Discussion:Yennayer

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Commentaire[modifier le code]

(Déplacé de l'article par Mogador 11 janvier 2009 à 22:37 (CET))[répondre]

Une tendance douteuse, en mal de reconnaissance historique, toute honte bue, se lance dans une mystification de l’opinion publique, pour faire donner une ridicule mystification de Yennayer.

Si l’adage bien connu « il faut rendre à César ce qui appartient à César » trouve sa pleine compréhension, c’est bien dans le cas qui nous préoccupe : c'est-à-dire celui de l’établissement du calendrier.

C’est en 45 avant Jésus-Christ que Jules César, se basant sur les travaux de l’astronome Sosigène, un grec d’Alexandrie, instaure un nouveau calendrier, qui sera connu sous le nom de calendrier julien, débutant le premier janvier alors que le précédent commençait le premier mars. Le nom du mois de janvier provient du dieu Janus, le dieu aux deux visages regardant dans des directions opposées symbolisant la connaissance du passé et celle de l’avenir. Il a donné son nom au premier mois de l’année car il est aussi le dieu du Commencement. Le nom latin de ce mois est januarius (prononcer yanouarious) - dont la signification est mois de Janus - et a donné le janvier français, le january anglais ou le january (prononcer yanouari) allemand et le yenayer arabe. Nous savons que dans plusieurs langues le j et y sont interchangeables.

La réforme julienne fut importante car elle permit de réguler le calendrier en douze mois de longueur presque égale - alors qu’auparavant l’année romaine ne comprenait que dix mois de 30 jours et deux mois de longueur variable d’une année à l’autre selon le bon vouloir du pontifex, l’autorité religieuse suprême romaine- et surtout d’introduire la notion d’année bissextile afin de coller au mieux à la durée de la rotation de la terre autour du soleil, pour permettre le retour des saisons à la même date. Cependant la mauvaise répartition des années bissextiles allait engendrer un décalage - au cours des siècles - par rapport aux saisons. Plus de seize siècles plus tard, en 1582, l’Eglise, en charge de la détermination de la fête chrétienne de Pâques - qui se base sur le calcul lunaire et solaire - décida sous la pape Grégoire XIII de rattraper le retard - calculé par des savants italiens de l’époque - et de corriger les années bissextiles. Mais l’Europe de l’époque était en pleine guerre de religion et l’autorité morale du pape ne s’exerçait que sur les pays catholiques : Empire espagnol, France, Italie et Autriche. Il fallut attendre par exemple 1700 pour que l’Allemagne adopte le calendrier grégorien, du nom du pape qui réforma le calendrier julien. Et ce n’est qu’en 1752 que le Parlement anglais décida de l’adopter aussi en décrétant que le 3 septembre de cette année sera le 14 septembre soit un ajout de 11 jours que nous retrouvons de nos jours entre le premier janvier grégorien et le premier janvier julien qui correspond au 12 janvier grégorien. Les pays d’obédience chrétienne orthodoxe n’abandonnèrent le calendrier julien qu’au XXème siècle : la Russie en 1918 après la révolution bolchevique qui voulait ainsi rompre avec la tradition de l’Eglise orthodoxe, la Grèce en 1923.

Dans l’aire romaine qui s’islamisa à partir du VIIème siècle de l’ère chrétienne, comme le Maghreb et le Machrek arabes, c’est le calendrier hégirien qui rythmera dorénavant toutes les manifestations de la vie sociale, économique, politique ou religieuse. Cependant le calendrier hégirien, calendrier lunaire, a laissé subsister dans les campagnes, pour les travaux agricoles, le calendrier julien, calendrier totalement solaire, à tel point qu’il fut appelé El’am el filahi (l’année agricole) ou du nom romain de son premier mois yennayer ou par abréviation nayer.

Vous voyez bien que yennayer n’est pas plus berbère qu’il n’est … zoulou.

Quant à la folklorique datation d’une pseudo ère berbère de 2958 après la montée sur le trône d’Egypte d’un Libyen (c’est ainsi que l’histoire dénommait les populations à l’ouest du désert égyptien), demandez à n’importe quel historien de nous donner un seul évènement historique daté en fonction de cette ère et sur n’importe quel support (stèle, pierre tombale, omoplate, papyrus …).

L’histoire est chose trop importante pour être manipulée sans précaution.

Abderrahman Benamara