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[[Fichier:Tasmanian Devil Facial Tumour Disease.png|thumb|right|upright=0.9|Depuis [[1996]], un cancer mortel de la face se transmet à un nombre croissant de diables de Tasmanie (''[[Sarcophilus harrisii]]''), mettant l'espèce en péril]].
[[Fichier:Tasmanian Devil Facial Tumour Disease.png|thumb|right|upright=0.9|Depuis [[1996]], un cancer mortel de la face se transmet à un nombre croissant de diables de Tasmanie (''[[Sarcophilus harrisii]]''), mettant l'espèce en péril]].


La '''tumeur faciale transmissible du Diable de Tasmanie''' ({{lang|en|''Devil Facial Tumour Disease''}} ou DFTD ou DftD) est une [[maladie émergente]] (non [[viral]]e) découverte en [[1996]] dont une des composantes est une tumeur de la face évoluant en [[cancer]] <ref name=nyt100101/>{{,}}<ref name=loh2003/>{{,}}<ref name=bbc070220/>{{,}}<ref name=wp060811/>. C'est l'un des quatre [[cancers contagieux]] connus, et le second a avoir été découvert.
La '''tumeur faciale transmissible du Diable de Tasmanie''' ({{lang|en|''Devil Facial Tumour Disease''}} ou DFTD ou DftD) est une [[maladie émergente]] (non [[viral]]e) découverte en [[1996]] dont une des composantes est une tumeur de la face évoluant en [[cancer]] <ref name=nyt100101>{{cite news |url=http://www.nytimes.com/2010/01/01/science/01devil.html |title=Findings on Origin of a Cancer in Tasmanian Devils |quote=The Tasmanian devil, the spaniel-size marsupial found on the Australian island of Tasmania, has been hurtling toward extinction in recent years, the victim of a bizarre and mysterious facial cancer that spreads like a plague. |work=[[New York Times]] |date=December 31, 2009 |accessdate=2009-12-31 |first=Carl |last=Zimmer}}</ref>{{,}}<ref name=loh2003>Loh, Richmond. 2003. Tasmanian Devil (Sarcophilus harrisii) facial tumour (DFT). Paper prepared for the Devil Facial Tumour Disease Workshop, Sir Raymond Ferrall Centre, University of Tasmania, Newnham, 14 October 2003, p. 2.</ref>{{,}}<ref name=bbc070220>{{cite news |url=http://news.bbc.co.uk/2/hi/asia-pacific/6378279.stm |title=Experts tackle the devil's tumour |work=[[BBC News]] |date=20 February 2007}}</ref>{{,}}<ref name=wp060811>{{cite news |url=http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2006/08/10/AR2006081001535.html |title=Study Finds That a Type of Cancer in Dogs Is Contagious |work=The Washington Post |date=11 August 2006 |accessdate=11 August 2006 |first=Rick |last=Weiss}}</ref>. C'est l'un des quatre [[cancers contagieux]] connus, et le second a avoir été découvert.


En [[Tasmanie]] l'épidémie progresse depuis 1986 d'Est en Ouest en se transmettant à un nombre croissant d'individus (via des morsures ou le partage de la nourriture, la consommation d'une carcasse infectée ; actions qui permettent un transfert allogénique de cellules tumorales entre individus non apparentés) <ref>Janeway CA, Travers P, Walport M, Shlomchik M. (2001). Immunobiology. Garland Publishing, New York, NY.</ref>{{,}} <ref>Hawkins CE, McCallum H, Mooney N, Jones M, Holdsworth M. (2009). Sarcophilus harrisii. In: IUCN red list of threatened species. Version 2009.1 <www.iucnredlist.org></ref>.
En [[Tasmanie]] l'épidémie progresse depuis 1986 d'Est en Ouest en se transmettant à un nombre croissant d'individus (via des morsures ou le partage de la nourriture, la consommation d'une carcasse infectée ; actions qui permettent un transfert allogénique de cellules tumorales entre individus non apparentés) <ref>Janeway CA, Travers P, Walport M, Shlomchik M. (2001). Immunobiology. Garland Publishing, New York, NY.</ref>{{,}} <ref>Hawkins CE, McCallum H, Mooney N, Jones M, Holdsworth M. (2009). Sarcophilus harrisii. In: IUCN red list of threatened species. Version 2009.1 <www.iucnredlist.org></ref>.
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La mort du sujet contaminé survient entre trois et huit mois (soit parce défaillance d'organes vitaux en raison du cancer, soit par mort de faim, l’animal n’étant plus capable de s’alimenter en raison des déformations de sa face par le cancer<ref>{{lien web|auteur=Lise Barneoud|titre=Sauvez le diable|date=25 mars 2008|url=http://www.liberation.fr/transversales/futur/reportage/317402.FR.php|éditeur=''Libération''|consulté le=10 mai 2008}}.<!-- ce document ne semble plus disponible à cette adresse, vérifier les archives --></ref>{{,}}<ref>{{cite journal |journal=Annual Review of Genomics and Human Genetics |title=A Comparative Genomics Approach to Understanding Transmissible Cancer in Tasmanian Devils |year=2012 |volume=13 |pages=207–222 |doi=10.1146/annurev-genom-090711-163852|pmid=22657390 |last1=Deakin |first1=Janine E. |last2=Belov |first2=Katherine |issue=1}}</ref>. Des atteintes des ganglions lymphatiques régionaux et des métastases systémiques sont communes. Le cancer envahit aussi le [[cœur]] <ref>{{cite journal|doi=10.1002/ijc.25374|title=Tasmanian devil facial tumor disease: Insights into reduced tumor surveillance from an unusual malignancy|year=2010|last1=O'Neill|first1=Iain D.|journal=International Journal of Cancer|volume=127|issue=7|pages=1637–42|pmid=20473867}}</ref>
La mort du sujet contaminé survient entre trois et huit mois (soit parce défaillance d'organes vitaux en raison du cancer, soit par mort de faim, l’animal n’étant plus capable de s’alimenter en raison des déformations de sa face par le cancer<ref>{{lien web|auteur=Lise Barneoud|titre=Sauvez le diable|date=25 mars 2008|url=http://www.liberation.fr/transversales/futur/reportage/317402.FR.php|éditeur=''Libération''|consulté le=10 mai 2008}}.<!-- ce document ne semble plus disponible à cette adresse, vérifier les archives --></ref>{{,}}<ref>{{cite journal |journal=Annual Review of Genomics and Human Genetics |title=A Comparative Genomics Approach to Understanding Transmissible Cancer in Tasmanian Devils |year=2012 |volume=13 |pages=207–222 |doi=10.1146/annurev-genom-090711-163852|pmid=22657390 |last1=Deakin |first1=Janine E. |last2=Belov |first2=Katherine |issue=1}}</ref>. Des atteintes des ganglions lymphatiques régionaux et des métastases systémiques sont communes. Le cancer envahit aussi le [[cœur]] <ref>{{cite journal|doi=10.1002/ijc.25374|title=Tasmanian devil facial tumor disease: Insights into reduced tumor surveillance from an unusual malignancy|year=2010|last1=O'Neill|first1=Iain D.|journal=International Journal of Cancer|volume=127|issue=7|pages=1637–42|pmid=20473867}}</ref>


Au rythme actuel de disparition des diables (70% de réduction depuis 1996), si aucun traitement n'est trouvé, l'espèce s'éteindra dans la nature avant [[2035]]<ref name="mar10_2010_ninemsn"/>.
Au rythme actuel de disparition des diables (70% de réduction depuis 1996), si aucun traitement n'est trouvé, l'espèce s'éteindra dans la nature avant [[2035]]<ref name=mar10_2010_ninemsn>{{cite news |url=http://news.ninemsn.com.au/article.aspx?id=1025543 |title=Scientists find 'immune' Tassie Devils |date=March 10, 2010 |publisher=[[ninemsn]]}}</ref>.
En raison de la gravité de la menace, l'espèce a été classée comme menacée et pourrait devoir être clonée (sans donc préserver la [[diversité génétique]] relictuelle des populations survivantes). Des sujets sains ont été transférés en Australie et des mesures strictes de [[quarantaine]] entre réserves imposées.
En raison de la gravité de la menace, l'espèce a été classée comme menacée<ref name=cbsg08>{{cite web |author=Conservation Breeding Specialist Group |year=2008 |url=http://www.cbsg.org/cbsg/workshopreports/23/tasmanian_devil_phva_2008.pdf |format=PDF |title=Tasmanian Devil PHVA Final Report |publisher=IUCN/SSC Conservation Breeding Specialist Group |location=Apple Valley, Minnesota |accessdate=2 October 2010}}</ref> et pourrait devoir être [[clonage|clonée]] (sans donc préserver la [[diversité génétique]] relictuelle des populations survivantes). Des sujets sains ont été transférés en Australie et des mesures strictes de [[quarantaine]] entre réserves imposées.
Le plan australien vétérinaire (AusVet Plan) de 2005 inclut une stratégie de réponse à la maladie, qui a fait l’objet d’un atelier (29–31 août 2005) et d’un rapport final du {{lang|en|''Department of Primary Industries, Water, and Environment''}}. Les recherches pour éradiquer la maladie continuent<ref>http://www.gizmag.com/tasmanian-devil-vaccine/26790/</ref>. Depuis juin 2005 trois puis six femelles ont été trouvés porteuses d'une {{Citation|immunité partielle}}<ref name=mar10_2010_ninemsn /> ; un élevage en captivité a commencé pour tenter de sauver un échantillon de l'espèce<ref name=mar10_2010_ninemsn />.
Le plan australien vétérinaire (AusVet Plan) de 2005 inclut une stratégie de réponse à la maladie, qui a fait l’objet d’un atelier (29–31 août 2005) et d’un rapport final du {{lang|en|''Department of Primary Industries, Water, and Environment''}}. Les recherches pour éradiquer la maladie continuent<ref>http://www.gizmag.com/tasmanian-devil-vaccine/26790/</ref>. Depuis juin 2005 trois puis six femelles ont été trouvés porteuses d'une {{Citation|immunité partielle}}<ref name=mar10_2010_ninemsn /> ; un élevage en captivité a commencé pour tenter de sauver un échantillon de l'espèce<ref name=mar10_2010_ninemsn />.


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== Caractéristiques génétiques de la maladie ==
== Caractéristiques génétiques de la maladie ==
Le génome du diable de Tasmanie est normalement constitué dans chaque cellule de 14 chromosomes.
Le génome du diable de Tasmanie est normalement constitué dans chaque cellule de 14 chromosomes.
Mais dans la lignée cellulaire la plus ancienne connue de cette tumeur, la cellule tumorale ne contenait plus que treize chromosomes, dont neuf sont reconnaissables et quatre mutés (ces mutations en font des chromosomes [[Citation|marqueurs}} de la tumeur et de la maladie<ref name=bbc060202/>).
Mais dans la lignée cellulaire la plus ancienne connue de cette tumeur, la cellule tumorale ne contenait plus que treize chromosomes, dont neuf sont reconnaissables et quatre mutés (ces mutations en font des chromosomes [[Citation|marqueurs}} de la tumeur et de la maladie<ref name=bbc060202>{{cite news |url=http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/4674446.stm |title=Bites spread fatal 'devil' cancer |work=[[BBC News]] |date=2006-02-02}}</ref>).


Des lignées de cellules tumorales plus récentes montrent une évolution ; certaines lignées de ces cellules cancéreuses ont acquis un chromosome marqueur mutant supplémentaire (ce qui donne à nouveau des cellules à quatorze chromosomes) <ref name=Deakin/>{{,}}<ref name=Pearse2012/>.
Des lignées de cellules tumorales plus récentes montrent une évolution ; certaines lignées de ces cellules cancéreuses ont acquis un chromosome marqueur mutant supplémentaire (ce qui donne à nouveau des cellules à quatorze chromosomes)<ref name=Deakin>{{cite journal |author=Deakin, J.E. |title=Genomic Restructuring in the Tasmanian Devil Facial Tumour: Chromosome Painting and Gene Mapping Provide Clues to Evolution of Transmissible Tumour |journal=[[PLOS Genetics]] |year=2012 |volume=8 |issue=2 |pages=e1002483 |url=http://www.plosgenetics.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pgen.1002483 |doi=10.1371/journal.pgen.1002483 |display-authors=etal}}</ref>{{,}}<ref name=Pearse2012>{{cite journal |author=Pearse, A.-M. |title=Evolution in a transmissible cancer: a study of the chromosomal changes in devil facial tumor |journal=[[Cancer Genetics (journal)|Cancer Genetics]] |year=2012 |volume=205 |pages=101–112 |doi=10.1016/j.cancergen.2011.12.001 |issue=3 |display-authors=etal}}</ref>.
<br />Parmi les gènes mutés ou manquant figurent les gènes RET, FANCD2, MAST3 et BTNL9-like<ref name="P. Murchison 780–791">{{cite journal|vauthors=Murchison EP, Schulz-Trieglaff OB, Ning Z, Alexandrov LB, Bauer MJ, Fu B, Hims M, Ding Z, Ivakhno S, Stewart C, Ng BL, Wong W, Aken B, White S, Alsop A, Becq J, Bignell GR, Cheetham RK, Cheng W, Connor TR, Cox AJ, Feng ZP, Gu Y, Grocock RJ, Harris SR, Khrebtukova I, Kingsbury Z, Kowarsky M, Kreiss A, Luo S, Marshall J, McBride DJ, Murray L, Pearse AM, Raine K, Rasolonjatovo I, Shaw R, Tedder P, Tregidgo C, Vilella AJ, Wedge DC, Woods GM, Gormley N, Humphray S, Schroth G, Smith G, Hall K, Searle SM, Carter NP, Papenfuss AT, Futreal PA, Campbell PJ, Yang F, Bentley DR, Evers DJ, Stratton MR |title=Genome sequencing and analysis of the Tasmanian devil and its transmissible cancer.|journal=Cell|date=17 February 2012|volume=148|issue=4|pages=780–791|pmid=22341448|doi=10.1016/j.cell.2011.11.065}}</ref>.
<br />Parmi les gènes mutés ou manquant figurent les gènes RET, FANCD2, MAST3 et BTNL9-like<ref name="P. Murchison 780–791">{{cite journal|vauthors=Murchison EP, Schulz-Trieglaff OB, Ning Z, Alexandrov LB, Bauer MJ, Fu B, Hims M, Ding Z, Ivakhno S, Stewart C, Ng BL, Wong W, Aken B, White S, Alsop A, Becq J, Bignell GR, Cheetham RK, Cheng W, Connor TR, Cox AJ, Feng ZP, Gu Y, Grocock RJ, Harris SR, Khrebtukova I, Kingsbury Z, Kowarsky M, Kreiss A, Luo S, Marshall J, McBride DJ, Murray L, Pearse AM, Raine K, Rasolonjatovo I, Shaw R, Tedder P, Tregidgo C, Vilella AJ, Wedge DC, Woods GM, Gormley N, Humphray S, Schroth G, Smith G, Hall K, Searle SM, Carter NP, Papenfuss AT, Futreal PA, Campbell PJ, Yang F, Bentley DR, Evers DJ, Stratton MR |title=Genome sequencing and analysis of the Tasmanian devil and its transmissible cancer.|journal=Cell|date=17 February 2012|volume=148|issue=4|pages=780–791|pmid=22341448|doi=10.1016/j.cell.2011.11.065}}</ref>.


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== Hypothèses explicatives ==
== Hypothèses explicatives ==
Une hypothèse est que les cellules cancéreuses elles-mêmes agiraient comme un agent infectieux (théorie de l'[[allogreffe]]<ref name=Pearse/>). Elle a été soutenue par A-M. Pearse, K. Swift, et ses collègues. En [[2006]], ceux-ci ont analysé les cellules DftD de plusieurs diables provenant de lieux variés : elles étaient toutes génétiquement identiques les uns aux autres, et de plus aussi génétiquement distinctes de leurs hôtes, et de celles de tous les diables de Tasmanie connus.
Une hypothèse est que les cellules cancéreuses elles-mêmes agiraient comme un agent infectieux (théorie de l'[[allogreffe]]<ref name=Pearse>{{cite journal |authors=Pearse, A-M., Swift, K. |title=Allograft theory: Transmission of devil facial-tumour disease |journal=[[Nature (journal)|Nature]] |year=2006 |volume=439 |issue=7076 |page=549 |pmid=16452970 |doi=10.1038/439549a}}</ref>). Elle a été soutenue par A-M. Pearse, K. Swift, et ses collègues. En [[2006]], ceux-ci ont analysé les cellules DftD de plusieurs diables provenant de lieux variés : elles étaient toutes génétiquement identiques les uns aux autres, et de plus aussi génétiquement distinctes de leurs hôtes, et de celles de tous les diables de Tasmanie connus.
<br />Ce cancer semble donc provenir d'un seul individu. Il se serait ensuite propagé à la manière d'un [[agent infectieux]]<ref name=Pearse/>{{,}}<ref>[http://www.newscientist.com/article.ns?id=mg18925375.200 Tasmanian devils felled by rare cancer], ''[[New Scientist]]'', 1er février 2006.{{subscription required}}</ref>{{,}}<ref>Gramling, Carolyn: [https://www.sciencenews.org/article/poor-devils-critters-fights-transmit-cancer Poor Devils: Critters' fights transmit cancer], ''[[Science News]]'', 4 février 2006.</ref>. Il est à noter que l'origine dans un individu unique a également été faite pour la 3ème forme connue (et émergente) de cancer transmissible : la [[leucémie des mollusques bivalves]].
<br />Ce cancer semble donc provenir d'un seul individu. Il se serait ensuite propagé à la manière d'un [[agent infectieux]]<ref name=Pearse/>{{,}}<ref>[http://www.newscientist.com/article.ns?id=mg18925375.200 Tasmanian devils felled by rare cancer], ''[[New Scientist]]'', 1er février 2006.{{subscription required}}</ref>{{,}}<ref>Gramling, Carolyn: [https://www.sciencenews.org/article/poor-devils-critters-fights-transmit-cancer Poor Devils: Critters' fights transmit cancer], ''[[Science News]]'', 4 février 2006.</ref>. Il est à noter que l'origine dans un individu unique a également été faite pour la 3ème forme connue (et émergente) de cancer transmissible : la [[leucémie des mollusques bivalves]].


Vingt et un sous-types différents de génomes ont ensuite été identifiés par analyse de l'[[ADN mitochondrial]] et de l'[[ADN nucléaire]] de tumeurs échantillonnées chez 104 diables de Tasmanie<ref name="P. Murchison 780–791"/>.
Vingt et un sous-types différents de génomes ont ensuite été identifiés par analyse de l'[[ADN mitochondrial]] et de l'[[ADN nucléaire]] de tumeurs échantillonnées chez 104 diables de Tasmanie<ref name="P. Murchison 780–791"/>.


Des chercheurs ont ensuite été témoins du cas d'un Diable non-infectées qui a développé des tumeurs après avoir été blessé par un diable infecté, confirmant que la maladie se propage par allogreffe et qu'une transmission peut se faire par morsure, grattage, activité sexuelle et agressions interindividuelles<ref name=Obendorf2008/>{{,}}<ref>{{cite journal|last1=Hamede|first1=Rodrigo K.|last2=McCallum|first2=Hamish|last3=Jones|first3=Menna|last4=Boots|first4=Mike|title=Biting injuries and transmission of Tasmanian devil facial tumour disease|journal=Journal of Animal Ecology|date=January 2013|volume=82|issue=1|pages=182–190|doi=10.1111/j.1365-2656.2012.02025.x}}</ref>.
Des chercheurs ont ensuite été témoins du cas d'un Diable non-infectées qui a développé des tumeurs après avoir été blessé par un diable infecté, confirmant que la maladie se propage par allogreffe et qu'une transmission peut se faire par morsure, grattage, activité sexuelle et agressions interindividuelles<ref name=Obendorf2008>{{cite journal |authors=Obendorf, D. L. and N. D. MacGlashan |title=Research priorities in the Tasmanian devil facial tumor debate |journal=[[European Journal of Oncology (journal)|European Journal of Oncology]] |year=2008 |volume=13 |pages=229–238}}</ref>{{,}}<ref>{{cite journal|last1=Hamede|first1=Rodrigo K.|last2=McCallum|first2=Hamish|last3=Jones|first3=Menna|last4=Boots|first4=Mike|title=Biting injuries and transmission of Tasmanian devil facial tumour disease|journal=Journal of Animal Ecology|date=January 2013|volume=82|issue=1|pages=182–190|doi=10.1111/j.1365-2656.2012.02025.x}}</ref>.


L'[[Université de Sydney]] a montré que ce cancer profite de la faible diversité des {{Citation|gènes immunitaires}} du diable<ref>{{Cite news|title=Tasmanian devil epidemic: cause isolated? |url=http://web.cosmosmagazine.com/news/tasmanian-devil-epidemic-cause-isolated/ |work=Cosmos Magazine |date=27 June 2007}}</ref>. Ces mêmes gènes se trouvent dans les tumeurs, faisant que le le système immunitaire du diable ne reconnaît pas les cellules tumorales comme étrangères<ref>Leung, Chee Chee: [http://www.theage.com.au/news/climate-watch/extinction-warning-for-tassie-devils/2007/10/03/1191091193858.html Extinction warning for Tassie devils], ''[[The Age]]'', 4 October 2007.</ref>{{,}}<ref>{{Cite news|title=Scientists make progress in understanding Tasmanian devil disease |url=http://www.iht.com/articles/2007/10/09/news/devil.php |date=2007-10-09 |work=[[New York Times]]|quote=Australian researchers have made a breakthrough in understanding a rapidly spreading facial cancer that has killed a large percentage of the Tasmanian devil population.}}</ref>.
L'[[Université de Sydney]] a montré que ce cancer profite de la faible diversité des {{Citation|gènes immunitaires}} du diable<ref>{{Cite news|title=Tasmanian devil epidemic: cause isolated? |url=http://web.cosmosmagazine.com/news/tasmanian-devil-epidemic-cause-isolated/ |work=Cosmos Magazine |date=27 June 2007}}</ref>. Ces mêmes gènes se trouvent dans les tumeurs, faisant que le le système immunitaire du diable ne reconnaît pas les cellules tumorales comme étrangères<ref>Leung, Chee Chee: [http://www.theage.com.au/news/climate-watch/extinction-warning-for-tassie-devils/2007/10/03/1191091193858.html Extinction warning for Tassie devils], ''[[The Age]]'', 4 October 2007.</ref>{{,}}<ref>{{Cite news|title=Scientists make progress in understanding Tasmanian devil disease |url=http://www.iht.com/articles/2007/10/09/news/devil.php |date=2007-10-09 |work=[[New York Times]]|quote=Australian researchers have made a breakthrough in understanding a rapidly spreading facial cancer that has killed a large percentage of the Tasmanian devil population.}}</ref>.
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| pmid = 20044575
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}}</ref> écrit par une équipe internationale de chercheurs estime - sur la base d'indice écoépidémiologiques et génétiques forts - que ce cancer pourrait avoir comme origine une mutation des [[cellules de Schwann]]<ref name=BBC_2010/>{{,}}<ref name=Time_2010/> d'un seul diable<ref name=Deakin/>.
}}</ref> écrit par une équipe internationale de chercheurs estime - sur la base d'indice écoépidémiologiques et génétiques forts - que ce cancer pourrait avoir comme origine une mutation des [[cellules de Schwann]]<ref name=BBC_2010/>{{,}}<ref name=Time_2010>{{cite news |url=http://www.time.com/time/health/article/0,8599,1950787,00.html?xid=rss-topstories |title=Decoding the Tasmanian Devil's Deadly Cancer |first=Bryan |last=Walsh |publisher=Time |date=1 January 2010}}</ref> d'un seul diable<ref name=Deakin/>.
Après avoir échantillonné 25 tumeurs les chercheurs ont constaté (comme d'autres avant eux) que les tumeurs étaient génétiquement identiques<ref name=BBC_2010/>. Il ont aussi utilisé une technologie de séquençage en profondeur. Celle-ci a révélé (par profilage du [[transcriptome]] des tumeurs) l'ensemble des gènes actifs dans les tumeurs. Les transcriptomes de ces gènes étaient étroitement appariés à ceux des cellules de Schwann<ref name=Time_2010/>.
Après avoir échantillonné 25 tumeurs les chercheurs ont constaté (comme d'autres avant eux) que les tumeurs étaient génétiquement identiques<ref name=BBC_2010/>. Il ont aussi utilisé une technologie de séquençage en profondeur. Celle-ci a révélé (par profilage du [[transcriptome]] des tumeurs) l'ensemble des gènes actifs dans les tumeurs. Les transcriptomes de ces gènes étaient étroitement appariés à ceux des cellules de Schwann<ref name=Time_2010/>.
<br />Plusieurs marqueurs spécifiques ont été identifiés à cette occasion par l'équipe, dont les gènes PBM et PRX qui permettront plus facilement aux vétérinaires de distinguer le DftD d'autres types de cancer, et éventuellement d'aider à identifier une voie génétique de traitement de ce cancer<ref name=Time_2010/>.
<br />Plusieurs marqueurs spécifiques ont été identifiés à cette occasion par l'équipe, dont les gènes PBM et PRX qui permettront plus facilement aux vétérinaires de distinguer le DftD d'autres types de cancer, et éventuellement d'aider à identifier une voie génétique de traitement de ce cancer<ref name=Time_2010/>.


== Réponse évolutive du diable de Tasmanie ==
== Réponse évolutive du diable de Tasmanie ==
Alors que depuis 20 ans environ leur [[espérance de vie]] diminue à cause de la DftD, les diables ont commencé à se [[reproduction (biologie)|reproduire]] de manière très précoce (mais souvent néanmoins une seule fois, pour une seule saison de reproduction<ref>Owen and Pemberton, p. 6.</ref> juste avant qu'ils ne soient emportés par le cancer)<ref name=bbc080715/>.
Alors que depuis 20 ans environ leur [[espérance de vie]] diminue à cause de la DftD, les diables ont commencé à se [[reproduction (biologie)|reproduire]] de manière très précoce (mais souvent néanmoins une seule fois, pour une seule saison de reproduction<ref>Owen and Pemberton, p. 6.</ref> juste avant qu'ils ne soient emportés par le cancer)<ref name=bbc080715>{{cite news |url=http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/7505244.stm |title=Tumours 'alter devils' sex lives' |work=BBC News |date=15 July 2008 |first=Mark |last=Kinver}}</ref>.
Au lieu d'attendre 2 ou 3 ans, les femelles se reproduire maintenant généralement dès l'âge d'un an, et meurent de tumeurs peu après.
Au lieu d'attendre 2 ou 3 ans, les femelles se reproduire maintenant généralement dès l'âge d'un an, et meurent de tumeurs peu après.


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== Veille écoépidémiologique et actions de protection ==
== Veille écoépidémiologique et actions de protection ==
L'effondrement du nombre de diable pose aussi un problème écologique, car on pense que c'était sa présence dans les écosystèmes forestiers de Tasmanie qui a permis que le renard roux (introduit illégalement en Tasmanie en 2001 et susceptible d'y devenir [[invasif]]) n'y pénètre pas<ref name=Bostanci2005/>. Les diables adultes ne vivent pas longtemps et sont souvent déjà malades quand ils se reproduisent, même s'ils se reproduisent plus précocément qu'autrefois. Les adules peuvent moins protéger leurs jeunes, qui sont a priori vulnérables à la prédation par le [[renard roux]] introduit<ref name=dpiwfox/>.
L'effondrement du nombre de diable pose aussi un problème écologique, car on pense que c'était sa présence dans les écosystèmes forestiers de Tasmanie qui a permis que le renard roux (introduit illégalement en Tasmanie en 2001 et susceptible d'y devenir [[invasif]]) n'y pénètre pas<ref name=bostanci2005>{{cite journal |last=Bostanci |first=A. |year=2005 |title=A Devil of a Disease |journal=[[Science (journal)|Science]] |volume=307 |page=1035 |pmid=15718445 |doi=10.1126/science.307.5712.1035 |issue=5712}}</ref>. Les diables adultes ne vivent pas longtemps et sont souvent déjà malades quand ils se reproduisent, même s'ils se reproduisent plus précocément qu'autrefois. Les adules peuvent moins protéger leurs jeunes, qui sont a priori vulnérables à la prédation par le [[renard roux]] introduit<ref name=dpiwfox>{{cite web |url=http://www.dpiw.tas.gov.au/inter.nsf/WebPages/SJON-52J8U3?open |title=DPIW – Fox Impact on Wildlife |publisher=Dpiw.tas.gov.au |date=2010-05-25 |accessdate=2010-09-11}}</ref>.


Les populations sauvages de diables de Tasmanie sont surveillés afin de suivre la propagation de la maladie, et d'identifier d'éventuels changements dans la prévalence de la maladie. Mi-2009 un test de diagnostic sanguin est apparu, qui permet de mieux dépister la maladie, avant l'apparition des tumeurs visibles<ref>{{cite web|url=http://www.tassiedevil.com.au/tasdevil.nsf/TheProgram/4836FF3FB8C7A885CA2576D20003AEFA?OpenDocument |title=A pre-tumour diagnostic test for DFTD |publisher=Tassiedevil.com.au |date=2009-06-15 |accessdate=2010-09-11}}</ref>.
Les populations sauvages de diables de Tasmanie sont surveillés afin de suivre la propagation de la maladie, et d'identifier d'éventuels changements dans la prévalence de la maladie. Mi-2009 un test de diagnostic sanguin est apparu, qui permet de mieux dépister la maladie, avant l'apparition des tumeurs visibles<ref>{{cite web|url=http://www.tassiedevil.com.au/tasdevil.nsf/TheProgram/4836FF3FB8C7A885CA2576D20003AEFA?OpenDocument |title=A pre-tumour diagnostic test for DFTD |publisher=Tassiedevil.com.au |date=2009-06-15 |accessdate=2010-09-11}}</ref>.
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<br />La surveillance à long terme est essentielle pour déterminer si ces effets persistent, ou si les populations peuvent [[résilience écologique|récupérer]]<ref name="dpiwe dms2005"/>.
<br />La surveillance à long terme est essentielle pour déterminer si ces effets persistent, ou si les populations peuvent [[résilience écologique|récupérer]]<ref name="dpiwe dms2005"/>.
Les agents de terrain doivent aussi tester l'efficacité d'une méthode de piégeage avec élimination des démons malades, avec l'espoir que la suppression des démons malades dans les populations sauvages pourrait diminuer la prévalence de la maladie et permettre à plus de démons pour survivre au-delà de leurs jeunes années afin qu'ils se reproduisent<ref name="dpiwe dms2005"/>.
Les agents de terrain doivent aussi tester l'efficacité d'une méthode de piégeage avec élimination des démons malades, avec l'espoir que la suppression des démons malades dans les populations sauvages pourrait diminuer la prévalence de la maladie et permettre à plus de démons pour survivre au-delà de leurs jeunes années afin qu'ils se reproduisent<ref name="dpiwe dms2005"/>.
Une étude a estimé que le système actuel de l'abattage n'a pas empêché la propagation de la maladie<ref name=cb2010/>.
Une étude a estimé que le système actuel de l'abattage n'a pas empêché la propagation de la maladie<ref name=cb2010>{{cite journal |author1=Lachish, Shelly |author2=McCallum, Hamish |author3=Mann, Dydee |author4=Pukk, Christy E. |author5=Jones, Menna E. |title=Evaluation of Selective Culling of Infected Individuals to Control Tasmanian Devil Facial Tumor Disease |journal=Conservation Biology |volume=24 |issue=3 |pages=841–851 |publisher= |date=2010 |pmid=20088958 |doi=10.1111/j.1523-1739.2009.01429.x}}</ref>.


Deux petites populations de démons exempts de maladies ont été placées dans un centre situé dans la banlieue de Hobart Taroona et de Maria Island au large de la côte est de la Tasmanie<ref name=nyt130122/>.
Deux petites populations de démons exempts de maladies ont été placées dans un centre situé dans la banlieue de Hobart Taroona et de Maria Island au large de la côte est de la Tasmanie<ref name=nyt130122>{{cite news |url=http://www.nytimes.com/2013/01/22/science/saving-tasmanian-devils-from-extinction.html?smid=tw-nytimesscience&seid=auto&pagewanted=all&_r=0 |title=Raising Devils in Seclusion |first=Carl |last=Zimmer |work=New York Times |date=22 January 2013}}</ref>.
L'élevage en captivité dans les zoos du continent est aussi une possibilité envisagées.
L'élevage en captivité dans les zoos du continent est aussi une possibilité envisagées.


47 Démons ont été expédiés dans des parcs zoologiques de présentation la faune australienne à travers le continent pour contribuer de préserver une certaine [[diversité génétique]] au sein de l'espèce.
47 Démons ont été expédiés dans des parcs zoologiques de présentation la faune australienne à travers le continent pour contribuer de préserver une certaine [[diversité génétique]] au sein de l'espèce.
Le plus important de ces efforts est l'opération ''{{Citation| Devil Ark project}}'' à Barrington Tops, en [[Nouvelle-Galles du Sud]] ; une initiative de l'« ''Australian Reptile Park'' ». Ce projet vise à créer une population de 1000 diables génétiquement représentatif de l'espèce. Il est maintenant un axe majeur de la politique de préservation de l'espèce<ref name=devilark/>.
Le plus important de ces efforts est l'opération ''{{Citation| Devil Ark project}}'' à Barrington Tops, en [[Nouvelle-Galles du Sud]] ; une initiative de l'« ''Australian Reptile Park'' ». Ce projet vise à créer une population de 1000 diables génétiquement représentatif de l'espèce. Il est maintenant un axe majeur de la politique de préservation de l'espèce<ref name=devilark>{{cite web |url=http://www.devilark.com.au/ |title=The Tasmanian Devil Needs a Saviour |publisher=[[Devil Ark]] |accessdate=2011-04-19}}</ref>.
En outre, la péninsule tasmane est considérée comme pouvant devenir une « zone propre » protégée par un étroit et unique point d'accès, contrôlable par des barrières physiques (au risque de poser des problèmes d'[[insularisation écologique]] pour les autres espèces qui y vivent). Le ministère de Tasmanie en charge des industries primaires et de l'eau estime que l'expérimentation sur l'abattage des animaux infectés a donné des signes de succès.<ref name=SciAm>Scientific American, March 2007</ref>{{,}}<ref>[http://harpers.org/archive/2008/04/0081988 Contagious cancer: the evolution of a killer], David Quammen, [[Harper's Magazine]], April 2008.</ref>.
En outre, la péninsule tasmane est considérée comme pouvant devenir une « zone propre » protégée par un étroit et unique point d'accès, contrôlable par des barrières physiques (au risque de poser des problèmes d'[[insularisation écologique]] pour les autres espèces qui y vivent). Le ministère de Tasmanie en charge des industries primaires et de l'eau estime que l'expérimentation sur l'abattage des animaux infectés a donné des signes de succès.<ref name=SciAm>Scientific American, March 2007</ref>{{,}}<ref>[http://harpers.org/archive/2008/04/0081988 Contagious cancer: the evolution of a killer], David Quammen, [[Harper's Magazine]], April 2008.</ref>.


Une étude a suggéré que la création d'une [[banque d'ovocyte]] pourrait contribuer à l'effort de conservation de l'espèce Diable de Tasmanie. Le taux de survie des ovocytes dans cette étude (court terme) était de 70% <ref name=cryo2010/>. Avec le même objectif, une autre étude (publiée dans les Actes de l'Académie nationale des sciences, le 27 Juin 2011) a suggéré de capturer et protéger un stock de reproducteurs génétiquement divers (=> diversité à vérifiée par [[séquençage génomique]])<ref name=pnas2011/>.
Une étude a suggéré que la création d'une [[banque d'ovocyte]] pourrait contribuer à l'effort de conservation de l'espèce Diable de Tasmanie. Le taux de survie des ovocytes dans cette étude (court terme) était de 70%<ref name=cryo2010>{{cite journal |doi=10.1016/j.cryobiol.2010.02.007 |title=Vitrification as a method for genome resource banking oocytes from the endangered Tasmanian devil (Sarcophilus harrisii)☆ |year=2010 |last1=Czarny |first1=N.A. |last2=Rodger |first2=J.C. |journal=Cryobiology |volume=60 |issue=3 |pages=322–5 |pmid=20219455}}</ref>. Avec le même objectif, une autre étude (publiée dans les Actes de l'Académie nationale des sciences, le 27 Juin 2011) a suggéré de capturer et protéger un stock de reproducteurs génétiquement divers (=> diversité à vérifiée par [[séquençage génomique]])<ref name=pnas2011>{{cite journal |last=Miller |first=Webb |title=Genetic diversity and population structure of the endangered marsupial Sarcophilus harrisii (Tasmanian devil) |journal=Proceedings of the National Academy of Sciences |date=27 June 2011 |doi=10.1073/pnas.1102838108 |volume=108 |issue=30 |pages=12348–12353 |display-authors=etal}}</ref>.



== Recherche d'animaux naturellement résistants à la maladie ==
== Recherche d'animaux naturellement résistants à la maladie ==
* En [[2008]], on a cru avoir trouvé un Diable (baptisé ''Cédric'') doté d'une immunité naturelle lui permettant de résister à la maladie, mais fin de 2008 il a néanmoins développé deux tumeurs de la face. Elles ont été chirurgicalement retirées<ref name=abc100901>{{cite web |url=http://www.abc.net.au/news/stories/2010/09/01/2999309.htm |title=Cancer-related death for Cedric the devil – ABC News (Australian Broadcasting Corporation) |publisher=ABC.net.au |date=2010-09-01 |accessdate=2010-09-11}}</ref> et les responsables de l'opération pensaient que l'animal était en voie de guérison en Septembre 2010, quand il a été découvert que le cancer avait atteint ses poumons. Il a été euthanasié<ref name=abc100901/>.
* En [[2008]], on a cru avoir trouvé un Diable (baptisé ''Cédric'') doté d'une immunité naturelle lui permettant de résister à la maladie, mais fin de 2008 il a néanmoins développé deux tumeurs de la face. Elles ont été chirurgicalement retirées<ref name=abc100901>{{cite web |url=http://www.abc.net.au/news/stories/2010/09/01/2999309.htm |title=Cancer-related death for Cedric the devil – ABC News (Australian Broadcasting Corporation) |publisher=ABC.net.au |date=2010-09-01 |accessdate=2010-09-11}}</ref> et les responsables de l'opération pensaient que l'animal était en voie de guérison en Septembre 2010, quand il a été découvert que le cancer avait atteint ses poumons. Il a été euthanasié<ref name=abc100901/>.
* Deux ans plus tard (début [[2010]]) des scientifiques pensent avoir trouvé des diables de Tasmanie, surtout dans le nord-ouest de la Tasmanie, dont le génome est assez différent de celui des lignées tumorales en circulation pour que leur système immunitaire soit aptes à distinguer ce cancer comme ''étranger à eux-mêmes'' (Cf. [[complexe majeur d'histocompatibilité]])<ref name=taus100310/>.
* Deux ans plus tard (début [[2010]]) des scientifiques pensent avoir trouvé des diables de Tasmanie, surtout dans le nord-ouest de la Tasmanie, dont le génome est assez différent de celui des lignées tumorales en circulation pour que leur système immunitaire soit aptes à distinguer ce cancer comme ''étranger à eux-mêmes'' (Cf. [[complexe majeur d'histocompatibilité]])<ref name=taus100310>{{cite news |url=http://www.theaustralian.com.au/news/health-science/genetic-study-raises-hopes-for-tasmanian-devils-hit-by-facial-tumour-disease/story-e6frg8y6-1225839047676 |title=Genetic study raises hopes for Tasmanian devils hit by facial tumour disease |first=Matthew |last=Denholm |publisher=The Australian |date=2010-03-10 |accessdate=2010-09-11}}</ref>.


== Recherche de médicaments et/ou d'un vaccin ==
== Recherche de médicaments et/ou d'un vaccin ==
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== Histoire épidémiologique ==
== Histoire épidémiologique ==
[[File:DFTD spread 2003-2007.svg|right|thumb|upright=1.6|Schéma de développement spatiotemporel de l'épidémie (depuis 2007)<ref name=tee08/>]]
[[File:DFTD spread 2003-2007.svg|right|thumb|upright=1.6|Schéma de développement spatiotemporel de l'épidémie (depuis 2007)<ref name=tee08>{{cite journal |doi=10.1016/j.tree.2008.07.001 |title=Tasmanian devil facial tumour disease: lessons for conservation biology |author=McCallum H |journal=Trends Ecol Evol. |year=2008 |volume=23 |issue=11 |pages=631–7 |pmid=18715674}}</ref>]]
Cette histoire semble commencer avec un foyer d'épidémie détecté à l'Est de la Tasmanie, qui depuis se propage régulière vers l'Ouest (à partir de [[2007]] surtout)<ref name=tee08/>.
Cette histoire semble commencer avec un foyer d'épidémie détecté à l'Est de la Tasmanie, qui depuis se propage régulière vers l'Ouest (à partir de [[2007]] surtout)<ref name=tee08/>.


En [[1996]], un photographe néerlandais fait plusieurs images de Démons avec des tumeurs du visage près de Mount William dans le nord-est de la Tasmanie<ref> http://www.radiolab.org/story/91714-devil-tumors/ </ref>.
En [[1996]], un photographe néerlandais fait plusieurs images de Démons avec des tumeurs du visage près de Mount William dans le nord-est de la Tasmanie<ref> http://www.radiolab.org/story/91714-devil-tumors/ </ref>.
Vers la même époque, des agriculteurs tasmaniens signalent à l'est de l'Île une diminution importante du nombre de Diables<ref>Owen and Pemberton, pp.170–171</ref>.
Vers la même époque, des agriculteurs tasmaniens signalent à l'est de l'Île une diminution importante du nombre de Diables<ref>Owen and Pemberton, pp.170–171</ref>.
Menna Jones s'intéresse à la maladie en 1999 près de ''Little Swanport'' et en 2001 capture (dans la [[péninsule Freycinet]]) trois diables avec des tumeurs de la face<ref name=abc070421/>. La population des diables sur la péninsule s'effondre de façon spectaculaire.
Menna Jones s'intéresse à la maladie en 1999 près de ''Little Swanport'' et en 2001 capture (dans la [[péninsule Freycinet]]) trois diables avec des tumeurs de la face<ref name=abc070421>{{cite news |url=http://abc.com.au/rn/scienceshow/stories/2007/1902683.htm |title=Tasmanian devils threatened by facial tumour disease |publisher=Australian Broadcasting Corporation |work=Science Show |date=2007-04-21 |accessdate=2010-10-08}}</ref>. La population des diables sur la péninsule s'effondre de façon spectaculaire.


En Mars [[2003]] Nick Mooney écrit une note d'alerte, notamment destinée à être distribué dans les [[aires protégées]] de Tasmanie et dans les administrations en charge de la protection de la faune. Ce document appelait à davantage de fonds pour étudier la maladie. Mais l'appel à financement est publié avant même que le mémo ne soit présenté à Bryan vert (à l'époque Ministre de la Tasmanie pour les industries primaires, l'eau et l'environnement)<ref>Owen and Pemberton, p.177</ref>{{,}}<ref name="thaa031029" />.
En Mars [[2003]] Nick Mooney écrit une note d'alerte, notamment destinée à être distribué dans les [[aires protégées]] de Tasmanie et dans les administrations en charge de la protection de la faune. Ce document appelait à davantage de fonds pour étudier la maladie. Mais l'appel à financement est publié avant même que le mémo ne soit présenté à Bryan vert (à l'époque Ministre de la Tasmanie pour les industries primaires, l'eau et l'environnement)<ref>Owen and Pemberton, p.177</ref>{{,}}<ref name=thaa031029>{{cite hansard |jurisdiction=Tasmania |title=Tasmanian Devils - Spread of Disease |url=http://www.webcitation.org/5tM20MDAs |house=[[Tasmanian House of Assembly|House of Assembly]] |date=29 October 2003 |page_start=31 |page_end=104 |part=2}} (part 2) 3:30 pm ([[Jeremy Rockliff]], Shadow Minister for Primary Industries, Water and Environment; [[Nick McKim]], Tasmanian Greens; [[Bryan Green]], Minister for Primary Industries, Water and Environment).</ref>.


En Avril 2003, un groupe de travail est formé par le gouvernement tasmanien pour répondre à la maladie<ref name="tha030820" />.
En Avril 2003, un groupe de travail est formé par le gouvernement tasmanien pour répondre à la maladie<ref name=tha030820>{{cite hansard |jurisdiction=Tasmania |title=Tasmanian Devils and the Spread of Cancer |url=http://www.webcitation.org/5tM2Fwxo2 |house=[[Tasmanian House of Assembly|House of Assembly]] |date=20 August 2003 |page_start=1 |page_end=29 |speaker=[[Bryan Green]] |position=Minister for Primary Industries, Water and Environment |part=1}} (10:58 am) (part 1)</ref>.


En Septembre 2003, dans le quotidien tasmanien ''The Mercury'' Nick Mooney rend public l'information sur la maladie et propose une mise en quarantaine des diables de Tasmanie en bonne santé (À l'époque, on pensait encore à un rétrovirus comme cause possible).
En Septembre 2003, dans le quotidien tasmanien ''The Mercury'' Nick Mooney rend public l'information sur la maladie et propose une mise en quarantaine des diables de Tasmanie en bonne santé (À l'époque, on pensait encore à un rétrovirus comme cause possible).
David Chadwick du laboratoire d'Etat sur la santé animale dit que le laboratoire n'a pas les ressources nécessaires pour travailler sur un rétrovirus.
David Chadwick du laboratoire d'Etat sur la santé animale dit que le laboratoire n'a pas les ressources nécessaires pour travailler sur un rétrovirus.
L'ONG Conservation Trust de Tasmanie critique le gouvernement de Tasmanie qui ne fournit pas suffisamment de fonds pour la recherche, et suggère que la DFTD pourrait être zoonotique (et alors être aussi une menace pour le bétail, certains animaux domestiques, voire les humains)<ref name="TDUT" />.
L'ONG Conservation Trust de Tasmanie critique le gouvernement de Tasmanie qui ne fournit pas suffisamment de fonds pour la recherche, et suggère que la DFTD pourrait être zoonotique (et alors être aussi une menace pour le bétail, certains animaux domestiques, voire les humains)<ref name=TDUT>{{cite news |last=Wood |first=Danielle |title=Tassie devil under threat |newspaper=The Mercury |date=1 September 2003 |location=Hobart Town, Tasmania |page=1}}</ref>.
Le 14 Octobre 2003, un atelier de travail est organisé à Launceston<ref name="abc031014" />.
Le 14 Octobre 2003, un atelier de travail est organisé à Launceston<ref name=abc031014>{{cite web |url=http://www.abc.net.au/worldtoday/content/2003/s966941.htm |title=Wildlife specialists concerned about Tassie Devil disease |publisher=Australian Broadcasting Corporation |date=2003-10-14 |accessdate=2010-10-08}}</ref>.


En 2004, Kathryn Medlock trouve dans des musées européens 3 crânes de diable de forme irrégulière (laissent supposer qu'ils ont pu mourir de ce même cancer, et que la maladie est déjà ancienne). Elle trouve aussi une description d'un diable mourant dans le zoo de Londres, qui présente des similitude avec la DftD<ref name="abc040910" />.
En [[2004]], Kathryn Medlock trouve dans des musées européens 3 crânes de diable de forme irrégulière (laissent supposer qu'ils ont pu mourir de ce même cancer, et que la maladie est déjà ancienne). Elle trouve aussi une description d'un diable mourant au [[zoo de Londres]], qui présente des similitude avec la DftD<ref name=abc040910>{{cite web |url=http://www.abc.net.au/stateline/tas/content/2003/s1196883.htm |title=Devil Disease |work=Stateline Tasmania |publisher=Australian Broadcasting Corporation |date=2004-09-10 |accessdate=2010-10-08}}</ref>.


L'hypothèse virale initialement mise en avant<ref name="TDUT" />, s'essouffle car après plusieurs années, aucune trace d'un tel virus n'a pu être détectée dans les nombreux prélèvements de cellules cancéreuses. On cherche donc d'autres explications ; [[Calicivirus]], [[fluoroacétate de sodium très utilisé en Australie comme poison pour réguler certaine espèces (dont le Diable est aussi prédateur), plus connu sous son nom commercial ''1080'', pesticides agricoles, problèmes génétiques dus à la [[Fragmentation écopaysagère|fragmentation]] et [[insularisation écologique]] de ses habitats, combiné à un rétrovirus ou non<ref>Owen and Pemberton, p.178</ref>. On a aussi suspecté des toxines environnementales mutagènes auxquelles l'espèce seraient eut-être particulièrement vulnérable ou sensible<ref>Owen and Pemberton, p.184-185</ref> .
L'hypothèse virale initialement mise en avant<ref name="TDUT" />, s'essouffle car après plusieurs années, aucune trace d'un tel virus n'a pu être détectée dans les nombreux prélèvements de cellules cancéreuses. On cherche donc d'autres explications ; [[Calicivirus]], [[fluoroacétate de sodium très utilisé en Australie comme poison pour réguler certaine espèces (dont le Diable est aussi prédateur), plus connu sous son nom commercial ''1080'', pesticides agricoles, problèmes génétiques dus à la [[Fragmentation écopaysagère|fragmentation]] et [[insularisation écologique]] de ses habitats, combiné à un rétrovirus ou non<ref>Owen and Pemberton, p.178</ref>. On a aussi suspecté des toxines environnementales mutagènes auxquelles l'espèce seraient eut-être particulièrement vulnérable ou sensible<ref>Owen and Pemberton, p.184-185</ref> .
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La même année (2006) la maladie est classée à déclaration obligatoire (Liste B en vertu de la Loi en vigueur en Tasmanie sur la santé animale de 1995)<ref>[http://www.tassiedevil.com.au/tasdevil.nsf/file/DD87BEF28EFEF6C3CA2576D20004BB2C/$file/FAQs%20Devil%20Facial%20Tumour%20Disease.pdf ''Frequently Asked Questions About Devil Facial Tumour Disease'']</ref> et une stratégie de développement d'une population captive et protégée de la maladie est mise en place.
La même année (2006) la maladie est classée à déclaration obligatoire (Liste B en vertu de la Loi en vigueur en Tasmanie sur la santé animale de 1995)<ref>[http://www.tassiedevil.com.au/tasdevil.nsf/file/DD87BEF28EFEF6C3CA2576D20004BB2C/$file/FAQs%20Devil%20Facial%20Tumour%20Disease.pdf ''Frequently Asked Questions About Devil Facial Tumour Disease'']</ref> et une stratégie de développement d'une population captive et protégée de la maladie est mise en place.


Une étude de [[2007]] sur le système immunitaire des démons a conclu que lorsqu'il lutte contre d'autres agents pathogènes, la réponse du système immunitaire du Démon est normale, mais non dans le cas de la DFTD, ce qui laisse suspecter que le Démons est dans ce cas incapables de détecter les cellules cancéreuses comme « non-soi »<ref name="ecoh43" />.
Une étude de [[2007]] sur le système immunitaire des démons a conclu que lorsqu'il lutte contre d'autres agents pathogènes, la réponse du système immunitaire du Démon est normale, mais non dans le cas de la DFTD, ce qui laisse suspecter que le Démons est dans ce cas incapables de détecter les cellules cancéreuses comme « non-soi »<ref name=ecoh43>{{cite journal |doi=10.1007/s10393-007-0117-1 |title=The Immune Response of the Tasmanian Devil (Sarcophilus harrisii) and Devil Facial Tumour Disease |year=2007 |last1=Woods |first1=Gregory M. |last2=Kreiss |first2=Alexandre |last3=Belov |first3=Katherine |last4=Siddle |first4=Hannah V. |last5=Obendorf |first5=David L. |last6=Muller |first6=H. Konrad |journal=EcoHealth |volume=4 |issue=3 |pages=338–345}}</ref>.
En 2008, la stratégie a été réévalué en 2008 et des analyses ont mis en évidence des taux élevés de produits chimiques potentiellement [[cancérigène]]s ([[ignifuges]]) dans les tissus adipeux des diables de Tasmanie (niveaux élevés d'[[hexabromobiphényle]] (BB153) et {{Citation|significativement élevés}} de décabromodiphényle-éther (BDE209)<ref name="news080122" />.
En 2008, la stratégie a été réévalué en 2008 et des analyses ont mis en évidence des taux élevés de produits chimiques potentiellement [[cancérigène]]s ([[ignifuges]]) dans les tissus adipeux des diables de Tasmanie (niveaux élevés d'[[hexabromobiphényle]] (BB153) et {{Citation|significativement élevés}} de décabromodiphényle-éther (BDE209)<ref name=news080122>{{cite news | url=http://www.news.com.au/story/0,23599,23087523-421,00.html |title=Cancer agents found in Tasmanian devils |last=Denholm |first=Matthew |publisher=News.com.au |date=2008-01-22 |accessdate=2010-03-16}}</ref>.


== Chez d'autres animaux ==
== Chez d'autres animaux ==
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On en connaît que 3 autres dans l'histoire de la médecine humaine ou vétérinaire, récemment découverts :
On en connaît que 3 autres dans l'histoire de la médecine humaine ou vétérinaire, récemment découverts :
# une tumeur canine vénérienne transmissible (CTVT, transmise sexuellement, par contournement du système immunitaire), uniquement constatée chez les chiens ;
# une tumeur canine vénérienne transmissible (CTVT, transmise sexuellement, par contournement du système immunitaire), uniquement constatée chez les chiens ;
# un [[sarcome]] contagieux à cellules de réticulum, qui ne touche que le Hamster doré (''[[Mesocricetus auratus]]'')<ref name=copper1964/>, espèce à très faible diversité génétique<ref name=pnas41/>. (maladie qui peut être transmis par l'intermédiaire des piqûres de moustiques (''[[Aedes aegypti]]'')<ref name=banfield1965/> ;
# un [[sarcome]] contagieux à cellules de réticulum, qui ne touche que le Hamster doré (''[[Mesocricetus auratus]]'')<ref name=copper1964>{{cite journal |last1=Copper |first1=H.L. |last2=MacKay |first2=CM |last3=Banfield |first3=WG |date=1964-10-01 |title=CHROMOSOME STUDIES OF A CONTAGIOUS RETICULUM CELL SARCOMA OF THE SYRIAN HAMSTER |journal=[[Journal of the National Cancer Institute |J Natl Cancer Inst]] |volume=33 |pages=691–706 |pmid=14220251}}</ref>, espèce à très faible diversité génétique<ref name=pnas41>{{cite journal | doi=10.1073/pnas.0704580104 | title=Transmission of a fatal clonal tumor by biting occurs due to depleted MHC diversity in a threatened carnivorous marsupial |year=2007 |last1=Siddle |first1=H. V. |last2=Kreiss |first2=A. |last3=Eldridge |first3=M. D. B. |last4=Noonan |first4=E. |last5=Clarke |first5=C. J. |last6=Pyecroft |first6=S. |last7=Woods |first7=G. M. |last8=Belov |first8=K. |journal=Proceedings of the National Academy of Sciences |volume=104 |issue=41 |pages=16221–6 |pmid=17911263 |pmc=1999395}}</ref>. (maladie qui peut être transmis par l'intermédiaire des piqûres de moustiques (''[[Aedes aegypti]]'')<ref name=banfield1965>{{cite journal |last=Banfield |first=William G. |date=1965-05-28 |title=Mosquito Transmission of a Reticulum Cell Sarcoma of Hamsters |journal=[[Science (journal)|Science]] |volume=148 |pages=1239–1240 |pmid=14280009 |doi=10.1126/science.148.3674.1239 |url=http://www.sciencemag.org/cgi/content/abstract/148/3674/1239 |last2=Woke |first2=PA |last3=MacKay |first3=CM |last4=Cooper |first4=HL |issue=3674}}</ref> ;
# la [[leucémie des mollusques bivalves]], qui semble aussi être une maladie émergente, et qui franchit la barrière des espèces (tout en n'infectant que des mollusques bivalves).
# la [[leucémie des mollusques bivalves]], qui semble aussi être une maladie émergente, et qui franchit la barrière des espèces (tout en n'infectant que des mollusques bivalves).



Version du 21 juin 2016 à 00:05

Depuis 1996, un cancer mortel de la face se transmet à un nombre croissant de diables de Tasmanie (Sarcophilus harrisii), mettant l'espèce en péril

.

La tumeur faciale transmissible du Diable de Tasmanie (Devil Facial Tumour Disease ou DFTD ou DftD) est une maladie émergente (non virale) découverte en 1996 dont une des composantes est une tumeur de la face évoluant en cancer [1],[2],[3],[4]. C'est l'un des quatre cancers contagieux connus, et le second a avoir été découvert.

En Tasmanie l'épidémie progresse depuis 1986 d'Est en Ouest en se transmettant à un nombre croissant d'individus (via des morsures ou le partage de la nourriture, la consommation d'une carcasse infectée ; actions qui permettent un transfert allogénique de cellules tumorales entre individus non apparentés) [5], [6].

À ce jour la transmission n'est observée qu'entre individus de cette espèce (Sarcophilus harrisii).

Entre 1986 (date de son identification en Australie) et 2008, c'est à dire en à peine plus de 20 ans, cette maladie aurait tué la moitié de la population de l'espèce en Tasmanie [7]. À l'heure actuelle, la population aurait chuté de 70% depuis 1996. En 2010, 80% de la population était infectée. Là où les populations sont denses ce sont jusqu'à 100% des animaux qui meurent en 12 à 18 mois[8]. En 2005, 65% de la surface de la Tasmanie était touchée[9],[10] En 2015, la maladie a touché toute la moitié orientale de la Tasmanie et tend à s’étendre vers l’ouest.

Elle provient vraisemblablement d'une mutation génétique transmissible « horizontalement » (c'est à dire d'un individu à l'autre) car alors que le diable de Tasmanie a normalement quatorze chromosomes, on a constaté lors des premières études chez les diables malades que leurs cellules cancéreuses avaient perdu leur paire de chromosomes sexuels et avaient par contre acquis quatre nouveaux chromosomes d'origine inconnue. La mort du sujet contaminé survient entre trois et huit mois (soit parce défaillance d'organes vitaux en raison du cancer, soit par mort de faim, l’animal n’étant plus capable de s’alimenter en raison des déformations de sa face par le cancer[11],[12]. Des atteintes des ganglions lymphatiques régionaux et des métastases systémiques sont communes. Le cancer envahit aussi le cœur [13]

Au rythme actuel de disparition des diables (70% de réduction depuis 1996), si aucun traitement n'est trouvé, l'espèce s'éteindra dans la nature avant 2035[14]. En raison de la gravité de la menace, l'espèce a été classée comme menacée[15] et pourrait devoir être clonée (sans donc préserver la diversité génétique relictuelle des populations survivantes). Des sujets sains ont été transférés en Australie et des mesures strictes de quarantaine entre réserves imposées. Le plan australien vétérinaire (AusVet Plan) de 2005 inclut une stratégie de réponse à la maladie, qui a fait l’objet d’un atelier (29–31 août 2005) et d’un rapport final du Department of Primary Industries, Water, and Environment. Les recherches pour éradiquer la maladie continuent[16]. Depuis juin 2005 trois puis six femelles ont été trouvés porteuses d'une « immunité partielle »[14] ; un élevage en captivité a commencé pour tenter de sauver un échantillon de l'espèce[14].

Symptômes

La DftD débute par des lésions généralement situées autour de la bouche.
Elles évoluent en tumeurs, qui se développent ensuite sur et à partir de la face vers l'ensemble du corps, y compris vers des organes internes. Mâles et femelles y semblent également vulnérables[17].

Les tumeurs sont des masses de tissus mous et indurés présentant des surfaces aplanies, souvent ulcérées en leur centre et présentant des surfaces exsudantes. Elles sont « typiquement multicentriques, apparaissant d'abord dans les régions de la bouche, de la face ou du cou ». Au microscope, elles présentent des « agrégats nodulaires infiltrants de cellules rondes à allongées (en forme de fuseau) souvent dans une « pseudocapsule » et divisés en lobules par des septae fibreux et délicates »[18].

Les tumeurs peuvent fortement déformer les organes ; elles sont notamment capables de dissoudre les parties du crâne[19].

Caractéristiques génétiques de la maladie

Le génome du diable de Tasmanie est normalement constitué dans chaque cellule de 14 chromosomes. Mais dans la lignée cellulaire la plus ancienne connue de cette tumeur, la cellule tumorale ne contenait plus que treize chromosomes, dont neuf sont reconnaissables et quatre mutés (ces mutations en font des chromosomes [[Citation|marqueurs}} de la tumeur et de la maladie[20]).

Des lignées de cellules tumorales plus récentes montrent une évolution ; certaines lignées de ces cellules cancéreuses ont acquis un chromosome marqueur mutant supplémentaire (ce qui donne à nouveau des cellules à quatorze chromosomes)[21],[22].
Parmi les gènes mutés ou manquant figurent les gènes RET, FANCD2, MAST3 et BTNL9-like[23].

Ce cancer est qualifié de « tumeur neuroendocrine » et caractérisée par des réarrangements chromosomiques identiques dans toutes les cellules cancéreuses[24].

Les anomalies du caryotype des cellules DftD sont similaires à celles des cellules cancéreuses du seul autre cancer transmissible connu chez les mammifères (une tumeur vénérienne transmissible entre chiens (CTVT), transmis par contact physique lors des accouplements [24] ;

Parmi les altérations du génome tumoral, plusieurs variantes de mutations ont été trouvées avec de petites insertions et/ou suppressions de gènes, des délétions dans les chromosomes 1, 2 et 3 ou des trisomies en 5p[23].

Hypothèses explicatives

Une hypothèse est que les cellules cancéreuses elles-mêmes agiraient comme un agent infectieux (théorie de l'allogreffe[25]). Elle a été soutenue par A-M. Pearse, K. Swift, et ses collègues. En 2006, ceux-ci ont analysé les cellules DftD de plusieurs diables provenant de lieux variés : elles étaient toutes génétiquement identiques les uns aux autres, et de plus aussi génétiquement distinctes de leurs hôtes, et de celles de tous les diables de Tasmanie connus.
Ce cancer semble donc provenir d'un seul individu. Il se serait ensuite propagé à la manière d'un agent infectieux[25],[26],[27]. Il est à noter que l'origine dans un individu unique a également été faite pour la 3ème forme connue (et émergente) de cancer transmissible : la leucémie des mollusques bivalves.

Vingt et un sous-types différents de génomes ont ensuite été identifiés par analyse de l'ADN mitochondrial et de l'ADN nucléaire de tumeurs échantillonnées chez 104 diables de Tasmanie[23].

Des chercheurs ont ensuite été témoins du cas d'un Diable non-infectées qui a développé des tumeurs après avoir été blessé par un diable infecté, confirmant que la maladie se propage par allogreffe et qu'une transmission peut se faire par morsure, grattage, activité sexuelle et agressions interindividuelles[28],[29].

L'Université de Sydney a montré que ce cancer profite de la faible diversité des « gènes immunitaires » du diable[30]. Ces mêmes gènes se trouvent dans les tumeurs, faisant que le le système immunitaire du diable ne reconnaît pas les cellules tumorales comme étrangères[31],[32].

Évolution et virulence

Au cours de l'épidémie, le cancer a évolué (pour son nombre de chromosome, la nature des gènes et son niveau de ploïdie).
Quatre souches en ont été observées, et il en existe probablement plus. Ceci laisse penser qur le génome des lignées tumorales peut encore évoluer, et peut-être devenir encore plus virulent[33].

Cette multiplication des formes et souches de cancer complique la recherche et rend plus difficile la recherche d'un vaccin ou d'un éventuel traitement anticancéreux.

Les souches tumorales semblent (un peu comme des microbes) répondre aux pressions de leur environnement. Ainsi comme la ploïdie ralentit la vitesse de croissance de la tumeur, Ujvari et al. postulent que le programme de suppression de la maladie a sélectionné des génomes produisant des tumeurs à croissance plus lente, et que les programmes d'éradication de la maladie pourraient conduire à de nouvelles évolutions de la maladie[34], avec un risque de voir apparaitre des souches capables de franchir la barrière des espèces et toucher des espèces apparentées comme le Quoll [35]

En Janvier 2010, un article de la revue Science[36] écrit par une équipe internationale de chercheurs estime - sur la base d'indice écoépidémiologiques et génétiques forts - que ce cancer pourrait avoir comme origine une mutation des cellules de Schwann[37],[38] d'un seul diable[21]. Après avoir échantillonné 25 tumeurs les chercheurs ont constaté (comme d'autres avant eux) que les tumeurs étaient génétiquement identiques[37]. Il ont aussi utilisé une technologie de séquençage en profondeur. Celle-ci a révélé (par profilage du transcriptome des tumeurs) l'ensemble des gènes actifs dans les tumeurs. Les transcriptomes de ces gènes étaient étroitement appariés à ceux des cellules de Schwann[38].
Plusieurs marqueurs spécifiques ont été identifiés à cette occasion par l'équipe, dont les gènes PBM et PRX qui permettront plus facilement aux vétérinaires de distinguer le DftD d'autres types de cancer, et éventuellement d'aider à identifier une voie génétique de traitement de ce cancer[38].

Réponse évolutive du diable de Tasmanie

Alors que depuis 20 ans environ leur espérance de vie diminue à cause de la DftD, les diables ont commencé à se reproduire de manière très précoce (mais souvent néanmoins une seule fois, pour une seule saison de reproduction[39] juste avant qu'ils ne soient emportés par le cancer)[40]. Au lieu d'attendre 2 ou 3 ans, les femelles se reproduire maintenant généralement dès l'âge d'un an, et meurent de tumeurs peu après.

Faux espoir avec la découverte d'une lignée de cellules cancéreuses tétraploïdes

Mais en 2015, une nouvelle lignée de ces cellules cancéreuses a été décrite par Dr Rodrigo Hamede de l'Université de Tasmanie. Cette variante est tétraploïde et non diploïde comme dans les principales forme de ce cancer. Cette forme tétraploïde a été reliée à des taux de mortalité beaucoup plus bas, ce qui a suscité un grand espoir [41] ; une hypothèse a en effet été que cette lignée pourrait en quelque sorte entre en compétition avec les lignées induisant une mortalité élevée (cette dernière ayant plus de chance de disparaitre avec ses porteurs, puis qu'elle les tue) , mais c'est l'inverse qui a été observé. La souche diploïde s'est répandue dans la poche de population qui semblait résistante et l'a décimée. Cette étude aura néanmoins permis pour la première fois, de relier la génétique des tumeurs aux modèles épidémiques de la maladie et à des taux d'infection et à des effets en termes de dynamique de population.

Veille écoépidémiologique et actions de protection

L'effondrement du nombre de diable pose aussi un problème écologique, car on pense que c'était sa présence dans les écosystèmes forestiers de Tasmanie qui a permis que le renard roux (introduit illégalement en Tasmanie en 2001 et susceptible d'y devenir invasif) n'y pénètre pas[24]. Les diables adultes ne vivent pas longtemps et sont souvent déjà malades quand ils se reproduisent, même s'ils se reproduisent plus précocément qu'autrefois. Les adules peuvent moins protéger leurs jeunes, qui sont a priori vulnérables à la prédation par le renard roux introduit[42].

Les populations sauvages de diables de Tasmanie sont surveillés afin de suivre la propagation de la maladie, et d'identifier d'éventuels changements dans la prévalence de la maladie. Mi-2009 un test de diagnostic sanguin est apparu, qui permet de mieux dépister la maladie, avant l'apparition des tumeurs visibles[43].

Le suivi de terrain est basé sur le piégeage régulier de démons dans des zones d'étude pour vérifier la présence (ou absence) de la maladie, et pour évaluer le nombre d'animaux touchés dans la zone. Le même secteur est ensuite périodiquement visitée pour caractériser la propagation de la maladie. Jusqu'à présent, cette veille a partout montré que les effets à court terme de la maladie peuvent être graves aux échelles locales et régionales.
La surveillance à long terme est essentielle pour déterminer si ces effets persistent, ou si les populations peuvent récupérer[10]. Les agents de terrain doivent aussi tester l'efficacité d'une méthode de piégeage avec élimination des démons malades, avec l'espoir que la suppression des démons malades dans les populations sauvages pourrait diminuer la prévalence de la maladie et permettre à plus de démons pour survivre au-delà de leurs jeunes années afin qu'ils se reproduisent[10]. Une étude a estimé que le système actuel de l'abattage n'a pas empêché la propagation de la maladie[44].

Deux petites populations de démons exempts de maladies ont été placées dans un centre situé dans la banlieue de Hobart Taroona et de Maria Island au large de la côte est de la Tasmanie[45]. L'élevage en captivité dans les zoos du continent est aussi une possibilité envisagées.

47 Démons ont été expédiés dans des parcs zoologiques de présentation la faune australienne à travers le continent pour contribuer de préserver une certaine diversité génétique au sein de l'espèce. Le plus important de ces efforts est l'opération « Devil Ark project » à Barrington Tops, en Nouvelle-Galles du Sud ; une initiative de l'« Australian Reptile Park ». Ce projet vise à créer une population de 1000 diables génétiquement représentatif de l'espèce. Il est maintenant un axe majeur de la politique de préservation de l'espèce[46]. En outre, la péninsule tasmane est considérée comme pouvant devenir une « zone propre » protégée par un étroit et unique point d'accès, contrôlable par des barrières physiques (au risque de poser des problèmes d'insularisation écologique pour les autres espèces qui y vivent). Le ministère de Tasmanie en charge des industries primaires et de l'eau estime que l'expérimentation sur l'abattage des animaux infectés a donné des signes de succès.[47],[48].

Une étude a suggéré que la création d'une banque d'ovocyte pourrait contribuer à l'effort de conservation de l'espèce Diable de Tasmanie. Le taux de survie des ovocytes dans cette étude (court terme) était de 70%[49]. Avec le même objectif, une autre étude (publiée dans les Actes de l'Académie nationale des sciences, le 27 Juin 2011) a suggéré de capturer et protéger un stock de reproducteurs génétiquement divers (=> diversité à vérifiée par séquençage génomique)[50].

Recherche d'animaux naturellement résistants à la maladie

  • En 2008, on a cru avoir trouvé un Diable (baptisé Cédric) doté d'une immunité naturelle lui permettant de résister à la maladie, mais fin de 2008 il a néanmoins développé deux tumeurs de la face. Elles ont été chirurgicalement retirées[51] et les responsables de l'opération pensaient que l'animal était en voie de guérison en Septembre 2010, quand il a été découvert que le cancer avait atteint ses poumons. Il a été euthanasié[51].
  • Deux ans plus tard (début 2010) des scientifiques pensent avoir trouvé des diables de Tasmanie, surtout dans le nord-ouest de la Tasmanie, dont le génome est assez différent de celui des lignées tumorales en circulation pour que leur système immunitaire soit aptes à distinguer ce cancer comme étranger à eux-mêmes (Cf. complexe majeur d'histocompatibilité)[52].

Recherche de médicaments et/ou d'un vaccin

En 2010, il y a eu un espoir que l'EBC-46, un antitumoral efficace contre les tumeurs faciales du chien, du chat et des chevaux, puisse aussi être efficace chez le Diable de Tasmanie[53].

La vaccination avec des cellules cancéreuses irradiées a été tentée, mais sans faire ses preuves[54].

En 2011, le Gouvernement de Tasmanie a subventionné un projet de recherche visant à trouver des agents de chimiothérapie approprié à cette maladie[55].

En 2013, une étude basée sur des souris de laboratoire (utilisée comme modèle animal a suggéré qu'un vaccin ou un traitement de la DFTD pourraient être possibles et bénéfiques[56].

En 2015, une étude basée sur l'injection d'un mélange de cellules DftD mortes avec une substance inflammatoire a réussi à provoquer une réponse immunitaire chez 5 Démons sur six ayant reçu l'injection, relançant l'espoir d'un possible vaccin contre la DFTD[57][58] . Des essais sur le terrain d'un vaccin potentiel sont entrepris via un projet associant l'Institut Menzies pour la recherche médicale et le programme « Save the Tasmanian Devil », dans le cadre du programme « Wild Devil Recovery programme ». Ces essais visent à tester le vaccin mais aussi le protocole d'immunisation comme outil pour assurer la survie à long terme du diable dans la nature[59].

Histoire épidémiologique

Schéma de développement spatiotemporel de l'épidémie (depuis 2007)[60]

Cette histoire semble commencer avec un foyer d'épidémie détecté à l'Est de la Tasmanie, qui depuis se propage régulière vers l'Ouest (à partir de 2007 surtout)[60].

En 1996, un photographe néerlandais fait plusieurs images de Démons avec des tumeurs du visage près de Mount William dans le nord-est de la Tasmanie[61]. Vers la même époque, des agriculteurs tasmaniens signalent à l'est de l'Île une diminution importante du nombre de Diables[62]. Menna Jones s'intéresse à la maladie en 1999 près de Little Swanport et en 2001 capture (dans la péninsule Freycinet) trois diables avec des tumeurs de la face[63]. La population des diables sur la péninsule s'effondre de façon spectaculaire.

En Mars 2003 Nick Mooney écrit une note d'alerte, notamment destinée à être distribué dans les aires protégées de Tasmanie et dans les administrations en charge de la protection de la faune. Ce document appelait à davantage de fonds pour étudier la maladie. Mais l'appel à financement est publié avant même que le mémo ne soit présenté à Bryan vert (à l'époque Ministre de la Tasmanie pour les industries primaires, l'eau et l'environnement)[64],[65].

En Avril 2003, un groupe de travail est formé par le gouvernement tasmanien pour répondre à la maladie[66].

En Septembre 2003, dans le quotidien tasmanien The Mercury Nick Mooney rend public l'information sur la maladie et propose une mise en quarantaine des diables de Tasmanie en bonne santé (À l'époque, on pensait encore à un rétrovirus comme cause possible). David Chadwick du laboratoire d'Etat sur la santé animale dit que le laboratoire n'a pas les ressources nécessaires pour travailler sur un rétrovirus. L'ONG Conservation Trust de Tasmanie critique le gouvernement de Tasmanie qui ne fournit pas suffisamment de fonds pour la recherche, et suggère que la DFTD pourrait être zoonotique (et alors être aussi une menace pour le bétail, certains animaux domestiques, voire les humains)[19]. Le 14 Octobre 2003, un atelier de travail est organisé à Launceston[67].

En 2004, Kathryn Medlock trouve dans des musées européens 3 crânes de diable de forme irrégulière (laissent supposer qu'ils ont pu mourir de ce même cancer, et que la maladie est déjà ancienne). Elle trouve aussi une description d'un diable mourant au zoo de Londres, qui présente des similitude avec la DftD[68].

L'hypothèse virale initialement mise en avant[19], s'essouffle car après plusieurs années, aucune trace d'un tel virus n'a pu être détectée dans les nombreux prélèvements de cellules cancéreuses. On cherche donc d'autres explications ; Calicivirus, [[fluoroacétate de sodium très utilisé en Australie comme poison pour réguler certaine espèces (dont le Diable est aussi prédateur), plus connu sous son nom commercial 1080, pesticides agricoles, problèmes génétiques dus à la fragmentation et insularisation écologique de ses habitats, combiné à un rétrovirus ou non[69]. On a aussi suspecté des toxines environnementales mutagènes auxquelles l'espèce seraient eut-être particulièrement vulnérable ou sensible[70] .

En Mars 2006, un diable s'est échappé d'un parc situé dans une zone infectée par la DFTD. il a pu être retrouvé et repris, mais il portait des marques de morsure sur la face. Il a été replacé avec les autres démons du parc et y a blessé un mâle. En Octobre les deux diables avaient une DftD, qui a ensuite été étendu à deux autres. Cet incident a confirmé la viabilité de la théorie de la transmission par allogreffe[71]. La même année (2006) la maladie est classée à déclaration obligatoire (Liste B en vertu de la Loi en vigueur en Tasmanie sur la santé animale de 1995)[72] et une stratégie de développement d'une population captive et protégée de la maladie est mise en place.

Une étude de 2007 sur le système immunitaire des démons a conclu que lorsqu'il lutte contre d'autres agents pathogènes, la réponse du système immunitaire du Démon est normale, mais non dans le cas de la DFTD, ce qui laisse suspecter que le Démons est dans ce cas incapables de détecter les cellules cancéreuses comme « non-soi »[73].

En 2008, la stratégie a été réévalué en 2008 et des analyses ont mis en évidence des taux élevés de produits chimiques potentiellement cancérigènes (ignifuges) dans les tissus adipeux des diables de Tasmanie (niveaux élevés d'hexabromobiphényle (BB153) et « significativement élevés » de décabromodiphényle-éther (BDE209)[74].

Chez d'autres animaux

Les formes de « cancer transmissible », causés par un clone de cellules malignes (plutôt que par un virus) sont extrêmement rare. On en connaît que 3 autres dans l'histoire de la médecine humaine ou vétérinaire, récemment découverts :

  1. une tumeur canine vénérienne transmissible (CTVT, transmise sexuellement, par contournement du système immunitaire), uniquement constatée chez les chiens ;
  2. un sarcome contagieux à cellules de réticulum, qui ne touche que le Hamster doré (Mesocricetus auratus)[75], espèce à très faible diversité génétique[76]. (maladie qui peut être transmis par l'intermédiaire des piqûres de moustiques (Aedes aegypti)[77] ;
  3. la leucémie des mollusques bivalves, qui semble aussi être une maladie émergente, et qui franchit la barrière des espèces (tout en n'infectant que des mollusques bivalves).

Notes et références

  1. (en) Carl Zimmer, « Findings on Origin of a Cancer in Tasmanian Devils », New York Times,‎ (lire en ligne) :

    « The Tasmanian devil, the spaniel-size marsupial found on the Australian island of Tasmania, has been hurtling toward extinction in recent years, the victim of a bizarre and mysterious facial cancer that spreads like a plague. »

  2. Loh, Richmond. 2003. Tasmanian Devil (Sarcophilus harrisii) facial tumour (DFT). Paper prepared for the Devil Facial Tumour Disease Workshop, Sir Raymond Ferrall Centre, University of Tasmania, Newnham, 14 October 2003, p. 2.
  3. (en) « Experts tackle the devil's tumour », BBC News,‎ (lire en ligne)
  4. (en) Rick Weiss, « Study Finds That a Type of Cancer in Dogs Is Contagious », The Washington Post,‎ (lire en ligne)
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  7. Marie-Morgane Le Moël, « Australie : le diable de Tasmanie contaminé par des produits chimiques toxiques », Le Monde, (consulté le ).
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