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Bouchtata

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Bouchtata
Noms
Nom arabe algérien بوشطاطة
Administration
Pays Drapeau de l'Algérie Algérie
Wilaya Skikda
Daïra El Hadaïek[1].
Code ONS 2134
Démographie
Population 9 219 hab. (2008[2])
Géographie
Coordonnées 36° 47′ 33″ nord, 6° 47′ 50″ est
Localisation
Localisation de Bouchtata
Localisation de la commune dans la Wilaya de Skikda
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Bouchtata
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Bouchtata

Bouchtata également typographié Bouchetata est une commune de la wilaya de Skikda en Algérie.

Géographie

Histoire

Août 2019. Zamène ! A ne pas traduire par «le temps». A Bouchtata, chef-lieu de commune dont dépend cet endroit, les gens disent «Zaamène», en prenant soin d’appuyer et d’empâter le «a». «Personne ne pourra vous dire le sens de cette appellation», insistent plusieurs vieux de la région qui, en dépit d’une chaleur accablante, ont bien voulu se convertir en guides de fortune sur les terres de leurs ancêtres. «Tout est parti de ces terres. Ne croyez pas ce qu’on raconte. Le 20 Août 1955 s’est fait ici. Sidi Zighoud aimait beaucoup venir à Zamène.

Il se sentait en sécurité. Il était chez lui.» Tous les vieux de la région usent du titre «sidi» lorsqu’ils évoquent Zighoud Youcef.

Zamène est une localité élevée sur d’interminables butes fortement boisées. Un incroyable enchevêtrement de forêts et de roches faisant partie du territoire des Medjadja, l’une des plus grandes tribus de la wilaya de Skikda. On y accède à partir d’une piste qui prend naissance à quelques centaines de mètres avant d’arriver à la commune de Bouchtata.

La piste presque impraticable est une interminable pente qui donne, plus haut, à plus de 600 m d’altitude, sur une large étendue. D’ici, la vue est imprenable. Presque féerique, n’étaient ces restes cendrés de l’incendie qui venait d’emporter plus de 700 ha de forêts, ne laissant que des squelettes noircis. De ces hauteurs, on domine le monde.

On distingue clairement jusqu’aux installations pétrochimiques de Skikda, l’interminable plage de Ben M’hidi, les Platanes, la commune de Ramdane Djamel et ses terres fertiles, Azzaba, une partie de la wilaya de Guelma, Aïn Bouziane, Sidi Mezghich…

Pourquoi Zamène ?

Zighoud Youcef connaissait très bien ces lieux pour y avoir séjourné à plusieurs reprises. Il connaissait aussi plusieurs militants nationalistes des Medjadja, comme Brahim Chibout, Younès Ramdane, dit El Mounadel, les frères Boukadoum, Hammada Boulesnane, les frères Charim, les frères Lessak, les Ghamit, Chebli, Bouzabra, Beddai, Boughemara, Guanouche… «Près de 80% des habitants de la région de Bouchtata étaient enrôlés dans le Mouvement nationaliste ; chacun selon ses aptitudes et son rôle. Bouchtata était scindée en deux parties ; Zamène que chapeautait Younès Ramdane, et Lekcher sous les ordres de Hamada Boulesnane», témoigne Mohamed Charim, dit «Ettedj», âgé aujourd’hui de 92 ans.

Ce fait représentait un important gage de sécurité pour une opération de l’envergure des offensives du 20 Août 1955. «Sidi Zighoud avait pris l’habitude de venir à Zamène dès le mois de janvier 1955, juste au lendemain de la mort de Didouche Mourad.

Il connaissait bien la région où il avait ses habitudes. Je pense que l’idée d’organiser les opérations du 20 Août 1955 remontait au mois de mai, lorsqu’il ordonna d’entamer une grande opération de collecte d’armes, de scies, de poudre, de haches… Il avait choisi lui-même un terrain boisé entre Koudiat et Zamène, qu’on a aménagé pour servir de lieu de dépôt. Il a aussi délégué huit moudjahidine pour s’occuper uniquement de la réception des lots d’armes qu’on acheminait des jours durant sur des mulets», témoigne encore Mohamed Charim.

Il faut cependant relever que la première rencontre ayant réuni au début du mois de juillet Zighoud Youcef avec les responsables des zones de l’est du pays s’est tenue à Boussatour, dans la commune de Sidi Mezghiche, à quelques encablures seulement de Bouchtata. «Ils ne sont restés dans cette région qu’une semaine seulement. Craignant peut-être d’être démasqués, Sidi Zighoud prit la décision, le 19 juillet, de regagner Zamène. Un des groupes est d’ailleurs tombé dans une embuscade le lendemain à El Kherba, non loin de Sidi Mezghiche. Deux moudjahidine ont été tués : Mahmoud Nafir et El Haj Kcentini, dit l’Allemand», rapportent à ce sujet Moussa Touati et Rabah Aouad dans leur livre Houjoum 20 Août 1955, publié en 1992.

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En plus de l’assurance sécuritaire que garantissaient les habitants de la région, la nature du terrain a aussi pesé dans le choix porté sur Zamène. Pour avoir une idée, il suffit de savoir que sur les 112 000 ha formant la superficie de la commune de Bouchtata, les terres forestières en occupent plus de 110 000 ha. «La forêt était très dense à l’époque», témoigne Ramdane Leftissi, 92 ans, qui figurait parmi les moudjahidine ayant assisté aux préparatifs des offensives du 20 Août 1955. Et d’ajouter : «En plus de la couverture assurée par les étendues de verdure, Zamène abritait aussi Aïn Oum Kasba, une source d’eau intarissable. D’ailleurs, une grande partie des moudjahidine ayant assisté aux préparatifs campaient non loin de cette source.»

«Mma Zermania», l’autre mère de Zighoud

Accueillir, durant plus d’un mois, l’ensemble des chefs de la Wilaya II du Nord-Constantinois et des centaines d’autres moudjahidine, et leur assurer sécurité et nourriture n’était certainement pas chose aisée. «Du 20 juillet jusqu’au 18 août, Zamène grouillait de monde. Ils étaient venus de partout. Ils étaient des centaines. Les femmes des familles Younes, Boughemara, Leftissi, Bouzabra et Guanouche s’occupaient de préparer les quelques mets que les conditions permettaient. Des fois c’était de la galette et de l’eau, et d’autres des dattes ou des boulettes de pomme de terre. Tout le monde mangeait en tout cas», rapporte Ramdane Leftissi.

En plus d’un dispositif de logistique important, le campement de tout ce beau monde obéissait lui aussi à certaines considérations d’ordre organisationnel, voire sécuritaire. «Des sentinelles occupaient jour et nuit les points stratégiques. De toute façon, de Zamène, on peut voir tout ce qui bouge sur plusieurs kilomètres à la ronde», juge le vieux Mohamed Charim.

Tous ceux que nous avons approchés s’accordent à définir le même dispositif mis en place. «Les djounoud, des centaines, occupaient Coudiat Daoud, qui reste l’étendue la plus élevée de la région, ainsi que ses alentours allant jusqu’à la source d’eau. Sidi Zighoud et les chefs des zones occupaient la maison des Younes, située en contrebas, à moins de 600 mètres de Coudiat Daoud. De toute façon, Sidi Zighoud avait de tout temps pour habitude de séjourner chez les Younes», explique Mohamed Charim. Pour sa part, Ramdane Leftissi révélera qu’avant de rejoindre Zamène le 20 juillet, Zighoud Youcef avait d’abord demandé qui se portait volontaire pour accueillir les moudjahidine et assurer leurs besoins. «Les deux frères Younes, Ramdane, dit El Mounadel, et Rabah, dit Zaghouana, se sont aussitôt portés volontaires.»

Mais l’histoire de la demeure des Younes que Zighoud préférait désigner sous le nom de «Dar Zermania», en référence à la mère de famille, ne datait pas seulement de ces préparatifs. Cette demeure enfouie à Zamène était en réalité un authentique «markez» (centre) que Zighoud et ses compagnons connaissaient parfaitement. D’ailleurs, les réunions les plus importantes des offensives du 20 Août s’étaient bel et bien tenues à «Dar Zermania».

Mais qui est cette femme ? Sa fille Zaïna Younes, la sœur de Ramdane et Rabah, se rappelle cette période et raconte. «A la mort de notre père, on est venus, moi, ma mère Fatima Ramdane, dite Zermania, mes deux frères et ma sœur Djamila à Zamène exploiter un terrain de 3 ha et y élever notre demeure. Mes frères activaient au MTLD et connaissaient Zighoud Youcef depuis le début des années 1950. Je me rappelle de la première venue de Zighoud chez nous, accompagné de Ben Aouda et Ben Toubal.

Depuis, Zighoud était revenu plusieurs fois chez nous et il vouait un grand respect à ma mère. D’ailleurs, lorsqu’un jour elle est tombée malade, il a ordonné à un djoundi de l’accompagner à Smendou et de l’emmener auprès de sa mère (la mère de Zighoud).» Zighoud vouait, selon plusieurs témoignages, une grande admiration à cette dame qui montrait un courage exemplaire. «Comme Zighoud Youcef trouvait chez nous un refuge sécurisé, on a fini par aménager notre demeure en y ajoutant un semblant d’extension qu’on a doté d’une casemate, creusée à même le sol pour faire ressortir nos hôtes sur Gouhdi Lahdjar, une zone boisée, au cas où les militaires français se rendaient compte de notre activité.

Il est même arrivé que ma mère  »escorte » Zighoud et ses compagnons en les faisant faufiler au milieu des vaches pour leur permettre de rejoindre des régions plus sûres», raconte Zaina, elle-même moudjahida, tout comme Djamila, sa sœur. Mohamed Charim se souvient lui aussi de Zermania, cette Dame courage. «A chaque fois que nous l’apercevions en train de couper du bois dans les alentours, on déduisait que les chefs de la Wilaya II étaient chez elle. C’était sa façon de faire le guet», relate Mohamed Charim.

Pour revenir aux préparatifs du 20 Août, les moudjahidine de la région attestent tous que le 19 août déjà, il ne restait aucune âme à Zamène. Les groupes constitués par Zighoud ont commencé à rejoindre les localités ciblées dès le 15 août. Le 21 août, Zamène, Koudiat Oued Aârous et tout le territoire des Medjadja furent brûlés. «Des avions ont même été utilisés pour tout raser et éliminer toute âme qui y vivait. Les populations, apeurées et en fuite, ont toutes été rassemblées dans un camp de concentration créé à l’occasion à Bouchtata», témoigne Ramdane Leftissi.

Démographie

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Économie

Culture et patrimoine

Notes et références