approches peuvent avoir été utilisées. La première, essentialiste, appuie sur cette différence au risque d’être péjoratif envers un islam « populaire », « périphérique » ou « ethnique ». La seconde est de voir ces islams comme des entités déconnectées, au risque du relativisme. La troisième essaye de trouver un équilibre, par l’abandon d’un universalisme dogmatique dans la recherche des diversités musulmanes : https://books.google.fr/books?id=-JsnV7bPJE0C&pg=PA19&lpg=PA19&dq=islam+%C2%AB+populaire+%C2%BB+et+islam+%C2%AB+savant+%C2%BB.&source=bl&ots=U7GsBIepXV&sig=ACfU3U0hmCaAxBgzA4fuxncC5x_tqqMMVQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjy4sT48rfpAhUBHxoKHYyNAS04FBDoATAAegQIChAB#v=onepage&q=islam%20%C2%AB%20populaire%20%C2%BB%20et%20islam%20%C2%AB%20savant%20%C2%BB.&f=false</ref>.

Il faut également mentionner l'apparition, à la fin du {{s-|XIX}}, de la question d'un islam réformé qui vise à un ''aggiornamento'' général. L'origine de celle-ci semble la rencontre avec l'Occident <ref group="Note">Soit à la suite de la campagne d'Égypte (Jocelyne Cesari), soit à la suite de la poussée du wahhabisme : [www.persee.fr/doc/tiers_0040-7356_1982_num_23_92_4176 Le réformisme musulman et son évolution historique]</ref>. "Cette réflexion sur la modernité se fera sous le mode non pas de la rupture mais du recours à la tradition non pas du progrès mais de la renaissance.". Le premier courant réformiste fut celui de la ''[[Salafisme|salafiyya]]''. Ce mouvement a privilégié l'islam "savant" et "urbain", au détriment des pratiques dites "populaires". Néanmoins, cette islamisation de la modernité s'est accompagnée, avec l'entrée de l'islam dans des espaces démocratiques, d'une modernisation de l'islam, ''via'' une individualisation de la religion. Cet affaiblissement du groupe a mené à un besoin de réforme {{citation|soit [dans] un rapport sécularisé à l’islam qui tend à relativiser au maximum les injonctions de la tradition<ref group="Note">Concernant environ 80% des nouvelles générations en France, cet islam se veut un attachement traditionnel et à des valeurs, sans, pour autant, une réelle pratique</ref> ou au contraire un fondamentalisme qui s’inscrit dans un respect exigeant de la tradition dans sa globalité}}<ref>Jocelyne Cesari, « Modernisation de l’islam ou islamisation de la modernité ? », ''Civilisations'', 48 | 2001, p. 139-144</ref>. Plusieurs penseurs comme [[Mohammed Arkoun]] ou [[Mohamed Abed Al-Jabri]] ont participé à ces débats. Les attentats de 2015 semblent avoir été un accélérateur en France dans les débats sur la réforme de l'islam<ref>{{Lien web|titre=L’Islam réformiste en France : des débats numériques à l’espace socio-religieux|url=http://www.oasiscenter.eu/fr/islam-reformiste-en-france-debats-et-projets|site=Fondazione Internazionale Oasis|consulté le=2020-05-16}}</ref>. {{citation|Même s’ils ne sont pas toujours reconnus par de larges publics, les effets de compétition intellectuelle [que les penseurs] produisent à travers les idées qu’ils mettent en circulation changent aujourd’hui profondément le paysage intellectuel et idéologique musulman}}<ref>{{Article |langue=fr |prénom1=Malika |nom1=Zeghal |lien auteur1=Malika Zeghal| titre=Réformismes, islamismes et libéralismes religieux |périodique=Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée |numéro=123 |date=2008-07-04 |issn=0997-1327 |doi=10.4000/remmm.5303 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/remmm/5303 |consulté le=2020-05-16 |pages=17–34 }}</ref>.

== Création ==
{{Vide}}

Le Coran ne se présente pas, comme la Genèse, mais plutôt comme un enseignement ayant pour but d'avertir les hommes<ref name="La création du monde dans le Coran">{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Les Essentiels de la BnF]] |titre=La création du monde dans le Coran |url=https://essentiels.bnf.fr/fr/extrait/ba81c414-aa83-4fb7-8300-b5351007f8df-creation-monde-dans-coran |site=BnF Essentiels |consulté le=2024-02-09}}</ref>.

=== Création de l'homme ===
{{Article principal|Adam}}

== Organisation ==
=== Le califat ===
[[Fichier:Fatimid dinar - Mahdia - Tunisia.jpg|vignette|Dinar (en or estampé) du cinquième calife fatimide al-Aziz (r. 365-386 H / 975-{{unité|996|J}}.-C.), frappée à [[Mahdia]] en 380 H / 990 AD. Conservé au musée archéologique d’Aqaba, Aqaba, Jordanie. Diamètre : {{unité|18|mm}}, poids : {{unité|4|g}}.]]
{{Article détaillé|califat}}
Les [[calife]]s ([[arabe]] : {{langue|rtl|ar|خليفة}} signifiant « lieutenant », « successeur » ou « représentant ») désignent les successeurs de [[Mahomet]]. Le porteur du titre a pour rôle de sauvegarder la religion et de gérer le monde d’ici-bas<ref name=":40">{{Chapitre|prénom1=Hervé|nom1=Bleuchot|titre chapitre=Chapitre VII. Le califat|titre ouvrage=Droit musulman : Tome 1 : Histoire. Tome 2 : Fondements, culte, droit public et mixte|éditeur=Presses universitaires d’Aix-Marseille|collection=Droit et religions|date=2015-04-15|isbn=978-2-8218-5332-4|lire en ligne=http://books.openedition.org/puam/1043|consulté le=2020-05-03|passage=531–584}}</ref>: c'est le dirigeant temporel et spirituel de l'[[Oumma]], la « matrie<ref name=":6" group="Note">Étymologie : de l'arabe « oum » (mère).</ref> », les musulmans doivent lui obéir<ref name=":40" />.

Le Coran fait la distinction entre les deux termes ''Imamat'' et ''Califat'', le premier ayant une fonction de direction, le second signifiant le successeur (dans un sens non-obligatoirement politique). La pensée politico-religieuse musulmane ira vers une confusion des deux termes et l'usage du second pour désigner celui qui dirige la communauté<ref name=":41">M. H.B., "Califat et Imamat", ''Dictionnaire du Coran'', 2007, Paris, {{p.|145}} et suiv.</ref>. Les penseurs musulmans des premiers siècles ont construit la figure du calife, comme pouvoir et autorité. Ce statut conserve des traces des représentations moyen-orientales anciennes, du souverain comme intermédiaire entre le ciel et la terre<ref name=":41" />. La pensée du calife s'est développée primitivement dans le monde chiite, et "la théorie sunnite n’a pas été précisée dans toute son ampleur avant le {{s-|IV}} / {{s-|X}}"<ref name=":40" />. Elle se construit en réaction à ces autres théories<ref group="Note">Cette théorie est une construction qui, rejetant des hadiths chiites, va défendre la thèse du libre choix (ikhtiyâr) aura pour conséquence de devoir valoriser les Compagnons de Mahomet."Elle s’interdit plus que les autres la réflexion sur la vérité des faits advenus, ce qui ne sera pas sans engendrer une tendance permanente au refus de la réalité et à l’idéalisation du passé, et cela jusqu’à nos jours." : </ref>{{,}}<ref name=":40" />. Le droit du califat se caractérise par une quasi-inexistence de sources dans le Coran ou la Sunna<ref name=":40" />.

[[Fichier:1543-Siege of Estolnibelgrad in Hungary-Suleymanname-detail.jpg|vignette|gauche|210px|En 1517, le califat passe aux [[Empire ottoman|Ottomans]].]]

Mahomet est mort sans désigner de successeur. À sa mort, une grande violence a éclaté entre les différents partis même si la tradition sunnite a cherché à l'atténuer. Elle chercha à présenter les faits de manière consensuelle, tandis que la recherche islamologique remet sérieusement en doute ce prétendu "consensus". Rapidement, [[Abou Bakr As-Siddiq|Abu Bakr]] prit le dessus sur [[Ali ibn Abi Talib|Ali]], l'autre concurrent<ref>[[Mohammad Ali Amir-Moezzi]], "Le chiisme et le Coran", ''Le Coran des historiens'', 2019, t.1, {{p.|825}} et suiv.</ref>. Le titre ''khalifat rasul Allah'', signifiant « successeur du messager de Dieu » est devenu le titre courant mais est absent des premiers graffiti trouvés<ref>{{Article |langue=fr |prénom1=Frédéric |nom1=Imbert |titre=L’Islam des pierres : l’expression de la foi dans les graffiti arabes des premiers siècles |périodique=Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée |numéro=129 |date=2011-07-16 |issn=0997-1327 |issn2=2105-2271 |doi=10.4000/remmm.7067 |lire en ligne=https://journals.openedition.org/remmm/7067#bodyftn7 |consulté le=2018-08-12 }}.</ref>. De même, si la tradition fait d'[[Omar ibn al-Khattâb]] le premier à porter ce titre, un graffito de 644-645 ne lui donne ni le titre de calife (''khalîfa)'', ni celui de Commandeur des croyants<ref name=":010">{{Article |langue=fr |prénom1=Frédéric |nom1=Imbert |titre=L’Islam des pierres : l’expression de la foi dans les graffiti arabes des premiers siècles |périodique=Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée |numéro=129 |date=2011-07-16 |issn=0997-1327 |doi=10.4000/remmm.7067 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/remmm/7067 |consulté le=2019-10-22 }}</ref>. Sur les monnaies, ce dernier titre semble avoir été introduit par le calife [[Muʿawiya Ier|Muʿāwiya]] et on la trouve, par exemple, sur une monnaie de 674<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Jeremy |nom1=Johns |titre=Archaeology and the History of Early Islam: The First Seventy Years |périodique=Journal of the Economic and Social History of the Orient |volume=46 |numéro=4 |date=2003 |issn=0022-4995 |lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/3632827 |consulté le=2019-10-22 |pages=411–436 }}</ref>.

Un différend politique entre [[sunnisme|sunnites]] et [[chiisme|chiites]] conduit le califat à se diviser en deux visions très distinctes : l'une élective, l'autre héréditaire. Les premiers considèrent que le calife doit être élu pour ses qualités morales et islamiques, mais appartenir à la tribu de [[Quraych]] (tribu de Mahomet dont le monopole est récusé par les [[Kharidjisme|kharidjites]])<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Gabriel|nom1=Martinez-Gros|titre=L'idéologie omeyyade : La construction de la légitimité du Califat de Cordoue ({{sp-|X|-|XI|s}})|éditeur=Casa de Velázquez|date=1992-01-01|pages totales=363|passage=9-10|isbn=978-84-86839-29-1|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=pdf72cUOOk8C|consulté le=2016-04-14}}.</ref>. Les seconds considèrent que seul un membre de la tribu de Quraych et de la famille de ‘Alî peut prétendre à ce titre<ref group="Note">Cette condition n'est pas suffisante pour les chiites : {{citation|chaque imâm choisit son successeur parce qu’il reconnaît en lui une dimension eschatologique, une sorte de préexistence métaphysique : l’imâm est dans l’ordre des faits choisi par Dieu et seulement reconnu par l’imâm qui le précède.}}</ref>{{,}}<ref name=":40" />. Les sunnites ne reconnaissent que les califes [[Abou Bakr As-Siddiq]], [[Othmân ibn Affân|Omar ibn al-Khattâb]], [[Othmân ibn Affân]], [[Ali ibn Abi Talib]], [[Al-Hassan ibn Ali]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Ibn Kathîr|titre=Al-Hassan et Al-Hussein|sous-titre=les deux jeunes maîtres du Paradis|lieu=Paris|éditeur=Universel|année=2013|pages totales=191|passage=46-47|isbn=978-2-36959-003-3|isbn2=2-36959-003-3}}.</ref> et [[ʿUmar II|Omar ibn Abd-al-Aziz]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=ar|auteur1=Ibn Abd al-Hakam|titre=La vie du Khalife Omar Ben Abd al-'Aziz|lieu=Paris|éditeur=Iqra|année=2002|pages totales=207|passage=20-21|isbn=2-911509-66-8}}.</ref> comme « bien guidés » ou « bien inspirés » par Dieu. Selon les traditions musulmanes, la période préalable au califat Ommeyades est composée de la succession de plusieurs califes surnommé "rachidoune". Ce récit se lit comme un édifice narratif et pour el-Hibry comme une parabole. Selon Humphrey, ce récit datant du {{sp-|IX| - |X}} est construit selon un principe de pacte-trahison-rédemption<ref name=":37">Borrut A., "De l'Arabie à l'Empire - conquête et construction califale dans l'islam premier", dans ''Le Coran des historiens'', t.1, 2019, {{p.|249-289}}.</ref>. Le califat rachidoune est donc une construction abbasside permettant de rêver d'un âge d’or, bien que les recherches permettent d’attester qu’un fond historique existe. La notion de rachidoune, de califes « bien guidés », date elle-même du {{s-|IX}}. Les premières listes califales, issues de textes syriaques de l’époque omeyyade, ne citent pas Ali comme calife, en cohérence avec la pensée omeyyade<ref name=":37" />.

Après les quatre premiers califes ([[Abou Bakr As-Siddiq|Abou Bakr]], [[Omar ibn al-Khattâb|Omar]], [[Othmân ibn Affân|Uthman]] et [[Ali ibn Abi Talib]]), le titre a été revendiqué de manière controversée par les [[Omeyyades]], les [[Abbassides]] et les [[Ottomans]], ainsi que par d'autres lignées en [[Espagne]], en [[Afrique du Nord]] et en [[Égypte]]. La plupart des dirigeants musulmans portaient simplement le titre de sultan ou émir, et  allégeance à un calife qui avait souvent peu d'autorité. Le titre n'existe plus depuis que la république de [[Turquie]] a aboli le califat ottoman en 1924<ref>[https://books.google.fr/books?id=ll4cmA1bMqUC&pg=PA83&dq=abolition+califat+1924&cd=7#v=onepage&q=abolition%20califat%201924&f=false Marc Ferro, ''Le choc de l'islam : {{sp-|XVIII|-|XXI}}'', éd. Odile Jacob, 2002, {{p.|83}}].</ref>. Alors que le califat a été un sujet de discorde entre dirigeants musulmans, il a été peu évoqué depuis 1924. "L'idéal musulman aujourd'hui ne semble pas être celui de former de nouveau une communauté monolithique, fermée aux résonances extérieures, ayant à sa tête un chef spirituel et temporel qui jouerait le rôle de calife comme aux plus belles heures du califat"<ref>A.M. Delcambre, . « II. L'Islam, phénomène politique », ''L’Islam'', 2004, {{p.|28-47}}.</ref>.

=== La charia ===
{{Article détaillé|charia|ijtihad|Droit musulman}}

La [[charia]] (littéralement, {{Citation|le chemin vers une source}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=|titre=Un député LREM évoque « le retour de la morale » comme « le début de la charia »|périodique=Libération.fr|date=22/06/2017|lire en ligne=http://www.liberation.fr/france/2017/06/22/un-depute-lrem-evoque-le-retour-de-la-morale-comme-le-debut-de-la-charia_1578763|consulté le=2017-06-29|pages=}}.</ref> ou {{Citation|le chemin menant à l'abreuvoir}}<ref>{{Lien web|langue=en|titre = Shari'ah {{!}} Islamic law|url = http://www.britannica.com/topic/Shariah|site = Encyclopedia Britannica|consulté le = 2015-12-29}}.</ref>) est la loi islamique comprenant l'ensemble des obligations procédant du Coran et de la Sunna<ref name=":31" />. Dans le Coran, il existe seulement trois occurrences de terme dérivés de la racine sh-r-'. Néanmoins, la prégnance des impératifs dans ce texte et la position de soumission qu'il impose à ses destinataires explique l'importance de cet aspects, tant pour les sunnites que pour les chiites<ref name=":42">E.C, "Sharia", ''Dictionnaire du Coran'', 2007, Paris, {{p.|818}} et suiv.</ref>. Il est à noter que le mot « charia » est employé à la même époque, en [[arabe]], pour désigner la Torah, appelée alors la « charia de Moïse ». Il est également employé par les [[Chrétiens arabes|Arabes chrétiens]] pour désigner l'Évangile, appelée la « charia du Messie »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Mathieu|nom1=Guidère|titre=Sexe et Charia|éditeur=[[Éditions du Rocher]]|date=2014-05-27|isbn=978-2-268-07768-0|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=gxrSDQAAQBAJ&pg=PA40&dq=charia+de+moise|consulté le=2017-06-02}}.</ref>.

==== Mise en place de la charia ====
Depuis la [[Constitution de Médine]], la charia (de Mahomet) n'a cessé de s'amplifier. Selon [[Yadh Ben Achour|Yadh ben Achour]]<ref name=":1">Yadh Ben achour, ''Le Rôle des civilisations dans le système international, Droit et relations internationales'', Bruylant, éditions de l’université de Bruxelles, 2003.</ref>, il est inexact de penser que la charia est inerte et immuable. Elle évolue en fonction des changements de conjonctures diplomatiques et sociologiques. Y voir un système condamné à la pure stagnation est faux. Ben Achour cite ainsi de nombreux exemples d'adaptations de la charia dans une analyse rigoureusement scientifique<ref name=":1" />. Elle embrasse tous les aspects de la vie individuelle et collective des musulmans<ref name=":31" />. Si le Coran possède versets législatifs sur les actes cultuels, sur le droit familial…, il n'est pas exhaustif et est souvent peu clair<ref name=":42" />. Deux théories musulmanes expliquent l'origine de la charia. La première est que la charia est constituée de choses profitables à l'homme, intelligibles par la Raison. La seconde fait de la charia une volonté divine, déniant toute rationalité à cette loi. Paraissant indéfendable de nos jours, cette seconde n'a presque plus de partisans. Néanmoins, elle correspond mieux au cadre de la théologie sunnite, la plus représentative jusqu'à nos jours<ref name=":42" />.

{{citation|L'idée s'est progressivement imposée que l'empire de la sharia était absolu : tout acte humain, du plus anodin au plus lourd de conséquences, a une qualification sharaïque, et il appartient aux légiste de la communauté, les ''fuqahâ''', de la découvrir}}<ref name=":42" />. Cette vision qui s'est imposée n'a pas toujours fait l'unanimité et certaines sphères pouvaient, pour certains penseurs, être hors du champ de la charia. {{citation|La représentation tellement répandue selon laquelle l'islam ne distingue jamais le sharaïque du politique ni, plus généralement, le religieux du profane n'est pertinente que pour un certain islam, historiquement assez tardif, devenu majoritaire de nos jours}}<ref name=":42" />.

Toutefois, depuis le {{s-|XI}}, la pensée juridique islamique s'est cristallisée avec la fermeture des « portes de l{{'}}''[[ijtihad]]'' » (c'est-à-dire « l’effort de réflexion ») par le calife abbasside [[Al-Qadir]] (craignant de voir son pouvoir menacé par des juristes indépendants) en vertu d'une ordonnance intitulée : ''Le Message sur le Destin'' (Risâla al-qâdiriya)<ref group="Note">Arabe : risāla, رسالة, ''message ; lettre épître''.</ref>{{,}}<ref>Janine et Dominique Sourdel, ''Dictionnaire historique de l'islam'', Éd. PUF, Al-Qadir, {{p.|681-682}}.</ref>. Eric Chaumont considère qu'il vaut mieux parler d'"étranglement de ses voies", l'''itjihad'' n'étant pas un instrument de mise à jour des statuts sharaïques<ref name=":42" />. Si cette fermeture, qui n’était en rien une prescription divine, fut toujours contestée par de nombreux [[ouléma]]s tels qu’[[Ibn Hazm]] (994-1064) ou [[Al-Suyūtī|As-Suyuti]] (1445-1505), elle perdure, de fait, par paresse intellectuelle ou par impéritie<ref>H. Birkeland, ''Old Muslim opposition against the interpretation of the Koran'', Oslo, 1955.</ref>. Selon des recherches conduites par le Réseau international de solidarité WMUML en 2011 sur les lois dites islamiques (dénommées à tort charia)<ref>''Knowing Our Rights Family, Laws and Customs in the Muslim World'', {{3e}} édition, Londres, 2006.</ref>, il s'avère qu'en réalité, elles seraient basées sur la tradition et la coutume. Le terme charia est instrumentalisé par les autorités religieuses ou gouvernementales du pays afin de leur donner une soi-disant légitimité religieuse, mais avant tout pour établir, rétablir ou renforcer le [[Patriarcat (sociologie)|patriarcat]] de la société<ref>{{lien web|titre=Déclaration du Réseau international de solidarité Femmes sous lois musulmanes (WLUML) sur la situation en Libye|url=http://www.wluml.org/fr/action/d%C3%A9claration-du-r%C3%A9seau-international-de-solidarit%C3%A9-femmes-sous-lois-musulmanes-wluml-sur-la-si|date=25 octobre 2011}}.</ref>.

Selon [[Alain Besançon]], le musulman croit à la perfection de sa Loi. De son point de vue, elle est modérée et tient le juste milieu, c'est-à-dire le chemin raisonnable de la vertu. Elle lui apparaît comme plus adaptée à la nature humaine que la loi chrétienne (notamment en matière de sexualité) et comme marquant par rapport à la loi juive, dont elle reprend bien des articles (cf. [[Deutéronome|code deutéronomique]]), un adoucissement considérable (notamment en matière alimentaire), l'interdiction du vin (à raison des troubles sociaux générés) étant l'un des rares points où elle se montre plus sévère<ref name=":18" />.

==== Hiérarchie des normes ====
La charia est, chez les sunnites, codifiée dans le cadre des quatre écoles juridiques : (1°) [[hanafisme|hanafite]], (2°) [[malikisme|malikite]], (3°) [[chaféisme|chaféite]], (4°) [[hanbalisme|hanbalite]]<ref name=":31" />{{,}}<ref group="Note">Ces quatre "écoles" portent le nom de quatre imams. "Plus personne toutefois ne eut aujourd'hui prétendre que les imams éponymes furent les initiateurs de ces écoles". Ces écoles sont nées dans des cercles de savants dans un processus impersonnel. (E.C, "Sharia", ''Dictionnaire du Coran.)''</ref>. Ces écoles sont plus ou moins proches les unes des autres. Les hanafites possèdent cependant une approche à part de la charia<ref name=":42" />. Dans le chiisme, les deux principales écoles ont longtemps été les ''akhbari'', pour qui les traditions sont sources du fiqh, et les ''usûlî'' qui utilisent davantage le raisonnement. À l'époque moderne, ces approches se sont développées en intégrant les enseignement de la philosophie perso-islamique<ref name=":42" />.

Elles ne s'accordent que sur la hiérarchie suivante :
* Le [[Coran]] est la source première de la jurisprudence islamique (''[[fiqh]]'')<ref name="préceptes">{{fr}} [https://books.google.fr/books?id=xmmpBAAAQBAJ&pg=PA330&dq=false#v=onepage&q&f=false Djameleddine Feliachi, ''Les préceptes fondamentaux de l'islam (en 3 volumes) - Tome 2 : Les vertus de la Dévotion'', éd. Lulu, 2013, {{p.|330}}].</ref> ;
* La [[sunna]] est la deuxième source de droit<ref name="préceptes" />. Elle n'est pas un texte en soi comme le Coran, mais signifie l'ensemble des actes et des dires du prophète. Elle a été rassemblée et classée par les docteurs dans plusieurs œuvres. Deux ouvrages compilent les hadiths dits "authentiques" : le « ''[[Sahîh]]'' » d'[[Mouhammad al-Boukhârî|Al-Boukharî]] qui est tenu, par les musulmans, pour le {{Citation|livre le plus sûr après le Coran}}, et celui de [[Muslim ibn al-Hajjaj|Muslim]]. Mais les salafistes prennent aussi en considération de récents travaux d'authentification de hadiths de l'imam [[Muhammad Nasir-ud-Din al-Albani|Al-Albani]] au {{s-|XX}}.
* La troisième source est le consensus (’''[[ijmâ']]'') des [[ouléma]]s de tous les pays, à une époque donnée, sur le fondement coranique du verset 115 de la sourate ''[[An-Nisa]]'' condamnant la [[Opinion dissidente|dissidence]] d'avec Mahomet et celui de son hadith exhortant explicitement les musulmans à suivre le consensus communautaire<ref>{{Ouvrage|langue=ar|langue originale=ar|auteur1=Mohammad Aboû Zahra|traducteur=Michel Galloux|titre=L'imam Ach-Châfi'î|sous-titre=sa vie et son époque, ses opinions et son fiqh|lieu=Paris|éditeur=Al Qalam|année=2012|pages totales=472|passage=103-104 et 301-304|isbn=978-2-909469-64-5}}.</ref>{{,}}<ref>{{fr}} [https://books.google.fr/books?id=lH4SkIFG6tQC&pg=PA157&dq=false Claude Horrut, ''Ibn Khaldûn, un islam des « lumières » ?'', éd. Complexe, 2006, {{p.|157}}].</ref> ; Cette source qui est parfois utilisée jusqu'à affecter le Coran est considérée par les légistes comme le "plus forte des preuves". Néanmoins, aux fondements théoriques fragiles, elle a été contestée un temps<ref name=":42" />.
* La quatrième source est l'analogie (''[[qiyâs]]'' : {{langue|rtl|ar|قِيَاسٌ}}, littéralement « mesure ») qui permet de tirer le jugement d'une chose pour laquelle il n'y a pas de législation à partir du jugement sur une chose analogue<ref>Mimoun Bendjillali, ''L'histoire des sources fondatrices de la législation musulmane'', éd. Dar Albouraq, 2006, {{p.|32}}.</ref>.

==== La question du djihad ====
{{Article détaillé|Djihad}}

Le mot « djihad » ({{Langue|ar|جِهَادٌ}} en [[arabe]])<ref>La lettre arabe « [[Jīm|{{Langue|ar|ﺟ}}]] » est quelquefois transcrite « j » plutôt que « dj » ; en français, la transcription retenue par le dictionnaire Larousse est [http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/djihad/26226?q=djihad#26108 djihad].</ref> signifie en arabe « abnégation », « effort », « résistance », « lutte » ou « combat ». Dans les langues européennes, il se traduit souvent par « guerre sainte »<ref>{{Ouvrage|titre=Universalis - Thésaurus|lire en ligne=https://www.universalis.fr/encyclopedie/djihad-jihad/}}</ref>. Il désigne un devoir religieux pour les [[musulman]]s. Marie-Thérèse Urvoy a réalisé une analyse détaillée de l'usage du mot ''jihâd'' dans le Coran. Elle relève que 41 occurrences à la racine de ce mot s'y trouvent, dont 6 correspondant à des sens particuliers : <q>serment solennels</q> (5 fois) et <q>trouver le nécessaire</q>). Dans {{nombre|16|cas}}, <q>[l'occurrence] apparaît dans un sens vague et imprécis de « mener combat pour Dieu », avec une unique référence explicitement non violente</q><ref name=":43">M.T. Urvoy, « Guerre et Paix », ''Dictionnaire du Coran'', 2007, {{p.|374-377}}.</ref>. On peut admettre que parmi les mentions coraniques vagues, certaines évoquerait un "grand djihad" intérieur, {{citation|mais il est illégitime d'affirmer que le jihad coranique est uniquement spirituel}}<ref name=":43" />.

Le djihad a été théorisé au {{s-|VIII}}<ref>A. Borrut, "De l'Arabie à l'empire", ''Le Coran des historiens'', t.1, 2019, P;249 et suiv.</ref> et a évolué tout au long de l'histoire<ref name=":44">{{Article |langue=fr |prénom1=Antoine |nom1=Borrut |titre=Michael Bonner, Le Jihad. Origines, interprétations, combats. Paris, Téraèdre, coll. « L’islam en débat », 2004, 216 p. |périodique=Archives de sciences sociales des religions |numéro=140 |date=2007-12-01 |issn=0335-5985 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/assr/9913 |consulté le=2020-05-03 |pages=157–310 }}</ref>. La notion de Djihad naît dans un climat de conflit armé, en partie du vivant de Mahomet mais probablement aussi au cours des conquêtes musulmanes<ref name=":44" />. Elle s'accompagne de la division du monde entre un ''dār al-islām'' (territoire de l’islam) et ''dār al-ḥarb'' (territoire de la guerre). Les Omeyyades possèdent une place particulière dans l'essor de la notion de djihad<ref name=":44" />. Le droit musulman définit le djihad et ses conditions. Il est principalement divisé en quatre ensembles, celui contre les infidèles, celui contre les apostats, celui contre les rebelles et celui contre les brigands<ref name=":43" />. Pour les [[Chiisme|chiites]] (littéralement, les « partisans »), le djihad ne peut être décrété que par le [[Mahdi]]<ref name=":8" />. Pour les [[Kharidjisme|kharidjites]] (littéralement, les « sortants » ou « dissidents »), le djihad serait le « sixième » [[Piliers de l'islam|pilier de l'islam]]<ref name=":8" />.

Sous sa forme offensive, elle vise à étendre le domaine de l'islam. Cette approche a été utilisée, par exemple, lors de l'expansion de l'Empire ottoman. Elle est pensée comme une « obligation collective »<ref name=":45">Gilles Kepel, "Jihad", ''Pouvoirs'' 2003/1 ({{n°|104}}), {{p.|135-142}}.</ref>. Sous sa forme défensive, il consiste pour les musulmans à défendre leur religion, leurs personnes, leurs biens, leurs frontières, au besoin jusqu'au sacrifice de leur vie<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Dominique Frémy|auteur2=Dominique Frémy|titre=Quid 2002|éditeur=[[Éditions Robert Laffont|Robert Laffont]]|année=2001|pages totales=2126|passage=556|isbn=978-2-221-09465-5}}.</ref>. Il s'agit, pour chaque croyant, d'une « obligation individuelle », dont la prolifération incontrôlée marque le monde musulman depuis la dernière décennie du {{s-|XX}}<ref name=":45" />.

Une distinction a été faite, au {{s-|IX}}<ref name=":46">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Antoine Moussali|préface=Roger Arlnadez|titre=Judaïsme, christianisme et islam|sous-titre=étude comparée|éditeur=Édition de Paris|année=2000|pages totales=496|isbn=}}.</ref>, entre deux djihad-s, l'un externe, guerrier (dit le petit djihad) et l'autre interne, spirituel (dit le grand djihad). Pour Bonner, la seconde a longtemps été prédominante<ref name=":44" />. Pour M.T. Urvoy, la fin des conquêtes islamiques ({{s-|IX}}) a été à l'origine de spéculations sur un "Grand djihad", effort intérieur, qui n'a jamais supplanté l'aspect guerrier<ref name=":43" />. Classiquement, on distingue quatre types de djihad : par le cœur, ou par la parole, ou par la plume, et par l'épée<ref name="esposito">John Esposito, ''Islam: The Straight Path'', 2005, {{p.}}93.</ref>{{,}}<ref>Stephen Humphreys ''Between Memory and Desire'', University of California Press, 2005 {{ISBN|0-520-24691-8}}, {{p.}}174-176.</ref> ; les trois premiers constituant une obligation individuelle (''fard ayn''), le dernier constituant une obligation collective (''fard kifaya'')<ref>{{Ouvrage|langue=ar|auteur1=Sayyid Sâbiq|traducteur=Corentin Parabiot|titre=Fiqh As-Sunna|sous-titre=L'intelligence de la norme prophétique|éditeur=Ennour|année=2006|pages totales=450|passage=27|isbn=2-7524-0004-7}}.</ref>.

Il ne faut pas non plus confondre le « djihad » avec le « djihadisme », ce terme désignant une doctrine [[Islamisme|islamiste]] encensant le djihad armé<ref name=":46" />. Ce mouvement est très hétérogène mais est caractérisé par un "focus singulier" sur l'aspect violent du djihad<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Jarret M.|nom1=Brachman|titre=Global Jihadism|sous-titre=Theory and Practice|éditeur=[[Routledge]]|date=2008-09-03|pages totales=225|isbn=978-1-134-05541-8|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=-zd8AgAAQBAJ&pg=PA5&dq=global+jihadism|consulté le=2020-05-03}}</ref>. Ces mouvement ont utilisé les attentats et les [[Attentat-suicide|attentats-suicides]], pourtant expressément interdits par le Coran au titre du suicide<ref>{{Lien web|titre=Le suicide, une pratique interdite par l'islam|url=http://www.liberation.fr/france/2015/11/18/le-suicide-une-pratique-interdite-par-l-islam_1414405|site=Libération.fr|consulté le=2015-11-18}}.</ref>. L'origine des attentats-suicides reste, à ce jour, incertaine. Selon [[Ehud Sprinzak]], les attentats-suicides seraient à mettre en relation avec les [[assassinat]]s perpétrés par la [[secte]] chiite des [[haschischins]] (littéralement, « mangeurs de [[haschich]] », afin de faire croire aux pressentis qu'ils sont d'ores et déjà au [[Paradis]] ; à l'origine du mot « assassin » en français) au {{s-|XI}}. Au {{s-|XVIII}}, le suicide de l'« assassin », déjà associé au martyr, est utilisé par des communautés musulmanes de la [[côte de Malabar]] en [[Inde]] en lutte contre les Européens<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Ehud Sprinzak, |titre=Rational Fanatics |périodique=Foreign Policy |numéro=120 |année=septembre-octobre 2000 |lire en ligne= |pages= }}.</ref>{{,}}<ref group="Note">Selon [[Noah Feldman]], les premiers attentats-suicides pourraient remonter aux [[Anarchisme|anarchistes]] [[européens]] du {{s-|XX}} ({{Article|prénom1=Noah|nom1=Feldman|titre=Islam, Terror and the Second Nuclear Age|périodique=The New York Times|date=2006-10-29|issn=0362-4331|lire en ligne=https://www.nytimes.com/2006/10/29/magazine/29islam.html|consulté le=2016-05-12}}.). Toujours est-il que, selon [[Constance Sereni]] (à l'échelle de masse) la [[stratégie militaire]] des attaques [[Kamikaze|kamikazes]] ([[japonais]] : « vent divin ») serait plutôt une innovation du [[Vice-amiral (Japon)|vice-amiral]] [[Japonais (peuple)|japonais]] [[Amiral Onishi|Ônishi Takijirô]] au {{s-|XX}} ({{Lien web |titre=La tactique kamikaze - une invention fondamentalement japonaise ? |url=http://www.gis-reseau-asie.org/article/10/tactique-kamikaze-invention-fondamentalement-japonaise-constance-sereni/ |site=GIS Asie / Réseau Asie & Pacifique |consulté le=2016-05-12}}.)</ref>. Selon [[Noah Feldman]] et [[Denis MacEoin]], depuis 1983<ref group="Note">Lorsque des militants chiites ont fait exploser la caserne des [[United States Marine Corps|Marines]] américains au [[Liban]] </ref>, l'attentat-suicide a {{Citation|pénétré la conscience culturelle islamique}} (dit Feldman) sous couvert de djihad « musulman » et subséquemment, de culte des martyrs (''[[chahid]]''), ce qui a permis sa banalisation malgré l'interdiction coranique du suicide, et autorisé par la suite des musulmans (sunnites ou chiites) à perpétrer des attentats-suicides<ref name=":9">{{Article |prénom1=Noah |nom1=Feldman |titre=Islam, Terror and the Second Nuclear Age |périodique=The New York Times |date=2006-10-29 |issn=0362-4331 |lire en ligne=https://www.nytimes.com/2006/10/29/magazine/29islam.html |consulté le=2016-05-12}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en-US|prénom1=Denis|nom1=MacEoin|titre=L'attentat-suicide et la foi|périodique=Middle East Quarterly|date=2009-09-01|lire en ligne=http://www.meforum.org/2487/lattentat-suicide-et-la-foi|consulté le=2016-05-12}}.</ref>.

=== Clergé ===
[[Fichier:33937 ejaz215 call-to-prayer-from-the-prophet-s-mo.ogg|vignette|Lancement de l'[[Adhan]] à [[Médine]].]]
[[Fichier:Surah Al fatiha104.ogg|vignette|Récitation de la Sourate [[Al-Fatiha]] à [[La Mecque]].]]L'islam reconnaît divers niveaux de compétences religieuses et différentes fonctions parmi ses fidèles. Il est possible de citer :
* Le [[muezzin]] fait l'appel à la prière ;
* L'[[imam]] dirige la prière ;
* Le [[recteur (clergé)|recteur de la mosquée]] dirige la [[mosquée]] ;
* Le [[cheikh]] est un chef de clan ou tribu ;
* Le [[mufti]] ({{Lang-ar|مُفْتِي}}) est un jurisconsulte. Lorsque des musulmans sont divisés sur un sujet particulier, souvent face à des contradictions de [[fatwa]]s, ils peuvent solliciter son arbitrage pour obtenir des éclaircissements sur l'interprétation de la [[charia]] ;
* Le [[Faqîh|faqih]] ({{Lang-ar|فقيه}}) est un maître en droit musulman ;
* Le [[Science du hadith|mouhaddith]] est un spécialiste du hadith ;
* Le [[cadi]] est un juge dans un tribunal islamique ;
* L'[[ouléma]], ''<nowiki>'</nowiki>âlim'' ({{Lang-ar|عَالِمٌ}}), est un docteur de l'islam, un enseignant-chercheur en droit musulman.
* Le [[Mollah|molla]] ou mollah (''ayatollah'' ou ''hodjatoleslam'') est un érudit musulman dans des pays dont le langage a une influence perse (arabe : ''mawlān'', {{Langue|ar|مَوْلًى}}, pl. ''mawâlin'', {{Langue|ar|مَوَالٍ}} aide ; défenseur ; seigneur). Il est la plus haute autorité pour les chiites.
* Jusqu'en 1055, le [[calife]] détenait le pouvoir temporel (politique et militaire) et spirituel (théologique et judiciaire).

En [[Europe]] et dans certains pays musulmans, la question des formations se pose. En France, "aucune université ni établissement scolaire reconnu ne propose à l'heure actuelle de former les candidats à la fonction religieuse." Actuellement, les imams sont formés soit dans l'institut des « Musulmans de France », soit à l'institut Al-Ghazali de la Grande Mosquée de Paris (GMP)<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Ronan Tésorière|titre=Cinq minutes pour comprendre le débat sur la formation des imams en France|url=http://www.leparisien.fr/societe/cinq-minutes-pour-comprendre-le-debat-sur-la-formation-des-imams-en-france-19-02-2020-8263146.php|site=leparisien.fr|date=2020-02-19|consulté le=2020-05-03}}</ref>.

==== Dans le sunnisme ====
[[Fichier:Kairouan. Minbar und Maqsura.jpg|vignette|220px|Carte postale de 1900 montrant le minbar (chaire utilisée par l'imam pour son prêche) de la [[Grande Mosquée de Kairouan]]. Cette chaire du {{s-|IX}}, toujours en place dans la mosquée, est le plus ancien minbar encore intact du monde musulman<ref>{{fr}} [https://books.google.fr/books?id=m4y7rU_hPacC&pg=PA817&lpg=PA817&dq=false#v=onepage&q&f=false Albert Ollé-Martin et Violaine Decang, ''Histoire de l'humanité : 600-1492'', éd. UNESCO, Paris, 2008, {{p.|817}}].</ref>.]]
Il n'existe pas {{citation|au moins dans l’islam sunnite, d’un véritable clergé comparable au clergé catholique}} et pas de {{citation|véritable séparation entre clercs et laïcs dans l’islam sunnite}}<ref>A. Boyer, « Introduction », ''L'Islam en France'', 1998, {{p.|1-33}}.</ref>. Néanmoins, si {{citation|l’islam est une religion sans Église ni clergé. […] cela ne signifie pas qu’il soit pour autant une religion sans clercs ni institutions}}<ref>S. Jouanneau, « Postures et ressorts d’une autorité rituelle en situation », ''Les Imams en France. Une autorité religieuse sous contrôle'', 2013, {{p.|379-406}}.</ref>.

"L’idée que l’islam serait une « religion de laïcs » relève d’une vulgate du dogme musulman selon laquelle l’autorité religieuse serait une capacité exclusivement divine". L'islam sunnite possède une structure institutionnelle, autour de la place centrale occupée par l'imam. Ils assurent la direction de la prière et parfois aussi la prédication<ref name=":82">S. Jouanneau, "L'imam, clerc sans clergé ni église : les répertoires d'une autorité dissimulée dans les cadres de l'interaction", ''Genèses'' 2012/3, {{n°|88}}, {{p.|6-24}}</ref>. Selon la canon islamique, la prière à la mosquée doit être dirigé par un imam. Celui-ci a, dans la mosquée, un véritable rôle de chef d'orchestre et possède une autorité rituelle. L'imam est distingué du fidèle par sa position et par le fait qu'il soit "seul habilité à prononcer à haute et intelligible voix l’ensemble des paroles rituelles constitutives de la ''salat''." Il a aussi autorité pour légitimer la validité d'une prière ou demander au fidèle de la refaire<ref name=":82" />. En outre, ils ont parfois, en France, des fonctions, qui, en pays musulman, seraient attribué aux oulémas, au mufti ou au [[Vocabulaire de l'islam|mourchid]]<ref name=":82" />.

"Cette autorité passe néanmoins d’autant plus souvent inaperçue que le caractère basique des qualifications qu’elle requiert permet aux fidèles de continuer à se représenter ce rôle comme « universellement » accessible"<ref name=":82" />. Ce principe est particulièrement répandue dans les mosquées française, ce qui a permis de se singulariser du catholicisme<ref name=":82" />.

==== Dans le chiisme ====
Le [[chiisme]] orthodoxe de la branche usuli (clergé des [[ayatollah]]) reconnaît (contrairement aux chiites akhbaris), ''a contrario'', un [[clergé]] à plusieurs niveaux hiérarchiques<ref>Serge Lafitte, ''Chiites et sunnites'', éd. Plon, Paris, 2007, {{p.|100-107}}.</ref>. Chez les chiites, le titre d'[[imam]] désigne le chef spirituel et temporel de la communauté musulmane ([[calife]] pour les sunnites). Il est porté par les descendants d'[[Ali ibn Abi Talib]] (premier imam) et de [[Fatima Zahra]] (fille de Mahomet) jusqu'au douzième imam ([[Mahdi]]). Les imams sont considérés comme les dépositaires du sens secret de la révélation coranique et comme les seuls successeurs légitimes de Mahomet<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Dominique Frémy|auteur2=Michèle Frémy|titre=Quid|éditeur=[[Éditions Robert Laffont]]|année=2002|pages totales=2 126|passage=557|isbn=978-2-221-09465-5}}.</ref>.

=== Économie ===
Le prophète Mohammed est, bien avant [[Adam Smith]], le tout premier homme à avoir mis en avant l'idée que les marchés et la formation des prix étaient régulés par une [[main invisible]] (bien qu'il n'emploie pas le terme "main invisible") : {{Citation|Il n'y a personne d'autre qu'Allah qui rend les prix faibles ou élevés}}<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Anas ibn Malik |titre=Wages (Kitab Al-Ijarah) Chapter: Regarding Fixing Prices |url=https://sunnah.com/abudawud:3450 |accès url=libre |site=sunnah}}</ref> ; certains estiment même que ces paroles sont les premières fondations historiques du [[laissez-faire]]<ref>{{Article|prénom1=Muhammad Akram|nom1=Khan|titre=Building Islamic Economics from Theological Roots|périodique=SSRN Electronic Journal|date=2016|issn=1556-5068|doi=10.2139/ssrn.2886156|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.2886156|consulté le=2023-11-15}}</ref>.

La fiscalité dans l'islam se dit solidaire par le [[zakât]] : les fidèles qui en ont les moyens doivent redistribuer une partie de leurs richesses aux plus démunis ou à l'intérêt de la cité<ref name=":0" />. Bien que le montant est réglé au cinquième des revenus du musulman et au tiers de son héritage<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Pierre-Jean Luizard]]|titre=Histoire politique du clergé chiite|éditeur=|année=|passage=38-39|isbn=}}</ref>, le montant effectivement versé n'est jamais explicitement communiqué car celui-ci doit faire l'objet d'un dialogue entre Dieu et le fidèle<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Thomas Piketty]]|titre=[[Capital et Idéologie]]|éditeur=|année=2019|passage=633|isbn=}}</ref>.

La [[finance islamique]] est une finance réadaptée afin de convenir à la [[charia]] : il est interdit d'être rémunéré au seul motif de l'écoulement du temps (c'est une version poussée de la critique de l'[[Usure (finance)|usure]]) ou au motif du hasard, la finance islamique ne peut pas non plus financer les activités illicites à la charia, et les profits tout comme les pertes doivent être partagés au sein de la communauté musulmane<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Kaouther Jouaber-Snoussi]]|titre=La Finance Islamique|éditeur=[[La Découverte]]|année=2012|isbn=}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|titre=Dictionnaire de Géopolitique|éditeur=[[Hatier]]|année=2021|passage=276|isbn=|titre chapitre=Finance Islamique}}</ref>.

== Fêtes musulmanes ==
{{Article détaillé|Aïd al-Adha|Aïd el-Fitr}}

Le vendredi est, pour les musulmans, un jour consacré au culte, prenant place à la mosquée à midi. Ce jour n'inclut pas, comme le sabbat ou le dimanche chrétien, une dimension de repos. Cette prière du vendredi est évoquée dans le Coran<ref>Goitein, S., . Le culte du vendredi musulman : Son arrière-plan social et économique. ''Annales. Histoire, Sciences Sociales, 13''(3), 1958, {{p.|488-500}}.</ref>.

[[Fichier:Eid in Morocco.JPG|vignette|Célébration de l'[[Aïd el-Fitr]] au Maroc.]]

Dans l'islam, deux fêtes sont particulièrement sacrées : l'[[Aïd al-Adha]] et l'[[Aïd el-Fitr]].
* L'[[Aïd al-Adha]], ou ''Aïd el-Kebir'' (« la grande fête »)<ref>Anne‑Marie Brisebarre, "L’évolution de la pratique du sacrifice de l’aïd el‑kebir en contexte urbain français", ''Ethnologie française'' '''2017/4 ({{Numéro avec majuscule|168}})''', {{p.|607-622}}.</ref> est célébré le dixième jour du [[Dhou al Hijja|dernier mois]] du [[Calendrier hégirien|calendrier islamique]], en commémoration du [[Ibrahim#Le sacrifice demandé à Ibrahim|sacrifice]] d'[[Abraham]] sur le [[Rocher de la Fondation]], et coïncide avec le [[hajj|pèlerinage à La Mecque]], le cinquième [[Piliers de l'islam|pilier de l'islam]]. Cette fête correspond à un ancien usage préislamique<ref>{{Article |langue=en |prénom1=E. |nom1=Mittwoch |titre=ʿĪd al-Aḍḥā |périodique=Encyclopédie de l’Islam |date=2010-10-01 |lire en ligne=https://referenceworks.brillonline.com/entries/encyclopedie-de-l-islam/id-al-adha-SIM_3472 |consulté le=2020-05-09 }}</ref>.
* L'[[Aïd el-Fitr]] « fête de la rupture du jeune » ou 'al-ʿīd al-ṣag̲h̲īr «la petite fête», qui tombe le premier du mois de Chawwal célèbre la fin du jeûne du mois de Ramadan<ref>{{Article |langue=en |prénom1=E. |nom1=Mittwoch |titre=ʿĪd al-Fiṭr |périodique=Encyclopédie de l’Islam |date=2010-10-01 |lire en ligne=https://referenceworks.brillonline.com/entries/encyclopedie-de-l-islam/id-al-fitr-SIM_3473?s.num=0&s.f.s2_parent=s.f.book.encyclopedie-de-l-islam&s.q=%CA%BF%C4%AAd+al-fitr |consulté le=2020-05-09 }}</ref>.

[[Achoura]] : le jeûne de Achoura est un temps de jeûne facultatif, emprunté au judaïsme<ref>{{Article |langue=en |prénom1=A. J. |nom1=Wensinck |prénom2=Ph |nom2=Marçais |titre=ʿĀs̲h̲ūrāʾ |périodique=Encyclopédie de l’Islam |date=2010-10-01 |lire en ligne=https://referenceworks.brillonline.com/entries/encyclopedie-de-l-islam/ashura-COM_0068?s.num=0&s.f.s2_parent=s.f.book.encyclopedie-de-l-islam&s.q=achoura |consulté le=2020-05-09 }}</ref>. Pour les chiites, c'est surtout la date anniversaire de la mort de l'imam Husayn, petit-fils de Mahomet<ref>Anne-Sophie Vivier-Muresan, "Rites d’Achoura et affirmations communautaires", ''Archives de sciences sociales des religions'', '''2020/2 ({{n°|189}})''', {{p.|55-72}}</ref>.

[[Ramadan]] : Seul mois dont le nom figure dans le [[Coran]]{{sfn|Georgeon|2009|loc={{p.|8}}, {{§|4}}}}{{,}}<ref group="Note">Coran, II, 185.</ref>, ramadan est pour les [[musulman]]s le {{citation|mois saint par excellence}}{{sfn|Georgeon|2009|loc={{p.|8}}, {{§|5}}}} car il constitue le mois du [[jeûne]] (ou ''[[Saoum|sCaoum]]'') et contient [[Ramadan#Laylat al-Qadr|Laylat al-Qadr]] (la nuit du Destin){{sfn|Georgeon|2009}}. En [[français]] comme en [[anglais]], on emploie indifféremment le mot « ramadan » pour désigner le mois saint pour les musulmans et, par [[métonymie]], le [[jeûne]] ou [[saoum]]<ref>{{Lien web|auteur=Akram Belkaid|titre=Ramadan|url=http://orientxxi.info/mots-d-islam-22/ramadan,1359|éditeur=OrientXXI|date=6 juin 2016}}.</ref>. ''{{langue|ar-Latn|Laylat al-Qadr}}'' (Nuit du Destin), considérée comme la nuit la plus sainte de l'année, est une commémoration observée au cours de l'un des dix derniers jours impairs du mois. C'est au cours de cette nuit que le [[Coran]] aurait été révélé au prophète [[Mahomet]] par l'[[archange]] [[Gabriel (archange)|Gabriel]]<ref name="neal">{{en}} Neal Robinson, ''{{langue|en|Islam: A Concise Introduction}}'', {{éd.}} {{langue|en|Curzon Press}}, Londres, 1996.</ref>.

Mawlid (Aïd Mawlid-ennabaoui) : Cette fête qui célèbre la naissance de [[Mahomet]] est généralement célébrée le 12 [[Rabia al awal|rabi-el-aouel]] dans les [[Nombre de musulmans par pays|pays musulmans]]. Elle est aussi appelée ''maouloud'', ''mouloud'', ''mouled'' ou ''mevlid'' selon les pays.
{{article détaillé|Mawlid}}

== Culture islamique ==
[[Fichier:اعجاز رنگها.jpg|vignette|alt=Devant un mur constellé d'écritures, une femme éclairée par la lumière de vitrail penche son visage vers un livre qu'elle tient à plat dans ses mains.|Musulmane lisant un livre dans la [[mosquée Nassir-ol-Molk]] en Iran. Octobre 2017.]]

=== Ablations traditionnelles ===
{{Article détaillé|Fitra}}
[[Fichier:Customs of Central Asians. Circumcision WDL10835.png|gauche|vignette|Photographie représentant une circoncision, Turkestan, {{s-|XIX}}.]]
Pour les musulmans, la nature primitive ([[fitra]]) fixe aux hommes musulmans, outre la coupe des cheveux, cinq ablations traditionnelles<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=LACHHEB Mona (sous la direction|nom1=de)|titre=Penser le corps au Maghreb|éditeur=KARTHALA Editions|date=2012-09-14|pages totales=288|isbn=978-2-8111-0730-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=eFY7gdvi5CwC&pg=PA35&q=fitra|consulté le=2020-05-04}}</ref> :
* la [[circoncision]] [[Masculinité|masculine]]
* l'épilation des poils du pubis et des aisselles
* le coupage des ongles
* la taille de la moustache
* la taille de la [[barbe]] : elle ne doit pas dépasser la largeur d'une main, à partir du menton, c'est-à-dire à hauteur de la base du cou (''tôlia'')<ref name=":4" />.

La circoncision est une pratique largement répandue dans le monde musulman. Elle se pratique, selon les régions, entre le septième jour et la quinzième année. Pourtant, cette ablation n'a de fondement normatif, ni dans le Coran, ni dans les hadiths<ref group="Note">Les cinq ablations, cités ci-dessus, proviennent d'un hadith mais sont davantage une invitation qu'une norme prescriptive.</ref>. Son origine, dans le monde musulman, est liée à la présence importante de cette pratique en Arabie préislamique. Selon les hadiths, c'est un usage qui serait resté courant dans les premières communautés musulmanes<ref name=":7">M.Y, "circoncision, excision", ''Dictionnaire du Coran'', 2007, Paris, {{p.|167}}.</ref>. Ce rite de passage et de reconnaissance de la petite fille dans sa société perdure en dehors de l'islam chez les [[coptes]], les chrétiennes d’[[Égypte]]<ref name=":14">{{Lien web|titre=Tunisie : le « cyclone salafiste » appelle à l'excision|url=https://www.marianne.net/martinegozlan/Tunisie-le-cyclone-salafiste-appelle-a-l-excision_a34.html|site=Marianne|consulté le=2015-11-19}}.</ref>.

Selon le droit musulman, la circoncision est un acte ''sunna'', recommandé, mais obligatoire (pour les deux sexes) dans l'école shafi'ite. Un argument avancé est la circoncision d'Abraham. Néanmoins, pour les musulmans, elle est perçue majoritairement comme "une obligation rigoureuse, au même titre, par exemple, que les piliers de l'islam". Elle a acquis dans l'islam une fonction de rite de passage<ref name=":7" />. C'est donc un acte plus culturel que cultuel<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Françoise|nom1=Couchard|titre=L'excision|éditeur=[[Presses universitaires de France|PUF]]|collection=[[Que sais-je ?]] n°3686|date=2003-10-10|pages totales=80|isbn=978-2-13-061485-2|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=BLwJCwAAQBAJ&pg=PT2&dq=excision+islam|consulté le=2020-05-04}}</ref>.

L'[[excision]] du [[clitoris]] n'est pas davantage une pratique prescrite par le Coran. Les écoles juridiques la recommandent<ref group="Note">"sous une forme bénigne"</ref> en se fondant sur des hadiths qui ne la prescrivent pas explicitement. Comme pour la circoncision, le fiqh semble avoir entériné une pratique préislamique<ref group="Note">L'[[excision]] du [[clitoris]] (ou clitéroctomie) est une pratique attestée en Égypte à l'époque ptolémaïque mais mal connue : Ange-Pierre Leca, ''La médecine au temps des pharaons'' , Paris, Dacosta, 1992, chapitre « excision ».</ref>{{,}}<ref name=":7" />. Selon les [[sociologue]]s [[République du Congo|congolais]], [[Régine Tchicaya-Oboa]], [[Abel Kouvouama]] et [[Jean-Pierre Missie]], l'excision fait débat entre les commentateurs « sunnites » qui la défendent soit comme recommandation, soit comme obligation, soit {{Citation|sous la pression de l'État}} comme un acte interdit<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Régine|nom1=Tchicaya-Oboa|prénom2=Abel|nom2=Kouvouama|prénom3=Jean-Pierre|nom3=Missié|titre=Sociétés en mutation dans l'Afrique contemporaine|sous-titre=dynamiques locales, dynamiques globales|lieu=Paris|éditeur=KARTHALA Editions|année=2014|pages totales=544|isbn=978-2-8111-1180-9|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=366yAwAAQBAJ&pg=PA129&q=%22pression+de%22|consulté le=2020-05-04}}</ref>{{,}}<ref group="Note">En [[Guinée]] (pays à majorité sunnite), les musulmanes défendent l'excision comme une obligation religieuse. {{Ouvrage|auteur1=P. Stanley Yoder, Papa Ousmane Camara, Baba Soumaoro|titre=L'excision et la socialisation des adolescentes en Guinée|éditeur=Calverton, Maryland, U.S A . Macro International Inc et Université de Conakry, Conakry, Guinea|année=1999|pages totales=57|passage=chapitre 4|isbn=|lire en ligne=http://dhsprogram.com/pubs/pdf/OD14/00FrontMatter_F.pdf}}.</ref>{{,}}<ref group="Note">Selon [[Habib Ellouze]], l'excision dont il s'agit, serait seulement une [[nymphoplastie]] ou [[labiaplastie]] : {{citation|dans les régions où il fait chaud, les gens sont contraints d'exciser les filles à titre de thérapie, car, dans ces régions, les clitoris sont trop grands et gênent l'époux […] On excise ce qu'il y a en plus, mais ce n'est pas vrai que l'excision supprime le plaisir chez les femmes, c'est l'Occident qui a exagéré le sujet. L'excision est une opération esthétique pour la femme}}</ref>{{,}}<ref>{{article |titre=Tunisie : le parti islamiste au pouvoir se dit contre l'excision des filles |périodique=Lepoint.fr |date=15 mars 2013 |url=http://www.lepoint.fr/societe/tunisie-le-parti-islamiste-au-pouvoir-se-dit-contre-l-excision-des-filles-15-03-2013-1640462_23.php }}.</ref>{{,}}<ref>{{article |titre=Un député tunisien critiqué pour avoir qualifié l'excision d'opération « esthétique » |périodique=Lemonde.fr |date=11 mars 2013 |url=https://www.lemonde.fr/tunisie/article/2013/03/11/un-depute-tunisien-critique-pour-avoir-qualifie-l-excision-d-operation-esthetique_1846106_1466522.html }}.</ref>.

Selon le [[sociologue]] [[Côte d'Ivoire|ivoirien]] [[Marcel Kouassi]], {{Citation|certains adeptes d'un islam traditionaliste}} s'appuient sur plusieurs hadiths qu'ils considèrent comme « authentiques » pour défendre cette « tradition »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Marcel|nom1=Kouassi|titre=Bioéthique et excision en Afrique|lieu=Saint-Denis|éditeur=Connaissances et Savoirs|date=2016-02-19|pages totales=331|passage=43|isbn=978-2-7539-0271-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=QpZ5CwAAQBAJ|consulté le=2016-05-06}}.</ref>.Le grand imam de l'[[Université al-Azhar|Azhar]] au [[Le Caire|Caire]], l'une des plus grandes références du monde [[Sunnisme|sunnite]], a fermement condamné l'[[excision]] au motif que les textes qui la recommandent sont totalement trafiqués par les [[Salafisme|salafistes]] pour habiller juridiquement ce qu'il considère comme un [[syncrétisme]]<ref name=":14" />.

=== Tabous alimentaires ===
{{Article détaillé|Halal|Haram (sacré)|Dhabiha}}
La loi islamique fournit un ensemble de règles prescrivant ce que les musulmans doivent manger. Ces règles spécifient ce qui est [[halal]] (''halāl''), c'est-à-dire légal. Ces règles se trouvent dans le Coran, qui décrit aussi ce qui est [[haram (sacré)|haram]] (''harām''), c'est-à-dire illégal. Le Coran insiste sur cet aspect normatif, de la différence entre le licite et l'illicite. Ainsi, certains versets prescrivent des interdits et d'autres abrogent les interdits juifs et arabes préislamiques<ref name=":12">M.H. Benkheira, "Alimentation", ''Dictionnaire du Coran'', 2007, {{p.|39}} et suiv.</ref>. Le Coran se présente comme moins contraignant que les interdits alimentaires juifs, qui sont, selon lui, des punitions divines. Néanmoins, les lois alimentaires musulmanes sont moins le fait du Coran que de la Sunna<ref name=":12" />.

Un des premiers interdits coraniques liés à la nourriture concerne les excès<ref name=":114">Encyclopedia of the Quran, vol 2, "Food and drink"</ref>. Au-delà, d'autres interdits définissent les aliments {{incise|principalement d'origine animale}} et les boissons autorisés dans le cadre de la charia. Les critères utilisés précisent à la fois quels sont les aliments autorisés et la manière dont ils doivent être préparés. Ces interdits sont considérés comme une voie de Salut<ref name=":114" />. Ces interdits sont levés en cas de contrainte de la faim, sans intention de pécher<ref name=":114" />.

Selon [[Florence Bergeaud-Blackler]], « en [[Europe de l'Ouest|Europe occidentale]], jusqu'aux [[années 1980]], la plupart des autorités musulmanes considéraient les nourritures des [[gens du Livre]] ([[juifs]], [[chrétien]]s, [[musulman]]s) comme halal, à l'exception du porc ». Cette absence d'objection est confirmée dans une [[fatwa]] de [[Mohamed Abduh]]<ref name=":08">{{Lien web|langue=fr|titre=«Le marché halal est une invention de la mondialisation»|url=http://www.lemondedesreligions.fr/une/le-marche-halal-est-une-invention-de-la-mondialisation-06-01-2017-6067_115.php|site=lemondedesreligions.fr|consulté le=2018-02-16}}.</ref> et s’appuie sur le texte coranique (la [[Al-Ma'ida|sourate 5]] et notamment son cinquième [[Aya (islam)|verset]])<ref>{{Article |langue=fr |auteur1=Sylvie Arsever |titre=Le jour où le marché a inventé le halal |périodique=[[Le Temps (quotidien suisse)|Le Temps]] |date=31 janvier 2017 |lire en ligne=https://www.letemps.ch/societe/jour-marche-invente-halal |consulté le=2018-02-16 }}.</ref>. Jusque dans les années 1980, hormis quelques juristes d'écoles rigoristes et des groupes islamistes originaires du [[sous-continent indien]], les autorités religieuses, y compris les plus radicales « considéraient que les musulmans pouvaient consommer la nourriture des pays de tradition chrétienne et juive »<ref name="Bergeaud-Blackler201609">[https://www.lesechos.fr/28/09/2016/lesechos.fr/0211328768510_f--bergeaud-blackler-----la-poule-aux-oeufs-d-or-halal-montre-sa-tete-a-chaque-presidentielle--.htm F. Bergeaud-Blackler : « La poule aux œufs d'or halal montre sa tête à chaque présidentielle »], lesechos.fr, 28 septembre 2016.</ref>.

[[Florence Bergeaud-Blackler]], rappelle que le "marché halal"<ref group="Note">L'auteur étudie ici le "marché halal", pratique contemporaine particulière, et non l'existence de pratiques normatives alimentaires.</ref> est un marché mondialisé industriel né dans les années 1980 d'une rencontre entre deux courants : l'idéologie libérale du [[libre-échange]] dans un marché mondial sans frontières et le fondamentalisme islamique porté par deux tendances : les [[Frères musulmans]] et les [[salafiste]]s<ref name="Bergeaud-Blackler201609" />. Cette évolution permettait aux courants fondamentalistes d'« ériger des frontières symboliques entre les musulmans et les non-musulmans »<ref name=":08" />.

La ''{{transl|ar|DIN|Ḏabīḥah}}'' ({{langue|ar|ذَبِيْحَة}}) est la méthode prescrite par la loi islamique concernant l'[[abattage]] de tous les animaux à l'exception des animaux marins. Il doit être réalisé en invoquant le nom d'[[Allah]], en disant : « Bismillah Allahi al-Rahman al-Rahim » (''Au nom de Dieu le très miséricordieux le tout miséricordieux'')<ref name="lhar">{{Ouvrage|auteur1=Jacqueline Pousson-Petit|titre=Les droits maghrébins des personnes et de la famille à l'épreuve du droit français|éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]]|année=2009|pages totales=531|passage=285|isbn=2296090435|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=MG-Qgf6VmI4C&pg=PA285}}.</ref>. Le sacrificateur doit appartenir à la catégorie des "gens du Livre"<ref name=":211">{{Lien web|langue=fr|titre=Le halal, symbole de fracture identitaire ?|url=https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/03/20/le-halal-symbole-de-fracture-identitaire_1672704_3232.html|site=Le Monde.fr|consulté le=2018-02-17}}.</ref>. Mais les savants musulmans restent en désaccord sur la licéité de la [[Cacherout|viande cacher]] et la conception souple du halal a tendance à être marginalisée<ref name=":211" />.

=== Calendrier islamique ===
[[Fichier:Lunar libration with phase Oct 2007 450px.gif|vignette|Les phases de la lune forment la base du calendrier islamique.]]
{{Article détaillé|Calendrier musulman}}

L'islam possède un calendrier propre. On indique qu’une date est donnée dans ce calendrier en ajoutant la mention ''calendrier musulman'', ''calendrier hégirien'', ''ère musulmane'' ou ''ère de l’Hégire'' ; ou en abrégé, ''(H)'' ou ''(AH)'' (du [[latin]] ''anno Hegiræ'')<ref>{{fr}} [https://books.google.fr/books?id=LbVffEtw87QC&pg=PA67&dq=false#v=onepage&q&f=false Charles Schneider, ''Calendrier perpétuel dès l'an un'', éd. Publibook, 2008, {{p.|67}}].</ref>. Ce calendrier a été mis en place par le calife Umar, qui a fixé son point de départ au premier jour du premier mois de l'année de l'Hégire, le 16 juillet 622. Il introduit alors une ère de l'Hégire<ref name=":47">F. Déroche, "Calendrier", ''Dictionnaire du Coran'', 2007, Paris, {{p.|144-145}}.</ref>.

Le Coran précise que le calendrier doit être lunaire, dans la continuité de pratiques présentes dans certaines parties de l'Arabie préislamique. Elle est composée de {{nombre|12|mois}}, dont quatre sont considérés comme sacrés<ref name=":47" />. Le Coran évoque l'interdiction d'une pratique qui semble celle du mois intercalaire. Le calendrier musulman se décale donc d'environ par an par rapport au calendrier solaire. Le terme "yawn" (jour) apparaît environ 460 fois dans le Coran<ref name=":47" />.

Il est à noter qu'il existe un conflit méthodologique quant à la fixation de la date de début du [[ramadan]]. Contre la méthode oculaire (qui ne requiert aucun clergé), la [[société secrète]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Fabrice Maulion - Sous la direction de Xavier Raufer|titre=L'organisation des frères musulmans : évolution historique, cartographie et éléments d'une typologie|lieu=Paris|éditeur=Université Panthéon-Assas - Paris II - Département de Recherche sur les Menaces Criminelles Contemporaines|année=2004|pages totales=337|passage=121|isbn=|lire en ligne=http://www.drmcc.org/IMG/pdf/41e653082a706.pdf}}.</ref> des [[frères musulmans]] milite régulièrement pour la méthode dite scientifique, c'est-à-dire celle des calculs astronomiques, sur la base d'une réinterprétation d'un verset du Coran. Cependant, le début du ramadan n'a jamais été fixé autrement que par l'observation du [[Phase lunaire|premier croissant de lune]] dans le ciel, à l'époque de Mahomet, de ses compagnons, et des musulmans sunnites des premiers siècles suivant la Sunna, et aucune information fiable ne permet d'établir d'autre méthode<ref>{{Lien web|titre=Ramadan 2015 : une date toujours aussi controversée|url=http://www.metronews.fr/info/ramadan-2015-une-date-toujours-aussi-controversee/mofb!rFvgt0SQF8Vo/|site=metronews.fr|consulté le=2015-11-28}}.</ref>.

=== Musique islamique ===
[[Fichier:Kharja de Sidi Bou Said 004.jpg|vignette|Chauffage de [[bendir]]s ([[tambour sur cadre|tambours sur cadre]]), [[Sidi Bou Said]], [[Tunisie]].]]
{{Article détaillé|Musique islamique|Tala' al Badru 'Alayna}}
L'islam sunnite entretient une relation assez complexe avec la musique. Si la musique comme fait religieux est attestée dans la religion musulmane, certains auteurs soulèvent la difficulté de conceptualiser une « musique sacrée. » Dès ses origines et la vie de Mahomet, certaines contradictions semblent exister et plusieurs courants de pensée -de l'interdiction de la musique à son autorisation- s'opposent<ref name=":011">{{Ouvrage|titre=Larousse de la musique|éditeur=|année=|passage=791|isbn=}}</ref>.Les musulmans défendant cette vision s’appuient aussi bien sur le texte du [[Coran|Qorʾān]] que sur les [[hadîth]]s. Pourtant, le terme musique n'est pas utilisé explicitement dans le Coran et cette interprétation s'appuie sur ce qui est perçu comme une allusion<ref name=":116">{{Lien web|titre=Quelle est la place de la musique dans l'Islam ?|url=http://www.francemusique.fr/emission/le-dossier-du-jour/2015-2016/quelle-est-la-place-de-la-musique-dans-l-islam-12-07-2015-07-12|site=France Musique|consulté le=2016-02-13}}</ref>. Cet argumentaire s'est construit au fur et à mesure de l'islam et suscite toujours le débat<ref name=":116" />.

Dans les textes présentant la vie de Mahomet, en raison de certaines contradictions et/ou divergences d'interprétations, différents courants de pensée allant de l'interdiction de la musique à son autorisation s'opposent<ref name=":02">{{Ouvrage|titre=Larousse de la musique|éditeur=|année=|passage=791|isbn=}}.</ref>. Bien que l'illicéité de la musique fasse consensus au sein du [[sunnisme]], une emphase particulière sur son interdiction existe chez ses courants fondamentalistes : salafiste, wahhabite, etc.<ref>{{Article |langue=fr |prénom1=Luis |nom1=Velasco-Pufleau |titre=Après les attaques terroristes de l’État islamique à Paris. Enquête sur les rapports entre musique, propagande et violence armée |périodique=Transposition. Musique et Sciences Sociales |numéro=5 |date=2015-09-15 |issn=2110-6134 |doi=10.4000/transposition.1327 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/transposition/1327 |consulté le=2019-04-24 }}</ref>. Pour ce courant, la musique peut manipuler l'esprit et empêcher la méditation du Coran<ref name=":213">{{Article |langue=fr |prénom1=Luis |nom1=Velasco Pufleau |titre=Après les attaques terroristes de l’État islamique à Paris. Enquête sur les rapports entre musique, propagande et violence armée |périodique=Transposition. Musique et Sciences sociales |date=2015-09-15 |issn=2110-6134 |doi=10.4000/transposition.1327 |lire en ligne=https://transposition.revues.org/1327 |consulté le=2016-02-14 }}</ref>.

La musique dans le monde sunnite est donc frappée d'interdits musicaux qui touchent aussi bien la musique religieuse que la musique profane. Ces prescriptions interdisent tout particulièrement, la musique instrumentale qui pourrait être considérée par l'Islam comme un art antireligieux. Pour cette raison et à la différence du soufisme, les instruments ne sont pas utilisés dans le cadre de la musique religieuse sunnite<ref name=":011" />.

Dans le cadre du sunnisme, la majorité des musulmans exclut de cette interdiction certaines musiques religieuses en raison de la place première du texte dans celle-ci. Ainsi, selon l’imam égyptien [[Mohamed Hassan (chef religieux)|Mohamed Hassan]], « le chant est une parole tant qu’il n’est pas accompagné d’instruments de divertissement et de musique<ref name=":213" />. » Pour eux, ces musiques ne sont pas de la musique au sens occidental du terme mais un mode d'énonciation du mot<ref name=":48">{{Article |langue=fr |prénom1=Luis |nom1=Velasco-Pufleau |titre=Après les attaques terroristes de l’État islamique à Paris. Enquête sur les rapports entre musique, propagande et violence armée |périodique=Transposition. Musique et Sciences sociales |date=2015-09-15 |issn=2110-6134 |doi=10.4000/transposition.1327 |lire en ligne=https://transposition.revues.org/1327 |consulté le=2016-10-28 }}</ref>.

=== Représentations en peinture et sculpture ===
{{Article détaillé|Arts de l'Islam|Représentation figurée dans les arts de l'Islam}}
Les [[sunnisme|sunnites]] ne sacralisent pas d'icônes. Selon plusieurs [[hadîth]]s de Mahomet<ref group="Note">Exemple : {{Citation|Ceux qui subiront le chatiment le plus dur, le jour du jugement dernier, ce sont ceux qui dessinent les images}} (Boukhari 78/75).</ref>, la malédiction de Dieu s'abat sur toute personne produisant (par le dessin, la sculpture…) un être doté d'âme y compris les animaux, car cela est considéré par eux comme allant contre l'esprit du [[tawhid|monothéisme]]. Un certain [[aniconisme]] voire un [[iconoclasme]] plus ou moins strict existe donc dans l'islam. Ainsi, les musulmans se servent plutôt de versets du Coran [[styles calligraphiques arabes|calligraphiés]] comme dans le palais de l'[[Alhambra (Grenade)|Alhambra]], des formes géométriques ([[arabesque (beaux-arts)|arabesques]]) ou de représentation de la [[Kaaba]] pour décorer les [[mosquée]]s, les maisons et les lieux publics{{Référence nécessaire|date=11 août 2018}}.

En revanche, les [[Chiisme|chiites]] n'éprouvent pas de gêne à la reproduction de visages humains, comme ceux de personnalités cultes telles [[Ali ibn Abi Talib|Ali]] et [[Al-Hussein ibn Ali|Hussein]]. En effet, contrairement aux [[Arabes]], les [[Perses]], à l'époque médiévale, disposaient déjà d'une longue tradition artistique (en matière de peinture et de sculpture) qui a perduré même après l'arabisation et l'islamisation de la [[empire perse|Perse]].

=== Symboles ===
[[Fichier:Star and Crescent.svg|vignette|Le croissant et l'étoile verts, symboles politiques de l'islam.]]
On associe souvent le symbole du croissant et de l'étoile à l'islam, bien qu'il lui soit antérieur<ref group="Note">Les croissants de lune utilisés dans l'antiquité peuvent avoir plusieurs directions. Le croissant vertical, tourné vers la droite, s'est développé avec l'islam : G. Camps, « Croissant », ''Encyclopédie berbère'', 14 | 1994, 2121-2125.</ref>. Selon Whitney Smith<ref>{{en}} [http://www.britannica.com/EBchecked/topic/1355552/flag-of-Tunisia « Drapeau de la Tunisie » (''Encyclopædia Britannica'')].</ref>, le croissant est déjà utilisé sur les emblèmes, artefacts religieux et bâtiments de la [[Civilisation carthaginoise|Carthage punique]]. On retrouve aussi le symbole du croissant dans l'[[Empire byzantin]]<ref>{{en}} Huda, [http://islam.about.com/library/weekly/aa060401a.htm « Crescent Moon: Symbol of Islam? »], ''About'', consulté le 24.4.2009.</ref>. Il est ainsi attesté sur des monnaies byzantines à partir du {{s-|IV}}<ref>Nigel Wilson (2013). "Byzantium". ''Encyclopedia of Ancient Greece''. Routledge. {{p.|136}}.</ref>. Il pourrait avoir une origine sassanide. L'origine du symbole est donc obscure<ref name=":49">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Pamela|nom1=Berger|titre=The Crescent on the Temple : The Dome of the Rock as Image of the Ancient Jewish Sanctuary|éditeur=BRILL|date=2012-06-07|pages totales=393|isbn=978-90-04-23034-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=JekyAQAAQBAJ&pg=PA164|consulté le=2020-05-07}}</ref>. À la chute de l'empire byzantin, le symbole aurait pu avoir été conservé sur des drapeaux turcs<ref>Franz Babinger (William C. Hickman Ed., Ralph Manheim Trans.), ''Mehmed the Conqueror and His Time'', Princeton University Press, 1992, {{p.|108}}</ref>{{,}}<ref group="Note">Il n’apparaît officiellement sur les drapeaux turc qu'en 1793, en association avec une étoile à huit branches L'étoile a cinq branches n’apparaît qu'en 1844. : Marshall, Tim (2017-07-04), ''A Flag Worth Dying For: The Power and Politics of National Symbols'', Simon and Schuster {{ISBN|978-1-5011-6833-8}}.</ref>. S'il est utilisé avant par des musulmans, il s'est répandu comme symbole de l'islam qu'au XIV-{{s-|XV}}<ref name=":49" />.

Un des symboles islamiques est la couleur [[vert]]e<ref>Malek Chebel, {{opcit}}, {{p.|143}}.</ref>. Le vert est la couleur de la verdure et du paradis. Cette couleur est présente dans les descriptions coraniques<ref name=":50">Y.P, "Couleur", ''Dictionnaire du Coran'', 2207, {{p.|193}}.</ref>. Le [[paradis]] a été décrit comme verdoyant, où des sources d'eau couleraient en abondance, où les fidèles porteront des habits de soie verts<ref group="Note">Par exemple, sourate 18 (''Al-Kahf'') : {{Citation|Voilà ceux qui auront les jardins du séjour (éternel) sous lesquels coulent les ruisseaux. Ils y seront parés de bracelets d'or et se vêtiront d'habits verts de soie fine et de brocart, accoudés sur des divans (bien ornés). Quelle bonne récompense et quelle belle demeure !}}.</ref>. La légende d'[[al-Khidr]] (celui qui est vert), témoigne de l'importance de cette couleur pour ce peuple<ref>[https://books.google.fr/books?id=zg2y3e3kmXMC&pg=PA159&dq=false#v=onepage&q&f=false Carine Bourget, ''Coran et Tradition islamique dans la littérature maghrébine'', éd. Karthala, 2002, {{p.|159}}].</ref>{{,}}<ref>Jacques Keryell, ''Louis Massignon : La grâce de Bagdad'', éd. Pierre Tequi, 2010, {{p.|32}}.</ref>{{,}}<ref>Paul Alphandéry, ''Revue de l'histoire des religions, Volumes 99 à 100'', éd. Presses universitaires de France, 1929, {{p.|5}}.</ref>{{,}}<ref name=":50" />. Elle aurait été la couleur préférée de Mahomet et deviendra la bannière des chiites<ref name=":50" />. Cette couleur deviendra, par la suite, mais dans des circonstances et à une date "assez floue", le symbole de l'islam<ref name=":50" />. Selon Michel Pastoureau, elle prend une valeur sacrée vers le {{S|XII}}. Après la chute des Fatimides, elle perd sa dimension politique familiale pour devenir une couleur religieuse fédératrice. Cette mise en avant pourrait s'expliquer dans le contexte des croisades et pourrait même être liée à une promotion du vert par les croisés eux-mêmes<ref group="Note">"De même que ce sont probablement les croisés qui ont sorti le croissant du vaste répertoire de figures emblématiques utilisées par les musulmans et qui l'on promu pour en faire la seule figure s'opposant à la croix, de même peut-être ont-ils contribué à la promotion du vert dans le camp d'en face : une seule couleur pour emblématiser l'adversaire.Tout au long de l'Histoire, dans les guerres des emblèmes et des symboles, le regard de l'autre a toujours été déterminant"</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Michel|nom1=Pastoureau|titre=Vert - Histoire d'une couleur|éditeur=[[Éditions du Seuil|Le Seuil]]|date=2019-05-29|pages totales=248|isbn=978-2-02-143605-1|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=re6fDwAAQBAJ&pg=PT2&q=islam|consulté le=2020-05-07}}</ref>.

== Lieux saints et lieux de culte ==
[[Fichier:Hajj 1965 09.jpg|vignette|Le [[mont Arafat]], situé à [[La Mecque]] en [[Arabie saoudite]], est le point d'orgue du pèlerinage. Les musulmans du monde entier affluent à cet endroit pour y être absous par Dieu.]]

=== Les lieux saints ===
{{Article détaillé|Lieux saints de l'islam|Perceptions musulmanes de Jérusalem}}
[[La Mecque]] (''Makkah'') en [[Arabie saoudite]], abrite la ''[[Kaaba]]'' (« le Cube »). Selon la tradition, il est le premier lieu de culte, bâti par Adam (''Adam'') sur Terre, puis reconstruit par ''Ibrahim'' (Abraham). L'histoire préislamique de la Kaaba est mal connue même si quelques récits et textes semblent attester néanmoins d'une existence d'un lieu de culte<ref>Wensinck, A. J. and Jomier, J., “Kaʿba”, in: Encyclopédie de l’Islam. </ref>. Tout musulman se doit d'y faire un pèlerinage au moins une fois dans sa vie s'il en a la capacité physique et financière ;

[[Médine]] (''Madīnatu an-Nabî''), où immigra Mahomet après s'être enfui de La Mecque, est la deuxième ville sainte de l'islam. Selon ses propres paroles, {{Citation|pour qui me visite après ma mort, c'est comme s'il m'avait visité de son vivant}}<ref name=":31">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Dominique Frémy|auteur2=Michèle Frémy|titre=Quid 2002|lieu=Paris|éditeur=Robert Lafont|année=2001|pages totales=2 126|passage=555|isbn=2-221-09465-4}}.</ref>.

La ville de [[Jérusalem]]<ref>et, en particulier, le mont du Temple/Esplanade des mosquées : Hasson I., "The muslim view of Jerusalem", dans Joshua Prawer and Haggai Ben-Shammai (eds.), ''The History of Jerusalem The Early Muslim Period 638-1099'', Jerusalem - New York, 1996.</ref> (''al-Qods'') est informellement<ref>A Brief Guide to Islam: History, Faith and Politics: The Complete Introduction Front Cover Paul Grieve Hachette UK, 7 février 2013 -</ref> acceptée par les musulmans comme étant « le troisième lieu saint ». Cependant elle est reconnue comme d'une importance moindre, et certains courants islamiques identifient d'autres lieux saints plus importants<ref>Fast Facts on the Middle East Conflict, Randall Price Harvest House Publishers, 2003</ref>. C'est l'endroit vers lequel le prophète Mahomet aurait effectué le voyage nocturne et l'ascension ([[Isra et Miraj]]). Pour autant, ce statut de sainteté de la ville de Jérusalem connaît une mise en place longue puis <q>connut des hauts et des bas.</q><ref name=":51">''Encyclopedia of islam'', "al-kuds", §11, {{p.|331}} et suiv. trad. de l'anglais</ref>. Il se développe principalement à partir de 1144, dans le cadre de la lutte contre les [[francs]]<ref name=":51" />.

Les chiites reconnaissent deux autres lieux saints : [[Nadjaf]], en Irak, et [[Kerbala]], lieu du martyre d'[[Al-Hussein ibn Ali|Hussein]], petit-fils du prophète Mahomet et fils d'[[Ali ibn Abi Talib|Ali]], troisième imam, ainsi que ses compagnons, venus à Kerbala pour défendre l'[[imamat]].

Par piété filiale, les sunnites reconnaissent l'importance d'[[Hébron]], lieu du tombeau d'Abraham, père d'Ismaël<ref name=":31" />. Enfin selon l'[[UNESCO]], la ville d'[[Harar]] en Éthiopie, est la quatrième ville sainte de l'islam<ref>"Harar Jugol, the Fortified Historic Town" http://whc.unesco.org/en/list/1189</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en-GB|titre=Five new heritage sites in Africa|date=2006-07-13|lire en ligne=http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/5176110.stm|consulté le=2018-08-12|périodique=BBC News}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Paul Coulon|titre=L'Éthiopie chrétienne|lieu=Paris|éditeur=éd. Karthala|année=2013|passage=22|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=TnVASIL2UCAC&pg=PA22}}.</ref>.

=== La mosquée ===
{{Article détaillé|Mosquée}}
[[Fichier:Great_Mosque_of_Kairouan_prayer_hall_with_mihrab_and_minbar.jpg|gauche|vignette|293x293px|Vue de la nef centrale de la salle de prière de la [[Grande Mosquée de Kairouan]] (en Tunisie) ; au fond deux fidèles font la prière face au [[mihrab]] (niche indiquant la [[qibla]]).]]
La mosquée (''masjid, "''lieu de prosternation") est un espace spécifique réservé à la prière des musulmans" Il n'y a que peu d'éléments coraniques la concernant. La mise en place de la mosquée date, en effet, principalement de la période d'[[expansion de l'islam]] à partir du {{S|VII}}. Le terme est principalement utilisé dans le Coran pour désigner la Kaaba<ref name=":119">Y. Porter, ''"''Mosquée''", Dictionnaire du Coran'', 2007, Paris.</ref>.

Simples à l'origine, elles acquièrent une dimension monumentale à l'époque [[Omeyyades|omeyyade]]. Son organisation et ses éléments se mettent en place lentement ([[mihrab]] au {{S|VIII}} par exemple) et la seule véritable obligation est alors la présence d'une [[qibla]]<ref name=":119" />.

À la mosquée, hommes et femmes sont séparés pour la prière. Cette séparation est liée au principe que la mosquée doit rester "pure". Néanmoins, cette séparation est avant tout temporelle puisque les lieux peuvent, en dehors de la prière, être occupés par les deux sexes<ref name=":62">M.L. Boursin, "À l’heure de la prière : entre pratiques et expérimentations", ''Ethnologie française'' 2017/4 ({{Numéro avec majuscule|168}}), p. 623-636</ref>.

== Rapport aux autres religions ==
[[Fichier:Jerusalem Dome of the rock BW 1.JPG|vignette|Le [[dôme du Rocher]] à [[Jérusalem]].]]
{{Article détaillé|Dialogue interreligieux dans l'islam}}

L'islam reconnaît tous les pères fondateurs du [[judaïsme]] (Moïse, David, Salomon) et du [[christianisme]] comme des prophètes, sans pour autant s'y limiter<ref name=":212" />. De nombreux récits bibliques sont présents dans le Coran et l'islam naissant est marqué par des emprunts aux judaïsme<ref name=":63">M.T Urvoy, "Juifs, judaïsme", ''Dictionnaire du Coran'', 2007, Paris, {{p.|458}} et suiv.</ref>. Vis-à-vis du judaïsme, le Coran montre une attitude changeante, initialement bienveillante, avant une rupture, date à laquelle "Le Livre" est distingué de la Torah et de l’Évangile. Les rapports entre les musulmans et les juifs sont marqués par cette ambivalence<ref name=":63" />. Dans les hadiths, l'attitude principale de l'islam vis-à-vis du judaïsme et du christianisme est la méfiance. Cela s'inscrit dans une volonté de distinguer clairement les institutions et les communautés. Un principe largement adopté est "n'agissez pas comme le font les gens du Livre", ce qui ressemble à l'interdiction talmudique de suivre les pratiques des Gentils<ref name=":118">Encyclopedia of islam, art. " Ahl al-Kitab", {{p.|264}} et suiv.</ref>. Cela n’empêche pas l'islam naissant d'utiliser les éléments du judaïsme, Yom kippour devenant ainsi le jeûne d'Ashoura, puis du Ramadan<ref name=":118" />.

L'[[apostasie dans l'islam]] vers une autre religion, quelle qu'elle soit, est fermement interdite par l'interprétation majoritaire du Coran<ref>{{Ouvrage|auteur1=Roxanne D. Marcotte|titre=Un islam, des islams ?|lieu=Paris|éditeur=éd. L'Harmattan|année=2010|passage=159|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=NYDLWh477XUC&pg=PA159}}.</ref>. Le Coran condamne l'apostasie, sans y associer de peine terrestre<ref group="Note">La sévérité du droit musulman vis-à-vis de l'apostasie, généralement punie de mort, découle davantage de l'histoire que du Coran.</ref>, et encourage la conversion des non-musulmans. S'il est ambigu vis-à-vis des religions qu'il nomme « [[Religion du Livre|du Livre]] »<ref group="Note">Des débats ont eu lieu entre les penseurs musulmans pour déterminer la légitimité du judaïsme et du christianisme. En effet, plusieurs attitudes sont visibles dans le Coran, accompagnant la dégradation des relations entre Mahomet et les juifs.</ref>, il ne l'est pas pour les païens, "mécréants" (kouffar, au singulier kafir) et associationnistes qui n'ont le choix, parce qu'ils ont commis un crime exécrable en refusant d'adorer le seul vrai Dieu, qu'entre la conversion et la mort<ref>M.T Urvoy et E. Chaumont, "Apostasie", ''Dictionnaire du Coran'', 2007, Paris, {{p.|63}} et suiv.</ref>{{,}}<ref>Dans l'article «Islam»  de la [[Grande Encyclopédie Larousse|Grande encyclopédie Larousse]], [[Maxime Rodinson]] explique que « La communauté est entourée de monothéistes et d'idolâtres. En principe, ces derniers sont seuls des  « infidèles » (kuffar, sing. kafir). Ils commettent un crime abominable en refusant de rendre hommage au seul vrai Dieu. Ils doivent donc être placés devant l'alternative de le reconnaître  ou d'être exterminés»</ref>. Le droit musulman a instauré un statut particulier pour les non-musulmans en pays d'islam, connus alors sous le nom de dhimmi. L'islam leur garantit une protection contre l'acceptation de "la domination de l'islam et un certain nombre d'obligations" (abstention d'ostentation religieuses, marques vestimentaires, impôt particulier…). L'histoire est marquée par une variation dans l'application de ces règles<ref>F.M., " Dhimma, dhimmi", ''Dictionnaire du Coran'', 2007, Paris, {{p.|215}} et suiv.</ref>. Pour ce qui est de la tolérance religieuse, la [[Pacte de Najran|lettre]] de Mahomet aux chrétiens [[Najran|najrânites]] où ils purent exercer librement leur culte en l'an 631 est souvent citée. Pour des chercheurs, ces alliances ont été tardivement {{citation|forgées par des chrétiens qui voulaient prouver à leurs suzerains musulmans que le Prophète lui-même avait garanti leur bien-être et la préservation de leurs biens}}<ref>Gabriel Said Reynolds, review of The Covenants of the Prophet Muhammad with the Christians of the World by John Andrew Morrow, ''First Things'', Briefly noted, February 2014, 240</ref>{{,}}<ref name=":111">Massignon, ''La politique islamo-chrétienne des scribes nestoriens de Deir Qunna à la cour de Bagdad au {{s-|IX}} de notre ère'', Opera Minora, Paris, 1969, I, {{p.|250-257}}.</ref>{{,}}<ref name=":04">Jean-Michel MOUTON – Andrei POPESCU-BELIS, La fondation du monastère SainteCatherine du Sinaï selon deux documents de sa bibliothèque: codex Arabe 692 et rouleau Arabe 955 , Collectanea Christiana Orientalia 2 (2005), {{p.|141-205}}.</ref>.

Des processus de dialogues inter-religieux sont engagés, comme avec le catholicisme qui possède un " Service national pour les relations avec l’islam", dont l'origine remonte aux années 1970<ref>Chr. Roucou, « Où en sont les relations entre catholiques et musulmans en France aujourd'hui ? », ''Études'', 2014/6 (juin), {{p.|63-73}}.</ref>. Il a connu néanmoins des "bourrasques", comme après la conférence de Ratisbonne et pose la question de la réception des échanges (comme la "lettre des 138") dans le monde musulman. "Il semble donc que l’islam de chaque pays entende gérer le dialogue à son compte, non sans l’inscrire dans un contexte où les dimensions politiques l’emportent souvent sur celles de caractère culturel, voire spirituel"<ref>M. Borrmans, « Où va le dialogue islamo-chrétien ? », ''Études'', 2009/2 (Tome 410), {{p.|209-220}}. </ref>. Pour Remi Brague, l'islam se considérant comme un post-christianisme, le dialogue islamo-chrétien intéresse plus les chrétiens que les musulmans<ref>Chr. Cervellon, « Entretien avec Rémi Brague », ''Le Philosophoire'', 2004/1 ({{n°|22}}), {{p.|25-45}}.</ref>.

== Place des femmes dans l'islam ==
{{Article détaillé|Place des femmes dans l'islam|}}La place des femmes en terre d'Islam trouve, en partie, ses origines dans le Coran qui, parmi les versets sur les statuts légaux, évoque à de nombreuses reprises la question des femmes. Dans ce domaine, le Coran innove par rapport aux pratiques antéislamiques tout en conservant certains aspects<ref name="DdC Femme">D.G., « Femme », ''Dictionnaire du Coran, ''2007, Paris, {{p.|338}} et suiv.</ref>. Un parallèle textuel sur la question du voile montre aussi que le Coran s'inscrit dans un contexte où la législation syriaque est connue<ref>D. Powers, « Le Coran et son environnement légal », ''Le Coran des historiens, ''2019, t.1, {{p.|636}}</ref>. Dans le Coran est reconnue à la fois l'existence de droits et de devoirs identiques pour les deux genres<ref group="Note">Cela est en partie lié à la vision de l'homme et de la femme comme complémentaire.</ref>, l'égalité homme/femme<ref name="Arnaldez" /> mais aussi la supériorité du masculin sur le féminin dans certains contextes, comme le mariage, le divorce, les témoignages<ref name="DdC Femme" /> et des versets très sévères sur les femmes<ref name="Arnaldez">R. Arnaldez, « Statut juridique et sociologique de la femme en Islam ». ''Cahiers de civilisation médiévale'', 1977, {{p.|131-143}}.</ref>. L'homme désigné dans le Coran par un nom féminin qui évoque son « antériorité existentielle », même si le Coran évoque moins un récit des origines<ref name="DdC Femme" />.

Ce statut complexe de la femme apparait tant dans le Coran que dans la législation ultérieure<ref name="DdC Femme" /> qui a eu tendance à réduire ce qui était en faveur des femmes<ref name="Arnaldez" />. Certains auteurs considèrent que le statut des femmes se serait dégradé après l'islamisation en Arabie. Selon l'historien&nbsp;Jean-Paul Roux, le statut&nbsp;très inférieur de la femme en terre d'islam&nbsp;ne marque pas un progrès sur celle de l'Arabie préislamique mais un&nbsp;retour en arrière<ref>Jean-Paul&nbsp;Roux,&nbsp;''La femme dans l'histoire et les mythes'', Fayard&nbsp;{{ISBN|9782213650043}}</ref>. Ainsi, s'appuyant sur le Coran, l'islam a confié l'autorité au mari et aux femmes l'obéissance et, en cas de désobéissance, des punitions<ref name="Arnaldez" />.

Certains auteurs musulmans, comme [[Averroès]], ont critiqué les discriminations faites aux femmes<ref name="Chérif">Ferjani&nbsp;Mohamed Chérif, « Islamisme et droits de la femme »,&nbsp;''Confluences Méditerranée'', 2006/4 ({{Numéro avec majuscule|59}}), {{p.|75-88}}.</ref>. Au {{s-|XX}}, un féminisme s'est développé dans certains pays musulmans<ref>Badran, Margot. « Où en est le féminisme islamique ? »,&nbsp;''Critique internationale'', 46, , 2010, {{p.|25-44}}.</ref>. À la fin du {{s-|XX}}, l'essor de l'islamisme a occasionné une régression sur les questions d'égalité homme/femme. Les discours des islamistes et des conservateurs utilisent la religion<ref>{{Article |langue=fr |prénom1=Stéphane |nom1=Lacroix |titre=Les nouveaux intellectuels religieux saoudiens : le Wahhabisme en question |périodique=Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée |numéro=123 |date=2008-07-04 |issn=0997-1327 |doi=10.4000/remmm.5423 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/remmm/5423 |consulté le=2020-05-22 |pages=141–159 }}</ref> et des citations coraniques<ref>''« Les hommes leur (c'est-à-dire aux femmes) sont supérieurs d'un degré »&nbsp;''(2/228)</ref> pour appuyer leur point de vue<ref name="Chérif" />.

== Critiques ==
{{Article détaillé|Critique de l'islam|Mouvement des musulmans laïques de France|Antisémitisme dans l'Islam}}

Les critiques négatives contemporaines, faites à l'islam par de nombreux auteurs de pays dont les systèmes politiques sont [[Laïcité|laïques]] ou [[Sécularisation|séculiers]], sont pratiquement les mêmes que celles faites aux deux autres religions monothéistes : [[obscurantisme]], [[misogynie]], [[phallocratie]], [[homophobie]], [[Tolérance religieuse|intolérance]], [[éloge]] de certaines violences, etc, et partage avec le christianisme l'[[antisémitisme]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=L'islam est-il antisémite? |url=https://bibliobs.nouvelobs.com/en-partenariat-avec-books/20120601.OBS7299/l-islam-est-il-antisemite.html |site=bibliobs.nouvelobs.com|consulté le=2021-08-01}}</ref>.

Par exemple, parmi les auteurs [[Monde anglo-saxon|anglo-saxons]], l'[[éthologiste]] britannique [[Richard Dawkins]]<ref>Richard Dawkins, ''Pour en finir avec Dieu'', éd. Robert Laffont, Paris, 2008.</ref> estime que l'islam est incompatible avec les avancées récentes de la [[science]], et en particulier la [[Évolution (biologie)|théorie de l'évolution]], et a même émis le souhait personnel de {{Citation|populariser l'évolution dans le monde islamique}}<ref>{{lien web|url=https://www.the-tls.co.uk/|titre=TLS - Times Literary Supplement|site=TLS|consulté le=29 décembre 2019}}</ref>. Pour l'historien tunisien [[Mohamed Talbi]] l'évolutionnisme est une vieille tradition dans la pensée musulmane, il cite entre autres [[Ibn Khaldoun]]<ref>Mohamed Talbi, ''Ma religion c'est la liberté'', éd. Nirvana, Tunis, 2011, {{p.|122}}.</ref>.

Le journaliste anglo-américain [[Christopher Hitchens]]<ref>''Dieu n'est pas grand'', éd. Belfond, Paris, 2009.</ref>, est encore plus virulent à l'égard de l'islam et des religions en général : {{Citation|Violente, irrationnelle, intolérante, alliée au [[racisme]], au [[tribalisme]] et au sectarisme, revêtue d'ignorance et hostile à l'investigation libre, dédaigneuse des femmes et coercitive envers les enfants : la religion organisée doit avoir beaucoup sur la conscience}}. Au sujet de l'islam, Hitchens soutient que cette religion est [[sexiste]], intolérante, et comprend de nombreuses {{Citation|sectes guerrières et contradictoires entre elles}}<ref>''God is not Great'', Twelve, 2007, {{p.|163}}.</ref>. Néanmoins, {{Citation|l'affirmation fondamentale}} de l'[[islamisme]] selon laquelle l'islam {{Citation|ne peut s'améliorer et est définitif}} est, selon lui, {{Citation|absurde}}<ref>''Ibid.''</ref>. Cependant, bien des critiques peuvent paraître infondées, comme l’accusation de racisme, de tribalisme ou d'intolérance. En effet, lors de son discours d’adieu, Mahomet a déclaré au contraire qu'{{Citation|aucun Arabe n'a une supériorité sur un non-Arabe}}<ref name="Hamidullah 1998, p. 253">Muhammad Hamidullah, "Le Prophète de l'islam", éd. Al-Najah, 1998, {{p.|253}}.</ref>. Prophétisant les ''foutoûhât'' ({{Citation|ouvertures à l'islam}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Hassan Amdouni|titre=Les quatre califes|éditeur=Al Qalam|année=2008|pages totales=415|passage=177|isbn=978-2-909469-07-2}}.</ref>) entre autres de l'[[Égypte]], il a recommandé de traiter ses habitants avec bienveillance : {{Citation|Dieu vous recommande les [[dhimmi|gens de la protection]] (''Ahl al-dimmah''), les gens de l'argile noire (limon du [[Nil]], ndlr), qui sont de teinte noire et ont les cheveux crépus car ils sont vos parents (par [[Agar (Bible)|Agar]], ndlr) et alliés (par [[Maria la Copte]], ndlr)}}<ref>{{Ouvrage|langue=ar|auteur1=Ibn 'Ishâq|traducteur=Abdurrahmân Badawî|titre=Muhammad|tome=1|lieu=Beyrouth/Paris|éditeur=Al Bouraq|année=2001|pages totales=654|passage=5-6|isbn=2-84161-153-1}}.</ref>. Et d'insister : {{Citation|il faut obéir à l'autorité légale, même détenue par un Noir à nez coupé ([[adultère]], ndlr)}}<ref>Muhammad Hamidullah, ''Le Prophète de l'islam'', éd. Al-Najah, 1998, {{p.|254}}.</ref>{{,}}<ref group="Note">Boukhari, vol. 9, livre 89, {{numéro|256}} avec cette différence : {{Citation|Écoutez et obeissez, même si l'on vous a donné pour chef un esclave éthiopien noir comme un raisin sec}}.</ref>. Aussi, bien que les actes de Mahomet peuvent paraitre atroces et hypocrites, il convient cependant de prendre en compte les contraintes des pratiques sociales rudes de son époque pour les juger<ref>A propos des critiques faites à la personnalité de Mahomet, l'historien [[Maxime Rodinson]] explique dans l'article « Mahomet » de la [[Grande Encyclopédie Larousse|Grande encyclopédie Larousse]] que « certains de ces actes nous paraissent atroces, et d'autres hypocrites. Mais il faut tenir compte, pour les juger, des rudes mœurs  de l'époque et des sollicitations pernicieuses, mais permanentes, de la raison d'Etat »</ref>. Dans sa biographie sur [[Mahomet]], [[Maxime Rodinson]] fait une analyse contextuelle des réformes législatives et sociales de Mahomet, et souligne que celui-ci a fait des réformes concernant la condition féminine, l'esclavage, et la sécurité en général<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Maxime Rodinson]]|titre=Mahomet|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|collection=Essais|année=1994|pages totales=398|passage=261-271|isbn=978-2-02-022033-0}}.</ref>. Après une étude contextualisée de ses réformes au regard de l'époque [[Moyen Âge|médiévale]], Rodinson conclut : {{citation|Ainsi se constituait une législation qui, malgré ses lacunes, ses obscurités, son caractère occasionnel, était à maints égards un progrès sur l'état antérieur. Elle répondait bien aux nécessités particulières de la petite communauté médinoise en voie d'extension. Elle sauvegardait la sécurité de l'individu et protégeait certaines catégories particulièrement exposées. En général, la tendance existante à l'individualisme était encouragé, sans que le système tribal soit abandonné. Surtout au milieu de l'océan des coutumes imposées par la tradition et l'opinion publique, apparaissaient des éléments d'un véritable droit des prescriptions, en principe nettement formulées et valables pour tous}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Maxime Rodinson]]|titre=Mahomet|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|collection=Essais|année=1994|pages totales=398|passage=268|isbn=978-2-02-022033-0}}.</ref>. Après la mort de [[Mahomet]] (en 632), le deuxième calife de l'islam [[Omar ibn al-Khattâb]] (mort en 644) a poursuivi ces réformes sociétales en [[Abolition de l'esclavage|abolissant l'esclavage]] pourtant traditionnellement ancré dans toute l'[[Arabie]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Hassan Amdouni|titre=Les quatre califes|lieu=Paris|éditeur=Al Qalam|année=2008|pages totales=415|passage=240|isbn=978-2-909469-07-2}}.</ref>.

{{Citation|Le futur de l'islam se trouve dans le principe de l'accord des musulmans avec la conception de la [foi] universelle et la capacité, à travers cette universalité, de faire et d'abroger des lois. À mesure que les musulmans avancent, leurs lois peuvent, de même, avancer avec eux, et la prise de la mainmorte du droit canon peut se relâcher graduellement et légalement}}<ref>« Mahommedan law » dans ''Encyclopedia Britannica'', vol. XVII ({{11th}} Ed.) New York, 1911, {{p.|417}}.</ref>.

Dans son livre ''Violence et islam'', le poète arabe [[Adonis (poète)|Adonis]] considère que la violence est inhérente à l'islam et au Coran, la non-violence ne s'appliquant pas envers les [[kafir]]s et les [[Apostasie|apostats]]<ref group="Note">{{Citation|Il existe dans le texte une violence théorique et une violence pratique. La violence théorique a engendré la violence pratique. Sur le plan pratique, par exemple, l'individu ne peut nullement se défaire de la croyance de ses parents ou de sa communauté au profit d'une autre. Beaucoup de versets condamnent l'[[apostasie]] […]. « Ne laisse sur la terre aucun habitant qui soit au nombre des incrédules. » (Coran 71:26) Le musulman qui lit ce verset est invité à exercer le [[djihad]] pour réaliser ce souhait et à combattre la « mécréance » avec tous les moyens dont il dispose. C'est une violence qui n'est pas vue comme telle car considérée comme un triomphe de l'islam et du vouloir divin. On peut d'ores et déjà dire que la violence est intrinsèque à l'islam. On peut citer également : « Nous nous sommes vengés d'eux ; nous les avons engloutis dans l'abîme » (Coran 7:135) ; « le jour où nous les saisirons avec une très grande violence, nous nous vengerons » (Coran 44:16) ; « Le Jour de la Résurrection nous les rassemblerons face à face ; aveugles, muets et sourds. Leur asile sera la [[Géhenne]]. Chaque fois que le Feu s'éteindra, nous en ranimerons, pour eux, la flamme brûlante » (Coran 17:97). Dans cette même sourate, il est dit : « Considère comment nous avons préféré quelques-uns d'entre eux aux autres » (Coran 17:21). C'est la loi de l'arbitraire. […] Ceux qui osent désobéir « seront traînés avec des chaînes dans l'eau bouillante et précipités ensuite dans le feu » (Coran 40:70-72)}}. ''Violence et islam'', Adonis, entretiens avec Houria Abdelouahed, éditions Seuil {{ISBN|978-2-02-128858-2}}, {{p.|51}}, 52 et 53.</ref>, ni envers les femmes<ref>''Violence et islam'', Adonis, entretiens avec Houria Abdelouahed, éditions Seuil {{ISBN|978-2-02-128858-2}}, {{p.|83}}.</ref>, et constate que l'islam, historiquement et idéologiquement, encourage le ''saby'' (la prise de captives)<ref>''Violence et islam'', Adonis, entretiens avec Houria Abdelouahed, éditions Seuil {{ISBN|978-2-02-128858-2}}, {{p.|85}}.</ref>.

Pour Ali Mostfa et Michel Younès, {{Citation|le débat aujourd'hui autour de l'islam en Occident se cristallise autour de nouveaux repères, telles que les revendications qui accentuent une altérité centrée sur l'observance des normes et du ritualisme en tant que variables permettant à l'individu de s'intégrer dans la collectivité. Un nouvel imaginaire se trouve ainsi renforcé, celui du retour à un passé mythifié comme argument pour raffermir le phénomène communautaire et densifier les références globales de l'appartenance}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ali Mostfa|auteur2=Michel Younès|titre=L'islam au pluriel. Foi, pensée et société|éditeur=éditions L'Harmattan|année=2018|passage=8|isbn=|lire en ligne={{Google Livres|lMddDwAAQBAJ}}}}.</ref>.

== Notes et références ==
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=== Notes ===
{{Références|groupe="Note"}}

=== Références ===
{{Références nombreuses|taille=25 |références=
<ref name="Cuypers & Gobillot">{{Ouvrage|langue=fr|nom1=Michel Cuypers|nom2=Geneviève Gobillot|titre=Le Coran|lieu=Paris|éditeur=Le Cavalier Bleu, 2007|collection=Idées reçues|numéro dans collection=142|année=2007|pages totales=126|passage=37|isbn=978-2-84670-171-6|isbn10=2846701717}}.</ref>
<ref name="Déroche">{{Article|auteur1=François Déroche|titre=Cours : La voix et le calame. Les chemins de la canonisation du Coran|périodique=Histoire du Coran. Texte et transmission|date=2015-2016|lire en ligne=https://www.college-de-france.fr/media/francois-deroche/UPL4806792168864000919_415_430_Deroche.pdf|pages=}}.</ref>
<ref name="Cuypers Rhétorique">Michel Cuypers, La rhétorique sémitique dans le Coran, ''StRBS'' 27b (13.07.2016) https://www.retoricabiblicaesemitica.org/Pubblicazioni/StRBS/27b.Cuypers,%20La%20rhetorique%20semitique%20dans%20le%20Coran.pdf</ref>
<ref name="inimitability">''Encyclopaedia of the Quran'', vol 2, article ''inimitability'', {{p.|526}} et suiv.</ref>
}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets
| wikisource = Portail:Islam
| wikisource2 = Dictionnaire de théologie catholique/MAHOMÉTISME – Son développement général. I. Les sources de l'Islam
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=== Bibliographie ===
'''Avertissement''' : ''la bibliographie ci-dessous est proposée à titre indicatif. La littérature sur l'islam étant très abondante, seuls quelques livres sont proposés. Toutefois, ces livres n'ont pas tous la même valeur didactique et leur choix repose sur celui de plusieurs éditeurs de cet article. Leur présence sur cette liste n'est en aucun cas gage de sérieux de l'ouvrage.''

==== Ouvrages ====
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Michel Reeber|titre=L'islam|lieu=Toulouse|éditeur=Milan|collection=Les Essentiels|année=2013|pages totales=128|isbn=978-2-7459-6324-6}} (pour une première approche).
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Paul Balta]]|titre=L'islam|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Cavalier bleu]]|collection=Les idées reçues|année=2009|pages totales=127|isbn=978-2-84670-236-2}} (également pour une première approche).
* [[Pierre Chavot]], ''Le Dictionnaire de Dieu - 620 mots pour connaître et comprendre le judaïsme, le christianisme et l'islam'', Dervy, 2023.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean-Loup Amselle|titre=Islams africains|sous-titre=La préférence soufie|lieu=Lormont|éditeur=[[Le Bord de l'eau]]|collection=Pour mieux comprendre|année=2017|mois=mars|jour=9|pages totales=146|isbn=978-2-35687-518-1}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Henri de Saint-Bon|titre=L'islam éclaté|sous-titre=Ses multiples branches et ramifications des origines à nos jours|lieu=Paris|éditeur=[[Salvator (éditions)|Salvator]]|année=2016|mois=novembre|jour=24|pages totales=192|isbn=978-2-7067-1440-5}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Pierre Conesa|préface=Hubert Védrine|titre={{Dr}} Saoud et Mr. Djihad|sous-titre=La diplomatie religieuse de l'Arabie saoudite|lieu=Paris|éditeur=Robert Lafont|année=2016|mois=Septembre|jour=8|pages totales=306|isbn=978-2-221-19564-2|isbn2=2-221-19564-7}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Sabrina Mervin|titre=Histoire de l'islam|sous-titre=Fondements et doctrines|lieu=Paris|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|collection=Champs Histoire|année=2016|mois=mai|jour=11|pages totales=381|isbn=978-2-08-138659-4}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Antoine Sfeir|titre=L'islam contre l'islam|sous-titre=L'interminable guerre des sunnites et des chiites|lieu=Paris|éditeur=Le Livre de Poche|collection=Biblio Essais|année=2014|mois=mai|jour=28|pages totales=192|isbn=978-2-253-15654-3}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Mohammed Arkoun|titre=L'Islam|lieu=Paris|éditeur=Jacques Grancher|collection=ABC|année=2013|pages totales=368|isbn=978-2-7339-1014-6|isbn2=2-7339-1014-0}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Dominique Sourdel|auteur2=Janine Sourdel-Thomine|titre=Vocabulaire de l'islam|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France|PUF]]|collection=Que sais-je ?|numéro dans collection=3 653|année=2013|pages totales=128|isbn=978-2-13-062768-5}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Alfred-Louis de Prémare|titre=Les fondations de l'islam|sous-titre=entre écriture et histoire|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|collection=L'Univers historique|année=2002|pages totales=522|isbn=978-2-02-037494-1}}.
* [[Édouard-Marie Gallez]], ''Le Messie et son prophète, Aux origines de l’islam'', 2 tomes, Versailles, Éditions de Paris {{lien brisé|consulté le=2017-09-22|url=http://www.ict-toulouse.asso.fr/ble/site/659.html|titre=(résumé)}}.
** Tome 1 : ''De Qumran à Muhammad''.
** Tome 2 : ''Du Muhammad des Califes au Muhammad de l’histoire''.{{retrait|Cette publication a constitué la thèse de doctorat en théologie/histoire des religions qu'É.-M. Gallez a soutenue à l'[[Université Strasbourg III|université de Strasbourg II]] en 2004.}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Abdou Filali-Ansary|titre=Réformer l'islam ?|sous-titre=Une introduction aux débats contemporains|lieu=Paris|éditeur=[[La Découverte|La découverte]]|collection=Poches Sciences|année=2005|mois=septembre|jour=1|pages totales=284|isbn=978-2-7071-4674-8}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Anne-Marie Schimmel|titre=L'islam au féminin|sous-titre=La Femme dans la spiritualité musulmane|éditeur=[[Éditions Albin Michel]]|collection=Spiritualités vivantes|année=2000|mois=mai|jour=3|pages totales=219|isbn=978-2-226-10985-9}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Henri Corbin|titre=Histoire de la philosophie islamique|éditeur=[[Éditions Gallimard|Folio]]|année=1989|pages totales=558|isbn=978-2-07-032353-1}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Roger du Pasquier|titre=Découverte de l'islam|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|collection=Points-Sagesse|année=1984|pages totales=177|isbn=978-2-02-006943-4}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Marcel André Boisard|titre=L'humanisme de l'islam|éditeur=[[Éditions Albin Michel]]|collection=Présence du monde arabe|année=1979|mois=mai|jour=16|numéro d'édition=3|pages totales=432|isbn=978-2-226-00800-8}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Frithjof Schuon|titre=Comprendre l'islam|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|collection=Points-Sagesse|année=1976|pages totales=192|isbn=978-2-02-004514-8}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Abdelmajid Charfi|traducteur=André Ferré|titre=L'islam entre le message et l'histoire|éditeur=Albin|collection=L'islam des lumières|année=2004|mois=octobre|jour=6|pages totales=229|isbn=978-2-226-15431-6}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Mohamed Mestiri|auteur2=Moussa Khedimellah|titre=Penser la modernité et l'islam|éditeur=Institut International de la pensée Islamique (IIIT)|année=2006|isbn=978-2-9524471-0-2}}.
*: Littérature confessionnelle

==== Essais ====
* {{Ouvrage|traducteur=Abdallah Penot|titre=Le Coran|éditeur=Alif|année=2010|mois=mars|jour=1|pages totales=600|isbn=978-2-908087-31-4}} (pour un essai de traduction).
* {{Ouvrage|traducteur=Denise Masson|titre=Le Coran|tome=1|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|collection=Folio classique|année=1980|mois=octobre|jour=23|pages totales=1 233|isbn=978-2-07-037233-1}} (également pour un essai de traduction).
* {{Ouvrage|traducteur=Denise Masson|titre=Le Coran|tome=2|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|collection=Folio classique|année=1980|mois=octobre|jour=23|pages totales=608|isbn=978-2-07-037234-8}} (également pour un essai de traduction).
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Didier Leschi]]|titre=Misère(s) de l'islam de France|lieu=Paris|éditeur=cerf|collection=Actualité|année=2017|mois=janvier|jour=13|pages totales=164|isbn=978-2-204-11748-7}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Bernard Godard|titre=La question musulmane en France|sous-titre=Un état des lieux sans concessions|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|date=18 février 2015|pages totales=352|isbn=978-2-213-68248-8}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Ramine Kamrane|titre=Le problème théologico-politique de l'islam. Le livre infaillible|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions L'Harmattan]]|année=2013|pages totales=116|isbn=978-2-336-00876-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=LNujAX1M7_AC&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Malek Chebel|titre=Manifeste pour un Islam des lumières|sous-titre=27 propositions pour réformer l'Islam|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=2012|pages totales=224|isbn=978-2-213-67699-9}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Gilles Kepel|titre=Les banlieues de l'islam|sous-titre=Naissance d'une religion en France|éditeur=[[Éditions Points]]|année=2015|mois=février|jour=3|pages totales=425|isbn=978-2-7578-5345-0}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Gilles Kepel|titre=Banlieues de la République|sous-titre=Société, politique et religion à Clichy-sous-Bois et Montfermeil|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|date=2 février 2012|pages totales=544|isbn=978-2-07-013682-7}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Gilles Kepel|titre=Quatre vingt treize|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=2012|pages totales=322|isbn=978-2-07-013432-8|isbn2=2-07-013432-6}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Olivier Roy|titre=La laïcité face à l'islam|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|collection=Pluriel|année=2013|mois=juin|jour=14|pages totales=176|isbn=978-2-8185-0372-0}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Olivier Roy|titre=La sainte ignorance|sous-titre=Le temps de la religion sans culture|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|collection=La couleur des idées|année=2008|mois=octobre|jour=9|pages totales=275|isbn=978-2-02-093266-0}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Olivier Roy|titre=L'islam mondialisé|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|collection=Points essais|année=2004|mois=septembre|jour=3|pages totales=240|isbn=978-2-02-067609-0}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Arno Tausch|auteur2=Hichem Karoui|titre=Les musulmans : un cauchemar ou une force pour l'Europe ?|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions L'Harmattan]]|collection=Histoires et Perspectives Méditerranéennes|année=2011|pages totales=261|isbn=978-2-296-13980-0|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=D3bRR99Eb1oC&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Michel Orcel|titre=De la dignité de l'islam|sous-titre=Réfutation de quelques thèses de la nouvelle islamophobie chrétienne|lieu=Montrouge|éditeur=[[Groupe Bayard|Bayard]]|collection=Histoire des Religions|année=2011|pages totales=187|isbn=978-2-227-48221-0}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Ben Salama|titre=Au Nom de l'Islam|sous-titre=Enquête sur une religion instrumentalisée|lieu=Paris|éditeur=L'Atelier|collection=Social éco|année=2009|pages totales=216|isbn=978-2-7082-4058-2|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=zVpD2VtpldAC&pg=PA168&dq=1979+gign+la+mecque}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Eric Geoffroy|titre=L'islam sera spirituel ou ne sera plus|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|collection=La couleur des idées|année=2009|pages totales=217|isbn=978-2-02-096972-7}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Charles Saint-Prot|titre=Islam|sous-titre=l'avenir de la Tradition entre révolution et occidentalisation|lieu=Monaco/Paris|éditeur=Rocher|année=2008|pages totales=618|isbn=978-2-268-06610-3}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Hamadi Redissi|titre=Le pacte du Nadjd ou comment l'islam sectaire est devenu l'islam|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=2007|pages totales=342|isbn=978-2-02-096081-6}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean-Claude Barreau|titre=De l'islam en général et du monde moderne en particulier|éditeur=Belfond - Le Pré aux clercs|collection=Pamphlet|année=1991|pages totales=134|isbn=978-2-7144-2740-3}}.
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Bernard Lewis|traducteur=Denis-Armand Canal, Jacqueline Carnaud, Dominique Férault, Odette Guitard, Tina Jolas, Denise Paulme et Rose Saint-James|titre=Islam|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|collection=Quarto|année=2005|pages totales=1 344|isbn=978-2-07-077426-5}}.
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Samuel P. Hungtington|titre=Le choc des civilisations|éditeur=[[Éditions Odile Jacob]]|collection=Poche|date=22 avril 2000|pages totales=545|isbn=978-2-7381-0839-5}}.
* {{Ouvrage|langue=en|langue originale=en|auteur1=John Richard Bowen|traducteur=Patrick Savidan|titre=L'islam, un ennemi idéal|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Albin Michel]]|année=2014|pages totales=120|isbn=978-2-226-25480-1}}.
* {{Ouvrage|langue=en|langue originale=en|auteur1=John Richard Bowen|traducteur=Frédéric Sarter|titre=L'Islam à la française|lieu=Issy-les-Moulineaux|éditeur=Steinkis|année=2011|pages totales=382|isbn=979-10-90090-04-0}}.
* Tausch, Arno (2023). Political Islam and Religiously Motivated Political Extremism. SpringerBriefs in Political Science. Springer, Cham. https://doi.org/10.1007/978-3-031-24854-2_2, Published 16 February 2023, Print {{ISBN|978-3-031-24853-5}}; open access: https://link.springer.com/book/10.1007/978-3-031-24854-2
* {{Ouvrage|langue=en|langue originale=en|auteur1=Arno Tausch|titre=Political Islam and Religiously Motivated Political Extremism. SpringerBriefs in Political Science. open access : https : //link.springer.com/book/10.1007/978-3-031-24854-2|éditeur=Springer, Cham|année=2023|pages totales=88|isbn=978-3-031-24853-5}}

=== Filmographie ===
* 1977 : [[Moustapha Akkad]], ''[[Le Message (film)|Le Message]]''.

=== Articles connexes ===
{{Infobox/Début}}
{{Infobox/Ligne donnée|{{Islam par pays}}}}
{{Infobox/Fin}}
* [[Coran]]
* [[Islam en France]]
* [[Islam en Europe]], {{Lien|lang=en|trad=European Islam|fr=Islam européen}}, [[Religion dans l'Union européenne]]
* [[Islam en Afrique]], [[Islam en Asie|en Asie]], {{Lien|lang=en|trad=Islam in the Americas|fr=Islam en Amérique|texte=en Amérique}}, {{Lien|lang=en|trad=Islam in Oceania|fr=Islam en Océanie|texte=en Océanie}}
* [[Nombre de musulmans par pays]]
* [[Civilisation islamique]]
* [[Sciences arabes]] (en terres d'islam)
* [[Système juridique islamique]] (droit musulman), [[Jurisprudence islamique]], [[Madhhab]]
* [[Islam politique]], [[Oumma]], [[Islamisme]]
* [[Courants de l'islam]], [[Wahhabisme]], [[Salafisme]]...
* [[Qutbisme]], [[Djihadisme]]
* [[Critique de l'islam]]
* [[Miracles scientifiques du Coran]] (concordisme islamique)
* {{lien|trad=Superstitions in Muslim societies|fr=Superstitions dans les sociétés musulmanes}}

=== Liens externes ===
* {{lien web|consulté le=2019-07-07|url=http://iesr.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages|titre=Comptes rendus d'ouvrages portant sur l'islam}}, [[Institut d’étude des religions et de la laïcité]].
{{Liens}}

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