Gregor Reisch
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Érasme (épistolier) |
Gregor Reisch (né vers 1467 à Balingen (comté de Wurtemberg-Urach) et mort à Fribourg le ; également connu sous les noms de Georgius Reysch ou Rusch de Balingen) est un moine chartreux et un érudit humaniste allemand, surtout connu pour avoir réalisé la Margarita philosophica (1503), l’une des premières encyclopédies imprimées de culture générale[1].
Biographie
[modifier | modifier le code]Reisch est né à Balingen, dans le Wurtemberg, vers 1467, sa date de naissance n'est pas connue. Le 25 octobre 1487, il s'inscrit à l'université de Fribourg-en-Brisgau. Pendant ses études, il est membre de la bourse d'études Domus Cartusiana, fondation dirigée par les Chartreux[2]. En 1488, il devient bachelier et en 1490, obtient la maîtrise. Il enseigne comme régent à la faculté des arts et comme précepteur : il est notamment le précepteur de Franz Wolfang, duc de Zollern, et en 1494, tous deux s'immatriculent le même jour à l'université d'Ingolstadt[2]. Il continuera à enseigner et à mener ses travaux universitaires même devenu moine.
En 1496, Gregor Reisch entre au couvent des Chartreux de Fribourg, dont il devient moine, première étape d'une carrière au service de cet ordre. De 1500 à 1502, il est prieur à Kleinbasel et de 1503 jusqu'à peu avant sa mort, prieur du monastère de Fribourg à Johannisberg, désigné le plus souvent comme la chartreuse de Fribourg. En 1510, Reisch est nommé conseiller et confesseur de Maximilien Ier[3],[4]. À partir de 1508, il devient également visiteur (inspecteur) de la province rhénane de son ordre et, en 1521, représentant du supérieur de l'ordre à la Grande Chartreuse. Il sera à ce titre un adversaire des enseignements de Luther et du protestantisme naissant.
Reisch cotoie les humanistes les plus célèbres de l'époque : Érasme, Jakob Wimpfeling, Konrad Pellikan, Johannes Reuchlin, Beatus Rhenanus, Udalricus Zasius et le célèbre prédicateur Johann Geiler de Kaisersberg.
Parmi ses élèves les plus remarquables figurent Johann Eck, Martin Waldseemüller, Sebastian Münster. Intellectuel des plus en vue, Reisch était réputé pour sa capacité d'adaptation. Il meurt à Fribourg, dans le Bade, le 9 mai 1525.
Oeuvres
[modifier | modifier le code]Son oeuvre principale est la Margarita Philosophica, publiée pour la première fois en 1503. Selon Isabelle Pantin "Bien que l’ouvrage appartînt à la première partie de son parcours (...), tout porte à croire que Reisch surveilla de près l’édition de son livre, et même qu’il s’intéressa jusqu’à la fin de sa vie aux réimpressions régulières qui en furent faites."[2]
Avec son entrée au couvent en 1496, ses occupations prennent alors un autre tour, comme ses travaux littéraires et savants. Humaniste, il travaille notamment, jusqu’en 1513, à l’édition de saint Jérôme entreprise par l’imprimeur bâlois Amerbach, édition terminée par Érasme et imprimée par Froben en 1516[2].
En 1510, Gregor Reisch publie également les statuts et privilèges de l'ordre des Chartreux.
Margarita philosophica
[modifier | modifier le code]La Margarita philosophica (littéralement La Perle philosophique), publiée pour la première fois en 1503, sera largement utiliséee comme manuel général dans les universités d'Europe occidentale. Il s'agit d'une encyclopédie couvrant l'ensemble des savoirs universitaires de l'époque résumés en douze sections ("livres") : grammaire latine, dialectique, rhétorique, arithmétique, musique, géométrie, astronomie, physique, histoire naturelle, physiologie, psychologie et éthique. Ecrit en latin, la dimension utilitaire de l'ouvrage est renforcée par de nombreuses gravures sur bois et un index complet[1].
Comme de nombreux manuels de l'époque, le livre a été écrit sous la forme d'un dialogue entre un élève et un professeur. Très populaire en raison de sa relative concision et de sa forme, il a longtemps été un manuel standard dans les universités. Alexander von Humboldt a déclaré à son sujet qu'il avait « contribué de manière remarquable à la diffusion du savoir pendant un demi-siècle ».
Les douze sections correspondent aux disciplines du trivium et du quadrivium : grammaire latine, dialectique, rhétorique, arithmétique, musique, géométrie, astronomie, physique, histoire naturelle, physiologie, psychologie et éthique. Les branches du savoir sont divisées en deux grandes classes, les savoirs théoriques et les savoirs pratiques, et celles-ci sont à leur tour subdivisées en sous-classes. Il s'agit d'une compilation de données, mais celles-ci sont exposées par un jeu de questions et réponses entre un maître et son disciple, ce qui était censé donner un tour assez vivant à l'ouvrage. Le format de l'ouvrage se prête à la manipulation, contrairement aux gros volumes in-folio en vigueur à l'époque. Des illustrations aident à traduire les concepts de façon attrayante.
Le mot margarita, qui a donné « marguerite » en français, désignait en latin une perle[5], qui est considérée comme la quintessence d'un travail d'abstraction.
Considérée comme une des premières encyclopédies imprimées. La Margarita philosophica connaîtra dix éditions jusqu'en 1599[6].
Différentes éditions d'un succès éditorial durable
[modifier | modifier le code]L'édition originale de 1503
[modifier | modifier le code]Même s'il y a eu des retouches ultérieures, Gregor Reisch compose l'essentiel de la Margarita philosophica entre 1489 et la fin de 1496.
Deux lettres - d’août et d’octobre – témoignent des préparatifs de l’impression dès 1498. Alban Graf (ou Urs Graf), un clerc chargé de produire par gravure sur bois des schémas pour illustrer les livres, y fait part de ses avancées et difficultés à l'imprimeur Johannes Amerbach. Cet imprimeur avait déjà des liens avec les Chartreux. Elève, à Paris, de Johann Heynlin de Steyn dans les années 1460, il est fortement soutenu lors de son installation à Bâle (1478) par la Chartreuse du Val-Sainte-Marguerite de Bâle où Heinlein termine sa vie. Ce dernier confie d'ailleurs à Amerbach des éditions d’Augustin, Cassiodore et saint Ambroise.
Néanmoins, par un courrier du 9 mai 1502, Johann Schott, probablement un ancien étudiant de Reisch, demande à Amerbach la cession du droit d’imprimer l’ouvrage[7]. Bien que très déférente, elle laisse néanmoins entendre que Amerbach semble s'être désintéressé du travail, et que Gregor Reisch s'inquiète de la finalisation de l'ouvrage. Ayant manifestement été entendu, Schott quitte momentanément Strasbourg pour Fribourg, où il réalise l’impression, achevée vers le 20 juillet 1503, fête de sainte Marguerite.
Jusqu'en 1517, rééditions officielles , et "pirates" de Grüninger
[modifier | modifier le code]Dès février 1504, l'imprimeur Grüninger de Strasbourg copie intégralement la Margarita (texte, images et liminaires), et jusqu'en 1517 les réimpressions se succèdent en deux séries parallèles. D'un côté, Johann Schott produit avec son associé Michael Furter, à Strasbourg puis à Bâle, des éditions révisées par Grégor Reish et préservant l'organisation originelle du livre ; de l'autre, Grüninger, qui après avoir copié l'original, l'abonde de divers appendices, quitte à en transformer la logique initiale.
Série officielle par Schott et Furter[8]:
- Fribourg, Johann Schott, juillet 1503 ;
- Strasbourg, Johann Schott, mars 1504 ;
- Bâle, Michael Furter et Johann Schott, février 1508 ;
- Bâle, Michael Furter et Johann Schott, mars 1517.
Série "pirate" par Grüninger[2]
- 23 février 1504 (Æpitoma omnis phylosophiae. alias Margarita phylosophica, avec l’ajout de l’abrégé d’une grammaire de l’hébreu) ;
- mars 1508 (avec l’ajout de six opuscules, insérés après les livres de grammaire, de rhétorique, de musique et de géométrie, plus le Panepistemon de Politien en conclusion) ;
- 31 mai 1512 (nouvel ensemble d’opuscules mathématiques regroupés dans un volume d’appendices ) ;
- 24 janvier 1515 (avec 4 nouveaux opuscules mathématiques dans les appendices).
1535, l'édition de Finé enfin publiée
[modifier | modifier le code]Après 1517, il y a une pause dans les réimpressions. Une édition remaniée par Oronce Finé, est achevée en 1523, avec l'accord de Reisch et de ses imprimeurs, mais les conditions ne semblent pas se prêter à sa publication : Non seulement Reisch décède en 1525, mais les différents imprimeurs de cet ouvrage catholique qu'est la Margarita sont pris dans les troubles du christianisme par la diffusion du luthéranisme. Johann Schott s'engage ainsi dans la publication d'écrits protestants dès 1520. Quant à Johann Grüninger, sa fidélité au catholiscisme lui crée des difficultés dans sa ville, Strasbourg, où sous l'influence de Martin Bucer et Wolfgang Capiton la Réforme s'implante à partir de 1523.
Ce n'est donc qu'en 1535 que l'édition Finé paraît à Bâle, chez Heinrich Petri, comme une synthèse des deux séries précédentes. Elle reprend en effet les bois et gravures de la lignée Schott, en même temps qu'elle améliore le principe des appendices de Grüninger.
En 1583, Sébastien Henricpetri, fils d'Einrich, réédite la version de 1535, avec toujours une partie des bois originaux.
1599, la version italienne de Galluci
[modifier | modifier le code]Giovanni Paolo Galluci (1538-1621), érudit vénitien enseignant de jeunes nobles et s'intéressant aux méthodes pédagogiques publie en 1599 une traduction italienne de la version Finé. S'il en conserve les appendices, il présente par contre une nouvelle iconographie.
Sources
[modifier | modifier le code]- Margarita philosophica, édition originale de 1504 (448 p.) sur Google Books
- Isabelle Pantin, La Margarita Philosophica de Gregor Reisch (1503) : quel type d’encyclopédie ? https://epistemocritique.org/wp-content/uploads/2018/04/3-Isabelle-Pantin.pdf
Notes
[modifier | modifier le code]- (en) Jennifer Rebekah TALLEY, "The Margarita Philosophica: the Renaissance Answer to Wikipedia". Beyond the Reading Room, University of Michigan Library, .
- Isabelle Pantin, « La Margarita Philosophica de Gregor Reisch (1503) : quel type d’encyclopédie ? », epistemocritique, (lire en ligne [PDF]).
- ↑ R. Ritter von SRBIK, Maximilian I und Gregor Reisch, Wien, Böhlaus, éd. par A. LHOTSKY, , cité par Isabelle Pantin.
- ↑ David Woodward, Cartography in the European Renaissance, the University of Chicago press, coll. « The history of cartography », (ISBN 978-0-226-90732-1, 978-0-226-90733-8 et 978-0-226-90734-5).
- ↑ Voir l'étymologie donnée par le dictionnaire du TLFI
- ↑ Richard Yeo, Encyclopaedic Visions, Cambridge University Press, 2001, p. 7.
- ↑ HALPORN B.C., The Correspondance of Johann Amerbach, n° 26, p. 49-50 ; Die Amerbachkorrespondenz, I, p. 153.
- ↑ FERGUSON J., « The Margarita Philosophica of Gregorius Reisch: A Bibliography », The Library, 1929, p. 194-216, cité par Isabelle Pantin.
Lien externe
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- Ressources relatives à la musique :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :