Discussion:Raymond Bloch

Le contenu de la page n’est pas pris en charge dans d’autres langues.
Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Autres discussions [liste]
  • Admissibilité
  • Neutralité
  • Droit d'auteur
  • Article de qualité
  • Bon article
  • Lumière sur
  • À faire
  • Archives
  • Commons

Texte de Briquel[modifier le code]

« Raymond Bloch est décédé à Paris le 12 août 1997, à l'âge de quatre-vingt-trois ans: il n'aura que peu survécu à ceux qui furent ses grands amis, Massimo Pallottino et Jacques Heurgon. Une page se tourne, et ces disparitions répétées laissent à leurs collègues étruscologues, spécialement ceux réunis dans la section française de l'Institut d'Études Étrusques et Italiques de Florence dont R. Bloch était le secrétaire, l'impression amère qu'une génération exceptionnelle de savants s'en va... Chacun d'eux illustrait notre discipline par les qualités qui lui étaient propres: le charisme personnel de R. Bloch était sans doute, comme l'avait relevé J. Heurgon dans l'allocution qu'il avait prononcée lorsqu'il lui avait remis, en 1984 à Paris, l'épée qui marquait son entrée dans l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, son exquise affabilité, son extrême disponibilité pour tous ceux qui venaient le trouver, fussent-ils des étudiants débutants. Ces profondes qualités humaines expliquent le rayonnement qu'eut son séminaire de l'École Pratique des Hautes Études, tenu régulièrement chaque jeudi matin depuis 1949, année de sa nomination comme Directeur d'Études dans cet établissement, jusqu'à son départ à la retraite en 1983. C'est là que se formèrent des générations successives d'étudiants et on peut dire que tous les étruscologues français actuels ont été les élèves de R. Bloch. C'est là aussi que furent accueillis les étruscologues de tous pays qui passaient par Paris: mieux que personne, R. Bloch savait que la science ne progresse réellement qu'à travers les échanges que permettent les relations d'amitié, par-delà les frontières.

C'étaient peut-être les dures expériences que ne lui avait pas ménagées sa jeunesse qui expliquent oe rayonnement. Comme beaucoup de jeunes Français de sa génération, R. Bloch, après des études brillantes - il fut élève de l'École Normale Supérieure de Paris de 1934 à 1938, vit un début de carrière prometteur brusquement interrompu par la guerre: mobilisé en 1939 comme officier, il ne put poursuivre ses études à l'École Française de Rome dont il avait été nommé membre, et, après la défaite de son pays, connut de longues années de captivité en Allemagne, dont il ne revint qu'après la fin du conflit en 1945. il parlait peu de ces épreuves - et c'est juste par de fugitives allusions que ses auditeurs ont su que son destin avait failli s'achever tragiquement près de Lùbeck au début de 1945. Mais, loin de le replier sur lui-même et de l'avoir aigri, elles l'avaient rendu particulière-ment sensible à la nécessité d'une collaboration internationale confiante, loin de tout préjugé et de tout particularisme étroit. C'est alors qu'avaient mûri les qualités qui devaient, plus tard, lui mériter d'être nommé membre correspondant de l'Institut Archéologique Allemand, de l'Académie Pontificale Romaine d'Archéologie, de l'Institut d'Études Romaines, et membre étranger de l'Institut d'Études Étrusques et Italiques de Florence. Naturellement R. Bloch se sentait surtout attiré par l'Italie: il p.ut - enfin - venir à Rome achever sa formation à l'École Française, de 1945 à 1947. Le directeur, A. Grenier, lui confiait en 1946 la tâche de renouer la collaboration scientifique franco-italienne en lui confiant la direction des fouilles sur le site de Bolsena. R. Bloch y revint régulièrement, jusqu'en 1960, avant d'aller explorer le site de Casalecchio di Reno, de 1960 à 1965, en liaison cette fois avec G. Mansuelli. Mais cet amoureux de l'Italie ne manquait pas une occasion de revenir dans ce pays qu'il appréciait tant, où il avait de très nombreuses amitiés et dont il parlait avec passion devant ses étudiants. C'est sans doute cette chaleur communicative qui décida beau;coup de ses auditeurs à travailler sur le domaine qui était le sien. R. Bloch fut en effet un remarquable éveilleur de vocations. il n 'était pas l'homme de travaux d'érudition pointilliste - même Si on lui doit, outre sa thèse Recherches en territoire volsinien, parue en 1972, l'édition dans la collection Guillaume Budé du livre 7 de Tite-Live - en collaboration avec J. Bayet -, en 1968, celle du livre 8 - en collaboration avec C. Guittard -, en 1987, ainsi que les appendices historiques des rééditions des livres précédents. Mais il laisse surtout toute une série de petits livres dans lesquels, avec un art consommé, il savait rendre accessible, pour un public non nécessairement spécialisé, les acquis les plus récents de la recherche: les ouvrages sur les Étrusques se sont succédés - L'art et la civilisation étrusques, en 1955, L'art des Etrusques, en 1965, Les Etrusques, en 1969, ceux aussi sur la plus ancienne Rome, dont il savait bien qu'on ne pouvait séparer l'étude de celle du monde étrusque et italique contemporain - Les origines de Rome, en 1946, puis un autre ouvrage, sous le même titre, en 1959, et Tite-Live et les premiers siècles de Rome, en 1965. C'est néanmoins l'étude des mentalités et des idées religieuses qui l'attirait le plus: son ouvrage Les prodiges dans l'Antiquité classique, dont la première édition est de 1963, est resté la référence classique sur la question et le dernier livre qu'il ait écrit, La divination, essai sur l'avenir et son imaginaire, paru en 1991, traitait encore de ce domaine. Là encore, il savait remarquablement faire partager sa passion pour ces questions: en témoigne la série des trois volumes collectifs parus en 1976, 1980 et 1985 dans la collection des Hautes études du monde gréco-romain, où sont regroupés des travaux suscités par son séminaire sur les religions de l'Italie ancienne. Désormais nous n'entendrons plus sa voix, chaude et un peu traînante: nul doute cependant que, par-delà sa disparition, la lecture de ses livres ne fasse naître en bien des lecteurs le goût pour des civilisations qu'il savait rendre si attachantes. »

— Dominique Briquel

Je pose le texte ici en attendant ça évitera de subir les pubs du site perso proposé. -- Salve - louis-garden pinXit (On en cause) 29 novembre 2011 à 09:29 (CET)[répondre]

Ce n'est sans doute pas une bonne idée d'introduire un aussi long copyvio, même s'il est quasiment certain que l'auteur ne vous tiendrait pas rigueur de cet hommage à son maître. Ceci dit, le texte de la nécrologie citée en bibliographie est assez comparable, mais plus long. Hadrianus (d) 29 novembre 2011 à 13:46 (CET)[répondre]