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Discussion:La Source vive

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Politisation du livre

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Il y a un an, j’ai supprimé un passage de la section « Influence culturelle aux États-Unis », et j’ai expliqué mes raisons de cette suppression. Ce passage a été rétabli sans justification, ce que je désapprouve. Je vais donc redonner mes raisons, plus en détails.

(1) Concernant la suppression de la phrase suivante : « Ce serait le roman favori du président américain Donald Trump. »

Cette affirmation est inexacte. Il y a, certes, une source : un article de Clémentine Goldszal dans Le Monde affirmant effectivement que ce serait le roman favori de Trump. Mais l’article de Clémentine Goldszal, comme tous les articles qui ont fait ce rapprochement avec Trump, partent en dernier ressort d’une interview avec Kirsten Powers pour USA Today en 2016, durant la première campagne présidentielle de Donald Trump. Voici exactement ce qui a été rapporté par Kirsten Powers :

Trump described himself as an Ayn Rand fan. He said of her novel The Fountainhead, “It relates to business (and) beauty (and) life and inner emotions. That book relates to ... everything.” He identified with Howard Roark, the novel's idealistic protagonist who designs skyscrapers and rages against the establishment.

Trump n’a donc jamais dit que La Source vive était son livre favori, il s’agit d’une extrapolation. Trump a bien dit un jour quel était son livre favori : il a dit que c’était la Bible. (Et en second, son propre livre, The Art of the Deal.) Voici la source où vous l’entendrez dire cela de sa propre bouche, au Lincoln Day Dinner du parti républicain, en 2015. (On ne va pas rajouter cela sur la page Wikipédia de la Bible.)

Mais que ce soit la Bible ou La Source vive, ce sont des livres populaires (La Source vive n’est pas connu en France, mais c’est un classique et un best-seller aux États-Unis, qui fait en quelque sorte partie du patrimoine de la littérature américaine.) par conséquent on peut s’interroger sur le degré de confiance que l’on peut accorder aux déclarations d’un homme politique en campagne qui dit du bien d’une œuvre populaire quelle qu’elle soit. Dans ce contexte, l’électoralisme, la volonté de gagner des voix auprès d’un certain public est une possibilité non négligeable.

On notera également que le Ayn Rand Institute, spécialistes de l’auteur, étaient et sont farouchement opposés à Trump et soutiennent que Rand l’aurait méprisé.

Enfin, une comparaison peut être éclairante : Marine Le Pen a déclaré que son livre favori était La Légende des siècles de Victor Hugo (Source). La page Wikipedia de La Légende des siècles ne le précise pas, et on peut douter qu’il soit approprié ou pertinent de le faire. Ce le serait d'autant moins si, de surcroît, elle n’avait même pas fait cette déclaration.

(2) Concernant la suppression de l’affirmation selon laquelle il s’agirait d’une œuvre fondamentale de la pensée conservatrice et libertarienne américaine.

En premier lieu, une confusion semble être faite entre l’œuvre et l’auteur. Ayn Rand, avait certains engagements politique (qui n’étaient d'ailleurs ni conservateurs, ni libertariens, j'y reviendrais), mais cela ne signifie pas que cela se trouve dans son roman de fiction. On peut faire des extrapolations politiques indirectes du roman, mais ce roman, contrairement à d’autres romans d’Ayn Rand, ne parle pas de politique, mais d’éthique. L’auteur elle-même le dit dans ses journaux personnels alors qu’elle écrivait le roman, je cite Journals of Ayn Rand, Part II: The Fountainhead, chapitre 7 « Notes While Writing », page 223 :

The theme of this novel is individualism versus collectivism, not in politics, but within a man’s soul.

La Source vive est un classique et un best-seller de la littérature américaine qui peut parfois faire partie des programmes scolaires aux États-Unis et qui a impacté nombre de gens qui n’étaient pas particulièrement engagé politiquement, voire qui étaient à l’opposé des vues politiques qui lui sont ici attribuées. On peut le vérifier par l’exemple de certaines célébrités non politiques mais dont les opinions politiques sont connues (démocrates, progressistes, anti-Trump…), qui ont fait des déclarations disant en substance qu’elles aimaient grandement ce roman. C’est le cas par exemple de Christina Ricci (Démocrate), Hugh Hefner (Démocrate), Brad Pitt (de gauche, contre Trump), d'Oliver Stone, dont la page Wikipédia anglophone indique son engagement à gauche et dont la page Wikipédia anglophone du roman indique la volonté de Stone d'une nouvelle adaptation du roman à l'écran... etc. Si l'on citait ces personnalités dans la catégorie « Influence culturelle aux États-Unis », on verrait que cela a peu de sens de parler du roman comme d’« une œuvre fondamentale de la pensée conservatrice et libertarienne ». Lorsque, par exemple, des blogs de lectures recommandent le livre, il ne s’agit évidemment pas d’un message politique. Même si parmi les nombreux et divers lecteurs du livre, il y a un nombre important de conservateurs ou de libertariens qui l’ont lu et apprécié et qui en font la promotion parce que l’auteur, croient-ils, partagent leur opinion politique, cela ne signifie rien sur le livre en lui-même. Il semble incongru de définir un roman non politique par les opinions politique d’une partie de ceux qui l’ont apprécié. En bref, le livre est ici politisé de façon excessive, ce qui est trompeur.

Enfin, l’auteur n’était ni conservatrice, ni libertarienne et était farouchement opposée à ces deux courants politiques. Son positionnement politique est assez idiosyncrasique. On trouvera des citations d'Ayn Rand à ce sujet ici :

gio (discuter) 17 août 2024 à 16:39 (CEST)[répondre]