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Charles-Pierre Fieffé

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Charles-Pierre Fieffé, né le 4 décembre 1839 à Châtillon-en-Bazois et mort le 10 octobre 1909, conservateur du musée de la Faïence et des Beaux-Arts de Nevers, auteur de l’ouvrage de référence Les Faïences patriotiques nivernaises[1], joua un rôle déterminant dans le renouveau de la faïence de Nevers après le long déclin qui suivit la Révolution française avec la concurrence de la porcelaine.

Charles-Pierre Fieffé fut à la fois juge de paix et conservateur de musée, le magistrat faisant vivre le conservateur dont l’activité relevait alors du bénévolat. En 1886, Charles-Pierre Fieffé se présente aux élections législatives comme candidat républicain. Sommé par sa hiérarchie d'y renoncer car on ne peut être à la fois juge et partie, il refuse et sera muté à Châteauroux. Cette première sanction sera suivie d'une deuxième pour la même raison de candidature politique, il est mis en disponibilité puis déplacé à Clamecy. Une troisième sanction l'enverra à Cherbourg, loin des siens, comme en exil loin de sa Nièvre natale, cette fois pour dreyfusisme. À chaque mutation, l’éloignement géographique contraint Fieffé à renoncer à son poste de conservateur mais à chaque fois le même scenario se répète : dans l’année qui suit sa mutation, grâce à sa notoriété, il devient conservateur du musée de son nouveau lieu de résidence. L'appellation de conservateur des musées au pluriel n'est pas usurpée.

Conservateur des musées de la Nièvre

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En 1881, il avait été nommé conservateur du musée de la Faïence et des Beaux-Arts de Nevers. Dès sa prise de fonction, il fait ouvrir une salle spéciale pour les faïences patriotiques, c'est-à-dire révolutionnaires, et se lance dans une politique active d'acquisitions. Les collections passeront de 21 à 230 pièces, multipliant par dix leur nombre en cinq ans[2].

En 1885, la publication des Faïences patriotiques nivernaises couronne son travail de conservateur. L'ouvrage dans un format de luxe reproduisait 269 faïences lithographiées en couleur avec une préface de Champfleury[3], conservateur du musée de Sèvres, auteur de l'Histoire des faïences patriotiques sous la Révolution (Paris, 1867). La préface de Champfleury contribua à sa réputation. L'ouvrage fut l'objet de comptes rendus élogieux dans les revues d'art parisiennes, Gil Blas[4] par exemple, jusque dans Le Figaro[5] qui le reconnaît comme « une autorité en la matière ».

En 1891, il devient conservateur du Musée d'Art et d'Histoire Romain Rolland de Clamecy. Une des salles du musée installée dans l'Hôtel de Ville était déjà consacrée à une collection de céramiques, il portera celle-ci de 127 pièces à plus que 400[6].

En 1901, Fieffé publie Les Faïences patronymiques[7] qui traitent des caractéristiques des Saints dans la céramique nivernaise. L'ouvrage n'aura pas le même succès. Les Faïences patriotiques préfiguraient la célébration en 1889 du centenaire de la Révolution, les Patronymiques, à caractère religieux, tombèrent en pleine querelle de l'Eglise et de l'Etat. Le sujet ne manquait pourtant pas d'intérêt et Fieffé fut le premier à y consacrer un ouvrage, mais le franc-maçon[8] qu'il était privilégia la critique des sources historiques au détriment de l'analyse esthétique des œuvres.

Avant même d'aborder les faïences patronymiques, Fieffé s'était lancé dans un autre projet sur "les faïences parlantes à métiers [c'est-à-dire corporatives] et grivoises"[9] représentant les individus dans l'exercice de leur métier et le plaisir de leurs divertissements. Il copie lui-même à l'aquarelle ou fait copier plus de 300 types[10], partageant ainsi son temps entre les deux ouvrages. L'ensemble avec Les faïences patriotiques aurait constitué une sorte de triptyque.

En 1901, il avait été désigné conservateur du musée de Varzy dans la Nièvre, direction honorifique plus qu'effective.

Nommé juge de paix à Cherbourg en 1903, devenu comme par tradition conservateur du musée de la ville mais éloigné de toute sa documentation, Fieffé semble avoir délaissé le manuscrit des Faïences grivoises. Les précieux documents aquarellés conservés au musée de Nevers sont donc la dernière œuvre de Fieffé.

Charles-Pierre Fieffé, conservateur de musée, ambitionna toujours une activité de création[11]. Outre ses publications et sans parler des aquarelles, il copia ou fit copier des faïences anciennes de la période révolutionnaire que l'on désigne encore sous la dénomination de copies Fieffé. Avec Adolphe Bouveault (1834-1892), architecte en chef du département de la Nièvre, coauteur des Faïences patriotiques, ils signent ensemble en tant qu'auteur-exécutant l'assiette commémorative du centenaire de la Révolution, et surtout, avec son ami Hiver, faïencier, collaborateur de Fieffé après le décès de Bouveault, ils créeront toute une série de pièces franc-maçonniques qui font date dans l'histoire de la Franc-maçonnerie nivernaise, la couverture de l'ouvrage éponyme[12] représentant une faïence créée par Fieffé en hommage à la loge L'humanité de Nevers dont il avait été le Vénérable Maître.

En conflit avec lui depuis l'affaire Dreyfus, ses héritiers détruiront à sa mort ses archives dont le manuscrit des Faïences grivoises[13].

Trente-cinq pièces du musée de Nevers sont classées sous le nom de Collection Fieffé.

Notes et références

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  1. Charles-Pierre Fieffé et Adolphe Bouveault, Les faïences patriotiques nivernaises, Nevers, Imprimerie Nivernaise,
  2. Jean-Marie Catonné, « Charles-Pierre Fieffé,conservateur des musées de la Nièvre », Bulletin de la Société Scientifique et Artistique de Clamecy,‎ , page 50
  3. « Champfleury : Encyclopaedia Universalis », sur universalis.fr
  4. Paul Ginisty, « La Curiosité », sur gallica.bnf.fr, Gil Blas,
  5. Philippe Gille, « Revue bibliographique », Le Figaro,‎ , page 5
  6. Jean-Marie Catonné, « Charles-Pierre Fieffé, conservateur des musées de la Nièvre », Bulletin de la Société Scientifique et Artistique de Clamecy,‎ , page 62
  7. Charles-Pierre Fieffé, Les Faïences patronymiques, Clamecy, Desvignes,
  8. Henri Gabeure, Franc-Maçonnerie et Faïences, Nevers, Claude Ghivasky, , "Une loge nivernaise l'Humanité", pages 54-55
  9. Charles-Pierre Fieffé, Les Faïences patronymiques, Clamecy, Desvignes, page 7
  10. Henry Carnoy, « Dictionnaire biographique des écrivains et artistes »
  11. Pierre Mollier, Franc-Maçonnerie et Faïences, Nevers, Claude Ghivasky, , "Charles-Pierre Fieffé éveilleur du regard", page 74
  12. P. Depalle, « Quand la faïence raconte la franc-maçonnerie », sur lemonde.fr,
  13. Jean-Marie Catonné, « Charles-Pierre Fieffé, conservateur des musées le la Nièvre », Bulletin de la Société Scientifique et Artistique de Clamecy,‎ , page 84

Bibliographie

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  • Dictionnaire biographique des écrivains et artistes, "Fieffé (Charles-Pierre)", deuxième volume, Henry Carnoy, Paris 1902
  • La vie et l'œuvre de C.P. Fieffé, érudit céramographe, Gui (Francis Guyonnet), Souvenirs Nivernais, Nevers, 1949
  • Catalogue de l'Exposition Franc-Maçonnerie et Faïences, Palais Ducal de Nevers, Claude Ghivasky, 2000
  • Charles-Pierre Fieffé, conservateur des musées de la Nièvre, Jean-Marie Catonné, Bulletin 2020 de la Société Scientifique et Artistique de Clamecy

Liens externes

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