Utilisateur:PercevalBxl/Ecu

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Retour à l'accueil


Chapitre Premier: l'écu[modifier | modifier le code]

La forme de l'écu[modifier | modifier le code]

L'écu héraldique est directement issu du bouclier dont se protégeaient les chevaliers à la bataille et en tournoi. Son nom dérive d'ailleurs tout simplement du latin "scutum" qui désigne un bouclier rond.

Aux origines obscures de l'héraldique, vers le VIIIème ou IXème siècle, l'écu héraldique adopte naturellement la forme ronde du bouclier militaire. Il évoluera peu, dans ces premiers temps, jusqu'à l'adoption du bouclier "en amande" des normands, au XIème siècle, tel qu'on peut le voir sur la tapisserie de Bayeux. Pour les quelques siècles suivants, parce que le bouclier est encore une pièce essentielle de l'armement du chevalier, l'écu héraldique représentera toujours plus ou moins la forme de l'écu militaire. Ce n'est qu'après la bataille de Crécy, en 1346, qui marque le déclin de la chevalerie, que des formes plus styilisées ou plus fantaisistes apparaîtront. Quoi qu'il en soit, au cours des âges, l'écu héraldique a revêtu de nombreuses formes (plus de deux cents) qu'un historien peut aisément identifier, dater et localiser.

d'après le "Dictionnaire archéologique et explicatif de la science du blason", par le Comte Alphonse O'Kelly de Gallway, publié à Bergerac (France) en 1901.


Les formes de l'écu ont connu des fortunes diverses. De nos jours, par exemple, c'est l'écu "en ogive" des XIIIème et XIVème siècles français qui semble avoir la faveur des artistes héraldistes, probablement parce qu'il est très apprécié dans l'héraldique anglo-saxonne (qui demeure l'une des plus vivaces et, d'ailleurs, la seule héraldique officielle avec un corps constitué de rois, de hérauts et d'officiers d'armes...)

Il convient de remarquer ici que, contrairement à une idée reçue, la forme de l'écu n'est pas laissée à l'appréciation de l'artiste héraldiste ou du titulaire des armes. Il leur est toujours loisible, bien sûr, de les décliner à l'envi après les avoir reçues, et de les inscrire dans une forme quelconque, même de fantaisie. Cependant, leur "forme officielle", que l'on trouve dans les lettres patentes ou les brevets qui les authentifient, sera toujours la forme d'écu privilégiée par l'autorité héraldique dont elles dépendent. C'est pourquoi, en France, l'écu dit moderne est, en fait, le dernier écu approuvé par un collège de hérauts d'armes, soit au Premier empire. La dernière apparition publique de hérauts et d'officiers d'armes français remonte en effet à un Te-deum donné en la cathédrale Notre-Dame de Paris en juillet 1830. N'en déplaise, par conséquent, aux artistes qui préfèrent l'écu "en ogive", la seule forme moderne française licite est l'écu "en accolade"



Quelques formes d'écus remarquables:

Remarque[modifier | modifier le code]

Pour les besoins d'illustration de cet exposé, l'écu choisi est l'écu français moderne. Trois raisons principales à ce choix :

  1. sa forme plus simple et plus "carrée" permet une représentation plus aisée des motifs complexes;
  2. puisque le sujet est de traiter des règles d'inspiration françaises du blasonnement, il apparaissait logique de poser le choix d'un écu français.
  3. il est le dernier écu français, en date, à avoir été approuvé par une autorité héraldique légalement constituée.
Beaucoup d'artistes héraldistes français utilisent aujourd'hui l'écu anglais moderne qui n'est pas sans rappeler l'écu français du XIIIème ou celui du XIVème siècle "en ogive". C'est essentiellement une question de "goût" ou de "mode", mais c'est aussi parce que les métiers héraldiques sont aujourd'hui fortement déterminés par l'héraldique anglo-saxonne qui utilise principalement cet écu-là.


Les proportions de l'écu français "moderne"[modifier | modifier le code]

On trouve les proportions "justes" de l'écu français moderne en divisant sa largeur en 7 parties égales. On ajoute une partie pour sa hauteur, ce qui forme un carré (en réalité un rectangle, mais l'héraldique a parfois une curieuse façon de définir les choses...). Les angles d'en bas sont arrondis d'un quart de cercle dont le rayon est d'une demi partie; deux quarts de cercle de la même proportion au milieu de la ligne d'en bas se joignent en dehors de cette ligne et forment la pointe.

d'après le "Vocabulaire du blason, ou l'art héraldique mis à la portée de tous" par Camille Philippe Dayre de Mailhol, à Paris en 1898.



L'écu "en table d'attente"[modifier | modifier le code]

Cet écu souvent simplement nommé "table d'attente" est un écu parfaitement nu, sans émail, sans figure ni pièce, donc un écu qui laisse apparaître son matériau brut, bois ou acier, "en attente" des armes du détenteur. Ce n'est pas l'écu juste avant que l'artiste ne commence à y peindre les armes, mais bel et bien un écu porté "tel quel" pour des raisons bien précises. Par exemple:

  • les demoiselles nobles portaient un écu en losange parti à dextre "en table d'attente" et à senestre des armes de leur famille jusqu'au moment du mariage, où la dextre était peinte des armes de leur époux. Lors de leurs obsèques, si elles étaient restées filles, c'est cet écu particulier qu'elles portaient (d'après Nicolas Viton de Saint-Allais, 1773-1842);
  • après avoir perdu à la bataille le chevalier qui les instruisait, les écuyers "en attente" d'adoubement et à la recherche d'un nouveau parrain d'armes;
  • dans certains baillages des Pays-bas méridionaux, les chevaliers qui attendaient leur jugement, lorsque le crime dont ils étaient suspectés pouvait les conduire à la déchéance de leurs droits;
  • les seigneurs retenus en otage contre rançon, lorsqu'ils étaient conviés par leurs geôliers à un tournoi...

Certains artistes héraldique considèrent à tort que tout écu vierge est une table d'attente. Il s'agit, au contraire, d'une pratique héraldique qui possédait un sens juridique précis en droit féodal et qui a forcément disparu avec la fin de la chevalerie.

S'orienter dans l'écu[modifier | modifier le code]

Parce qu'à l'origine, l'héraldique possède un sens profond et une symbolique "lourde", le langage héraldique est forcément et d'abord normatif. Les normes qu'il définit n'ont pas seulement pour but de créer un système universel, compréhensible par chacun, mais aussi de traduire et de figer dans la norme le sens des concepts.

Ainsi l'écu héraldique est-il la symbolisation du bouclier du chevalier. Non seulement sa forme en est issue, comme nous venons de le voir, mais encore faut-il le voir et le lire comme un bouclier porté (au bras gauche) par le chevalier dans la bataille ou en tournoi:

  • le chef de l'écu, n'est pas simplement sa partie haute, mais la partie qui en est située au plus près du chef (la tête) du chevalier et qu'il utilisera pour se protéger le visage;
  • la pointe de l'écu représente, de la même manière, le bas du bouclier, fabriqué en pointe à partir du XIème siècle, sous l'influence des Normands;
  • la dextre de l'écu représente l'intérieur du bouclier, la droite du chevalier qui porte l'écu, donc la gauche de celui qui voit l'écu (l'attaquant...);
  • la senestre de l'écu représente l'extérieur du bouclier, la gauche du chevalier et la droite de l'observateur.

Très logiquement, les parties les plus honorables de l'écu sont celles qui, militairement, sont les plus importantes dans le bouclier : le chef, parce qu'il défend la tête, et la dextre parce qu'elle défend les organes. On lira, par conséquent, systématiquement, les écus de leur partie la plus honorable à leur partie la moins honorable : du chef à la pointe, et de la dextre à la senestre.



Les points et les cantons de l'écu[modifier | modifier le code]

De façon à faciliter le positionnement des pièces et meubles sur l'écu ou, plus exactement, de façon à faciliter la description de leur positionnement, l'écu est abstraitement divisé en 9 zones (3 rangées de 3) appelées points ou cantons.

Au chef, on trouve, de dextre à senestre:

  • A. le canton dextre (du chef)
  • B. le point du chef
  • C. le canton senestre (du chef)

Au centre, on trouve, toujours de dextre à senestre:

  • D. le flanc dextre
  • E. le coeur ou abîme
  • F. le flanc senestre

A la pointe, on trouve, de dextre à senestre:

  • G. le canton dextre de la pointe
  • H. la pointe (ou, plus rarement, le point de la pointe)
  • I. le canton senestre de la pointe

Certains auteurs identifient deux points supplémentaires qui sont:

  • J. le point d'honneur
  • K. le nombril