Discussion:Cabane en pierre sèche/archives

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Création de l'article "Cabanes en pierre sèche"

J'envisage de réduire ultérieurement le texte de cet article très copieux. Faut-il par exemple supprimer la mention des communes où des constructions en pierre sèche ont été signalées et se contenter de la mention du département ? Il me reste aussi à mettre quelques photos.--Elnon 30 octobre 2006 à 01:35 (CET)[répondre]

Complément d'information

Les mentions des communes sont désormais supprimées.--Elnon 6 novembre 2006 à 20:13 (CET)[répondre]

Article de qualité[modifier le code]

Extraordinaire article! Un travail d'une énorme qualité... Cet article mérite d'être proposé dans la liste des articles dits "de qualité". Sans conteste.Hugo 8 novembre 2006 à 22:57 (CET)[répondre]

Je trouve que cet article mérite en l'état un label de qualité....[modifier le code]

Surprenant et très encyclopédique....Merci les contributeurs.--Poulsen 26 décembre 2006 à 19:45 (CET)[répondre]

More photos pending[modifier le code]

Quatre nouvelles photos vont être bientôt insérées pour illustrer la partie terminale (historique) de l'article.--Elnon 5 janvier 2007 à 14:04 (CET)[répondre]

Vers un paroxysme de bleu ?[modifier le code]

Etant donné le nombre élevé de localités et de régions mentionnées dans l’article, si chacune d’elles doit se transformer en lien, on se retrouvera inévitablement avec plusieurs centaines de liens qui non seulement n’apporteront aucune information supplémentaire sur le thème abordé dans l’article mais rendront le texte illisible, constellé de bleu.

Il me semble que la politique rationnelle à suivre en matière d’établissement de liens serait de ne retenir que les noms des communes dont l’article propre comporte une mention expresse à des constructions en pierre sèche (par exemple la commune d’Ausseing en Haute-Garonne). Les liens qui ne seraient pas dans ce cas de figure pourraient être supprimés sans inconvénient et leur absence palliée puisque la fonction recherche dans la colonne de droite permet au lecteur d’accéder rapidement à la localité dont il saisit le nom.

En conclusion, pour faire face à cette inflation galopante de liens, il n’est pas exclu que je propose d’en défaire un certain nombre.--Elnon 7 janvier 2007 à 07:17 (CET)[répondre]

Côtes d'Armor ou Côtes du Nord ?[modifier le code]

Je n'ai pas bien saisi l'intérêt d'identifier le département 22 par son ancien nom ? Pourriez-vous préciser, s'il vous plaît ? Gwalarn 13 novembre 2007 à 15:10 (CET)[répondre]

Dans une recherche bibliographique, si l'on se limite au nom récent d'un département, on se prive des références comportant l'ancien nom. Mais si le nom Côtes-du-Nord vous chagrine, vous pouvez l'enlever (en plus, ce n'était même pas un département viticole...).--Elnon 14 novembre 2007 à 01:36 (CET)[répondre]
Vu l'intérêt mineur de ce département pour le sujet, le risque de se priver de référence est faible. J'enlève donc l'ancienne dénomination, comme vous le proposez. Gwalarn 16 novembre 2007 à 19:16 (CET)[répondre]

Modifications malvenues au paragraphe "architecture sans architectes"[modifier le code]

Elles relèvent d'une architecture sans architecte, en ce sens qu'elles ne sont pas conçues et réalisées par des architectes (comme les bâtiments religieux, militaires et civils du passé) mais par des paysans, des bergers ou de maçons (comme les anciennes maisons rurales, mais sans utiliser les règles et les modèles admis dans l'architecture savante).

  • Pourquoi remplacer « elles sont l'œuvre de » par « elles sont conçues et réalisées » (qui est le jargon moderne redondant des architectes, un comble en l'occurrence ! Une cabane en pierre sèche n'est pas la Très Grande Bibliothèque) ?
  • Pourquoi introduire les bergers comme constructeurs alors qu'on sait que la cabane de berger est un mythe (c'est une petite roulotte en bois qui remplissait ce rôle, les bergers ne sont pas propriétaires de parcelles, en plus ils doivent se déplacer; ils sont réutilisateurs tout au plus de cabanes dans des parcelles abandonnées; quant aux bergeries en pierres sèches, elles étaient construites pour le compte de gros propriétaires)?

La « cabane de berger en pierre sèche » : un conte à dormir debout...


  • Pourquoi faire disparaître les ouvriers alors que les capitelles des garrigues des villes du Gard par exemple, appartenaient au petit peuple des ouvriers textiles de ces villes au XVIIIe siècle ?
  • Enfin, dire que les bâtisseurs de cabanes construisaient « sans utiliser les règles et les modèles admis dans l'architecture savante », c'est dire le contraire de ce que je dis un peu plus loin, à savoir que les procédés de couvrement (voûte d'encorbellement, voûte clavée, etc.) employés dans les cabanes en pierre sèche sont empruntés à l'architecture savante (tout comme les maisons rurales sont inspirées de modèles urbains, par exemple le plan symétrique hérité de la Renaissance).

Donc retour à la case départ, si je puis dire. --Elnon (d) 5 janvier 2008 à 01:50 (CET)[répondre]

Bonjour, ce qui m'a fait tiquer, c'est de présenter comme une spécificité le fait que "l'auteur de l'oeuvre" de ces édifices soit anonyme. En réalité, c'est le cas de presque tous les architectes de châteaux, d'églises, de maisons, et d'une façon générale on connaît très peu de noms d'architectes, sauf ceux qui étéient architectes du roi ou des grands princes. Donc, l'anonymat de l'architecte est le lot commun de presque tous les édifices.
Ensuite, le titre même d'architecte n'apparaît en France que très tardivement (après la Renaissance, en reprenant le mot latin) pour rempacer celui de "maître d'oeuvres" (au pluriel) dont la fonction reste encore assez mal connue: on suppose qu'avant cette époque il concevait l'édifice (mais sans vraiment faire de plans au sens contemporain du terme, puisque la géométrie descriptive n'existait pas, les cahiers de Villars de Honnecourt, architecte de cathédrales, étant une excéption), mais au cours de la réalisation, en faisant le tracé à l'échelle UN au sol, puis des épures pour les pièces de maçonnerie et de charpente.
Et puis, la notion d'oeuvre (au singulier, pour désigner une oeuvre d'art) apparaît encore plus tardivement, au XIXe siècle: auparavant, le "mérite" d'un édifice étant attribué au maître de l'ouvrage, c'est-à-dire au propriétaire qui l'avait fait construire.
Il ne faut pas en conclure qu'on ne puisse pas parler d'une architecture, ni qu'il n'existait pas des techniques et des modèles académiques établis, même pour les constructions rurales, avec des professionnels chargés de les mettres en oeuvre, en l'occurrence des maîtres maçons et des maîtres charpentiers qui savaient diriger une main d'oeuvre composée pour une petite partie de tailleurs de pierre, pour l'essentiel des ressources locales mobilisées par des corvées seigneuriales ou "récréatives" (les voisins et la parentèle qui devaient participer à l'édification ou à la restauration d'une maison). Pour les maisons rurales, ça se passait comme décrit pour les maison en Kabylie: on faisait venir un maître itinérant qui s'installait sur place pendant un an et qui dirigeait la construction avec une main d'oeuvre locale non spécialisée, faisant le tracé, montrant comment fonder, gâcher le mortier, faire le trait et les assemblages de charpente, exécutant lui-même les chaînages et les parties délicates, etc.).

Pour en revenir aux cabanes de pierre sèches, il faudrait mentionner que les matériaux sont le produit de l'épierrage des champs, et que leur quantité finissait par poser le problème de savoir comment les placer pour que l'emprise du tas ne diminue pas la surface exploitée, d'où ces paysages ruiniformes des causses où toutes les parcelles sont bordées de murs, et l'acquisition empirique par les bergers d'une grande dexterité pour le montage de maçonnerie (les bergers ont beaucoup de temps libre), ce qui leur permettait aussi de savoir monter des cabanes sans être maçons. Le fait que les bergers ne soient pas propriétaires du sol n'interdit pas la construction de ces édifices qui ne deviennent pas leur maisons, mais un aménagement de la propriété comme un mur ou un drain. Les huttes des chabonniers ou les burons ont aussi été construits par des personnes qui ne sont pas propriétaires du sol et ça ne pose pas de problème.
Ce qu'on peut constater, c'est que les formes de ces cabanes échappent aux modèles architecturaux des maisons locales (qui ont toujours toutes le même principes de plan, de percements, de proportions) et que d'ailleurs elle n'ont pas de programme fonctionnel: ce sont plutôt des sculpures creuses que des habitations, et en tous cas pas des maisons. Reste que la stéréotomie est souvent complexe et heureuse, que l'existence de types montrent l'existence d'un tradition locale, donc d'une oeuvre qui n'est pas due qu'à une fantaisie individuelle, mais je ne pense pas que ce soit dû à l'intervention d'un homme de l'art, ni à un projet conçu a-priori, mais au talent des bergers, à leur volonté de prouesse technique, sans doute aussi à une émulation réciproque.

Donc, pour conclure, les cabanes sont bien de l'architecture, mais pas complètement, puisque pas vraiment utiles à l'habitation (des gens, des bêtes, des activités), mais à mi-chemin entre une oeuvre de sculpture (celle d'un berger), un ouvrage de génie rural (celui de se débarrasser avec élégance des pierres) et un loisir (du temps non productif). L'architecture sans architecte et l'architecture anonyme ne sont pas la même chose: il y a des édifices (maisons, châteaux, granges, églises, moulins, lavoirs, etc..) qui ont réellement été conçus et réalisés par des maîtres d'oeuvres, et qui n'ont laissé aucune trace de leur nom. Eux peuvent être considérés - rétrospectivement - comme des architectes même si cette appellation n'avait pas cours pour désigner leur fonction (puisque jusqu'au XVIIIe siècle, les soeuls maîtres maçons et charpentiers qu'on voit porter ce titre sont ceux qui sont jurés ou experts auprès de la Chambre de la Maçonnerie et ceux qui font partie de l'académie royale d'architecture). Pour qu'on puisse parler d'architecte, il faut que celui que la conception et la réalisation ne soit pas faite pour soi-même, mais pour un autre.
Pour ce qui est de la suppression de la mention d'ouvriers ayant contribué à la réalisation de ces cabanes de pieres sèches, c'est parce que j'avais compris qu'il s'agissait d'ouvriers du bâtiments intervenant ès qualité.
Soit on considère qu'il n'y a pas d'architecte, mais autoconstruction, soit on considère qu'il y en a un, mais qu'il ne s'est pas fait connaître. Il y a une contradiction.
Cordialement. -- Heurtelions 5 janvier 2008 à 12:24 (CET)

Bonjour,
Votre développement contient un certain nombre d'affirmations qui méritent discussion.
Les matériaux sont le produit de l'épierrage des champs
C'est là une idée très répandue, et souvent accompagnée d'une indication de longue durée (un épierrage "multiséculaire"), mais elle se heurte à la réalité : mes recherches, celles de Michel Rouvière, ont montré que le matériau venait principalement de la création de champs par dérochement ou défonçage, seules opérations en mesure de livrer les incroyables quantités de pierres que représentent murailles et cabanes. Il faut savoir qu'en basse Ardèche il y avait des "faiseurs de champs". Il faut savoir aussi qu'un "cabanon pointu" des Alpes-de-Haute-Provence, c'est 150 tonnes de pierres, un tonnage que le nettoyage annuel d'une parcelle n'est pas près de livrer.
L'acquisition empirique par les bergers d'une grande dextérité pour le montage de maçonnerie
En dehors des estives pyrénéennes, les cabanes en pierre sèche sont des cabanes de cultivateurs. Dans certaines régions, au début du XXe siècle, ces cabanes, abandonnées par leurs propriétaires avec la parcelle où elles se trouvaient, ont été sporadiquement réemployées par des bergers, de là peut-être la confusion. A ma connaissance, on n'a jamais vu un berger se promener avec une barre-à-mine, un marteau et un traîneau pour extraire, ramasser et transporter les dizaines de tonnes de pierres nécessaires à la construction d'un édifice d'où il ne pourra pas surveiller son troupeau (et encore moins le suivre).
Les huttes des charbonniers ou les burons ont aussi été construits par des personnes qui ne sont pas propriétaires du sol et ça ne pose pas problème
Les huttes des charbonniers, sabotiers, boisseliers et autres travailleurs des forêts, étaient des constructions éphémères, facilement et rapidement démontables, on ne peut pas les mettre sur le même plan qu'une cabane en pierre sèche, laquelle est faite pour rester à demeure et dont la construction représente 1000 heures de travail. La seule cabane de berger comparable à la hutte de charbonnier, c'est la roulotte, la cabane en bois sur roues ou sur brancard (j'en ai même trouvé un exemplaire dans le Conflent). Quant au buron, du fait de l'investissement financier que sa construction représente, il relève d'un niveau socio-économique supérieur à ceux de la hutte et de la cabane.
l'existence de types montre l'existence d'une tradition locale
Ce que vous appelez "tradition locale", c'est simplement la prédominance d'un type architectural dans une zone donnée, prédominance qui peut s'expliquer par l'activité d'un seul et même maçon ou par l'imitation entre bâtisseurs, combinées aux possibilités et limitations inhérentes au matériau trouvé localement. Le grand mouvement de construction des cabanes en pierre sèche, c'est en gros un siècle, allant de la fin de l'Ancien Régime à la fin du Second Empire (en dehors des garrigues des villes du Gard, où le mouvement a commencé beaucoup plus tôt), guère le temps pour une "tradition" de s'installer.
les cabanes sont bien de l'architecture, mais pas complètement, puisque pas vraiment utiles à l'habitation (des gens, des bêtes, des activités)
Je ne sais pas d'où vient cette idée, mais elle va à l'encontre des constatations les plus élémentaires. Comment la cabane du forain, venant d'un village éloigné pour passer un jour ou deux sur la parcelle qu'il détient sur une autre commune, ne pourrait-elle être utile à l'habitation ? Comment la bergerie abritant une quinzaine de moutons dans une ferme ou dans un bois ne pourrait-elle être utile à l'habitation des bêtes ? En quoi le grangeon et son aire à battre ne pourraient-ils être utiles aux activités de battage du blé ?
Les cabanes, "des sculptures creuses"
Curieuse notion, qui aurait certainement surpris les auteurs des bâtiments. Pas plus que n'importe quel autre édifice agricole, les cabanes en pierre sèche ne sont des sculptures, et encore moins "creuses". Leurs auteurs poursuivaient un but utilitaire et non pas ornemental.
J'en viens maintenant à deux points sur lesquels vous émettez des réserves.
La qualification des cabanes en pierre sèche comme "architecture sans architecte" :
L'expression "architecture sans architecte" fait référence à l'architecte moderne, celui des XIXe et XXe siècles. Il faut savoir qu'au XIXe siècle, alors que le pays se couvrait d'édifices municipaux ou communaux (mairies, écoles, lavoirs, etc.), oeuvres d'architectes, il y eut une véritable floraison de cabanes en pierre sèche à usage d'habitation temporaire, de grange, de remise à outils, d'écurie, de bergerie, etc., construites par des maçons ou par les propriétaires eux-mêmes dans des parcelles nouvellement gagnées à la culture lors du lotissement des anciens communaux.
L'idée d' "architecture sans architecte" a été popularisée en France au début des années 1970 par la traduction d'un livre d'un architecte américain mais il ne faut y voir, à mon avis, qu'une façon de dire que ces cabanes méritaient elles aussi le qualificatif d'architecture.
La qualification des cabanes en pierre sèche en tant qu' "architecture anonyme"
Cela veut dire que les bâtisseurs, qu'ils aient été maçons professionnels ou cultivateurs ayant un tour de main de maçon, sont tombés dans l'oubli un siècle plus tard, que personne ne revendique la propriété de ces cabanes sur lesquelles on tombe au détour d'un chemin dans les friches et les bois. Cet anonymat, toutefois, peut parfois être levé par une étude poussée du cadastre, l'enquête orale, ou l'observation de l'édifice (initiales du propriétaire de l'ouvrage sur la dalle fermant la voûte par exemple).
Vous trouverez de plus amples informations sur ces questions sur pierreseche.com.
Cordialement,--Elnon (d) 7 janvier 2008 à 22:53 (CET)[répondre]
Merci de prendre le temps de répondre point par point. Il n'y a pas de grand désaccord.
Votre site est très bien documenté, comme tout ce que vous faites sur ce sujet, et personnellement je n'ai pas la connaissance d'un échantillon aussi vaste, juste une certaine connaissance de la vie rurale, de la construction, de quelques cabanes que j'ai rencontrées par hasard en me promenant dans le Lot et l'Aveyron, et des photos.
Par épierrage, je ne voulais pas limiter à l'épierrage de surface, je voulais dire que c'était l' emploi d'un matériau qui n'est pas extrait spécialement pour ça, comme souvent le font les maçons, et dont la grande profusion pose un problème. C'est vrai que dans toutes les régions accidentées et pierreuses, les champs ont été créés, défoncés, dérochés, des murs construits, des drains, des tertres, de la terre tamisée et apportée pour gagner de la surface cultivable. La fertilité de la campagne française n'est pas une donnée de la nature, elle est conquise par un investissement qui a été bien supérieur à celui de l'Industrie. Ceux qui montent ces cabanes (les "bergers") n'ont donc besoin ni de barre à mine, ni de marteau, ni traineau: ils emploient un matériau qui est déjà là en tas ou en murs (les murs sont des tas rangés en limite de parcelle, comme les stères de bois).
Ce qui caractérise ces constructions, c'est qu'il n'y a pas de pierres taillées, ni même taillables, parce que pour beaucoup de pierres de ces régions, la taille n'est possible qu'au moment de l'extraction (ensuite, elle refroidit et devient trop dure et/ou cassante). C'est une question importante, parce qu'elle signale la qualification du maçon, et aussi qu'elle conditionne la forme: pas de chaînes d'angle, donc des formes rondes ou arondies. Il n'y a pas non plus de bois d'oeuvre, ni de tuiles (qui coûtent cher), donc des toitures sur voûtes.
Autrement dit, rien ne justifie, comme pour un vrai bâtiment, l'achat de matériaux: il s'agit de construire avec les pierres qui sont là, d'utiliser les pierres, pas de réaliser le type architectural d'une maison, d'une grange, d'une forge, d'une étable, d'un bâtiment référencé dont la forme est culturellement imposée.
Les types architecturaux ne sont ni la conséquence du savoir-faire d'un maçon local, ni une nécessité des matériaux et des techniques disponibles, ni le résultat du choix ou du goût de ceux qui font construire, mais des modèles culturels complètement collectifs et indissociables de la manière dont on peut (et doit) habiter. Bien sûr, les matériaux sont pris sur place, la pierre, la lauze, mais cela n'impose rien: on peut construire en terre, en roseaux, et on trouve des couvertures en tuiles canales dans des pays où il y a du schiste et de l'ardoise là où la glaise est abondante. Les aires culturelles, d'ailleurs, ne recouvrent pas les aires géographiques, comme les vaches d'Aubrac et de Salers qui changent dans une même zone de paturage. La frontière est une question de différence de peuplement: d'où les maisons et les vaches différentes.
Pour les cabanes (mais il faudrait éliminer du corpus toutes celles qui sont des petits batiments ruraux à destination précise et regarder ce qui reste) les modèles architecturaux ne s'imposent pas et les possibilités techniques (l'économie de moyens) deviennent d'autant plus prédominantes qu'il n'y a pas non plus de programme fonctionnel.
Les murs en pierre sèche et les voutes en chaînette sont des techniques faciles à apprendre chez les bergers (au sens large de tous les célibataires qui soignent les bêtes et participent aux travaux agricoles, ceux qui n'ont pas de ménage). Dans le Lot et Garonne, j'ai vu un domestique de ferme qui se louait l'hiver à la journé pour remonter des murs et refaire les couronnements; il avait un très bon coup de main et et se défendait d'être maçon: le propriétaire lui fournissait la manutention et ses fils apprenaient avec lui le coup de main pour savoir le faire aussi. Il y avait derrière un tertre un énorme tas de pierres sêches dont ils connaissait l'existence sous des ronces et ce n'était pas des ruines, mais le dépôt des pierres ramassées dans les vignes et mises là. J'ai aussi assisté à la réfection de la charpente d'une maison: on faisait venir un paysan connu pour ses compétences en charpente, et un certain nombre d'hommes de service, et il les dirigeait en ne faisant que les choses demandant un tour de main: choix des pièces, mesures, entailles et tenons, marques. Autrefois, il n'y avait pas de coupure entre le bâtiment ordinaire et les activités de paysans qui sont des manutentionnaires et des manuels.
J'ai beaucoup de peine à admettre que ce phénomène de construction commence avec le début du XIXe, mais si vous avez regardé le cadastre napoléonien pour un échantillonnage assez représentatif.
Il faudrait comprendre les raisons de cette innovation qui se placerait après la Révolution, mais dans des régions où il y a toujours eu trop de pierres. La suppression des terres, parcours et pâturages communs ?
Les types architecturaux, avec la coeexistence simultanés de modèles très différents dans des régions contigües, sont beaucoup plus stables et anciens que vous le dites: par exemple, la maison rurale longue avec sa haute chappente de couples posés sur des murs de pierre est attestée en France plusieurs siècles avant JC (voir le livre de l'archéologue Françoise Audouze). La "maison de ville" avec boutique en bas, escalier indépendant, salle à cheminée, à large fenêtre et à souillarde à l'étage, grenier sêchoir, faapparaît dans la ville de Cluny peu après sa fondation au début du XIe siècle, et seront construites avec les mêmes dimensions et les mêmes matériaux jusqu'au XXe siècle, c'est-dire pendant les 9 siècles d'existence des villes denses. Elle correspond à un programme social précis de vie familiale et professionnelle d'une société à maisons qui est devenue urbaine.
Rien de tel avec les formes des cabanes qui semblent une production polymorphe basée sur l'exploitation ludique de toutes les possibilités d'une technique limitée de construction: pierres tout-venants sans liant, tas de charge et voûtes ou coupoles en chaînette. Les résultats sont superbes et très solides; avec quelques aménagements, ils trouvent par la suite une utilité, et même servir de logement. Mais, pour qu'il y ait architecture, il faut que la forme soit conçue d'emblée pour optimiser la beauté ET l'utilité ET la solidité. Or, là on n'aurait que la beauté et la solidité.
Il faudrait savoir si des adelphies (bandes d'adolescents organisées en communautés) n'ont pas joué un rôle et fait assaut de prouesse entre-elles pour réaliser, classes d'âge après classe d'âge, certains de ces monuments dont la destination n'apparaît pas utile et que seule l'émulation entre deux groupes voisins permet d'expliquer. Il faudrait aussi savoir quel était le statut du sol avant la Révolution: communal ? Une parcelle privée servent déjà de pierrier ("perrier" ou "perié" ou "peyrié").
Cordialement -- Heurtelions 9 janvier 2008 à 01:21 (CET)
A nouveau, voici ma réponse, point par point.
Le berger constructeur de cabanes en pierre sèche
C’est un mythe, je le répète, né de la réutilisation de cabanes de cultivateurs perdues dans des friches, par quelques jeunes villageois surveillant quelques bêtes, dans la premiière moitié du XXe siècle. Les murs en pierre sèche bordant ou séparant les héritages, ainsi que les pierriers, murgers, clapiers, etc., appartenaient à des propriétaires; aucun berger n’y allait se servir en matériau pour édifier une bâtisse dont il n’avait pas besoin et pour laquelle il n’avait pas de terrain.
Extraction et taille
Nombre de murs et de cabanes ont été construits en même temps que les pierres étaient extraites du sol lors des grands défrichements et mises en culture de la période 1760-1860. Selon votre raisonnement, la retouche des pierres était donc possible.
En fait, dans ce genre d’édifice, la taille véritable des pierres se limite aux encadrements de baies, de niches, de cheminées, etc., quand ces derniers ne sont pas simplement des éléments de récupération provenant de maisons villageoises démolies ou refaites. Autre pratique courante, la retouche du parement des pierres de la voûte (traces d’enlèvement d’éclats).
Que l’investissement du constructeur soit minimal, c’est certain, la toute première preuve en étant l’absence même de mortier. Il n’empêche que l’on trouve des prix-faits, comme pour les maisons.
Modèle culturel, peuplement
Je ne vous suivrai pas dans cette vision des « modèles culturels », expression d’ailleurs bien vague, ni dans celle des aires de « peuplement ».
On sait que la majeure partie des toitures des maisons rurales en France ont remplacé le chaume de glui par de la tuile, de l’ardoise, etc., dans la 2e moitié du XIXe siècle, sous la pression des compagnies d’assurance et parce que l’amélioration des voies et des moyens de transport permettait de mettre sur le marché des matériaux autres que végétaux et à des prix abordables. Que viendraient donc faire culture et peuplement dans cette évolution ?
Programme fonctionnel
Si l’on prend les grandes carènes de Gordes, leur forme et leurs aménagements relèvent de leur double fonction, celle de grange et de grenier à côté de l’aire à battre. Elles ont été pensées en tant que tels.
Si l’on prend certaines cabanes vigneronnes du Lot, on y trouve une banquette circulaire destinée à accueillir les travailleurs de la vigne et les vandangeurs.
Il y a donc des types fonctionnels, dont l’élaboration relève d’une prise en considération de nécessités agricoles précises (cf infra).
La voûte en chaînette
Ce type de voûte ne se rencontre que dans les grandes bergeries – très tardives, de la fin du XIXe siècle, voire du début du XXe – de la montagne de Lure dans les Alpes-de-Haute-Provence. Leurs longs tunnels, voûtés en berceau, sont l’œuvre non pas de bergers, mais d’entrepreneurs en bâtiment et de leurs ouvriers.
Dans les voûtes de plan circulaire, le profil est non pas en chaînette mais en courbe et contrecourbe (par rapport à l’axe central).
Le mouvement de construction, ses raisons
Je vous renvoie à mon livre par en 2004 mais aussi à la bibliographie sur les cabanes en pierre sèche. Voir aussi la thèse de Philippe Blanchemanche, Les terrasses de culture des régions méditerranéennes. Terrassements, épierrement et dérivation des eaux en agriculture (17e, 18e, 19e siècles) (1986).
Cabane et beauté, utilité et solidité
Je ne vois pas par quel tour de passe-passe on pourrait sortir les cabanes en pierre sèche du champ de l’architecture. Ce ne sont quand même pas des ectoplasmes !
Toules les cabanes ne sont pas belles, ni solides, il suffit de les regarder pour s’en persuader, il y en a des difformes, des quelconques, et en dehors de celles qui sont entretenues par leur propriétaire, elles sont en mauvais état et s’acheminent à plus ou moins long vers le tas de pierres.
Par contre, je puis vous certifier que toutes ont eu leur utilité, parce qu’elles répondaient à une ou plusieurs fonctions bien précises. Prenons la cabane lotoise classique à revêtement de pierres ou à toiture de lauses sur voûte encorbellée, elle se prêtait à un grand nombre de fonctions, décelables à certains détails d’aménagement intérieur ou extérieur.
Elle pouvait être abri de vigne – dans l’ancien vignoble mais aussi sur les plateaux – et comporter intérieurement une banquette circulaire ou des dalles encastrées faisant office de sièges. Ou encore, pour les plus grandes, servir de resserre à matériel en même temps que d’abri.
Elle pouvait être garde-pile dans le périmètre de la ferme, à côté d’une aire de battage dallée.
Elle pouvait être cellier à l’intérieur de la ferme ou dans la vigne même, et recéler la cuve, les barriques et le matériel vinaire.
Elle pouvait être poulailler, dans la ferme ou en plein champ, et comporter un orifice d’accès pour les volatiles sous la rive de la toiture, et des perchoirs et des niches à l’intérieur pour la ponte.
Elle pouvait être soue ou étable, précédée d’une courette, dans la cour de ferme, et abriter le cochon familial, ou une chèvre ou encore deux ou trois brebis.
Elle pouvait être écurie pour un âne ou un mulet, mais avec une entrée plus haute que celle des autres cabanes.
Elle pouvait être bergerie, au sein de la ferme ou dans les champs ou les bois, et abriter, selon sa taille, de 10 à 20 moutons.
Elle pouvait être pigeonnier, du moins en partie, cette fonction étant dévolue à l’espace sous le couvrement, accessible par un trappe dans un plancher, l’espace inférieur étant réservé à une autre fonction : étable, poulailler, écurie, bergerie, cellier, garde-pile. Des corbeilles d’osier accrochées aux parois accueillaient les volatiles, dont l’accès se faisait par un rudiment de lucarne.
Elle pouvait être, dans le périmètre de la ferme, chambre à coucher pour un domestique, reconnaissable à sa grande lucarne sur le toit ou à sa fenêtre sous le toit.
Elle pouvait être habitation temporaire, aux époques de travaux dans les champs ou les vignes éloignés de la ferme, d’où la présence d’une cheminée, d’un évier, de niches, d’un dallage, éventuellement d’une citerne extérieure.
Elle pouvait être habitation permanente, avec pour occupant un ouvrier agricole, souvent célibataire, ou une femme seule, sans moyens d’existence.
Adelphie et cabanes
Je n’ai jamais rien vu sur le sujet mais je suis prêt à examiner tout élément qui abonderait dans ce sens.
Cordialement, --Elnon (d) 16 janvier 2008 à 00:29 (CET)[répondre]
Vous mentionnez des marché à prix faits, il y a donc des professionnels et par conséquent aussi une tradition technique.
La page est pleine

Sauvignargues (Gard)[modifier le code]

Je ne trouve pas de Sauvignargues dans le Gard. Il a, dans le Gard, Souvignargues (30250) près de Sommières et Savignargues (30350) près de Lédignan. La photo dans Commons indique Sauvignargues. --Gilbertus (d) 31 juillet 2008 à 21:10 (CEST)[répondre]

Il s'agit effectivement de Souvignargues. Je m'occupe des corrections.--Elnon (d) 31 juillet 2008 à 23:42 (CEST)[répondre]