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La culture sur butte est une technique de permaculture où les végétaux poussent sur un empilement de différentes couches de matériaux compostables. La butte de culture ainsi formée est aussi appelée butte autofertile ou hügelkultur. Elle peut être immédiatement destinée à la culture, ou seulement après un temps de maturation. Adoptée par les défenseurs de la permaculture, cette technique aiderait à améliorer les qualités agronomiques d'un sol, comme la fertilité ou la rétention d'eau.

Construction[modifier | modifier le code]

Dans sa forme basique, un monticule est construit en empilant des branches, des matériaux ligneux (bûches, branches sèches, copeaux, écorces, bois raméal fragmenté) et des matériaux riches en azote (paillage, tonte, feuilles, compost, fumier, déchets végétaux divers...) directement sur le sol[1]. Les pentes forment un angle avec le sol compris entre 65 et 80 degrés. En règle générale, la butte ne dépasse pas le mètre de hauteur. De plus, cette hauteur se réduit au fur et à mesure que la décomposition progresse[2],[3]. Les buttes ont une durée de vie de quelques années, après quoi elles doivent être reconstruites [4],[3]. Cependant, la terre devrait avoir augmenté en quantité et en qualité.

Plantation[modifier | modifier le code]

La butte peut être laissée à maturer pendant plusieurs semaines à plusieurs mois avant toute plantation, même si certains permaculteurs conseillent de planter immédiatement[5]. Pendant la première année, la butte de culture peut être utilisée pour faire pousser des légumes gourmands en nutriments, comme des courgettes, des concombres, des tomates ou du chou. Plus tard, la butte de culture pourra être utilisée pour des cultures demandant moins de nutriments, comme des pois, des haricots ou des fraises[4].

Théorie et avantages[modifier | modifier le code]

Selon ses adeptes, cette technique apporte de nombreux avantages. La fertilité est augmentée par l'apport de matière organique, et par la formation d'humus par la faune du sol[6][7]. Elle est donc préconisée dans le cas de sol pauvres, de très mauvaise qualité, très compacté, ou très caillouteux. La technique est censée reproduire le processus naturel de décomposition qui se produit dans les sols des forêts[8].

La gestion de l'eau est meilleure dans les sols les plus secs, où l'humidité est retenue par l'accumulation de bois et de matière organique. Le bois se décompose, sa porosité augmente, il garde ainsi l'humidité comme une éponge. L'évaporation est faible et donc l'arrosage peut être limité[7][9]. La gestion de l'eau est aussi meilleure dans les sols les plus humides, où l'eau est mieux drainée[6][9].

Cette méthode préconise le non-travail du sol, respectant ses horizons, et donc la faune du sol, qui est ainsi favorisée[6][7]. La forme de la butte crée des différences de température au sein de la butte, elle se réchauffe plus vite d'un côté, et le climat n'est pas le même entre le sommet d'une butte et sa base[6][9]. Cela permet d'adapter l'emplacement des plantes en fonction de leurs besoins[7]. La surface de culture est augmentée à cause de la forme arrondie[6][7].

Inconvénients et controverses[modifier | modifier le code]

Selon ses détracteurs, le principe de la culture sur butte enfreint des principes fondamentaux de l'écologie. La matière organique est enfouie, alors que le processus de formation d'humus se fait normalement en présence d'oxygène. Cela provoque une inversion des couches, ce qui est défavorable à la formation d'un sol de qualité[6]. De plus, les buttes de culture sont utilisées dans des cas où ce n'est pas nécessaire, et dans le cas où le sol est déjà de bonne qualité, cultiver sur une butte reviendrait à effectuer une culture hors-sol[6][10][11]. Exposée au vent, la butte s'assèche vite[12]. Enfin, la grande concentration de matière organique permet à des plantes adventices et des animaux nuisibles de proliférer[9].

Littérature scientifique[modifier | modifier le code]

En 2017, il n'y pas d'études publiées dans des journaux scientifiques, mais il y a quelques projets étudiants traitant de l'efficacité de la technique[3]. Une étude à court terme et à petite échelle a étudié cette méthode, dans une démarche de meilleure gestion des déchets verts, et aussi dans le but de déterminer si des haricots de Lima, du chou frisé et du gombo plantés sur une butte de culture montrent des signes de carence en nutriments[13]. Plus de 11 tonnes de déchets verts ont été utilisés pour réaliser la butte, et aucune carence en nutriments n'a pu être détectée dans le cadre de l'étude[13]. Dans les faits, malgré les préoccupations concernant l'immobilisation et la carence en azote à cause d'un apport massif de matériaux ligneux, on a retrouvé un niveau un peu plus élevé d’azote dans les légumes de la butte de culture[13].

Une thèse d'étudiant a étudié la capacité de rétention d'eau des buttes et a déterminé si cette technique pouvait être utile pour prévenir la désertification en Chine[14]. Après trois mois de mesures, la concentration en eau est restée élevée : les échantillons prélevés sur les buttes contenaient presque deux fois plus d'eau que ceux provenant de parcelles témoins. Il a été suggéré qu'un hectare cultivé de cette façon contient 3 à 10 fois plus d'eau qu'un terrain plat affecté par la désertification rocheuse karstique[14].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Jardinage en lasagne

Permaculture

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Comment faire une butte de culture », (consulté le )
  2. (en) « The art and science of making a hugelkultur bed », (consulté le )
  3. a b et c (en) Linda Chalker-Scott, « Hugelkultur: what is it and should it be used in home gardens? », (consulté le )
  4. a et b Bruno Nunez, « Cultiver sur "butte sandwich" », (consulté le )
  5. « Collection Guides pratiques du CTA, n° 18, Les cultures sur buttes » (ISSN 1874-8864, consulté le )
  6. a b c d e f et g « Faut-il cultiver son potager sur buttes ? » (consulté le )
  7. a b c d et e « Techniques et avantages de la Culture sur Buttes », (consulté le )
  8. (en) « A garden made of WOOD - Hugelkultur - nature-inspired method of gardening in beds built on logs, touted as a drought-resistant way to produce food », (consulté le )
  9. a b c et d « Avantages de la culture sur butte » (consulté le )
  10. « Le mythe de la butte de permaculture par Christophe Gatineau », (consulté le )
  11. « Est-il vraiment utile de faire des buttes en permaculture ? », (consulté le )
  12. « La culture sur buttes » (consulté le )
  13. a b et c (en) Axel Adams, Hugelkultur Gardening Technique Does not Result in Plant Nutrient Deficiencies and is a Potential Source Reduction Strategy for Yard Trimmings Wastes, (lire en ligne)
  14. a et b (en) Megan Laffoon, A Quantitative Analysis Of Hugelkultur And Its Potential Application On Karst Rocky Desertified Areas In China, , 40 p. (lire en ligne)