Le Pauvre Christ de Bomba

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Le Pauvre Christ de Bomba est un roman de l'écrivain camerounais Mongo Beti, paru en 1956.

À travers les mésaventures du Révérend Père Supérieur Drumont, missionnaire au Cameroun, Mongo Beti évoque l'incompréhension et l'ambiguïté des relations entre christianisateurs et populations africaines. Il dresse en toile de fond un portrait de l'Afrique coloniale française à la veille de son indépendance.

Dans ce roman emblématique de la littérature africaine, Mongo Béti raconte les mésaventures du RPS Drumont durant son séjour à Bomba. C’est un roman historique, traditionnel et social dans lequel on retrouve les thèmes de la colonisation et de la décolonisation de l'Afrique, les questions religieuses.

Résumé[modifier | modifier le code]

L'expansion religieuse[modifier | modifier le code]

Mongo Béti raconte le parcours d'un missionnaire en tournée dans l'Est du Cameroun. Le missionnaire, le Révérend Père Supérieur Drumont, décide de christianiser les habitants de Bomba : il se donne pour mission de guider les habitants de Bomba vers le chemin de Dieu. Il décide de rendre visite aux habitants de Tala pour les évangéliser. Il est accompagné par son cuisinier, Zacharie, et son boy, Dénis, ce dernier étant le narrateur de toutes les péripéties de ce voyage. Le RPS abandonne la sixa où vivent et travaillent les femmes avant leur mariage. Les habitants du village sont païens et vivent selon leurs traditions : la polygamie, la sexualité, la fornication ne sont pas considérées comme des péchés. Ils questionnent RPS sur le plan existentiel. Ce dernier n'arrivant pas à répondre à certaines questions, perd toute son autorité, et ses prédications sont remises en cause. Ayant perdu sa légitimité, le RPS déchante.

La désillusion[modifier | modifier le code]

Le RPS est venu dans ce village pour évangéliser les indigènes. Cependant, cette mission se termine par un échec. Tout d'abord, le RPS constate que ses fidèles ont peu de foi et ne respectent pas les prédications de la religion : Dénis, son boy, a une admiration et une fascination pour le RPS, Dénis découvre aussi les plaisirs interdits par la religion. Zacharie, son cuisiner, a des relations sexuelles avec les femmes de la sixa, sur le dos du RPS.

Il découvre que les indigènes sont beaucoup plus préoccupés par la tradition que par les paroles de Dieu. Les habitants de ce village refusent d'être christianisés et sont contre la venue du RPS et de ses prédications. Cette population considère que la tradition est la seule arme qui mène vers le chemin de Dieu. Finalement, la grande mission de Bomba est en ruine, il n'y a "plus d'écoles, plus de sixa, plus de personnel, plus de mission, plus rien". En dépit de sa bravoure, Le RPS est abattu et triste, à la fin du roman. Ainsi, il décide de retourner en France, son pays natal.

Les personnages[modifier | modifier le code]

Les personnages principaux[modifier | modifier le code]

Parmi les personnages, il y a :

- Le Révérend Père Supérieur, dénommé le RPS, est un héros littéraire même si sa mission est vouée à l'échec. Mongo Béti le décrit comme un missionnaire naïf et aveuglé par sa foi. Dès le début du texte, il est décrit comme un Messie, cependant, à la fin du texte, ce Messie est déchu. Son échec est très significatif car les Occidentaux, le RPS voulaient, respectivement, civiliser, évangéliser les Africains. Cependant, ces derniers ont continué de revendiquer leurs cultures et de pratiquer leurs traditions.

- Zacharie est un cuisiner qui est à mi-chemin entre l'ange gardien et la mauvaise conscience du RPS. Il est décrit comme un chrétien peu convaincu qui s'enrichit et séduit toutes les femmes sur le dos du RPS.

- Dénis est à la fois le boy et le narrateur qui raconte les mésaventures du RPS. Il voue une admiration pour le RPS grâce à son physique.

Les personnages secondaires[modifier | modifier le code]

Le roman fourmille d'autres personnages. Beaucoup d'entre eux font une courte apparition et disparaissent :

- Le père Le Guen est décrit comme un jeune missionnaire inexpérimenté et nonchalant.
- Jean Martin est le nouveau vicaire.
- Michel est l'ainé d'une fratrie et il est décrit comme un bon chrétien.
- Vidal est l'administrateur qui s'occupe des infrastructures.

D'autre part, l'auteur met en scène les histoires des indigènes pour montrer le poids de la tradition sur la religion.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Tangana Essomba Sylvain, La résistance africaine face à la colonisation dans le roman camerounais : "Le pauvre Christ de Bomba" de Mongo Béti, "Un sorcier Blanc à Zangali" de René Philombé, Paris, Harmattan, DL 2010
  • Auguste Owono-Kouma, Mongo Béti et la confrontation : Rôle et personnages auxiliaires, Paris, Harmattan, 2008
  • Ndongo Fame Ndongo, L'esthétique romanesque de Mongo Béti, Paris, 1985
  • Bouaka, Charles-Lucien Fayolle, Roger, « Le missionnaire à l'époque coloniale. Dramatis persona chez Mongo Béti et Rene Philombé : Lectures multiples des proses romanesques : le pauvre christ de Bomba et un sorcier blanc à Zangali », S.I.: s.n., 1990 voir en ligne

Liens externes[modifier | modifier le code]