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Armand Tuffin de La Rouërie

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Armand-Charles Tuffin, marquis de La Rouërie (13 avril 1751 à Fougères30 janvier 1793 près de Lamballe), est un héros de la guerre d’indépendance américaine et l’organisateur de la Conjuration Bretonne, un des premiers mouvements anti-républicains lors de la révolution française. Depuis la fin du règne de Louis XVI jusqu’à sa mort, il a également combattu pour préserver l’unité et les privilèges de la Bretagne, ce qui en fait parfois un symbole des indépendantistes bretons.

La guerre d’indépendance

Destiné à embrasser la carrière militaire dès son plus jeune âge, son tempérament impétueux le fait rapidement remarquer. Après diverses querelles personnelles (dont un duel contre un proche du roi), sa famille le fait revenir à Fougères. Il n’y reste pas longtemps. Fin 1776, il s’embarque à Nantes pour rejoindre les Américains qui luttent pour leur indépendance. Le Morris, navire sur lequel il a traversé l’Atlantique, est attaqué par trois bâtiments britanniques lors de son arrivée. Il s’échoue dans la baie de Chesapeake (Delaware) mais La Rouërie réussit à gagner le sol américain.

Fichier:Marquis de la Rouërie.jpg
Statue érigée à Fougères

Sous les ordres de George Washington, il devient le « colonel Armand » et recrute des volontaires, payés sur ses propres deniers. La légion Pulaski, du nom de son commandant, deviendra la 1st Partisan Corps (ou Armand's Partisan Corps) après la mort de Pulaski fin 1779. Composé d’infanterie et de cavalerie, ce corps de volontaires étrangers voit ses effectifs varier de 3 à 5 compagnies. Créé le 25 juin 1778, il est démantelé le 25 novembre 1783, après avoir participé aux batailles de New York, Monmouth, Short Hills, Brandywine, Whitemarsh, la guerre de mouvement en Virginie et la bataille de Yorktown.

En 1781, le colonel Armand fait un aller-retour en France pour rééquiper ses troupes. Il y est décoré Chevalier de l’ordre de Saint-Louis, et le 26 mars 1783, on le nomme Brigadier General dans l’armée américaine. Il rentre finalement en France pendant l’été 1784, couvert de gloire et gardant l’amitié de George Washington avec lequel il continue à correspondre. Pourtant, en ce qui concerne la participation des Français à la guerre d’indépendance, l’histoire se souvient beaucoup moins de lui que de Lafayette. En marge de ses faits d’armes, il rapporte de son voyage des plants de tulipiers de Virginie (offerts par Washington). Ce sont les premiers à être importés en Europe, et ils sont encore visibles au château de Saint-Ouen-la-Rouërie.

La fin de la monarchie

En 1785 La Rouërie épouse Louise-Caroline Guérin, marquise de Saint-Brice, une riche aristocrate. Peu après sa femme perd la raison et elle est soignée par le docteur Valentin Chevetel. Les deux hommes se lient d’amitié, discutent de politique et partagent au départ les mêmes idées libérales. La Rouërie renonce en 1788 à sa carrière militaire quand Louis XVI lui propose un poste de commandement. Il s’oppose au projet visant à supprimer les derniers privilèges accordés par la royaume de France à la Bretagne, ce qui lui vaut d’être enfermé à la Bastille le 15 juillet 1788. Il est libéré un mois plus tard mais n’abandonne pas ses idées.

La conjuration bretonne

Bien qu’ayant participé à la guerre pour l’avènement de la république aux États-Unis, La Rouërie reste pourtant monarchiste et chrétien convaincu. Voyant plutôt d’un bon œil l’émergence d’idées libérales au début de la Révolution, il est rapidement choqué par les excès du nouveau pouvoir. La Bretagne perd d’ailleurs à cette époque ses privilèges et son unité, avec la création des départements. C’est en particulier l’assermentation obligatoire des prêtres qui pousse La Rouërie à se radicaliser, et à entamer le combat plutôt que de s’exiler comme nombre d’autres nobles.

Il fonde l’Association Bretonne en juin 1791, qui reçoit le soutien de la noblesse locale, dont le comte de Noyan, mais également du clergé, de commerçants et de marins de toute la région entre Fougères et Saint-Malo. Cette ligue se militarise rapidement et dispose de plusieurs milliers de fusils. Mais Valentin Chevetel, l’ami médecin, est également un proche de Danton. Il joue le rôle d’agent double, sous le nom de Latouche, et suit le mouvement pour le compte du gouvernement. Le 2 septembre 1792, il trahit La Rouërie, qui est pourchassé. La conjuration bretonne, ou conjuration de La Rouërie, de 1792 échoue. À bout de forces, malade, le marquis meurt d’une fluxion de poitrine au château de la Guyomarais, le 30 janvier 1793, peu après avoir appris l’exécution de Louis XVI. Il sera décapité après sa mort, mais le mouvement de la chouannerie continuera encore plusieurs années, notamment sous l’impulsion du comte Joseph de Puisaye.

Bibliographie

  • Charles-Armand Tuffin, Marquis de la Rouërie, Chef de la conjuration bretonne. Généalogie, Notes, Documents et papiersinédits. Une Famille bretonne du XIII au XIX siècle. J.Pilhon et L. Hervé, Libraires - Rennes - 1899. Par P.Delarue.