Dieter Wohlfahrt
Dieter Wohlfahrt, né le à Berlin-Schöneberg et abattu le à Berlin-Est[1], est un étudiant germano-autrichien, et l'une des premières personnes à être tuées au Mur de Berlin par les troupes frontalières de la République démocratique allemande. Passeur, il aide à plusieurs reprises des réfugiés à traverser la frontière interdite, et meurt en tentant d'aider une Allemande de l'Est à s'évader. Sa mort (il gît mort ou agonisant à la frontière en pleine vue de témoins à l'ouest) soulève un mouvement de protestation des étudiants berlinois contre l'apparente complaisance des gouvernements occidentaux vis-à-vis de la RDA[1].
Jeunesse
[modifier | modifier le code]Né durant la Seconde Guerre mondiale, Dieter a quatre ans lorsque l'administration de Berlin est divisée entre les puissances alliées victorieuses. L'aîné de trois enfants dans une famille catholique aisée, il grandit à Hohen Neuendorf, en banlieue nord-ouest de Berlin. La ville est située en Allemagne de l'Est, à la frontière avec Berlin-Ouest. Allemand de par sa mère mais ayant la nationalité autrichienne de par son père, il peut, dans les années 1950, circuler librement entre la RDA et l'ouest. À l'âge de 14 ans, il entame ses études secondaires à Berlin-Ouest, et y vit avec sa tante. Il étudie ensuite la chimie à l'Université technique de Berlin, côté ouest[1].
Activités de passeur, et décès
[modifier | modifier le code]En , les autorités est-allemandes ferment la frontière et entreprennent la construction du Mur tout autour de Berlin-Ouest. L'objectif est d'endiguer le flot de migrants qui quittent la RDA et passent en zone occidentale. Dieter Wohlfahrt s'associe alors à un groupe d'étudiants qui aident des personnes de l'Est à rejoindre Berlin-Ouest, initialement en passant par les égouts. Grâce à son passeport autrichien, il entre régulièrement à Berlin-Est et ouvre puis referme des canalisations pour que des migrants puissent y passer discrètement. Fin 1961, une jeune femme récemment passée à l'Ouest lui demande d'aider sa mère, restée à l'Est, à passer le mur. Dieter Wohlfahrt et l'un de ses amis, Karl-Heinz Albert, se rendent à la frontière au lieu désigné, à la croisée de Bergstraße et de Hauptstraße, dans le nord de Berlin, dans le secteur d'occupation britannique. Ils découpent un trou dans la barrière en barbelés car il n'y a pas encore de mur en béton et passent à l'Est[1].
La dame qu'ils étaient venus aider court vers eux, en les interpellant à voix haute, alertant ainsi par mégarde la police de la RDA. Les gardes est-allemands ouvrent le feu sur les deux jeunes hommes. Karl-Heinz Albert parvient à ramper à travers le trou dans le grillage et repasse à l'ouest mais Dieter Wohlahrt est mortellement blessé et reste au sol, à cinq ou six mètres de la frontière. À leur arrivée en réponse aux tirs, la police de Berlin-Ouest et la police militaire britannique (car cette zone du Mur est de compétence de l'armée britannique, à l'Ouest) tentent d'atteindre le jeune homme, mais sont contraints de se replier sous la menace des armes des gardes est-allemands. Dieter Wohlfahrt, probablement déjà mort, gît au sol pendant plus d'une heure, sans que les gardes est-allemands ne viennent s'enquérir de son état, puis est emmené par la police de la R.D.A. Étant de nationalité est-allemande, il est inhumé à Nauen et les funérailles se déroulent sous la surveillance de la Stasi, la police de sûreté de l'État[1].
Pour la première fois, la mort d'une personne abattue au Mur (Dieter Wohlfahrt est la quatrième personne à mourir de la sorte) déclenche un mouvement de protestation d'étudiants berlinois contre les autorités de Berlin-Ouest, et contre les autorités d'occupation occidentale, notamment britanniques. Les étudiants publient une lettre ouverte demandant pourquoi « notre police et les autorités britanniques qui nous protègent n'ont pas pu trouver le moyen d'aider cet homme blessé ». Ils ajoutent que cette non-intervention côté ouest « ne fera qu'encourager les puissances dirigeantes à l'est à continuer de n'avoir aucune considération pour la vie humaine ». Une croix est érigée à sa mémoire côté ouest de la frontière, tout près de l'endroit où il est tombé[1]. Huit mois plus tard, Peter Fechter, douzième personne à être abattue en tentant de passer le Mur, agonise à son tour au pied du Mur, en pleine vue de témoins impuissants à l'Ouest, en zone de compétence américaine et devient un symbole de l'horreur du Mur de Berlin[2].
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Références
[modifier | modifier le code]- (en) "Dieter Wohlfahrt", Chronik der Mauer
- (en) "Victims at the Wall", Chronik der Mauer