Wikipédia:Lumière sur/Henry Crawford

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Henry Crawford courtisant Fanny, par Hugh Thomson (1897).
Henry Crawford courtisant Fanny, par Hugh Thomson (1897).

Henry Crawford est un des personnages de Mansfield Park, le roman de Jane Austen considéré comme le plus abouti, écrit en 1813 et publié en 1814. Sans être un personnage principal, car seule Fanny Price peut être qualifiée ainsi, il tient une place éminente dans l'intrigue : avec sa sœur Mary, il joue un rôle essentiel, car l'arrivée inattendue dans le paisible et rural Northamptonshire de ce couple de jeunes et élégants mondains, brillants mais sans moralité, va dangereusement perturber la vie calme et bien ordonnée de la famille Bertram.

Libertin libre-penseur, séduisant et amoral, il évolue habituellement dans une société londonienne aux mœurs relâchées, un monde d'apparences, de frivolité élégante et raffinée, de prétention et de bel esprit. Léger et vaniteux, il a constamment besoin de se faire aimer et admirer. Aussi joue-t-il avec les sentiments des deux sœurs, Maria et Julia Bertram, alors que Maria est déjà fiancée à James Rushworth, un voisin très fortuné. Après le mariage de cette dernière, il entreprend, pour passer le temps, de « faire un petit trou dans le cœur de Fanny Price », la petite cousine en résidence, timide et effacée, qui résiste à son charme, ne voyant en lui qu'un homme immoral et dangereux. Il en tombe finalement amoureux et la demande en mariage, ce qui satisfait tout le monde à Mansfield Park. Acteur consommé, toujours en représentation même quand il est parfaitement sérieux, il se croit sincèrement épris, ébauche mille projets pour la rendre heureuse, lui fait une cour pressante, dont Jane Austen détaille les diverses étapes. Mais Fanny ne se laisse pas séduire, et il cède à la tentation de reprendre ses habitudes galantes auprès de Maria, qui, insatisfaite par son mariage et toujours amoureuse de lui, crée le scandale en s'enfuyant avec lui. Il n'a cependant nulle intention de l'épouser après son divorce, regrettant amèrement d'avoir perdu Fanny.

Dans la galerie d'aimables vauriens plus ou moins débauchés créés par Jane Austen, à côté de Willoughby et de Wickham, Crawford est celui qui se rapproche le plus d'un véritable gentleman. Il en a les manières et le patrimoine foncier. En outre, il a su reconnaître la valeur de Fanny Price, n’est pas totalement dépourvu de sens moral et ressent quelquefois un certain malaise face au vide de sa vie. Mais, ayant été élevé par un oncle fêtard et sceptique, il ne songe qu’à profiter de toutes les jouissances immédiates que mettent à sa portée sa fortune et son rang social. Pourtant Jane Austen suggère que, s'il avait été plus patient et moins vaniteux, « s'il avait honnêtement persévéré, Fanny aurait pu être sa récompense, une récompense donnée de plein gré […] mais la tentation du plaisir immédiat était trop forte pour un esprit qui n'était pas habitué à sacrifier quoi que ce soit à ce qui est bien ».