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Salon de Bruxelles

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Salon de Bruxelles
Remise des prix au premier Salon de 1811, gouache d'Élisabeth de Latour.
Remise des prix au premier Salon de 1811, gouache d'Élisabeth de Latour.
Type Art
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Localisation Bruxelles
Date de la première édition 1811
Organisateur(s) Société royale de Bruxelles pour l'encouragement des beaux-arts

Le Salon de Bruxelles (1811-1914) est une exposition périodique d'œuvres d'artistes vivants. L'exposition se concentre principalement sur les peintres, mais des sculpteurs, dessinateurs, graveurs et architectes sont également présents. Les participants bénéficient d'une occasion unique de présenter leur travail au grand public et, s'ils le souhaitent, de le proposer à la vente. Ils peuvent également s'inscrire anonymement à un concours dont le premier prix est une médaille d'or. Les catalogues sont très demandés. Les journaux et les critiques d'art suivent l'événement de près. Le musée national s'enrichit principalement d'œuvres achetées au salon.

Histoire

Gand fut la première ville des Pays-Bas à créer un salon à l'exemple de Paris (1792). Onze ans plus tard, cette initiative est suivie à Bruxelles, où un musée de la peinture est ouvert dans le palais de Charles de Lorraine (1803). À l'été de cette même année, il accueille une première exposition d'artistes contemporains, organisée par la Société de peinture, sculpture et architecture de Bruxelles.

Le vrai point de départ du salon est l'année 1811. Sous l'impulsion du comte Charles Joseph d'Ursel et de Charles Van Hulthem de Gand, la Société de Bruxelles pour l'encouragement des beaux-arts est fondée. Le , les visiteurs peuvent visiter la première édition (à l'automne, pour ne pas concurrencer le salon de Paris). Un jury avait sélectionné les participants, tandis qu'un autre jury avait décerné, le , les prix (peinture, paysage, sculpture, architecture et dessin), en présence d'une quarantaine d'artistes[1]. Il était prévu dès le départ que les salons de Gand et de Bruxelles alterneraient chaque année. Étant donné qu'Anvers a également créé un salon en 1813, un système triennal est adopté : chaque ville possédant son propre salon triennal.

Salon de Bruxelles de 1830 par Jean-Baptiste Madou.

En 1817, le roi Guillaume Ier des Pays-Bas conclut un arrangement général sur l'organisation d'expositions officielles dans les Pays-Bas méridionaux. En 1830, le salon coïncide avec la troisième exposition générale des produits de l'industrie nationale. La nouvelle Grande Galerie venait d'ouvrir et de recevoir, entre autres, Le Sacrifice du maire Pieter van der Werff de Gustave Wappers. Elle s'est attirée de vives critiques de son collègue François-Joseph Navez et deux camps se sont constitués[2]. Cependant, l'œuvre recueille un grand succès de foule car son exposition précède de peu la révolution belge qui éclate en , et l'association organisatrice a décidé de se retirer au vu du contexte d'effervescence dans le royaume[3]. Le gouvernement de la jeune Belgique indépendante a vu une occasion de reprendre l'organisation elle-même et a donné une interprétation plus nationale au concept. Dès l'édition suivante en 1833, le salon est connu sous le nom d'Exposition nationale des Beaux-Arts. Les pièces historiques sont fortement encouragées pour légitimer le nouvel État. Les visiteurs bénéficient d'une entrée gratuite pendant les festivités de septembre (jusqu'en 1880).

En 1845, la société Les Joyeux tient son premier Salon caricatural. Le groupe, de type étudiant, publie son propre « catalogue », dans lequel il se moque du manque d'innovation. Ses membres comprennent notamment l'écrivain Charles de Coster et Félicien Rops, qui publia Le Diable au Salon (1851) à l'âge de dix-huit ans[4]. Le groupe poursuit sa satire jusqu'en 1869.

Le réalisme de Les Casseurs de pierres de Gustave Courbet suscite un scandale au Salon de 1851.

Une nouvelle étape est franchie lors de l'édition de 1851. Un effort est accompli pour attirer les artistes étrangers et afin de le souligner, le salon est désormais dénommé Exposition générale des Beaux-Arts. Le réalisme commence à se manifester, mais se heurte à une résistance farouche. Dans les décennies qui suivent, les mouvements modernes s'infiltrent. Des critiques d'art comme Emile Verhaeren et Camille Lemonnier se sont révélés de fins observateurs.

Le déclin du salon officiel débute lorsque de plus en plus d'initiatives privées voient le jour (la Société Libre des Beaux-Arts a été l'une des premières, suivie plus tard par des groupes tels que le Groupe des XX, La Libre Esthétique, Pour l'Art... ). Pour l'édition de 1887, le comité de sélection a divisé par deux le nombre de participants, mais cela n'a guère profité à la qualité. Les artistes rejetés ripostent en organisant, à l'instar de celui de 1863 à Paris, en marge du salon officiel, un Salon des refusés au Musée du Nord[5]. Les milieux artistiques ayant plaidé pour une privatisation du salon, cette faculté est en partie accepté en 1893. Une nouvelle Société des beaux-arts (de Bruxelles) met en œuvre l'organisation, bien que toujours sous contrôle gouvernemental. En marge du grand salon, elle organise également des expositions annuelles. La première en 1894, puis, à partir de 1908, elle est appelée Salon du Printemps. La tradition des salons triennaux se poursuit jusqu'en 1914. Après cela, en dépit des déclarations d'intention, le salon n'a plus été recréé[6].

Lieu du Salon

Les musées royaux des Beaux-Arts de Belgique où se tiennent les Salons à partir de 1881.

Jusqu'à l'édition de 1878, le salon se déroulait dans les appartements de l'ancien palais de Charles de Lorraine. Cette situation n'était pas idéale car le lieu servait également de musée de la peinture. La collection permanente devait être temporairement stockée ou couverte pendant le salon. Les exposants se sont plaints que toutes les peintures n'étaient pas également bien exposées. En 1818, on tenta de trouver une solution en maintenant le salon dans le grenier, où des travaux avaient été effectués pour laisser entrer la lumière zénithale. Cette édition est demeurée une expérience ponctuelle car le public n'était pas enthousiasmé par les nombreux escaliers. Des travaux de rénovation ont été effectués pour qu'en 1830 une Grande Galerie puisse s'ouvrir avec un puits de lumière. Néanmoins, les œuvres accrochées plus bas étaient difficiles à voir. En 1851, le salon se tenait dans une construction provisoire dans la cour du palais. Puis les expositions revinrent à l'emplacement traditionnel, jusqu'à ce qu'en 1881 les premières salles du nouveau musée des Beaux-Arts, puissent être utilisées. Le musée est resté le lieu de toutes les éditions suivantes. Après la Première Guerre mondiale, un déménagement dans le futur palais des beaux-arts de Bruxelles était prévu, mais cela n'a jamais eu lieu.

Éditions

Le Salon de Bruxelles a été organisé 35 fois :

1811, 1813, 1815, 1818, 1821, 1824, 1827, 1830, 1833, 1836, 1839, 1842, 1845, 1848, 1851, 1854, 1857, 1860, 1863, 1866, 1869, 1872, 1875, 1878, 1881, 1884, 1887, 1890, 1893, 1897, 1900, 1903, 1907, 1910, 1914.

Notes et références

Notes

Références

  1. Haulleville, « L'ancienne Société des Beaux-Arts de Bruxelles », L'Art moderne, vol. 13, no 11,‎ , p. 82-84 (lire en ligne, consulté le ).
  2. van Kalck 2003, p. 159.
  3. Judith Ogonovszky, « Le peintre officiel en Belgique au XIXe siècle : une fonction à charges multiples », Revue belge de Philologie et d'Histoire, vol. 79, no 2,‎ , p. 581-589 (lire en ligne, consulté le ).
  4. Le Diable au Salon. Revue comique critique, excentrique et très-chique de l'exposition, Bruxelles, chez Caquet-Bonbec et Cie éditeurs, rue des hautes épices, n ° 1851 (sic)
  5. van Kalck 2003, p. 315.
  6. van Kalck 2003, p. 315-316.

Voir aussi

Articles connexes

Catalogues

Bibliographie

  • Christophe Loir, L'émergence des beaux-arts en Belgique : Institutions, artistes, public et patrimoine (1773-1835), Bruxelles, Éditions de l'Université de Bruxelles, , 352 p. (ISBN 978-2-80041-335-8).
  • (nl) Michèle van Kalck, De Koninklijke Musea voor Schone Kunsten van België : Twee eeuwen geschiedenis, vol. 2, Bruxelles, Lannoo, , 800 p. (ISBN 978-9-02095-184-4).
  • (nl) Robert Hoozee, Brussel. Kruispunt van culturen, Anvers, Mercatorfonds, , 330 p. (ISBN 978-9-06153-456-3).