Banquet étrusque
Le banquet étrusque est un thème récurrent de l'iconographie de l'art étrusque funéraire en plus d'être un fait de leur vie quotidienne.
Signification
[modifier | modifier le code]Cette scène issue du symposion représente un moment de la vie quotidienne chez les Étrusques, où l'on voit les protagonistes du repas de la gens se côtoyer allongés sur leur klinai, seuls ou accompagnés de leurs femmes (Sarcophage des Époux).
Les Grecs (rapportés par les auteurs latins) y voient plusieurs des signes de la « truphè étrusque », leur décadence due à leur prétendue oisiveté et opulence (profil de « l'Obeso »). Ils y voient des mœurs dépravés (chez les Grecs anciens les femmes qui accompagnent les dîneurs ne peuvent être que des prostituées ou des courtisanes).
Les seules traces directes et formelles de la civilisation étrusque qui nous sont parvenus étant les seuls objets funéraires, cette représentation est souvent celle destinée au défunt pour l'accompagner dans son voyage vers l'au-delà. On la retrouve sur le mobilier funéraire (poteries, bas-reliefs...) et surtout, fait unique dans le monde antique, sur les couvercles figurés de leurs sarcophages en pierre ou en terracotta (matériau proche de la technique de la terre cuite), et ceux de leurs urnes cinéraires en marbre ou en albâtre (musée Guarnacci de Volterra).
Dans le cas de la représentation funéraire du mort héroïsé, plusieurs significations se dégagent :
- Souvenir de la vie réelle (mémoire), ainsi le Sarcophage dell'Obeso exprime la dignité de magnate et la richesse, l'opulence du défunt avant sa mort
- Image de la vie surnaturelle (« banquet de l'éternité »),
- Reproduction du repas donné par les vivants à date fixe au souvenir du vivant (commémoration),
- Repas offert aux divinités (ex-voto)
Couvercles des sarcophages
[modifier | modifier le code]Sur les couvercles de sarcophages figurés la pose est intime et limité à un ou deux des défunts :
Le défunt, ou la défunte, adopte la pose semisdraiata (allongé, appuyé sur un coude, la main tenant une coupe de libation). Les couples sont plus ou moins enlacés. La disproportion voulue des différentes parties des corps exprime le besoin plus symbolique que réaliste de la représentation.
Les musées italiens consacrés aux vestiges étrusques comptent un nombre important de ces représentations :
- 600 urnes cinéraires en marbre ou albâtre du Musée Guarnacci de Volterra
- Les sarcophages du musée archéologique national de Tarquinia en nenfro, en terracotta, peinte ou non.
- les sarcophages historiés et figurés du Musée national d'Archéologie de l'Ombrie à Pérouse,
- Les sarcophages des Époux de Rome (villa Giulia), Paris (Musée du Louvre), de Volterra.
- Une pose plus distante dans le sarcophage du site de la nécropole de La Pedata de Chianciano Terme.
Fresques des tombes
[modifier | modifier le code]Moins intimes, les scènes du banquet des fresques des tombes comportent plus d'indications sur la vie des Étrusques puisqu'ils festoient à plusieurs dans le principe du triclinium, entouré de familiers, de serviteurs, et le repas est égayé par des danseurs et des musiciens.
- parmi les 200 tombes peintes de la Nécropole de Monterozzi
- ...
Poteries
[modifier | modifier le code]Les poteries permettent également de découvrir certaines pratiques pendant le banquet : comme le jeu du kottabos pendant la consommation de vin.
Bas-reliefs
[modifier | modifier le code]Certains rares bas-reliefs de sarcophage représente le banquet ainsi qu'un plaque de revêtement en terracotta de Murlo du site de Poggio Civitate.
-
Bas-relief du musée de Pérouse.
-
Bas-relief du musée de Palerme.
Exemplarité de cette référence
[modifier | modifier le code]La pose du banquet étrusque a inspiré plusieurs autres œuvres funéraires dans l'histoire moderne (tombeau de Martín Vázquez de Arce en 1488, le sarcophage figuré d'Angelo Marzi de Médicis par Francesco da Sangallo à Florence ...)[1]
Notes et références
[modifier | modifier le code]- p. 300 in Les Étrusques et l'Europe, préfacé par Massimo Pallottino, à la suite de l'exposition éponyme du Grand-palais, Paris, entre le 15 septembre et le 14 décembre 1992, et à Berlin en 1993
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- S. de Marinis, Tipologia del banchetto nell'arte etrusca arcaiaca, Rome, l'Erma di Bretschneider, 1961.
- Jean-Paul Thuillier, Les Étrusques, la fin d'un mystère, coll. « Découvertes Gallimard / Archéologie » (no 89), Paris, 1990
- Dominique Briquel, La Civilisation étrusque, éditions Fayard, Paris, 1999.
- Yves Liébert, Regards sur la truphè étrusque, 2006