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Histoire d'un domaine provençal

A l'extrême sud de la commune de Graveson, à environ cinq kilomètres du village, se dresse le château du Breuil, belle et surprenante construction qui se laisse découvrir au bout d'une allée avec tours, mâchicoulis, fenêtre renaissance, chapelle, dépendances et magnifique parc. Ce château mérite notre intérêt à tout point de vue d'autant plus qu'il a connu une longue histoire et qu'il est toujours là debout.

Tour carrée sud-ouest du château du Breuil
blason
Blason

L'origine du domaine remonte à l'époque gallo-romaine. A cette époque, sur un cours d'eau drainant les eaux d'une plaine humide voire marécageuse vers les marais d'Arles, un pont et probablement un moulin, abandonnés sans aucun doute pendant la période troublée du haut Moyen-Age ont marqué les débuts du château[1].

Au X° siècle, sur ce même emplacement, des vassaux des comtes de Provence dont la puissante famille des Porcelet puis au XIII° siècle celle des Gantelmi alors co-seigneurs de Graveson avec l'abbaye de Montmajour, édifient un fort avec deux tours carrées, pont, moulin et domaine de chasse et de pêche. Le domaine est alors un arrière-fief de Graveson [2] qui passe au XV° siècle entre les mains de plusieurs propriétaires.

Finalement, cette vaste propriété, calquée sur la centuriation romaine, est reprise par le Roi René qui la cède en 1470 à son trésorier Jean De Vaux. Celui-ci la fait ériger en fief et la met en valeur : construction d'un deuxième corps de bâtiments avec deux tours rondes et aménagement de cours d'eau pour alimenter le moulin, remplir les fosses et servir aux besoins du domaine. A la mort du roi René, en 1480, Jean de Lubières s'en empare. A partir de là, se succèdent des périodes de splendeur et des périodes d'abandon en fonction de l'intérêt, des ressources des propriétaires et du contexte historique. Les Lubières ruinés vendent leur propriété à Louis de Porcelet, seigneur de Maillane en 1638 dont les descendants le cèdent à nouveau en 1689 à des Lubières après avoir agrandi et rénové le château et en 1643 amélioré le système des roubines.

Effectivement, les propriétaires du Breuil se sont appropriés au fil du temps les eaux de Graveson, d'Eyragues et de Maillane pour alimenter un moulin et utiliser l'eau pour des besoins domestiques mais aussi pour abreuver les animaux.

Au XVIII° siècle, les Lubières, toujours propriétaires, délaissent le domaine qui, avec la révolution, est encadastré avec les terres de la commune de Graveson. La dernière propriétaire noble le vend à Mr Mistral Bernard, marchand de graines et industriel de Saint Rémy. Celui-ci le remet en valeur, moulin, vignoble et le château en ruines est reconstruit à la mode médiévale. Ses descendants sont toujours propriétaires et le mettent en valeur en fonction des lois du marché. Actuellement, il produit des céréales et du tournesol et les bâtiments sont destinés à l'activité touristique.

  1. Isidore Gilles, Les voies romaines et massiliennes dans le département des Bouches-du-Rhône,
  2. archives Livre terrier de tous les biens immeubles que Jehan de Lubières ayant tant en Arles, Tarascon, Gravoysons et autre part, février 1504