Bathos

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Le terme littéraire bathos (du grec ancien βάθος, « profondeur ») désigne de nos jours une figure de style qui appartient à la catégorie des gradations. Contrairement à la gradation, le bathos ne poursuit pas le mouvement de gradation jusqu'à sa fin. Au contraire, la progression ascendante s'interrompt brusquement. Elle dégresse et crée ainsi un effet souvent comique, burlesque ou ironique.

Selon linguiste belge Bernard Dupriez, auteur d'un Gradus, le bathos désigne une « gradation ascendante, brusquement rompue […] la gradation se double d’une déception, elle devient déceptive[1]. »

Exemple classique d'une gradation rompue et déceptive, produisant un effet comique:

« Au voleur ! au voleur ! à l'assassin ! au meurtrier ! Justice, juste Ciel ! je suis perdu, je suis assassiné, on m'a coupé la gorge, on m'a dérobé mon argent. » (Molière, L’Avare, Acte IV, Scène VII)

Origine[modifier | modifier le code]

Le Scriblerus Club, groupe de poètes satiriques anglais, fondé par Jonathan Swift, Alexander Pope, John Gay, John Arbuthnot, Henry St.John et Thomas Parnell, invente un auteur fictif, nommé « Martinus Scriblerus » (Martinus Gribouilleur), pour se moquer des travers de style ou de la bassesse morale. Des membres de ce club écrivent en 1727 un anti-manuel de style, intitulé Martinus Scriblerus Peri Bathos: or the Art of Sinking In Poetry (Peri Bathos ou l'art de ramper en poésie), un traité plein d'ironie qui raille l'aspiration au sublime, et la combinaison du très haut avec le très bas. D'où l'origine de cette figure de style qu'est le bathos.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Bernard Dupriez, Gradus : Les Procédés littéraires: Dictionnaire, Éditions 10/18, Paris, 1984 et 2019, pp. 94/95 et p. 144, (ISBN 978-2-264-07489-8)