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Fusillade de la base aérienne Roi Fayçal

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La fusillade de la base aérienne Roi Fayçal a lieu le sur installation de l'armée de l'air jordanienne près d'Al-Jafr (en), lorsque trois instructeurs des forces spéciales de l'armée américaine stationnés sur la base sont délibérément tués par un soldat jordanien qui garde l'entrée de la base. Les soldats américains reviennent d'un exercice d'entraînement dans un convoi lorsqu'ils sont la cible de tirs du premier sergent Marik al-Tuwayha à un poste de contrôle pour véhicules, ce qui déclenche une fusillade.

Il s'agit de la deuxième attaque meurtrière contre des instructeurs américains en Jordanie en moins d'un an, ce qui provoque un différend entre les gouvernements des États-Unis et de la Jordanie, tout en soulevant des questions sur le rôle que les soldats américains jouent en Jordanie[1],[2]. Le gouvernement jordanien inculpe officiellement al-Tuwayha de meurtre et d'intention de tuer, provoquant la colère de certains éléments de la population jordanienne, dont l'influente tribu Howeitat. Après un mois de procès, al-Tuwayha est condamné à la prison à vie avec travaux forcés en juillet 2017[3].

Les États-Unis et la Jordanie entretiennent de solides relations militaires depuis 1957, date à laquelle les États-Unis commencent à envoyer une aide militaire à la Jordanie. Au cours de l'année 2013, les États-Unis envoient près d'1,4 milliard de dollars d'aide à la Jordanie. En 1996, les États-Unis accordent à la Jordanie le statut d'allié majeur non-OTAN (MNNA), une désignation qui, entre autres, permet à la Jordanie de recevoir du matériel de défense américain excédentaire, une formation et des prêts d'équipement pour la recherche et le développement en coopération[4]. À partir de 2013, la Jordanie devient également un lieu populaire pour la formation américaine de groupes tels que les troupes du gouvernement irakien et les rebelles syriens modérés dans le cadre du programme syrien "Train and Equip (en)" (STEP)[5],[2].

Les racines du programme syrien "Train and Equip" en Jordanie commencent en 2013 lorsque les premiers instructeurs des forces spéciales américaines arrivent dans le pays pour former les premières recrues du programme. STEP est un programme géré par la CIA et, en tant que telles, les troupes américaines qui participent sont "détachées" à la CIA conformément au droit international[2]. Les bases militaires jordaniennes sont le plus souvent utilisées dans le cadre de la formation de combattants sélectionnés[6]. L'une de ces bases comprend la base aérienne Roi Faisal, située à la périphérie d'Al-Jafr (en), en Jordanie[7].

Les trois victimes de la fusillade de la base aérienne Roi Fayçal

Peu après midi le , un convoi de quatre véhicules non blindés arrive sur la base aérienne Roi Fayçal. Le convoi comprend quatre soldats américains qui reviennent d'une journée d'entraînement au champ de tir. Le premier véhicule du convoi traverse sans encombre le seul point de contrôle (en) d'accès de la base. Alors que le deuxième véhicule s'approche pour entrer, un garde de l'armée jordanienne, le caporal Marik al-Tuwayha, ouvre le feu avec son fusil M16, tirant à travers le pare-brise du véhicule et tuant le staff-sergeant Kevin McEnroe et le staff-sergeant Matthew Lewellen. Les autres américains dans les véhicules suivants crient en anglais et en arabe au caporal al-Tuwayha de cesser le feu, en vain. Le caporal al-Tuwayha s'avance ensuite vers les autres américains du convoi, tirant sur eux pendant qu'il ripostent. Les deux américains restants se mettent à couvert et ripostent. Le staff-sergeant James Moriarty est tué et l'américain restant atteint le caporal al-Tuwayha avec son pistolet, le blessant grièvement, ce qui met fin à la fusillade[8].

Les américains du convoi ne portent pas de gilet pare-balles puisqu'ils ne sont pas nécessaires lors des entraînements, ce qui contribue aux pertes dévastatrices subies lors de la fusillade. Le caporal al-Tuwayha porte un gilet pare balles et utilise un fusil alors que les Américains n'ont que des pistolets pour leur protection personnelle. Deux des américains impliqués dans l'attaque sont évacués mais décèdent plus tard des suites de leurs blessures. Le caporal al-Tuwayha est grièvement blessé et placé dans un coma artificiel, il est emmené dans le même hôpital que les soldats américains et est autorisé à se trouver à proximité d'eux en raison du manque de clarté entourant la fusillade[9].

En raison de l'absence de menace perçue et du statut de la Jordanie en tant qu'alliée américain, les militaires américains voyagent dans des véhicules non blindés, ne portent pas de gilet pare-balles et ne portent que des armes de poing. Le rapport du renseignement sur l'incident recommande aux forces américaines d'utiliser à l'avenir des véhicules blindés et de transporter au moins un fusil avec elles[3].

Le Federal Bureau of Investigation (FBI) ouvre une enquête sur la cause de la fusillade[10]. Initialement, l'armée jordanienne a attribue la cause de la fusillade à un cas de tir ami et insiste sur le fait que le convoi américain n'a pas tenu compte des ordres de la garde jordanienne de s'arrêter. L'enquête américaine déclare que la fusillade semble être délibérée. Le FBI enquête sur le garde jordanien pour des liens avec l'extrémisme religieux et/ou l'EI, bien qu'aucun lien ne soit trouvé[11]. Après avoir visionné des séquences vidéo, l'armée jordanienne et le roi Abdallah II conviennent que le convoi américain s'est conformé aux "procédures établies sur la base" et que les soldats "n'ont rien fait pour déclencher l'attaque"[3].

Marik al-Tuwayha est inculpé de meurtre pour l'attaque et plaide "non coupable"[12].

Al-Tuwayha est reconnu coupable de meurtre par un tribunal militaire jordanien et condamné à la prison à vie avec travaux forcés. En Jordanie, les "condamnations à perpétuité" durent de 20 à 30 ans[13],[14],[15].

Notes et références

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  1. « Jordan policeman kills foreign trainers », sur BBC News, (consulté le )
  2. a b et c Thomas Gibbons-Neff et Joby Warrick, « Army Special Forces soldiers killed in Jordan were working for the CIA », sur www.WashingtonPost.com, (consulté le )
  3. a b et c Ryan Browne, « Jordanian soldier charged with killing 3 US soldiers », sur CNN (consulté le )
  4. Defense Security Cooperation Agency, Country Information Paper, Jordan.
  5. “US developing plans to train Iraqis in Jordan,” Associated Press, January 23, 2014
  6. Americans are training Syria rebels in Jordan: Spiegel https://www.reuters.com/article/us-syria-crisis-rebels-usa/americans-are-training-syria-rebels-in-jordan-spiegel-idUSBRE9290FI20130310
  7. U.S. training Syrian rebels at secret bases June 21, 2013, 8:33 PM https://www.cbsnews.com/news/us-training-syrian-rebels-at-secret-bases/
  8. New York Times: U.S. Soldier Who Survived Shootout in Jordan Tells His Story By DAVE PHILIPPS and BEN HUBBARD JULY 25, 2017 https://www.nytimes.com/2017/07/25/world/middleeast/special-forces-jordan-shootout-survivor.html
  9. SUBJECT: 4 Nov. 2016 King Faisal Air Base Shooting AR 15-6 Investigation Summary March 7, 2017 UNITED STATES SPECIAL OPERATIONS COMMAND
  10. Barbara Starr, Jomana Karadsheh and Eugene Scott, « US officials probe possible terror motive in Jordan attack », sur CNN (consulté le )
  11. https://www.facebook.com/joby.warrick et https://www.facebook.com/tgibbonsneff, « Investigators: Killing of 3 U.S. soldiers in Jordan appears to have been deliberate », sur Washington Post (consulté le )
  12. Karin Laub et Reem Saad, « Witnesses describe Jordan shooting that killed 3 US troops », Army Times,‎ (lire en ligne) :

    « The defendant, 1st Sgt. Marik al-Tuwayha, allegedly opened fire on the convoy as it waited to enter the base, killing the U.S. Army Green Berets. »

  13. AFP, « Jordanian soldier receives life sentence over death of three US military trainers », sur www.TheGuardian.com, (consulté le )
  14. Aria Bendix, « Jordanian Soldier Receives Life Sentence for Killing U.S. Military Trainers », sur TheAtlantic.com (consulté le )
  15. Reem Saad, « Jordanian soldier sentenced to life for killing 3 US troops », ABC News,‎ (lire en ligne, consulté le )