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Château de Dumphlun[modifier | modifier le code]

Château de Dumphlun

Le château de Dumphlun, à Billy-Chevannes dans la Nièvre, a été bâti entre le XIVème et le XVIIIème siècles sous l'impulsion des grandes familles nivernaises qui l'ont occupé successivement : familles d'Anlezy, Cossaye, la Perrière, Lamoignon et Rémigny. De vastes communs et bâtiments de ferme, remontant aux XVIIIème et XIXème siècle, témoignent de l'importance de la seigneurie de Dumphlun dans l'histoire de la Nièvre.

Situé sur un promontoire offrant une belle perspective sur les Amognes[1], il constitue un bel exemple d'architecture nivernaise des différentes périodes de construction même si son aménagement au XVIIIe siècle, sous l'impulsion des marquis de Rémigny, a permis une unité d'ensemble commune au château et aux bâtiments alentours.

Le château a été inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques le 25 mars 1980[2]. Il est ouvert à la visite certains jours dans l'année.

Histoire[modifier | modifier le code]

Les racines du nom Dumphlun paraissent refléter une implantation celtique : "Dun" (à l'origine citadelle, forteresse, enceinte fortifiée, puis secondairement colline, mont[3]) ; "flun" (la rivière). Différentes orthographes ont été utilisées au cours de l'histoire comme l'a relevé Georges de Soultrait dans ses travaux sur l'histoire de la Nièvre[4] : Dumflun, Dumflung, Dumphlain, Dumphlun (selon une écriture savante probablement introduite au XVIIIe siècle).

Des traces de présence humaine dès les temps proto-historiques ont été relevées à proximité immédiate. En particulier, un tumulus situé à la lisière avec Cizely, au lieu dit la Segangeotte, a révélé de nombreuses tombes (600-550 av. JC) dont une cinquantaine de bracelets de bronze exposés aujourd'hui au musée de Château-Chinon[5] [6]. La région des Amognes garde également des traces de communautés nombreuses à l'époque gallo-romaine (notamment un important sanctuaire gallo-romain dans la commune de Rouy).

Au Moyen-Âge, une motte féodale se trouvait à proximité de la route allant de Nevers à Chateau-Chinon, dans le pré dit du "vieux château" selon l'appellation figurant dans les plans cadastraux anciens[7]. Les ruines de cette motte féodale ont été démantelées, probablement dans les années 1840.

Aux XIIIe et XIVe siècle, un nouvel ensemble féodal s'est développé sur le site actuel, un promontoire dominant la vallée de l'Andarge, à partir d'une ancienne tour de guet, encore présente aujourd'hui. Endommagées pendant la Guerre de Cent ans, ces constructions sont en partie reconstruites au XVe siècle[8]. Elles sont alors la propriété de Philibert d'Anlezy, décrit comme "seigneur de Dumphlun", mort avant 1489,  écuyer, homme d’armes en 1467, maître d’hôtel de la Comtesse de Nevers en 1475[9].

Château de Dumphlun - la tour

A cette période se construit le corps de logis du XVe siècle qui constitue toujours la partie centrale de l'édifice. A l'époque, cet bâtiment devait avoir une apparence de maison forte, semblable à celle du château de Fourcherenne (Saxi-Bourdon), avec notamment un escalier en colimaçon qui a disparu dans les aménagements du XVIIIe siècle mais dont restent deux blasons de pierre sculptés (dont celui de la famille d'Anlezy comme le relève Georges de Soultrait dans son Répertoire archéologique du département de la Nièvre[10].

AU XVe-XVIe siècle, l'ensemble passe par différentes grandes familles du Nivernais à la faveur d'alliances, telles les d'Anlezy, Cossaye (mariage de Jacques de Beauvoir de Cossaye avec Gilberte d'Anlezy, petite-fille de Philibert d'Anlezy) et la Perrière (Gibaut de la Perrière, décédé en 1503, son fils Claude et son petit-fils Gabriel de la Perrière, mort en 1575).  

Un occupant notable de cette période est Imbert d'Anlezy, seigneur de Dumphlun, l'un des cent gentilhommes de la maison du Roi, vétéran des guerres d'Italie et lié au duc d'Alençon auquel il dédia, à la fin de sa vie (1568), un ouvrage sur la fortune "Liber Fortunae" illustré par Jean Cousin le Jeune (redécouverte de l'ouvrage appartenant aujourd'hui à la bibliothèque de l'Institut de France et attribution des dessins à Jean Cousin par Ludovic Lalanne dans son ouvrage "Le Livre de Fortune, recueil de deux cents dessins inédits de Jean Cousin"[11], 1883).

L'historienne Florence Buttay[12] s'est intéressée à la figure d'Imbert d'Anlezy qui dit avoir participé aux campagnes militaires de François Ier et Henri II, avant d'être appelé à la Cour pour servir le jeune duc d'Alençon. Son livre de Fortune témoigne toutefois de l'amertume, à la fin de sa vie (il meurt vers 1574), de ce "soldat de la Fortune", selon les termes qu'il emploie dans sa préface dédiée au duc d'Alençon.

Aux XVIe-XVIIe siècles, le château de Dumphlun a été la propriété des Lamoignon, grande famille de la magistrature française de l'époque (cf. J.N. Morellet, Le Nivernois, Album historique et pittoresque, 1840[13]), puis de la  famille de Rémigny, probablement d'origine italienne et arrivée en France pendant le règne de François II et de Catherine de Médicis (1547 à 1559), très influente à Nevers au XVIIe et XVIIIe siècles (leur hôtel est situé 1 rue de Rémigny à Nevers). Paul, Baron de Rémigny, marié à Marie-Christine de la Perrière, est le premier à s'installer à Dumphlun, en 1618 ou 1644 selon différents documents d'archives. Angélique-Louise Marie, marquis de Rémigny procéda, vers 1769, à un vaste remaniement du château de Dumphlun : un grand projet architectural est élaboré, prévoyant une transformation en bâtiment de style classique et l'adjonction de deux ailes symétriques mais ne sera construite que celle de gauche, restée elle-même inachevée et surélevée d'un étage (cf. DRAC de Bourgogne Franche-Comté).

La famille de Rémigny est ruinée par la révolution française, qui a probablement mis fin aux travaux. Un marronnier, arbre de la liberté, est planté dans la cour en 1793, encore présent aujourd'hui. Le dernier héritier Rémigny décède dans les premières années du XIXe siècleErreur de référence : La balise ouvrante <ref> est mal formée ou a un mauvais nom., ce qui fut suivi d'une suite de procès conduisant à la vente du domaine entier. Il est acheté par la famille Boucher en 1814, ensuite alliée à la famille Guény.

Une forte tradition d'agriculture et d'élevage raisonné se développe avec la figure notamment d'Emile Boucher, secrétaire de la Société d'agriculture de la Nièvre (vers 1845).

Occupé par les troupes allemandes pendant la seconde guerre mondiale, le château de Dumphlun a heureusement échappé au sort connu par le château voisin de Playnes, incendié par les nazis.  

Robert Guény (1904-1976) a été maire de la commune de Billy-Chevannes et président du Conseil général de la Nièvre de 1949 à 1964.

Description[modifier | modifier le code]

Le château et la ferme de Dumphlun constituent un vaste ensemble qui s’est développé à partir du XIVe siècle à partir d’une large tour de guet, sur un promontoire dominant la vallée de l’Andarge. L'ensemble se situe à un kilomètre et demi de Billy-Chevannes au bout d'une longue allée bordée de platanes suivant le même axe que la rue centrale du bourg de Billy (actuelle rue Robert Guény) et la façade de l'église Saint Marcel (construite au XIXe siècle).  

Château de Dumphlun - terrasse sud

Le château suit un plan en équerre avec une aile du XVe siècle orientée nord-est / sud-ouest, qui correspond à l’ancien logis seigneurial, à laquelle a été ajoutée, au XVIIIe siècle, une vaste aile devenue l’aile principale du château, orientée sud-est / nord-ouest. Ces façades présentent des baies à encadrement harpé, percées au XVIIIe, à la même époque que la tour à cinq pans hors œuvre construite sur l'axe de symétrie de la façade d'arrivée, qui renferme un bel escalier suspendu tournant à quatre paliers. L'aile XVIIIe, éclairée par des fenêtres à linteau en arc segmentaire, présente un toit à la Mansart avec lucarnes à fronton cintré et une vaste terrasse à balustres de pierre ajoutée sous le Second Empire[14].  


En raison de cette articulation de deux bâtiments reliés entre eux au niveau de la tour du XIVe siècle, il est parfois fait référence au château de Dumphlun, dans les documents cadastraux du début du XIXe siècle, comme les « deux châteaux »[15].

S’agissant de l’aile du XVIIIe siècle, dans laquelle sont la plupart des pièces de réception, celle-ci ouvre sur une terrasse en pierre orientée vers le sud avec un jardin circulaire offrant une vue sur les bois de Billy et Cizely, la vallée de l'Andarge et la colline "du Mont".

Patrimoine agricole[modifier | modifier le code]

La ferme de Dumphlun (dite de « Dumphlun d’en haut ») constitue un vaste ensemble, organisé autour d’une cour délimitée par de nombreux bâtiments et granges datant des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, et ouvrant sur la vallée de l’Andarge. Cette vaste cour, ouverte sur le château, est déjà visible sur les plans cadastraux du début du XIXe siècle[16].

Dumphlun (Billy-Chevannes) - entrée de la ferme

Vers 1875, cette ferme comptait parmi les plus importantes du Nivernais avec 135 ha de culture et de prés, 75 têtes de bétail, 144 têtes de cheptel sédentaire. A cette même époque, la vallée de l'Andarge est aménagée pour la rendre propice à la culture et aux fourrages : assèchement d'un étang, travail sur les écoulements d'eaux depuis les bois tout proches, naissance d'une agriculture raisonnée : assolement septennal, engrais, blé, betterave, fourrage... Une description précise existe dans les annales du Journal de l'agriculture, de la ferme et des maisons de campagne de la Nièvre (1888)[17].

La ferme de Dumphlun est restée dans l'histoire agricole de la Nièvre du fait de ses innovations techniques (premières moissonneuses à vapeur) et d'élevage, notamment pour les chevaux[18] (lieu d'élevage du premier poulain nivernais "Dumphlun" exporté en 1887 vers les Etats-Unis).

  1. « wikipedia »
  2. Georges de Soultrait, Dictionnaire topographique du département de la Nièvre, Paris, Imprimerie impériale, (lire en ligne), p. 214
  3. Georges de Soultrait, Dictionnaire topographique du département de la Nièvre, Paris, Imprimerie impériale, (lire en ligne), p. 214
  4. J.-N. MORELLET, « Sur le monument celtique de la Segangeotte, commune de Cizely, », Bulletin de la Société nivernaise des Lettres, Sciences et Arts,‎ , p. 45-46
  5. Antoine DESFORGES, « Les tumuli de la Nièvre », Bulletin de la Société préhistorique française,‎ , p. 23-12 pp. 307-310 (lire en ligne)
  6. Archives départementales de la Nièvre, « Cadastre »
  7. Marcel Charmant (préf.), Châteaux et Manoirs du Nivernais, Nevers, CAMOSINE, , p. 49-50
  8. Nobiliaire de Nivernois, (lire en ligne), p. 386
  9. Georges de Soultrait, Répertoire archéologique du département de la Nièvre, Nevers, Société nivernaise des lettres, sciences et arts, (lire en ligne)
  10. Ludovic Lalanne, Le Livre de Fortune, recueil de deux cents dessins inédits de Jean Cousin, Paris, Librairie de l'Art, (lire en ligne)
  11. Florence Buttay, « Miles fortunae. Remarques sur le Livre de Fortune de la Bibliothèque de l'Institut ms. 1910 », Histoire, économie & société,‎ 2002  21-4, p. 451-477 (lire en ligne)
  12. J.N. Morellet, Le Nivernois, Album historique et pittoresque, Nevers, E. Bussière, (lire en ligne)
  13. ML Sandret -dir., Revue historique nobiliaire et biographique, Paris, (lire en ligne)
  14. Marcel Charmant (préf.), Châteaux et Manoirs du Nivernais, Nevers, CAMOSINE, , p. 49-50
  15. Archives départementales de la Nièvre, « Cadastre »
  16. Archives départementales de la Nièvre, « Cadastre »
  17. Annales du Journal de l'agriculture, de la ferme et des maisons de campagne de la Nièvre, Nevers, (lire en ligne), volume 23, n°1
  18. Bernadette Lizet, La Bête noire : à la recherche du cheval parfait, Paris, Ministère de la culture, mission du patrimoine ethnologique, Editions de la Maison des sciences de l'homme, (lire en ligne)