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Utilisateur:ScottyNolan/L'exil de Mawza

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Juifs yéménites de Sanaa, 1907

L'Exil du Mawza (l'expulsion des juifs yéménites au Mawza) en hébreu: גלות המוזע, de 1679–1680, est considéré comme l'un des événements les plus tragiques vécu par les juifs du Yemen. Les juifs vivant dans presque toutes les villes du Yemen furent bannis par un décret du roi, l'Imam al-Mahdi Ahmed, et envoyés dans une région aride et hostile appelée Mawza, où ils durent faire face à des conditions particulièrement dures auxquelles une grande partie d'entre eux ne survécut pas. Seules quelques communautés, celles des région les plus orientales du Yemen (Nihm, al-Jawf, and l'est Khawlan[1]) échappèrent à ce sort grace à leurs protecteurs arabes qui refusèrent d'obéir aux ordres du roi.[2] De nombreux juifs moururent en route ou à cause des conditions de chaleur et de sécheresse extrêmes de leur environnement. Après un an d'exil, les survivants furent autorisés à rentrer et reprendre leurs anciennes activités auprès de la population arabe locale, qui avait commencé à manquer de certains biens et services en raison de l'exil des juifs qui les fournissaient.[3]

Contexte[modifier | modifier le code]

L'arrivée au pouvoir de l'Imam quassimide al-Mutawakkil Isma'il (1644-1676) représente un tournant crucial dans les conditions de vie des Juifs de l'imamat du Yemen. Il adopta les politiques les plus hostiles vis à vis de ses sujets juifs, en les accusant notamment d'aider les Turcs ottomans durant la révolte locale contre eux.[4] La montée du mouvement sabbatéen au Yemen en 1666 exacerba les problèmes auxquels devait faire face la communauté, remettant en question leur statut de protégés par l'Etat. La situation se dégrada progressivement.[5] Dans un premier temps, le roi exigea la conversion des juifs à l'islam, et, quand ceux ci refusèrent, il les força à rester debout sous le soleil sans vêtements pendant trois jours. On raconte que al Mutawakkil Ismail consulta les sages de l'islam pour déterminer si les lois concernant les juifs en Arabie étaient aussi valables pour le Yemen, citant Mahomet qui est dit avoir déclaré "Il n'y aura pas deux religions en Arabie". Quand il fut décidé que ces lois s'appliquaient bien au Yemen, puisque le pays était une partie indivisible de la péninsule arabique, il fut ordonné aux juifs vivant au Yemen de se convertir ou de quitter le pays. Cependant, comme le roi tomba malade et dut être alité, il ne put pas mettre en oeuvre son projet d'expulsion des juifs de son royaume, mais il ordonna à son dauphin, al-Mahdi Ahmad, de le faire.[6][7]

Al-Mahdi Ahmad de al-Ghiras, qui est aussi connu sous le nom Ṣafī al-Din  (pureté de la religion), succéda à al-Mutawakkil Ismail mais continua les mêmes politiques hostiles à ses sujets juifs que son prédécesseur. Leur apogée fut atteint entre 1677 et 1680, lorsqu'il ordonna la destruction des synagogues de Sanaa et d'autres villes du pays.[8] Au début de l'été 1679, il transmis un ultimatum à ses sujets juifs : ils avaient le choix entre se convertir à l'islam, et être ainsi autorisés à rester dans le pays, ou être exécutés à l'épée. Il leur donna trois mois pour décider ce qu'ils voulaient faire. [9]

Les paroles du roi furent reçues avec consternation par ses sujets juifs du Yemen, qui déclarèrent immédiatement une période de jeûne public et de prière. Les chefs de tribus locales du Yemen eurent bientôt vent de la misère des juifs et ils eurent pitié de leur situation et intervinrent en leur faveur. Ils plaidèrent devant le roi et répétèrent que les juifs avaient été fidèles à leur roi et n'avaient pas offensé les peuples arabes, ni rien fait qui méritait la mort, mais devaient être juste légèrement punis pour leur "entêtement" en ce qui concernait la religion musulmane. Le roi, sensible à leur argument, choisit de ne pas tuer ses sujets juifs, mais décida de les bannir de son royaume. Ils devaient être envoyés à Zeila, un lieu sur le bord de la côte africaine de la mer rouge, où ils seraient confinés à vie, sauf s'ils se repentaient et acceptaient les enseignements de l'islam. [10]

Sanaa[modifier | modifier le code]

La communauté juive de Sanaa était concentrée dans le quartier de al-Sailah, au sein de la ville fortifiée, près de la Bab al-Shaub (porte al Shaub), dans la partie nord de Sanaa. Le rabbin de la communauté était un ancien qui portait le titre de prince (Hanasi), Rabbi Suleiman al-Naqqash,[11] tandis que le principal lieu d'études était sous la tutelle du rabbin et juge Shlomo ben Saadia al-Manzeli (resh methivta).[12] Les juifs apprirent au dernier moment ce qui allait leur arriver.[13] On leur conseilla de vendre leur maison, leurs champs et leurs vignes, tout ce qu'ils ne seraient pas capables de vendre étant automatiquement confisqué et ajouté au trésor public (Ar. al-māl) sans compensation.[14]

A la fin de 1679, lorsque le roi vit que les juifs restaient fidèles à la foi de leurs pères, il décida de mettre en oeuvre ce qu'il avait décidé et publia un décret bannissant tous les juifs de son royaume et les expulsant à Zeila. Le second jour du mois lunaire Rajab de l'année 1090 de l'Hégire (ce qui correspond au 10 août 1679 dans le calendrier grégorien), son décret entra en vigueur, et il ordonna aux juifs de Sanaa de quitter leurs maisons, mais donna plus de liberté aux gouverneurs des provinces du Yemen dans l'expulsion des autres juifs du pays vers Zeila, qu'ils devaient accomplir durant une période n'excédant pas douze mois. Les juifs de Sanaa avaient, entre temps, commencé leur route, laissant derrière eux leurs maisons et biens, au lieu de se convertir. En agissant ainsi, selon le judaïsme, ils sanctifiaient le nom de Dieu.[15]

Rabbi Suleiman al-Naqqāsh, par sagesse et souci pour sa communauté, avait pris ses dispositions pour la sécurité de ses coreligionnaires, en envoyant des missives aux communautés juives situées sur le chemin et demandant qu'elles fournissent nourriture et aide à leurs frères malheureux quand ils passeraient près d 'eux quelques jours ou semaines plus tard. Les soldats du roi furent envoyés pour escorter les exilés jusqu'à leur destination finale, alors que le roi lui-même avait envoyé des ordres aux gouverneurs des provinces environnantes et des endroits dans lequels on savait que les exilés juifs devaient passer, leur ordonnant de ne pas permettre à ces derniers de rester dans les villes qu'ils atteindraient , mais de les forcer à continuer leur route.[16]

Fichier:Jewish Mother and Daughter, December 1, 1949.jpg
Mère juive et sa fille au Yemen, 1949

Tournure inattendue des événements[modifier | modifier le code]

Pendant ce temps, alors que des colonnes d'hommes, de femmes et d'enfants marchaient vers le sud, n'emportant que le strict nécessaire, le long de la route entre Sanaa et Dhamar, Yarim, ’Ibb et Ta‘izz, les chefs des tribus sabéennes locales, qui étaient les protecteurs des juifs, se réunissèrent une nouvelle fois et présentèrent une pétition au roi, cette fois pour demander que le roi annule son ordre d'expulser tous les juifs vers la ville isolée de Zeila sur la mer rouge, et se contente de les exiler vers la ville cotière de Mawza, dans la Tihama. La raison invoquée pour cette requête était que, prenant en compte leur détresse dans un désert hostile, les juifs qui survivraient seraient ainsi plus tentés de se repentir et de se tourner vers l'islam, et il serait ensuite plus facile de les rapatrier dans leurs anciennes habitations. Les chefs de tribus rappelèrent qu'ils lui avaient été fidèles et avaient executé ses ordres. Le roi se laissa convaincre et envoya des messagers avec l'ordre de ne conduire les juifs qu'au Mawza.[17]

Fichier:Yemenite Elder Blowing Shofat, February 1, 1949.jpg
Juif yemenite souffle le shofar, 1947

Au moment où les juifs de Sanaa atteignirent Dhamar, les juifs des villages de Sian et Tanam, situés dans la région de Sanaa, s'étaient déjà joints à eux.[18]  Les juifs avaient envoyé quinze lettres pour le roi à al-Ghiras, lui demandant de leur pardonner toute offense qu'ils auraient pu commettre, et leur permettre de rester dans leurs anciennes habitations, mais il ne répondit à aucun de ces lettres.[19]

L'évacuation des Juifs de Dhurān[modifier | modifier le code]

Au début du mois de septembre 1679, environ un mois après le départ des juifs de Sanaa pour Mawza, les juifs de Dhuran, un village situé à environ trois jours de marche au sud ouest de Sanaa, furent aussi expulsé de leur village. Dans une lettre écrit en 1684, quelque quatre ans après le retour de la communauté, à la communauté de Hebron, son auteur décrit les souffrances des juifs qui furent obligés de quitter leur maison de d'aller au Mawza..[20] Une des révélations les plus importantes qui émergent du récit de ces événements est que les juifs du Yemen avaient essayé de calmer la colère du roi en lui offrant de grosses sommes d'argent, mais le roi avait refusé:

« ….En raison de nos nombreuses iniquités,[21] Dieu incita l'esprit du roi qui siège dans ce pays God à nous bannir; nous, nos femmes et nos enfants, vers un désert aride, un lieu de serpents et scorpions et de feu brulant; son ire [nous] poursuit, au point que réalisa en nous [l'Ecriture qui dit] : "Et je les mènerai dans le pays de leurs ennemis"(Lev. 26:41). Il a détruit nos synagogues et a assombri la lumière de nos yeux. "Partez ! [Vous êtes] souillés !" nous crient-ils, alors que les maîtres de corvée disent en se hâtant : "Partez d'ici; purifiez-vous" (Isa. 52:11), et ne regrettez rien de vos choses de valeur, pour que le roi ne soit grandement en colère contre vous, et ne vous tue, vous et vos enfants, hommes vieux et hommes jeunes. Maintenant, si vous abandonnez le Dieu en qui vous avez placé votre confiance, et rejoignez notre religion, cela sera bon pour vous, puisqu'Il n'est plus avec vous, et vous a au contraire déjà abandonnés entre nos mains, et nous pouvons vous traiter comme il nous plait." Maintenant il n'est âme qui nous aide, que ce soient les conseillers ou les ministres, car lorsqu'ils virent que nous étions prêts à donner nos âmes en martyrs pour la grandeur de Son nom, et que nous restions fidèles à Son verbe et sa parole, ils conspirèrent contre nous afin d'éradiquer notre nom avec une colère violente. Ils dirent "Cette nation méprisée et misérable, ils ont rejeté notre religion, alors qui largesse ni cadeau les auraient fait nous rejoindre". Ils s'unirent contre nous, eux et leurs rois, leurs serviteurs et leurs servantes, au point que mêmes des petits enfants crachèrent sur le plus grand d'entre nous. A présent, Dieu a caché sa face loin de nous 'alors que nous nous sommes tous fanés comme une feuille'(Isa. 64:5). We went with shame and with reproach, in hunger and in thirst, and in nakedness and in deprivation of all things, unto that place which the king had decreed over us, for he had no wish for money, but rather in seeing our destruction. » L'auteur explique plus loin que lorsqu'ils atteignirent leur destination, les juifs pleurèrent amèrement, car nombre d'entre eux avaient péri, autant que lors d'une épidémie, et ils étaient incapables de les enterrer à cause de la chaleur insoutenable. Lorsqu'environ soixante dix hommes avaient essayé de s'enfuir la nuit, ils furent frappés le lendemain, au lever du soleil, par la chaleur intense et moururent sur place. L'auteur conclut en disant "Ce décret d'exil fut pris au début de l'année 5440 anno mundi, (=1679 après JC), et l'Eternel, béni soit-Il, nous pardonna à la fin [de cette année]".[22]

Mawzaʻ[modifier | modifier le code]

Mawza est une ville situé à onze jours de marche de Sanaa, et environ 20 kilomètres du port de Mocha, sur la plaîne côtière de Tihama. Durant leur longue marche vers cette ville, les Juifs subirent les attaques des soldats du roi. Nombreux parmi les malades et les plus agés moururent en chemin. D'autres succombèrent aux conditions climatiques hostile. Tous souffrirent de la faim et de la soif. Finalement, la communauté de Sanaa fut rejointe par d'autres communautés juives issues de tous les coins du Yemen. Elles restèrent à Mawza pendant une année entière, jusqu'à ce que les sujets non juifs du roi commencèrent à se plaindre d'un manque d'outils agricoles, qui étaient auparavant fabriqués exclusivement par des artisans juifs.[23] Le gouverneur d'Amran se rendit personnellement auprès du roi avec une pétition pour ramener ses sujets juifs dans la province. Le roi accepta et envoya des émissaires chargés de nourriture et d'eau pour rappeler les juifs à leurs anciennes villes.[24] Dans certains cas, ces derniers découvrirent que leur maison avait été saisie par des voisins. D'autres décidèrent de déménager et de s'installer ailleurs au Yemen.[25]

Le rabbin Hayyim Habshush, se remémorant cette période, écrit : "Pendant une période d'un an après que ce décret fut pris, ils partirent comme des moutons vers l'abattoir de toutes les provinces du Yemen, alors que personne n'échappa à l'exil dans toutes ces provinces, exceptées la province de Nihm vers l'est, celle d'al-Jawf, de même que le district oriental de Khawlan"[26]

Destin de la Vieille Synagogue[modifier | modifier le code]

L'une des conséquence de l'édit royal fut le passage des propriétés juives au main des musulmans. Un bain public juif de Sanaafut exproprié et transmis au Waqf musulman. De la même manière la grande synagogue à l'intérieur de l'enceinte de Sanaa, connue sous le nom de Kenisat al-‘Ulamā (La Synagogue des Sages) fut transformée en mosquée et appelée Masjid al-Jalā – la Mosquée de l'Expulsion ou "des bannis" Sur une frise (Ar. ṭiraz) de la Masjid al-Jalā furent inscrites ces paroles invectives en plâtre de gypse (Ar. al-juṣ):

“Notre roi al-Mahdi est le soleil de la direction [religieuse]/ même pour Ahmad, son fils qui s'eleva au pouvoir, al Qasim. A lui ont été accordées des dignités telles qu'elles ne furent pas accordées [à d'autres]/ précédemment, même en partie. S'il n'avait rien fait hormis le bannissement/ des juifs de Sanaa qui sont la lie du monde, et transformé leur vénérable lieu(Ar. bi‘ah = synagogue) en une mosquée, / pour se prosterner devant Dieu ou se redresser, par ce décret uniquement, il aurait encore été le plus triomphant. De plus, la date de cet événement s'avera correspondre avec la date dont on parle dans le mot ghānim [victorieux]”; [les lettres du mot Ghānim = (en arabe : غانم), ont comme valeur numérique totale 1091 qui est le numéro de l'année de l'hégire correspondant à1680 de notre ère].[27]

Le rabbin Amram Qorah fait une brève histoire de la mosquée en question, tirée d'un livre écrit dans un premier temps en arabe et appelé Une liste des Mosquées de Sanaa[28] On y trouve une description saisissante des événements de cette année :

"Parmi les mosquées construites à proximité de al Sailah, au nord du chemin qui mène de al Sailah à al Quzali, se tient une mosquée [du nom] de Ben al-Hussein, construite à partir de la synagogue du quartier juif par l'Imam de la dynastie Qasimid, fils de Mohammed (i.e. al-Mahdi Ahmed b. al-Ḥasan b. al-Qasim b. Mohammed), en l'an 1091 de l'hégire [1679] qui les expulsa de Sanaa et les envoya dans un lieu qui leur correspondait, qu'on appelle de nos jours Qāʻ al-Yahud, à l'ouest de Sanaa, comme cela lui avait été intimé par le juge  Muhammad b. Ibrahim al-Suḥuli, etc.” Rabbi Amram continue ensuite par une citation des mots inscrits sur la frise la mosquée (cf plus haut) et qui auraient visiblement été rédigées par le juge en question pour louer le roi.[29]

Le rabbin Amram Qorah, dans le même livre, reprend le récit des événements par le rabbin Pinheas ben Gad Hacohen, dont il a trouvé le témoignage écrit sur la première page d'un livre de prière de 1710:[30]

“Je dois maintenant vous informer, mes frères, de ce qui nous arriva à cette époque, depuis le début de l'an 1990 de l'ère Séleucide [1678 AD] et en 1991 [1679 AD], comme le roi émit un décret et détruit toutes les synagogues de toutes les villes du Yemen, et qu'il y eut des livres et des écrits sacrés violés aux mains des non-juifs, en raison de nos grandes iniquités, au point que nous ne pouvions plus faire nos prières [publiques], en dehors que de très rares [personnes] qui le faisaient secrètement à l'intérieur de leurs demeures. Plus tard, le roi fit un décret contre les juifs afin de les expulser vers la région sauvage de Mawza, alors qu'ils démolirent aussi leurs maisons. Cependant, certains réussirent à vendre leur maison; ce qui valait mille pièces d'or, ils le vendaient pour cent, ce qui valait cent pièces d'or, ils le vendaient pour dix. Ainsi, avec ces événements, nous étions un reproche parmi les nations, qui cherchaient continuellement des moyens par lesquels ils pourraient nous conduire à changer [de religion], à Dieu ne plaise ! Ainsi, tous les exilés du Yemen se levèrent et mirent de côté leurs possessions les plus précieuses et les plus chéries, champs et vignobles inclus, comme moyen de sanctifier le nom de Dieu, béni soit-Il, et se livrèrent pour être des martyrs du nom de Dieu, béni soit-Il. Et si l'un d'entre eux avait besoin d'aller sur la place du marché, il ne pouvait éviter être l'objet de la haine et du mépris, alors qu'il y avait même certains qui l'attaquaient ou l'insultaient. Ainsi se réalisait en cela, à notre génération, la parole divine qui dit Qui relevera Jacob car il est trop petit  (Amos 7: 2, 5) pour porter en lui toutes les afflictions. De même se réalisait en nous, à cause de nos iniquités, la parole qui dit  je leur mettrai la défaillance au cœur (Lev. 26:36). Cependant, le Nom divin, béni soit-Il, nous donne la force de supporter ces difficultés et de surmonter chaque jour.”

Conséquences[modifier | modifier le code]

Enfants juifs dans le quartier juif de Sanaa, 1901

Réinstallation des juifs au Yemen[modifier | modifier le code]

La majorité des juifs qui survécurent et revinrent à Sana'a ou dans d'autres villes ou villages était malade à cause de l'exposition à des climats changeants ou à cause de la mauvaise qualité de l'eau qu'ils avaient bue. A Sana'a ils furent obligés de renoncer à leurs droits de propriété sur leurs maisons et leurs champs à l'intérieur des murs de la ville, dans le quartier de al-Sa'ilah, et on leur ordonna de construire de simples résidences dans une nouvelle zone hors les murs, à un endroit connu sous le nom de "champ aux hyènes" (Ar. Qāʻ al-simaʻ), ou dans ce qui sera appelé plus tard Qāʻ al-Yahud (le quartier juif).[31] Cet endroit attira d'autres réfugiés juifs qui avaient été expulsés d'autres villes ou villages et grandit au point de devenir un faubourg important, situé à environ un kilomètre de l'enceinte ouest de la ville. Cet endroit est aujourd'hui connu sous le nom deQāʻ al-ʻUlufi (Ar. قاع العلفي).[32] Les terres sur lesquelles fut construit le nouveau quartier juif étaient fournies par le roi, mais on exigea plus tard des juifs qu'ils paient un loyer mensuel pour le sol. L'argent ainsi perçu était ajouté au Waqf musulman pour l'entretien de leurs propres lieux de culte. Entre le nouveau quartier juif et l'enceinte de la ville s'étendait un autre faubourg aux nombreux jardins appelé Bi’r alʻAzab (le puits au célibataire), et qui avait été auparavant le quartier turc.[33] Au cours des années suivantes, le quartier juif fut aussi entouré d'un mur.[34]

A cette époque, le pouvoir musulman local adopta un nouveau décret qui interdisait aux juifs de résider au sein des quartiers musulmans, afin de ne pas "souiller leurs habitations", bien qu'ils pussent toujours travailler librement dans la ville.[35] Ceux qui devaient se rendre à l'intérieur de la ville depuis le quartier juif et revenir le faisaient à pied, alors que les vieux ou les malades utilisaient des bêtes de somme qui les portaient, puisque le quartier juif était éloigné d'environ un kilomètre de l'enceinte de la ville. L'utilisation d'ânes pour le transport suscita la jalousie des habitants locaux musulmans, qui se rendirent auprès du roi et firent pression pour qu'il interdise aux juifs de monter des ânes, affirmant que ce mode de transport était trop extravagant pour eux et conduirait à leur domination sur les locaux et à une révolte générale. Le roi adopta ensuite une série de lois discriminatoires (Ar. ghiyār) dont l'objectif était d'humilier les juifs et qui leur interdisaient non seulement de monter à dos d'âne ou de cheval, mais aussi de marcher à droite d'un musulman ou le dépasser par la droite. Les juifs ne devaient se mettre que du côté gauche de tous les musulmans. La population obtint aussi du roi que les juifs soient interdits par un édit d'élever la voix contre un musulman, et obligés de se comporter dans un esprit de soumission et de contrition, les contrevenants s'exposant à la flagellation.[36] 

L'exil du Mawza suscita aussi de nombreux changements démographiques qui se firent sentir partout au Yemen. A Sanaa, afin de distinguer les premiers habitants des réfugiés juifs arrivés plus tardivement, on donnait aux nouveaux venus un nom qui rappelait l'endroit d'où ils avaient été expulsés. Par exemple, un homme venant de la province de Shar'ab était appelé al-Sharʻabi, et celui qui venait de Mawsar était appelé al-Maswari.[37] De la plume d'un chroniqueur juif qui écrit le Dofi Hazeman (Vicissitudes du temps), un des premiers récit juifs de l'expulsion, (originairement compilé par Yaḥyā ben Judah Ṣa‘di en1725) [38] et dont l'ouvrage a ensuite été régulièrement cité par d'autres chroniqueurs, on peut lire: [39]

« Il [le roi] ordonna ensuite que l'on autorisât les juifs à retourner dans le pays et de se bâtir des tentes, quoique à l'écart des maisons des musulmans afin de ne point les souiller. Ceux qui avaient été bannis vinrent ensuite de Tihama [plaine côtière], de retour du Mawza; un homme d'une ville, et deux d'une famille, car la majorité d'entre eux avait été consumée par la terre de Tihama, qui dispense de la vie. Non seulement personne n'avait survécu, hormis dix personnes pour chaque centaine [qui avait été exilée], mais la majorité [des survivants] ne retourna pas s'installer dans leur ancien lieu de résidence, mais furent dispersés dans toutes les provinces du pays. Il en fut ainsi, à l'exception de la famille des Lévis, dont la majorité revint s'installer dans leur ancienne résidence. Leur domaine partait de la ville de ash-Sharafah, à l'est du Wadi al-Sirr, s'étirant jusqu'à la ville d'al-Arus, qui se situe dans la région de Kawbakan, à une distance d'un jour et demi de marche, aussi étendu que la ville de Sanaa qui s'étend jusqu'aux marches de la terre de Arhab, qui est elle-même à un jour et demi de marche. Ils [les Lévis] descendent de Sasson le Lévi, leur ancêtre, sachant qu'il y avait une loi parmi les premiers juifs du Yemen selon laquelle chaque famille devait demeurer en des lieux séparés, la famille des prêtres (Cohen) seuls, avec leurs propres cimetières, la famille des Lévis et les fils d'Israël demeurant chacun seul, dans leurs villes et avec leurs propres cimetières. Jusqu'à ce jour, ces Lévis demeuraient séparés du reste du peuple dans les dites provinces, bien que quelques fils d'Israël arrivassent dernièrement pour demeurer en leur sein. En chaque endroit, les non juifs leur ont donné une parcelle de terrain, contre loyer, pour qu'ils puissent construire des abris où vivre à l'écart, considérant que leurs ennemis avaient déjà saisi leur propre villes et habitations, et vignobles et champs. Ainsi, ils étaient heureux de vivre avec eux et de trouver occupation dans différents domaines, selon leurs talents, afin de subvenir à leurs besoins : Il y avait entre autres, ceux qui badigeonnaient avec laterre, ceux qui cassaient le calcaire, ceux qui étaient potiers, certains étaient menuisiers et d'autres orfèvres, alors que d'autres encore étaient forgerons et certains marchands. Il y avait aussi des courriers, certains étaient tisserands et d'autres tailleurs, certains étaient savants en remèdes, d'autres étaient guerriseurs, d'autres ciselaient la pierre et certains étaient porteurs. Ils n'étaient pas en position alors de se repaître dans l'oisiveté. »

L'explorateur danois Carsten Niebuhr, qui visita le quartier juif de Sanaa en 1763, quelques quatre-vingt- trois ans après le retour de la communauté dans cette ville, estimait sa population à seulement deux milles personnes. [40] Ces derniers avaient construit, jusqu'en 1761, quatorze synagogues au sein du nouveau quartier juif. En 1902, avant que la famine de 1905 ne décimât plus de la moitié de la population juive de la ville, l'explorateur allemand Hermann Burchardt estimait que vivaient entre six et huit mille juifs à Sanaa.[41] En 1934, quand Carl Rathjens visita la ville, sa population juive était d'environ sept mille âmes.[42]

Décrets religieux à la suite de l'Exil (1680–1690)[modifier | modifier le code]

À leur retour à Sanaa, les grands Rabbins, dirigé par R. Shelomo Manzeli et Yiḥya Halevi (appelé al sheikh), se sont réunis dans la synagogue Alsheikh qui venait d'être construite et ont décidé de mettre en place une série de textes destinés à l'amélioration de la condition spirituelle de la communauté, et dont ils espéraient qu'ils éviteraient la répétition future de  décrets sévères comme l'exil à l'encontre de la communauté juive.[43] Ces textes ont été transcrits dans un document intitulé Iggereth Ha-Besoroth (Lettre de Nouvelles), et dont on pense qu'il a été diffusé au sein de la communauté. Seuls des extraits de la lettre ont survécu.[44] Les textes de loi appelaient à un respect plus strict de certaines lois, qui, jusque-là, avait été observées avec indulgence. Bien que ces textes aient été pensés comme devant s'appliquer à la communauté toute entière, seule une partie d'entre-eux a été réellement appliquée puisqu'ils étaient parfois considérés comme s'éloignant trop de la tradition.[45]

Récit historiques[modifier | modifier le code]

Two Jewish Elders from Sana'a, 1904

Le rabbin Yihyah Salah (qui est connu sous l'acronyme de Maharitz) fait un récit captivant des événements vécus par les juifs de Sanaa durant les années précédant leur expulsion et durant cette expulsion même, en se fondant sur un document manuscrit, conservé et copié par les générations suivantes. Certains analystes voient dans ce cas un exemple microscopique des souffrances endurées par les juifs en général dans chacune des villes du Yemen. Il y fait le récit suivant[46]:

"...En l'an mille neuf cent quatre-vingt-six [de l'ère Séleucide, correspondant à l'année 1675 de notre ère], le roi appelé Ismail mourut et il y eut une famine et nombreux furent les morts. Ensuite, Ahmed, fils d'Hasan, regna à sa place, et pris le nom d'al Hasni. Il bouta les Turcs hors du pays et gouverna grâce à la force des armes. Il fut un homme aux nombreux exploits, avança vers le nord et captura ces provinces, il alla jusqu'à al-Yafa [au sud] et la captura. Et en l'an mille neuf cent quatre-vingt-sept [de l'ère Séleucide, 1676 AD], puis il détruisit les synagogues des juifs. Ensuite, en l'an mille neuf cent quatre-vingt-huit [1677 AD], il y eut une famine et en l'an mille neuf cent quatre-vingt-neuf [1678 AD], il expulsa Israël dans le désert de Mawza[47] , qui est un endroit atroce et qui est connu pour sa chaleur insoutenable et son air mauvais. Aucun homme ne pouvait se tenir sur ses pieds en raison de leur épuisement et des ampoules marquant leurs pieds.

En ce temps, durant la même année, alors qu'il quittèrent Sanaa pour se rendre à Mawza, il y avait un Gentil en qui ils mirent leur confiance pour garder plusieurs livres de la Loi et plusieurs livres du Talmud, de commentaires de la Bible et de littérature Midrachique, ainsi que plusieurs livres reliés en cuir qui avaient été rédigés de la propre main d'anciens sages et qu'ils n'étaient pas capable d'emporter avec eux en raison de la charge qu'ils représentaient et parce qu'ils avaient été chassés de façon soudaine, eux, leurs femmes et leurs enfants. Ces livres remplissaient presque totalement une grande pièce. Ils étaient d'avis qu'ils pourraient apaiser le courroux du roi et qu'ils reviendraient pour prendre leur livres. Or il advint, alors qu'ils étaient loins, que cet homme fourbe apparut sous son vrai visage et les brûla tous. En cette heure précise, Israël était appauvri en tout, que ce fût en raison de leur manque de livres, ou du fait que leurs propres analyses critiques ou commentaires aient été brûlés. Il ne resta rien en dehors de quelques rares objets issus du peu qu'ils avaient, de rouleaux de la Loi et des Gemaras, et les autres livres qui avaient été emportés par les maîtres du peuple eux-mêmes pour leurs propres besoins d'étude et de lecture à partir des livres de la Loi. 

En ce temps là, alors qu'ils s'aventuraient sur les routes de l'exil, plusieurs hommes sages et pieux périrent en chemin et  plusieurs familles disparurent totalement de la surface de la terre. On nous raconta qu'environ quatre-vingts âmes moururent en une courte période de temps durant un seul trajet dans le désert, près du village de Mawza, en raison des iniquités. Le Shabbat suivant, lorsqu'ils atteignirent le village de Mawza, il s'avéra qu'il fallait lire l'extrait de la Bible connu sous le nom de Beḥuḳḳothai (Lev. 26:3 et suivants.)[48] et là se tint le plus grand des hommes parmi eux afin de lire les Admonitions. Et quand ils arrivèrent au verset qui dit : en les déportant au pays de leurs ennemis à moins qu'alors leur cœur obtus ne s'humilie, et alors ils expieront leur iniquité (Lev. 26:41), et quand il eut fini de lire, il commença à commenter [cette portion de la Loi] et l'esprit de Dieu l'inspira, et il dit que le décret actuel avait été donné depuis le début et les temps anciens, et est mentionné de manière intelligente et est préservé en acrostiche à la fin de chacun [des] mots [du verset], ’oyyaveihemo ’az yikana = אויביהם או אז יכנע (Lev. 26:41), [dont les dernières lettres de chaque mot forment] Mawzaʻ! A la fin de l'année, Dieu, béni soit-Il, prit pitié d'eux et le roi fut apaisé et accepta de faire revenir les juifs. Seulement, il ne leur permit pas de rentrer dans leur anciennes maisons, mais plutôt de se construire de nouvelles maisons en dehors de la ville. Et il en fut ainsi.
Trois garçons juifs dans le quartier juif de Sanaa circa 1938

Témoignages conservés dans la poésie[modifier | modifier le code]

Un autre témoin de ces événements, Shalem Ashri, écrivit une supplique à leur sujet, appelée l'Exile du Mawza', qui est maintenant conservée dans le Diwan yéménite[49] . Ce poème a été écrit pour être chanté comme un lent hymne funèbre par une, ou deux personnes maximum, auxquelles répondent d'autres participants. Il est chanté sans accompagnement musical, bien qu'un tambour est parfois utilisé, en accord avec la coutume du nashid. Shalem Ashri a par ailleurs placé son propre nom en acrostiche des premiers vers de chaque strophe:[49]

Dans le poème suivant, de style qiṣṣa (récit poétique), écrit principalement en judéo-arabe, avec seulement deux strophes écrites en hébreu, l'auteur offre un long témoignage des événements de cette année d'exil. Le poème s'appelle Waṣalnā hātif al-alḥān – “Nous avons appris la nouvelle,” et il est l'oeuvre du poète illustre Shalom Shabazi, qui fut un témoin oculaire de ces événements et dont le nom apparaît en acrostiche du poème:[50]

Un autre récit de ces événements en vers poétiques est le poème composé en judéo-arabe par Salim ben Sa'id". Le poème est écrit comme un nashid et s'appelle ’Ibda‘ birrub al-‘arsh (Je commencerai par m'adresser à Celui qui siège sur le trône).[51]

Témoignage de Jacob Saphir[modifier | modifier le code]

En 1859, le juif lituanien Jacob Saphir visita la communauté juive du Yemen, près de deux cents ans après l'exil du Mawza, mais il y entendit encore des récits saisissants des locaux au sujet des choses qui avaient frappé leurs ancêtres pendant cet événement fatidique. Plus tard, il en rendit lui-même compte dans son ouvrage ethnographique Iben Safir.[52] 

Fichier:Meysha Abyadh, Jewish silversmith.jpg
Orfèvre Meysha Abyadh à Sana'a, 1937

Further reading[modifier | modifier le code]

  • Yemenite Authorities and Jewish Messianism - Aḥmad ibn Nāṣir al-Zaydī's Account of the Sabbathian Movement in Seventeenth Century Yemen and its Aftermath, by P.S. van Koningsveld, J. Sadan and Q. Al-Samarrai, Leiden University, Faculty of Theology 1990
  • A history of Arabia Felix or Yemen, from the commencement of the Christian era to the present time : including an account of the British settlement of Aden / by R.L. Playfair, Salisbury, N.C. : Documentary Publications 1978
  • My Footsteps Echo - The Yemen Journal of Rabbi Yaakov Sapir, edited and annotated by Yaakov Lavon, Jerusalem 1997
  • Jewish Domestic Architecture in San'a, Yemen, by Carl Rathjens (see Appendix: Seventeenth Century Documents on Jewish Houses in San'a - by S.D. Goitein), Israel Oriental Society: Jerusalem 1957, pp. 68–75[53]
  • Chapters in the Heritage of Yemenite Jewry Under the Influence of Shulhan Arukh and the Kabbalah of R. Yitzhaq Luria, by Aharon Gaimani, Ramat-Gan: Bar-Ilan University Press 2005, pp. 145–158 (Hebrew)
  • Yemenite Jewry: Origins, Culture and Literature, by Rueben Aharoni, Bloomington: Indiana University Press 1986, pp. 121–135

Liens externes[modifier | modifier le code]

References[modifier | modifier le code]

  1. Tan'am, qui se trouve dans la principauté du Khawlan est une exception dans la mesure où elle n'échappa pas à l'exil.
  2. Yosef Qafiḥ (ed.), “Qorot Yisra’el be-Teman par Rabbi Ḥayim Ḥibshush,” Sefunot, Volume 2, Ben-Zvi Institute: Jerusalem 1958, pp. 246-286 (hébreu); Yosef Qafiḥ, Ketavim (Ecrits), Vol. 2, Jerusalem 1989, p. 714 (hébreu)
  3. Yosef Qafiḥ (ed.), “Qorot Yisra’el be-Teman par Rabbi Ḥayim Ḥibshush,” Ketavim (Ecrits), Vol. 2, Jerusalem 1989, p. 714 (end); Amram Qorah, Sa'arat Teiman, Jerusalem 1987, p. 11
  4. Yosef Tobi, Politics and Poetry in the Works of Shalom Shabazī, Routledge - Israel Affairs 2014, p. 6
  5. Un poète juif se lamente sur leur sort en disant: "Depuis le jour où ils enlevèrent es turbans de notre tête (i.e. 1666), nous sommes pleins d'ordres qu'il décrète [contre nous]. Il a plaé au dessus de nos tête [un gouverneur] qui est le maître de l'opression !" Cf: Ratzaby, Sefunot (Volume Five), Jerusalem 1961, p. 378 (hébreu)
  6. Yosef Tobi, Politics and Poetry in the Works of Shalom Shabazī, Routledge - Israel Affairs 2014, p. 7
  7. Yosef Tobi, The Jews of Yemen (Studies in Their History and Culture), Brill: Leiden 1999, pp. 77-79
  8. Tanḥum ben Joseph, de Jerusalem, al-Murshid al-kāfi (sous forme manuscrite), p. 112 (Collection privée de Yosef Tobi), on peut y lire la note en marge "La synagogue a été détruite ici, à Hamdah, le mercredi, 17 jour du mois lunaire Teveth, en l'an 1 989 [de l'ère Séleucide =1678 AD], selon l'ordre de al-Mahdi et Muhammad ben Ahmad.” Yehudah Ratzaby (1984, p. 149) présente aussi un manuscrit extrait de la reliure d'un vieux livre, aujourd'hui conservé au Jewish Theological Seminary à New York (239), dans lequel son auteur se plaint ainsi : "La destruction de la synagogue de Busan, le quatrième jour de la semaine, qui est le troisième jour de l'an 1989 [de l'ère Séleucide], et les ennemis nous interdirent de nous rassembler à dix, quorum nécessaire pour la prière, et trois rouleaux de la Loi furent mis en pièces. Puisse-t-Il nous prendre en pitié et nous sauvez, nous et tout Israël, de tous les décrets." (cf: Yosef Tobi, The Jews of Yemen - Studies in Their History and Culture, Brill: Leiden 1999, pp. 78 [fin] - 79)
  9. Yosef Qafiḥ (ed.), “Qorot Yisra’el be-Teman par Rabbi Ḥayim Ḥibshush,” Sefunot, Volume Deux, Jerusalem 1958, page רסב (p. 270 in PDF) (hébreu); Yosef Qafiḥ, Ketavim (Ecrits), Vol. 2, Jerusalem 1989, p. 713 (hébreu)
  10. Yosef Qafiḥ (ed.), “Qorot Yisra’el be-Teman par Rabbi Ḥayim Ḥibshush,” Sefunot, Volume Deux, Jerusalem 1958], page רסג (hébreu); Yosef Qafiḥ, Ketavim (Ecrits), Vol. 2, Jerusalem 1989, p. 714 (hébreu)
  11. Yosef Tobi, Studies in ‘Megillat Teman’ (ʻIyunim bi-megilat Teman), The Magnes Press – Hebrew University, Jerusalem 1986, p. 42, note 68 (Hebrew).
  12. Yiḥya Saleḥ, Tiklāl Etz Ḥayim Hashalem (ed. Shimon Saleh), vol. 1, Jerusalem 1971, s.v. Shaḥrith shel Shabbath. Rabbi Shelomo ben Saadia al-Manzeli (1610–1690) is said to have returned to his post after the Mawza Exile, serving as both President of the court at Ṣan‘ā’ and the city's spiritual instructor. He helped draft a series of enactments meant at bettering the spiritual condition of the Jewish community, by way of merit, and thereby hoping to prevent the recurrence of harsh decrees against the community in the future. See: Moshe Gavra, Meḥqarim basiddurei tayman: Studies in the Prayer Books of Yemen, vol. 1, Benei Barak 2010, p. 70 (Hebrew).
  13. Rabbi Yosef Qafih believes that they were given advance warning as early as late-summer of 1678. See: Yosef Qafiḥ (ed.), “Qorot Yisra’el be-Teman by Rabbi Ḥayim Ḥibshush,” Ketavim (Collected Papers), Vol. 2, Jerusalem 1989, p. 713, note 130 (Hebrew). According to Arabic sources, Imām al-Mahdī had ordered the newly appointed governor of Sana'a, Muhammad ibn al-Mutawakkil, to expel the Jews and demolish their synagogues on 1 Shaʻbān 1088 anno Hijri (= 29 September 1677), nearly two years before the actual expulsion. The matter was delayed only because the governor wished to consult first with the religious scholars of his city. All this may have been done without the foreknowledge of the Jewish community. (See: Yemenite Authorities and Jewish Messianism, by P.S. van Koningsveld, J. Sadan and Q. Al-Samarrai, Leiden University 1990, p. 23)
  14. Yosef Qafiḥ (ed.), “Qorot Yisra’el be-Teman by Rabbi Ḥayim Ḥibshush,” Ketavim (Collected Papers), Vol. 2, Jerusalem 1989, p. 714 (Hebrew)
  15. In accordance with a teaching in Leviticus 22:31–32, and explained in the Responsa of Rabbi David ibn Zimra,vol. 2 (part 4), responsum no. 92 [1163], Warsaw 1882 (reprinted), p. 47 (Hebrew pagination כד). Here, the author makes it clear that if Jews are collectively compelled by the Ismaelites to convert to Islam or else face punishment, they are to prefer punishment rather than exchange their religion for another, and, in so doing, they bring sanctity to God's name.
  16. Avraham al-Naddaf, Ḥoveret (article: History of Rabbi Sholem al-Shabazi), Jerusalem 1928 (Hebrew); Reprinted in Zechor le’Avraham, by Uziel al-Nadaf, (Part II) Jerualem 1992 (Hebrew), pp. 4-5
  17. Yosef Qafiḥ (ed.), “Qorot Yisra’el be-Teman by Rabbi Ḥayim Ḥibshush,” Ketavim (Collected Papers), Vol. 2, Jerusalem 1989, p. 714 (Hebrew)
  18. Yehudah Ratzaby, Sefunot (Volume Five), his article: Galut Mawza‘, Ben-Zvi Institute: Jerusalem 1961, p. 367, s.v. poem entitled: אבן אלאסבאט אבדע, lines 16–19 (Hebrew)
  19. Yehudah Ratzaby, Sefunot (Volume Five), his article: Galut Mawza‘ , Ben-Zvi Institute: Jerusalem 1961, p. 369, s.v. poem entitled: אבן אלאסבאט אבדע, lines 4–5 (Hebrew)
  20. Yehudah Ratzaby, Zion – A Quarterly for Research in Jewish History, vol. xxxvii. The Historical Society of Israel: Jerusalem 1972, pp. 203-207 (Hebrew)
  21. expression hébraïque de contrition, signifiant l'acceptation des jugements de Dieu par le peuple, conformément à la doctrine juive selon laquelle tous les décisions divines sont justes.
  22. Yehudah Ratzaby, Zion – A Quarterly for Research in Jewish History, vol. xxxvii. The Historical Society of Israel: Jerusalem 1972, p. 207 (Hebrew)
  23. Yosef Qafiḥ (ed.), “Qorot Yisra’el be-Teman by Rabbi Ḥayim Ḥibshush,” Sefunot (Volume Two), Ben-Zvi Institute: Jerusalem 1958, pp. 246–286 (Hebrew); Yosef Qafiḥ, Ketavim (Collected Papers), Vol. 2, Jerusalem 1989, pp. 714–715 (Hebrew)
  24. David Solomon Sassoon, On the Origins of the Jews in Yemen (לקורות היהודים בתימן), Budapest 1931, p. 6
  25. Yosef Qafiḥ (ed.), “Qorot Yisra’el be-Teman by Rabbi Ḥayim Ḥibshush,” Ketavim (Collected Papers), Vol. 2, Jerusalem 1989, p. 716 (Hebrew)
  26. Yosef Qafiḥ (ed.), “Qorot Yisra’el be-Teman by Rabbi Ḥayim Ḥibshush,” Ketavim (Collected Papers), Vol. 2, Jerusalem 1989, p. 714 (Hebrew)
  27. P.S. van Koningsveld, J. Sadan & Q. Al-Samarrai, Yemenite Authorities and Jewish Messianism, Leiden University 1990, pp. 156-158. ISBN 9071220079
  28. Amram Qorah, Sa‘arat Teman (2nd edition), Jerusalem 1988, pp. 10-11 (Hebrew)
  29. Amram Qorah, Sa‘arat Teman (1st edition), Jerusalem 1954, pp. 10-11 (pp. 23-24 in PDF) [Hebrew]
  30. Amram Qorah, Sa‘arat Teman (2nd edition), Jerusalem 1988, pp. 9 -10 (Hebrew). Moshe Gavra brings down the same account, mentioning that Rabbi Pinheas ben Gad Hacohen of Dhamar had first written this account in a Siddur that he had written for Rabbi Yehudah Ṣa'adi in 1680. See: (langue non reconnue : hebrew) Moshe Gavra, Meḥqarim basiddurei tayman: Studies in the Prayer Books of Yemen, vol. 1, p. 72, Benei Barak, Mechon le'ḥeqer ḥakhmei tayman,
  31. Yosef Qafiḥ (ed.), “Qorot Yisra’el be-Teman by Rabbi Ḥayim Ḥibshush,” Sefunot, Volume 2, 1958, pp. 246-286 (Hebrew); Yosef Qafiḥ, Ketavim (Collected Papers), Vol. 2, Jerusalem 1989, p. 706 (Hebrew)
  32. R. Serjeant & R. Lewcock, San'a'; An Arabian Islamic City. London 1983, p. 82; R.L. Playfair, A History of Arabia Felix or Yemen. Bombay 1859, p. 112; N.A. Stillman, The Jews of Arab Lands. Philadelphia 1979, p. 322.
  33. Yosef Qafiḥ, Halikhot Teiman (Jewish Life in Sana) , Ben-Zvi Institute, Jerusalem, 1982, p. 80, note 44
  34. Yosef Tobi, Studies in `Megillat Teman`, Jerusalem 1986, p. 77 (Hebrew) ISBN 965-223-624-1
  35. Yosef Qafiḥ (ed.), “Qorot Yisra’el be-Teman by Rabbi Ḥayim Ḥibshush,” Ketavim (Collected Papers), Vol. 2, Jerusalem 1989, p. 706 (Hebrew)
  36. Yosef Qafiḥ (ed.), “Qorot Yisra’el be-Teman by Rabbi Ḥayim Ḥibshush,” Ketavim (Collected Papers), Vol. 2, Jerusalem 1989, pp. 706-707 (Hebrew)
  37. Yosef Qafiḥ (ed.), “Qorot Yisra’el be-Teman by Rabbi Ḥayim Ḥibshush,” Ketavim (Collected Papers), Vol. 2, Jerusalem 1989, pp. 706 (Hebrew)
  38. Shelomo Dov Goitein, The Yemenites (History, Communal Organization, Spiritual Life), Ben-Zvi Institute: Jerusalem 1983, p. 162 (Hebrew). David Solomon Sassoon attributes the writing to [the son of] Sa‘īd, based on the author’s own remark that he is “the son of Ḥazmaq the younger” (= Sa‘īd, or Se‘adyah), the usual rendition for this name given in the reversed order of the Hebrew alphabet. See: David Solomon Sassoon, Ohel Dawid (vol. 2), Oxford University Press: London 1932, p. 969, s.v. דופי הזמן. A microfilm copy of this work is available at the National Library of Israel in the Hebrew University of Jerusalem (Givat Ram Campus), Manuscript Dept., Microfilm reel # F-9103.
  39. Yosef Qafiḥ (ed.), “Qorot Yisra’el be-Teman by Rabbi Ḥayim Ḥibshush,” or what was originally entitled Dofi Hazeman (Vicissitudes of Time), Sefunot (Volume Two), 1958, pp. 246-286 (Hebrew); Yosef Qafiḥ, Ketavim (Collected Papers), Vol. 2, Jerusalem 1989, p. 716 (Hebrew)
  40. Carsten Niebuhr, Reisebeschreibung nach Arabien und andern umliegenden Ländern (Description of Travel to Arabia and Other Neighboring Countries), Zürich 1992, pp. 416-418 (German)
  41. Hermann Burchardt, Die Juden in Yemen, published in: Ost und West, Berlin 1902, p. 338 (German).
  42. Carl Rathjens & Hermann v. Wissman, Landeskundliche Ergebnisse, vol. 40, Hamburg 1934, pp. 133-134; 141 (German).
  43. Moshe Gavra, Meḥqarim basiddurei tayman: Studies in the Prayer Books of Yemen, vol. 1, Benei Barak 2010, pp. 70 – 71; ibid. vol. 4, pp. 156 – 159 (Hebrew)
  44. Rabbi Yosef Subeiri, Siddur Kenesseth Ha-Gedolah, vol. 3, Tel-Aviv/Jaffa 1976 – 1992, p. 297 (Hebrew); Rabbi Yihya Saleh, Questions & Responsa Pe'ulath Ṣadiq, vol. III, responsum # 252, Jerusalem 1979, p. 153 (Hebrew)
  45. One of the enactments called out for making one-hundred blasts of the horn on the Jewish New Year (Rosh Hashanah), based on a teaching found in Rabbi Nathan ben Jehiel’s Sefer Ha-Arukh, s.v. ערב, instead of the traditional forty blasts which had been observed earlier. Another enactment sought to make it a standard procedure during the Mussaf-prayer of Rosh Hashanah to make two prayers: the first, by the congregation praying silently, followed by a repetition of the prayer said aloud by the Shaliach Tzibbur (Prayer precentor). Maharitz would later adamantly oppose the enactment, since it sought to cancel the ancient tradition in Yemen in this regard in which it had always been a practice to make only one Mussaf-prayer. Another enactment concerned the seven benedictions mentioned by Rabbi Yosef Karo in his Shulḥan Arukh (Even Haʻezer 62:10), where he brings down a certain opinion which states that is not permissible for the groom and bride to be entertained in another person’s house other than in his own house during the seven days of wedding festivities, unless he and his bride were to leave their own house or town for an extended period of time, in which case it is then permissible. The enactment is mentioned with regard to Iggereth Ha-Besoroth in Maharitz’s Questions & Responsa, Pe'ulath Sadiq, vol. III, responsum # 252, although the enactment seemed to have been rejected by Maharitz, in favour of Israel’s older practice in Yemen. Rabbi Shalom Yitzhaq Halevi informs us that the Yemenite custom in his day was as that taught by Maharitz, and rectifies the discrepancy between the Shulḥan Arukh and the Yemenite Jewish custom by writing in the glosses of his 1894 edition of the Tiklāl Etz Ḥayim that the Shulḥan Arukh (ibid.) refers merely to when the groom and bride are invited to make the “seven benedictions” in another house where, during the seven days of feasting, a supper had been made on behalf of a circumcision, or some other ceremonial meal other than what was specifically made on the groom's behalf, in which it is not permitted to say for them the “seven benedictions.” See also Rabbi Ḥayim Kessar's Questions & Responsa Haḥayim wehashalom (Even Haʻezer, responsum # 10), who cites from Rabbi Yihya Hacohen’s Responsa, Ḥayei Shalom (responsum # 2), where he says that after the wedding, it was never a custom in Yemen that a man's bride accompanied him when he was invited to eat in the home of others. He reasons that, since she is not with him, they should not say the seven benedictions for the bridegroom alone.
  46. Yosef Tobi (ed.), Studies in ‘Megillat Teman’ by Yiḥyah Salaḥ, The Magnes Press: Hebrew University, Jerusalem 1986, pp. 44-47 (based on MS. #1, Hebrew)
  47. Professor Yosef Tobi says that the date here is in error, and should rather be amended to read 1679.
  48. This reading, based on the sequence of the biblical portions that are read throughout the year, would have been read the following year, in 1680.
  49. a et b Sefer Hashirim Hagadol – The Large Song Book, Shalom Shabazi (ed. Yosef Hasid), Jerusalem 1976, p. 51, s.v. אזיל דמעותי כמטר יזלו (Hebrew)
  50. The English translation (in the collapsible thread) is based on the Hebrew translation of the poem made by Yehudah Ratzaby, in his article, Galut Mawza‘, published in Sefunot, Volume 5, Ben-Zvi Institute: Jerusalem 1961, pp. 353-354 (Hebrew)
  51. Yehudah Ratzaby, Sefunot (Volume Five), his article: Galut Mawza‘, Ben-Zvi Institute: Jerusalem 1961, pp. 379-380 (Translation of the original Judeo-Arabic), s.v. poem entitled: אבדע ברב אלערש; The original Judeo-Arabic was published in Hazofeh – Quartalis Hebraica (ed. Dr. L. Blau), vol. 7, Budapest 1923; (ibid.) Second edition, Jerusalem 1972, pp. 2–3. The original Judeo-Arabic text can also be had at the Hebrew University National Library (Givat Ram Campus), Jerusalem, Manuscript Dept., Microfilm reel # F-9103.
  52. Jacob Saphir, Iben Safir (vol. 1 - ch. 43), Lyck 1866, pp. 100a-100b (Hebrew)
  53. The Appendix treats on ancient Jewish houses in San'a before the expulsion of Jews from the city, based on five legal deeds of sale drawn up before 1679, and proves beyond doubt that the newer houses in the new Jewish Quarter were built according to exactly the same plan as those in their former settlement.

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