Doudart de Lagrée (canonnière)

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La Doudart de Lagrée est une chaloupe canonnière française bâtie aux chantiers navals de Nantes en 1908 pour le service de la flottille française de Chine. Elle a été rayée de la flotte française en 1949.

Histoire

Construction

Le Royaume-Uni, l'Allemagne et les États-Unis disposent de plusieurs canonnières, surtout depuis la révolte des Boxers, qui naviguent sur le Yang-Tsé-Kiang, alors que les Français sont plutôt au sud de la Chine avec notamment l’Argus et la Vigilante. Aussi le ministère de la marine décide-t-il de renforcer la présence française qui traditionnellement est protectrice des missions catholiques en Chine, particulièrement depuis l'installation des Missions étrangères de Paris, mais le but est aussi commercial et politique.

La canonnière est bâtie à Nantes, démontée et embarquée sur le Kouang-Si le . Elle arrive à Shanghai, le suivant et remontée, puis baptisée Doudart de Lagrée (familièrement la Doudart), en mémoire du célèbre explorateur français mort dans le Yunnan. Le premier voyage d'essai a lieu le sous le commandement du capitaine de frégate Louis Audemard[note 1]. Elle est mise en service en pour des missions topographiques et des travaux hydrographiques et commence par la région de Chongqing, où elle arrive le . Le 1er décembre, elle est sous le commandement du lieutenant de vaisseau Jeanson, dernier commandant de bord de la canonnière Olry.

Quai d'Hankéou dans la concession britannique, au bord du Yang-Tsé (carte postale des années 1900).

Service

Au printemps 1910, la canonnière remonte le fleuve jusqu'à Tchangta, où ont lieu des troubles provoqués par la disette qui frappe tout le Yunnan. Elle en repart le , une fois le calme revenu, en direction de Shanghaï. Lorsqu'éclate la révolution chinoise de 1911, elle est sous le nouveau commandement du lieutenant de vaisseau Dupuy-Dutemps, et mouille à Chongqing qu'elle a ordre de ne pas quitter à cause des troubles révolutionnaires. Elle y reste du début octobre, jusqu'au début de l'année 1912, puis elle reprend ses missions de surveillance et de service de la poste.

Lorsque la Première Guerre mondiale débute, la Chine est une puissance neutre (elle ne se rangera du côté des Alliés qu'en ). Aussi le commandant de bord, le capitaine Charles Millot (le fameux illustrateur Gervèse), descend la canonnière de Kiating, où elle se trouve le 1er août, à Shanghaï, afin de désarmer le bateau qui reste ainsi au port. Lorsque la Chine entre en guerre, la Doudart de Lagrée est réarmée et modernisée. Elle dispose d'un canon de calibre 75 à l'avant, de deux canons de calibre 37 à l'arrière, et de quatre mitrailleuses. La canonnière quitte Shanghaï, le et reprend ses missions dans la région du Yang-Tsé. Elle est à Itchang, le , puis à Hankéou (où se trouve une concession française) et à Chongqing le . Elle reste dans la zone jusqu'à la fin de la guerre.

Le , la Doudart de Lagrée échoue sur un rocher (le Kutse-Liang) à cause du bas niveau des eaux. Le navire est mal réparé et il passe quinze jours à la limite du naufrage, lorsque les eaux commencent à remonter. Il part à la dérive, lorsque les aussières se brisent le , et il est sauvé par la canonnière britannique Teal de la classe Woodcock.

La canonnière reprend son service après réparations. En , elle part au secours du vapeur français Ki-Kin qui est assailli par les troupes républicaines chinoises entre Tchongking et Suifou. Un an plus tard, le , le commandant de bord, le lieutenant de vaisseau Pont, part à la rescousse du petit vapeur chinois battant pavillon français, le Kiang-King, qui s'est échoué sur les rochers de la rive droite du Yang-Tsé à 90 kilomètres en amont d'Itchang[note 2], région toujours en troubles. La canonnière ne prend pas part à l'incident de Wanhsien du , qui oppose les troupes du Kuomintang voulant saisir des navires britanniques, pour en faire des transporteurs de troupes dans leur « Expédition du Nord », aux forces de l'ordre britanniques de la patrouille du Yang-Tsé. Toutefois, elle parvient à sauver un officier britannique qui la rallie à la nage.

Elle porte aussi de l'aide à la nouvelle canonnière anglaise HMS Peterel[note 3] en 1930. La canonnière est en en réparations à Shanghai, puis effectue différentes missions à Shanghaï, Nankin, Kiou-Kiang et à Hankéou, où elle est en révision. Elle navigue essentiellement dans la région de Chongqing par la suite, alors que la situation empire avec la mainmise des Japonais. Ainsi, elle est chassée de Shanghaï par les Japonais, le et doit se replier à Nankin.

La Doudart de Lagrée est au port de la concession française d'Hankéou, lorsque la déclaration de guerre intervient le . Elle y reste jusqu'au , date à laquelle elle appareille pour Shanghaï. Elle y arrive une semaine plus tard et elle est désarmée.

La canonnière est rayée de la flotte française en , au moment de la révolution communiste et prise par les Chinois. Son destin ultérieur est inconnu.

Caractéristiques

A l'origine
  • Déplacement : 243 tonneaux[1]
  • Tirant d'eau : 1 mètre[1]
  • Vitesse : 14 nœuds[1]
  • Équipage : 4 officiers, 55 hommes, au moins 9 chinois en plus[1]
  • Armement : 6 canons de 37 mm TR, modèle 1885[1]
En 1918
  • Déplacement : 250 tonneaux[2]
  • Tirant d'eau : 1,20 mètre[2]
  • Vitesse : 13 nœuds[2]
  • Armement : 1 canon de 75 mm, 2 canons de 37 mm, 4 mitrailleuses Mle 1907[2]

Notes et références

Notes

  1. Il avait commandé l’Olry quelques années auparavant
  2. L'Illustration du 9 janvier 1926
  3. 1927-1941

Références

  1. a b c d et e Estival, 2001, page 52.
  2. a b c et d Estival, 2001, page 54.

Bibliographie

  • Hervé Barbier, Les Canonnières françaises du Yang-Tsé. De Shangaï à Chongqing (1900-1941), Les Indes Savantes, 2004
  • Jacques Schirmann, Gervèse, peintre et marin, Éditions du Gerfaut, 2006
  • Bernard Estival, Les canonnières de Chine : 1900-1945, Nantes, Marines Éditions, , 180 p. (ISBN 978-290957674-9)

Voir aussi