Le Vieux Chat et la Jeune Souris
Le Vieux Chat et la Jeune Souris | |
Gravure de Johann Christoph Teucher d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759 | |
Auteur | Jean de La Fontaine |
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Pays | France |
Genre | Fable |
Éditeur | Claude Barbin |
Lieu de parution | Paris |
Date de parution | 1693 |
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Le Vieux Chat et la Jeune Souris est la cinquième fable du livre XII de Jean de La Fontaine situé dans le troisième et dernier recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1693 mais daté de 1694.
Texte
LE VIEUX CHAT ET LA JEUNE SOURIS
[Abstemius]
Une jeune Souris de peu d’expérience,
Crut fléchir un vieux Chat implorant sa clémence,
Et payant de raisons le Raminagrobis (1).
Laissez-moi vivre ; une Souris
De ma taille et de ma dépense
Est-elle à charge en ce logis ?
Affamerais-je, à votre avis,
L’Hôte et l’Hôtesse, et tout leur monde ?
D’un grain de blé je me nourris ;
Une noix me rend toute ronde.
À présent je suis maigre ; attendez quelque-temps.
Réservez ce repas à messieurs vos Enfants.
Ainsi parlait au Chat la Souris attrapée.
L’autre lui dit : Tu t’es trompée.
Est-ce à moi que l’on tient de semblables discours ?
Tu gagnerais autant de parler à des sourds.
Chat et vieux pardonner ? cela n’arrive guère.
Selon ces lois descends là-bas (2),
Meurs, et va-t’en tout de ce pas
Haranguer les sœurs Filandières (3).
Mes Enfants trouveront assez d’autres repas.
Il tint parole ; et pour ma Fable
Voici le sens moral qui peut y convenir.
La jeunesse se flatte (4), et croit tout obtenir.
La vieillesse est impitoyable.
Vocabulaire
(1) Raminagrobis, emprunt à Rabelais (Tiers Livre, chapitre 21) où ce nom désigne un poète ; de rominer (ruminer) et grobis (gros chat mâle)
(2) chez les morts
(3) "Terme poétique que nos vieux poètes donnaient pour épithète aux Parques" (dictionnaire de Furetière). Les Parques sont les divinités qui font la vie de chaque homme en la filant sur des fuseaux (" les sœurs filandières") et en la coupant (donc la Mort)
(4) s'illusionne