Jean-Jaques Maurice Reinaud de Genas

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Jean-Jacques-Maurice Reinaud de Génas, conseiller au présidial de Nîmes, baron de Vauvert, colonel de la "Légion Vauverdoise", né en 1730, guillotiné à Nîmes, le 1er termidor an II (19 juillet 1794).

Famille[modifier | modifier le code]

Gendre de Louis-Pierre de Genas dont il relève le nom et les armes par son mariage.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jean-Jacques-Maurice Reinaud, est le fils de Jean-Maurice Reinaud, juge-mage, lieutenant général en la sénéchaussée de Nimes, et de Suzanne de Puzet.

Il est juge au présidial de Nîmes. Il se marie le 3 février 1760 avec Louise Marie-Antoinette de Genas, unique héritière du nom et des armes de sa maison depuis la disparition des autres branches de la famille de Genas, qui apporte en dot la baronnie de Vauvert à condition qu'il reprenne le nom de Genas[1]. Elle est la fille de Louis-Pierre de Genas et de Louise Allier.

Trois enfants naissent de ce mariage : Auguste (1766 - 1794); Sophie (1767 - 1841); Henriette (1774 - 1867) dernière descendante à porter le nom de Genas[2].

Il est nommé Lieutenant de Maire de Nîmes par lettre du roi le 25 novembre 1762.

Il jouait d'une très grande popularité auprès de ses vassaux. "En 1771, on le fêtait, on l'acclamait dans son château et les habitants de Vauvert se mettaient en frais de poésie et de décoration architecturale pour lui témoigner leur persévérante fidélité et leur inaltérable affection"[3].

Membre de l'Académie de Nîmes, "il avait formé un riche cabinet de gravures et une bibliothèque digne, par le choix et le nombre de ses livres, d'un amateur opulent et distingué par ses lumières et par son goût"[4].

"Jurisconsulte distingué, magistrat apprécié, d'un caractère agréable, d'une éducation parfaite, il avait de la noblesse toutes les qualités, et on peut le dire, aucun des défauts. On connaissait au surplus ses aspirations libérales, son amour ardent pour le peuple et l'on savait qu'en le députant à l'Assemblée des Trois-Ordres, Vauvert serait bien représenté"[3].

Le 17 mars 1789, les trois ordres sont assemblés à Nîmes : M. Reinaud de Genas était membre de la commission qui rédigea les cahiers de la noblesse.

Il adhère très vite aux principes de la Révolution et participe à la création d'une milice bourgeoise, sous le nom de Légion Vauverdoise. Le 7 août 1789, il publie la liste des membres et le règlement qui les administrait. M. Reinaud de Génas est nommé colonel de cette garde civique destinée à protéger la sécurité des habitants et à défendre la Patrie. A l'exemple de la milice nîmoise, la légion arborait la cocarde bleue, blanche et rouge. La légion est composée de 238 hommes (fusiliers et grenadiers), 19 officiers et un certain nombre de sous-officiers (bas officiers).

Membre de la municipalité de Nîmes, Reinaud de Genas est accusé de fédéralisme, et arrêtés par le comité révolutionnaire de Nîmes. Selon l'accusateur public, il est poursuivit devant le tribunal révolutionnaire, "pour avoir tenté d'altérer et même de rompre l'unité et l'indivisibilité de la République, d'usurper l'autorité nationale et d'avoir mis tout en oeuvre pour favoriser le plan de corruption des citoyens de la subversion des pouvoirs et de l'esprit public, et d'avoir avili la République nationale". (acte d'accusation est du 28 messidor an 2 (16 juillet 1794).

Il est aussi accusé "d'avoir fait braquer sur toutes les avenues les canons du cy-devant collège, dans le but d'inspirer la terreur aux patriotes ; d'avoir persécuté les patriotes ; de les avoir maltraité, injurié, traité d'anarchistes, de pillards, de maratistes, soit dans les cafés, soit dans la société dite républicaine ; d'avoir délibéré le désarmement des patriotes, la suppression de la société populaire, la fermeture de la porte d'entrée de ses séances et la saisie de ses papiers"[3].

Son fils Auguste, officier dans l'armée des Pyrénées[5], est lui aussi guillotiné à Nîmes, à l'âge de 28 ans, le 27 messidor an II (15 juillet 1794), quatre jours avant son père.

"Ses compagnons de captivité lui prodiguaient en vain d'affectueuses consolations ou même de timides conseils que leur dictait la faiblesse. A ceux qui lui répétaient 'qu'on ne le condamnerait pas lui si honnête et si bon ; qu'il reviendrait à Vauvert voir ses amis et son château, il disait "c'est mon fils que j'irai rejoindre et c'est mon désir'. A ceux qui lui proposaient de répudier devant les juges, cette noblesse dans laquelle en définitive, il n'était pas né, il répondait, "je ne me suis pas glorifié toute ma vie de lui appartenir, pour la renier à ma dernière heure"[3].

Condamné le 1er thermidor an II (19 juillet 1794), il est exécuté, le même jour, à trois heures de l'après-midi.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Edmond Falgairolle, Vauvert pendant la Révolution - 1897

Sources[modifier | modifier le code]

  1. Prosper Falgairolle, « Une fête à Vauvert en 1771 », Revue du Midi, vol. 9, partie II,‎ , p. 435 et suiv. (lire en ligne)
  2. « Nécrologie », Revue Drômoise,‎ , p. 335 (lire en ligne)
  3. a b c et d Edmond Falgairolle, Vauvert pendant la Révolution française 1788-1798, Nïmes, Lavagne-Peyrot imp., , 363 p. (lire en ligne), p. 23
  4. Michel Nicolas, Histoire littéraire de Nîmes, t. I, Nîmes, Ballivet & Fabre imp.,, , 383 p. (lire en ligne), p. 145
  5. « La révolution à Vauvert », Mémoires de l'Académie de Nîmes, vol. 7ème série, no t. XXXI,‎ , p. 398 (lire en ligne)