Ephemeroptera

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Ephemeroptera
Description de cette image, également commentée ci-après
Classification ITIS
Règne Animalia
Embranchement Arthropoda
Sous-embr. Hexapoda
Classe Insecta
Sous-classe Pterygota
Infra-classe Palaeoptera

Ordre

Ephemeroptera
Hyatt & Arms, 1891

Classification phylogénétique

Synonymes

  • Aphelophlebia Pierce, 1945
  • Plectoptera Packard, 1886
  • Protephemeroidea Handlirsch, 1906
  • Protephemeroptera Handlirsch, 1906
  • Triangulifera Willmann, 2007

Les éphémères (nom masculin) ou éphéméroptères (Ephemeroptera) (aussi appelés « mannes » au Québec[1]) sont un ordre d'insectes (sous-classe des ptérygotes, de la section des paléoptères).

Ces insectes aux téguments souples et au vol lent, présentent des caractères (comme le fait de ne pas pouvoir rabattre leurs ailes sur leur corps) considérés comme ancestraux. Ils sont apparus au Carbonifère, il y a environ 280 à 350 millions d'années ; ce sont donc les plus anciens insectes ailés encore vivants et certaines de leurs formes larvaires (« naïades ») ressemblent d'ailleurs aux thysanoures qui sont dépourvus d'ailes.

Ce sont des espèces très sensibles à la pollution lumineuse et à la pollution chimique par les pesticides. Ils sont en forte voie de régression dans une grande partie de leur aire naturelle de répartition ou d'écopotentialité (ou disparu pour certaines espèces), dont en France[2].

Ils font partie du plancton aérien et jouent (ou jouaient) à ce titre un rôle important pour le réseau trophique de certaines zones humides, en particulier pour l'alimentation des poissons et de certaines chauves-souris. Les éphémères vivent environ 3 ans à l'état de larve puis éclosent, se reproduisent en vol, les femelles déposent leurs œufs dans l'eau et les adultes meurent quelques heures plus tard, d'où le nom donné à cet ordre.

Caractéristiques

Rhithrogena germanica, l'une des nombreuses espèces d'éphémère (macrophoto)
  • Longueur : 3 à 40 mm (sans les cerques)
  • Ailes finement nervurées et rigides, généralement tendues à la verticale au repos (ne pouvant pas se replier en arrière au repos), avec absence d'ailes postérieures chez certaines espèces. Les ailes sont transparentes et parfois jaunâtres ou brunâtres, voire brillantes. Elles sont ornées d'une tache sur leur bord avant à l'extrémité de l'aile (pterostigma). La première paire d'aile est plus longue chez les mâles.
  • Ailes antérieures ne recouvrant jamais les ailes postérieures.
  • Antennes petites, composées d'articles courts et épais, prolongés par une soie fine.
  • Pièces buccales broyeuses chez les larves (l'adulte ne se nourrit pas, ne se consacrant qu'à la reproduction, autour de l'eau douce. Il meurt rapidement d'où son nom "éphémère").
  • Deux ou trois longs filaments multiarticulés (deux cerques entourant le paracerque central) prolongeant l'abdomen. Le paracerque central peut manquer selon les genres.
  • Développement de type hémimétabole.

Les mâles ont les pattes antérieures plus longues que celles des femelles, et présentent des forceps (les gonopodes) à l'extrémité de leur abdomen. Ces caractères permettent l'accouplement. Les imagos (adultes) ont une vie brève, uniquement consacrée à la reproduction. Ils ne se nourrissent pas et n’ont d’ailleurs ni pièces buccales, ni tube digestif.

Les naïades (larves), quelquefois appelées « pataches », sont aquatiques. Elles vivent, selon les espèces et les caractéristiques environnementales du milieu dans lequel elles se développent (par exemple la température), de quelques mois à quelques années, en moyenne 3 ans[3] mais parfois jusqu'à 10 ans[4]. À la fin de cette phase, les naïades subissent une mue qui les transforme en adultes. Fait unique chez les insectes, la phase adulte est constituée de deux stades, l'un intermédiaire, la subimago qui ressemble beaucoup à l'adulte (ou imago), et qui ne dure le plus souvent que quelques heures.

Répartition

Image issue d’un radar météorologique montrant l'émergence des éphémères à 21 h 13 HAC, le samedi .

Les éphéméroptères se trouvent partout où de l'eau douce et oxygénée est durablement présente. Au milieu des années 1980, environ 2 000 espèces étaient connues dans le monde, dont 500 en Amérique du Nord, 200 en Europe et 125 en Australie.

L’image de droite provient du radar météorologique La Crosse au Wisconsin, faisant partie du réseau NEXRAD du National Weather Service des États-Unis. Il est possible d'observer de vastes nuages d'éphémères lors des émergences avec un tel radar réglé en détection très sensible, dite en air clair, ici le long du fleuve Mississippi. Les échos radar matérialisant le nuage d'insectes apparaissent en couleurs vives, rose, violet et blanc. Cette tache correspond à un vaste et épais nuage d'insectes (plusieurs mètres d'épaisseur) principalement au sud de La Crosse. Cette nuit-là, le radar a permis de voir qu'après l'éclosion sur la rivière et ses berges, les éphémères ont été plus ou moins dispersés par des vents de sud-sud-est en environ 10 à 20 minutes.

Bioindication

La "pollution lumineuse" émise par les luminaires du Pont-canal de Briare sur la Loire attire des milliers d'éphémères. Les femelles ont ici pondu sous les luminaires (points jaunes) et de nombreux éphémères ont été piégés par les toiles d'araignées. Le matin des guêpes y viennent - parfois par centaines - "voler" aux araignées une partie des cadavres d'insectes qu'elles ont tué et emballé dans un fourreau de soie la nuit. Ce phénomène est à la fois un exemple de "puits écologique" et de piège écologique.

Un Atlas des Éphémères de France a été initié en 1996 et est actuellement géré par l’OPIE-Benthos, sous l’appellation INVFMR, ce programme étant coordonné par Michel Brulin[5]. Les Éphéméroptères font partie des bioindicateurs d'eau peu polluée utilisés en France pour le suivi de la qualité des milieux aquatiques, avec aussi :

Relations avec les usages humains

Les éphémères font partie des insectes qui ont fortement régressé depuis une cinquantaine d'années, probablement à la suite de la dégradation de la qualité de l'eau et à la pollution générale de l'environnement par les pesticides. Jusqu'au milieu du XXe siècle, ils étaient partout présents en essaims de millions d'individus à proximité des eaux douces : la biomasse de leurs corps représente un engrais naturel de haute qualité[6].

Ils sont toutefois perçus aujourd'hui comme une menace, car leur période de reproduction oblige parfois à couper quelques jours les routes longeant les cours d'eau, par exemple en amont du bassin de la Seine, où l'accumulation des cadavres non-ramassés rendait les routes glissantes. Au Québec, dans la période de mai à juillet, on en dénombre encore plusieurs milliards près des cours d'eau où ils réduisent la visibilité routière, recouvrent le sol lorsqu'ils meurent et obstruent les unités de condensation et de climatisation sur les toits des immeubles à proximité, obligeant à procéder à un nettoyage.

Classification

Communément appelés éphémères, mouches de mai ou « mannes » au Québec[7] (mannes blanches, manne rouge selon la couleur des espèces considérées, au moment où les mâles et femelles se rassemblent en nuées de millions d'individus le temps d'une nuit pour la reproduction, après l'émergence), on en dénombre environ 3 000 espèces (340 en Europe) regroupées dans les familles suivantes :

Selon Wikispecies, les éphéméres se répartissent en 5 sous-ordres dont deux sont fossiles: Carapacea, Furcatergalia, Pisciforma, †Permoplectoptera et †Protephemeroptera.

Parasitose

Un petit ver nématode (Gasteromermis) parasite les éphémères et change le comportement des mâles qu'il infecte en les poussant à adopter un comportement de femelle, ce qui les conduit à simuler la ponte dans les lits des rivières. C'est l'occasion pour le nématode de quitter son hôte pour poursuivre son cycle de vie. Si le comportement de l'éphémère mâle n'avait pas été transformé, ce mâle ne serait jamais retourné dans l'eau et le ver n'aurait pu survivre. Cette interaction durable avec ce parasite a été découverte par l'entomologiste Sarah Vance, de l'université Cornell aux États-Unis[8].

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Brodsky, A. K. 1973. The swarming behavior of mayflies (Ephemeroptera). Entomological Review, 52: 33–39.
  • Brulin, M. 2007. Atlas de distribution des Éphémères de France. 1re partie : hors Baetidae et Heptageniidae [Insecta, Ephemeroptera]. Ephemera, 8 (1) : 1-73.
  • Brulin, M. 2004. Les éphémères de France : deuxième complément bibliographique à l’inventaire des espèces signalées et des espèces potentielles par départements (Thomas & Masselot 1996). Ephemera, 5 (1) : 11-12.
  • César, N () Vie et mort de la manne blanche des riverains de la saône, Etudes rurales 1/2010 (n° 185) , p. 83-98
  • Thomas, A. & G. Masselot. 1996. Les Éphémères de France: inventaire des espèces signalées et des espèces potentielles par départements (Ephemeroptera). Bulletin de la Société entomologique de France, 101 (5) : 467-488.
  • Thomas, A., G. Masselot & M. Brulin. 1999. Les Éphémères de France: complément bibliographique à l'inventaire des espèces signalées et des espèces potentielles par départements. Ephemera, 1 (2) : 119-122.

Liens externes

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Notes et références

références taxonomiques

Notes

  1. bestioles.ca
  2. G. Masselot et M. Bulin, « Les Ephémères d'intérêt patrimonial pour la France: première liste: espèces éteintes et espèces et situation critique », Ephemera, vol. 1, no 2,‎ , p. 59-65.
  3. « De l’éphémère au hamster, découvrez 13 animaux à l’espérance de vie incroyablement courte », sur dailygeekshow.com.
  4. « Éphéméroptères », sur ecosociosystemes.fr
  5. « Information sur l'inventaire des éphémères de France, avec Fiche de protocole de prélèvement », sur OPIE-Benthos (consulté le ).
  6. Charles d'Orbigny (dir.), Dictionnaire universel d'Histoire naturelle, t. V, Masson 1844, p. 350 à lire sur [1].
  7. « L'incroyable rendez-vous des éphémères » (consulté le ).
  8. (en) S.A. Vance, « Morphological and behavioural sex reversal in mermithid- infected mayflies », Proceedings of the Royal Society of London Series B-Biological Sciences, vol. 263,‎ , p. 907-912.