Fosse d'aisances

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Schéma de principe d'une fosse d'aisances étanche.
Ancienne fosse d'aisances slovaque, aussi utilisée pour les ordures et les corps de prisonniers.

Une fosse d'aisances est une cavité destinée à recueillir les excréments depuis une installation sanitaire (toilettes ou latrines). À l'inverse de la fosse septique, elle ne dispose pas de système d'évacuation des liquides, et doit être vidangée régulièrement. Elles doivent être entièrement étanches et, à moins d'utiliser un volume particulièrement grand, la vidange doit se faire fréquemment, parfois chaque semaine.

Les fosses d'aisances ont été utilisées notamment à partir de l'arrivée des toilettes à chasse d'eau, d'où il fallait évacuer ou stocker les excréments et l'eau utilisée pour la chasse. Avant l'installation d'égouts, et avant l'invention de la fosse septique qui permettait de stocker et traiter les solides tout en relâchant les effluents dans la nature, des fosses d'aisances étaient installées dans les jardins en Europe, et les rejets des toilettes y étaient stockés. Le contenu était vidé périodiquement, toujours de nuit, et les excréments séchés étaient ensuite transportés vers la campagne pour servir d'engrais[1].

Les fosses d'aisances pouvaient consister en un simple trou dans le jardin rendu étanche par des pierres et des briques, ou constituer une pièce voutée sous la cave des bâtiments, rendue étanche avec du grès et enduite au derrière d'un corroi de glaise[2]. Le fond était glaisé et pavé[2]. La chausse d'aisances désignait le tuyau de descente du « siège de commodités » jusqu'à la fosse. Celle-ci était constituée de boisseaux de poterie, vase de terre cuite sans fond de huit à neuf pouces de diamètre et un pied de long qui s'emboitaient les uns sur les autres. La « chausse d'aisances » communiquait avec une « ventouse » , c'est-à-dire un tuyau de petit diamètre de poterie ou de plomb élevé jusque hors du comble « pour diminuer la mauvaise odeur que la fosse répand dans les cabinets en la faisant évaporer par le canal et la remplaçant par un air frais». Le « Tampon » ou « Clef » désignait la dalle de pierre mobile placée sur la voûte de la fosse pour en bouclier l'entrée. La « cheminée d'aisances » était l'ouverture pratiquée dans la voûte de la fosse pour le passage des « matières ». Enfin, le Tour de la souris était un espace de trois pouces qu'on laissait entre le tuyau d'aisances ou de descente et un mur mitoyen[2].

On désignait par « Fosse empoisonnée » ou « Fosse plombée », les fosses qui renfermaient un air pestilentiel pendant ou après sa vidange. On désignait par Mitte, une maladie d'yeux provoquée par la vapeur méphitique d'une fosse qui renferme le « plomb » ou « Mofette » ou « Moufette »- noms d'une vapeur empoisonnée et pernicieuse qu'exhalaient certaines fosses en les vidant, et « qui causait quelquefois la mort des ouvriers vidangeurs ou d'autres personnes qui en approchaient de trop près[2]. » Les vidanges étaient transportées dans un vase en bois de la forme d'un cône tronqué, cerclé en fer, appelé « Tinette », bouché du haut par un tampon[2].

Les fosses d'aisances sont interdites en France. Elles avaient commencé à être réglementées dès le XIXe siècle, notamment en ce qui concerne la vidange[3].

En Grande-Bretagne, les fosses d'aisance sont soumises à des normes strictes, notamment en ce qui concerne l'étanchéité : si les matières contenues s'infiltrent dans le sol, elles peuvent contaminer la nappe phréatique et donc l'approvisionnement eau potable, notamment dans les communes rurales.

Aux États-Unis, les fosses d'aisances sont permises ou non selon les réglementations locales. Les fosses d'aisances servant plus de 20 personnes sont interdites au niveau fédéral[4]. Là où elles sont permises, des accidents ont été rapportés comme à Huntington, New York, où deux personnes sont mortes depuis 2001, et cinq autres blessées[5].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Détails de l'accident funeste arrivé dans une fosse d'aisances de la ville de Narbonne, le 16 avril 1779. Consulter en ligne

Références

  1. David Eveleigh, Bogs, baths and basins: the story of domestic sanitation, Sutton Publishing, 2002, Stroud (UK).
  2. a b c d et e Morisot J.M., Tableaux détaillés des prix de tous les ouvrages du bâtiment, Carilian, 1814 lire en ligne
  3. Voir par exemple l'arrêté du 11 mai 1838 de la mairie de Chateau-Thierry, [lire en ligne].
  4. Voir cette page expliquant la réglementation.
  5. Voir notamment Fox News, 24 avril 2006, Man, Son, Neighbor Sucked Into N.Y. Cesspool [lire en ligne] et Associated Press, 12 juin 2007, L.I. Landscaper Dies After Falling Into Cesspool [lire en ligne].