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== La koinophilie et les mutations (reproduction asexuée/sexuée) ==
== La koinophilie et les mutations (reproduction asexuée/sexuée) ==
J.H. Koeslag<ref name="Koeslag 19932">KOESLAG, J. H. et KOESLAG, P. D. Evolutionarily stable meiotic sex. Journal of Heredity, 1993, vol. 84, no 5, {{p.|396-399}}.</ref> a tenté d’expliquer comment la [[reproduction sexuée]] s’est maintenue au cours de l’[[Évolution (biologie)|évolution]]. Pour cela il a utilisé un modèle avec une population initiale avec différentes proportions d'individus [[Sexué|sexués]] et [[Asexué|asexués]]. Il a ensuite utilisé un modèle informatique afin de déterminer, au bout de plusieurs générations, quelles étaient les proportions d'asexués et de sexués qui se maintenaient dans la population finale<ref name="Koeslag 19932" />. Durant une génération plusieurs phases s'enchaînent avant d'aboutir à la nouvelle génération<ref name=":0">KOESLAG, Peter D. et KOESLAG, Johan H. Koinophilia stabilizes bi-gender sexual reproduction against asex in an unchanging environment. ''Journal of theoretical biology'', 1994, vol. 166, no 3, p. 251-260.</ref> :


Mutation => Sélection => Rencontre entre deux partenaires (uniquement pour les individus sexué) => reproduction<ref name=":0" />.
J.H. Koeslag<ref name ="Koeslag 1993">KOESLAG, J. H. et KOESLAG, P. D. Evolutionarily stable meiotic sex. Journal of Heredity, 1993, vol. 84, no 5, {{p.|396-399}}.</ref> a tenté d’expliquer comment la [[reproduction sexuée]] s’est maintenue au cours de l’[[Évolution (biologie)|évolution]]. Pour cela il a utilisé un modèle avec une population initiale avec différentes proportions d'individus [[sexué|sexués]] et [[asexué|asexués]]. Il a ensuite utilisé un modèle informatique afin de déterminer, au bout de plusieurs générations, quelles étaient les proportions d'asexués et de sexués qui se maintenaient dans la population finale.


Dans un premier temps, il s'est concentré sur une population constituée d'individus [[sexué]]<nowiki/> et [[asexué]]. Après plusieurs générations, les individus [[asexué]]s envahissent rapidement la population au détriment des individus [[sexué]]s. Le résultat est le même si on fait varier le taux de [[Mutation (génétique)|mutation]], en insérant des [[Mutation (génétique)|mutations]] avantageuses et en changeant la [[Fitness (biologie)|fitness]] moyenne des mutants<ref name="Koeslag 1993" />.
Dans un premier temps, il s'est focalisé sur une population constituée d' individus [[sexué]] et [[asexué]]. Après plusieurs générations, Les individus [[asexué]]s envahissent rapidement la population au détriment des individus [[sexué]]s. Le résultat est le même lorsque l'on fait varier le taux de [[Mutation (génétique)|mutation]], lorsque l'on insert des [[Mutation (génétique)|mutations]] avantageuses ou lorsque l'on change la [[Fitness (biologie)|fitness]] moyenne des mutants. Ces résultats ne permettent pas d'expliquer pourquoi les individus sexués arrivent à se maintenir<ref name="Koeslag 19932" />.


Ces résultats ne permettent donc pas d'expliquer pourquoi on a un maintient d'individus sexués dans la population. '''Or pour Koeslag, l’individu sexué échangeant son génome avec son partenaire doit pouvoir être sûr que ce ne soit pas à son détriment. De part cette pression de sélection, l’individu sexué doit être capable de pouvoir distinguer les traits de ses partenaires potentiels. Les traits inadaptés ont tendance à être représentés en faible proportion dans la population alors que les traits adaptés ont tendance à être représentés en forte proportion <ref name="Koeslag 1990" />; de cette manière, les individus sont sûrs de pouvoir éviter de se reproduire avec des individus ayant des traits phénotypiques rares ou inhabituels.'''
Or pour Koeslag, l’individu [[sexué]] échangeant son [[génome]] avec son partenaire doit pouvoir être sûr que ce ne soit pas à son détriment. De part cette pression de sélection, l’individu sexué doit être capable de pouvoir distinguer les traits de ses partenaires potentiels. Les traits inadaptés ont tendance à être représentés en faible proportion alors que les traits adaptés ont tendance à être représentés en forte proportion<ref name="Koeslag 19902" />; de cette manière, les individus sont sûrs de pouvoir éviter de se reproduire avec des individus ayant des traits [[Phénotype|phénotypiques]] rares ou inhabituels, c’est dans ce cas où intervient la koinophilie<ref name=":0" />.


Ainsi, Koeslag a essayé de vérifier si les populations [[Sexué|sexuées]] arrivaient à se maintenir grâce à la koinophilie. Il intégre la koinophilie dans son modèle comme étant une probabilité de reproduction entre un individu koinophilique et un autre individu dépendant du niveau d'attractivité et de la [[Fitness (biologie)|fitness]] de cet individu. L'attractivité et la [[Fitness (biologie)|fitness]] étant proportionnelle<ref name="Koeslag 19932" />. Il expérimente une population initiale constitué d' individu [[sexué]] koinophilique et [[asexué]]. Selon son modèle informatique et après plusieurs génération les individus [[Asexué|asexués]] n'envahissent pas la population sous certaine condition. 
Néanmoins, dans une population présentant des individus sexués koinophiliques et asexués, les individus asexués n'envahissent pas la population, même au bout de plusieurs générations. De plus, les individus koinophiliques parviennent même à se maintenir dans la population. En fait, les mutations délétaires sont éliminées beaucoup plus rapidement dans une population de sexués koinophiliques que dans une population d'asexués qui les accumule au cours du temps. Par conséquent, les individus sexués koinophiliques ont une puissante capacité de rejet d'erreur génétique qui leur confère un avantage face aux individus asexués, et leur permet de se maintenir dans la population.


Par rapport aux variations du taux de [[Mutation (génétique)|mutation]], une augmentation ce taux entraîne une fixation des individus koinophiliques. Plus les mutations sont délétères et plus elles sont éliminées rapidement dans une population de [[Sexué|sexués]] koinophiliques. Dans le cas contraire, une diminution du taux de mutation entraîne la fixation des individus [[Asexué|asexués]], les individus [[Sexué|sexués]] koinophiliques ont du mal à se maintenir<ref name="Koeslag 19932" />. 
La koinophilie est donc capable de stabiliser les populations sexuées face à celles asexuées, malgré le coût de production élevé pour les individus sexués.
[[Fichier:Schémat expliquant le maintien de la population sexué koinophilique en fonction de la variation du taux de mutation.png|link=https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Sch%C3%A9mat%20expliquant%20le%20maintien%20de%20la%20population%20sexu%C3%A9%20koinophilique%20en%20fonction%20de%20la%20variation%20du%20taux%20de%20mutation.png|centre|thumb|Dans le modèle de Koeslag, le maintien de la population sexuée koinophilique est possible quand le taux de mutation est fort.]]
Selon que la mutation soit bénéfique ou pas les résultats sont différents. Quand la mutation n'est pas bénéfique, la population [[Sexué|sexuée]] koinophilique est maintenue. Les mutations bénéfiques permettent de maintenir la population d'[[asexué]] au détriment de la population [[Sexué|sexuée]] koinophilique<ref name="Koeslag 19932" />. 
[[Fichier:Schéma expliquant le maintien de la population sexué koinophilique en fonction des mutations bénéfiques.png|link=https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Sch%C3%A9ma%20expliquant%20le%20maintien%20de%20la%20population%20sexu%C3%A9%20koinophilique%20en%20fonction%20des%20mutations%20b%C3%A9n%C3%A9fiques.png|centre|thumb|Dans le modèle de Koeslag, si les mutations bénéfiques sont faible la population sexuée koinophilique est capable de se maintenir]]
En considérant la [[valeur sélective]] ([[Fitness (biologie)|fitness]]) moyenne des mutants, une augmentation de la [[valeur sélective]] moyenne des mutants permet à la population [[sexué]] koinophilique de se maintenir après plusieurs générations. Les mutants arrive donc mieux à se reproduire et les [[Asexué|asexués]] ont du mal à maintenir la population. Par contre une diminution de la [[valeur sélective]] moyenne des mutants entraîne le maintien de la population [[Asexué|asexuée]], les individus koinophiliques ont du mal à subsister<ref name="Koeslag 19932" />. 
[[Fichier:Schéma expliquant le maintien de la population sexué koinophilique en fonction de la valeur sélective (fitness) moyenne des mutants.png|link=https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Sch%C3%A9ma%20expliquant%20le%20maintien%20de%20la%20population%20sexu%C3%A9%20koinophilique%20en%20fonction%20de%20la%20valeur%20s%C3%A9lective%20(fitness)%20moyenne%20des%20mutants.png|centre|thumb|Dans le modèle de Koeslag, le maintien de la population sexuée koinophilique est possible quand la valeur sélective (fitness) moyenne des mutants est forte.]]
Le taux de mutation par paire de base est plus élevé chez les [[asexué]]<nowiki/>s que chez les [[Sexué|sexués]] sauf dans des cas particuliers<ref>Sniegowski Paul D., Philip J. Gerrish, Toby Johnson, and Aaron Shaver, «  », ''BioEssays 22.12'',‎ <time>2000</time></ref> <ref>DRAKE, John W., CHARLESWORTH, Brian, CHARLESWORTH, Deborah, ''et al.'' Rates of spontaneous mutation. ''Genetics'', 1998, vol. 148, no 4, p. 1667-1686.</ref>. Par conséquent, les individus [[Sexué|sexués]] koinophiliques ont une puissante capacité de rejet d'erreur génétique qui leur confère un avantage face aux individus asexués et leur permet de se maintenir dans la population. La koinophilie est donc capable de stabiliser les populations [[Sexué|sexuées]] face à celles [[Asexué|asexuées]], malgré le coût de production élevé pour les individus [[Sexué|sexués]]<ref name=":0" />. 


L’avantage de la koinophilie réside clairement dans sa capacité à résister à l’accumulation de [[Mutation (génétique)|mutations]] légèrement désavantageuses dans sa descendance. Elle permet la formation de groupe avec un [[Morphe]] qui lui est propre et qui résiste à l’[[Croisement|hybridation]] avec d’autres groupes en créant des lacunes morphologiques entre les populations<ref name="Koeslag 19932" />.
La probabilité de reproduction entre un individu koinophilique et un autre individu dépend du niveau d'attractivité et de la fitness de cet individu, l'attractivité et la fitness étant proportionnelle<ref name="Koeslag 1993" />. En effet, d'après J.H. Koeslag, l'individu sexué doit se reproduire uniquement avec un partenaire sexuel qui maximise sa fitness. De part cette pression de sélection, l'individu sexué koinophilique doit être capable de pouvoir distinguer les traits avantageux de ses partenaires sexuels.


D'après J.H. Koeslag, l'individu [[sexué]] doit se reproduire uniquement avec un partenaire sexuel qui maximise sa [[Fitness (biologie)|fitness]]. De part cette pression de sélection, l'individu [[sexué]] koinophilique doit être capable de pouvoir distinguer les traits avantageux de ses partenaires sexuels.<ref name="Koeslag 19902" />
'''''Dans une population [[sexué|sexuée]] ayant un avantage d’[[hétérozygote]], le choix du partenaire serait alors sélectivement neutre <ref name="Koeslag 1990">KOESLAG, Johan H. Koinophilia groups sexual creatures into species, promotes stasis, and stabilizes social behaviour. Journal of theoretical biology, 1990, vol. 144, no 1, {{p.|15-35}}.</ref>. L’idée que « le bon est meilleur » intervient au détriment de la koinophilie. Dans ce cas, il vaut mieux être aveugle au [[Polymorphisme génétique|polymorphisme]] ou bien compter sur d’éventuels indicateurs indirects de [[Fitness (biologie)|fitness]], comme un ornement sexuel maladroit en bon état (Hamilton 1982).'''''<nowiki/><nowiki/>


Cependant, lorsque le choix du partenaire est limité par la faible [[Densité_de_population]] dans les environnements arides, l'efficacité de la koinophilie comme dispositif de rejet d’erreur génétique peut être gravement compromise.Il en est de même dans une population [[Sexué|sexuée]] ayant un avantage d’[[hétérozygote]], le choix du partenaire serait alors sélectivement neutre <ref name="Koeslag 19902">KOESLAG, Johan H. Koinophilia groups sexual creatures into species, promotes stasis, and stabilizes social behaviour. Journal of theoretical biology, 1990, vol. 144, no 1, {{p.|15-35}}.</ref>. L’idée que « un bon partenaire est celui qui présente les meilleurs traits rare » intervient au détriment de la koinophilie. Deux issues sont alors possible, soit [[Polymorphisme génétique|polymorphisme]] ne doit pas être pris en compte soit d’éventuels indicateurs indirects de [[Fitness (biologie)|fitness]] font leurs apparitions, comme un ornement sexuel maladroit ou des biais sensoriels<ref>ANDERSSON, Malte et SIMMONS, Leigh W. Sexual selection and mate choice. ''Trends in Ecology & Evolution'', 2006, vol. 21, no 6, p. 296-302.</ref>'''''.'''''<nowiki/><nowiki/><nowiki/>
L’avantage de la koinophilie réside clairement dans sa capacité à résister à l’accumulation de [[Mutation (génétique)|mutations]] légèrement désavantageuses dans sa descendance.

Cependant, lorsque le choix du partenaire est limité par la faible [[densité de population]] dans les environnements arides, l'efficacité de la koinophilie comme dispositif de rejet d’erreur génétique peut être gravement compromise.

Elle permet la formation de groupe avec une [[morphe]] qui lui est propre et qui résiste à l’[[Croisement|hybridation]] avec d’autres groupes en créant des lacunes morphologiques entre les populations.


== Implication de la koinophilie dans la coopération. ==
== Implication de la koinophilie dans la coopération. ==

Version du 11 octobre 2015 à 03:33

La koinophilie (ou « koinophilia » en anglais) vient du grec koinos et philos qui signifient respectivement ce qui est commun et l'attirance. La koinophilie désigne donc une affinité pour les partenaires sexuels les plus communs phénotypiquement et comportementalement.

Ce terme a été utilisé pour la première fois par le biologiste Johan Hans Koeslag dans les années 90, à l'issue de ses recherches sur les stratégies évolutives. Ce terme a permis de mettre un nom sur le processus qu'il observait.

Un individu koinophilique évite de se reproduire avec un individu qui a des traits phénotypiques inhabituels, privilégiant la reproduction avec un partenaire ayant le phénotype le plus commun possible localement.

Ainsi, un individu avec un trait phénotypique inhabituel sera un petit peu moins attractif, pour un individu koinophilique, qu’un individu avec que des traits phénotypiques communs. Plus un individu a un nombre important de traits phénotypiques inhabituels, moins il est attractif pour tout individu koinophilique. En effet, même les individus avec des traits phénotypiques étranges cherchent à se reproduire avec des individus au phénotype le plus commun possible , au niveau local[1].

Causes évolutives de la koinophilie

Evolution d’une population panmictique vers une population koinophilique

Dans les années 1990, J. H. Koeslag a réalisé une étude dont le but était de voir dans quelles circonstances un trait koinophilique initialement rare peut envahir une population qui se reproduit jusque-là aléatoirement (panmixie). Son modèle stochastique sur informatique visualisait l’évolution d’un trait koinophilique rare dans une population panmixique sujette aux mutations avec une fitness aléatoire.

Il a découvert que le facteur déterminant pour l’évolution de la koinophilie est la force de préférence du partenaire sexuel. En effet, la koinophilie tend à remplacer la panmixie toutes les fois où la préférence des traits phénotypiques communs est fortement exprimée, c’est-à-dire quand peu de mutations sont bénéfiques (l% au lieu de 10%) ou quand la fitness associée à ces mutations est faible (1.2 au lieu de 2.0). De plus, le choix koinophilique du partenaire remplace le choix aléatoire (panmixie) dès que les organismes sexuels possèdent une capacité suffisamment développée pour l’estimation des potentiels phénotypiques des partenaires sexuels[1].

Les populations koinophiliques, sujettes aux mutations à fitness aléatoire (incluant occasionnellement des mutations bénéfiques), ont été démontrées pour avoir toujours un avantage considérable, immédiat mais temporaire, sur les populations panmictiques. En effet, lorsque la koinophilie est rare, ceux qui la pratiquent cherchent à se reproduire avec des individus ayant des traits phénotypiques bénéfiques. Ces derniers, étant repérables de par leur augmentation progressive en fréquence dans la population. Cependant, quand la koinophilie devient plus commune, les individus qui la pratiquent ne se reproduisent plus qu’avec des individus avec un phénotype habituel et donc les nouvelles mutations bénéfiques ne s’établissent plus dans la population.

La stratégie de choix du partenaire koinophilique est donc une stratégie évolutivement stable par rapport à la stratégie panmixique. Néanmoins, comme la koinophilie entraîne une stagnation du phénotype (élimine la variation), les populations panmixiques finissent par dépasser au bout d’un moment les populations koinophiliques en termes de fitness absolue[2].

Une population panmixiquepeut donc évoluer en population koinophilique, comme l’illustre le schéma, ci-dessous.

La koinophilie est donc un mécanisme qui permet d’expliquer en partie la sélection sexuelle. Ce mécanisme pourrait toutefois également expliquer pourquoi certaines espèces ne subissent aucun changement phénotypique durant de nombreuses années.

Maximisation de la fitness

Pour les individus sexués, la koinophilie est une sorte de stratégie de sélection du partenaire qui permet de maximiser la fitness d'un individu dans un groupe donné, c’est-à-dire maximiser sa capacité à produire une descendance capable de se reproduire. Tout l’enjeu est donc de choisir le partenaire possédant les « bons gènes » et d’éviter toutes les mutations susceptibles d'être désavantageuses.

Pourtant il est presque impossible de prédire la fitness d'une nouvelle mutation, et de savoir alors si elle sera bénéfique ou non pour l'individu. De façon générale, toutes les mutations sont considérées comme étant délétères bien qu'il existe des mutations favorables. Les individus sexués subissent donc une pression sélective dans le choix de leur partenaire. Selon la théorie de l’attribut du groupe, les traits les moins adaptatifs sont concentrés à un faible niveau de fréquence alléliques, et les traits adaptatifs, à un niveau supérieur. Ainsi, il devient évident que les individus vont chercher à éviter des partenaires qui posséderaient des traits non communs ou toute forme de phénotypes nouveaux et à préférer un partenaire avec des traits phénotypiques les plus communs, les plus prépondérants dans le groupe. Ce choix sélectif va donc considérablement réduire les mutations du potentiel reproducteur et leur capacité à envahir la population. On parle ici de la notion de préférence, préférence pour les traits communs ou prépondérants dans le groupe. Cette préférence pour un trait est donnée par un système cognitif sensitif d'un individu d'une espèce envers toutes les formes de nouveaux phénotypes.

La Koinophilie agit sur le phénotype entier. Par conséquent, toutes les caractéristiques phénotypiques (morphologiques, coloration, odeurs, pelage, comportementales...) ne passent pas inaperçues aux congénères et sont évaluées. En effet, bien que chaque individu d’une espèce se ressemble, du fait d’un haut degré intraspécifique d'uniformité phénotypique (morphologique, comportementale, vocale, olfactive), cela permet à la moindre déviation de la norme spécifique d'être remarquée par un congénère. Ce mécanisme permet alors d'améliorer et d’affiner le processus de sélection du partenaire et de fiabiliser la préférence dans le choix du partenaire, car, ce qui est commun, répandu ne peut être trompeur et faux.

Graphique de l'évolution d'un trait vers la fixation Dans une population, une mutation bénéfique va apparaître et conférer une fitness plus importante aux individus la portant. Ce trait va être sélectionné et augmenté en fréquence dans la population. Ainsi au bout d'un certain temps, tous les individus de la population auront cette mutation, le trait va donc se fixer, jusqu'à l'apparition d'une nouvelle mutation plus bénéfique.

Conséquences évolutives de la koinophilie

La spéciation

L’isolement reproductif et la spéciation

Dans une population koinophilique possédant 2 gènes indépendants et distribués selon un gradient environnemental, on observe un isolement reproductif après plusieurs générations. L’isolement reproductif correspond à un mécanisme empêchant ou limitant fortement l’hybridation de deux populations vivants dans la même région, même lorsque celles-ci sont étroitement apparentées. Ainsi, l'isolement reproductif pré-zygotique fait obstacle aux croisements avant fertilisation, de part la présence d'une barrière géographique (montagne, falaise,...) entre deux populations ou des périodes de reproduction qui diffèrent entre populations. L'isolement reproductif post-zygotique empêche quant à lui les descendants hybrides de survivre ou de se reproduire.

Cet isolement reproductif va conduire à la formation de regroupements entre individus koinophiliques présentant un phénotype similaire ou proche. La fitness des groupes les plus représentés en nombre va être supérieure à celle des petits groupes. Breinstein et ses collègues vont définir cela comme étant le coût de la rareté. En effet, les grands groupes vont encore s'agrandirent tandis que les petits groupes vont diminuer davantage. Par conséquent, au bout de plusieurs générations, seuls quelques groupes koinophiliques , distincts du point de vue de leur phénotypes, vont persister. Les autres groupes, possédant un phénotype intermédiaire vont s'éteindre, formant des lacunes phénotypiques entre les groupes restants.

Dans ce contexte, la koinophilie apparaît comme une première étape du développement des barrières à l'hybridation. Ce type de choix du partenaire peut être considéré comme un moteur de la spéciation.

La stabilité des espèces

La Koinophilie pourrait aussi expliquer la plupart des changements phénotypiques évolutifs qui sont conservés chez les animaux et le fait que ces évolutions aient été réalisées par des modifications mineures et progressives. De plus, la Koinophilie semble maintenir le phénotype dominant dans une espèce donnée, de sorte que la fréquence allélique dominante dans la population reste stable, et résiste aux changements évolutifs malgré les mutations cryptiques (les mutations qui n’affectent pas le comportement) accumulées. C’est pourquoi on peut observer de longues périodes de stagnation évolutive entre les évènements de spéciation ou apparition d'une nouvelle espèce.

La koinophilie et les mutations (reproduction asexuée/sexuée)

J.H. Koeslag[3] a tenté d’expliquer comment la reproduction sexuée s’est maintenue au cours de l’évolution. Pour cela il a utilisé un modèle avec une population initiale avec différentes proportions d'individus sexués et asexués. Il a ensuite utilisé un modèle informatique afin de déterminer, au bout de plusieurs générations, quelles étaient les proportions d'asexués et de sexués qui se maintenaient dans la population finale[3]. Durant une génération plusieurs phases s'enchaînent avant d'aboutir à la nouvelle génération[4] :

Mutation => Sélection => Rencontre entre deux partenaires (uniquement pour les individus sexué) => reproduction[4].

Dans un premier temps, il s'est focalisé sur une population constituée d' individus sexué et asexué. Après plusieurs générations, Les individus asexués envahissent rapidement la population au détriment des individus sexués. Le résultat est le même lorsque l'on fait varier le taux de mutation, lorsque l'on insert des mutations avantageuses ou lorsque l'on change la fitness moyenne des mutants. Ces résultats ne permettent pas d'expliquer pourquoi les individus sexués arrivent à se maintenir[3].

Or pour Koeslag, l’individu sexué échangeant son génome avec son partenaire doit pouvoir être sûr que ce ne soit pas à son détriment. De part cette pression de sélection, l’individu sexué doit être capable de pouvoir distinguer les traits de ses partenaires potentiels. Les traits inadaptés ont tendance à être représentés en faible proportion alors que les traits adaptés ont tendance à être représentés en forte proportion[5]; de cette manière, les individus sont sûrs de pouvoir éviter de se reproduire avec des individus ayant des traits phénotypiques rares ou inhabituels, c’est dans ce cas où intervient la koinophilie[4].

Ainsi, Koeslag a essayé de vérifier si les populations sexuées arrivaient à se maintenir grâce à la koinophilie. Il intégre la koinophilie dans son modèle comme étant une probabilité de reproduction entre un individu koinophilique et un autre individu dépendant du niveau d'attractivité et de la fitness de cet individu. L'attractivité et la fitness étant proportionnelle[3]. Il expérimente une population initiale constitué d' individu sexué koinophilique et asexué. Selon son modèle informatique et après plusieurs génération les individus asexués n'envahissent pas la population sous certaine condition. 

Par rapport aux variations du taux de mutation, une augmentation ce taux entraîne une fixation des individus koinophiliques. Plus les mutations sont délétères et plus elles sont éliminées rapidement dans une population de sexués koinophiliques. Dans le cas contraire, une diminution du taux de mutation entraîne la fixation des individus asexués, les individus sexués koinophiliques ont du mal à se maintenir[3]

Dans le modèle de Koeslag, le maintien de la population sexuée koinophilique est possible quand le taux de mutation est fort.

Selon que la mutation soit bénéfique ou pas les résultats sont différents. Quand la mutation n'est pas bénéfique, la population sexuée koinophilique est maintenue. Les mutations bénéfiques permettent de maintenir la population d'asexué au détriment de la population sexuée koinophilique[3]

Dans le modèle de Koeslag, si les mutations bénéfiques sont faible la population sexuée koinophilique est capable de se maintenir

En considérant la valeur sélective (fitness) moyenne des mutants, une augmentation de la valeur sélective moyenne des mutants permet à la population sexué koinophilique de se maintenir après plusieurs générations. Les mutants arrive donc mieux à se reproduire et les asexués ont du mal à maintenir la population. Par contre une diminution de la valeur sélective moyenne des mutants entraîne le maintien de la population asexuée, les individus koinophiliques ont du mal à subsister[3]

Dans le modèle de Koeslag, le maintien de la population sexuée koinophilique est possible quand la valeur sélective (fitness) moyenne des mutants est forte.

Le taux de mutation par paire de base est plus élevé chez les asexués que chez les sexués sauf dans des cas particuliers[6] [7]. Par conséquent, les individus sexués koinophiliques ont une puissante capacité de rejet d'erreur génétique qui leur confère un avantage face aux individus asexués et leur permet de se maintenir dans la population. La koinophilie est donc capable de stabiliser les populations sexuées face à celles asexuées, malgré le coût de production élevé pour les individus sexués[4]

L’avantage de la koinophilie réside clairement dans sa capacité à résister à l’accumulation de mutations légèrement désavantageuses dans sa descendance. Elle permet la formation de groupe avec un Morphe qui lui est propre et qui résiste à l’hybridation avec d’autres groupes en créant des lacunes morphologiques entre les populations[3].

D'après J.H. Koeslag, l'individu sexué doit se reproduire uniquement avec un partenaire sexuel qui maximise sa fitness. De part cette pression de sélection, l'individu sexué koinophilique doit être capable de pouvoir distinguer les traits avantageux de ses partenaires sexuels.[5]

Cependant, lorsque le choix du partenaire est limité par la faible Densité_de_population dans les environnements arides, l'efficacité de la koinophilie comme dispositif de rejet d’erreur génétique peut être gravement compromise.Il en est de même dans une population sexuée ayant un avantage d’hétérozygote, le choix du partenaire serait alors sélectivement neutre [5]. L’idée que « un bon partenaire est celui qui présente les meilleurs traits rare » intervient au détriment de la koinophilie. Deux issues sont alors possible, soit polymorphisme ne doit pas être pris en compte soit d’éventuels indicateurs indirects de fitness font leurs apparitions, comme un ornement sexuel maladroit ou des biais sensoriels[8].

Implication de la koinophilie dans la coopération.

L’une des conséquences de la koinophilie est de promouvoir l’accumulation d’avantages sélectifs au niveau du groupe et qui ne sont pas forcément bénéfiques pour l’individu (Koeslag, 1994). La koinophilie pousse donc à la coopération.

L’accumulation d’un trop grand nombre de mutations a tendance à faire baisser la fitness des individus et donc de leurs descendances éventuelles. Ces mutations peuvent être observables à l’échelle du phénotype de l’individu et lui être désavantageuses lors du choix du partenaire nécessaire dans la reproduction sexuée s'il y a koinophilie dans la population. L’individu présentant des caractéristiques rares sera moins choisi qu’un individu présentant des caractères communs au niveau local.Les études de Lande (1981) et Kirkpatrick (1982) ont montré que la koinophilie ne s’appliquait pas seulement à des critères phénotypiques mais qu’elle concernait aussi les comportements et surtout les interactions sociales des individus au sein de la population. Ils ont montré que la koinophilie stabilise les dynamiques de la population en favorisant tout ce qui conduit à l’élaboration d’une stratégie commune. Si la koinophilie est négligée lors d’une étude de dynamique populationnelle, aucune stratégie évolutivement stable n’est trouvée. La stratégie individuelle laisse place à une stratégie de groupe. Le groupe est dit d ‘«accumulateurs d’adaptations ». La coopération est nécessaire entre les individus afin de maximiser la fitness du groupe. Elle est très adaptative à l’échelle du groupe (haute fréquence allélique) mais ne l’est pas à l’échelle de l’individu, c’est-à-dire qu’elle n’influence pas la fitness individuelle. Mais on atteint l’ESS grâce à elle. Il n’existe pas une seule ESS, mais la meilleure ESS pour un groupe donné proliférera au détriment d’une autre. Par contre, si un individu migre vers un groupe ayant une ESS différente de celle de son groupe d’origine, il perdra ses avantages, puisqu’elle ne s’applique pas à l’individu mais au groupe (sélection de groupe). L’ESS est héritée de génération en génération par le groupe et non l’individu.Les groupes coopératifs sont isolés sexuellement des autres groupes et exploitent de façon plus efficace leur environnement que les individus égoïstes puisque la sélection du partenaire s’est faite sur des critères phénotypiquement et comportementalement avantageux. Un individu dit d’égoïste aura des difficultés à trouver un partenaire au sein d’une population pratiquant la koinophilie. Les groupes koinophiles finiront par remplacer complètement les groupes d’égoïstes. Le sexe mène à l’évolution de la coopération.Les observations permettent de dis

cuter un peu cela notamment concernant la résistance de la préférence des femelles qui permet le maintien du mâle dans la population même si ce mâle est désavantageux pour le transporteur. La koinophilie stabilise les phénotypes comportementaux et les préférences des femelles, ce qui est comparable au modèle de Lande et Kirkpatrick sur la stabilisation des ornements chez les mâles.La coopération dans un groupe se ferait en plusieurs étapes, en commençant pas un caractère bien spécifique, exemple : la recherche de nourriture. Cette caractéristique avantageuse évolue et engendre une coopération entre les individus puis s’étend ensuite à d’autres caractères tel que le cri d’alarme ou autre, c’est ainsi qu’un groupe devient coopératif, par étapes. Cela soulève les capacités d’imitation et d’apprentissage chez les animaux avec une forte plasticité comportementale. Il est difficile de séparer la koinophilie de la coopération. Puisque sans coopération, la koinophilie serait vite éliminée par transfuge et que sans koinophilie, la coopération disparaîtrait au bout de seulement six générations. La koinophilie est définie comme une « force évolutive agressive » de la coopération.

La koinophilie demande de grandes capacités mentales de traitement de l’information ainsi que de mémoire car il est nécessaire d’analyser à la fois les comportements du groupe dans différentes circonstances mais aussi le comportement du partenaire potentiel. Il y a toute une étude sur les mécanismes physiologiques mémoire-sensoriels en cours de réalisation.

Notes et références

  1. a et b KOESLAG, J. H. Koinophilia replaces random mating in populations subject to mutations with randomly varying fitnesses. Journal of theoretical biology, 1994, vol. 171, no 3, p. 341-345.
  2. KOESLAG, Johan H. et KOESLAG, Peter D. Koinophilia. Journal of theoretical biology, 1994, vol. 167, no 1, p. 55-65.
  3. a b c d e f g et h KOESLAG, J. H. et KOESLAG, P. D. Evolutionarily stable meiotic sex. Journal of Heredity, 1993, vol. 84, no 5, p. 396-399.
  4. a b c et d KOESLAG, Peter D. et KOESLAG, Johan H. Koinophilia stabilizes bi-gender sexual reproduction against asex in an unchanging environment. Journal of theoretical biology, 1994, vol. 166, no 3, p. 251-260.
  5. a b et c KOESLAG, Johan H. Koinophilia groups sexual creatures into species, promotes stasis, and stabilizes social behaviour. Journal of theoretical biology, 1990, vol. 144, no 1, p. 15-35.
  6. Sniegowski Paul D., Philip J. Gerrish, Toby Johnson, and Aaron Shaver, «  », BioEssays 22.12,‎ 
  7. DRAKE, John W., CHARLESWORTH, Brian, CHARLESWORTH, Deborah, et al. Rates of spontaneous mutation. Genetics, 1998, vol. 148, no 4, p. 1667-1686.
  8. ANDERSSON, Malte et SIMMONS, Leigh W. Sexual selection and mate choice. Trends in Ecology & Evolution, 2006, vol. 21, no 6, p. 296-302.

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