Effet Rose (économie)
L'effet rose désigne, en économie, la dynamisation des échanges commerciaux internationaux entre deux pays à la suite de l'adoption d'une monnaie commune unique. Cet effet est appelé d'après Andrew Rose.
Concept
[modifier | modifier le code]L'effet Rose est nommé d'après Andrew Kenan Rose. Économiste spécialisé dans l'économie internationale, il publie dans les années 2000 plusieurs travaux montrant que l'adoption d'une monnaie commune unique par deux pays ou plus stimule les échanges[1]. Dans un article de 2000 copublié avec Lockwood et Quah, il estime que les pays qui partageront la même monnaie commerceront en moyenne trois fois plus que des pays ayant des monnaies différentes[2].
Dans un article publié seul la même année, il utilise une équation de gravité en se fondant sur un échantillon de 180 pays et des données allant de 1970 à 1990, et montre que l'union monétaire avec une monnaie unique permet des gains macroéconomiques majeurs du fait de l'élimination de la volatilité du taux de change[3].
Débats et critiques
[modifier | modifier le code]La véracité de l'effet Rose a été discuté par des études ultérieures[4].
Dynamisation des échanges
[modifier | modifier le code]La dynamisation du commerce par l'union monétaire est confirmée par plusieurs études. Un papier d'Alejandro Micco et al. de 2003 mettait déjà en évidence un effet positive de l'euro sur le commerce européen quatre années à peine après son entrée en application[5]. En 2006, Baldwin publie une étude qui montre que l'Euro a probablement stimulé les échanges intra-zone euro entre 5 % et 15 % depuis sa mise en œuvre ; le résultat serait donc positif, quoiqu'inférieur à la prédiction de Rose[6].
Dynamisation de la variété des biens échangés
[modifier | modifier le code]Une étude de 2008 de Berthou et Fontagné, lui, estime que l'euro « n'a pas accru la valeur des ventes de chaque bien par chaque firme sur chaque marqué de la zone euro », mais qu'il a aidé à exporter davantage de catégories de biens[7].
Absence de dynamisation
[modifier | modifier le code]Plusieurs auteurs ont estimé que l'effet Rose se basait sur des biais statistiques[8]. Par exemple, Julie Lochard, en 2005, reprenant les données de Rose et utilisant une nouvelle méthode d'estimation, conclut à l'inexistence d'un effet Rose. Elle soutient que « l’effet de l’union monétaire sur le commerce estimé à partir de l’échantillon de Rose refléterait avant tout les caractéristiques inobservables (liens historiques et institutionnels par exemple) des pays qui partagent une même monnaie »[9].
Références
[modifier | modifier le code]- Delpine Pouchain, Lou Dumez, Matthias Knol et Fabrice Tricou, Monnaie et financement de l'économie, dl 2019 (ISBN 978-2-35030-634-6 et 2-35030-634-8, OCLC 1134989408, lire en ligne)
- Andrew K. Rose, Ben Lockwood et Danny Quah, « One Money, One Market: The Effect of Common Currencies on Trade », Economic Policy, vol. 15, no 30, , p. 9–45 (ISSN 0266-4658, lire en ligne, consulté le )
- Philippe Madiès, Thierry Madiès et Lionel Fontagné, Les grandes questions d'économie et de finance internationales : décoder l'actualité, De Boeck supérieur, dl 2016, ©2016 (ISBN 978-2-8073-0156-6 et 2-8073-0156-8, OCLC 953693018, lire en ligne)
- Marc-Alexandre Sénégas, « La théorie des zones monétaires optimales au regard de l'euro : Quels enseignements après dix années d'union économique et monétaire en Europe ? », Revue d'économie politique, vol. 120, no 2, , p. 379 (ISSN 0373-2630 et 2105-2883, DOI 10.3917/redp.202.0379, lire en ligne, consulté le )
- Alejandro Micco, Ernesto Stein, Guillermo Ordoñez et Karen Helene Midelfart, « The Currency Union Effect on Trade: Early Evidence from EMU », Economic Policy, vol. 18, no 37, , p. 317–356 (ISSN 0266-4658, lire en ligne, consulté le )
- (en) Richard E. Baldwin, « The Euro's Trade Effects », ECB Papers, Social Science Research Network, no ID 886260, (lire en ligne, consulté le )
- Benoît. Coeuré, Économie de l'euro, Éd. Découverte, (ISBN 978-2-7071-6060-7 et 2-7071-6060-1, OCLC 848171718, lire en ligne)
- Paul de Grauwe, Economics of monetary union, (ISBN 0-19-880522-5 et 978-0-19-880522-9, OCLC 991682678, lire en ligne)
- Julie Lochard, « Mesurer l'influence des unions monétaires sur le commerce », Économie internationale, vol. no 103, no 3, , p. 5–24 (ISSN 1240-8093, DOI 10.3917/ecoi.103.0005, lire en ligne, consulté le )