Aenictopecheinae

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Les Aenictopecheinae sont une sous-famille d'insectes hémiptères hétéroptères (punaises) énicocéphalomorphes de la famille des Aenictopecheidae. Cette sous-famille, encore mal connue, a une répartition essentiellement tropicale et comporte entre 15 et 20 espèces dispersées sur les différents continents.

Description[modifier | modifier le code]

Comme tous les Enicocephalomorpha, ces insectes ont une tête allongée, resserrée en arrière des yeux (semblant bilobée), avec des antennes de quatre articles. Comme chez les autres Aenictopecheidae, le pronotum n'a pas le lobe arrière particulièrement élargi, et la nervure costale de l'aile présente une fracture en son milieu. Par contraste avec les Nymphocorinae, les yeux sont normalement développés, la partie postérieure de la tête est couverte de soies sur sa face ventrale mais le "cou" est imberbe; les pattes antérieures sont ravisseuses, avec le tarse se repliant sur le tibia, alors que les pattes médianes et postérieures servent à la marche. Des soies épaisses en forme d'épines se trouvent uniquement à l'apex des tibias, et sur la face ventrale du tibia antérieur. Contrairement aux autres sous-familles voisines d'Aenictopecheidae, les tarses comptent un seul article aux pattes antérieures, et deux aux pattes médianes et postérieures. Le tarse antérieur porte ventralement des soies en forme d'épines. Sur l'aile antérieure, la veine radiale (la première veine parallèle à la bordure externe) ne se sépare pas en fourche à son extrémité. Une partie au moins de la face inférieure du tibia antérieur porte à son extrémité des soies modifiées (élargies, aplaties, raccourcies, parfois bilobées ou arrondies au bout), séparées en deux touffes par une entaille[1].

Répartition[modifier | modifier le code]

Leur répartition est presque exclusivement tropicale, à l'exception de deux espèces boréales (l'une paléarctique, l'autre néarctique) et d'une troisième espèce subantarctique. Toutes les espèces (et tous les genres sauf Boreostolus) sont endémiques de leur région. Ont été décrits :

  • un genre en Australie, Australostolus, monotypique ;
  • un en Indonésie (région indomalaise), Aenictopechys, monotypique ;
  • un à Madagascar, Lomagostus, monotypique ;
  • un dans l'Est de l'Afrique tropicale, Ulugurocoris, monotypique ;
  • un sur le continent sud-américain (dispersé de l'Amérique centrale et des Caraïbes à l'Argentine), Tomocrusus ;
  • un en Terre de feu (subantarctique), Gamostolus, monotypique ;
  • un avec une distribution complètement opposée, holarctique, Boreostolus, comprenant deux espèces en Russie et au Sud du Tibet[2] et une sur le continent nord-américain[1],[3], y compris au Canada (Colombie-Britannique)[4].

Biologie[modifier | modifier le code]

S'agissant d'espèces très peu souvent rencontrées, et lorsqu'elle le sont, souvent capturées à la lumière, leur biologie est pratiquement inconnue. Il s'agit d'espèce prédatrices de petits arthropodes.

Elles sont toujours associées à des biotopes humides, même dans les zones arides[5]. Gamostolus subantarcticus a été trouvé sous des pierres et dans des tourbières. Pour hiverner, il descend à une profondeur de 15 à 20 cm dans les fibres de sphaigne où la température de descend pas en-dessous de 0 °C[6].

Systématique[modifier | modifier le code]

Cette sous-famille est une division de la famille des Aenictopecheidae. Elle ne doit pas être confondue avec les « Aenictopecheinae » tels qu'initialement définis par Robert L. Usinger en 1932[7], et qui correspondent alors à la famille des Aenictopecheidae tout entière, parce que les Enicocephalomorpha actuels étaient encore traités comme une famille, celle des Enicocephalidae au sein des Reduvioidea. Ce n'est qu'après que les Enicocephalomorpha aient été établis comme infra-ordre, en 1975[8], et par conséquent les « Aenictopecheidae » comme une famille, que les « Aenictopecheinae » désignent une sous-famille (voir Štys, 1989[9]).

Elle est constituée à partir du nom de genre Aenictopechys Breddin, 1905[10], le premier à avoir été décrit et à en faire partie (alors que la première espèce décrite à en faire partie, Gamostolus subantarcticus, l'a été, plus tôt, en 1883, mais sous le nom d'Henicocephalus subantarcticus[11], donc dans un genre qui reste dans les famille des Enicocephalidae).

Au niveau interne, elle est composée de deux tribus, regroupant au total sept genres actuels et entre 15 et 20 espèces :

  • les Aenictopecheini, avec trois espèces, classées dans trois genres distincts, chacun dans une zone géographique tropicale différente, l'un en Indonésie, le second à Madagascar, et le troisième sur le continent africain ;
  • les Gamostolini (quatre genres), avec une espèce australienne, une espèce subantarctique (en Terre de feu), un genre avec une dizaine d'espèces réparties sur tout le continent sud-américain, et trois espèces du genre holarctique Boreostolus, les seules présentes dans l'hémisphère nord.

Toutefois, de nombreuses autres espèces sont en attente de description[3].

Fossiles[modifier | modifier le code]

Le fossile d'une espèce disparue d'Aenictopecheinae a été retrouvé dans de l'ambre de Birmanie, †Paenicotechys fossilis (Cockerell 1916), remontant au Cénomanien (Crétacé inférieur, entre 99 et 93 millions d'années), et rattaché à la tribu des Aenictopecheini[12].

Liste des tribus et des genres[modifier | modifier le code]

Selon BioLib (5 novembre 2023)[13] corrigé et complété à partir de Schuh & Weirauch (2020)[1] :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) Randall T. Schuh et Christiane Weirauch, True bugs of the world (Hemiptera, Heteroptera) : classification and natural history., Manchester, Siri Scientific Press, , 800 p. (ISBN 978-0-9957496-9-6 et 0-9957496-9-8, OCLC 1125224106, lire en ligne), p. 302-312
  2. (en) Petr Baňař, Taxonomy of Oriental Enicocephalidae (Heteroptera: Enicocephalomorpha) and morphological novelties of new taxa. Ph.D. Thesis, Praha, Charles University in Prague. Faculty of Science. Department of Zoology, , 184 pp. + 2 appendices (présentation en ligne), p. 15
  3. a et b Pavel Štys, « Zoogeography of Enicocephalomorpha (Heteroptera) », Bulletin of Insectology, vol. 61, no 1,‎ , p. 137-138 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  4. G. G. E. Scudder et P. Štys, « Aenictopecheidae (Hemiptera: Heteroptera: Enicocephalomorpha): A Family New to Canada », Proceedings of the Entomological Society of Washington, vol. 118, no 4,‎ , p. 588 (ISSN 0013-8797, DOI 10.4289/0013-8797.118.4.588, lire en ligne, consulté le )
  5. André Villiers, Faune de Madagascar, vol. VII : Insectes Hémiptères Enicocephalidae, Tananarive - Tsimbazaza, Publications de l'Institut de recherche scientifique, , 21 p. (lire en ligne)
  6. (es) Hugo A. Pereyra, Verónica A. Pancotto et M. del Carmen Coscarón, « Aportes al conocimiento de la entomofauna patagónica: uso de hábitat de Gamostolus subantarcticus (Berg, 1883) (Hemiptera: Heteroptera: Aenictopecheidae) », Revista Chilena de Entomología, vol. 48, no 4,‎ , p. 769–776 (DOI 10.35249/rche.48.4.22.12, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Robert L. Usinger, « Miscellaneous studies in the Henicocephalidae (Hemiptera) », The Pan-Pacific Entomologist, vol. 8,‎ , p. 145-156 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  8. (en) P. Štys et I. Kerzhner, « The rank and nomenclature of higher taxa in recent Heteroptera », Acta Entomologica Bohemoslovaca, vol. 72,‎ , p. 65-79
  9. (en) P. Štys, « Phylogenetic systematics of the most primitive true bugs (Heteroptera: Enicocephalomorpha, Dipsocoromorpha) », Práce Slovenská Entomologická Spolocnost' SVA, Bratislava, vol. 8,‎ , p. 69-85
  10. (de) Breddin, Gustav, « Rhynchota Heteroptera aus Java, gesammelt von Prof. K. Kraepelin 1904 », Mitteilungen aus dem Naturhistorischen Museum in Hamburg, vol. 22,‎ , p. 139-141 (lire en ligne [PDF])
  11. (es + la) Carlos Berg, « Addenda et Emendanda ad Hemiptera Argentina (continuatio) », Anales de la Sociedad Científica Argentina, vol. 16,‎ , p. 116-117 (lire en ligne [PDF])
  12. (en) « Aenictopecheinae », sur paleobiodb.org (consulté le )
  13. BioLib, consulté le 5 novembre 2023

Liens externes[modifier | modifier le code]

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