Discussion:Collège du Cardinal-Lemoine

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Ci-après une copie de l'histoire de la Norville par l'abbé Genty (publié en 1885) qui peut être source d'inspiration....

Contenu[modifier le code]

On lit dans du Breul (théâtre des antiquités de Paris): Messire Jean Le Moine naquit en un petit village du diocèse d'Amiens, près d'Abbeville, que l'on appelle Cressi ou Crézi. Quelques-uns pensent qu'il était fils d'un maréchal pour ce qu'il a blasonné ses armes de trois clous. Il est à croire que c'est plutôt en mémoire de la Passion de Notre-Seigneur. Quoi qu'il en soit, tout le monde est d'accord qu'il s'avança par ses études et, qu'ayant étudié en droit canon, il s'achemina à Rome où il fut bien reçu d'aucuns cardinaux, à la suite desquels il composa quelques gloses sur les six décrétales que le pape Boniface VIII avait nouvellement compilées et par ce moyen vint en la connaissance et amitié du Saint-Père qui le fit évêque de Poitiers puis cardinal du titre des saints Pierre et Marcelin, martyrs, et finalement l'envoya légat en France au temps de Philippe le Bel duquel il obtint de grandes immunités et amortissements pour doter son collège encore appelé du cardinal Le Moine.

En l'an 1303, le 17e du règne de Philippe le Bel, il acheta les maisons où avaient habité quelque temps les frères ermites mendiants de l'Ordre de Saint-Augustin fixés à Paris, aboutissant d'un bout à la rue Saint-Victor et de l'autre au rivage de la Seine au lieu dit vulgairement le Chardonnet et en latin cardunetum, parce que ces terres étaient en friches et couvertes de chardons, et les transforma en maison d'instruction. Et combien qu'il déclare par ses lettres de fondation le lieu suffisant pour soixante étudiants aux arts libéraux et quarante théologiens, toutefois, il n'y a fondé de son propre que quatre étudiants et quatre théologiens qui doivent être de la ville ou diocèse d'Amiens, constituant pour la pension de chaque étudiant quatre marcs d'argent pur et net, du poids de Paris, et pour le théologien six marcs.

Bien que le cardinal Le Moine fut parvenu par l'étude au droit canon, il n'a toutefois voulu fonder son collège que de boursiers théologiens, connaissant que la plupart n'étudiaient en droit canon que pour chicaner des bénéfices, et, pour cette même raison, il ne permit à aucun de ses boursiers d'aller aux écoles de droit sinon durant les vacations.

Le collège du cardinal Le Moine se distingua pendant plusieurs siècles autant par ses usages singuliers que par le nombre des savants qu'il forma. Il compta parmi ses écoliers Amyot, le remarquable traducteur de Plutarque, qui y apprit le grec sous Evagre et devint évêque d'Auxerre; Turnèbe, Uchanan et Muret, et, parmi ses professeurs, le célèbre Lhomond. Supprimé à la Révolution, il fut vendu le 21 messidor, an V (9 Juillet 1794), à la condition pour l'acquéreur de subir le retranchement nécessaire pour un percement de rue. Cette nouvelle voie a été ouverte sous le nom de rue du Cardinal Le Moine et existe encore à l'entrée du boulevard Saint-Germain(1).

Le collège du cardinal Le Moine posséda des biens et des rentes à La Norville. Ses grands maîtres, prieurs et boursiers prirent même le titre de seigneurs du fief de Mondonville. On ne pourrait dire au juste ni comment, ni à quelle époque le collège obtint ces biens, ces droits et ce titre. On peut supposer qu'il les acquit ou les reçut gratuitement de Guillaume de Denonville, écuyer, seigneur de La Norville, Edeville et Fourcon, ou de ses premiers descendants. Ce qui porterait à admettre cette supposition serait la nature même des redevances ayant appartenu au collège. Elles étaient assignées la plupart sur des vignes plantées en grande partie sur le territoire de Mondonville. Or, comme le prouve un acte passé à Châtres devant le prévôt de Montlhéry, en l'année 1309, ces redevances appartenaient primitivement à Guillaume de Denonville, à cause de son pressoir. Il y a tout lieu de croire qu'elles ne passèrent pas aux seigneurs de La Bretonnière. Ceux-ci, peu désireux comme les seigneurs du temps de multiplier les possessions indépendantes au centre de leur domaine, ne s'en seraient certainement pas dessaisis. Le collège dut donc acquérir droits et redevances avant la réunion de la seigneurie de La Norville à celle de La Bretonnière.

Ce qui prouverait encore que le collège du cardinal Le Moine recueillit au moins en partie les biens de Guillaume de Denonville, c'est la possession par ce collège des titres ayant appartenu à ce seigneur. La charte de Philippe le Bel, datée de Viviers-en-Brie, qui lui donnait certains droits à La Norville, l'acte du prévôt de Montlhéry de l'année 1309, déjà analysées, furent trouvés dans les archives du collège au moment de la saisie des papiers relatifs à la féodalité(2).

Quoi qu'il en soit, il est certain que le collège du cardinal Le Moine possédait à La Norville des biens en l'année 1477. Dans le cueilleret des Chartreux fait à cette époque, on voit que Guillaume Burgevin avait en la censive de ces religieux onze arpents d'un côté à Denis Jubin et de l'autre au cardinal Le Moine(3). En 1487, six arpents de terre appartenant aux boursiers de ce collège étaient donnés à bail : deux arpents sous le Rossay de La Norville, devant La Bretonnière; deux arpents à la Haute-aux-Nonains; un arpent sur le Rossay de La Norville, et un arpent à la Haute du même lieu(4).