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« Eugénisme libéral » : différence entre les versions

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== Définition ==
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Les partisans de l'eugénisme libéral estime que c'est aux parents de décider de modifier ou de sélectionner les embryons, plutôt qu'à l'État, comme cela a pu être le cas par le passé dans le cadre des politiques d'eugénisme autoritaires<ref>{{Article|lang=en|prénom1=Jonathan |nom1=Anomaly |titre=Defending eugenics |périodique=Monash Bioethics Review |volume=35 |numéro=1 |date=2018 |issn=1321-2753 |pmid=29804244 |pmcid=6096849 |doi=10.1007/s40592-018-0081-2 |lire en ligne=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6096849/ |consulté le=2020-03-21 |pages=24–35 }}.</ref>.
Les partisans de l'eugénisme libéral estiment que c'est aux parents de décider de modifier ou de sélectionner les [[embryon]]s, plutôt qu'à l'État, comme cela a pu être le cas par le passé dans le cadre des politiques d'eugénisme autoritaires<ref>{{Article|lang=en|prénom1=Jonathan |nom1=Anomaly |titre=Defending eugenics |périodique=Monash Bioethics Review |volume=35 |numéro=1 |date=2018 |issn=1321-2753 |pmid=29804244 |pmcid=6096849 |doi=10.1007/s40592-018-0081-2 |lire en ligne=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6096849/ |consulté le=2020-03-21 |pages=24–35 }}.</ref>. L'eugénisme libéral se différencie ainsi des politiques eugénistes du passé par l'importance accordée à la notion de choix parental, plutôt qu'à un control coercitif par un gouvernement ou un État<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Giulia |nom1=Cavaliere |titre=Looking into the shadow: the eugenics argument in debates on reproductive technologies and practices |périodique=Monash Bioethics Review |volume=36 |numéro=1-4 |date=2018-12 |issn=1321-2753 |issn2=1836-6716 |pmid=30535862 |pmcid=PMC6336759 |doi=10.1007/s40592-018-0086-x |lire en ligne=http://link.springer.com/10.1007/s40592-018-0086-x |consulté le=2020-03-21 |pages=1–22}}.</ref>?


== Histoire ==
== Histoire ==

Version du 21 mars 2020 à 23:31

Jürgen Habermas, philosophe allemand à l'origine de la notion d'eugénisme libéral.

L′eugénisme libéral (ou néo-eugénisme) est une forme d'eugénisme non-autoritaire, reposant sur une demande de la population, au contraire de l'eugénisme développé historiquement dans le cadre des régimes autoritaires. L'eugénisme libéral s'appuie ainsi sur la notion de liberté en matière de procréation, proposant des possibilités d'« amélioration génétique » des enfants à naître aux parents qui les souhaitent, et ont la possibilité de les financer. La modification anténatale des individus pourra « servir pour guérir des maladies génétiques, ou alors pour avoir des enfants « à la carte » »[1].

Définition

Les partisans de l'eugénisme libéral estiment que c'est aux parents de décider de modifier ou de sélectionner les embryons, plutôt qu'à l'État, comme cela a pu être le cas par le passé dans le cadre des politiques d'eugénisme autoritaires[2]. L'eugénisme libéral se différencie ainsi des politiques eugénistes du passé par l'importance accordée à la notion de choix parental, plutôt qu'à un control coercitif par un gouvernement ou un État[3]?

Histoire

Cette notion est définie par le philosophe allemand Jürgen Habermas, dans son ouvrage L'avenir de la nature humaine : vers un eugénisme libéral ?, publié en 2001 en Allemagne, et depuis traduit dans de nombreuses langues, dont le français[1],[4].

Interrogé en 2002 à propos de ce concept d'eugénisme libéral vis à vis duquel il se montre très critique, Jürgen Habermas explique qu'il s'agit d'une « projection dans le futur »[5]. Il décrit dans son livre les attentes de nombreux parents pour autoriser l'application et la diffusion sur le libre marché de techniques génétiques afin d'améliorer le génome de leurs enfants, citant en exemple le concept américain de « shopping in the genetic supermarket » (courses dans le supermarché génétique)[5].

En 2004, le professseur d'éthique néo-zélandais Nicholas Agar (en) publie un ouvrage pour défendre l'eugénisme libéral en tant que concept moralement acceptable[6]. John Harris et Julian Savulescu, deux figures de la défense de cet eugénisme libéral, argumentent que les parents seraient dans l'obligation morale de faire appel aux technologies de la génétique pour améliorer leurs enfants[7].

Contextualisation

Le contexte de capacitisme influe sur les choix individuels pour donner des résultats eugéniques, les normes sociales et la pression du marché créant une « obligation de concevoir le « meilleur enfant possible » » afin de maximiser ses chances de réussite, pour qu’il ou elle ait de plus grandes chances de réussir dans la vie[8]. L'eugénisme libéral est également à l'origine de l'idée, défendue par certains professionnels, selon laquelle il serait éthiquement légitime de donner aux parents une possibilité d'euthanasier leurs nouveau-nés handicapés[8].

D'après Robert Sparrow, le monde décrit par les personnalités en soutien de l'eugénisme libéral « n'est pas si différent de celui défendu par les eugénistes il y a cent ans »[7].

Oppositions

Les politique d'orientation vers l'eugénisme libéral sont dénoncées par les militants des droits des personnes handicapées[8].

Notes et références

  1. a et b Thibault Scohier, « Jürgen Habermas, L’avenir de la nature humaine. Vers un eugénisme libéral ? », Lectures,‎ (ISSN 2116-5289, lire en ligne, consulté le ).
  2. (en) Jonathan Anomaly, « Defending eugenics », Monash Bioethics Review, vol. 35, no 1,‎ , p. 24–35 (ISSN 1321-2753, PMID 29804244, PMCID 6096849, DOI 10.1007/s40592-018-0081-2, lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Giulia Cavaliere, « Looking into the shadow: the eugenics argument in debates on reproductive technologies and practices », Monash Bioethics Review, vol. 36, nos 1-4,‎ , p. 1–22 (ISSN 1321-2753 et 1836-6716, PMID 30535862, PMCID PMC6336759, DOI 10.1007/s40592-018-0086-x, lire en ligne, consulté le ).
  4. Pierre Billouet, « L'appropriation : Habermas face à l'eugénisme libéral », Critique, vol. n° 679, no 12,‎ , p. 930 (ISSN 0011-1600 et 1968-3901, DOI 10.3917/criti.679.0930, lire en ligne, consulté le ).
  5. a et b « Jürgen Habermas », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  6. Agar 2004.
  7. a et b Sparrow 2011.
  8. a b et c « Droits des personnes handicapées : Rapport de la Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées », ONU, .

Annexes

Bibliographie