Dragage

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 20 avril 2011 à 15:20 et modifiée en dernier par 193.252.215.141 (discuter). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

On appelle dragage l'opération qui consiste à prélever des matériaux du fond de la mer, soit pour les exploiter (granulats marins), soit pour réaliser des travaux de génie portuaire (creusement de bassins ou de chenaux, ou entretien pour les débarrasser des sédiments (souvent pollués) qui se sont amassés et en diminuent la cote). C'est aussi une technique de pêche utilisée pour certains coquillages (voir drague (outil de pêche)), qui est dénoncée pour ses impacts négatifs sur l'environnement lorsqu'abusivement pratiquée. Dans les zones de séquelles de guerres, la présence de munitions non explosées peut aggraver le risque de pollution pour les ports et canaux qui ont souvent été la cible de bombardements ou pilonnages. Les sédiments dragués contiennent souvent des métaux lourds, et d'autres polluants (dont pesticides) qui se sont accumulés au cours du temps. Ils sont déposés sur des dépôts le long des canaux, dans les ports ou rejetés en mer, après enquête publique et étude d'impact, le cas échéant.

Extraction de granulats

Elle peut se réaliser à des profondeurs assez grandes (plusieurs dizaines de mètres), et les quantités prélevées sont importantes (typiquement, plusieurs milliers de tonnes à plusieurs dizaines de milliers de tonnes). Les matériaux prélevés sont généralement des sables et graviers, principalement utilisés dans le BTP, ou des matériaux calcaires (utilisés principalement en amendement agricole).

Dragage portuaire

Drague en action dans le port de Port-la-Nouvelle

Le dragage consiste en l'excavation de sols ou d'alluvions sous l'eau (lacs, fleuves, rivières, watringues, canaux, estuaires, chenaux marins, etc.) Il peut être réalisé à partir de la berge, avec des engins de travaux classiques. Le dragage peut aussi être réalisé sur l'eau à l'aide d'un navire ou d'une barge spécialisé (drague, à ne pas confondre avec l'outil de pêche du même nom utilisée pour ramasser, notamment, les coquilles Saint-Jacques).

Traitement des matériaux dragués

L'avenir des matériaux dragués dépend de leur nature (vases, sables, graviers...) et de leur concentration en polluants : dans les ports, les polluants se concentrent en effet dans les sédiments (hydrocarbures, tributylétain, métaux lourds, épaves, munitions non explosées, etc.). En France, en 1990, un Groupe d’Études et d’Observation sur le Dragage et l’Environnement (GEODE) a été mis en place pour produire un guide technique de bonnes pratiques en matière de dragage portuaire. Ce groupe a défini des seuils de teneur en différents composés (repris dans la réglementation : métaux lourds, PCB, TBT) qui permettent de statuer sur le devenir des sédiments (rejet en mer, utilisation en remblais, stockage à terre, traitement, ...).

Risques pour l'environnement

La drague Atlantico Due au travail en rade de Lorient

Dans le cas de dragages de chenaux, de canaux où de ports, les sédiments (ou boues) peuvent être polluées métaux lourds, pesticides..). Ainsi parfois l'opération de dragage ou curage est plus polluante pour l'environnement que de laisser les sédiments en place. De subtiles variation du pH, du taux d'oxygène, de la bio-turbation, une crue, ou la mobilisation volontaire ou involontaire des sédiments respectivement lors de dragages ou d’aménagement ou lors du passage d'un navire inhabituellement lourd, etc. peuvent remobiliser les toxiques qui étaient antérieurement au moins provisoirement piégés dans le « compartiment sédimentaire ». Ils peuvent alors être transférés en aval ou dans d’autres portions du réseau hydrographique ou compartiment des écosystèmes.

Les impacts sont locaux, mais surtout différés dans l'espace et le temps, sur un site de rejet qui peut être éloigné du point de dragage, et à son aval selon les courants. Les quantités peuvent être importante. Par exemple un projet consiste à éliminer par rejet en mer à 15 km au large du Calvados 4,5 millions de m3/an de boues de dragage de l'estuaire du port de Rouen jusqu'en 2050. Ce projet avait fin 2010 reçu un avis favorable du commissaire-enquêteur, mais - suite aux désapprobations de certaines collectivités - le préfet de Basse-Normandie l'a retiré et a demandé une nouvelle enquête publique.[1]

Il peut arriver que le dragage ne « décape » que la couche superficielle, c'est-à-dire les sédiments les plus récents (souvent moins contaminés dans les pays qui ont une politique environnementales forte). Remettre l'eau et les organismes aquatiques en contact avec des sédiments anciens plus contaminés est un risque qu'une étude d'impact peut évaluer.

Depuis les années 1980, les scientifiques cherchent à développer des modèles prédictifs et des outils d’aide à la décision. Pour cela ils doivent d'abord mieux comprendre le comportement des polluants, éventuellement synergiques dans les sédiments ou lors des opérations de dragage (panache de diffusion, modifications chimiques, etc.).

Dans le cas d'extraction de granulats (cailloux et sables) lors de la construction d'un port par exemple, l'impact direct pour l'environnement est parfois relativement limité compte tenu du fait que ces opérations se font par définition dans des secteurs où la présence de vie organique est faible ou quasiment nulle (mais qui peuvent être des zones de frayères). La turbidité de l'eau peut être affectée localement par le passage de l'élinde. Le sillon crée par le passage de l'élinde est rapidement comblé par le mouvement de l'eau.

Les coûts de dragage et dépôt varient, mais peuvent atteindre en Europe de 100€/m3[2] notamment dans le cas de sédiments traités à terre (quelques € dans le cas de dragage de grandes masses clapés en mer), ce qui implique des coûts très élevés pour les grandes opérations. Dans la plupart des pays développés, les sédiments pollués doivent être dépollués ou stockés à terre. Aujourd'hui, ils sont stockés dans des sites de dépôts et confinement répondant aux normes en vigueur (et à trouver idéalement à proximité du lieu de chantier).

Matériel utilisé

Le dragage utilise actuellement les équipements suivants :

  • drague à élinde traînante, principalement utilisée pour les dragages portuaires d'entretien l'extraction de granulats et le déplacement de grosses quantités de matériaux (création d'îles, de quai, de digues, et qui procède par aspiration
  • drague à disque désagrégateur (ou « drague à cutter »), principalement utilisée pour les dragages dans des matériaux résistants (argiles, roches, graviers consolidés)
  • drague à pelle rétro-excavatrice, pour les travaux de finition ou les travaux atypiques.


La drague à godets est un équipement dépassé, qui remet trop de sédiments en suspension, mais encore très présent dans la mémoire du grand public.

Voir aussi

Références

  1. brève intitulée ; Rouen : boues et remous datée du 07/02/2011 sur le site du Territorial, consulté 2011/02/09
  2. Source Ministère français chargé de l'Environnement

Liens externes