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'''Misophonie''', littéralement "la haine du son", est un trouble neuropsychiatrique commun mais rarement connu dans laquelle des expériences négatives (colère, la haine, le dégoût) sont déclenchées par des sons spécifiques. <ref>{{cite web|title=Sensory modulation in misophonia|url=http://www.sfn.org/am2012/pdf/abstracts/MON_Poster_AM.pdf#page=1042|work=Program No. 367.07. 2012 Neuroscience Meeting Planner|publisher=New Orleans, LA: Society for Neuroscience|accessdate=27 Janvier 2013|author=M. Edelstein, D. Brang, V. S. Ramachandran|page=1042|format=PDF|year=2012}}</ref> L'intensité des sons peut être élevée ou faible. <ref>{{cite web |title=Decreased Sound Tolerance: Hypersensitivity of Hearing |author=Jonathan Hazell |publisher=Tinnitus and Hyperacusis Centre, London UK |url=http://www.tinnitus.org/home/frame/hyp1.htm |accessdate= 5 fevrier 2012}}</ref> Le terme a été inventé en 2000 par les neuroscientifiques américains Pawel Jastreboff et Margaret Jastreboff <ref>{{cite journal |title=Tinnitis retraining therapy for patients with tinnitus and decreased sound tolerance |authors=Pawel J. Jastreboff, Margaret M. Jastreboff |journal=Otolaryngologic Clinics of North America |date=avril 2003 |volume=36 |pages=321�36 |pmid=12856300 |issue=2 |doi=10.1016/s0030-6665(02)00172-x}}</ref> de l'université Emery d'Atlanta <ref name="pawel">{{en}} Pawel J. Jastreboff et Margaret M. Jastreboff, « {{Lang|en|Tinnitus retraining therapy for patients with tinnitus and decreased sound tolerance}} » ''Otolaryngol Clin North Am.'' 2003;36(2):321-36. PMID 12856300</ref> ; et est souvent utilisé de manière interchangeable avec le terme
Le terme {{Terme défini |misophonie}} (« haine des sons ») a été inventé en 2000 par Pawel et Margaret Jastreboff, de l'université Emery d'[[Atlanta]]<ref name="jastreboff2003">{{en}} Pawel J. Jastreboff et Margaret M. Jastreboff, « {{Lang|en|Tinnitus retraining therapy for patients with tinnitus and decreased sound tolerance}} » ''Otolaryngol Clin North Am.'' 2003;36(2):321-36. PMID 12856300</ref>, quand ils ont découvert que certaines personnes avaient des réactions fortes et négatives à certains [[Son (physique)|son]]s sans pour autant souffrir de [[phonophobie]], d'[[hyperacousie]] ou d'[[acouphène]]. Le son est associé à quelque chose de désagréable et s'ensuivent des réactions négatives lorsque le son se reproduit<ref name="Fuller">[http://www.cyberpresse.ca/vivre/sante/200908/06/01-890153-misophonie-lorsque-certains-bruits-deviennent-intolerables.php article de Amy Fuller, ''La Presse Canadienne'', Toronto].</ref>{{,}}<ref> {{en}} Collectif, « {{Lang|en|Selective sound intolerance and emotional distress: what every clinician should hear}} » ([http://www.psychosomaticmedicine.org/content/70/6/739.full Description clinique de deux cas]), ''{{Lang|en|Psychosomatic Medicine}}'' 2008;70:739-740.</ref>.
Syndrome de Sensibilité Sélective aux Sons (abrégé 4S pour Selective Sound Sensitivity Syndrome). <ref>{{cite journal | last1 = Neal | first1 = M. | last2 = Cavanna | first2 = A. E. | title = P3 Selective sound sensitivity syndrome (misophonia) and Tourette syndrome | journal = Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry | volume = 83 | issue = 10 | pages = e1 | year = 2012 | pmid = | pmc = | doi = 10.1136/jnnp-2012-303538.20 }}</ref>
Ils ont découvert que certaines personnes avaient des réactions fortes et négatives à certains sons sans pour autant souffrir de phonophobie, d'hyperacousie ou d'acouphène. Le son est associé à quelque chose de désagréable et s'ensuivent des réactions négatives lorsque le son se reproduit <ref name="Fuller">[http://www.cyberpresse.ca/vivre/sante/200908/06/01-890153-misophonie-lorsque-certains-bruits-deviennent-intolerables.php article de Amy Fuller, ''La Presse Canadienne'', Toronto].</ref>{{,}}<ref> {{en}} Collectif, « {{Lang|en|Selective sound intolerance and emotional distress: what every clinician should hear}} » ([http://www.psychosomaticmedicine.org/content/70/6/739.full Description clinique de deux cas]), ''{{Lang|en|Psychosomatic Medicine}}'' 2008;70:739-740.</ref>.
Pawel Jastreboff prétend qu'il s'agit d'une mauvaise connexion entre différentes composantes du système nerveux <ref name="pawel"/>.
La maladie n'a pas été classé comme un trouble discret dans le DSM-5 ou ICD-10 ; mais en 2013, trois psychiatres de l'Academic Medical Center à Amsterdam ont formulé des critères de diagnostique pour cela, basé sur 42 patients misophones, et a suggéré qu'il soit classé comme trouble psychiatrique séparé. <ref name="plosone.org">{{cite journal | last1 = Schr&#246;der | first1 = A. | last2 = Vulink | first2 = N. | last3 = Denys | first3 = D. | title = Misophonia: Diagnostic Criteria for a New Psychiatric Disorder | journal = PLoS ONE | volume = 8 | pages = e54706 | year = 2013 | pmid = | pmc = | doi = 10.1371/journal.pone.0054706 | editor1-first = Leonardo | editor1-last = Fontenelle | url = http://www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0054706 }}</ref>
En 2013, un examen des études neurologiques les plus courantes et des études IRMf du cerveau en ce qui concerne le trouble <ref name="Chalcedony Press, 210 pgs">{{cite book |title=Sound-Rage. A Primer of the Neurobiology and Psychology of a Little Known Anger Disorder |authors=Judith T. Krauthamer |year=2013 |publisher=Chalcedony Press, 210 pgs }}</ref> postule qu'une évaluation anormale ou dysfonctionnelle des signaux neuronaux se produit dans le cortex cingulaire antérieur et le cortex insulaire. Ces cortex sont également impliqués dans le syndrome de Gilles de la Tourette , et sont la plaque tournante dans le traitement de la colère, la douleur et l'information sensorielle. D'autres chercheurs admettent que le dysfonctionnement est dans le système nerveux central. <ref>{{cite book |title=Hearing, Second Edition: Anatomy, Physiology, and Disorders of the Auditory System |author=Aage R. M&#248;ller |publisher=Academic Press |year=2006 |isbn=978-0-12-372519-6}}</ref> Il a été spéculé que la localisation anatomique peut être plus central que celui impliqué dans l'hyperacousie . <ref>{{cite book |title=Textbook of Tinnitis, part 1 |author=Aage R. M&#248;ller |year=2001 |pages=25�27 |doi=10.1007/978-1-60761-145-5_4 |url=http://www.springerlink.com/content/gl87436l77336151/ |accessdate=5 fevrier 2012}}</ref>
Une fois engagée dans le trouble de misophonie, un cercle vicieux s'enclenche et la personne devient plus attentive et par le fait même plus affectée.


La misophonie apparaît très jeune, à l'enfance, ou pendant l'adolescence et s'aggrave avec l'âge.
Pawel Jastreboff prétend qu'il s'agit d'une mauvaise connexion entre différentes composantes du système nerveux<ref name="jastreboff2003"/>.


==Symptômes==
Une fois engagée dans le trouble de misophonie, un cercle vicieux s'enclenche et la personne devient plus attentive et par le fait même plus affectée.

Les gens qui ont la misophonie sont le plus souvent agacées, voire enragées par des sons spécifiques, des bruits dits « normaux » mais ne sont pas agacés par les bruits qu'ils produisent eux-mêmes.

Les sons spécifiques provoquent des émotions négatives (colère, haine, dégoût) et des pensées négatives extrêmes visant à faire arrêter la source du son. Les sons problématiques sont souvent des bruits étiquetés comme « normaux » et « quotidiens », et sont en général de faible intensité.

Quelques exemples de sons spécifiques:

l'aspiration de liquides(slurp), raclements de gorge, quelqun qui coupe ses ongles, se brosse les dents, mâche de la glace pilée, mange, boit, respire, renifle, parle, éternue, bâille, marche, mâche un chewing gum, rie, ronfle, tape sur un clavier d'ordinateur, tousse, fredonne, siffle, chante, disant certaines consonnes; ou des sons répétitifs<ref>{{cite news |newspaper=The New York Times |title=When a Chomp or a Slurp is a Trigger for Outrage |author=Joyce Cohen |date=5 septembre 2011 |url=http://www.nytimes.com/2011/09/06/health/06annoy.html?_r=3 |accessdate=5 fevrier 2012}}</ref> ; mais aussi le clic de la souris d'ordinateur, le tic tac de l'horloge, le bruit des talons de chaussure.


Les misophones peuvent éprouver des symptômes physiques comme la transpiration, la tension musculaire, et même un rythme cardiaque accéléré. Certains sont également affectés par des stimulis visuels, tels que des mouvements répétitifs des pieds ou du corps, des gigotements, ou le mouvement qu'ils observent du coin de leurs yeux; cela a été appelé ''misokinesia'', ce qui signifie la haine du mouvement. <ref name="plosone.org"/> Une intense anxiété et un comportement d'évitement peuvent se développer, ce qui peut conduire à une diminution de la socialisation. Certaines personnes sentent la compulsion d'imiter ce qu'ils entendent ou voient comme une stratégie d'adaptation. <ref name=Hadjipavlou>{{cite journal |title=Selective Sound Intolerance and Emotional Distress: What Every Clinician Should Hear |authors=George Hadjipavlou, MD, MA, Susan Baer, MD, PhD, Amanda Lau and Andrew Howard, MD |journal=Psychosomatic Medicine |volume=70 |pages=739/40 |publisher=American Psychosomatic Society |year=2008 |url=http://www.psychosomaticmedicine.org/content/70/6/739.short |accessdate=fevrier 2012 |issue=6 |doi=10.1097/psy.0b013e318180edc2}}</ref> Mimétisme est un phénomène automatique, non-conscient, et social. Il a un aspect palliatif, faisant que le patient se sent mieux. L'acte de mimétisme peut susciter la compassion et l'empathie, qui améliore et diminue l'hostilité, de la concurrence, et de l'opposition. Il ya aussi une base biologique sur la façon dont le mimétisme réduit la souffrance d'un déclencheur. <ref name="Chalcedony Press, 210 pgs"/>
La misophonie apparaît très jeune, à l'enfance, ou pendant l'adolescence et s'aggrave avec l'âge. Les personnes concernées souffrent souvent de phobies, d'anxiété, de troubles obsessionnels compulsifs, et de bipolarité.


Souvent, les sons produits par l'entourage proche, comme la famille, provoquent des réactions plus fortes que si le même son était produit par un inconnu. Les réactions sont involontaires ; le stress et la fatigue peuvent exacerber leur irritation.
Les personnes atteintes de misophonie sont souvent agacées, voire enragées, par le bruit émis par d'autres personnes qui mangent, respirent et toussent {{Incise |tous bruits dits {{Citation |normaux}}}} mais ne sont pas agacés par les bruits qu'ils produisent eux-mêmes.


==Prévalence et comorbidité==
Les sons spécifiques provoquent des émotions négatives (colère, haine, dégoût) et des pensées négatives extrêmes visant à faire arrêter la source du son.


La prévalence de la misophonie est inconnue, mais des groupes de personnes identifiées avec la condition suggèrent qu'il est plus commun que ce qui était précédemment reconnu. <ref name=Hadjipavlou/> Parmi les patients ayant des acouphènes , à des niveaux cliniquement significatifs, entre 4 et 5% de la population générale, <ref>{{cite web |title=Components of decreased sound tolerance : hyperacusis, misophonia, phonophobia |author=Jastreboff, P., Jastreboff, M. |date=2 juillet 2001 |url=http://www.tinnitus.org/home/frame/DST_NL2_PJMJ.pdf |archiveurl=https://web.archive.org/web/20060813132140/http://www.tinnitus.org/home/frame/DST_NL2_PJMJ.pdf |archivedate=13 aout 2006}}</ref> certaines enquêtes rapportent la prévalence aussi élevé que 60%, <ref name=Hadjipavlou/> alors que la prévalence dans une étude de 2010 a été mesurée à 10% .
Les sons problématiques sont souvent des bruits étiquetés comme {{Citation |normaux}} et {{Citation |quotidiens}}, et sont en général de faible intensité :
<ref>{{cite journal |title=DPOAE in estimation of the function of the cochlea in tinnitus patients with normal hearing. |authors=Sztuka A, Pospiech L, Gawron W, Dudek K. |journal=Auris Nasus Larynx |year=2010 |volume=37 |pages=55-60 |pmid=19560298 |doi=10.1016/j.anl.2009.05.001 |issue=1}}</ref>
* sons produits par les humains: bruits de bouche (manger, boire , mâcher), bruits de mâchoire, bruits de talon de chaussures ;
Une étude de 2014 menée à l'Université de Floride du Sud a constaté que 20% des 500 participants avaient des symptômes ressemblant à la misophonie. Les participants étaient des étudiants de premier cycle en psychologie et en majorité des femmes. <ref>Wu, M. S., Lewin, A. B., Murphy, T. K. & Storch, E. A. (2014), Misophonia: Incidence, phenomenology, and clinical correlates in an undergraduate student ample. Journal of Clinical Psychology. Vol. 00(00), 1–14. doi: 10.1002/jclp.22098</ref>
* sons produits par des équipements : clic de souris d'ordinateur, tic-tac d'horloge{{Etc.}}
L'étude néerlandaise publiée en 2013 <ref name="plosone.org"/> sur un échantillon de 42 patients atteints de misophonie a trouvé une faible incidence de troubles psychiatriques, à l'exception de la névrose obsessionnelle (52,4%).
Souvent, les sons produits par l'entourage proche, comme la famille, provoquent des réactions plus fortes que si le même son était produit par un inconnu.
Il a été suggéré qu'il ya un lien entre la misophonie et la synesthésie , une affection neurologique dans laquelle la stimulation d'une voie sensorielle ou cognitive conduit à des expériences automatiques et involontaires dans une seconde voie sensorielle ou cognitive. <ref>Cytowic, Richard E. (2002). Synesthesia: A Union of the Senses (2nd edition). Cambridge, Massachusetts: MIT Press. ISBN 0-262-03296-1. OCLC 49395033</ref> Le problème de base pourrait être une déformation pathologique de connexions entre les différentes structures limbiques et le cortex auditif, provoquant une synesthésie son-émotion. <ref>EDELSTEIN, M., D. BRANG, and V. S. RAMACHANDRAN. "Sensory Modulation in Misophonia." Poster. Neuroscience 2012 Conference of the Society for Neuroscience. New Orleans, LA. 15 Octobre 2012. Sensory Modulation in Misophonia: A Preliminary Examination via Galvanic Skin Response. UCLA. Web. 4 juillet 2013.</ref> Il y a des gens avec à la fois la misophonie et la synesthésie. Beaucoup de gens avec une synesthésie ont plus d'une forme de synesthésie (il ya plus de 60 types de synesthésie reportés).<ref>Day, Sean, Types of synesthesia. (2009) Types of synesthesia. Online: http://home.comcast.net/~sean.day/html/types.htm, accessed 18 fevrier 2009.</ref>


==Traitements==
Les réactions sont involontaires ; le [[stress]] et la fatigue peuvent exacerber leur irritation.
Aucun traitement ne semble efficace, seul le Dr Jastreboff propose une solution qui aurait 90 % de chances de réussir : le traitement consiste à écouter les sons qui dérangent en les associant à un autre son, comme de la musique, et ce pendant environ neuf mois afin d'obtenir des résultats <ref name="pawel"/>. Les alternatives pour diminuer les réactions en présence des sons problématiques sont d'utiliser des bouchons d'oreille (boules Quies) ,qui pourront être cachés par un bandeau pour les femmes, ou d'écouter de la musique ou d'autres sons avec un baladeur.


==Voir aussi==
La misophonie est aussi appelée « 4S » pour « syndrome de sensibilité sélective aux sons », en {{Lang-en|''Selective Sound Sensitivity Syndrome''}}.


* [[Hyperacousie]]
== Traitements ==
* [[Phonophobie]]
Aucun traitement ne semble efficace, seul le {{Dr |Jastreboff}} propose une solution qui aurait 90 % de chances de réussir : le traitement consiste à écouter les sons qui dérangent en les associant à un autre son, comme de la musique, et ce pendant environ neuf mois afin d'obtenir des résultats<ref name="jastreboff2003"/>.
* [[Trouble sensoriel]]


==References==
Les alternatives pour diminuer les réactions en présence des sons problématiques sont d'utiliser des bouchons d'oreille (boules ''Quies'') ,qui pourront être cachés par un bandeau pour les femmes, ou d'écouter de la musique ou d'autres sons avec un baladeur.
{{Traduction/Référence|en|Misophonia|643465427}}
{{références|colonnes=2}}


==Liens externes==
== Notes et références ==
* [http://www.misophonia.com an online website full of information and a support board to help those with Misophonia]
{{Références}}
* http://www.psychosomaticmedicine.org/content/70/6/739.full
* http://www.ctv.ca/servlet/ArticleNews/story/CTVNews/20090713/misophonia_sounds_090713/20090713
* [http://www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0054706 Misophonia: Diagnostic Criteria for a New Psychiatric Disorder]
* http://www.academia.edu/7074008/Descriptive_Statistics_of_Misophonia
* https://www.academia.edu/8678814/Misophonia_A_Conditioned_Reflex_Phenomenon


{{Portail|santé|handicap}}
{{Portail|santé|handicap}}

Version du 22 janvier 2015 à 01:30

Misophonie, littéralement "la haine du son", est un trouble neuropsychiatrique commun mais rarement connu dans laquelle des expériences négatives (colère, la haine, le dégoût) sont déclenchées par des sons spécifiques. [1] L'intensité des sons peut être élevée ou faible. [2] Le terme a été inventé en 2000 par les neuroscientifiques américains Pawel Jastreboff et Margaret Jastreboff [3] de l'université Emery d'Atlanta [4] ; et est souvent utilisé de manière interchangeable avec le terme Syndrome de Sensibilité Sélective aux Sons (abrégé 4S pour Selective Sound Sensitivity Syndrome). [5] Ils ont découvert que certaines personnes avaient des réactions fortes et négatives à certains sons sans pour autant souffrir de phonophobie, d'hyperacousie ou d'acouphène. Le son est associé à quelque chose de désagréable et s'ensuivent des réactions négatives lorsque le son se reproduit [6],[7]. Pawel Jastreboff prétend qu'il s'agit d'une mauvaise connexion entre différentes composantes du système nerveux [4]. La maladie n'a pas été classé comme un trouble discret dans le DSM-5 ou ICD-10 ; mais en 2013, trois psychiatres de l'Academic Medical Center à Amsterdam ont formulé des critères de diagnostique pour cela, basé sur 42 patients misophones, et a suggéré qu'il soit classé comme trouble psychiatrique séparé. [8] En 2013, un examen des études neurologiques les plus courantes et des études IRMf du cerveau en ce qui concerne le trouble [9] postule qu'une évaluation anormale ou dysfonctionnelle des signaux neuronaux se produit dans le cortex cingulaire antérieur et le cortex insulaire. Ces cortex sont également impliqués dans le syndrome de Gilles de la Tourette , et sont la plaque tournante dans le traitement de la colère, la douleur et l'information sensorielle. D'autres chercheurs admettent que le dysfonctionnement est dans le système nerveux central. [10] Il a été spéculé que la localisation anatomique peut être plus central que celui impliqué dans l'hyperacousie . [11] Une fois engagée dans le trouble de misophonie, un cercle vicieux s'enclenche et la personne devient plus attentive et par le fait même plus affectée.

La misophonie apparaît très jeune, à l'enfance, ou pendant l'adolescence et s'aggrave avec l'âge.

Symptômes

Les gens qui ont la misophonie sont le plus souvent agacées, voire enragées par des sons spécifiques, des bruits dits « normaux » mais ne sont pas agacés par les bruits qu'ils produisent eux-mêmes.

Les sons spécifiques provoquent des émotions négatives (colère, haine, dégoût) et des pensées négatives extrêmes visant à faire arrêter la source du son. Les sons problématiques sont souvent des bruits étiquetés comme « normaux » et « quotidiens », et sont en général de faible intensité.

Quelques exemples de sons spécifiques:

l'aspiration de liquides(slurp), raclements de gorge, quelqun qui coupe ses ongles, se brosse les dents, mâche de la glace pilée, mange, boit, respire, renifle, parle, éternue, bâille, marche, mâche un chewing gum, rie, ronfle, tape sur un clavier d'ordinateur, tousse, fredonne, siffle, chante, disant certaines consonnes; ou des sons répétitifs[12]  ; mais aussi le clic de la souris d'ordinateur, le tic tac de l'horloge, le bruit des talons de chaussure.

Les misophones peuvent éprouver des symptômes physiques comme la transpiration, la tension musculaire, et même un rythme cardiaque accéléré. Certains sont également affectés par des stimulis visuels, tels que des mouvements répétitifs des pieds ou du corps, des gigotements, ou le mouvement qu'ils observent du coin de leurs yeux; cela a été appelé misokinesia, ce qui signifie la haine du mouvement. [8] Une intense anxiété et un comportement d'évitement peuvent se développer, ce qui peut conduire à une diminution de la socialisation. Certaines personnes sentent la compulsion d'imiter ce qu'ils entendent ou voient comme une stratégie d'adaptation. [13] Mimétisme est un phénomène automatique, non-conscient, et social. Il a un aspect palliatif, faisant que le patient se sent mieux. L'acte de mimétisme peut susciter la compassion et l'empathie, qui améliore et diminue l'hostilité, de la concurrence, et de l'opposition. Il ya aussi une base biologique sur la façon dont le mimétisme réduit la souffrance d'un déclencheur. [9]

Souvent, les sons produits par l'entourage proche, comme la famille, provoquent des réactions plus fortes que si le même son était produit par un inconnu. Les réactions sont involontaires ; le stress et la fatigue peuvent exacerber leur irritation.

Prévalence et comorbidité

La prévalence de la misophonie est inconnue, mais des groupes de personnes identifiées avec la condition suggèrent qu'il est plus commun que ce qui était précédemment reconnu. [13] Parmi les patients ayant des acouphènes , à des niveaux cliniquement significatifs, entre 4 et 5% de la population générale, [14] certaines enquêtes rapportent la prévalence aussi élevé que 60%, [13] alors que la prévalence dans une étude de 2010 a été mesurée à 10% . [15] Une étude de 2014 menée à l'Université de Floride du Sud a constaté que 20% des 500 participants avaient des symptômes ressemblant à la misophonie. Les participants étaient des étudiants de premier cycle en psychologie et en majorité des femmes. [16] L'étude néerlandaise publiée en 2013 [8] sur un échantillon de 42 patients atteints de misophonie a trouvé une faible incidence de troubles psychiatriques, à l'exception de la névrose obsessionnelle (52,4%). Il a été suggéré qu'il ya un lien entre la misophonie et la synesthésie , une affection neurologique dans laquelle la stimulation d'une voie sensorielle ou cognitive conduit à des expériences automatiques et involontaires dans une seconde voie sensorielle ou cognitive. [17] Le problème de base pourrait être une déformation pathologique de connexions entre les différentes structures limbiques et le cortex auditif, provoquant une synesthésie son-émotion. [18] Il y a des gens avec à la fois la misophonie et la synesthésie. Beaucoup de gens avec une synesthésie ont plus d'une forme de synesthésie (il ya plus de 60 types de synesthésie reportés).[19]

Traitements

Aucun traitement ne semble efficace, seul le Dr Jastreboff propose une solution qui aurait 90 % de chances de réussir : le traitement consiste à écouter les sons qui dérangent en les associant à un autre son, comme de la musique, et ce pendant environ neuf mois afin d'obtenir des résultats [4]. Les alternatives pour diminuer les réactions en présence des sons problématiques sont d'utiliser des bouchons d'oreille (boules Quies) ,qui pourront être cachés par un bandeau pour les femmes, ou d'écouter de la musique ou d'autres sons avec un baladeur.

Voir aussi

References

  1. M. Edelstein, D. Brang, V. S. Ramachandran, « Sensory modulation in misophonia » [PDF], Program No. 367.07. 2012 Neuroscience Meeting Planner, New Orleans, LA: Society for Neuroscience, (consulté le ), p. 1042
  2. Jonathan Hazell, « Decreased Sound Tolerance: Hypersensitivity of Hearing », Tinnitus and Hyperacusis Centre, London UK (consulté le )
  3. « Tinnitis retraining therapy for patients with tinnitus and decreased sound tolerance », Otolaryngologic Clinics of North America, vol. 36, no 2,‎ , p. 321�36 (PMID 12856300, DOI 10.1016/s0030-6665(02)00172-x)
  4. a b et c (en) Pawel J. Jastreboff et Margaret M. Jastreboff, « Tinnitus retraining therapy for patients with tinnitus and decreased sound tolerance » Otolaryngol Clin North Am. 2003;36(2):321-36. PMID 12856300
  5. M. Neal et A. E. Cavanna, « P3 Selective sound sensitivity syndrome (misophonia) and Tourette syndrome », Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry, vol. 83, no 10,‎ , e1 (DOI 10.1136/jnnp-2012-303538.20)
  6. article de Amy Fuller, La Presse Canadienne, Toronto.
  7. (en) Collectif, « Selective sound intolerance and emotional distress: what every clinician should hear » (Description clinique de deux cas), Psychosomatic Medicine 2008;70:739-740.
  8. a b et c A. Schröder, N. Vulink et D. Denys, « Misophonia: Diagnostic Criteria for a New Psychiatric Disorder », PLoS ONE, vol. 8,‎ , e54706 (DOI 10.1371/journal.pone.0054706, lire en ligne)
  9. a et b (en) Sound-Rage. A Primer of the Neurobiology and Psychology of a Little Known Anger Disorder, Chalcedony Press, 210 pgs,
  10. (en) Aage R. Møller, Hearing, Second Edition: Anatomy, Physiology, and Disorders of the Auditory System, Academic Press, (ISBN 978-0-12-372519-6)
  11. (en) Aage R. Møller, Textbook of Tinnitis, part 1, , 25�27 (DOI 10.1007/978-1-60761-145-5_4, lire en ligne)
  12. (en) Joyce Cohen, « When a Chomp or a Slurp is a Trigger for Outrage », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  13. a b et c « Selective Sound Intolerance and Emotional Distress: What Every Clinician Should Hear », Psychosomatic Medicine, American Psychosomatic Society, vol. 70, no 6,‎ , p. 739/40 (DOI 10.1097/psy.0b013e318180edc2, lire en ligne, consulté en )
  14. Jastreboff, P., Jastreboff, M., « Components of decreased sound tolerance : hyperacusis, misophonia, phonophobia » [archive du ],
  15. « DPOAE in estimation of the function of the cochlea in tinnitus patients with normal hearing. », Auris Nasus Larynx, vol. 37, no 1,‎ , p. 55-60 (PMID 19560298, DOI 10.1016/j.anl.2009.05.001)
  16. Wu, M. S., Lewin, A. B., Murphy, T. K. & Storch, E. A. (2014), Misophonia: Incidence, phenomenology, and clinical correlates in an undergraduate student ample. Journal of Clinical Psychology. Vol. 00(00), 1–14. doi: 10.1002/jclp.22098
  17. Cytowic, Richard E. (2002). Synesthesia: A Union of the Senses (2nd edition). Cambridge, Massachusetts: MIT Press. ISBN 0-262-03296-1. OCLC 49395033
  18. EDELSTEIN, M., D. BRANG, and V. S. RAMACHANDRAN. "Sensory Modulation in Misophonia." Poster. Neuroscience 2012 Conference of the Society for Neuroscience. New Orleans, LA. 15 Octobre 2012. Sensory Modulation in Misophonia: A Preliminary Examination via Galvanic Skin Response. UCLA. Web. 4 juillet 2013.
  19. Day, Sean, Types of synesthesia. (2009) Types of synesthesia. Online: http://home.comcast.net/~sean.day/html/types.htm, accessed 18 fevrier 2009.

Liens externes