Oceano Nox
Oceano Nox est un poème de Victor Hugo, paru en 1840 dans le recueil Les Rayons et les Ombres.
Le titre du poème vient d’ une phrase de l’Enéide de Virgile (Livre II, 250) « et ruit Oceano Nox » qui signifie « et la nuit s’élance de l’océan ».
Thème
Le poème est écrit en 1836 alors qu'Hugo a assisté à une tempête furieuse à Saint-Valery-en-Caux[1]. Il évoque les marins oubliés, péris en mer. Il décrit d'abord le refus par les familles d'admettre la mort des marins et l'espoir de leur retour. Peu à peu, tous oublient et seules les veuves gardent le souvenir des disparus, jusqu'à ce que ce souvenir disparaisse à la mort des veuves[2].
Influence sur d'autres auteurs
L'image des marins oubliés est reprise dans Le Cygne (dédié à Hugo) par Baudelaire : « Je pense aux matelots oubliés dans une île »[2]. Arthur Rimbaud, qui a probablement lu Oceano Nox, utilise dans Un cœur sous une soutane, la formule « tisonnant son cœur ». Il s'est sans doute inspiré de l'alliance hardie entre foyer et cœur faite par Hugo dans sa strophe sur les veuves qui « Parlent encore de vous en remuant la cendre/De leur foyer et de leur cœur »[3].
Oceano Nox sera parodié par Tristan Corbière dans son poème La Fin, où il se moque de la vision hugolienne de la vie et de la mer, exagérée, irréaliste et qui crée donc une fausse intimité[4],[5],[6].
À partir de 1910, Oceano Nox est très repris dans les manuels scolaires. Les commentateurs insistent sur le traitement réaliste des cadavres des marins « heurtant de [leurs] fronts morts des écueils inconnus ». Le poème est également utilisé pour illustrer les antithèses présentes dans la poésie hugolienne[7].
Citations connues
Première strophe :
- Oh ! combien de marins, combien de capitaines
- Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
- Dans ce morne horizon se sont évanouis !
- Combien ont disparu, dure et triste fortune !
- Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
- Sous l'aveugle océan à jamais enfouis !
Dernière strophe :
- Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ?
- Ô flots, que vous savez de lugubres histoires !
- Flots profonds redoutés des mères à genoux !
- Vous vous les racontez en montant les marées,
- Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées
- Que vous avez le soir quand vous venez vers nous !
Musique
Références
- Régis Bertrand, « Mourir en mer au temps de la marine à voiles: À propos d'un poème de Victor Hugo », L'Autre, vol. 7, no 3, , p. 367 (ISSN 1626-5378 et 2259-4566, DOI 10.3917/lautr.021.0367, lire en ligne, consulté le )
- Robert T. Cargo, « A FURTHER LOOK AT BAUDELAIRE'S "LE CYGNE" AND VICTOR HUGO », Romance Notes, vol. 10, no 2, , p. 277–285 (ISSN 0035-7995, lire en ligne, consulté le )
- Antoine Fongaro, « Quatre notules », Parade sauvage, no 16, , p. 3–6 (ISSN 0764-471X, lire en ligne, consulté le )
- Albert Sonnenfeld, « A NOTE ON CORBIERE AND LAMARTINE », Romance Notes, vol. 1, no 1, , p. 22–24 (ISSN 0035-7995, lire en ligne, consulté le )
- Robert L. Mitchell, « Corbière, Hélas!: A Case of Antirayonnement », The French Review, vol. 51, no 3, , p. 361–367 (ISSN 0016-111X, lire en ligne, consulté le )
- Bertrand Degott, « La récriture dans « La fin » », Cahiers Tristan Corbière, , p. 195-210 (DOI 10.15122/ISBN.978-2-406-07934-7.P.0195, lire en ligne, consulté le )
- Jordi Brahamcha-Marin, « La poésie de Victor Hugo dans les recueils scolaires de morceaux choisis (des années 1910 à la Libération) », L'atelier du XIXe siècle : ”Le XIXe siècle vu par le XXe siècle”, Société d'études romantiques et dix-neuviémistes, (lire en ligne, consulté le )